L'investigation de trop
Tanya Collins, 19 ans, chasseuse.
Ou quand t'es tellement douée que t'arrives sur une scène de crime à peine terminée. Oui, je vous jure.
J'avais repris les localisations des crimes de la créature, reprenant la carte accrochée au mur avec les lieux indiqués par des punaises ainsi que des ficelles pour les attacher à des informations liées au crime comme la victime ou les indices récupérées sur l'assassin, en bref les éléments de l'enquête.
Ensuite, j'en avais déduis les champs d'action possibles pour de prochaines attaques.
Puis, j'ai quittée le poste de Police pour me diriger vers le quartier des affaires.
Ni les policiers, ni les chasseurs, n'avaient voulu me suivre, clairement pas emballés par mes théories. Certains de mes partisans chasseurs décidèrent de faire un tour de surveillance au niveau de deux lieux que j'avais indiqués, malgré tout.
Tout en ayant fort bataillée, je suis partie seule sur un troisième lieu potentiel : le quartier des affaires de Bricklin, le seul endroit de la ville aussi citadin. Mais genre vraiment citadin, pas juste de grandes maisons de riches ayant entretenus leurs richesses depuis des générations.
À l'inverse du fonctionnement classique du monde, il se trouvait au Sud de la ville. Il y avait peu de végétation puisque urbanisation oblige, beaucoup de grands bâtiments toujours plus surprenants en s'approchant des quelques tours de verre impressionnantes ainsi rassemblées en son centre ; dont la Tour Visia caractérisée par ses antennes faramineuses et foudroyantes, entourées par un demi-cercle d'écrans solaires et lunaires, qui gérait, par le biais d'une multitudes de petits organismes en chaîne, le système télévisuel et téléphonique de la ville et ses alentours ; ou la Tour Manett d'or ressemblant à un espèce de T avec trois grandes sphères de verre pour former la barre, où siégeait les plus grandes entreprises de commerce, d'audiovisuel surtout de jeux vidéos, ou tout autre métier lié de près ou de loin à l'argent.
Je n'étais jamais venue ici, et sûrement pas à l'heure où les employés rentraient du travail ou plutôt étaient déjà rentrés, sous les coups de 19h, et je comprenais pourquoi ce lieu ne m'avait jamais attirée. Trop de bâtiments, trop de monde, pas assez de verdure. Avec ces bâtiments si hauts penchant sur le côté, j'avais l'impression qu'ils allaient se refermer sur moi.
Les plus petits bâtiments étaient déjà plongés dans l'obscurité, les autres entreprises devaient fermer leurs portes plus tardivement, les cadres partant généralement plus tard.
Je me rapprochais des tours, faisant attention à chaque bruit qui me paraissait suspect. Soit, bien souvent, un employé ayant fini plus tard en voulant terminer une tâche, car l'endroit devenait de plus en plus désert au fur et à mesure que le soleil tombait pour laisser place à son homologue nocturne.
Désireuse d'avoir une vue d'ensemble, je pris les échelles de secours derrière un bâtiment à trois rues des tours pour me poster sur les toits d'un bâtiment me permettant de jeter un œil sur tout le périmètre.
Grâce à mon ouïe plus sensible que les humains lambda - à l'école des chasseurs, on nous apprenait à maîtriser au maximum nos sens - et mon œil de lynx - encore, nous apprenons à dénicher notre œil le plus précis -, j'entendis des objets se déplacer de manière inhabituelle ainsi que des cris étouffés. Ma vue me confirma mes perceptions, ma tête se tournant immédiatement vers la source sonore discrète : Des lumières venaient d'être éteintes ou venaient d'être explosées.
Tout en tenant fermement mon arc de prêt enchanté - parce que je n'étais plus armé d'un arc classique, mon carquois étant devenu obsolète, puisque je pouvais faire apparaître mes propres flèches, lumineuses pour commencer -, je me dirigeais vers la Tour Manett. Je montais les étages par le biais des sorties de secours tout en marchant de manière extrêmement discrète.
Par chance, il faisait encore suffisamment jour pour que je puisse y voir quelque chose, sans devoir attendre que ma vue s'habitue à l'obscurité. Les bureaux avaient l'air en ordre, si ce n'était quelques dossiers quelque peu dérangés.
Passant mon regard par le mur de verre, je me rassurai sur le fait qu'on ne soit qu'au 3ème étage.
Tout en faisant le tour de l'endroit précédemment allumé et éteint sans que la ou les personnes ne changent d'endroits - ou à moins que je ne sois trop bigleuse pour ne pas les avoir vu bouger -, je me rappelais de mes principaux suspects. Ou plutôt des espèces que je suspectais actuellement, après avoir découvert les têtes en forme de canidé.
Cette créature pouvait donc être ces fameuses espèces de loups-garous spéciaux, ou leur homologue tigré, un manticore ou une chimère si on partait sur la plus faible chance que ce soit un félin, voire Cerbère si on imaginait que ça puisse être une figure des Limbes, mais ça, encore moins probable. Les Limbes étaient scellées par des sorts immuables des plus puissants des anciens mages et sorciers que Bricklin n'avaient jamais connus, que les figures qui les gouvernent parvenaient uniquement à faire sortir des petits sbires comme des démons mineurs ou de faibles animoïdes.
Figurez-vous que j'aurais mieux fait de me taire. On m'a toujours dit que Bricklin pourra toujours me surprendre, et c'était justement le cas.
Premièrement, à force d'ouvrir les armoires, je venais de subir une hécatombe de corps ensanglantés. Je ne criai pas, les chasseurs m'ayant annihiler ce réflexe biologique, mais sautillant d'un pas léger sur moi-même, je fus tout de même surprise d'avoir presque terminé noyée sous les corps.
Deuxièmement, à l'autre bout de la pièce, une créature imposante s'écrasa sur l'un des pôles de bureaux. Une bête à quatre pattes munies de griffes acérées avec trois queues armées d'un pique qui avait l'air sacrément aiguisé, au pelage d'un noir ténébreux comme je n'en avais jamais vu, avec trois têtes de canidés bien plus imposantes qu'à la normale dont les yeux sombres semblaient traîner de la fumée noire.
C'était géant, ça avait l'air surpuissant, et inéluctablement malfaisant.
Cerbère ! me dis-je, les yeux exorbités, en un murmure exclamatif.
Je me relevais, bandant mon arc dans sa direction, une flèche de lumière apparaissant vivement.
- N'approchez pas !
Il sauta de toute sa masse pour atterrir à pratiquement un îlot de bureaux de moi, causant presque un cratère à chaque saut. De la fumée grise s'échappait de ses museaux tandis qu'il tapait du pied.
- Tanya Collins, tu es si intelligente… cela ne m'étonne guère que tu es pu me trouver… susurra-t-il avec une voix de velours.
En accompagnant ses paroles, il osa
quelque pas en avant, réduisant l'écart entre lui et moi.
- J'ai dit, n'approchez pas ! Sinon, je tire ! menaçai-je, en brandissant davantage mon arc d'emprunt.
- Tu ne ferais pas ça, enfin. Pas à moi, je suis l'une des figures de l'Enfer, s'exclama-t-il, bien trop modestement pour que ce ne soit vraiment de la modestie.
Il continuait toujours de se rapprocher. Je devais faire quelque chose. Tirer, il me semblait que c'était l'unique chose à faire, même si cela me condamnerait.
Je maudissais cette faculté de réflexion, je me maudissais d'avoir eu raison. OK, je m'étais trompée deux fois avant, même si mes résultats s'avéraient proches de la réalité, mais ce n'était pas une raison de me donner raison lorsque l'Ordre ne me croyait plus.
Alors, j'ai tiré, préparant une seconde immédiatement après.
La flèche fusa dans son épaule fumante. Il grogna de douleur et il tapa du pied sur le sol, de la fumée grise sortant de ses naseaux, prêt à charger.
- Tanya, tu n'aurais pas dû. Tu me paieras cet affront !
Il était inéluctablement en colère, et comme je le prédisais, j'allais y passer.
Il bondit sur moi, me laissant tout juste le temps de me décaler et gagner quelques mètres de distance.
Je tirai ma flèche de lumière et tournais autour de l'îlot de bureaux pour me laisser l'espace d'en tirer une prochaine. Pour commencer, nous ne tournions qu'autour de cet îlots de bureaux, sans trop de gravité dans les deux camps.
Puis, il corsa la difficulté. Il devint plus rapide, augmentant les risques de finir faucher par ses griffes. Ce déchaînement me força à bouger d'îlot en îlot pour ne pas finir sous ses crocs affûtés.
Au niveau de la moitié de l'étage qui ne faisait pratiquement qu'une grande pièce d'îlots de bureaux en excluant les cagibis de matériels d'entretien ou de papeterie ou les toilettes, je fus contrainte de pousser plusieurs bureaux pour le stopper dans sa course. Il se prit l'un d'eux de plein fouet, tandis que ces barricades improvisées le ralentissaient dans sa progression.
Cerbère cracha du feu de ses trois gueules - je ne savais pas qu'il pouvait faire ça ou qu'il avait trois queues, c'était bien étrange -, que j'évitais sans peine. Le bougre allait commettre un incendie !
Des feuilles et autres objets de papeterie volaient dans la pièce tandis que l'affrontement faisait rage. Et je fus rassurée de constater que, par chance ou par magie, les flammes s'amenuisaient déjà. Cependant, en vue de son sourire narquois, j'en déduisis que c'était parfaitement dans son attention.
Entre la fumée causée par les flammes, me brouillant la vue, il était possible de repérer des membres ou des flèches lumineuses trancher l'air à de multiples reprises. Nous combattions un moment grâce à mes flèches qui parvenaient à le maintenir à distance de mes barricades.
Jusqu'à ce qu'il ne change de tactique et parvienne à venir jusqu'à moi, casser la première barricade en deux et éjecter les bureaux abaissés.
Par malheur, je me pris l'un des meubles dans la hanche, me tirant un cri de douleur et une immobilisation instantanée qui aurait pu mettre mortelle.
Cerbère en profita pour m'infliger un coup de patte dans l'autre hanche, un filet de sang mêlé au tissu de ma tenue de chasseuse partant avec elle.
La douleur me tirailla. Je brandis mon arc comme une lance, appuyant sur un bouton, et un pic aiguisé jaillit du haut de ce dernier. Je transperça légèrement la peau épaisse de la créature meurtrière, puis je lui envoyais mes pieds dans l'une de ses trois têtes de chiens. Le ricochet vint à ébranler ses compères.
Désorienté durant quelques instants, je profitai de ces précieuses secondes.
Je me mis à courir le plus vite que je pouvais vers la porte la plus proche et je me suis mis à monter les marches quatre à quatre, voire six par six. Je ne devais pas me laisser rattraper.
Je l'entendais déjà revenir au pas de course, me martelant de « Tanya, je vais te rattraper ! Arrête de courir, tu retardes simplement l'évidence ! »
Il avait raison. Il finirait par me rattraper, et je terminerai, quoi qu'il arrive, sous ses griffes ou ses crocs. Ou alors, carbonisée avec la Tour Manett. Ou… pire encore. Je devais trouver quelque chose.
Quelque chose… et vite.
Tutut.
« BigBro vous a envoyé un message à 19h17 : “Besoin d'aide, le Mermaid est attaqué. Des chasseurs III sont pris pour cible.” » afficha mon gadget électronique accroché à mon poignet.
Hum, frérot, t'es bien mignon, mais j'ai pas le temps. Arg ! Nan, mais attends… j'ai trouvé !
Alors que je courais à en perdre haleine, j'ai trouvé. Cela n'allait pas me sortir d'affaire, mais cela aura au moins l'avantage de me… nous, laisser du temps.
Ses griffes traversant mes cheveux, au lieu de continuer à monter, j'ai ouvert la porte pour entrer à cet étage.
Tandis que je continuais à courir, découvrant un petit salle semblant représenter le bureau d'un patron, avec une petite fenêtre sur un open space, j'entendis Cerbère s'éclater contre le mur. Je réprimai un rire, par crainte qu'il ne m'entende et me le fasse payer.
Je traversais la porte, courais le plus loin possible, puis me baissai afin de me cacher dès lors que j'entendis mon assaillant me rejoindre.
Il m'offrit une entrée fracassante : Il explosa le mur entre le bureau du patron et l'open space.
Par chance, les bureaux étaient munis de surfaces permettant de se cacher en dessous et non unitaire donc j'avais un labyrinthe de possibilités qui s'ouvrait à moi.
Enfin… même si Cerbère vint éteindre tous mes espoirs.
- Continue de te cacher, je sais que tu es là. Rappelle-toi que j'ai trois fois plus d'odorat qu'un simple clébard, qui a déjà plus d'odorat qu'un humanoïde, fit-il avec un malin plaisir. Alors, je finirai bien par te trouver, c'est inévitable, Tanya…
Il avait raison. Tant pis, je n'avais pas pu gagner assez de temps.
Je sortis de ma cachette, totalement à l'opposé de lui. Je sortis un appareil à ma ceinture, prenant la forme d'une manette où je pouvais entourer mes doigts ainsi qu'un bouton rouge que je pouvais actionner avec mon pouce.
- N'approchez même pas, sinon j'envoie toute l'armée à vos trousses.
- Oooh ? Ce n'est pas déjà fait ? répondit-il, moqueur. Ça explique pourquoi il n'y a pas encore de renfort ! Mouahahahah !
Sans attendre le blabla des supers méchants et des héros qui perdent du temps pour rien, j'appuyais sur le bouton, stoppant ce dernier dans sa tirade machiavélique.
- Quoi ? Pardon ?! Tu pouvais pas faire ça ! Maintenant, déclara Cerbère, les yeux en feu. Tu vas périr !
J'envoyais quelques flèches lumineuses ainsi qu'une flèche grise qui causa une mini-explosion, toujours dans l'optique de le ralentir au maximum.
Puis, prenant le plus grand coup de bluff de ma vie, j'ai couru vers la baie vitrée où les bâtiments me paraissaient les plus proches et hauts. J'ai tiré une flèche lumineuse dans la vitre, sous le regard médusé de Cerbère, et j'ai sauté dans le vide, lui offrant un magnifique saut de l'ange.
Les bras et les jambes bien tendues pour ralentir ma chute, j'attendis le meilleur moment pour me rouler en boule sur quelques mètres sur le toit d'un bâtiment.
Je fus dépitée de comprendre que mon avance allait être rapidement rattrapée. Sans me laisser une minute pour souffler, je me suis remis à courir sans perdre haleine, sautant entre les bâtiments plus haut et plus bas, roulant parfois sous certains éléments.
Malgré toute l'avance que j'avais prise, celle-ci ne me permettait pas de fuir. Il m'avait toujours à la trace, il continuait sa traquer.
Toujours plus vif, toujours plus vorace.
L'écart se réduisait au même rythme que l'énergie de mon corps s'envolait. Du coin de l'œil, je voyais la masse se rapprocher. Le son de ses pattes battant le sol à vive allure, ses grognements transperçant le calme soudain du quartier des affaires.
Il n'y avait aucune trace des renforts, j'étais perdue. J'allais y passer. Mes jambes ne me tiendront pas éternellement, mes poumons ne pourront jamais m'apporter assez d'air… Qu'est-ce qui m'avait pris de partir sans renfort ? J'aurais très bien pu attendre que l'attaque se produise et simplement railler à tue-tête « J'avais raison, j'avais raison ! Il aurait fallu m'écouter ! »
J'avais voulu jouer l'héroïne, c'est ça ? J'allais désormais payer mon imprudence. Mais quitte à partir en héroïne, autant le faire jusqu'au bout.
J'arrivais dans les derniers kilomètres de la course, les bâtiments s'affaissaient pour laisser place à des maisons de plein pied, bien trop basses pour pouvoir me rattraper sans encombre.
Je me retournais, brandissant mon arc, usant de ma concentration au maximum. J'allais utiliser mes derniers flèches. J'ai alors relâché la corde et la flèche s'est propulsée sur mon ennemi, se dédoublant deux fois. Quatre flèches de lumière furent envoyées à pleine vitesse sur mon ennemi. Au moins une le toucha.
Puis, je me laissai tombé, fermant les yeux en acceptant ma destinée.
Quand soudain, j'entendis le crépitement des flammes et aperçus en rouvrant les yeux, un jet de flammes puissant stopper Cerbère dans son saut.
- Raaaaaah ! De toute façon, je te traquerai et je te retrouverai Tanya ! Tu ne paie rien pour attendre ! menaça-t-il, furieux.
Limpidement, je vis un dragon couleur ivoire fondre sur moi. Il semblait monté par une grande personne imposante aux longs cheveux bruns.
Ce dragon me rattrapa en plein vol. Je découvris le visage de mon sauveur - ou plutôt, de ma sauveuse. C'était Robyn Leadson !
- Mais… mais…
- Oui, je sais, je suis une dragonnière originaire du Reptilium, s'exclama-t-elle, l'air pressée.
- Mais comment ça se fait que tu sois là, achevai-je, plutôt surprise par ça.
- J'ai appris à te faire confiance. Je ne t'ai pas suivi lors de tes deux précédents diagnostics car tu n'étais pas entièrement sûre de toi, alors que là, tu avais l'air… je sais pas… si sûre de toi, débordant d'assurance et de volonté, donc je t'ai suivie. Et j'ai bien fait, c'est l'alerte qui m'a permis de savoir précisément où tu te trouvais et lâcher Drogon, expliqua la chasseuse de haut rang.
- Et c'est l'alerte qui m'a sauvée, merci, répondis-je, aux bords des lèvres, reconnaissante, avant de m'évanouir.
Durant mes derniers instants de conscience, je pris immédiatement mon téléphone et envoyait un simple « Dsl. Occupée à sauver ma vie. Saine et sauve mnt, tqt » à Luke pour le prévenir et le rassurer.
Alors que je tombais de fatigue sur le dos du dragon couleur ivoire d'une taille relativement importante, mes yeux flashèrent quelques images me démontrant que les renforts venaient d'arriver. Je pus m'évanouir sans trop culpabiliser.
Je me réveillais un temps plus tard, la nuit s'étant parfaitement installée désormais. Enfin, c'était plutôt Robyn qui m'avait réveillée avec sa fermeté presque tendre et qui m'avait vite demandé de descendre de Drogon avec un « Allez, allez, Collins, descends de là. Faut rentrer. Tu en as assez fait pour aujourd'hui, je retourne au poste illico pour faire les ébauches de ton rapport. »
Je marchais de manière flagellante sur le chemin de dalles de pierres, adressant un faible « coucou » de la main à Robyn Leadson en l'entendant s'en aller. Mes jambes tremblaient encore sous mon poids, j'étais encore sur le choc de ma précédente expérience. J'avais vraiment beaucoup donner de ma personne, je peinais même à tenir mon arc d'emprunt entre mes doigts.
Je rentrais enfin chez moi, usant d'une force considérable pour pousser la poignée. Je tombais sur un Luke effaré et soulagé, me rattrapant dans ma chute, mes ultimes énergies venant de me lâcher.
Il referma la porte et me mit au lit, s'occupant de moi jusqu'à mon réveil quelques bonnes heures régénératrices plus tard.
Ensuite, je me déplaçai jusqu'à la salle à manger où Luke nous avait préparé si chaleureusement un petit repas. Tout en mangeant à pratiquement minuit, nous nous racontions nos mésaventures récentes.
- Tu sais quoi, Luke ! Bah j'ai trouvé le lieu de la future attaque de la créature mortelle, c'était Cerbère ! Au quartier des affaires ! Il m'a attaquée, j'ai vraiment cru que j'allais pas réussir à lui échapper ! Je me suis enfuie de la Tour Manett, et j'ai couru sur les toits des bâtiments !
- Wooow mais truc de ouf ! Comme dans les films ! T'es trop forte, ma sœur ! T'as trouvé le meurtrier !
- Ensuite, j'ai couru mais je me suis trop écartée du quartier des affaires et je me suis retrouvée devant une zone pavillonnaire. Heureusement, l'Agente Leadson est arrivée et elle m'a sauvée grâce à son dragon !
- Je suis impressionné, tu es devenu bien plus forte qu'avant ! Fabuleux ! Et t'as failli attrapé le meurtrier à toi toute seule !
- Oui, mais bon… je suis sûre que les renforts n'ont pas pu l'attraper… J'imagine qu'il s'est enfuie lui aussi avant… soupirai-je, désœuvrée.
- Au moins, c'est grâce à toi qu'on sait qu'il s'agit de Cerbère, notre adversaire, celui pour qui on se bat, me rappela-t-il, en me tapotant l'épaule, optimiste.
Je me mis à sourire inconsciemment, il avait raison. Alors, je décidai de changer de sujet :
- Sinon Luke, qu'est-ce qui t'es arrivé, toi ?
- Alors wow, je faisais la fermeture, comme tu le sais déjà. J'ai renvoyé le Lieutenant Sýrion et les chasseurs de l'escadron VII, je crois, car on fermait. Finalement, ils se sont fait attaqués par des goules. Donc Irène et moi, on est venu les aider car ils étaient encerclés ! Tu savais que ma patronne était une grande épéiste ? Elle m'a bluffé !
- Ah, et c'est là que tu nous - car j'imagine que tu l'as pas envoyé qu'à moi - as demandé de l'aide, compris-je, instinctivement.
- C'est ça. J'ai demandé de l'aide à nos amis et nos tuteurs. Mais il y a que Klaus et Kaleb qui a répondu, et grâce à nos forces réunies, nous avons réussi à repousser les êtres malfaisants !
- Oui, Karin a orchestré les renforts. Grâce à lui, ils sont arrivés plus tôt que prévu. Tu connais les longues procédures de déploiements… soupirai-je, blasée par l'administration.
- Oui, Nolanh était occupé sur une autre affaire et Ethan nous a regardé sans intervenir… expliqua-t-il, l'air vraisemblablement gêné.
Mon frère, gêné ? Oulah, ça semblait croustillant !
- Ça se fait pas ça, de simplement regarder alors que les autres se font zigouiller ! Ha, ha !
- Nan mais on s'est vus après, on a passé un bon moment ensemble et il m'a expliqué qu'il savait que j'allais m'en sortir, mais qu'il aurait pas hésité à intervenir si j'étais vraiment en danger donc voilà…
Luke semblait rougir malgré sa concentration intense pour ne pas divaguer ou divulguer des informations trop secrètes.
- Tu l'aimes bien, cet Ethan ? demandai-je, parfaitement malicieuse.
- Nan, mais arrête, c'est qu'un ami ! râla mon frère, avant de poursuivre, presque apeuré. Tanya… s'il avait tant confiance, c'est parce que j'ai eu une crise. Mon pouvoir démoniaque s'est libéré, me permettant d'être suffisamment puissant pour faire un max de dégâts et forcer les goules à fuire…
- Oooh, Luke…
- J'aime pas me donner des fleurs, mais c'est surtout grâce à ma dangereuse hystérie démoniaque que l'on est parvenue à se sauver…
- Mais tu as su te contrôler, non ? Ça va ? Tu en as parlé à Kaleb ? s'enquis-je, inquiète.
- Je… je parvenais à me contrôler encore. Et, non… j'ai peur qu'il durcisse les conditions d'adaptation qu'il m'avait déjà donné durant le tutorat de base, qu'il rapproche les dates de suivies…
Je me rapprochais de lui et l'entourais de mes bras. Je le rassurerai, c'était mon rôle de sœur.
- Frérot, tu sais te contrôler et tu arrivera à dompter cette puissance qui est tienne. Tu es pas un monstre, t'es quelqu'un de bienveillant, dévoué, qui essaye toujours de bien faire. L'oublie pas, t'es pas un monstre, t'es même loin de tout ça.
Oui, j'étais sa sœur et je le resterai jusqu'au bout. Je serai avec lui, encore et toujours, pour lui rappeler qui il est et lui insuffler ma confiance en sa maîtrise de sa nature.
Luke est humain, même s'il ne l'est qu'à moitié, et il ne doit pas l'oublier. Je l'aiderai à ne pas l'oublier, surtout durant ces heures sombres que subies Bricklin.
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