Chapitre 31 : Conséquences
Repenser à ce petit frère qui me manquait tant, m'avait mis de mauvais poil.
Quand je suis descendue à la cuisine prendre un petit déjeuner rapide et que je suis tombée sur Mme Atmen en chemise de nuit, je n'ai pu que m'énerver davantage.
- Angely ! Tu es toujours aussi matinale !
- Et vous, toujours dans cette maison, grognais-je en tournant les talons.
- Angely ! Ne me parle pas sur ce ton !
- Je parle à qui je veux et comme je veux ! Vous m'énervez avec votre voix mielleuse pour attendrir les garçons ! Je peux vous dire une chose, c'est que ça ne marche pas avec moi ! J'ai compris votre stratagème ! Alors, arrêtez de faire semblant avec moi !
J'ai gravi les marches des escaliers à toute vitesse et je suis allée m'enfermer dans ma chambre à double tour. Quand j'ai entendu des pas monter les marches alors que j'avais commencé mes exercices matinaux, j'ai compris qu'elle lui avait dit. Il frappa lourdement contre la porte en hurlant.
- Ouvre cette porte, tout de suite !!!
Le colonel Spark tenta de l'ouvrir, mais sans succès. Cette vieille peau avait réussi à le monter contre moi.
- Va chercher le double de la clé ! entendis-je.
Zut ! Je me suis levée à toute vitesse, en mettant plusieurs pulls, j'ai attrapé mon sac vide où j'ai fourré quelques vêtements et une bouteille d'eau. J'ai mis mon sac sur mon dos et j'ai ouvert la fenêtre. J'ai regardé dans le vide en déglutissant péniblement. Je l'avais déjà fais et je m'en étais sortie, je pouvais recommencer, enfin, je l'espérais. J'ai enjambé la fenêtre et quand les cris du colonel devinrent plus enragés, je me suis décidée à sauter. J'avais l'impression de flotter mais quand mes pieds touchèrent le sol, l'impact me fit l'effet de coups poings dans le corps.
Quand j'ai repris mes esprits, j'ai quitté la pelouse de Dan et j'ai sauté au-dessus d'une haie, passant dans la propriété voisine. J'ai rapidement fais le tour de la maison de Nathaniel et je suis partie en courant dans une direction aléatoire. Il fallait que je parte quelque part, quelque part où je serais enfin acceptée, quelque part où ma présence ne serait pas un problème, quelque part où je n'aurais pas à supporter cette femme...
Mais cet endroit pouvait-il réellement exister ?
Peut-être au Paradis, mais après ce que j'avais fait, j'étais bonne pour l'Enfer.
D'habitude, je me serais battue contre le colonel Spark pour me défendre, mais il aimait Mme Atmen qui était mariée avec quelqu'un d'autre !
Oui, elle trompait son mari sans vergogne et osait nous faire des leçons de morales !
En plus, j'étais fatiguée de devoir me justifier auprès de quelqu'un.
J'en avais marre. Vraiment.
Ce que je voulais, moi, tout le monde s'en fichait. C'était toujours pareil de toute façon. Mes envies passaient toujours au dernier plan. Moi, j'étais seulement la marionnette qui faisait le sale boulot à la place des autres.
J'ai traversé un parc encore vide à cette heure-ci et je me suis rendue en ville où les rues étaient quasi-déserte. Je savais que lorsqu'ils me retrouveraient, je serais punie... vraiment...
Voire éjectée du programme pour mon insolence et ma fuite. Mais sur le coup, je m'en fichais. Mes pensées étaient brouillées et dans le fond, je ne sais pas ce que je dois faire réellement. Parce que je ne pouvais pas fuir comme dans le désert. Ici, je n'avais pas d'issues...
J'ai froncé les sourcils lorsqu'une moto s'arrêta à ma hauteur, et que le motard me fit signe de monter. Je l'ai regardé d'un air suspect et il retira son casque.
- T'as une moto ?! M'exclamais-je, surprise.
Il sourit d'un air fier et arrogant.
- ça ne se voit pas ?
J'ai levé les yeux au ciel et j'ai continué ma route. Il me suivit avec sa moto.
- Qu'est-ce que tu fais dehors, si tôt ?
- Je te retourne la question.
- Pour une ancienne militaire, t'es pas cool.
J'ai fusillé Castiel du regard. Pourquoi est ce qu'il me prenait toujours la tête avec ça ?! Qu'est ce qu'il a contre moi, bordel ?!
- Tu m'énerves avec ça !! Mais qu'est-ce que ça peut te faire que je sois une ancienne militaire ?! Tu crois peut-être que j'ai demandé à aller sur le terrain ?! Tu crois peut-être que j'ai voulu connaître ça ?!
- Wooh ! Tout doux, la nouvelle !
- JE NE SUIS PAS UN ANIMAL !!!
J'ai continué ma route en courant, furieuse contre lui, contre elle, contre eux, contre ma foutue vie.
Rêver de mon petit frère ne me réussissait vraiment pas du tout. J'étais à fleur de peau. Je n'aurais jamais crû que je perdrais le contrôle de moi-même aussi facilement.
Il faisait froid, de plus en plus froid... Et je ne pouvais me réfugier nul part ! A l'heure qu'il est, le colonel avait alerté mes anciens camarades, mais aussi la police pour me retrouver. J'ai fourré mes mains gelées dans mes poches et j'ai continué d'explorer les alentours, à la recherche d'une bonne petite cachette. Mais la ville, ce n'était pas comme à la guerre...
Les nuages gris défilaient dans le ciel et je commençais vraiment à avoir très froid ! Fichu temps ! Je me suis dirigée vers le lycée Sweet Amoris, là où personne ne penserait à me chercher et à cette heure-ci, personne ne devait s'y trouver. J'ai escaladé la grille pour me retrouver dans la cour. Sur mes gardes, j'avançais doucement, et j'ai vérifié chaque fenêtre du rez-de-chaussé et à mon grand désespoir, elles étaient toutes fermées. Je suis alors allée vers le local de sport, qui était ouvert. J'y suis entrée pour me protéger du froid et j'ai fermé la porte derrière moi. Peut-être que des élèves viendraient plus tard pour prendre du matériel, mais pour l'instant, j'étais tranquille.
Le coton qui avait servi à Halloween était encore dans les cartons et c'était doux au toucher... de quoi faire un bon oreiller.
Non.
J'avais été dérangé dans mon entraînement matinal et je n'allais pas m'endormir, alors que je risquais d'être découverte à tout moment ! J'ai empilé certains cartons pour me faire de la place, puis j'ai posé mon sac sur la pile et j'ai retiré quelques pulls pour me retrouver en débardeur.
Et j'ai enchainé.
" - Noooooooooooooooooooon !!!!
- Je suis désolée.
Mes parents tenaient Anthony et semblaient soulagés de me voir avec tous mes bagages en main, ce qui se résumait à peu de choses à vrai dire. Le chauffeur de taxi les mit dans le coffre de la voiture. Le colonel salua mes parents et s'installa dans le taxi, alors que je jetais un dernier coup d'oeil à la maison où j'avais vécu depuis mon retour. J'avais été chez moi sans l'être réellement. J'avais perdu ma famille lors de mon enlèvement... et mes parents avaient fait mon deuil... alors me retrouver après tout ce temps, ils n'étaient pas sûrs que je sois vraiment leur fille.
- Angelyyyyyyyyyyy !!!
J'ai regardé Anthony qui pleurait en se débattant dans les bras de sa mère, et ma gorge s'est nouée. Je ne pensais pas m'attacher autant à lui juste en quelques mois.
Il était adorable... J'avais du mal à me dire que le même sang nous liait. Je me suis approchée de lui et mes parents se crispèrent. Je l'ai remarqué à la façon dont ils se tenaient. Je me suis baissée pour me mettre à la hauteur de mon petit frère de 6 ans. J'ai mis ma main sur sa tête en lui souriant.
- Ne pleure plus. Deviens un homme bien et oublie-moi. Tu verras, tu t'en sortiras très bien. J'ai confiance en toi.
Mon sourire s'est élargi quand je le vis effacer ses larmes. J'ai embrassé son front et j'ai ébouriffé ses cheveux au passage.
- Vis ta vie à fond. Fais ce qu'il te plaît. Je compte sur toi pour devenir un homme bien.
Il hocha la tête doucement même si je n'étais pas sûre qu'il comprenne ce que je lui avais dit. J'ai fais demi-tour et je suis montée dans la voiture sans jeter un coup d'oeil par la vitre, préférant regarder tout droit."
Je me suis arrêtée net en me rappelant de mon départ. Le regard triste d'Anthony me fit frissoner. Et s'il lui était arrivé quelque chose ?! J'ai serré les poings.
Impossible.
Les parents étaient trop protecteur et la guerre était terminée. Plus d'enlèvement dû au gouvernement...
Cling !
J'ai retenu ma respiration et je me suis relevée sans un bruit, prête à réagir.
Des bruits de pas se dirigeaient par là... déjà ?! Quelle heure était-il ?!
J'ai jeté un coup d'oeil à ma montre, 7:05.
Wahou... déjà ! Bientôt le lycée ouvrirait ses portes et je ne pourrais plus partir... Mais si je partais d'ici, où est-ce que je pouvais aller ? Je ne connaissais pas la ville...
Et j'étais recherchée.
J'ai attrapé mon sac et j'ai attaché les manches de mes pulls autour de mon cou. La poignée de la porte du local se mit à bouger et je me suis terrée dans mon trou. Je vis une ombre apparaître alors que la porte était ouverte et le son haletant d'une respiration.
Qui était-ce ?
L'ombre s'agrandit et j'ai compris que la personne approchait. Je n'avais plus le choix... Alors que des jambes se plantèrent devant moi, j'ai réagi au quart de tour et je me suis levée d'un coup en attrapant la personne par les épaules et je l'ai mise à terre.
- Je ne te veux aucun mal !!
J'ai froncé les sourcils en reconnaissant la voix.
- Qu'est-ce que tu fais là ?!
- Je savais que tu serais là...
- ...Et ?
- Tu es recherchée.
- Ce n'est pas nouveau. Tu veux me dénoncer, c'est ça ?
J'ai appuyé sur ses épaules en le fusillant du regard pour qu'il me réponde. Il grimaça légèrement.
- Non.
- Qu'est-ce que tu veux alors ?!
- ...Euh... Tu peux me lâcher ?
J'ai entendu d'autres pas et je me suis crispée.
- Je peux t'aider. Mais lâche-moi d'abord.
- M'aider ? Comment ?!
Les pas se rapprochaient.
- Fais-moi confiance. Lâche-moi.
Mon coeur battait la chamade. Est-ce que je devais faire ce qu'il me disait ?! A contre coeur, j'ai relâché mon emprise sur lui et je me suis terrée dans mon trou à toute vitesse. Il se releva au moment où une nouvelle ombre apparue.
- Tu as trouvé quelque chose ?
J'ai grincé des dents en reconnaissant la voix : Seth. Je m'attendais à ce qu'il me dénonce à mon ancien compagnon, mais au lieu de quoi, il n'en fit rien.
- Non. Il n'y a rien.
J'ai entendu le soupir de Seth.
- RAS de ce côté là ! entendis-je.
- Qu'est-ce qu'elle a fait au juste ?
- ... Elle s'est enfuie malgré le programme.
J'avais fui, mais à cause de Mme Atmen que je ne supportais plus. Qu'est ce qu'elle avait bien pu leur dire ? Un mensonge sûrement. Sinon ils ne seraient pas en train de me rechercher de cette manière.
- Qu'est-ce qu'elle risque ?
- ...Je ne sais pas. Elle va sûrement être expulsée du programme si elle ne se rend pas d'elle-même. Bon, continuons les recherches.
- Ok. Je range ce que j'ai fais tomber et j'arrive.
Les bruits de pas s'éloignèrent et il se tourna vers moi d'un air inquiet.
- Pourquoi tu t'es enfuie ?
Parce que tout devenait insupportable.
- ça ne te regarde pas.
Il s'agenouilla à ma hauteur et me regarda droit dans les yeux après avoir allumé la lumière, ses yeux bruns montraient son sérieux avec une pointe d'inquiétude.
- Tu vas être exclue du programme. ça veut dire que...
- Que je quitterai la maison du colonel et le lycée pour retourner dans une famille qui me craint... ou ils me renverront sur le terrain parce qu'ils ne savent plus quoi faire de moi.
J'ai grincé des dents en pensant à cette famille froide. Et j'ai laissé échapper un soupir en repensant au sable chaud de Cersy City. J'ai remarqué que Nathaniel m'observait sans avoir pris la peine de bouger pour prévenir les autres alors qu'il savait que j'étais là.
- Qu'est-ce que tu attends pour me dénoncer ?
- Je te l'ai déjà dit ! Je compte t'aider !
M'aider ? Pourquoi le ferait-il ? Après tout ce que j'ai fais...
- Pourquoi ?
- ...
Il se mordit la lèvre inférieure en me montrant qu'il ne voulait pas me répondre. Si je restais là encore trop longtemps, j'allais me retrouver encerclée. Et être là avec lui, ça signifiait que j'allais me faire prendre tôt ou tard de toute manière. .. comme il ne voulait toujours pas me répondre, je me suis résignée.
Nath allait me dénoncer.
- Mouais... J'ai meilleur temps de me rendre.
Je me suis levée et il m'imita en me barrant le passage avec son corps.
- Laisse-moi passer.
- Non.
- Dégage !
J'ai voulu passer par la force, mais il me prit par le bras quand je me suis frayée un chemin par où je comptais partir.
- Angely, je peux t'aider.
J'ai grogné et j'ai à nouveau tenté de passer mais ses 2 mains se posèrent sur mes épaules avec force.
- Tu vas rester là.
- Dégage ! Répétais-je.
- Non.
- Ne m'oblige pas à utiliser la force !
Il me poussa jusqu'au mur du local sans me quitter des yeux.
- Je sais que tu es fière. Beaucoup trop même. Tu ne veux pas demander de l'aide quand tu en as besoin. Et je comprends. Alors je te propose mon aide, sans que tu n'ais à le faire.
- J'en veux pas de ton aide !!
- A force de crier, tu vas attirer les autres.
Je voulais rétorquer quelque chose, mais le pire, c'était qu'il avait raison... cet espèce de...
- Je ne vois pas comment tu pourrais m'aider ! C'est fini pour moi ! J'ai perdu mon âme, il y a 5 ans !
Ou plus même...
- Angely...
Sa voix était pleine de pitié alors qu'il avait soufflé mon prénom.
- Tu ne peux pas comprendre... Tu ne peux vraiment pas comprendre ce qu'on peut ressentir. Parfois, la seule solution, c'est de disparaître. Là, j'ai agi sans réfléchir. Et il faut que j'en assume les conséquences, même si pour ça, je dois partir.
- Tu ne vas pas partir.
- Mais tu comprends rien ! Tu es étrangé à l'affaire !
- J'ai été réveillé à 6h du matin par Mr Spark. Ambre est maintenant au courant, mon père fait une crise de nerfs en sachant que des anciens tueurs vivent dans la maison voisine. Alors non, je ne suis pas étranger à l'affaire !
Nathaniel était énervé... Et par ma faute, bientôt toute la ville serait au courant du programme... et par ma faute, mes anciens camarades seraient également pénalisés ! Eux qui voulaient s'intégrer à la société, tout ça allait sûrement se briser si je ne me rends pas à temps pour qu'ils puissent étouffer l'affaire !
- Raison de plus pour en terminer avec ça.
J'ai posé mes mains sur son torse et je l'ai poussé. Ses mains se retirèrent de mes épaules et d'un coup, ses bras se refermèrent sur moi avec force.
- Je ne veux pas que tu partes.
Mon coeur rata un battement et je me suis figée. Pourquoi étais-je dans ses bras ?! J'entendais son coeur...ou c'était peut-être le mien... Je serrais les poings sans oser bouger. Je me sentais bizarre... c'est quoi toutes ces sensations ?!
- Je... Lâ...Lâche moi...
Un long frisson me parcourut lorsque j'ai senti son souffle chaud me parcourir la nuque. Il était trop près de moi, beaucoup trop près...
- Na...tha...niel...
Pourquoi est ce que je n'arrive plus à parler correctement ?!
- Fais-moi confiance, Angely. Même après ce qui s'est passé. Tout ce que je te demande, c'est de me faire confiance.
J'ai dégluti péniblement.
- Lâ...Lâche-moi !
Il se détacha légèrement de moi et me regarda d'un air sérieux sans pour autant retirer ses mains qui se trouvaient dans mon dos. J'ai ouvert la bouche pour dire autre chose quand son visage se rapprocha du mien d'un coup et qu'il posa ses lèvres sur les miennes.
Parce que nous avons tous un cauchemar qui nous hante. Mais il y a toujours le rêve qui vient le faire disparaître.
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