Chapitre 20 : Moment de faiblesse
Je rentrais chez moi pour avoir l'horreur de découvrir que Mr Spark qui était avec Mme Atmen s'envoyaient en l'air au salon... J'avais bien sur fait comme d'habitude, c'est à dire fait le moins de bruit lorsque j'étais rentrée et lorsque je les avais découvert, ils ne m'avaient pas remarqué alors j'étais sortie sur la pointe des pieds et je m'étais réfugiée dans le jardin, près des chatons qui dormaient paisiblement avec leur mère.
J'avais posé la housse noire sur une chaise, Leigh avait insisté pour me l'offrir même s'il n'avait pas vu si elle m'allait ou non et Rosa m'avait fait la gueule durant tout le trajet. Décidement, ce n'était pas mon jour ! D'abord les délégués, ensuite Leigh-Rosa et maintenant le colonel et ma psy !!
Du côté de chez Nathaniel, la lumière était allumée... il devait faire ses devoirs... ce que je comptais faire si les adultes dans la maison ne s'envoyaient pas en l'air ! Si, si je vous jure !
Enfin... non, tout ce que j'aurais fait, c'était aller me coucher.
Je me suis finalement adossée contre le mur et j'ai regardé le ciel nuageux.
ça me manquait, pour moi, c'était toujours aussi bizarre de passer une nuit aussi calme, d'habitude, il y avait les grognements des animaux du désert, mais aussi le son du vent qui soufflait ainsi que le bruit des chargeurs des soldats faisant les rondes pour s'assurer qu'aucun ennemi ne ferait une embuscade.
J'ai malencontreusement laisser une larme couler et les autres finirent par suivre...
ça faisait plus de 6 ans que je n'avais pas laissé couler une seule larme, pas même lorsque j'avais perdu tous mes coéquipiers, jamais, j'avais bien dit jamais.
Pour la première fois, je ressentais cette douleur aigue au fond de mon coeur et comme une énorme boule au fond de ma gorge qui ne voulait pas partir. Elles coulaient à flots comme si elles voulaient rattraper tout ce temps perdu au cours duquel j'avais fait ma dure à cuire. Je me suis recroquevillée sur moi-même en cachant mon visage, laissant ainsi tout ce que j'avais accumulé s'évacuer. Moi qui considérais les gens qui pleuraient comme des gens faibles...
Quelle ironie !
J'étouffais mes sanglots mais on dirait que ça n'avait servi à rien, car une main se posa sur mon épaule.
- Angely ? fit une voix hésitante.
J'ai eu le souffle coupé, quand j'ai reconnu sa voix...
- Dégage !
Au lieu de m'écouter, j'ai entendu le bruit de ses vêtements qui se froissaient et il s'assit à mes côtés sans rien dire alors que je continuais de sangloter sans pouvoir m'en empêcher.
Il était apaisant et sa présence se faisait sentir malgré son silence, c'était comme s'il rayonnait comme une de ses étoiles que j'avais eu l'habitude d'admirer, il était comme elles, au fond il était chaleureux et ...superbe... mais à force de les fixer, elles finissaient par disparaitre comme si elles en avaient marre d'être observé...
- Rentre chez toi.
- Pas envie.
- Tes parents vont s'inquiéter, insistais-je en essuyant mon visage avec le bas de mon pull.
Lorsque j'ai levé les yeux au ciel, je le vis sous la clarté de la lune, la lumière se reflètait sur lui et le rendait mystérieux avec ses cheveux de couleur...
- Et moi, je m'inquiète beaucoup plus pour toi.
Sa phrase me toucha au coeur jusqu'à maintenant alors inaccessible.
- Qui s'inquiète pour moi ?! lançais-je avec amertume. Moi qui ai ôté tant de vie ! Moi qui ai fait la guerre ! Moi qui ne suis même pas capable de me faire des amis ! Moi qui ne sait que donner des ordres ! Moi qui...
Sa main effleura le bas de mon visage et son index se posa sur mes lèvres pour les sceller.
- Arrête, souffla-t-il calmement de sa voix grave qui s'insinuait doucement en moi. Je m'inquiète pour toi. Tu as l'air si fragile comme ça...
Une image me revint à l'esprit et je me suis écartée de lui d'un geste.
- Je ne suis pas FRAGILE !!!
Il soupira d'un air légèrement déçu.
- T'es plus du tout mignonne là !
J'ai bizarrement senti mes joues chauffer. Mignonne ? Moi ?! Il a rêvé ! Non ! Il a plutôt fumé quelque chose d'extrêmement fort pour sortir ce genre de conneries ! Je viens de chialer et il me trouvait mignonne ?! Je devais avoir les yeux bouffis et ma cicatrice me rendait encore plus laide que je ne l'étais déjà ! Et surtout, il y avait encore mes bleus qui ne faisaient que changer de couleur de jour en jour, j'avais parfois l'impression d'être un arc en ciel avec tous ces changements !
- Rentre chez toi, reniflais-je en me levant.
Il suivit mon mouvement et s'approcha de moi. Sa présence, comme la dernière fois me perturbait.
- Tu peux te confier à moi si tu en as besoin...
J'ai ri faussement. Mais pour qui est-ce qu'il me prenait ?! Pour une pauvre abrutie qui ne sait rien faire ?!
- Pour que ta blondasse qui n'arrête pas de te coller raconte tout à tout le monde ?! Non merci !!! Je crois que je préfèrerai me faire fusiller sur place !
Son visage prit un air sombre que je n'avais pas eu souvent l'occasion de voir.
- Tu recommences à insulter tout le monde quand tu te sens prise au piège par quelque chose que tu ne connais pas...
- Prise au piège ?! Tu te fous de moi ?! Si je me mets à insulter les autres c'est parce qu'ils les méritent ! ça ne t'a jamais effleuré l'esprit que le monde n'était pas aussi rose que tu sembles le croire ?!
Un nuage recouvrit un moment la lune et l'ombre s'abattit sur nous comme si les ténèbres nous aspiraient.
- Je n'ai jamais dit que le monde était rose ! Je sais très bien qu'il se passe des choses horribles dans le monde ! Toi même, tu es la mieux placée pour comprendre que les Hommes font des erreurs qui poussent les autres à agir !! Mais le malheur peut aussi toucher ceux qui n'ont pas fait la guerre ! Ne te crois pas au centre du monde juste parce que Mademoiselle est revenue de la guerre, et que maintenant elle essaye de vivre comme une civile, alors qu'elle sait très bien que c'est tout bonnement impossible !!!
J'ai dégluti difficilement. Son petit discours m'avait fait mal, mais je ne voulais pas le montrer.
Qu'y avait-il de plus horrible que d'avoir fait la guerre ?! Et y avoir perdu la quasi totalité des personnes en qui tu faisais confiance pour réussir à survivre dans un monde pareil ?
J'étais consciente que je n'étais pas le centre du monde ! La preuve, ma soi-disant famille m'avait chassé, mon tuteur était avec ma psy et ne se préoccupaient pas de moi, alors que j'étais censée être rentrée depuis bien longtemps et j'étais en train de pleurnicher derrière une maison avant qu'il ne vienne m'interrompre ! J'étais rodée à la solitude depuis des années et j'avais même appris à ne pas placer ma confiance aux gens.
Personne ne faisait vraiment confiance à quelqu'un, il y a des doutes partout et personne ne peut rien y faire ! La confiance, elle pouvait être brisée si simplement avec un seul mot, alors à quoi bon faire confiance si c'est juste pour ressentir la douleur cuisante d'une trahison ? Il vaut mieux garder tout ce qu'on a sur le coeur pour nous même.
Les gens d'aujourd'hui cherchent tous des personnes à qui se confier, mais ils ne savent pas choisir leurs confidents et les problèmes apparaissent, créant parfois des guerres civiles et où les soldats sont très demandés... Le gouvernement... il faisait tout pour assouvir leurs besoins de pouvoir, de puissance... Et je n'avais pas besoin qu'il me dise ce que je savais déjà. Je sais parfaitement que je ne pourrais jamais m'intégrer réellement dans cette société corrompue, dans cette vie bien trop calme et pourtant si difficile. Furieuse, je l'ai toisé sans ciller.
- Tu ne sais rien de moi !!!!! hurlais-je. Tu ne sais pas ce que j'ai vécu ! Tu ne sais pas à quel point une guerre peut marquer les esprits de tous les soldats qui ont vu ses horreurs ! Des cadavres à chaque coin de rue, où des vautours et des animaux trainaient pour manger leurs entrailles !!! Tu n'as pas connu la famine ! Le manque de sommeil ! La fatigue à un tel point que tu trouves ça miraculeux de pouvoir encore tenir sur tes jambes ! Le soleil qui battait son plein en pleine journée, et l'eau qui se faisait si rare que tu souhaitais mourir pour ne plus subir ce châtiment ! Tu ne sais pas combien de fois la mort frappait à ma porte, prête à m'enlever au moindre moment de faiblesse de ma part !!
- Alors pourquoi y avoir résisté ?! gronda-t-il furieux.
...C'est vrai ça... pourquoi ? Parce qu'on me l'avait appris ?
... Non... c'était autre chose...
Là, il me posait une colle... et m*rde ! Il ne pouvait pas avoir le dernier mot !
- C'était pour protéger ce foutu pays ! Mais si j'avais su qu'il y avait autant d'enfants pourris et gâtés, j'aurais laissé l'ennemi prendre possession des camps !!
- Pour qu'ils nous tuent ensuite ?!
- Pourquoi pas !
- Ils t'auraient aussi tué !
- Et alors ?! De toute façon, je sais très bien où je finirais !
- En enfer !!! rugit-il.
- Non mais qu'est-ce qu'il se passe ici ?!
Nous nous sommes tournés en même temps pour voir le colonel Spark avec une torche en main.
J'ai pris une inspiration pour me calmer et je suis passée à côté d'eux avec la housse noire, pour ensuite rentrer dans la maison et ainsi m'enfermer à double clé dans ma chambre, où je me suis jetée sur le lit, prête pour une nouvelle crise de larmes.
On peut dire ce qu'on veut, mais les mots sont à doubles tranchants.
Ils font d'autant plus mal lorsque ce sont nos proches qui les utilisent contre nous.
On peut faire comme si ça ne nous atteignait pas, mais au fond, on en garde des blessures qui ne gueriront pas de si tôt.
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N'hésitez pas à me laisser des commentaires, ou des avis. 'Fin c'est la même chose, mais je pense que vous m'avez comprise !
Je ne mords pas ;)
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