Luke Collins, 20 ans, hybride humain et démon.

    Les journées restaient encore plutôt banales ces derniers temps. Cependant, un mauvais pressentiment me disait que cela n'allait pas durer.
    Je ressentais de plus en plus d'ondes démoniaques autour de moi. Que ça soit des être démoniaques ou ces voix qui me murmuraient des obscénités à l'oreille, la nuit principalement. Je n'avais rien dit à Tanya pour ne pas l'inquiéter, ni à Kaleb Tzar, mon coach ayant subi la même hybridation que moi, pour ne pas accroître l'attention qu'il me portait, déjà bien trop oppressante à mon goût. Je l'aimais bien, mais voilà, je n'avais pas besoin d'un deuxième père.
    J'étais capable de me contrôler tout seul, j'étais capable de résister à mes pulsions malfaisantes. Et, j'allais leur prouver ce jour-ci même. Ce jour où j'ai su que mes doutes étaient parfaitement fondés, que ce n'était pas juste ma propre folie bien au chaud confinée à l'intérieur de mon crâne.

    Comme tous les jours, je travaillais en tant que serveur au Mermaid Café, je servais les clients et rigolais avec eux ou mes collègues, égayant mutuellement nos journées parfois compliquées.
    Qu'est-ce que j'aimais parler avec les clients, tous différents les uns des autres, des vies parfaitement contraires ou similaires mais uniques en leur genre, tellement enrichissant. Pas uniquement intellectuellement, également pour le carnet d'adresse - Nous avons tous le droit d'être un minimum opportuniste, nous ne vivons que parce que des opportunités en tout genre se présentent.
    Mais aussi, qu'est-ce que j'aimais parler à mes collègues, comme Rikita, une femme-rose au comportement électrique, ou Axender, un changelin sympathique dans la même situation que moi. Suite à des écarts de conduite, usant de sa faculté de changer de corps à mauvais escient, il se retrouvait en pleine réinsertion - bon OK, c'était injuste pour ma part, car je n'avais rien commis mais c'était tout comme pour les gens, mais on s'y faisait.
    Chose incroyable, il m'arrivait même d'échanger quelques mots avec Irène Davis, entre deux couverts ou verres. Vous savez, ma responsable. Une belle femme svelte au teint pâle, blonde aux yeux clairs. En réalité, ce devait être une femme beaucoup plus intéressante que je ne le pensais, en dessous de cette surface de responsable de café.
J'espérais pouvoir en apprendre plus sur elle à l'avenir. Ce voile de mystère qu'elle portait titillait atrocement ma curiosité. C'était celle que l'on connaissait le moins dans l'équipe, enfin celle que je connaissais le moins en tout cas.
    Peut-être que Klaus, l'ange déchu, qui avait parfaitement réussi à s'intégrer à la vie de terrestre, déjà pardonné de sa trahison divine aux yeux des habitants, et meilleur élément d'Irène, semblait être proche de cette dernière. Il devait en savoir plus.

    Comme je le disais, la journée se déroula comme toutes les autres, parfois avec quelques gaffes ou des clients un peu relous, mais ça c'était normal.
    J'ai pu croisé plusieurs personnes que je connaissais de vue, à comprendre par popularité à Bricklin, comme Josh Williams, cousin loup-garou de Mélicendre et l'un des principaux chefs de la Garde de l'Arbre Vitæ, Arya Fedéal, l'ambassadrice des fées et représentante des fées de Bricklin, ou encore en fin de journée le Lieutenant Sýrion de l'escadron 3 des chasseurs et quelques membres de l'escadron 7.
    Autrement, Nolanh et Tanya étaient passés prendre un café ensemble. Je les trouvais tellement mignons ensemble ; j'étais comblé de voir que mon meilleur ami avait retrouvé la femme de sa vie et que Tanya avait retrouvé la raison. Ooh et aussi, Ethan m'avait rendu une petite visite, et ce geste m'avait bien plus touché que je ne l'avais laissé paraître.
    Cette journée, comme beaucoup d'autres, fut intense. Je ne l'avais même pas vu passée. En outre, j'inaugurais la fermeture du café, vers 18h00, avec ma responsable.
C'était toujours aussi rageant de voir ses collègues te narguer lorsqu'ils retiraient leur tablier aux couleurs de ton lieu de travail, surtout Axender qui exagérait toujours excessivement. Mais c'était toujours bon enfant.
    Je venais de présenter mes plus plates excuses au Lieutenant Sýrion et les autres chasseurs, leur demandant de quitter le Mermaid Café qui s'apprêtait à fermer ses portes. Puis, je suis venu porter main forte à Irène pour nettoyer les tables, ranger le matériel, ou remettre le lieu en place, pour pouvoir fermer le café.
Ou plutôt, j'allais, puisqu'on ne m'en laissa pas vraiment le temps.
    Soudain, je me sentis comme étouffé. Étouffé d'un surplus d'ondes démoniaques, indépendantes de mon propre générateur.
Peu de temps après, nous entendions des personnes hurler, à une rue à peine. Nous levions la tête, alertés.
    Irène me lança son regard attentif et sérieux et se déplaça derrière le comptoir, afin d'y révéler une épée enchantée et un espèce de joyau brillant et métallique.

- Luke, allons voir, me lança-t-elle, comme une cheffe de commando d'élite.

J'approuvais en hochant la tête, stoppant toutes mes capacités.
    Nous sortions dehors, tachant d'être discrets, alors que le vent soufflait à la sombreur progressive de la nuit, au sein de cette place si attractive la journée mais complètement désertique le soir.
Je me tenais prêt à déployer mes pouvoirs démoniaques.
    Au sein d'une rue adjacente à la place, proche du café, plus exactement une petite route avec des grandes poubelles entre plusieurs grands bâtiments ou séries de bâtiments, nous voyions le Lieutenant Sýrion et les autres chasseurs dans une situation de crise.
Ils étaient… pourchassés par des goules. Elles les encerclaient. Des créatures démoniaques ressemblant à des hyènes, mais des hyènes beaucoup plus dangereuses, dévastatrices, et démoniaques qu'une simple hyène affamée.
    Le Lieutenant Sýrion brandit son arc doré et lança trois flèches de lumière sur les goules - j'avais appris que les chasseurs détenaient des pouvoirs magiques, capables de créer leurs propres flèches avec diverses effets. Puis, il enchaîna les flèches en tout genre, privilégiant les flèches de glace et de lumière, pour stopper l'invasion de goules et surtout permettre aux chasseurs moins expérimentés que lui de s'échapper.
    Il était impressionnant, dégainant ses flèches aussi vite que son ombre. Mais cela n'a pas suffit pour le sortir d'affaire, les chasseurs de l'escadron 7 réussirent à sortir de l'encerclement des goules, tirant sur quelque unes pour véritablement se libérer de leur étreinte démoniaque.

- Allez-vous s'en et prévenez l'Ordre au plus vite ! ordonna-t-il, comme les héros bien trop dévoués dans les romans.

- Oui, mon Capitaine ! répondirent les chasseurs, beaucoup moins sereins que Sýrion, d'un air presque militaire.

Irène appliqua le joyau métallique brillant au niveau de sa poitrine et une armure d'un bleu acier, légère et pourtant fortement résistante, apparut sur l'ensemble de son corps. Puis, elle brandit son épée d'argent aux allures d'Excalibur.

- Luke, t'es prêt ? Va falloir l'aider !

- Oui, je suis prêt. On appelle pas des renforts ? questionnai-je, prévoyant.

- Tu peux appeler Klaus, il doit encore être dans les parages. Ou fais marcher tes contacts, lâcha-t-elle, de manière désinvolte.

Puis, elle se jeta dans la mêlée.
    Klaus était la dernière personne à avoir quitté le café, je comprenais pourquoi elle avait dit ça. J'envoyais alors un message d'urgence à Tanya, Nolanh, Ethan Lewis, Kaleb Tzar, Karin Flight, et Klaus. Les messages d'urgence avaient une sonnerie spéciale et dépassait tous les paramètres de contrôle comme le vibreur ou le mode avion, comme ça impossible de les louper - mais, à utiliser à bon escient, autrement des sanctions pouvaient être appliquées.
    Puis, je libérai mes grandes et majestueuses ailes noires ainsi que mon épée des ténèbres, et je fondis sur les goules, tranchant l'air par ma démarche agile et surprenante.
    Plus j'infligeai de la violence aux goules, qui se retrouvaient trancher en quelques secondes, plus mon cerveau aimait ça comme si je caressai mon esprit démon tout en l'appâtant avec des friandises, et plus mes yeux se coloraient de noir pour amplifier cette violence dévastatrice que je déployais.
    Avant que mon pouvoir démoniaque ne s'approprie mon corps, j'aperçus les exploits hors-pairs d'Irène Davis, sans aucun doute une épéiste accomplie. Désormais, je comprenais cette agilité et rapidité pour assurer le management et le service du Mermaid.
    Puis, tandis que nous n'étions pas encore parvenu à atteindre le Lieutenant Sýrion, celui-ci vint à être touché par des goules. Il hurla de douleur, gravement touché à l'abdomen, du sang s'écoulant de ce dernier, avant de s'écrouler au sol.
    Mon sang de démon ne fit qu'un tour, mes yeux devenant entièrement noirs, tandis que je me battais en lévitant au-dessus du sol. Malgré le fait que je luttais contre mon essence démoniaque, cet affront décupla ma force, comme si je me permettais de piocher dans un maillon d'éléments de force auquel je m'interdisais formellement l'accès en temps normal. Je lançais mon épée des ténèbres sur les goules au plus proche de lui, elle les embrocha vivement en faisant le tour du chasseur, comme pour le protéger d'une nouvelle vague.
Des flammèches violettes jaillirent de mes mains. Je les lançais à une vitesse déconcertante sur les goules. On aurait presque dit un fou à lier… un démon presque entier, quoi. Une déflagration minimale se déclara tout autour du chasseur et les vagues de flammes violettes s'écartèrent pour agrandir le cercle et dévorer chaque goule fusant vers l'épicentre.
    Jusqu'à ce que les vagues enflammées s'amenuisent, repues, elles redevinrent poussières. Elles offrirent un grand espace tout autour du Lieutenant Sýrion, permettant à Irène Davis, l'épéiste émérite, de se dresser face à la horde de goules fortement déséquilibrée, au plus près du protégé.
    Heureusement qu'elle prit la relève parce que moi, mes yeux venaient de revenir normaux, et mes forces semblaient m'avoir abandonné. Mes ailes disparurent et je m'écrasais sur le sol, épuisé.
    Mes yeux partaient en vrille, tournoyant sur eux-mêmes, mais je parvins à identifier la personne qui venait de me taper amicalement sur l'épaule. C'était Klaus, l'ange déchu.
Il avait déployé ses ailes mauves scintillantes et dégainé ses fouet dont le  « filet  » était d'un mauve aveuglant.
Dans les airs, il jouait avec les goules qu'il prenait avec ses fouets extensibles et létales.
    Également, je vis les goules se détacher du sol, mais en vue de leur cri de stupeur, je compris que ce n'était pas de leur volonté. Elles volaient et se retrouvaient fracasser les unes contre les autres ou contre les murs ou les poubelles environnantes avec une puissance impressionnante.
    Irène Davis défendait à la perfection le Lieutenant Sýrion des quelques misérables goules osant s'approcher trop près de lui.
    Ne faisant plus le poids, parfaitement désorganisées, les dernières survivantes décidèrent de prendre la fuite. Au même moment, des renforts chasseurs arrivèrent, prêts à brandir leurs arcs dorés et enchantés.
    Une femme blonde platine avec quelques mèches mauves, des yeux d'un vert puissant et aux muscles saillants s'approcha de notre homme et lui appliqua les premiers secours. Puis, elle lui appliqua une crème sur le front et sur le torse, qui semblait avoir la faculté de le régénérer au mieux.

- Lieutenant Sýrion, nos infirmiers vont se charger de vous. Ne vous inquiétez pas, vos jours ne sont plus en danger, souffla-t-elle d'une voix tout aussi puissante que son regard.

Deux chasseurs en tenue blanche s'approchèrent de Sýrion, que nous entourions.
    Avant d'être emmené, il nous remercia et émit un commentaire plutôt désastreux.

- Je vous remercie d'être intervenus, surtout vous Davis et Collins. Sans vous, je serai sûrement plus de ce monde à l'heure qu'il est (Il soupira de désolation, en regardant autour de lui :) C'est triste, les Forces de l'Ordre sont tellement habituées au calme à Bricklin, aux petites affaires criminelles si j'ose dire, celles qui arrivent que de temps en temps, que nous ne sommes plus habitués à agir dans l'urgence pour d'aussi grandes menaces…

Le visage sombre, il se laissa transporté par les deux infirmiers.

- Braves héros, nous vous remercions d'avoir sauvé l'un de nos frères, s'exclama la même femme d'une trentaine d'année. Je veillerai personnellement à ce que vous vous voyez récompensés, que votre exploit soit connu par notre Ordre (Elle tourna les talons, vers les autres chasseurs provenant sûrement de l'escadron 3 ou 4 en vue de leur arc doré :) Allons, braves chasseurs, escortons notre frère jusqu'à l'Ordre pour qu'il puisse se remettre de ses blessures.

Les chasseurs, restant près de leur arc, entourèrent les deux infirmiers et Sýrion, la dame en tête. Ensuite, ils disparurent de la place, la plongeant de nouveau dans le calme de la nuit.
    Je regardais autour de moi, marchant encore fébrilement : Il ne restait plus que Klaus, Irène Davis, et… Kaleb Tzar, mon coach d'adaptation hybride. Ils se félicitaient déjà tous entre eux de cette victoire.

- Wow mais m'dame, je savais pas que vous maniez l'épée comme personne ! Et Klaus, t'as tout déchiffré, comme d'habitude ! m'exclamai-je, sincèrement fier de leurs prouesses.

- Et toi, tu nous avais caché tes impressionnantes facultés, répliquèrent-ils, tout aussi apologues.

- T'es peut-être plus fort que tu en as l'air ! ajouta en plus Klaus, l'ange déchu acclamé comme un bienfaiteur par la majeure partie des Bricklinois.

Ensuite, Irène se plaignit, en toute honneur, d'être lessivée par les derniers événements.

- Je suis fatiguée par cette journée qui semble pas vouloir se finir. Je vais de ce pas écrire un rapport pour l'Arbre Vitæ afin de prévenir ce fâcheux événement ; je suis responsable de vous Klaus, Luke et donc de la venue de son ami, c'est donc à moi de le faire.

- Laisse-moi l'apporter à l'Arbre Vitæ, s'il-te-plaît Irène, se précipita l'ange déchu, des étoiles dans les yeux.
Elle approuva de la tête, avant de prendre congés. Klaus la rejoignit, sûrement pour faire un bout de chemin ensemble.

    Je me retrouvais alors seul avec mon ancien tuteur que j'appréciais quand même beaucoup… sauf quand il se prenait trop pour mon père !
    Il me tapa l'épaule amicalement.

- J'ai vu ce que tu as fait, c'était grandiose ! me félicita-t-il, à son tour d'un ton élogieux.

- Oui, mais toi, c'était encore plus spectaculaire ! Beaucoup plus de puissance, contrai-je, admiratif.

- Oooh, tu sais mon p'tit Luke, un jour, tu y arriveras aussi. Toi aussi, un jour, tu deviendras puissant. Au fur et à mesure que tu parviendras à te contrôler, ta puissance s'accroîtra elle-aussi, me souffla Kaleb avec sagesse. Regarde-moi.

Comme pour me faire rager face à autant de merveilles, il tendit une main puis ensuite une deuxième où il y fit apparaître des flammes violettes. Il les accumula jusqu'à obtenir une magnifique gravure éblouissante. Ensuite, il les fit s'auto-détruire dans un élan de feux d'artifice. Incroyable, sublime, je n'en croyais pas mes yeux.

- C'est toi qui est fabuleux, m'extasiai-je, face à autant de beauté, avant de soupirer, défaitiste. Jamais je pourrais arriver à ton niveau…

Il mit ses mains sur mes épaules, plantant son regard aguerri dans les miens juvéniles.

- Dis pas ça, surtout pas. Sinon, t'étonnes pas que t'arrives pas à faire quelque chose de bien. Je veux qu'à chaque fois que tu te penses incapable de faire quelque chose, que tu te rappelles de cet événement, de ce que t'as fait, de ce qui a permis d'écarter les êtres démoniaques. D'accord ?

- C'est d'accord, acquiesçai-je avec un sourire franc.

Puis, nous aussi, nous avons quitté la place pour faire un bout de chemin ensemble en s'échangeant des banalités jusqu'à que nos routes nous séparent.
    La sagesse de Kaleb m'avait manqué. J'avais besoin de temps en temps d'écouter les paroles de cet hybride accompli, parfaitement acclimaté à Bricklin et en parfaite maîtrise de sa nature. Cela avait tendance à me rebooster, à me redonner confiance et l'énergie qu'un jour, je pourrais être comme lui. Un hybride démoniaque entièrement acclimaté et parfaitement en maîtrise de sa nature.

    Sur le chemin du retour, je sortis mon téléphone afin de checker mes notifications : 3 SMS. Nolanh, Tanya, et Karin.
Nolanh et Tanya me disaient qu'ils avaient eu, eux aussi, une grosse embrouille qui aurait pu leur coûter la vie. Karin venait de me confirmer la galère de Tanya, me disant qu'il était venu en renfort.
Hallucinant ça, nous avions été attaqués à trois endroits différents en même temps. Bricklin craignait beaucoup ces temps-ci.
    Les chasseurs allaient être surpris. Mais il est vrai que ça serait urgent que les Influences commencent à réagir. Le climat de violence devenait de plus en plus élevé, causant inéluctablement la croissance du climat d'insécurité parmi les habitants.
    Le nez encore sur mon portable, je reçus également un autre message, de l'unique personne qui ne s'était pas manifestée :   « Regarde derrière toi ! », attaché à un vieil emoji tire-la-langue.
    Je fis volte-face, découvrant le fameux vampire charismatique, habillé d'un magnifique costume bordeaux. D'une marche rapide, nous nous retrouvions dans le parc non loin de chez-moi, un éclatant sourire aux lèvres.

- Mon p'tit Luke, tu as été sensationnel ! Je ne pensais pas que nos entraînements porteraient aussi rapidement leurs fruits. J'ai hâte de voir de quoi tu peux être capable à l'avenir ! s'exclama-t-il, d'un ton élogieux même pas voilé.

Ces compliments me rendaient encore plus joyeux que les autres. Mais, je ne devais pas le laisser m'influencer dans les sentiers qu'il voulait que je prenne. Monsieur le manipulateur, vous avez observé la scène sans intervenir.
    Je pris un air se voulant sévère, fronçant les sourcils, pointant mon index vers lui.

- Ethan, c'est bien gentil de flatter mes prouesses, mais t'as été là et tu as rien fait ! Tu voulais pas froisser ton si beau costume, c'est ça ?

Il prit un air presque mélodramatique.

- Mais… mais…

- On a tous failli y passer, tandis que toi, tu nous regardais sans rien faire ! C'est quel genre de type qui fait ça ?!
Mais enfin, Luke, tu avais la situation bien en main, je n'allais pas intervenir puisque la situation était sous contrôle, protesta-t-il, continuant à flatter mon ego avec un air plus confiant que mélodramatique. Vraiment, tu crois vraiment que je t'aurais laissé si je savais que tu étais en danger ?

- Tu… tu le penses vraiment ? demandai-je, d'une toute petite voix.

- Bien sûr petit loup, si je ne suis pas venu, c'est bien parce que j'avais confiance en toi. Je savais que tu allais t'en sortir, et tes amis aussi, souffla Ethan, m'insufflant sa confiance en moi en faisant un pas vers moi, puis il rit. Je n'allais quand même pas venir en renfort, tout dégommer, et vous volez la vedette quand même, hein !

Je croisais les bras, encore faussement vexé par son inaction.

- Je persiste à croire que tu aurais quand même dû venir nous aider. Histoire de vérifier si tu es toujours aussi fort que tu le dis ! Ou si tu as rouillé avec le temps !

J'accentuais les traits de la moquerie, riant à gorge déployée.
    Il me fit les gros yeux, se retenant de rire.

- Hum, tu vas voir, toi ! menaça le vampire, en courant à ma poursuite.

Par chance, il n'utilisait pas sa super-vitesse vampirique, sinon il m'aurait rattrapé en moins de deux.
Peut-être que j'aurais mieux fait de me taire : Il semblait l'avoir utilisée. Je devais trouver quelque chose pour la parer, ou alors il m'attraperait.
    N'ayant pas encore le temps de réfléchir, je fis la première chose qui me vint à l'esprit : Lorsqu'il fut prêt à bondir sur moi, je libérai mes ailes pour le prendre en revers. Ce saut me permit d'obtenir une avance cruciale.
    Désormais, tout allait se jouer à la montre : Je devais prendre de l'élan pour m'envoler, alors soit j'y parvenais, soit il parvenait à m'avoir.
    Sans surprise, ce fut la deuxième option qui l'emporta, étant toujours plus rapide.
    Alors, je me retournai pour lui faire face, ce qui sembla le dérouter. Il bondit sur moi, prêt à me mettre à terre. J'ai tendu ma main vers lui, je me suis concentré au maximum, le prenant au maximum comme une pierre, et j'ai rêvé l'envoyer balader plus loin… et il s'est senti comme repoussé. Lui aussi, il a senti ce pouvoir.
    Pris de stupeur, j'ai arrêté de bouger. Je ne pensais pas que je pouvais également déplacer les corps d'êtres vivants.
    Profitant de mon moment d'égarement, il fusa de nouveau sur moi, comme si de rien état. Ensuite, nous roulions dans l'herbe l'un  sur l'autre. Nous luttions hardiment pour triompher de l'autre.
    Désormais, il était sur moi, m'immobilisant complètement, nos corps fortement rapprochés. Il abaissa son buste pour le plaquer contre le mien, afin de me susurrer à l'oreille des choses avec sa voix malicieusement enjôleuse.

- Tu es plein de surprises, dis-moi… quelle sera la prochaine démonstration ?

Ses yeux, je ne devais pas les regarder. Ses yeux, putain ! Ma respiration devenait saccadée.

- Luke, crois-tu pouvoir me surprendre encore ? Tu es si… imprévisible, si charmant. J'aime ça.

Sa voix suave pénétrait encore mon esprit, me déroutant peu à peu. Les charmes d'Ethan commençaient à me jouer des tours, accélérant toujours plus mon rythme cardiaque et réchauffant ma peau.

- Ethan, arrête ça… s'il-te-plaît…

- Ce n'est pas moi, cette fois, contra le vampire charismatique avec un sourire satisfait sur les lèvres.

- De quoi tu parles ? C'est pas drôle ! répondis-je, particulièrement stressé.

- Je n'y peux rien si tu n'es pas insensible à moi, déclara-t-il en relevant son buste.

- Arrête tes bêtises, c'est ridicule. T'essaye juste de manipuler tes fantasmes pour espérer leur réalisation, ce qui est plutôt flatteur pour moi, je le reconnais, contre-attaquai-je, relativement fier.

- C'est pourtant pas ce que… débuta-t-il, prêt à confronter mon point de vue.

- Bref, laisse-moi me relever s'il-te-plaît, coupai-je, sans lui laisser le choix.

Il broncha dans sa barbe inexistante et me tendit la main pour que je me relève. Il soupira, l'air méprisant :

- Je n'ai pas de fantasme de ce genre, j'ai déjà tout essayé. J'suis juste quelqu'un de tordu qui aime le pouvoir.

Ensuite, le reste de la soirée se déroula sans étrangeté. Nous parlions quelque peu, continuant d'apprendre à se connaître tout en s'échangeant des banalités du quotidien.

    Puis, je suis rentré chez moi. Ethan ne pouvait pas avoir autant de place dans mes pensées, je répondrai à ces questionnements plus tard. Je repensais à l'attaque du Lieutenant Sýrion ainsi qu'aux attaques de Nolanh et Tanya. J'avais hâte d'en savoir plus sur ces dernières, même si cette coalition ne prédisait rien de bon.
Mes démons étaient agités, guettant le moindre faux pas pour surgir… Mais je craignais d'avoir besoin d'eux à l'avenir.