La chute de l'Amour

Nolanh Kent, 21 ans, métamorphe.

Il faisait beau, chaud. Après tout, je me trouvais dans une forêt équatoriale, chaude et humide, sous un soleil éclatant, où il semblerait que je sois devenu le Roi. Tous ces sous-fifres, des hommes et femmes de la Terre, des Terrahumanos, je crois, aux visages effacés comme si on les avait parfaitement déshumanisés, réalisaient chacun de mes caprices. Ah, et au sein de cette salle de trône, dans ce château naturel tout aussi grandiose, j'étais entouré par des tonnes de femmes, de nationalités et espèces différentes, toutes aussi sublimes et sexy les unes que les autres. Elles me voulaient toutes, admirant mon magnifique corps sculpté que cette tenue trop précieuse mais si légère laissait bien trop percevoir. Je faisais rouler mes muscles, appréciant voir ces femmes si mordues de moi, ignorant parfaitement les cris de la Reine Tanya qui semblait hurler dans chacune de mes oreilles, comme si elle était partout dans mon esprit.
Puis, alors que je me délectais de ce rêve idyllique, le décor changea, dès lors que cette phrase pleine de rancœur bouleversa mon esprit tout entier :

- Tu n'étais pas là. Ils m'ont eu ! C'est ta faute !

Désormais, je voyais le visage de Chloé Davis, les yeux mouillés mais le visage condamné par les traits de la colère. Une colère pleine d'amertume.
Le sol autour de moi et Chloé n'était plus que cendres, se teintant de noir. Plus aucune végétation ne s'élevait du sol, et mon décor n'était plus que ténèbres. Je me sentais terriblement sans défense ainsi vêtu.
Des bras d'ombre agrippait Cupidon, la surélevant du sol, alors qu'elle tentait de se débattre vainement. D'autres sortirent des murs de ténèbres pour réaffirmer leur étreinte, recouvrant toujours un peu plus son corps, tout en veillant à ne pas toucher à sa tête d'enfant innocent et capricieux.

- Nolanh Kent, tu étais celui qui devait me préserver du Mal. Tu as échoué. Je vais disparaître. C'est ta faute ! hurla-t-elle, tout en essayant de s'échapper, luisant d'une douche lumière qui émanait d'elle, ternie par les bras d'ombre, et en se débattant furieusement, avant de laisser échapper un sanglot. Je suis perdue... Nolanh, promets-moi de me retrouver... il fait si sombre dehors...

J'avais réellement cru entendre la vraie divinité dans cette dernière phrase, ce qui me troubla encore plus.
La lumière autour d'elle s'éteignit. Elle soupira, des larmes coulant sur ses joues.
Une main jaillit de derrière elle, agrippant l'ensemble, la faisant gémir d'effroi, les yeux exorbités.
Elle la tira avec violence dans les ténèbres, emportant avec elle le cri de détresse de la Déesse de l'Amour.

- Tu aurais dû la sauver ! C'était ton devoir !

Puis, je subis une cacophonie funèbre, glauque et angoissante, me forçant à me mettre les mains sur les oreilles pour calmer ce vacarme sanglant. Hélas, en vain, la tension meurtrière vint alors à me réveiller.

J'étais sur le choc, me réveillant en sueur. J'étais habitué par les hantises que le travail de Cupidon me donnaient, bien malgré elle. Cependant, j'étais conscient, même si ça restait bien moins qu'elle-même, des risques qu'elle encourait.
Il faisait étrangement chaud, une chaleur qui me força à me hisser hors du lit afin de me rafraîchir. Même si, devant ma glace, reflétant mon reflet assombri par l'obscurité partielle, je ne pus être autant dans le déni : Si j'avais si chaud, ce n'était pas par la chaleur, mais par la peur qu'une crainte survienne. J'avais un mauvais pressentiment.
Instantanément, une fois l'avoir réalisé, je ressentis un appel de la Déesse, transcendant mon esprit, me bloquant totalement durant un moment. Chloé Davis était en danger ! Et malgré mon soir de congés, elle m'appelait quand même... cela ne présageait rien de bon.
Illico presto, je revêtis mes gilets et collants de protection à appliquer sous mes vêtements de ville que j'eus juste à enfiler sur mon corps habillé simplement d'un boxer, afin de tromper l'ennemi.
Je glissai quelques poignards que Chloé m'avait prêté. Même si j'étais loin d'être un maître en la matière, ils s'avéraient parfois très pratiques.
Puis, bravant la migraine, je sortis de mon appartement et suivre son appel. Plus je me rapprochai, plus la douleur se distillait.

Je ne fus guère surpris de me retrouver dans un endroit où les habitations étaient moindre, la végétation qui bordait la grande déchetterie.
J'avais entendu du bruit, donc par réflexe, je m'étais changé en faucon pour me masquer dans les feuillages d'un arbre. Deux espèces de hyènes fusionnées avec des salamandres, aux yeux rouges, vinrent à passer sous moi. Des chimères, des démons animoïdes ? Cela en avait tout l'air.
Je volais d'arbre en arbre dans la plus grande discrétion, je sentais l'aura de ma protégée. J'approchai avec la plus grande des certitudes.
Sur les collines de sables qui séparaient la forêt et la déchetterie, tout de même séparées par un grand grillage, des tonnes de chimères démoniaques formaient deux demi-cercles. Tant bien même que la plupart était terrienne, certaines étaient volantes.
Au sein du premier demi-cercle, plus petit que l'autre, se trouvait une Aqualis, une élémentaliste de Feu, et un tigre-garou, se défendant des démons animoïdes.
Au sein du deuxième demi-cercle, je voyais un ange aux ailes mauves et aux traits ambiguës, sûrement déchu, un certain Klaus me semblait-il, et un peryton ailé, un cerf avec de grandes ailes d'aigle et des pattes arrières ressemblant à des pattes d'oiseau, avec de longues traînées de plumes colorées. Mais l'ange déchu n'était pas seul, il y avait également des Elfes en uniforme de Police pour soutenir le peryton et un autre ange, une enfant aux petites ailes bien blanches, voletant bien moins haut que son homologue ailé. Cet ange tentait grâce à ses flèches purifiées par le plus beau des sentiments et son pouvoir de Lumière, de repousser la masse. Chacune de ses attaques pulvérisait instantanément le démon, au moindre contact.
Le tigre-garou et Klaus étaient des collègues, chargés de la protection de Cupidon.
Je devais les aider, surtout elle.

Je volais jusqu'aux animoïdes, fusant sur la première rangée de ceux-ci, mon bec et serres acérées en avant. Puis, je redevenais humain, tournant sur moi-même, et dégainai mes poignards pour transpercer les autres animoïdes aux alentours.
Les pierres incrustées dans les poignards se mirent à luire d'un rouge rubis et leur lame à luire doucement. Eux aussi, ils étaient enchantés de lumière divine.
Je tournoyai sur moi-même, tranchant tous les animoïdes fusant sur moi, sur nous. Ne vous attendez pas à de la stratégie de leur part, Tanya m'avait dit qu'ils n'étaient pas dotés d'une dense matière grise.
Le tigre-garou fauchait les monstres de ses griffes aiguisées, brisant l'air de son agilité féline qui empêchait les animoïdes de le toucher. Il veillait principalement à protéger l'Aqualis et l'élémentaliste de Feu, se battant corps et âme dans ce duo élémentaire contraire, clientes de Cupidon.
Klaus, l'ange déchu aimé de tous, livrait bataille avec sa grâce angélique qu'il n'avait point perdu, grâce à ses pouvoirs de lumière tamisée, teintée d'une douce lumière blanche terne aux reflets violets. Il privilégiait tout de même son épée, car ses pouvoirs lumineux ont nettement été amoindri depuis qu'il a été déchu de son prestigieux statut angélique.
Le peryton était surpuissant, éjectant des tonnes de monstres à chaque bourrade et collision. Les Elfes soutenaient, par leur force et agilité physique nettement supérieur aux humains, renforcés par une aura naturelle, bénédiction de la Nature elle-même pour leur dévotion à celle-ci, leur Capitaine qui n'était autre que Legario McLeon.
Je parvins avec une étrange facilité à rejoindre le cercle où se tenait ma protégée, qui était en réalité une prison qui pourrait devenir notre tombeau. Arrivé jusqu'à elle, elle m'expliqua deux, trois, trucs tout en continuant de faire des ravages dans la horde monstrueuse pour nous sauver la vie :

- Kent, j'étais donc en rendez-vous avec ces deux femmes quand j'ai repéré un escadron elfique de Police dans les environs... Grâce aux hybrides et aux Veilleurs, nous avons senti une explosion de l'aura démoniaque générale dans une zone proche. Donc, nous avons rappliqué, mais nous avons été attaqués avant d'y arriver, termina le Capitaine peryton.

- Est-ce suffisant pour que les hybrides perdent le contrôle ? m'enquis-je, avec une nette inquiétude.

- Non, du tout. La marge est encore haute, mais la montée reste importante par rapport à l'aura ambiant auquel on est habitué, rassura le Capitaine, immédiatement, me soulageant directement.

- Et... l'embuscade a eu raison de nous, renchérit le premier Elfe à la silhouette musclée et imposante, d'une voix fluette.

- L'effet de surprise a eu raison de nous, heureusement que Cupidon n'était pas loin, ajouta l'autre Elfe à la silhouette mince et svelte, d'une voix grave et virile.

- J'étais sûr que tu allais les aider, Chloé, m'exclamai-je, joyeusement.

- Je ne pouvais pas faire autrement ! répliqua-t-elle, puisant dans son pouvoir lumineux et amoureux. Et toi, fais quelque chose !

Être humain à DreamWorld était une faiblesse, mais j'étais un métamorphe. J'avais peut-être une forme humaine mais je pouvais prendre toutes les formes que je souhaitai.
Tournoyant sur moi-même pour ne pas me faire tuer durant un moment de faiblesse, j'effectuai ma transformation en tarasque. Ce lion fusionné à une tortue, dont le corps avait été conçu pour être une arme toute entière, soit pour semer le chaos, soit pour protéger le monde.
Puis, je m'élançai dans la masse d'animaux démoniaques, peuplées par quelques chimères nettement marquées. Je jurai de réduire drastiquement le nombre en face de nous.

Grâce à nos efforts simultanés, la vague fut repoussée, ou du moins, considérablement amoindrie. Cependant, nous devions tapés encore plus fort pour fragiliser de manière irréversible l'Ennemi. Effectivement, nos efforts individuels, tant bien même que notre défense mutuelle persistait, montraient des résultats plus que satisfaisaits. Mais, si ça continuait, nous en aurons jusqu'à l'aube. Si toutefois, nous résistions jusqu'à là.
Pour cela, j'eus une idée.

- Nous devons créé une attaque groupée qui soit fatale à l'Ennemi, proposai-je, haletant.

- Comment ? questionnèrent Klaus et le tigre-garou.

- Qu'est-ce que tu proposes ? demandèrent le Capitaine et Cupidon.

- Il faut que l'on se rejoigne, qu'on élimine les animoïdes entre nos deux groupes. Uno, ça nous sera profitable. Dosio, nous avons trois éléments primordiaux parmi nous, alors renforcés par le pouvoir de la Lumière, ça sera flamboyant.

- Nous ne sommes pas aussi forts que les Terrahumanos, ils peuvent faire beaucoup plus de choses que nous, spécifia l'Elfe à la voix grave.

- Nous sommes nettement plus restreints qu'eux, précisa son homologue.

- Mais, vous possédez la signature de l'élément Terre dans votre ADN. C'est le principal, contrai-je, avec certitude.

Ils approuvèrent et nous nous mîmes au travail. Veillant tout de même aux monstres du grand cercle extérieur, nous mobilisions nos forces sur les monstres qui nous séparaient.

Malgré la difficulté, principalement celle de ne pas se faire bouffer par les lignes extérieures, nous nous en sommes parvenus.
Tandis que l'Aqualis, l'élémentaliste de Feu et les Elfes joignaient leurs pouvoirs, les mains liées, au sein d'une parfaite cohésion et concentration, Chloé Davis et Klaus firent apparaître un bouclier de lumière translucide et nous repoussions les membres qui parvenaient à passer au travers.
Ce n'était pas l'objectif d'épuiser l'énergie vitale de nos générateurs de lumière donc, à partir d'un moment, ils relâchèrent la pression, le mur de protection devenant beaucoup moins brillant. Et, nous prîmes vraiment la relève, afin de faire bénéficier le plus de temps possible à nos trois pièces maîtresses.
Puis, ils envoyèrent la sauce, chaque représentant de l'élément avec une main tendue, l'Elfe le plus écarté levait sa main et l'autre Elfe et l'élémentaire de Feu tenaient fermement la main non tendue vers le ciel de l'Aqualis.
Des éléments végétatif jaillirent au dessus des Elfes, des torrents d'eau apparurent au dessus de l'Aqualis et des flammes dansèrent au-dessus de l'élémentaliste. Puis, les éléments se propagèrent jusqu'au bouclier lumineux qui subit l'effet inverse.
Au lieu de rester opaque et limiter les passages, ils les accentua, renforçant considérablement la puissance de l'attaque. En traversant le mur lumineux, les éléments continuèrent de se propager sous la forme d'un rayon de lumière gigantesque teinté par les pales couleurs des trois éléments.
À la vitesse de la lumière, le rayon traversa les ennemis qui beuglèrent de souffrance, pulvérisés au moindre contact.

Alors que les démons animoïdes disparaissaient à vue d'œil, quelque chose stoppa l'avancée du mur lumineux propageant la destruction des êtres démoniaques, alors que nous allions détruire leurs dernières lignes. Nous l'avions sentis, des êtres beaucoup plus chargés d'aura démoniaque, donc beaucoup plus puissant.
Puis, la collision entre ces deux pouvoirs fut trop forte, provoquant une colossale explosion discordante, éliminant toujours plus de démons animoïdes. Cela nous força à mettre nos bras devant notre visage - ou nos ailes pour les plus chanceux -, l'explosion nous faisant reculer.
Il ne restait qu'une très mince dizaine d'animoïdes, dont quelques chimères. Rien de bien alarmant, à côté de ce qui se tenait derrière.
Des humanoïdes fantomatiques, dont il était difficile de déterminer le bas de leur corps, d'un bleu-blanc presque transparent, comme pour se fondre dans n'importe quel décor pour s'y camoufler, au visage horrifique avec des yeux bien plus lumineux, lévitaient au dessus du sol.

- Ce sont des Esprits Vengeurs, ils ont l'air fortement animés. Quelqu'un a réanimé leur haine contre le vivant, soupira la Déesse, d'un ton qui se voulait explicatif.

- C'était donc ça la montée d'énergie démoniaque dans les environs... commenta le Capitaine, songeur.

Sa tête fut prise de stupeur lorsqu'elle aperçut la personnalité qui se tenait en plein milieu.
Une fée dont le corps était divisé en deux, entre son élément originel, l'Eau, et celui qu'on lui avait rajouté, le Feu.

- Mary Kelley ! m'exclamai-je, sans que je puisse m'en empêcher.

L'étonnement laissait bien vite place à la vengeance. Je devais venger Luke, pour tout ce qu'elle lui avait fait subir ! Et toutes les personnes passées sous ses lames !
Je m'apprêtais à fondre sur mes nouveaux ennemis, tout comme les autres, lorsque Cupidon nous arrêta. Sans crier.
Tandis que les Esprits Vengeurs s'approchaient lentement, Mary Kelley restant statique à léviter.

- Arrêtez. Nous sommes fichus... soupira-t-elle, dépitée.

- Pour... pourquoi ? s'enquit le tigre-garou, approuvé du regard par les autres détenteurs des éléments primordiaux.

- Les esprits ne sont sensibles qu'à la Lumière, l'élément, et aux liquides, l'eau en l'occurrence, expliqua-t-elle, tandis qu'ils commençaient à nous encercler, se déplaçant à égale distance.

- Mais nous sommes trois à pouvoir réagir, contra Klaus, sortant de son étrange mutisme, avec une once d'espoir.

- Nous sommes quatre, rectifia Chloé. Nolanh, transforme toi en griffon. Leur feu divin est purifié à la lumière des Cieux.

- Mais... t'avais dit que je ne pouvais l'utiliser qu'une fois.

- Nan, en réalité, la bénédiction reste efficace jusqu'à ce que je résilie le contrat divin qui nous lie, répondit-elle, après quelques dizaines de secondes à réfléchir, un peu déconcertée.

Enfin, elle était déconcertée mais j'avais considéré ces gestes comme une bénédiction me permettant de retrouver la transformation plus rapidement. Sans problème, je me transformai, encore plus prêt à en découdre. Moi qui ressentais une certaine fatigue, cette transformation légendaire venait de me revigorer.

- Nous sommes quatre, reprit Klaus. Il suffirait juste de protéger les autres qui lutteront contre les animoïdes restants. Et le tour est joué.

- Tu es un optimiste idéaliste pour le coup, Klaus. Tu n'agis comme cela simplement pour préserver l'espoir des autres terrestres ici présents.

L'ange déchu se tut, elle l'avait visiblement percé à jour. Puis, elle reprit son explication défaitiste et fataliste.

- Tu es conscient qu'avec ta déchéance, ton pouvoir lumineux est devenu bien faible par rapport à l'original. Les Esprits Vengeurs appartiennent aux catégories des esprits les plus puissants, les plus résistants aux liquides. Donc, parmi ceux capables de réagir face à eux, nous ne sommes que deux à pouvoir les paralyser à coup sûr. (Elle laissa un silence tandis qu'une fois fini de se placer, nos ennemis approchaient avec cette lenteur perverse face à notre désespoir :) C'est peine perdue, nous sommes fichues...

Ils soupirèrent, tous, dépités. Même Klaus s'apprêtait à mettre pied à terre.

- Non, dis-je, osant braver le silence, l'ange déchu stoppant sa descente en me regardant. C'est à tenter. Le principal n'est pas de les détruire, c'est de gagner du temps pour s'enfuir. Ou au moins, laisser les civils s'enfuir. Autrement, Cap'taine McLeon, veuillez essayer de contacter vos troupes. Ou qui que ce soit capables de joindre des renforts.

J'étais si directif que je m'impressionnai moi-même.

- Kent a raison, il faut essayer. Sinon, on a déjà perdu, renchérit Klaus.

Sa présence faisait plus de voix, il parvint à raviver complètement l'espoir des troupes.

Legario McLeon hocha la tête d'un air approbateur.

- Le réseau passe très mal ici, nos radars de détresse prendront du temps à émettre notre alerte à la base centrale, prévint-il, approuvé par ses deux employés elfiques.

- Autrement, nous pouvons contacter nos frères de la Nature, nous pouvons communiquer avec la Terre et tout ce dont elle contient, ajouta l'un des deux Elfes, avant de se mettre au travail.

Ils posèrent un genou au sol, les mains également sur la terre, respirant calmement comme pour récupérer le souffle des végétaux. Ils allaient aussi avoir besoin d'un peu de temps.

- Nous pouvons les protéger de près, contre les animoïdes qui arriveront plus rapidement, proposa l'Aqualis et ce qui s'avéra être sa femme, l'élémentaliste de Feu. Pendant que vous éliminez les Esprits Vengeurs tandis qu'ils sont encore loin.

Le tigre-garou se préparait à attaquer directement les animoïdes, dès qu'ils auraient l'ordre de fuser sur leurs proies.
La Déesse de l'Amour parut septique, mais un sourire parvint à percer ses lèvres.

- On peut faire ça ! s'exclama-t-elle, revigorée par l'espérance.

Ensuite, les lumineux s'élancèrent dans la bataille.

Cupidon, Klaus et l'Aqualis pour remonter leur puissance d'attaque, et moi-même changé en griffon, nous nous élançions sur les Esprits Vengeurs qui s'activèrent, dans trois directions différentes. Nos feux ou eau rencontrèrent les fluides électriques bleu polaire de nos ennemis fantomatiques.
Les policiers et les civiles livraient bataille sur les derniers animoïdes.
Nous reculions, mais leur nombre faiblissait. Du moins, l'effort était particulièrement marqué du côté de Cupidon et de moi-même.
Nous devions épuiser le plus possible le nombre d'ennemis spirituels avant qu'ils ne puissent atteindre nos alliés. Ils ne survivront pas à leurs attaques et nous non plus. Alors nous n'avions pas le droit à l'erreur : Si nous tombions, ils tomberont aussi.
Malheureusement, comme l'avait prédis Chloé Davis, Klaus et l'Aqualis n'étaient vraiment pas aussi létales que nous. L'écart se creusait entre eux et nous, les Esprits Vengeurs restaient plus nombreux chez eux et la distance qui les séparaient de nos alliés étaient nettement moindre.
Cette pensée pessimiste vint achever le triste dessein : Klaus forma un bouclier de lumière d'un pâle violet, en se plaçant devant l'Aqualis. La protection fut presque illusoire, et leurs rayons presque réunifiés le transperça. L'onde de choc l'enveloppa entièrement, et à cause de leur proximité, l'Aqualis y fut absorbée à son tour.
La même idée dut nous traverser. Instinctivement, je me tournai pour cracher mon feu divin vers leur groupe. Nos rayons flamboyants s'embrasèrent et les Esprits Vengeurs disparurent tout en hurlant de désespoir vers les Cieux, en un fracas de particules.
Mais, ce moment d'inattention coûta notre perte. Du moins, la mienne. Les Esprits Vengeurs autour de nous en profitèrent pour nous attaquer.
La Déesse eut le temps de préparer une contre-offensive, mais pas moi. Leurs rayons me touchèrent de plein fouet, me faisant goûter au délice d'être électrifié.
Je ne contrôlais plus rien, mes yeux roulaient, mon corps tournait sur lui-même, victime de violents spasmes qui bousculèrent mon génome de métamorphe. Oui, je changeai de forme toutes les dix secondes. Parfois, c'était un animal immense, parfois minuscule, parfois mince, parfois imposant, autant à plumes, à écailles qu'à poils. L'intensité électrique était toujours plus forte, forte comme l'intensité de la vengeance.
Je... c'était trop fort. J'allais mourir.

Alors que j'étais à deux doigts de m'évanouir, mon cerveau prêt à me déconnecter, la Lumière m'enveloppa et je retrouvai le sol, me rattrapant grâce à mes bras.
Chloé Davis s'était sacrifiée et désormais, se retrouvait envahie par les Esprits Vengeurs. Parmi cette masse bleutée, des explosions de lumière jaillissaient de toutes parts. Klaus et l'Aqualis tentaient de la libérer de l'extérieur.
Les deux agents de policiers la civile maniant le Feu se serraient les coudes contre les chimères et le capitaine peryton me protégeait de ces charognards d'animoïdes qui préféraient s'attaquer aux vestiges de guerre en espérant pouvoir récolter les honneurs par le coup de grâce...
Je regardai, impuissant, les terriens s'épuiser pour attaquer les animoïdes et éviter les torrents électriques des Esprits Vengeurs et les trois éléments létales survivants qui croulaient sous la masse. Je devais réagir.
La transformation en griffon m'avait revigoré, peut-être que ça recommencerait si j'essayai ?
L'espoir revint, un court instant. J'étais trop épuisé pour pouvoir incarner mon esprit en une forme aussi prestigieuse et énergivore. À moins que...
Peut-être que je ne peux pas faire la transformation d'un animal aussi grand d'un seul coup, devrais-je peut-être y aller par étape ?
Je me suis mis à courir vers Cupidon, ma lumière dans cette obscurité. Je me changeai d'abord en rongeur, rapidement en écureuil, et en renard. Je voyais disparaître au fur et à mesure ma fatigue, mes blessures. Je devins ensuite un loup, une panthère, un lion. Je profitai de cette forme pour détruire quelques petits animoïdes, me laissant le temps de me régénérer. Ensuite, je devins un faucon, un balbuzard, un vautour, puis un aigle royal. Un sentiment de liberté et de pouvoir absolu m'envahit alors que je bravais l'air.
Je devais libérer Chloé de l'emprise des assaillants. Je me mis autour d'elle, agrippant son dos avec mes serres.
Comprenant ce que je comptai faire, elle me souffla:

- Attends, laisse-moi t'aider.

Tout en maintenant un bouclier de protection, effectuant des gestes gracieux, elle emprunta un peu de feu de l'élémentaliste de Feu qu'elle mêla à sa lumière et... l'envoya sur moi.
La sphère hétérogène, brillant de mille fois, m'engloba. Et la puissance m'enivra.
Sans m'en rendre compte, mes ailes s'étaient agrandis. J'eus l'idée de les déployer pour faire jaillir cette puissance et la lumière m'aveugla de nouveau. Je venais d'envoyer une onde de feu tout autour, ébranlant tous nos assaillants.
Je remarquai être devenu un phénix fantastique, mon corps se mélangeant entre le rouge brillant et l'or, avec de magnifiques queues ondulées et bourgeonnantes. Cela n'avait plus aucun sens, j'avais dépassé ma propre condition de métamorphe standard... DreamWorld dépassait toutes mes espérances.
Je remarquai avec joie que j'avais éliminé pas mal d'esprits dévastateurs. Hélas, ceux que j'avais éjectés le plus loin, en avaient profité pour attaquer nos alliés inoffensifs pour eux ! Tous électrifiés, transportés dans ce champs de force bleuté électrisant, produisant des étincelles et des éclairs. Voir le visage de nos assaillants si satisfaits me dégoûtait.
Nous repartîmes les secourir. Enfin, eux, pas moi. Mary Kelley avait décidé de se réveiller en me prenant pour cible.
Un combat épique débuta entre ces deux - voire trois - forces de la Nature, ces forces puissantes et renforcés, que ça soit par la Science ou la Magie.
J'ai énormément trimé pour empêcher Kelley d'approcher, mais la fin était prévisible : Elle était en pleine forme tandis que j'enchaînais les combats. Elle parvint à me passer sur le corps après un puissant coup mêlant ses deux éléments, me faisant retrouver dans un trou d'un arbre, un nid d'écureuil peut-être, me changeant obligeamment en faucon.
Le bec à moitié dehors, je pus observer le reste de la scène. Ils étaient parvenus à libérer les autres des esprits et venaient, enfin, de prendre la décision de fuir avant qu'il ne soit trop tard. Les policiers ouvrirent un passage pour que les clientes de Cupidon en portant notre collègue tigre-garou, sacrément blessé en désirant protéger ces dernières au péril de sa vie.
Oui, malgré ce que d'autres pourraient penser, la Déesse de l'Amour n'était pas une gamine. Elle n'était pas égoïste et pensait aux autres avant elle. Et je ne pensais pas que cette dévotion la courrait à sa perte.
Klaus et Cupidon permirent une ouverture, entre les derniers animoïdes et les derniers Esprits Vengeurs, au Capitaine McLeon, alors griffé au niveau de la tempe en plus des effets de l'électrification générale, et les deux Elfes qui semblaient un peu mal en point aussi.
Je me suis approché, lentement. Kelley ni les autres ne devaient me repérer. J'étais trop faible pour affronter qui que ce soit, peut-être même pas assez fort pour m'échapper d'une course poursuite. Chaque coup d'aile était une douleur crisante mais je ne pouvais point me permettre de reprendre forme humaine sinon... je ne me relèverai plus. Oui, je serai encore plus vulnérable que sous cette forme de faucon. Ce faucon au plumage blanc qui n'était vraiment plus blanc, mais plutôt un mélange entre le marron et le rouge. Je peinais à garder un œil ouvert. Bref, j'étais au plus mal.
Je vis les deux anges se battre corps et âme jusqu'à ce que, lors d'un moment d'inattention immanquablement fatale, Klaus ne fut pas suffisamment agile pour éviter une attaque. Cupidon a déployé sa lumière pour détourner le rayon et enclencher une onde de choc repoussant les ennemis terrestres devant lui.

- Klaus, tu es un symbole d'espoir de Bricklin. Tu ne dois pas mourir, préserve ta lumière. Ne l'oublie jamais.

Sur ces paroles qui le laissèrent dubitatif et subjugué, elle envoya un rayon de lumière, non mortel mais ferme, qui l'éjecta quelques mètres plus loin.

Il respecta l'ordre impérieux et, alors qu'il s'apprêta à se relever, le ciel se mit à gronder.
L'instant suivant, le cercle entoura de nouveau Chloé Davis et le ciel s'assombrit immédiatement. Des nuages noirs remplirent le ciel et grondèrent, faisant jaillir des éclairs. Cupidon déploya toute sa puissance lumineuse et romantique pour se protéger des Esprits Vengeurs.
Puis, un homme habillé en noir et jaune, faisant référence à la foudre sans nul doute, d'une quarantaine d'années aux sombres cheveux, équipé d'un éclair géant et brillant dans chaque main, venait de débarquer.
Il déchaîna son pouvoir de foudre surpuissant et dévastateur sur nos ennemis abasourdis devant autant de ravages, ses éclairs dégageant une électricité disloquante et la foudre du ciel perforant le sol. Ce type était... foudroyant !

- Vous n'aurez pas ma fille ! hurla l'être foudroyant, avec une hargne qu'aucun de nous aurait pu ressentir.

J'en déduisis immédiatement que c'était son mentor, le Maître de la Foudre, « [son] Arno » . Celui qui était chargé de lui enseigner le savoir-faire de la Déesse de l'Amour et celui qui était chargé de sa protection... au péril de sa vie.
Et, elle ne m'avait pas menti : Il l'avait aimée comme un père, chose très exceptionnelle. Mais, en ce même temps, elle m'avait aussi révélé autre chose : « Les Anges m'ont donné cette exception car le Destin n'est pas aussi tendre, tout a un prix. Un jour, je payerai ce cadeau empoisonné, ce cadeau palliatif de ma future destinée. »
Alors, c'était une rage que l'on ne pouvait comprendre, ou du moins, pour sûr, qu'on ne pouvait pas égaler.
Alors que Cupidon croulait sous les esprits survivants, Mary Kelley approchant lentement de toute sa grâce féerique, le Maître élémentaire se démenait, déchaîné, entre les esprits pour forcer un passage. C'était un chaos sans nom, je ne pensais pas qu'un élément pouvait faire pareil dégât. Désormais, je savais que la puissance d'un Maître dépassait clairement toutes nos espérances, bien loin des élémentalistes que l'on voyait à longueur de journée. Même les plus forts ne leur arrivaient pas à la cheville. Cela devait être encore pire, ou mieux selon le point de vue, lorsque les attaques étaient décuplées par ce genre d'émotions extrêmes.
Je n'arrivai même plus à détourner la scène de mes yeux, j'étais comme figé dans le décor, dans l'impossibilité de m'en détacher comme si j'en faisais parti. Je pouvais entendre les gémissements de l'ange déchu quelques mètres derrière moi.
Cependant, c'était inévitable. Cupidon s'épuisa et les Esprits Vengeurs en profitèrent pour l'enchaîner grâce à leur fluide électrique. Elle hurla de douleur, tandis qu'ils la mettaient à terre. Même si elle parvenait à la réguler grâce à ses gènes divins, elle ne pouvait plus pour autant s'en défaire. Désormais, trois la retenait et les autres faisaient barrage au Maître de la Foudre.
Arno Dorian se déchaîna encore plus. Hurlant d'une rage encore plus virulente, il était encore plus limpide. Passant d'esprit en esprit, il s'approchait à vive allure de sa fille de substitution, plantant ses éclairs dans un voire deux à la fois, les faisant exploser inévitablement à cause du surplus électrique.
Hélas, ses braves efforts furent vain. La fée de l'Eau et du Feu parvint jusqu'à Chloé Davis, extirpant une grosse seringue de ses habits extravagants, au liquide bleuté mêlé à un mauve bien trop caractéristique, les deux liquides tous deux pigmentés d'un violet brillant.... Je connaissais que trop bien cette couleur, mon meilleur ami en était imprégné.
Les trois Esprits Vengeurs ont concentré leur pouvoir sur le Maître de la Foudre, délaissant la divinité protectrice. Elle vacilla quelques secondes, les yeux tournoyant violemment, prête à s'évanouir sur le sol.
Mary Kelley brandit la seringue, sous le mouvement de désespoir d'Arno Dorian qui avait accéléré la cadence, et la planta dans la nuque de Cupidon.
Les Esprits Vengeurs se stoppèrent, s'écartant du maître élémentaire, de Mary Kelley, et de Cupidon. Cette dernière subit de violents soubresauts avant d'ouvrir les yeux d'un seul coup, l'air sans vie un instant.

- Chloé, tu vas bien ? demanda Arno, d'une naïveté touchante, malgré le ricanement moqueur de la fée psychopathe.

- Cupidon, Chloé Davis dans cette vie, rejoins le Créateur. Il est temps pour toi de t'offrir une véritable destinée, ainsi tu pourras enfin connaître cette l'heure de gloire que tu aspires depuis toujours, délaisser ton statut de divinité mineure et devenir une déesse toute puissante, annonça Mary Kelley, solennellement.

Puis, Cupidon se mit à sourire. Un sourire que je n'avais jamais vu. Un sourire pervers, diabolique. Tandis que ses yeux brillaient de peur.
D'abord, son œil gauche devint d'un rouge rubis, contrastant avec son originel bleu saphir, avant que son corps ne se divise progressivement.

- Aaah ! gémit-elle, effrayée, durant un instant, avant de reprendre sa tête de psychopathe machiavélique contrastant parfaitement avec son visage innocent d'origine.

Ensuite, au fur et à mesure, la peau du côté de son œil rouge se tacha d'un rouge pâle, engendrant une frontière orangée.

- Aaah ! Il entre dans ma tête ! s'écria Cupidon lors d'un rare moment de lucidité, comme si elle luttait intérieurement. J'arrive pas à l'arrêter ! Il consume tout ce dont en quoi je crois !

Ses cheveux du même côté se teintèrent d'un roux malveillant et le plus troublant : Son aile gauche prit une allure démoniaque.

- Je veux pas disparaître ! Laisse-moi ! Laisse-moi ! Je veux pas mourir !

Oui, effectivement, Chloé Davis était devenue partiellement démoniaque, un hybride parfait entre ange et démon.

- Votre Cupidon ne sera plus cette frêle carcasse au rôle si pittoresque, cracha la fée psychopathe. Elle remerciera notre Maître pour cette transformation qui sauvera sa destinée ennuyante, un potentiel gâché depuis des siècles !

- Oui, je vais pouvoir propager la destruction et la haine, ricana la petite fille d'un air mauvais. Là, on pourra vraiment s'amuser, mouahahahahahah !

- Noooon ! Rendez-moi ma fille ! se plaignit Arno Dorian, désemparé.

Je le rejoignis, toujours sous la forme du faucon.

- Noooon, vous avez pas le droit de prendre sa vie !

- C'est immoral de modifier les gènes des gens, de modifier leur signature, leur essence. Vous êtes des monstres, déclara le Maître de la Foudre, avec un dégoût à peine voilé.

Ensuite, il y eut un bruit de corne de brume, sourd et sidérant à la fois, donnant l'impression qu'elle sortait des quatre coins de l'univers.
Et un portail sombrement violet, pollué par des éléments aussi sombres que les ténèbres et quelques petites explosions et étincelles, trancha notre réalité.
Et une main immense jaillit du portail pour attraper Cupidon, puis une seconde pour fortement l'attraper. La traîtresse féerique se positionna sur le poignet d'une des mains. Des mains grisées dont les veines fortement épaisses étaient colorées de noir.
Chloé Davis gémit une seconde fois, ressemblant fortement à ce même cri révélateur de sa détresse et de sa souffrance, survenu dans mon cauchemar.

- Je ne veux pas disparaître ! Je ne veux pas tout détruire ! Pitié, Nolanh, libère-moi ! N'importe comment, mais libère-moi de ce maléfice ! Tu as une boussole vivante à tes côtés ! Mon Arno, protège-le, aide-le, préserve Irène !

- Je te le promets, m'exclamai-je, précipitamment.

Les Esprits Vengeurs se dirigeaient vers les bras apparus du Néant. Seuls les plus vifs purent rejoindre le dénommé, immanquablement maléfique, Créateur.
Il y eut un sifflement sourd et à la vitesse de la lumière, les bras furent aspirés par le portail et la distorsion prit fin.

- EXEEEEEEEEE.... appela ensuite Cupidon, un mot qu'elle emporta avec elle dans le néant.

- Nolanh, rejoins Klaus, vite, m'ordonna le Maître de la Foudre, dangereusement silencieux, en tâtant ses éclairs.

Et là, Arno Dorian libéra sa haine et sa colère démentielle, déchaînant son élément, sans se soucier des dommages collatéraux. Les survivants périrent sous l'immédiate dévastation des impacts foudroyants de ses attaques électriques.
Une fois le vacarme sanglant terminé, la tempête orageuse disparut et Arno Dorian nous rejoignit. Il tendit sa main pour que l'ange déchu se relève.

- C'est... c'était pas de la téléportation, éluda le maître élémentaire. Je sais pas ce que c'était, mais c'était pas magique. Ce truc, cette entité, n'est ni magique, ni surnaturel. Ça... ça a tranché l'espace-temps, en y faisant totalement fi.

- Mais... pour pouvoir faire ça, être dans cet entre-deux, il faut pas avoir de conscience ou... au contraire avoir une conscience omnisciente, exposa Klaus, souffrant de ses blessures.

- Cerbère serait-il assez puissant pour distordre l'espace ? Il me semblait qu'il était plus physique que magique, discutai-je, en me rappelant les discours de Luke. Et ma boussole vivante ?

- L'heure n'est pas aux questionnements. L'orage gronde encore et cela ne fera qu'empirer. Le pire nous attend. Rentrez chez vous, mettez-vous à l'abri, c'est le plus important. Par ailleurs, sachez que les portes du Manoir des Davis vous seront toujours ouvertes.

Arno Dorian acheva la discussion et nous rentrions chez-nous, après l'avoir chaleureusement remercié pour son aide primordial dans notre survie et partager nos tristesses quant à la perte - que j'espérai temporaire - de Chloé Davis.

Quelque chose s'était réveillé lorsque Cupidon était aux portes de l'anéantissement. Je ne pouvais pas l'expliquer mais j'eus comme l'intime conviction que quelque-chose venait de se débloquer.
Cette conviction n'était pas fausse : Un homme avec de petites ailes blanches, équipé d'un arc d'or et de rouge, ressemblant en tout point à une version masculine de Chloé Davis adolescente attendait derrière ma porte. Chez moi, un joint dans une main et un verre de whisky dans l'autre, accoudé à mon bar.

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