Chapitre 34 : Petit frère
J'ai gémi en serrant les dents. Mon crâne me faisait mal...
J'ai cligné des yeux pour chasser le film flou qui obstruait ma vue et j'ai regardé autour de moi. En cherchant à passer une main sur ma tête, j'ai senti... ah... Des menottes... Et j'ai aperçu des barreaux.
Gé-ni-al...
J'étais enfermée et menottée dans une cellule. Au loin, je voyais des soldats... Et je me suis rappellée de ce qui s'était passé.
Ce traitre de Nathaniel m'avait assomé sous ses airs de gentil garçon et m'avait eu par surprise. Il disait qu'il voulait m'aider, mais en fin de compte, c'était à cause de lui que je me trouvais enfermée là, alors que j'aurais pu me battre et tenter de fuir.
Au départ, je voulais me rendre... Mais à force... D'être à côté de Nathaniel, je n'arrêtais pas de changer d'avis.
Je ne sais pas.
Dans un sens, je voulais rester auprès de lui mais de l'autre, j'avais cette partie de moi, qui voulait toujours et encore se battre, quoi qu'il arrive.
Et puis, je me suis rappellée du local. Il... Il m'avait embrassée... Instinctivement, j'ai touché mes lèvres et mon coeur accéléra en se rappelant du contact et de la langue... J'ai secoué la tête de gauche à droite. Il fallait que je me reprenne. Je ne pouvais pas agir comme une idiote après ça ! Je devrais même être furieuse contre lui !!
Maintenant, j'allais être exclue du programme... et mes soi-disant parents avaient dû être prévenu de mes actes. Ils devaient savoir qu'ils devaient faire un choix.
Me reprendre au sein de leur famille ou me laisser pourrir sur un champ de bataille, ou bien m'abandonner dans la rue. Si c'est le cas, je serais surement placée dans une famille d'accueil.
Ding !
J'ai sursauté d'un coup et j'ai regardé vers le son d'un air méfiant. Mme Atmen me sourit d'un air triomphant et croisa les bras.
- Tu es réveillée à ce que je vois.
- Qu'est-ce que vous voulez ?!
- Si tu avais obéi docilement, tu n'en serais pas arrivée à là .
- Et me faire avoir comme les autres ?! Non, merci !
- ça prouve que les autres sont bien plus intelligents que toi.
J'ai serré les poings, en sentant la colère couler dans mes veines, battant presque dans mes tempes.
- Vous n'êtes qu'une manipulatrice.
- Et fière de l'être.
Comment les autres ont ils pu tomber aussi facilement dans son piège ?! Après avoir passé autant de temps sur le terrain, n'avaient-ils pas appris à se méfier ?!
- Tu as des problèmes jusqu'au cou, ma petite. Tu ne pourras pas t'en sortir aussi facilement.
- Rien n'a jamais été facile dans ma vie. Vous croyez vraiment que j'ai peur de ça ?!
- Tu auras peur quand tu comprendras tes erreurs. M'avoir en tant qu'ennemie, n'est jamais bon signe.
- C'est sûrement moins pire que de vous avoir en tant qu'amie.
- Profites-en. Ce sera la dernière fois que tu pourras jouer la maligne. Tu feras moins la fière bientôt.
Elle tourna les talons en souriant et j'ai marmonné des jurons. Cette peau de vache comptait bien m'avoir, mais il fallait que je résiste.
Au bout de quelques heures, j'ai eu droit à une autre "visite", enfin pas vraiment vu que c'étaient des soldats qui venaient m'escorter. C'était charmant d'être entourée comme une bête sauvage.
Vraiment.
- Vous pouvez me dire ce qui va m'arrivez ?
- Tais-toi et avance.
- Je vous promets que ça restera entre nous.
- Avance en silence, l'Ange de la Mort.
Je me suis crispée. Je détestais ce surnom qu'on m'avait donné...
- Même pas un petit indice ?
- Tu seras jugée. C'est tout.
- Jugée ?! Juste pour avoir...
- Silence !
Je me suis renfrognée et j'ai baissé la tête. Jugée. Je serais jugée. Merde alors... Je ne pensais pas que l'affaire prendrait tant d'ampleur.
Ils me firent entrer dans une salle où je vis un homme me regarder sévèrement. En fait, plus j'avançais et plus j'allais en surprise. D'abord, j'ai vu Seth, Armin et Alexy. Encore, ça c'était normal. Mais après j'ai vu Ambre pendue au bras de Seth qui lui souriait... Ensuite, le père et Nathaniel... ce dernier évita soigneusement mon regard.
Merci. C'est sympa.
Et je me suis figée.
J'ai dégluti péniblement. Je le savais, mais je ne pensais pas qu'ils auraient fait le déplacement. Ils ont évité mon regard comme Nathaniel et surtout ce fut lui.
- Liliiiii !!!
Mon coeur se serra, et j'ai serré les dents pour ne rien dire.
- Calme-toi ! lui ordonna ma mère avec sévérité.
- Mais c'est Liliiii !!
- Anthony !! ça suffit maintenant !!
Il me regarda d'un air qui oscillait entre tristesse et joie. Il voulait que je dise quelque chose, que j'intervienne, mais je ne pouvais pas.
- Madame, occupez-vous de votre fils, intervint le colonel avec son air sévère.
- Je suis désolée...
Depuis quand ma mère a-t-elle parut si faible ? Depuis quand la trouvais-je aussi insignifiante ? Anthony bougeait dans tous les sens pour tenter d'attirer mon attention, mais j'ai évité de regarder là où il se trouvait. Je n'avais pas le droit. Je ne pouvais pas.
Quelqu'un frappa lourdement sur la table et le silence s'installa, même Anthony cessa ses jérémiades.
- Bien ! Nous sommes réunis, aujourd'hui pour parler du cas de Mlle Blacks. Comme vous le savez tous, ce qu'elle a osé faire est inadmissible. Elle a mis en péril le programme d'insertion. Toute la ville est au courant et cherche à faire partir tous les anciens militaires.
Merde... ça a pris beaucoup trop d'ampleur.
- Ce n'était pas...
- Silence, m'ordonna-t-elle.
Je me suis renfrognée et j'ai baissé les yeux. À quoi bon protester ? Si c'était seulement pour gaspiller mon énergie ? À quoi bon les écouter, si c'était pour ne rien dire ? J'ai alors préféré ruminer dans mon coin, alors qu'ils parlaient de mon cas.
Je commençais à somnoler, quand un coup de marteau retentit fortement dans la salle.
- Nous allons délibérer.
J'ai cligné plusieurs fois des yeux. Que s'étaient-ils dit ?! Je n'avais absolument rien écouté, alors que j'aurais du me sentir concerné... Après tout, j'étais celle qui était menottée et au centre des regards plein de mépris !
- Pour ce que Mlle Blacks a créé, elle est exclue du programme.
Comme je m'y attendais. Les jumeaux et le colonel me regardèrent en soupirant. Quant à Seth, il serra les poings, malgré la présence d'Ambre qui avait ses bras autour de sa taille.
- Ses parents refusant de la prendre en charge, car la considérant comme une menace pour leur fils, elle ne pourra prendre aucun contact avec ceux-ci.
J'ai levé la tête pour les voir éviter mon regard. Et Anthony semblait avoir compris. Je l'ai vu dans ses yeux. Il était sur le point de pleurer. Alors ils ne voulaient vraiment plus de moi ?... Je le savais, mais... étrangement, ça faisait mal de le savoir...
- Elle devra également terminer ses études, d'après Mme Atmen, afin de pouvoir ensuite s'insérer dans une vie professionnelle quelconque. Le lycée Sweet Amoris étant la plus appropriée vu les circonstances.
Je pensais quand même pouvoir éviter ça... Mais j'avais tort. Cette vieille peau me connaissait un peu trop bien à mon goût...
- Concernant l'affaire qui sévit en ce moment même en ville, vous autres, anciens militaires, devrez vous comporter normalement. Cela fera parti du programme, que Mme Atmen vous détaillera plus tard.
Mes anciens coéquipiers acquiescèrent à l'unisson.
- La principale accusée devra présenter ses excuses à la jeune fille qu'elle a blessée de nombreuses fois. Tout refus sera suivi de sanction.
Je préférais encore crever. Ambre, quant à elle, semblait s'amuser comme une petite folle de me voir dans cette posture.
- De même que Mlle Blacks vivra chez eux pendant le temps d'essai d'un mois.
- Quoi ?!
Non, ce n'était pas moi qui avait crié. C'étaient le père et la fille.
- Comment ça elle viendra vivre chez nous ?!
- Vous l'hébergerez pendant un mois, monsieur.
- Pourquoi ?!
- D'après ce que j'ai vu, malgré les inombrables coups portés à votre fille, Mlle Blacks semble écouter votre fils Nathaniel. De plus, il semblerait être le seul à pouvoir ce défendre contre elle, puisque sans lui, personne n'aurait réussi à la neutraliser.
Mais... Mais... mais c'est complètement stupide !!
- Non ! m'exclamais-je.
Je ne voulais pas être chez eux. Non, non, non !
- Vous n'avez rien à redire, gronda le juge. Alors taisez-vous et écoutez.
- Ne peut-elle pas vivre ailleurs ? tenta le père.
- Non. La décision a été prise, et il en sera ainsi. Bien sur, vous recevrez de quoi compenser les frais de Mlle Blacks.
Il parut soulagé sur ce point. Comme s'il n'y avait que l'argent qui comptait à ses yeux.
- Elle risque de s'en prendre à nouveau à ma fille ! Y avez vous pensé ?!
- Bien évidemment. À qui croyez vous avoir affaire ? Toute nouvelle tentative venant de sa part sera punie.
- Mais il semblerait que les punitions ne lui fassent rien.
- Monsieur, nous savons ce que nous faisons.
Il acquiesça et j'ai dégluti péniblement. Je ne voulais pas aller vivre chez eux... Pas après ce que Nath' avait fait... Ce traitre...
- Bien. Nous en avons terminé ici.
Les soldats m'entourèrent et ils m'ont escorté. Je suis passée devant mon petit frère qui me tendit ses bras pour que je le porte, mais j'ai dû regarder ailleurs pour éviter son regard emplie de tristesse. J'adorais mon petit frère, mais je n'avais plus le droit de le voir, ni de le toucher et encore moins de lui parler.
Il passait avant tout. Il vaut mieux qu'il m'oublie. Il est encore jeune, mais plus tard, ces souvenirs de moi auront disparu. Et il sera heureux.
Il le fallait.
°•●●°•●●°•●□°○●
→ Votez
→ Commentez
→ Rendez-vous au prochain chapitre ! :)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top