- Est-ce que tu as couché avec Castiel ?! répéta-t-il avec une pointe de colère.

Avant que je puisse lui répondre, il tourna les talons et partit avec un air furieux sur le visage, les poings serrés sûrement au point de blanchir ses phalanges.

Je n'avais rien dit, je ne l'avais même pas interpellé pour qu'il s'arrête. Non, je n'avais pas bougé d'un pouce,  comme paralysée par son regard et le ton qu'il avait employé.

Est-ce que j'avais couché avec Castiel ?!

Mais... mais ça ne le regardait pas que je sache ! C'est ma vie privée après tout ! Je n'avais pas à me justifier de quoi que ce soit.

Et pourtant, je ressentais un malaise au plus profond de moi. Comme si encore une fois son avis comptait beaucoup à mes yeux...

Je vis Nathaniel rentrer chez lui en se retenant de ne pas claquer la porte pour ne pas réveiller sa famille, et j'ai refermé ma fenêtre avec difficulté.

Comme si mes bras pesaient des tonnes. Comme si le poids du ton rempli de reproche et de colère venait de tomber sur mes épaules.

Reprenant mes esprits, j'ai poussé un long soupir à fendre l'âme avant de secouer la tête de gauche à droite pour avoir les idées claires.

C'était toujours pareil ! Je ne pouvais même pas discuter normalement avec lui sans faire une seule boulette ! En plus, pourquoi était-il revenu sur Castiel ?! Et pourquoi se détestaient-ils autant ? À cause d'Ambre qui tournait autour de Castiel ? Et Nathaniel jouait son rôle de grand frère en désapprouvant ce genre de relation ? Sachant que Castiel ne recherchait jamais rien de stable.

Pourtant, son père semble apprécier la présence de Seth mais s'ils savaient qu'il n'était pas ce qu'il montrait, j'aimerais bien voir leur tête, ça devrait être drôle, très drôle ! Sa mine se decomposerait avec rapidité et je m'en delecterais, mais je ne pouvais pas.

TOC ! TOC ! TOC !

J'ai soupiré et je suis allée ouvrir pour découvrir Alexy en short et torse nu, me laissant voir ses muscles bien dessinés, passant de ses pectoraux à ses abdos puis son joli V qui descendait.

 - Qu'est-ce que tu veux ? Lui demandais-je en le regardant d'un air perplexe.

 - Tu t'es encore disputée avec lui ?

J'ai rougi sans pouvoir m'en empêcher. Il venait de me balancer ça comme ça ?!

Sans aucune gêne ?!

 - De...D-de quoi tu parles ?!

Bon Dieu ! Pourquoi est ce que j'ai begayé ?! Ce n'est pas comme si je venais de me faire prendre hein...

 - Ben... de toi et de Nathaniel ! De qui voudrais-tu que je parle ?! De Kalimero et gros Titi ?

 - Hein ?!

De quoi est ce qu'il me parlait maintenant ?!

 - Ah, soupira-t-il d'un air désespéré. Laisse tomber. Je me demande ce que tu as bien pu faire depuis ton retour en ville. Tu n'as pas l'air d'avoir conscience que tu te retrouves dans une vie normale. Et une vie normale implique de reprendre tout ce que tu as raté, pour commencer par les grands classiques !

Hin, hin... de quoi il me parle là ?! J'avais l'impression que si je tentais de comprendre, j'allais m'enfoncer, et très peu pour moi,  surtout après la discussion que j'ai eu avec le blond qui me servait de voisin.

 - Alexy, tu ne devrais pas aller dormir ? Je te rappelle qu'on a cours demain.

 - Pour une fois que Mme Atmen et le colonel Spark sont occupés et que les 2 autres dorment, j'aimerai bien discuter un peu avec toi... et puis, je ne suis pas fatigué, j'ai dormi pendant les cours.

Qu'est-ce qu'ils avaient tous à vouloir discuter avec moi ?!

Prenant sur moi, je lui ai fais signe d'entrer et j'ai fermé la porte derrière lui. Il s'installa sur mon lit tranquillement alors que je m'asseyais sur ma chaise en le suivant du regard.

 - Pourquoi tu n'as pas retiré tes plaques ? me demanda-t-il.

Instinctivement, j'ai porté ma main au collier pour y sentir le contact froid du métal.

 - Je ne sais pas. ça me rassure de l'avoir. Et toi ? Pourquoi est-ce que tu l'as retiré ?

 - On n'est plus en guerre. Je ne voyais pas l'utilité de continuer à porter ce genre de chose qui sert aux autres pour identifier les cadavres.

 - On pourrait éviter de parler de la guerre ?

 - Toi aussi, alors...

- De quoi ?

 - Ben, t'en fais des cauchemars...

- Toujours, avouais-je sans hésiter.

Je n'étais donc pas la seule à revoir chaque soir ces scènes que je m'étais jurée d'oublier, même si parfois je disais préférer être sur un champ de bataille que d'être en vie !

 - Alors ! Et avec ce cher Nathaniel ! Comment ça avance ?!

Rien qu'en entendant le prénom du jeune homme, j'ai senti mes joues chauffer légèrement. Mais je me suid reprise en le fixant alors qu'il attendait une réponse de ma part.

 - Mais pourquoi tu me parles de lui ?!

 - Ben... tu discutes tous les soirs avec lui ! Il se passe bien quelque chose entre vous ! Même Seth l'a remarqué et ça l'énerve ! C'est pour ça qu'il se rapproche d'Ambre ! Pour découvrir le point faible de leur famille !

J'ai écarquillé les yeux, stupéfaite. Seth se rapprochait des Conrad pour découvrir leur point faible ?!

 - Quel idiot ! ça ne lui a donc pas suffit de s'en prendre à lui par la force ?! Cette fois ci, je ne le protégerai pas !

 - ... Tu aimes Nathaniel, n'est-ce pas ?

J'ai fui son regard rose brillant d'une lueur que je n'aimais pas trop voir.

 - Non.

Il haussa les épaules, comme s'il se fichait de ma réponse.

 - Mens-toi aussi longtemps que tu veux, mais ton corps ne pourra pas mentir éternellement aux autres.

J'ai reçu ça comme une douche froide et j'ai senti mon coeur rater un battement après ses paroles.

Il se leva du lit qui grinça et s'approcha de moi en plaçant de part et d'autre ses mains sur les côtés de la chaise. Ses cheveux bleus lui tombaient dans les yeux roses. Je ne l'avais pas revu aussi sérieux depuis bien longtemps... je crois même que je ne l'avais jamais vu aussi sérieux...

C'était la première fois.

 - Tu finiras par comprendre ce qui t'arrive, mais j'espère pour toi que ça ne sera pas trop tard.

Son souffle s' écrasa contre mon visage et j'ai frissonné en me demandant où se trouvait le Alexy que je connaissais.

 - Comment ça ? Soufflais-je, perdue.

Il ne dit rien, puis un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Il déposa un baiser sur ma tempe, et effleura mes cheveux avant de s'éloigner de moi et de sortir de ma chambre.

Raaaaahhh !!!! Mais ces quoi ces mecs qui ne sont même pas foutu de me répondre et qui partent parce qu'ils ne veulent pas me faire face ??!

Frustrée, j'ai fermé ma porte à clé et je me suis blottie sous mes couvertures pour fermer les yeux et calmer mon esprit, mais celui ci était parti vagabonder... en pensant à Nath'...

Qu'est-ce qui pouvait bien se passer dans son crâne ?

Quand je le croiserai, je lui dirais bien quelques mots qui montrent le fond de ma pensée !

Grrr... non, mais franchement, c'est quoi bordel ?!

Entre Alexy et Nathaniel, je ne savais plus où donner de la tête.

En fermant les yeux, j'ai eu une pensée pour Anthony... mon petit frère...

" - Oooooouuuuaaaaaaaaiiiiiiiiiis !!!! Encore !!!! Encore !!! Encore !!!
  - Désolée Anthony ! Je dois arrêter, j'en peux plus !
  - S'il te plaaaaaaaaaiiiiiiit !!! Lili !!!

J'ai souri malgré moi. Il était tellement adorable dans son petit pull vert. Ses cheveux bruns étaient tous doux ! Et sa petite bouille adorable...

  - Allleeeeeeez !!! Me supplia-t-il en sautant.

Il serrait les poings et me regardait d'un air de chien battu et je n'ai pu que céder.

Je l'ai remis sur mon dos et il cria de joie, mais au moment où j'ai voulu tourner sur moi-même, la porte s'ouvrit et j'ai dû le déposer sur son lit en voyant le regard apeuré de sa mère... enfin, de notre mère, devrais-je dire. Elle avait peur de moi mais elle ne voulait pas le montrer, pourtant, ça se voyait clairement.

Comme un nez au beau milieu de la figure.

 - Anthony, le goûter est prêt !

Mon petit frère me prit la main en me tirant en avant, mais notre mère l'arrêta.

 - J'aimerais parler à ta soeur d'abord.

Je voyais combien ça lui coûtait de dire le mot "soeur" pour elle, j'étais morte et la fille qui était devant elle devait être une erreur. C'est ce qu'elle devait penser. Après tout, elle avait fait mon deuil, et me voir ne la ravissait pas puisque je lui rappelais trop son passé.

 - D'accord ! lança joyeusement Anthony.

Il partit en trottinant après m'avoir fait un grand sourire.

Ma mère referma la porte derrière lui et se plaça dos contre celle-ci comme si elle était prête à partir en courant, si jamais je tentais quoique ce soit à son égard.

 - J'aimerais... que tu cesses de rester seule avec Anthony, finit-elle par dire, la voix légèrement tremblante mais pleine de colère.

J'ai froncé les sourcils, surprise.

 - Pourquoi ?

 - Tu... enfin... tu es revenue de guerre... en vie... et je suis heureuse de te revoir... mais Anthony ne doit pas se rapprocher autant de toi... C'est mal, Angely.

 - Comment ça c'est mal ?! Je ne fais que jouer avec lui ! Je ne l'ai jamais blessé ! Ni quoi que ce soit d'autre !

 - Je n'en doute pas, fit-elle d'une voix qui flancha à nouveau. Mais je ne veux plus que tu l'approches ! Il est beaucoup trop jeune pour comprendre que tu as tué des innocents... il ne doit pas...

 - Des innocents ?! Si j'ai tué c'est non seulement pour survivre, mais aussi pour sauver la ville qui risquait d'être prise d'assaut par l'ennemi !!

 - ça suffit ! Je ne veux pas parler de ça avec toi ! Tu as tué énormément de personnes et ce n'est pas comme ça que tu vas expier pour tes fautes !

 - Parce que maintenant c'est une faute de vouloir vivre ?!

 - Tu es un monstre ! Et un monstre ne mérite pas de vivre !

Sur ces mots, elle ouvrit la porte et sortit à toute vitesse. J'avais beau faire semblant, ce genre de remarque venant de ma propre mère me blessait énormement. Qui aurait crû que ce qui réussirait à me blesser n'était que de simples paroles et non des armes ?

Pas moi en tout cas... Se faire traiter de monstre par sa propre mère... c'était assez blessant... ça faisait mal... j'avais les yeux qui piquaient et mon nez qui coulait... mais aucune larme n'a été versée...

Quand je suis revenue dans cette maison qui m'était si familière, mais pourtant si étrangère, je ne m'attendais pas à un accueil chaleureux, mais encore moins à un accueil aussi froid ! Je pensais qu'ils leur fallaient du temps pour se réhabituer, mais non, au contraire, tout s'était dégradé... sauf Anthony qui était encore insouciant et qui riait pour n'importe quoi...

C'était le petit rayon de soleil dans une tempête de neige... mais si ça continuait, je n'allais pas tarder à creuser ma propre tombe ou me jeter du haut d'une falaise dont le bas est recouvert d'épines qui s'enfonceraient dans mon corps..."

J'ai sursauté en me réveillant.

 - Anthony, soufflais-je.

J'ai regardé autour de moi, le temps maussade et la nuit éclairaient peu l'intérieur de la chambre et le réveil indiquait 5h13. Je n'avais jamais rêvé d'Anthony jusqu'à maintenant... pourquoi si soudainement je me suis mise à penser à lui ?! Il avait beau être mon petit frère, je n'avais eu aucune nouvelle depuis que j'étais dans ce programme. Mes parents avaient réussi à se débarrasser de moi, alors autant le faire correctement en faisant un lavage de cerveau à leur fils pour qu'il ne se rappelle pas avoir rencontré sa soeur ainée, une idiote comme quoi, qui avait tué beaucoup de monde.

Les gens ne jugent que sur les actes, et les rumeurs. Mais n'écoutent jamais les vrais raisons.

Parce que tout n'est qu'apparence et argent.

Et s'ils se décidaient enfin à regarder au-dessus de tout ça ?

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