Chapitre 38 : Une nouvelle facette
Tiit...
Tiit...
Tiit...
Tiit...
C'était quoi ce bruit assourdissant qui m'énervait ??
Tiit...
J'ai ouvert lentement les yeux et j'ai vu l'heure sur le réveil. Plus de 7h. J'ai éteins le petit objet qui cessa d'émettre un son. Rien de grave. Je n'avais pas école.
Et je me suis rappelée des paroles du colonel.
Je reprenais les cours.
Il fallait que je me lève !! J'ai bougé ma main et j'ai vu qu'un tas de carte était éparpillé sur mon lit. Surprise, j'ai remarqué que quelque chose de chaud était dans mon dos, et... qu'un bras était passé autour de moi ?! J'ai tourné la tête pour rencontrer le visage de Nathaniel qui dormait. J'ai écarquillé des yeux, sans comprendre ce qu'il s'était passé.
Mais qu'est-ce que je fichais dans ses bras ?!
Petit à petit, je me suis rappelée qu'on avait joué aux cartes et que je perdais toujours contre lui. Il était resté avec moi, après mon cauchemar et... fatiguée, je m'étais endormie...
Quand j'ai vu ses yeux commencer à remuer, j'ai paniqué au fond de moi, et j'ai reculé comme j'ai pu, au point de tomber du lit, et me retrouver sur le sol. Le bruit de ma tombée sembla le réveiller complètement. Il pencha la tête au dessus du lit pour me regarder avec un air qui oscillait entre amusement et sérieux.
J'ai grogné et je me suis levée en me massant le dos.
- On va être en retard, dis-je simplement.
Il regarda l'heure et écarquilla des yeux. Là, Nath' changea d'un coup. Il se leva rapidement et retourna dans sa chambre sans rien dire.
Sans faire mon lit, je me suis dirigée vers la salle de bain pour me coiffer et me laver les dents.
Quand je suis sortie de celle-ci, j'ai vu Nath tout prêt sortir de sa chambre. Vraiment rapide.
- On se retrouve au lycée, m'annonça-t-il.
Et il partit sans rien dire d'autres.
A quoi est-ce que je m'attendais aussi ?
Nath' se comportait comme ça par gentillesse. Ce que je ne voulais pas, mais il insistait toujours. J'ai soupiré et j'ai regardé le temps de l'extérieur, par la fenêtre, et j'ai vu des nuages gris. Il ferait encore froid aujourd'hui... plus le temps passait et plus il faisait froid, moins je le supportais.
Je devenais frileuse.
Alors que dans le désert, j'aurais pu y être habitué vu le temps qu'il y faisait la nuit. Une fois le soleil couché, la température baissait, et c'était rapidement glacial. Pour se réchauffer, on ne pouvait pas faire grand chose mis à part se couvrir comme on le pouvait. Quand j'étais avec Seth, Alexy et Armin, on se débrouillait toujours. On se serrait les uns contre les autres lorsque c'était nécessaire.
Je me rappelle encore de ma surprise quand Seth avait passé son bras autour de moi, lors de notre première nuit à l'extérieur du camp. Je me suis mise à sourire en me souvenant de sa tête pleine d'incrédulité lorsque je l'avais mis à terre en une prise.
" -Ange !! C'était seulement pour te réchauffer !
- Pas la peine ! Je suis très bien comme ça.
- Tes lèvres virent au violet.
Il s'était relevé en grimaçant et en se frottant la nuque.
- Pas la peine, répétais-je sans le regarder.
Mes yeux étaient comme perdus dans le vide. Je ne sais pas ce que je cherchais au juste. J'avais à nouveau une équipe sous mes ordres et je devais tout faire pour les garder en vie. Encore une mission de plus. J'ai serré mon arme entre mes mains et j'ai fermé les yeux un instant, écoutant le silence du désert seulement perturbé par le son de nos respirations. Puis ses vêtements qui se froissent et son bras se remit avec hésitation autour de mes épaules.
Lentement, il m'attira contre lui, m'enveloppant d'une douce chaleur.
Il ne dit rien, se contentant de m'épauler de cette manière pendant mon tour de garde."
Et depuis ce jour-là, j'ai instauré nos tours de garde par deux, afin que personne ne meure de froid. Afin de ne pas être seul. Pour ne pas se faire engloutir par les ténèbres du désert et ne pas sombrer dans la folie glaciale.
M'habillant chaudement, j'ai jeté un coup d'oeil à l'heure pour voir que j'allais vraiment être en retard si je continuais à prendre mon temps. Sans manger, j'ai pris mon sac, j'ai descendu les escaliers, et je suis sortie de cette maison. Comme je m'y attendais, il faisait un froid de canard. Je me suis frottée les bras pour me réchauffer tout en marchant. Pour les autres, ils faisaient bon.
Pour moi, il faisait vraiment, vraiment froid.
Peut-être parce qu'au final, il y avait toujours eu quelqu'un auprès de moi la nuit. Et il me manquait cette chaleur réconfortante.
Mes camarades.
Mes amis...
Je savais que j'étais en retard, je l'avais fais exprès. Je ne voulais pas croiser les autres élèves. Je ne savais pas à quoi m'attendre... Du coup, pour mon billet de retard, j'ai du passer au bureau des délégués. J'ai frappé à la porte, et je suis entrée pour voir Nath' discuter avec Melody qui avait un sourire jusqu'aux oreilles.
Un putain de sourire radieux.
Un sourire que je n'ai sûrement jamais eu. Un sourire que je n'aurais sûrement jamais.
Ce qui m'énerva au fond de moi, et il disparut très vite lorsqu'elle me vit. De la terreur, du mépris, de l'incompréhension se lisaient dans ses yeux.
J'ai comme ressenti de la satisfaction devant cette vision. Elle semblait me craindre et vouloir garder ses distances avec moi.
- An... Angely ! bafouilla-t-elle en se rapprochant de Nathaniel.
J'ai levé les yeux au ciel. La peur la poussait à le prendre en bouclier.
Quelle lâcheté.
- J'suis en retard. J'ai besoin d'un billet.
- Tu commences bien ta reprise, commenta le blond.
Sa voix était cassante et son visage tellement sérieux. Voilà le vrai Nathaniel. Ça ne m'étonnait même pas.
- Je me demande bien grâce à qui.
Parce que d'habitude, je me réveillais automatiquement à 5h du matin. Alors que là, ca n'a pas été le cas. Tout ça, c'était étrange pour moi. Beaucoup trop. Et étrangement, ça arrivait alors qu'il était avec moi.
Ce serait de sa faute ?
Melody se dévoua et commença à me faire mon billet, alors que je me frottais encore les bras. Dans la salle des délégués aussi, il faisait froid, à croire qu'ils ne connaissaient pas le chauffage.
- Tiens.
Elle fit glisser le papier sur la table jusqu'à moi, et je l'ai récupéré d'un geste, sans porter la moindre attention à Nathaniel. Je suis sortie de la salle en prenant mon temps, et en regardant autour de moi. C'était vide, c'était apaisant, mais j'étais obligée d'aller en cours.
Devant la porte de la salle, j'ai pris une inspiration pour me donner du courage et j'ai frappé avant de l'ouvrir.
Le professeur évita mon regard et le silence se fit dans ma classe, tous me regardaient avec des yeux ronds. J'ai fermé la porte, et j'ai marché tranquillement jusqu'au fond de la classe pour m'asseoir sur la chaise.
Décidèment, c'est pire que de la torture.
A la pause de midi, je me suis isolée. Je voyais bien les chuchotements que je suscitais, ce qui me tapait sur le système. En plus de ça, je m'inquiétais toujours autant pour Anthony. Je ne savais pas s'ils l'avaient retrouvé ou non.
Et psychologiquement, ça m'atteignait.
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PDV NATHANIEL
Tout le monde ne parlait que d'elle. De son arrivée, de la guerre. Ils s'acharnaient tous sur Angely, alors qu'elle n'était pas la seule à faire partie de leur fichu programme.
Elle était devenue comme le bouc émissaire.
Ces derniers temps, elle pleurait beaucoup et devenait facilement vulnérable... Je l'entendais alors que ma chambre était à côté de la sienne. Et je me faisais violence pour ne pas courir dans sa chambre et la prendre dans mes bras.
C'était de la torture.
Je ne comprenais pas pourquoi j'avais ce besoin impérieux de la protéger, de la voir sourire, de l'entendre rire. Comme cette nuit, où elle avait crié à cause d'un de ces cauchemars. Son air paniqué, apeuré... c'était quelque chose que je ne voulais plus voir sur elle. Je voulais rester auprès d'elle et la divertir, pour qu'elle puisse se détendre.
Donc je lui ai proposé une partie de carte. Qui se transforma en plusieurs parties. Parce qu'il se trouve qu'elle a un esprit de compétition. C'était drôle de la voir se concentrer. C'était comme si elle cherchait à voir à travers mes cartes. Comme si elle voulait lire dans mes pensées.
Et heureusement qu'elle ne pouvait pas.
Elle n'aurait sûrement pas aimé savoir ce qui se tramait dans ma tête.
- La voilà, entendis-je.
Je vis Angely, les mains dans les poches, les cheveux attachés, et un air dur sur le visage. Armin et Alexy allèrent à sa rencontre, une inquiétude grandissante se lisait dans leur expression.
Ils lui parlèrent, elle regarda ailleurs. Seth arriva pour compléter leur groupe et elle tenta de les semer, mais Seth lui attrapa l'avant-bras et la tira vers lui, avant de passer ses doigts sur la joue que j'avais soignée. Elle le fusilla du regard, lui dit quelque chose, et il se rapprocha encore plus d'elle.
Ma plus grande envie était de les séparer et de l'empêcher de la toucher de cette manière. Mais depuis mon comportement de la dernière fois, les autres ne me regardaient plus de la même manière. Je n'étais pas censé leur montrer que je savais me défendre. Mais c'était plus fort que moi. Il fallait que j'aide cette fille.
Celle qui me faisait presque perdre la tête.
Leurs voix montèrent et quelques bribes me parvinrent, mais cela restait incompréhensible. Elle l'empoigna par le col de son pull, et Armin intervint pour les séparer. Mécontente, elle tourna les talons, et partit en les laissant en plan.
Je savais que je ne devais pas. Que je m'éloignais de mon comportement habituel en sa présence. Mais il le fallait. Discrètement, j'ai marché en faisant attention à ce que personne ne me remarque et je l'ai cherché. Au moment où je l'ai trouvé, je vis Castiel, ce crétin aux cheveux rouges la pousser contre le mur et mettre ses bras de part et d'autres de sa tête afin de lui empêcher toute fuite.
- Alors comme ça tu es revenue.
- Ça ne se voit pas ?
Qu'est-ce qu'elle attendait pour s'écarter de lui ? Elle le regardait droit dans les yeux. Comme si cette position ne la gênait pas.
- Tu sais que Ambre ne parle que du fait que tu t'es excusée à genoux devant elle ?
Elle détourna le regard, dégoutée.
- Et si tu arrêtais de me tourner autour ? Je préfère être seule.
- En fait, tu n'es qu'une lâche. Tu n'affrontes pas les choses, mais tu les fuies. Tu arrives en retard pour éviter le regard des autres dans la cour. Peut-être qu'en fait, tu n'as jamais tué. Peut-être qu'en fin de compte, tu as passé toutes ces années à fuir devant tes adversaires et que tu n'as tué personnes. Comme une poule mouillée.
Elle voulut le gifler, mais sa main s'arrêta de justesse, son regard s' assombrissant.
- Qu'est-ce que ça peut te faire ?
- Ça me fait chier de comprendre qu'une fille comme toi est en partie responsable de la victoire de la guerre, alors que t'as rien fait.
Le regard d'Angely changea de plus en plus.
- Comment une faible comme toi à pu survivre aussi longtemps ?
Elle frappa d'un coup sec le poing contre le mur, nous faisant sursauter. Le son de l'impact résonnant dans le couloir.
- Tu as beau avoir une grande gueule, je suis certaine que tu aurais l'un des premiers à crever comme une vieille chaussette dans le sable. J'ai tué des personnes et je ne pourrais jamais changer ça. La vie est moche, pleine de sang, de cris, de meurtre. Rien n'est beau. Tu fais parti de ces personnes qui n'ont rien à faire sur cette planète. Un jour, je t'emmenerai en enfer avec moi si le coeur t'en dit. Tu as peut-être un bon fond qui sait ? Mais pour ce que tu m'as montré, un meurtre parmi tant d'autre ne serait pas un problème. Et aller en prison ferait passer ce temps qui m'agace de jour en jour.
Castiel ne dit rien et elle en profita pour s'éloigner de lui.
- Avant de t'en prendre à quelqu'un, apprends à analyser. Je ne pense pas que tu sois en mesure de me menacer et de t'en prendre à moi. Tout le monde est au courant pour le programme.
- Ton passé...
- Il est facilement trouvable sur internet. Je sais. Mais qu'est-ce qu'il te fait dire que tout est vrai ? Personne n'a jamais su où j'étais passée. Mes parents pensaient que j'étais morte, tuée par un psychopathe alors que j'étais sur ce champ de bataille. J'ai cotoyé la mort, j'ai joué avec elle, et finalement, j'ai gagné. Pour quoi au final ? Une vie ennuyeuse remplie d'emmerdeur de ton rang qui tente d'attirer l'attention de ses parents qui partent toujours en voyage. Tu veux la jouer indépendant, mais dans le fond, c'est toi qui dépend le plus des autres. Tu veux te faire remarquer pour que tout le monde te regarde, pour ne pas te faire oublier. L'oubli est ce qui te fait le plus peur, n'ais-je pas raison ?
Il resta muet et elle eut un sourire qui me fit froid dans le dos.
- Si tu n'es pas si stupide que je le pense, tu réfléchiras à deux fois avant de venir vers moi.
Elle se dirigea dans ma direction et je me suis plaqué contre le mur pour qu'elle ne me voit pas. Elle passa sans tourner la tête et continua droit devant elle en se frottant les bras.
- Je sais que tu as suivi la conversation depuis le début. Fais comme si tu n'avais rien vu.
Elle ne me jeta aucun coup d'oeil, pourtant je savais qu'elle s'adressait à moi.
- Un jour, je finirai en prison pour tous ceux que j'ai tué. Alors autant m'habituer à tout ça.
Elle ne me laissa rien dire. Elle partit les mains dans les poches.
C'était une nouvelle facette d'elle qu'elle laissait ressortir... Une des plus terrible qui en ferait fuir plus d'un.
Et pourtant, ce n'était pas ça qui allait me faire changer d'avis sur elle.
L'apparence n'est qu'une coquille que nous façonnons pour attirer ou éloigner les gens de ce qu'il y a à l'intérieur.
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