Chapitre 11 : Tout est question de "papa" et "maman"

- L'herbe est si confortable que ça ?

Sa voix me surprit. J'en avais oublié son timbre grave !

Fais pas ta stupide, Angely. T'es pas amnésique bordel !

J'ai tourné la tête vers sa chambre où il était appuyé sur les bords de sa fenêtre. Ses cheveux blonds lui tombaient aux yeux et il portait un simple débardeur...

Mmh... je voyais presque les contours de ses muscles, dommage qu'il soit si haut et si loin !

Mon Dieu, qu'est-ce que je venais de dire ?! Ce n'était pourtant pas la première fois que je voyais un gars torse-nu ! Je m'en fichais même vu que j'avais passé le clair de mon enfance entourée par des soldats du sexe masculin. J'ai senti mes joues chauffer malgré moi, et j'ai été soulagée d'être aussi loin de lui.

Heureusement qu'il ne me voie pas rougir !

 - Si tu veux savoir, tu n'as qu'à essayer, lançais-je avec nonchalance pour qu'il ne remarque pas mon état.

Il sourit... et je me suis mordue la lèvre inférieure... il fallait que je le remercie. J'ai ouvert la bouche, mais mon "merci" s'étrangla dans ma gorge.

Décidement, je n'y arriverai jamais !

 - Je croyais que ta famille ne devait pas m'adresser la parole ?!

Son sourire se fana...

OUPS !

J'aurais pas dû dire ça... Mais c'était sorti tout seul. Et sur le coup, je n'avais pas pu tenir ma langue. Pourtant, on m'avait bien dit que je devais tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de dire quelque chose.

Maintenant, je comprenais pourquoi.

 

- Si c'est ce que tu souhaites, lâcha-t-il froidement en fermant sa fenêtre et en tirant son rideau.

J'ai fermé les yeux quelques secondes.

Voilà, il me détestait...

Pourquoi son ton froid me faisait ressentir de la tristesse ? J'ai posé ma main droite sur mon coeur pour tenter de calmer ses battements qui avaient accélérés en apercevant Nathaniel.

Je me suis levée et j'ai pris mon sac avant de rentrer dans la maison plongée dans le noir. Je ne pouvais pas m'en empêcher, parfois, mon côté qui avait fait la guerre refaisait surface...  Et tout ce que je voulais, c'était blesser les gens, même s'ils ne m'avaient rien fais. C'était juste pour les prévenir qu'il ne fallait pas me chercher, même si certains dans leur fond était réellement emplis d'innocence.

Mais je ne pouvais pas le savoir. Je ne suis pas devin, ni un être humain d'ailleurs. Seulement un monstre assoiffé de sang qui s'est rassasié avant de rentrer.

J'ai pris une douche après avoir grignoté et j'ai mis un pull assorti à un pantalon gris pour aller me coucher. J'ai d'abord jeté un coup d'oeil du côté de Nathaniel où il faisait sombre et j'ai soupiré en m'enveloppant dans ma couverture.

Tristesse et déception.

Drôle de sentiments et de sensations seulement pour avoir parlé et rencontré un jeune homme.

"- Maman !
 - Mon petit ange ! s'exclama-t-elle en tendant les bras.

Je me suis blottie contre elle, ses longs cheveux bruns me chatouillant la joue et son parfum de fraise m'entourant. Je me sentais bien dans ses bras. C'était rassurant, et chaud.

 - Dites donc les filles ! lança papa. On va arriver en retard si vous continuez !
 - Chéri ! Tu ne trouves pas qu'elle est magnifique ?

J'ai fais un petit tour sur moi-même pour qu'il voit la robe bleu que je portais. On était allée l'acheter avec maman pour mon anniversaire.

 - Elle est toujours magnifique ! C'est ma fille après tout !

Il me porta dans ses bras en souriant. Et j'ai mis mes mains autour de son cou en souriant. Si papa était content, je ne pouvais qu'être contente !

 - Mais si on ne se dépêche pas, on va arriver en retard chez Grand mère.
 - Alors en route !!! m'exclamais-je en les faisant rire.

Pendant tout le trajet, maman et papa chantaient sur une chanson qui passait. Je riais en les écoutant et je regardais le paysage défiler. Au bout d'un certain temps, papa finit par se garer, et j'ai regardé dehors pour voir le jardin. J'ai retiré ma ceinture et je suis sortie de la voiture rapidement, avant de courir en direction de la porte. J'ai fais un grand sourire comme elle aimait !

Grand mère est venue nous accueillir en souriant. Elle portait une de ces grandes robes à fleurs avec un tablier. Je lui ai sauté dessus pour sentir son odeur que j'aimais beaucoup.

 - Dis, donc ! Tu as bien grandi !
 - Oui ! Bientôt, je rattraperais maman !
 - Je l'espère bien, mon ange.
 - Angely, tu peux aller jouer, cria mon papa en sortant un paquet du coffre.

J'ai crié un "ouiiii" qui les fit tous rire, et je suis allée dans le jardin."

Je me suis réveillée en haletant.

Ma...man..., pa...pa...

Ces mots résonnaient bizarrement dans mon crâne. Je n'avais jamais prononcé ces mots depuis mon retour et encore moins pendant la guerre. Après mon enlèvement, je pensais à eux, mais au fil du temps, j'avais arrêté pour me concentrer un peu plus sur ma survie.

Il était 4h42... j'étais sûre que je n'arriverai pas à me rendormir, alors je me suis changée et je suis sortie dans le jardin où je me suis allongée sur l'herbe et j'ai commencé à faire des abdos.

J'avais 9 ans à cette époque... et j'aurais bientôt 17 ans...

Haha... l'année dernière pour fêter mes 16 ans, je m'étais permise de tuer plus de personnes... en y repensant... chaque anniversaire que j'avais passé sur le champ de bataille, j'avais tué beaucoup plus de personnes pour passer ma rancoeur envers le gouvernement.

Et j'avais écopé de ce surnom stupide "L'Ange de la Mort".

Comme si ça ne suffisait pas d'avoir été enlevée, il avait fallu que je me fasse une réputation en plus de ça.

Comme quoi, je ne fais pas les choses à moitié hein...

Je me suis assise un instant sans rien faire que fixer l'arbre qui se trouvait dans le jardin et j'ai pris une inspiration.

 - Ma...m...ma...

 - Angely ?!

J'ai sursauté et je me suis retournée vers la voix. Il me toisait avec un air perplexe.

 - Qu'est-ce que tu fais là ?!

 - ...Rien.

Je ne pouvais pas lui en parler. Ce serait tout aussi honteux que ce qu'il s'était passé la veille.

 - Tu devrais aller te recoucher...

 - Vous savez très bien qu'à partir de 5h, je n'arrive plus à dormir.

 - ...C'est vrai. Alors, je vais me coucher. N'oublie pas que tu as cours aujourd'hui.

 - Je sais, mon colonel.

Il soupira en levant les yeux au ciel.

 - Arrête de m'appeler comme ça. C'est Dan ou papa.

En entendant le dernier mot, j'ai dégluti. Je n'arrivais pas à les prononcer, c'était plus fort que moi.

Pour moi, "papa" et "maman" avaient disparu depuis des années.

Le colonel fit demi-tour et me laissa seule avec moi-même. Je n'étais pas normale, ça, j'en étais consciente.

J'avais grandi sur un terrain miné et je tuais les gens depuis plus de 6 ans, maintenant, voir quelqu'un mourir ne me faisait plus rien. On m'avait appris à tuer, j'ai toujours été douée pour ôter la vie des autres et créer des problèmes, alors pourquoi est-ce que ça changerait maintenant ?

 - Ma...m...ma...m...

Je n'y arrivais pas !!!!!!!

J'ai poussé un cri de rage et de frustration en frappant le sol avec mes poings.

 - Pourquoi est-ce que je n'y arrive pas ?! grommelais-je pour moi-même.

J'ai repris une grande inspiration pour me calmer, et me dire que je pouvais le faire. Ce n'était pas si compliqué, non ?

 - Pa...p... P... pa....

Non... je ne vais pas y arriver... d'ailleurs, à quoi est-ce que ça me servirait de toute façon ?! Ils n'ont pas pris de mes nouvelles depuis que je suis partie de chez eux et ils ont même été content que je parte !

Je me suis levée et je suis partie en courant. Courir me faisait toujours du bien, alors je courais dans les rues. J'ai même vu le soleil se lever ! C'était magnifique !

Je suis retournée devant la maison vers 7h30... et j'ai croisé Nathaniel tout aussi surpris que moi.

Est-ce que je devais dire quelque chose ? Tiens, ses yeux étaient posés sur... argh ! Mes plaques d'identité !! Bon, ok, il savait que j'étais une ancienne militaire ! Mais quand même ! Si ça avait été quelqu'un d'autre ?!

 - Tu devrais y aller, lui conseillais-je. Tu vas arriver en retard.

Mon coeur recommençait à s'emballer et je sentais des trucs vraiment très étranges dans le bas de mon ventre.

Je me suis dépêchée d'entrer dans la maison où je suis allée prendre une douche bien froide. J'ai pris mon temps parce que je prenais à 9h. Le colonel dormait à poings fermés.

Comment je le savais ? C'était simple, je l'entendais ronfler ! Comme un ours. Il ne lui manquait qu'une réserve de provision, et du miel.

J'ai pris mon petit-déj' et je suis partie tranquillement en cours. Sur le chemin, je suis tombée sur la soeur... j'ai décidement beaucoup de chance !

 - Qu'est-ce que t'as à me regarder comme ça ?!

Je n'avais pas oublié ce qu'elle avait fait hier soir ! Mais elle avait de la chance, si je la touchais, j'allais vraiment me faire exclure du programme et je pourrais dire adieu à mes amis et à ma liberté...

Donc, je l'ai ignoré et j'ai marché en faisant plus attention aux alentours. Je n'avais jamais remarqué que...

 - Hé ! La nouvelle ! Je t'interdis de me snober comme ça !

Mais qu'est-ce qui m'a foutu une voisine pareille ?! Ah oui, le destin qui se fichait encore de ma poire.

 - Retourne voir les jupons de ta mère, crachais-je.

Un éclair de tristesse et de douleur passa dans ses yeux... pourquoi ? Ou peut-être que j'avais rêvé ?

 - JE TE DETESTE !!!!! Hurla-t-elle furieuse.

J'ai froncé les sourcils surprise. Je venais de toucher une corde sensible, ou elle n'aimait pas qu'on s'en prenne à ses parents ? Pour ma part, les autres pouvaient parler des miens, je m'en fichais. Après leur accueil glacial, je les avais reconsidérés autrement.

 - Je le dirais à Nathaniel !

 - Parce que tu crois qu'il va te croire ? La dernière fois, je n'ai rien dit parce que je ne suis pas comme toi. Je sais assumer mes propres responsabilités. Tu es encore une gamine, je suis certaine que tu ne sais pas ce que veut dire "responsabilité" !

 - Il va me croire ! IL ME CROIT TOUJOURS !

 - Voila pourquoi tu es une gamine. Tu ne sais pas régler les problèmes toi même, tu es obligée d'appeler ton frère à chaque fois !

 - Au moins, je ne me fatigue pas !

C'est une logique de blonde ou quoi ?! Comment peut-elle tant se reposer sur son frère ?! Elle ne pouvait pas le lâcher un peu pour qu'il respire ?!

Wooh... Je venais de prendre la défense de Nathaniel ou quoi ?!

Bon sang, c'était pas le moment de penser à ce genre de chose ! Pour l'instant, je devais m'occuper de cette fille qui me tapait sur les nerfs. Et peut-être qu'il fallait que je me charge de son éducation aussi.

 - Hé poulettes ! Venez avec nous ! nous interpella un homme au crâne rasé.

Etrangement, j'avais un mauvais pressentiment, et souvent. C'est-à-dire tout le temps, j'avais toujours des problèmes quand je ressentais ça...

Pour tout dire...

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