Tamaki X Chubby!Reader
Anime/Manga: Boku No Hero Academia/My Hero Academia
Titre: Ce qui fait de toi une héroïne.
Auteur: Lily Sawaka
Date de publication: 29/06/2023
Nombre total de mots: 42.060
Note de l'auteur: FINIII enfiiiin! Au début j'avais de l'inspiration pour le début car je me suis inspiré de la vraie vie. Après, c'est partit et ça a ramé. Tamaki en fait est vraiment timide et parfois, je me demande qu'est-ce qu'on pourrait avoir comme conversation avec lui en dehors du "ouais je veux aussi rentrer chez moi" mdrr. J'ai fait de mon mieux, j'espère que ça colle au personnage ce que j'ai fait avec lui! Aussi, j'avais carte blanche en dehors que TP est chubby. Du coup, j'avais envie de faire en sorte qu'elle ne soit pas en cursus héroïque (ça change, j'ai besoin de voir d'autre dynamique)...
En tout cas, tout ce que je peux vous dire, j'ai kiffé la fin. Trop de fluff, ça fait du bien! Au moins, je suis contente que j'ai pu le poster avant juillet, sinon j'aurais été déçue. Je veux avancer ma fanfiction à coté et puis voilà.. Que dire de plus? Je pense écrire prochainement soit un OS avec Sanji x Reader ou alors Gouenji Shuuya /Axel Blaze X OC (je me remet doucement dans le mood Inazuma Eleven à cause d'une amie mdrr). Je verrais, j'ai le temps.
En attendant, go me reposer au lit, et être attaqué par des moustiques. Bye-bye!
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Les repas familiaux, c'est ma hantise.
Cette réunion avec la famille, autour de deux tables rectangulaires rejoints, de ces longues nappes toutes propres, tout juste sortie d'un tiroir. De ces plus belles assiettes, ces bols avec les plus beaux designs, ces couverts et baguettes sophistiqués bien alignés et ces verres à pieds qui brillaient de mille feux. Ce surplus de carafes d'eau, ces grands plats au milieu, remplis de nourritures à volonté. En bref, ce qui attirait mon attention c'était la bouffe. Pas les gens assis sur toutes ces chaises. Étonnamment, on pourrait presque faire le jeu de la chaise musicale, où un seul gagnant remportera le pactole de tout ce qui était comestible – salé et le dessert, bien entendu. Dommage que les autres ne partageaient pas mon avis. Enfin, à l'exception de mon cousin, et encore, ce beauf m'aurait poussé volontairement rien que pour décrocher la victoire.
Enfin bref, comme je ne suis pas chez moi, je me retrouvais à me coltiner tout le monde. Soit c'est les adultes, soit c'est des gosses. D'ailleurs, sans vouloir faire ma grognasse, ils me cassent les ovaires. Nan mais c'est vrai quoi, ça braille, ils jouent et court partout, ça dérange tout le monde pour vouloir le dessert de suite et maintenant et le pire ? Ça hurle dehors. Le silence n'est pas respecté. Des fois j'aimerais instaurer une minute de silence. Non pas pour un mort, juste pour mon moment de solitude, d'autant plus que j'avais interdiction de quitter de table – sauf pour aller aux toilettes. Honnêtement, j'aimerais bien m'y enfermer jusqu'à la fin du repas. J'aime bien mon cousin, mais ce couillon a une meuf, alors il s'en bat la race de ma détresse.
Je suis totalement ignorée, invisible. Excepté pour certains, qui trouvent un réconfort de se comparer à moi. Pour se sentir supérieur, important, meilleur que moi. Personne ne prend ma défense. Pas même mon cousin avec qui je m'entends le mieux.
Deux ans d'écart ? Enfoiré va, avant, on se trouvait des jeux à se faire quand on s'emmerdait. Maintenant qu'il a une copine, ah bah là, je suis mise à l'écart. Bien sûr, je ne déteste pas sa petite-amie, elle est cool. Je crois même que c'est la seule dans la catégorie sympa dans la famille, avec mon cousin et un autre bien sûr. Non pas que j'aime faire ma drama queen, mais comment l'expliquer ? Ma famille est lourde sur moi. Les discussions, ça rabâchait, incessamment, à chaque réunion, la même chose !
Je hais ça. Je hais ces repas. C'est malaisant. C'est gênant. Ma famille est grande. Ça veut tout savoir, absolument tout est à prendre. Les critiques aussi. Surtout si tout se déroule chez mes grands-parents ; aka le trou où la Wi-Fi passe mal. Il n'y a rien d'intéressant chez eux mis à part ce qui se trouve dans leur frigo, congélateur et placard. Le parfum chez eux n'est pas terrible non plus.
— D'ailleurs, (ton prénom), comment ça se passe à l'école ?
La même rengaine, putain. Encore et encore le même schéma, ça me rend malade, j'aimerais tellement tout plaquer. Me lever, me barrer comme ferait une rebelle. Or, on est dans la réalité et pas dans une fiction. Je fais ça, les conséquences ne seront pas très... doux.
Ma grand-mère. Elle aime entendre tout ce qui lui plaît. Et elle compare H24 sur tout et n'importe quoi. Elle ? Ne jamais la remette en question sinon elle se fait passer pour la victime. En fait, pour faire court, on lui colle une étiquette de « miss parfaite » sur sa tronche. Ça me gonfle. Je ne supporte pas ces personnes avec ce trait de caractère. Oui, ces gens avec cet égo surdimensionné qui ne peut s'empêcher de blesser quelqu'un dans son entourage rien pour se remplir les poumons de fierté.
Évidemment, je ne dis pas du mal sur ceux qui veulent toujours bien faire, qu'ils ont pour défaut qu'ils sont perfectionniste. Je trouve ça admirable. Cependant, si je place ma grand-mère à coté, je dirais que elle, sa catégorie est extrême, basse, avec de mauvaises intentions. Elle se croit née avec un don. Limite, c'est bon, elle se considère Miss du Japon ! Figurant des vieux, hein.
— Bah la routine quoi. Je lui répondais, évasive.
— Et les notes ? Ça s'améliore ?
Qu'est-ce qu'elle en a à foutre de mes notes ? Dans la vie, il y a autre chose que ça. Pour être honnête, je ne suis pas une élève brillante. À vrai dire, j'ai de grosses lacunes dans certaines matières. Ma moyenne est vraiment juste – à peu près stable – mes appréciations sont correctes... J'ai juste des difficultés pour retenir beaucoup de choses. Il me faut un temps supplémentaire pour que tout soit à jour dans ma tête. Tout ça, je le dois à mes parents. Vive le système éducatif, où on doit être des machines perfectionnistes. Je ne prenais aucun plaisir à apprendre et si je n'atteignais pas un bon niveau, ben, je pouvais dire adieu à ma liberté et mon temps libre pour squatter mes jeux-vidéos et séries.
Enfin, je dis ça, mais je ne suis pas à plaindre. J'ai un alter. Il existe des malchanceux sans super-pouvoirs.
— Un peu. Abrégeais-je, mes yeux, étaient concentrés sur ce plat qui exposait des fruits de mers, face à moi.
— Tu pourrais faire un peu plus d'efforts ! Me gronda t-elle, les sourcils froncés. Il faut bien que tu en fasses ! Tu es dans un lycée privé, la même école qui a formé ta mère ! Elle en est sortie diplômée et figurait parmi les meilleurs élèves !
Sapristi ! Un poisson me fixe ! Je devrais sérieusement arrêter de regarder ce pauvre animal marin mort sur ce grand plateau argenté, agrémenté de tranches de citrons, pour donner un peu plus de goût, ça me fait frissonner un peu.
Je sens parfaitement les regards noirs des adultes dans ma direction. Je jouais l'ignorante. De toute façon, quoi que je dise, ça leur passe de l'autre coté de l'oreille. Les adultes, eux, ont tout les pouvoirs et veulent entendre ce qui leurs plaisent. Ça nous prend de haut. Ils veulent le respect alors qu'eux, nous la donne pas aussi. C'est donnant-donnant, non ?
— (ton prénom), arrête de regarder la nourriture, écoute un peu ce que ta grand-mère raconte ! Tu as (17/18) ans ! Tu as passé l'âge de l'immaturité ! Me réprimanda ma mère, qui se plaçait du coté de sa génitrice, cette fois-ci.
Je levais mes yeux au plafond. J'ai juste faim moi. Et j'avais aussi envie de me barrer au plus vite de cette réunion familiale qui me foutait la gerbe. Dans tout les sens du terme.
Et ça me demande d'être adulte ? Non pas que j'ai le syndrome de Peter-Pan, mais je pense préférer, rester une enfant. En fait, cette maudite boucle non-bouclée me gave énormément. Des fois, j'ai hâte d'être indépendante, avoir mon propre logement et jouir de ma grosse liberté, sans avoir à supporter mes parents, ma famille. Tandis que d'un autre coté bah... j'aime bien là où je vis, ma chambre, c'est mon monde, j'ai un animal de compagnie que j'aime plus que tout, mon père me donne gentiment de l'argent de poche avec ma mère une fois par mois – pour que je me fasse des petits-plaisirs en tant que lycéenne – et aussi que je n'ai pas à me soucier niveau des finances.
Certes, je devais me projeter pour mon avenir. Toutefois, j'ai mon coté égoïste, qui refuse de vouloir partir. Tout simplement car j'ai peur du futur. Je ne sais pas ce que je veux devenir plus tard. Dans mon entourage, ils ont déjà leurs plans et tout ! Moi ben... rien. Page blanche. Je vis chaque jour comme si c'était le dernier, je vis à fond tout pour n'avoir plus aucun regret plus tard. Trop longtemps, je m'étais laissé être piétiné dessus. À être prise pour un bouche-trou, une amie remplaçante ou le sujet des brimades pour mon apparence. Depuis ma seconde année au lycée, j'ai décidé d'assumer qui j'étais. J'ai commencé à prendre plus parole, à libérer ma personnalité que je gardais pour moi, à l'abri des regards. Pas à cent pourcents, j'ai toujours un sentiment de honte, vis à vis de mes défauts, de mes rondeurs, de tout ce qui me différenciait des autres filles, gâtées par mère nature.
— N'empêche, elle a encore prit du poids. Tu as vu son double menton ?
— Je sais ... mais ça se travaille, ça demande du temps.
— Sérieusement ?! Elle fait quoi au lieu de prendre soin de son corps ?! Tu la gâte trop !
Ma mère se tait. Ma tante glousse et place ses cheveux en arrière, elle bombe sa poitrine, fière comme un coq.
— Moi, ma fille, je lui donne des portions suffisante pour son régime !
— Au moins, toi, tu sais y faire !
S'il existait un alter pour faire disparaître des bouches ou rendre muet des personnes, je l'aurais prit sans la moindre hésitation. Ce genre de remarque, on me la faisait très régulièrement. Les plats que ma tante faisait étaient affreux. Limite, ma portion que j'avais aurait suffit à caler un oiseau. J'en sais quelque chose vu que j'ai déjà mangé chez elle quelques fois, avant. Et sa fille, j'en parle pas, elle n'a même pas douze ans J'encaissais en silence, sachant très bien que si je faisais résistance, j'allais me faire défoncer. Mes amis m'acceptaient alors pourquoi pas ma famille ?
Des fois, ça me dépasse. Je me doute bien qu'il existe des personnes qui vont me sortir un « relativise, y a pire dans la vie », je le conçois. Mais je suis une personne qui apprécie les marques d'affections. Je ne dis pas qu'il faut se montrer tactile avec moi. Mais les paroles ont plus d'impact sur moi. Ce que sont en train de sortir ces femmes, à mon sujet, me blesse.
Avec le temps, j'ai apprit à passer au-dessus de ces moqueries. Parce que depuis toute petite, j'ai des formes. Tout s'est amplifié. J'aimais manger. Mais il y avait aussi du stress. On me mettait trop souvent la pression. Plusieurs facteurs ont fait ce que je suis devenue aujourd'hui. Au début, je n'arrivais pas à garder la tête haute, avec les rires et brimades des autres. Sans l'aide de mes potes, je dirais que je ne serais pas aussi forte que aujourd'hui.
Je n'aime toujours pas mon corps. Pas besoin qu'on me le pointe. Je suis parfaitement consciente à quoi je ressemble. Après tout, il s'agit de mon corps. Je me vois chaque jours dans le miroir. Quand je me change. Quand je suis à la douche. Je sais que la norme préfère les femmes minces, avec des formes là où il faut. Les mannequins se ressemblent d'une certaine façon. Alors quand on essaie de me rassurer en me sortant un « Oh ça va, tu es naturelle toi, pas besoin d'une chirurgie faciale ! Ni de retoucher ton corps ! », je ne sais pas pourquoi, mais je me sens offensée. Ce genre de propos, on a le droit de le sortir ? J'en doute.
Certains ont besoin de se sentir envié par un physique, de devenir populaire pour son physique. Moi ? Il ne s'agit que d'un complexe d'infériorité. Contrairement aux autres, j'ai encore quelques problèmes d'acnés, j'ai mon ventre rond, un double menton – que j'essaie de faire partir avec plusieurs techniques –, (du hyperpigmentation/ dépigmentation), un peu de vergetures, un fessier un peu_... non, la liste de tout ce qui est dérangeant chez moi est trop longue à énumérer.
Pour moi, tout chez moi, sont des défauts. Je ne m'accepte pas. Du coup, quand il s'agit de voir le médecin, j'appréhende de devoir monter sur la balance. Je me sentais être jugée. Quand je vais faire du shopping, les tailles de pantalons m'angoissent. On met toujours en avant les plus fins. Les tee-shirt d'aujourd'hui sont si courts, qui descendait jusqu'au nombril. Personnellement j'ai si honte de mon corps que je n'ose montrer mon ventre qui n'est pas plat. Pour le reste en matière de vêtements, je me sens mal, de savoir que je suis placée proche de la catégorie de la maternité. À croire que les vendeurs ne se rendent pas compte que c'est offensant.
Quoi que je fasse, je ne me sentais en sécurité qu'avec de gros pull, des t-shirt longs et épais, des pantalons – et short en été – et c'est tout. Heureusement, le coté positif qui me faisait remonter la pente de la déception, c'était les accessoires. Je kiffe porter des bijoux, des montres, piercings – et lunettes/ lunettes de soleil –. Quand l'envie me prenait, je me mettais du vernis à ongle. Quand je le voulais, je savais mettre un peu de style.
Avec du recul, je me suis dit que ce n'est pas plus mal, que mon corps soit potelé. Car d'une certaine façon, je déçois mes parents – comme ça, ils ne se la friment pas en parlant de moi, comme font les voisins avec leur fille uniquement pour son physique, eurk – et aussi, eh bien, un jour quelqu'un tombera réellement amoureux de moi, pour ce que je suis et non juste pour mon physique.
— Pardon pour mon retard ! J'étais en patrouille... ahahah !
— Tu nous fais le coup à chaque fois toi !
Étonné, je relève mes yeux, ne m'attendant pas à revoir cette personne que j'aimais. À cause du travail, il avait de la chance de ne pas montrer le bout de son nez ici. Je vins même à me demander ce qui l'a poussé à venir. Il me semblait que lui aussi, n'était pas fan des repas familiaux. Il adore la bouffe, comme moi. D'ailleurs, lui aussi, me ressemble physiquement. Sauf que lui, personne n'est dérangé. Parce qu'il était spécial. Et ce n'était pas n'importe qui. Il s'agissait d'un héro.
Fat Gum. Son vrai nom est Taishiro Toyomitsu.
J'esquisse un sourire, contente de le voir. En vrai, il est rare qu'il débarque, à cause de son job. Et son agence ne se trouve pas à Osaka, là où je vis. Comme moi, il est né à la préfecture Osaka. D'ailleurs, pour moi, c'est l'endroit parfait pour les bonnes choses. Je parle d'alimentaire, hein.
Une main se déposait sur (ma tête/cheveux). Je levais mes orbes (couleur des yeux) pour considérer mon oncle. Je n'osais jamais l'appeler tonton en public. Alors je l'appelais plus souvent sous un autre nom.
— Bonjour mon poussin ! Ça fait un bail, n'est-ce pas ? Me salue t-il avec un doux sourire, le regard attendrissant.
— Coucou Tai !
C'est le diminutif de son nom. J'ai découvert récemment qu'en chinois, ça signifiait « gros », « grand », « supérieur », « exalté ». Et je trouve que ça lui correspond à cent pourcents ! Lui à coté, m'appelle « mon poussin ». Je ne l'ai jamais comprit pourquoi. En taille, suis (petite/grande). Je ne pense pas que ça ait un quelconque rapport... Cela restait tout de même affectif. Alors bon, je m'en fiche.
Toujours avec son gros sweat jaune, je le vois prendre place pas loin de moi. De suite, ma famille lui sorte des éloges, comme à leur habitude. Après tout, Fat Gum est leur fierté. Un héro connu, il se débrouillait bien et en plus, il avait du charisme. Et forcément, s'ajoute à la recette préférée de mes parents ; il est friqué jusqu'au cul. J'essayais de ne pas suivre la conversation, mais c'était plus fort que moi. Mon ouïe retenait tout ce qui sortait de leurs lèvres.
— Alors, tu as toujours ton petit stagiaire préféré avec toi ?
— Oui ! D'ailleurs il m'a ramené un autre petit nouveau ! Leur informait Fat Gum tout rayonnant. Ce petit est un bon homme ! Déterminé, il est très expressif et il a de la bougeotte ! Il ne reste pas en arrière, tout le contraire de mon autre disciple !
On est en septembre. Les examens d'été sont passés. J'imagine que au lycée de UA, ils ont des tâches à accomplir, comme effectuer de nombreux stages chez des héros professionnels.
— Et il a quel âge ce petit nouveau ? Lui questionna mon père, intéressé.
— Il a quinze ans ! Il va en avoir seize le mois prochain ! Il est en seconde.
— Sa vie est déjà toute tracée et sera aussi bon que ton autre stagiaire. Leurs parents doivent être très fiers d'eux !
Je détourne aussitôt mon regard de mon père. Pas seulement lui. Les autres aussi. Par pitié, cessez de me dévisager de la sorte. Pas la peine de me voir comme défectueuse.
J'étouffe. J'ai besoin de respirer. Et pas la même air que eux. Je me lève, m'excuse pour aller aux toilettes et j'y fonce, ignorant les commentaires des autres. Mes poings sont serrés à leur maximum, je me sens oppressé, mes yeux s'imbibent de mes larmes que j'essaie de ravaler tant bien que de mal. Ouais, ces garçons sont des aspirants héros. Et alors ? Putain, pourquoi faut-il qu'on me compare sans relâche ? Je sais que je n'ai aucun talent particulier. Déjà être né je trouve ça extraordinaire. De tenir encore debout et forte, dans cette maison, l'est encore plus.
De toute façon, moi, j'ai décidé que à la fin de mes études au lycée, pour mes études supérieures, je me casse dans un petit studio pour étudiants. J'irais trouver un travail mi-temps pour financer ce qu'il me faut. À vrai dire, j'ai déjà commencé mes recherches, j'ai déjà postulé pour des petits jobs. Je n'ai pas encore de réponses, on verra bien ce que ça donnera. Du moment que je suis loin de cette famille bordélique.
Je me sens déjà chanceuse d'être maline, indépendante sur certains trucs. J'utilise internet, je me renseigne auprès de mes amis, de mes autres camarades et un peu de quelques professeurs qui se montrent compréhensifs à mon égard. Ça me fait déjà chaud au coeur que j'ai le soutien de certains.
Sinon je pense que je serais au gouffre de la dépression.
Ma vie, c'est un sacré karma. Digne d'une série de drama. J'ai l'impression d'être une héroïne misérable. Cependant je tiens le coup. Car je n'ai pas le choix. Et puis ça va, j'arrive bien à m'en sortir. Il y a toujours pire.
Je traverse les couloirs, qui avaient du papier peint rustique, avec ces fleurs qui donnent un goût ancien. Je ne sais pas si je suis la seule, mais je n'aime pas trop ce style. La maison de mes grands-parents me donne envie de fuir. Sauf pour embarquer leur frigo, et leur placard, toujours remplis de nourritures et de boissons à cannettes. Le bruit de mes pas résonnent contre le carrelage qui dégagent une odeur de savon noir. Je tourne sur ma droite, abaissa la poignée de porte et je plisse des yeux, constatant que celle-ci était bloquée.
— Je fais caca! S'exclama une voix d'un de mes petits cousins.
Je roule des yeux.
— Prends tooooooout ton temps ! Je lui sortais.
Ce n'est pas comme s'il s'agissait d'une urgence extrême pour moi. Il ne s'agissait que d'un prétexte pour que je fuis les autres. Je viens coller mon dos contre le mur. Je fouille aussitôt dans la poche de mon pull mon portable. Mon fond écran est celui de moi et de mes potes, tout souriant. Rien que de voir ça, me redonne le sourire. Je me sens apaisée. Je déverrouille mon écran avec mon pouce et je tombais sur une pile de notifications, sur mon fond écran (fond écran au choix). Aussitôt, je posais mon pouce sur l'icône message, et je survole à la va vite les SMS de mes potes.
— (ton prénom) ! M'interpelle mon chieur de petit cousin.
— Quoi ?
— Il n'y a plus de papiers toilettes !
— Tu n'as pas remarqué avant de entrer !? M'esclaffais-je, dépité.
Ah putain, les gosses...
— Noooon ! C'était pressé !
— Je vais aller voir dans la salle de bain alors.
— (ton prénom) !!
— Quoi, encore ? Je soupirais.
— J'ai fermé la porte, je fais comment ?
Je ne sais pas si je dois me rouler par terre en pleurant de rire ou me mettre en position de PLS.
— Eh bien, tu te lève de la cuvette des toilettes, et tu avances pour ouvrir la porte.
— Mais mes fesses sont remplis de...
— Tu nettoieras après que je te refile ce qu'il faut ! Le coupais-je rapidement, je n'avais pas envie d'écouter la fin de sa phrase. Ce n'est pas la mort !
— SIIIIIII !!! C'est gênant !
C'est ton existence qui est gênant petit con.
Bon. On inspire et on expire. Tout va bien. Je vais lui ramener ce qu'il faut, et après qu'il aura fini ses affaires, pour ma propre hygiène et sécurité, j'irais placer plusieurs papiers sur la cuvette. Et je vais aérer la petite pièce où je serais confiné avec la minuscule fenêtre carrée.
...Je veux rentrer chez moi. Vraiment.
Effectuant un pas dans la salle de bain, j'ouvre et je me fige sur la scène que je tombais. Eh mais depuis quand ces deux là s'étaient éclipsés de la table pour...
— Bordel de merde, vous ne pouvez pas baiser ailleurs !!!?? Gueulais-je, dégoûté et à la fois embarrassé autant que eux.
— Putain, (ton prénom) ! Tu pouvais toquer avant d'entrer ! Me hurle mon cousin.
— C-C-Ce n-n'est... Bredouilla sa petite-amie, rouge pivoine, à la recherche d'une excuse, probablement.
Mon cousin, tenait son amoureuse contre le mur, ses bras retenaient ses cuisses et elle avait la poitrine à découvert, les bras autour de sa nuque. Son visage virait au cramoisie et elle se mettait à se tortiller, pour redescendre et souhaitant au plus vite se recouvrir. Visiblement, son mec ignorait ses petites lamentations et sa panique. Torse nu, il me lance un regard noir, il se met à grogner.
Quant à moi, indignée, je ne bougeais pas, refusant de me laisser être écrasée. Je croise les bras et je fronces des sourcils. Je me sentais trop irritée déjà pour cet enfant pourri gâtée qui lui manque une neurone. Aussi pour l'attitude des autres à mon égard. Puis par eux, qui n'avaient rien à secouer de ce qu'il se passe, ils préfèrent casser des coquilles dans une plage improvisée.
Je ne sais pas, si ça leur faisait chier de venir ici, autant qu'ils se fassent une partie de monopolis. Au lieu de faire des choses pas catholiques, comme s'ils voulaient imiter une vidéo interdite pour les moins de dix-huit ans. Bref, je me défoule, je suis aussi à cran et j'ai grand besoin de pousser mon coup de gueule. J'en ai marre d'être Madame Puff dans Bob l'Eponge, il faut que je me lâche, que je libère toute la négativité qui m'enveloppe depuis plus de une heure.
— Mais j'en ai rien à foutre ! Faites-le dans la chambre des vioques !
— Tu plaisantes !? Je ne vais pas faire ça ! Ça pue le parfum !
— Et alors !? En plus vous n'avez pas fermés la porte ! Vous auriez dû vous douter que vous allez vous faire prendre !
Je disais donc : je veux rentrer chez moi. De suite. Maintenant. Illéco-presto. Je hurle à mort, mes mains sur ma tête dans ma conscience. Je suis en train de vivre une comédie absurde.
— Encore heureux, c'est sur toi que ça a tombé. La chance est de mon coté ! Se vanta mon cousin tout en ricanant.
Bordel. Je pince l'arrière de mon nez et j'essaie de me calmer. Rien à foutre, je traverse la salle de bain, j'ouvre le placard suspendu en bois, je récupère le paquet de papiers de toilettes et je presse le pas pour sortir de cet endroit qui me retourne l'estomac. Un couinement m'interrompt.
— (ton prénom)... D-Désolé, j-je...
— M'en fou, faites vos jeux à la noix de coco, bye.
Je coupe net à la conversation et je claque la porte en sortant. Je soupire et je toque à la porte des toilettes, qui se trouve à coté.
— Eh, c'est bon, j'ai tes merveilles en mains !
— Je ne veux pas me lever ! C'est sale ! Se plaignit ce petit et abrutit gamin.
C'est toi qui est sale ! Désespérais-je. J'ai plus envie de pleurer que toi sale gosse ! On lui a jamais rien apprit ou quoi ?! C'est officiel, je ne ferais pas de baby-sitting pour mon job d'été. Hop, rayé de ma liste d'attente.
Je dépose le paquet sans rien dire et je me contentais de me repositionner contre le mur, retournant à mon objet qui me détend ; mon portable. Je survole un échange de groupe sur une application à l'icône violette. On est dénommé les « Devil Buster », je kiffe trop le nom qu'on s'est donné. Le dernier message est un meme, envoyé par Chisato. C'est Kermit, il sirote sa tasse, posé. Dessus, il y était inscrit « ma vie s'il devient une série télévisée ». Je hausse un sourcil, je clique dessus et je vois la conversation loupée.
Après avoir lu ce que j'avais manqué, je soupire. Jessy, qui est à l'heure actuelle au cinéma, à mater un film que je voulais trop voir, chouinais en déclarant que son talon avait lâché en chemin, après avoir descendu de la voiture de sa mère. Quel drame. Je viens commenter rapidement un « Le sol voulait que tu l'embrasses. ». ....Ouais non, je retire ça. Je mettais au final autre chose et encore insatisfaite, je modifie et...
— C'est booon ! Je suis libre ! S'exclama joyeusement le petit garçon, que je n'avais pas entendu ouvrir la porte plus tôt.
Je sursaute et par mégarde j'ai envoyé le message au groupe. Je me fige et je transpire à grosse goutte, cherchant à effacer ma connerie. Très vite, les personnes connectés eurent la rapidité de me lire.
|| Shiro à 13h32
PTDRRRRR (ton pseudo) *emoji ptdr*
|| Chisato à 13h32
(ton pseudo) ???????? *emoji choqué*
|| Hitomidukawaiidesunee à 13h33
Sah t'es crue JPP
|| XenSuelduTroll à 13h33
YOOOOPOPOOOOO STARFOULAAHHH
Dans un élan désespéré, je me dépêche de supprimer. Mes mains sont moites pour ma gourde. La concernée visiblement, a déjà fini sa session de cinéma puisque j'aperçois ces trois points de suspension qui cogitent. Je stresse.
|| Jess à 13h33
tg.
Mes yeux s'arrondissaient face à cette froideur de ma pote. La vérité étant que j'avais tapé un « Tu n'avais qu'à mettre des chaussures basses, tu ne serais pas tombé comme ça, c'est tout. Tu voulais embrasser le sol affirme. » et ce, sans emoji qui rigole. Il m'arrive de assumer ce que je dis. Mais là, je voulais effacer ça. Je suis le type de personne qui prend un moment à répondre, au lieu de répondre à la seconde près.
Du coup, j'utilise un élément essentiel pour me couvrir. Et tout le monde sait où je me trouve actuellement. Ce sera oublié.
|| (ton pseudo) à 13h35
C'est mon cousin qui a volé mon tél, il a répondu tout seul ce con !
Hop, on balaie les malentendus. Réglé.
|| Jess à 13h35
Tu crois que je vais gober ce mensonge grosse idiote ?
Estomaqué, j'entrouvre mes lèvres. J'écarquillais mes yeux.
|| Jess à 13h36
Va s'y t'es lourde, ma journée est pourrie par ta faute ! T'es toujours à plomber l'ambiance
|| Hitomidukawaiidesunee à 13h36
Vous n'allez pas vous disputez ??:(
|| Jess à 13h36
tg toi aussi, déjà ton pseudo c'est de la merde, en plus t'es déjanté comme meuf avec (ton pseudo). Au lycée vous me gênez de ouf
Je serrais mon portable. Mes yeux étaient captifs de mon écran, qui défilait la suite de la conversation du groupe.
|| Shiro à 13h37
Hé calme-toi, (ton pseudo) a dit que c'est son cousin, tu sais déjà qu'il lui a déjà piqué son tél pour un snap l'an dernier.
|| Jess à 13h37
Rien à foutre elle est chiante. En plus sur les photos de classe elle fait tâche avec sa grosseur là. Moi déjà je suis au régime, j'ai perdu cinq kilos ! Elle n'est pas capable de faire pareil c'te conne là.
|| Hitomidukawaiidesunee à 13h38
Déjà tu vas te calmer. Ensuite si t'as un problème avec nous, dis-le en face. Et n'insulte pas mon amie. On s'en fou de ton régime à la con car moi j'ai des problèmes d'amaigrissement ! Quoi que je mange je gagne absolument rien !
|| Jess à 13h38
T'as pas à te plaindre toi, tu peux tout bouffer à volonté sans soucis !
|| Shiro à 13h38
Non ce n'est pas une excuse. Hitomi complexe elle aussi sur ça.
|| Jess à 13h38
Srx pourquoi on se prend le chou, c'est la faute à (ton prénom) aussi là
Ma faute ?
J'essaie de retranscrire le scénario dans ma tête. Je me sens totalement choqué que je n'arrive pas à digérer tout ça. Je sais très bien que Jess est miss populaire dans la classe. Elle est aussi une geek, comme nous autres. Mais de là, à sortir ces propos ? Elle a cru quoi au juste ? Que c'est moi qui ait cassé ses chaussures ? Je ne cherchais pas à l'humilier. De base, j'écrivais ce qui me sortait dans un premier temps dans ma tête. Pas la peine de se vexer de la sorte.
Ce qui me rend plus vénère, c'est l'insulte qu'elle avait sortie à Hitomi. Elle et moi, on est opposée physiquement. Et c'est ma première meilleure amie depuis le collège. Jamais elle ne juge les autres. C'est une fille très sage, consciencieuse et qui se montrait fofolle quand elle le voulait. Cette personne si rayonnante, est celle qui m'a tendu la main, pour que je garde la tête haute, malgré les moqueries des autres. On partage les même passions et elle se montre toujours à l'écoute.
J'ai pour règle ; ne jamais insulter mes proches. Je pouvais me montrer plus stricte et injuste. Et si je perdais l'amitié de Jess, rien à secouer. Je répond aussitôt, furieuse, ne restant pas les bras croisés.
|| (ton pseudo) à 13h40
Insulte-moi autant que tu veux. Mais excuse-toi à Hitomi. Ne prends pas à la légère sa maladie.
|| Jess a quitté le groupe
WTF ??? Elle est sérieuse nigga????
|| XenSuelduTroll à 13h40
Ah ouais chaud, je reviens et ça y est, c'est la baston..
|| Chisato à 13h40
Tkt (ton pseudo) a juste fait descendre la couronne de Jess mdrrrr
Chisato ? T'es une crème mec.
En tout cas, l'autre aussi vient d'ajouter son grain de sel pour ma pire journée. J'essaie de remonter, inquiète que mon amie reste dans le silence. Je savais qu'il suffisait de peu pour la faire pleurer. Elle a la larme facile et en plus de sa santé fragile, elle fait attention à qui elle fréquente. Ma deuxième règle après la première, est de remonter le moral à mes proches. On dit souvent que j'ai un rôle de psychologue.
Sauf que moi je le fait gratos. À n'importe quelle heure. J'envoie des messages, espérant faire sourire ma meilleure amie. Dans la vie réelle, on a des héros qui affrontent le mal et qui sauvent des vies. Moi ? J'ai pour rôle de donner le sourire à ceux que j'aime. Je me désigne comme une héroïne du quotidien. Fat Gum me l'a même dit petite ; les vrais héros, sont ceux qui garde la foi, le courage et qui aident ses prochains.
Avec mon humour pourrie, je balance de tout et de n'importe quoi pour faire rire. Pour moi, rien de mieux que de rire, de penser à autre chose que de broyer du noir. Les autres suivent ma façon de faire ce qui me fait sourire et me rassure. Des amis, des vrais, ça se soutient. Malheureusement, je n'ai pas la chance d'avoir sa réponse, je suis appelé à table, avec les autres.
Retour à la mauvaise partie de mon histoire.
Réunis à table, j'entends et je sens mon téléphone vibrer dans mon pull. Mon groupe préféré me manque déjà pendant que ma grand-mère nous sert à tous. Quand c'était mon tour, mes pupilles se dilataient en voyant cette petite portion qu'on me mettait sur mon assiette en verre.
— ...C'est tout ? Lâchais-je, un peu abasourdie.
Pour accompagner mes paroles, je lançais un regard en direction des morveux qui avaient le double de ma part. Ma grand-mère me sonde du regard, un brin d'énervement se lisait sur son visage et j'en suis plus que persuadé.
— Evidemment. Ta tante m'a dit que tu vas commencer un régime. M'exposa t-elle, comme s'il s'agissait d'une évidence.
— Je n'ai jamais donné mon accord ! Crachais-je, scandalisé. Tu es sérieuse ?? Trois petits pois, une patate, un bout prédécoupé de viande ?!
— Les stars mangent comme ça.
— Pas moi ! D'ailleurs je n'ai pas reçu de riz !
Les fois où je m'exprime étaient rares. Je me fichais des regards des autres posés sur moi. Je ne sais pas si mon embrouille plus tôt qui m'a tellement frustré, mais j'avais l'immense impression que je pouvais me comporter comme une adolescente en âge de rébellion. Ils avaient tout fait pour m'éviter ça. Jusqu'ici j'ai su me retenir. Mais là, cette année ? Ce mois-ci ? Une telle décision sans mon accord ? Il y avait des limites.
Ma grand-mère me somme d'arrêter mes caprices.
J'attends à ce que ma mère vienne m'aider. Toutefois, elle se fait salement juger par sa belle-sœur. Mon coeur grossit dès qu'elle me lance aussi un regard, qui signifiait que je devais me plier à leur exigence, que je devais fournir des efforts pour faire plaisir aux autres. Ce n'est pas ce que je veux. Le régime, c'est hors de question avec moi.
Je veux la confronter mais subitement, toute l'attention se reportait sur quelqu'un qui se levait brusquement. À tel point que le dossier de la chaise ne rencontre brutalement le sol.
— Tu fais quoi ? L'interrogea mon autre oncle, ahuri.
— Je commence à en avoir plus qu'assez de ces réunions non-convivial. Alors je pars avec (ton prénom).
— ...Quoi ?! S'écria ma mère, outrée. C'est de ma famille dont on parle et tu_
— Et je quoi ?
Pour la première fois de ma vie, je découvrais Taishiro furieux. Il dégageait une certaine aura écrasante, qui sut faire immédiatement taire le bec de ma daronne. Il m'impressionne, je suis fasciné par l'effet qu'il procure auprès des autres. Franchement, j'aurai adoré avoir son influence, sa force, son statut. Peut-être dans un autre monde moi aussi, je serais une aspirante héroïne. Mais là.. je n'ai pas cette opportunité.
Le héro professionnel se déplace, vient me rejoindre et pose sa grande main gantée sur ma tête. Je le considère et je lui adresse un grand sourire.
Balayant toutes mes craintes avec une facilité déconcertante, je me sentais un peu plus apaisé par son clin d'oeil qu'il m'adresse, rien qu'à moi seule. Taishiro était mon modèle. Il ne complexait pas du tout de son apparence, il était fort, cool et fiable. Sur les réseaux sociaux, on parle de lui que en bien, les restaurateurs appréciaient ses visites et lui offraient même des tickets de réductions voire des plats gratuits ! Le rêve. Les fans les plus extrêmes, se battaient pour obtenir des photos de lui version amincit. Parce que oui, putain, c'est qu'il a un corps de BG après qu'il ait utilisé tout son énergie. Toute sa graisse disparaît à une vitesse ahurissante, ne laissant, qu'un corps de mannequin.
J'aurais tellement kiffé avoir ce truc. Ou alors un alter qui supprime le taux de glycérine... ou alors un qui permet de changer de look quand je souhaitais. Malheureusement, je n'ai pas ça, ni les capacités pour viser une filière héroïque. C'est niqué. Au sens littéral.
Sans même qu'il ne me le demande à haute voix, je me lève et je quitte la table, laissant ma famille autour de la table, étonnés. Contrairement à ce que j'aurais cru, personne ne nous retiens. Sans doute qu'ils avaient peur de fâcher mon héro du jour.
Humer l'air frais de l'extérieur me faisait un bien fou. Dès que j'avais mit les pieds dehors, je me sentais tellement requinquée. La liberté, c'était comme une drogue. Si on me la retire, je ne me sens pas moi-même. J'empiète sur le goudron qui menait jusqu'au portail. J'admire mon ombre me suivre, docile et sage tandis que le vent caresse ma peau (couleur de peau). Plus légère, je crois que je me met à fredonner, jouissant de ma chance inespérée pour cette journée, sur lequel, j'avais étiqueté sur mon calendrier « pire journée ». Heureusement, aucun enfant ne vient nous interrompre en chemin. Ça aurait été la cerise sur le gâteau avec mon manque de patience.
— Je peux te poser une question ?
— Bien sûr !
— Pourquoi tu es si gentil avec moi ?
En général, ce genre de questionnement, c'est enfantin. J'en suis parfaitement consciente. Cependant, ça me trottait trop longtemps dans ma tête que si je ne sors rien, je le regretterais et je serais embêter avant de dormir ce soir. Zieutant dans sa direction, il semble relever sérieusement à ma question. Il dirige sa main gantée vers sa grande bouche. Il traîne pour sa réponse. À tel point que ce fut son estomac qu'il réplique. Un peu trop sauvagement que je devais tirer une sacrée tronche pour qu'il explose de rire.
— On verra plus tard !
— Tu n'as pas mangé depuis combien de temps pour un tel degré de débit ?
— La dernière fois, c'était il y a plus de une heure. M'avouait-il avec un immense sourire.
Wahou !
Seulement après avoir franchit le cap du portail en aluminium, mon portable se mit à vibrer. Par curiosité, je jette un rapide coup d'oeil et je plisse mes paupières, mécontente de voir un nom figurant sur ma liste de notifications. J'eus le temps d'apercevoir une règle. Ou plutôt un couvre-feu qu'on m'impose. Je souffle du nez, irrité. Je balaye cette case sur la droite, faisant disparaître provisoirement, de ma vue, ce message reçu. Je ne déteste pas complètement mes parents. Je les trouves juste très à cheval sur les normes, sur la perfection. Ils ne me détestent pas totalement. La preuve étant, qu'ils m'offrent parfois des petits cadeaux. Ils ont même avancé l'argent pour me payer le permis de conduire. Pour eux, même si j'utilise des transports en commun, il est toujours mieux d'avoir une voiture, par précaution. Je ne pouvais qu'en être d'accord sur ce point.
Mon père se montre même très généreux et m'apporte de bons conseils pour le code. Au Japon, c'est même très strict et coûtant. Le permis de conduire se composait de quatre examens au total ; deux au code et deux en conduite et tout ceci, se déroulait directement au centre d'examen de conduite public, qui est géré par la police nationale. Le pire dans tout ça, c'était qu'il y avait un délais limité. Si on commettait une faute, un retard, c'était foutu, il fallait recommencer à zéro ! Comment ne pas stresser avec cette pression chez nous, jeunes conducteurs ?! Non seulement j'avais les examens pour décrocher mon diplôme dans mon lycée, mais j'avais aussi ça à coté, plus la recherche d'un petit travail, pour gagner un peu d'argent, pour ma future vie d'étudiante – et aussi pour rembourser mes parents. Moins je suis endetté, moins je me porte. Je n'aime pas être redevable financièrement, ça me met un peu dans l'embarras, bien que le geste soit attentionné.
Mes parents ont aussi des défauts. Tout n'est pas si rose. Ça se préoccupe de mon apparence. Surtout ma mère. Elle estime que je suis mal-nourrie ou alors que je me goinfre sans cesse dans ma chambre en me matant des séries. En vrai, est-ce si mal de faire ça ? Ils ne veulent pas que je procrastine trop, que je lâche l'école avec mes mauvaises notes, avec cette crainte que je ne devienne une hikikomori. De toute façon, ce n'est pas mon truc. J'aime bien aussi prendre l'air parfois, avec ma bande de potes.
Puis dehors, il y a McDo, Burger King, le restaurant de ramens, le marchand de takoyaki... arf, j'ai l'eau à la bouche rien que d'y penser !
— (ton prénom) ! Attention !
Pour rappel, ceci devait être une de mes pires journées. Eh bien, avec ma chance surnaturelle – genre, j'ai un pouvoir caché en plus de mon alter actuel ? - je me mange la portière de la voiture de Fat Gum en pleine tronche. Sa mère, MON NEZ !
— Outch. Me lâchait le héro avec un grimace, compatissant ma douleur alors que je gémissais en insultant le monde entier.
— Ouais, outch !! Criais-je, excédé, mes yeux étaient embrumés de mes larmes, mes mains, apportaient soutien sur mon pauvre nez, dorénavant rouge, sauf que je ne suis pas un clown.
— Tu rêvassais.
— Non, pas du tout, je me suis lancé avec un immense plaisir de vouloir me prendre la portière. Pestais-je, sarcastique.
Fat Gum rit. Il rentre dans sa voiture de marque et je fais de même en grommelant, massant mon pauvre petit bout qui s'était cogné. Je renifle un peu, dès que l'intérieur est trop humide. L'intérieur est sacrément confortable. On n'est pas trop serré et j'actionne un niveau pour reculer mon siège passager et ensuite, pour le basculer en arrière. Là, je me sens plus à mon aise ! Tantôt, je déplie mes jambes vers l'avant, le bout de mes chaussures (type de chaussure au choix) sont dirigés vers le plafond. J'attrape ensuite la ceinture et je la boucle, par mesure de sécurité et aussi parce que c'est obligatoire. Mon attention se dirige vers une photo qui est pliée en deux, près du cendrier de voiture.
Sans demander l'autorisation, de toute façon, je savais que ça n'allait pas le déranger, après tout, ce n'était pas comme si j'allais lui arracher ça en deux, je dépliais la photo et j'analysais. Il y avait Taishiro, qui enlaçait deux garçons. L'un d'eux était très souriant, rayonnant, le pouce en l'air, des dents pointues. Il avait une drôle de mini cicatrice sur son œil. Ses cheveux relevés roux mettaient en avant ses iris rubis. Il avait une bonne tête, mis à part son costume amusant. Ce qui se trouvait sur son menton, autour de la bouche... une muselière ou bien ? Un style particulier, mais le reste lui allait bien. Le second, avait l'air plus timide. Il avec un sourire crispé, deux doigts légèrement levés. Il n'était pas droit, plus penché en avant, comme s'il préférait rester en retrait. Le gros bras de Fat Gum l'empêchait de fuir. Ses yeux étaient sombres, ses cheveux bleus nuits et des oreilles pointues, comme des êtres surnaturels comme... des démons ou des ogres, ou alors des elfes – bien que les elfes en aient de plus longues en centimètres. Ce qui me perturbe le plus avec lui, c'était qu'il était pieds-nues. Il se débrouille comment en hiver ? On m'explique cette résistance incroyable sur ses déplacements ? Moi il suffit que je me déplace sur des petits graviers, que je grimace si je suis pieds-nues. Sur l'herbe, ça peut passer, si je ne rencontre pas des orties ou des insectes, mais sinon dehors... Hmm. Après, chacun ses habitudes et goûts.
« J'ose espérer qu'il me prenne à ses cotés. J'ai grand besoin de me sentir en sécurité, blottit dans ses bras virils, ... »
Je roule des yeux, exaspéré par cette émission radio à l'eau de rose. C'est bien quelque chose qui ne m'arrivera pas. Depuis trop longtemps, on me disait que je n'avais pas un profil qui pourrait plaire quelqu'un. Dans les fictions, comme dans la vraie vie, les personnes qui nous attires choisissent toujours quelqu'un de plus fin. Limite, ce serait une honte de sortir avec une fille ronde. On nous traduisait toujours par « grosse bouffeuse », « pas élégante ». Je dois bien avouer que je suis déjà heureuse d'avoir de vrais amis, qui m'acceptent telle que je suis. Malheureusement, l'amour, je ne trouverais pas ça. J'en ai eu des petites amourettes, que je gardais secret. On m'a bien mit dans le crâne que je n'aurais aucune chance. Je sais bien que la beauté intérieure compte le plus... mais... Ce n'est pas à la portée de tout le monde.
La radio a été subitement changée. Je crois que Tai a changé. Cette fois-ci, un chanteur que je connais se met à chanter. Je me met à décompresser et mes iris (couleurs des yeux) se replongent sur la photo que je tenais dans ma main. J'identifie ces deux garçons et j'imagine leur personnalité. Des fois, supposer des scénarios m'amuse. Ça me permet aussi de faire passer le temps plus vite.
Mon chauffeur taxi conduit doucement, il me jette un regard amusé.
— C'est Sun Eater et le petit nouveau, Red Riot. Me présenta t-il.
Traduction exacte ; mangeur soleil. What ? Il haït le beau temps ? Si ça se trouve il aime l'obscurité ? Genre il est du coté de l'obscur comme dans Stars Wars ? Je pose un doigt plié sur mon menton, questionnant le héro à coté de moi. D'ailleurs, je suis surprise qu'avec sa corpulence – plus moi – on n'est pas étouffé dans la voiture. Vive les nouvelles gammes...
— C'est un dark ? Il n'aime pas les personnes, le beau temps, du genre à rester cloîtrer dans sa maison et aime la solitude ?
Fat Gum éclate de rire. Je sourcille.
— Tamaki est plus pessimiste ! Un gros timide, manque cruellement confiance en lui !
Il marque une pause avant de cesser de rire.
— En dehors de ça, il est très puissant. Je dirais même qu'il surpasse certains héros professionnels. M'avoua t-il en souriant.
— A ce point ? M'étonnais-je.
— Oui. Son alter est très efficace, il réagit vite et dès que c'est nécessaire, il fonce. Il est très courageux.
Ce surplus de compliments m'émerveille. Ce Tamaki, devait être exceptionnel pour qu'il me sorte tout cela. Je l'envie. Un bel avenir se présente à lui, quant à moi... argh, je ne veux pas y songer. Je repose la photo à la place que je l'avais retiré plus tôt.
— Ils doivent être heureux de t'avoir comme maître de stage.
— Et je suis fier d'être leur mentor ! S'exclame Taishiro. Ils ont du potentiel ces petits gars !
— Tu parlais du petit nouveau aussi...
— Red Riot ? J'étais déjà très surprit que Tamaki me le présente !
Curieuse, j'écoute Fat Gum donner un peu plus de détails.
— Ce petit a littéralement insisté dur comme fer pour que Tamaki cède à sa caprice. J'ai rarement vu quelqu'un d'aussi énergique que lui ! C'est très agréable ! Bon, cela fait à peine une semaine qu'il a commencé, le temps de le former prend un peu de temps, mais Tamaki m'aide beaucoup dans cette tâche.
— C'est super qu'il y ait une bonne entente au sein de ton agence.
Il hoche de la tête, puis, se concentra sur moi, sa petite nièce favorite, sûrement.
— Et toi ? Quoi de beau ?
Cette question, je la déteste. Celle qui consiste à répondre notre futur proche. J'ai déjà des pistes et pourtant, je n'ai aucune fichue idée de ce que je veux faire ou devenir plus tard. Évidemment, je compte dans un premier temps quitter mon docile familial pour un petit studio, où je pourrais me poser tranquillement, loin de mes parents – et évitant ainsi de venir aux repas familiaux, je serais épargné de pas mal de choses, sauf financièrement –. Trouver un job étudiant, et... non, je ne sais même pas qu'elle université où je me dirigerais.
J'appréhende déjà l'inconnu. Certains ont déjà en tête ce qu'ils veuillent devenir. Pas moi. J'ai l'impression de ne pas être normale. Un boulet. Ma meilleure amie m'a conseillé de suivre ma passion. Ce n'est pas simple. Soit je dois passer des auditions si je veux devenir comédienne et rencontrer mes idoles. Le milieu est plus complexe que tout. Alors c'est foutu. J'aime bien cuisiner mais si c'était pour me mettre sous pression, j'aimerais éviter.
— Recherche d'un petit job, en plus de passer bientôt mon examen de code. Lui informais-je, sur un ton détaché. Je suis un peu stressé, mais j'essaie de me détendre. Et je ne sais pas quoi faire.
Une phrase sort de ma tête. Une remarque préférée des professeurs, qui avait pour effet, de me rendre malade « Pensez à votre avenir, c'est important ! ». A croire qu'on serait en échec si on ne trouvait pas notre réponse et notre direction à prendre. Tout n'était pas à la portée des mains.
Fat Gum me considère, intensément, comme s'il lisait en moi.
— Tu sais, quand ça ne va pas, rien ne vaut qu'un bon repas pour redonner de la bonne humeur !
Cette priorité, je suis en parfait accord.
Après le malaise qu'il y a eu à table, je n'avais pas pu grignoter quoi que ce soit. J'ai faim et mon estomac le confirme avec un gargouillement. Maintenant que j'ai le sourire, j'acquiesce doucement et je regarde le paysage défiler derrière la vitre, qui exposait également mon reflet. Je ne le remarque que maintenant, mais ça sentait la lavande dans la voiture de Tai. C'est agréable, ça me détend. Dehors, je repère des piétons marcher sur le trottoir, parmi eux, une personne promenait son chien en laisse. La lignée des arbres faisaient un abri pour eux, les feuilles les protégeaient du soleil qui animait les cieux, dégagés, d'un bleu clair si vaste qu'on pourrait s'y perdre. Après avoir dépassé les feux, j'aperçois un champ de travail. Des professionnels avaient instauré un cadre, avec des barrières tout autour de leur zone de travail, pour s'occuper des égouts. Vêtu de leur veste sans manche, de haute visibilité, muni de leur casque de protection, les employés de chantiers utilisaient de drôles outils en main. Un homme se redresse et essuie la sueur sur son front. Probablement que à force de travailler dans ces conditions, il meurt de chaud.
Et encore, en ce mois de septembre, il faisait encore doux comme climat.
Soudain, une sonnerie s'échappe de la radio. Mon attention se tournait vers l'écran de bord et je plisse des yeux en voyant un nom apparaître, plus des numéros, projeté par le bluetooth. Fat Gum appuie sur un bouton et répond, tout en conduisant.
— Tamaki ? C'est quoi l'urgence ?
On est samedi. Je sais qu'il revenait de sa patrouille, mais je n'aurais jamais cru que ses stagiaires soient encore actifs.
— Un vilain a volé vos données personnelles par un hacking ! J'ai pu le géolocaliser mais Red Riot est partit à sa recherche ! Et il s'avère que le coupable est pas loin de l'endroit où vous avez prit rendez-vous ! Je suis en train de suivre Red Riot !
— Quelles données spécifiquement ? Demanda Fat Gum, sur un ton plus grave.
— Sur notre dernière enquête, sur celui qui s'occupait du transport sur la nouvelle drogue !
En dehors du fait que c'était problématique, j'ai ma conscience, ce coté folle, elle se met à jubiler, à croire que je vais vivre une aventure incroyable et sensationnelle. Mon coté plus lucide, me remet à jour, me rappelant que je serais laissé quelque part, seule, en attend le retour de Taishiro.
— S'il a volé... Et qu'il s'y rend..
Le mains de Tai se resserrent sur le volant. Il grince des dents, marque une pause. Ses yeux jonglent sur la route et moi. Il était dans une intense réflexion. Pas stupide, je capte qu'il fait un choix important. Surtout qu'il s'agit ici, du professionnel et de vie privé. Je suis une civile lambda, une innocente. M'impliquer dans le danger en lui-même, était risqué et pas professionnel. Mettre en péril une vie n'était pas digne d'un héro et ceci pouvait avoir des répercussions. Sauf que à défaut, je ne suis (plus/ quasiment plus) une mineure. Je n'étais pas une grosse fragile, encore moins un nourrisson.
Je lance un sourire rassurant à Fat Gum et je hoche de la tête. Pour limiter ses craintes, pour ne pas être un fardeau, j'acceptais qu'il m'abandonne dans le coin pour qu'il s'occupe de ses priorités. Il lâche un soupir de soulagement et répond au plus vite à son jeune apprenti.
— Je dépose (ton prénom) et j'arrive au plus vite, Sun Eater.
Mon coeur se serre douloureusement à la poitrine. Visiblement, ma journée ne pouvait pas être si terrible. Comme dit une vieille expression, mieux vaut être seul que mal accompagné. Mon chauffeur s'écarte, se rapproche aléatoirement près d'un trottoir pour que je puisse descendre. Entre temps, la voix du stagiaire ajouta :
— Il se trouve à Amerikamura à l'heure actuelle !
Je cligne des yeux. Attend mais... c'est dans le quartier où on se trouve ! Mes yeux s'arrondissaient et pile au moment que j'ai retiré ma ceinture de sécurité, on voit détaler, à grande vitesse, un grand camion benne mercedes. De drôles de types avec cagoules étaient à l'air libre, ce qui alerte immédiatement Fat Gum.
— Merde ! (ton prénom), accroche-toi ! Me hurle t-il, tandis qu'il baisse aussitôt le frein à main.
La voiture vrombisse violemment, dès qu'il appuyait sur le champignon. Je manque de lâcher un cri de stupéfaction et je m'accroche à la barre de ma portière, mon coeur, manqua un battement.
— HEIIIIIINNNN ????!!!!
— Il n faut surtout pas qu'ils s'échappent ! Gueule Fat Gum.
— Attend, je suis pas prête moi ! La porte est à moitié ouverteeeee !!
Je la referme du mieux que je pouvais et au plus vite, je remet ma ceinture de sécurité. Je reprends mon souffle. La vitesse en voiture bat le record, que tout mon corps, est entraîné en arrière, je suis littéralement attirée contre le dossier du siège passager. Je suis en train de vivre quelque chose de palpitant, quelque chose qui ne m'est jamais arrivé auparavant.
Et j'y prend goût. La preuve étant, l'adrénaline qui pulse mon sang me retourne la tête et j'ai un immense sourire plaqué sur mes lèvres. Je n'échappe aucun son, rien ne quitte la barrière de mes lèvres. C'était si intense que tout ce que je mourais envie de faire, c'était de pousser un cri en levant mes bras vers le haut. Ma lucidité me contraint de rester sage et d'éviter de exposer mon coté taré.
Fat Gum trace sa route, rapidement, grille le feu qui virait au rouge. Plusieurs voitures nous klaxonnes après, mais cela s'éloigne au fur et à mesure qu'on s'éloigne. Le héro pousse un grognement et tente de rapprocher sa voiture du camion, dès qu'il bascule le volant sur le coté. On les frôles tout juste. Ma vitre se baisse et je me crispe.
Quoi ? Non ? Il compte communiquer avec eux, sachant que je suis juste, à coté d'eux ???? Tendue et crispée, j'essaie de rester un minimum discrète. J'en viens même à retenir mon souffle !
— Arrêtez-vous ! Leur ordonne Fat Gum, d'une voix suffisamment forte et autoritaire.
— C'est le putain de héro Fat là ! Peste l'un des vilains à ses collègues. Accélère mec !
— T'inquiète, ce gros tas de merde, j'en fait mon affaire ! Il a capturé Roku !
...à l'aide ?
— Si vous ne vous arrêtez pas, je vais devoir employer la force ! Leur menaça Fat Gum.
Non, euh, ohé ? T'oublie que je suis là ? Je le regarde avec un immense sourire, mal à l'aise. Je sue, tellement que je sens que tout va mal se dérouler.
— Allez vous faire foutre, héros !
Le fou, lui adresse un doigt d'honneur et subitement, le camion roule plus vite. Fat Gum grogne. Il imite.
— (ton prénom), penche-toi, couvre-toi ! Me somme t-il.
J'exécute sans broncher et je place mes mains sur ma tête, je ferme automatiquement mes yeux. Ce qui se suivait ne me me mettait pas tellement en confiance. On heurte quelque chose, probablement le camion des vilains. Je me mords les lèvres. Ça lâche des injures puis, surgit des bruits de feu. Attendez, ne me dîtes pas qu'ils sont flingués ?! Oh putain !
Ça grince, ça gueule, ça tire et je me sens protégé par quelque chose de moelleux ? Un peu bizarre. Trop curieuse, je m'efforce à ouvrir un œil et j'aperçois la veste jaune de Tai au-dessus de moi. Naturellement, je m'inquiète. Face à des armes à feu, je doute qu'il ne se retrouve sans blessures. Inquiète, je l'appelle. Je crois qu'on se moque ouvertement de moi, par un des vilains et Fat Gum grogne, plus énervé. Il semble perdre sang froid. Parce que je suis précieuse pour lui et inévitablement, ils avaient trouvé sa faiblesse. Un crissement vient persifler mes oreilles et je devine que ces sales types avaient visés les pneus. On perd de la vitesse.
Évidemment, pour arriver à leur fin, un des vilains fait usage de son alter. On bascule. Le toit de la voiture se retrouve retourné, rencontra violemment le goudron et il s'écrase. Tout s'enchaîne. Un fracas, des éclats, des klaxons, des rires, un pouf qui déclenchait les airbags, un bip sonore et strident, je me sens sonnée et à la fois étouffée. Ma vision se met à brouiller et mes oreilles bourdonnent.
Me faisant violence pour rester consciente, je constate que j'ai la tête en bas, mes jambes pliées, vers le haut. Je suis dans une mauvaise position en plus de l'airbag qui me maintient en arrière. Je plisse mes yeux et tente de bouger. Je peste et remarque que Fat Gum effectue la même chose. Son pied, cherche à défoncer, de force, la porte de son coté. Il faut que je l'imite. J'inspire une grande bouffée d'air, je place ma main pour désactiver la ceinture de sécurité et je pousse comme je pouvais ce gros coussin gonflable pour récupérer un minimum d'espace vital. Je cogne mon pied contre la porte. Putain, ça ne s'ouvre pas ! Et ça me fait mal au pied là ! J'insiste, encore, encore et encore.
Elle cède enfin, bordel !
Je finissais par m'extirper, je tousse, avec cette épaisse fumée grisâtre qui s'échappe du capot. Un œil clos, je me met à ramper, pour sortir totalement. Soudain, on vint me saisir par (l'épaule/cheveux), ce qui me faisait glapir et immédiatement, je relève ma tête et mes pupilles rétrécissaient, horrifiée par celui qui me prend en otage, le regard fou. Il a un sourire mauvais, malsain. Au début, il paraît étonné puis, s'emporte dans un rire aiguë.
— Eh, grosse bouffonne, t'es pas une héroïne ! T'es qu'une gamine !
Paralysé, je n'arrive pas à formuler ne serait-ce, une syllabe. Fat Gum peine à sortir de la voiture, comparé à moi.
— Relâchez-la ! Vociféra t-il, depuis la voiture écrasée.
— Jackpot les gars ! Ça doit être sa gosse ! On a un moyen de pression sur lui ! S'enthousiasma vivement le vilain qui me retient.
En gros, m'utiliser en otage. Je grimace à cette idée. Ce taré continue à rire, victorieux d'avoir remporté un trophée intéressant. Je fronce des sourcils, je refusais clairement d'être un poids pour Tai. Je n'avais nullement envie de me soumettre à la peur. Je veux me sentir fière, j'aimerais sincèrement qu'on cesse de ridiculiser les personnes avec des formes. Ils sont en train de me sortir que ça va être facile de me « dresser ». Sérieusement ? C'est quoi ces mentalités ?!
Moi, je ne suis pas une fille si facile. Et encore moins avec des inconnus qui se comportent comme des putains d'enfoirés.
— Uuh ? C'est quoi ce regard ?!
Ma main prédominante se pose sur le torse de la personne, plus précisément sur un de ses organes qui se situe dans la cage thoracique, derrière le sternum. Je me concentre et je plisse mes paupières, j'envoie ce qu'il faut pour foutre la pagaille. De suite, comme dégoûté par mon coté tactile, le vilain me pousse comme une moins que rien en arrière. Il me postillonne dessus tout en me criant dessus, me traitant de sale demeurée.
J'esquisse victorieuse à mon tour. Un courant d'air passe, faisant écarter légèrement mes habits (et cheveux) au passage. Mes iris (couleur des yeux) dégagent une telle animosité qu'il se crispa. Tout son corps se figeait et il fut parcouru d'un spasme.
Usant de mon alter, j'espère pouvoir gagner un peu de temps. Le nom de mon pouvoir est « emotional ». Il permet de faire réveiller les émotions humaines. Pour que ceci se fasse, il faut toucher le coeur de quelqu'un, pour ouvrir les portes des émotions de ma cible. Jusqu'à présent, tout être humain en ont, il me semble. Bien sûr, les vilains les plus redoutables, je doute que ça puisse fonctionner... Toutefois, chacun a ses réactions. Chez certains, ça fait pleurer, ça rend furieux, ça éveille des angoisses, ça donne le sommeil, les nausées... Bref, la personne est incapable de réagir correctement. Cela ne dure que seulement que deux ou trois minutes, cela dépend en fonction de la résistance de l'individu.
Le désavantage, bien sûr, c'est que je dois bien toucher le coeur. Si je rate de quelques centimètres, c'est inutile, cela n'a aucun effet. D'ailleurs, ceci ne fonctionne que seulement sur un maximum de trois personnes. Je ne peux pas faire plus sinon je tousse beaucoup, mes poumons sont en feu, j'ai de la fièvre et je perd immédiatement connaissance. Je le sais, car je l'ai déjà essayé, par curiosité. J'ai regretté après. C'était un peu comme si j'avais chopé une mauvaise grippe. Pour m'en remettre, c'est la galère – déjà prendre des médicaments je ne supporte pas, mais devoir prendre du sirop contre la toux ce n'est pas encore mieux. Raison pour laquelle, je ne trouve pas ceci efficace.
En vrai, ceci avait du potentiel ! Malheureusement, si c'était pour me retrouver malade constamment, que mon corps ne le supporte pas, je ne vois pas en quoi je devrais continuer sur cette lancée. C'est grisant, cependant, je préférais jouer sur ma santé plutôt que de la pourrir. Après avoir consulté un médecin, avoir échangé avec lui, même lui, me conseille de ne pas abuser, que c'était risqué. Que ceci pourrait me conduire à avoir de l'asthme, que je devrais prendre de la ventoline et d'autres médicaments qui me seront prescris. Chose que je ne veux pas.
Déjà que c'était difficile le sport pour moi, être en plus confronté à des problèmes respiratoires ? Non merci. Je passe.
Surprise, je constate que le vilain tremble, il perd des larmes. Ses mains se dirigent vers sa cagoule et des points d'interrogations flottent, invisibles, au-dessus de sa tête. Ses alliés sont alertés dès qu'ils l'entendent hoqueter et éclater en sanglots.
Vite, je dois me dégager d'ici et aider Fat Gum !
— (ton prénom) !?
— Je ne te laisse pas ici !
Après avoir contourné la voiture, je force sur la portière, je parvins à ouvrir. Fat Gum ressort difficilement et se redresse aussitôt. Il vint aussitôt taper son poing sur la paume de sa main, déterminé à contre-attaquer comme il se doit. Tantôt, le héro fonce vers la troupe de vilains. Lorsque l'un d'eux, ne pointe une arme vers moi. Ahurie, je tente désespérément de plonger sur le coté, espérant pouvoir échapper à cette balle. Taishiro crie mon nom, choqué, n'ayant su prédire ce coup bas. Il tendait son bras droit, en quête d'amortir la balle, en vain.
Puis, surgit de nul part, une silhouette. Mes yeux s'écarquillaient, dès que j'apercevais une cape blanche flotter sur le coté.
Un coquillage, semblable à une palourde géante, vient s'interposer. Celle-ci, réceptionnait la balle volante qui m'était destinée. Émerveillé, j'admire mon sauveur. Sa capuche se détache de la base de son crâne, s'échouant vers l'arrière, réveillant une chevelure bleu nuit. De courts mèches flottent sur le coté.
Le costume était une sorte d'une combinaison noire décorée avec des placages dorés autour de ses bras et de ses épaules. Cette personne porte une tunique blanche avec une cape et une capuche de la même couleur. La capuche comporte elle aussi des placages dorées à son sommet. La cape est connectée à un col qui ressemble à une écharpe qui comporte un masque argenté sur le devant. L'individu porte également un masque transparent sur ses yeux avec le contour doré et une veste violette avec une multitude de sacoche dessus.
Là, après avoir fait le lien entre la tenue et la photo, j'identifie très vite de qui il s'agissait.
Sun Eater, le disciple de Fat Gum venait de faire son entrée. Et je devais l'avouer, il était incroyable. Quelle classe... !
plus loin, j'entends un cri de guerre. Un rouquin se ruait sur les vilains, ses avant-bras se durcissaient, avant même qu'il ne saute, littéralement, sur le premier venu, l'abattant d'un coup sec et bien précis.
— Red Riot, le chauffeur ! L'interpella Sun Eater, en écartant son bras en direction du camion, qui démarrait, prêt à fuir.
— J'm'en charge ! Répondit son coéquipier, réactif.
Il se tape un sprint, puis cria à plein poumon.
— Arrêtez-vous ! Vous êtes en état d'arrestation !!
Red Riot accélère la cadence et parvint à sauter par dessus le camion benne mercedes. Ils s'éloignaient, je les perdais de vue. Mon coeur battait à la chamade, tandis que j'observais au mieux, ce qui se déroulait sous mes yeux. Je me trouvais aux premières loges, d'une scène d'action, qui ne se répétera sûrement pas une prochaine fois.
Pendant ce laps de temps, le garçon aux longues oreilles plates faisait usage de son autre bras, qui se métamorphosait en quelque chose de plus fluide, plus nombreux ; des tentacules. Abasourdit, j'assistais à l'arrestation d'un énième vilain, qu'il soulevait avec son alter, l'élevant dans les airs. Captif, sa victime cogite, grogne et commence à manquer d'oxygène au fur et à mesure que les tentacules resserrent la prise. Pour le garder conscient, l'aspirant héro s'arrête, sachant où sont posés les limites.
Époustouflé par sa démonstration et son acte de bravoure, mes pupilles doivent probablement briller, éblouis par lui. Mon coeur se mit à tambouriner de plus belle dans ma poitrine. Non pas que je venais d'attraper le coup de foudre, non, ça je ne l'ai qu'avec des acteurs, des personnages fictifs et...
Mon sauveur pivote légèrement, décale son pied nu sur le goudron et tend sa main vers moi. Ses mèches bleus nuits flottent légèrement et son regard se pose sur moi. Pour quelqu'un qui était sensé être introverti, de timide, il me demande, naturellement :
— Vous allez bien ?
J'entrouvris mes lèvres. Pas un seul mot ne sort, je suis tout simplement stupéfaite. Il m'impressionne. Je suis complètement captivée par lui. Il m'éblouit. Il me sonde du regard, attendant à ce que je lui réponde de vive voix, ou bien par un petit geste. Mes oreilles n'entendaient que le son de mon coeur, qui je devais bien l'avouer, menaçait d'exploser à n'importe quel instant.
Pas question de me laisser être berné par des apparences. Avec mon sens de l'observation, sur les relations de mon entourage, les plus beaux sont en couple. Ou alors ce sont des joueurs. Un aspirant héro aussi incroyable tel que lui, à coup sûr, il devait avoir quelqu'un dans sa vie. Je ne dois pas me faire d'allusion. Je dois rester lucide. Réaliste.
Concerné, le dénommé Amajiki Tamaki répète.
— V-Vous... allez bien ?
...Par la sainteté des Dieux de l'Olympe !
Il me plaît ! Il est mignon ! Putain de merde, on joue avec moi aujourd'hui là !!!!
Non. Je dois résister. On inspire et on expire. Je suis lucide. Réaliste. Aucune chance avec ce gars-là. Il a un bel avenir. Il est beau. Moi je suis un écureuil bien rond, qui se nourrit convenablement, qui passe ses journées à procrastiner, à grignoter, ou papoter avec mes amis, traîner sur mon portable pour des trucs rigolos, des vidéos ou des séries, lire des trucs mais..
Je suis réaliste. Ok ? Je suis réaliste, réaliste, réaliste, réaliste... je ne simp pas pour qui_
— Euh.. m-mademoiselle ? S'inquiète mon héro, il se penche légèrement.
Ahahahaha !.... Je simp pour lui. Nouveau crush débloqué dans ma vie de non-otome.
— Ouais, vous me plaisez.
— Hein ?
— Hein ?
Ensemble, à l'unisson, on se fige et on tire une tronche comique. Pourquoi faut-il que mon défaut ressorte comme ça ?! Déjà plus tôt j'ai fait la bourde d'écrire cash à l'autre ce qui a provoqué la merde, et là je sors cash qu'il me plaît ? Mais j'ai une case en moins ! Il va me prendre pour une demeurée ! Avec une facilité déconcertante pour trouver une excuse, je rajoute, sur le point de l'humour, avec un rire nerveux qui me quitte le fond de ma gorge :
— Aahahaha ! C'est ce que doivent vous sortir les filles dès que vous entrez en action !
— Je... non...
— Ah !
Un blanc s'installe. J'ai enfoncé le clou toute seule et je me sens embarrassé. Je me mords les lèvres tandis que lui, semble aussi gêné. Il retire sa main qu'il me tendait, se ravisait à se montrer tactile avec moi et pour ce coup-là, je m'auto-insultait. Si je n'avais pas fait cette gaffe, je lui aurais touché sa main. Non pas que je n'ai jamais touché un garçon de ma vie, mais lui, c'est une autre histoire...
Brisant ce silence pesant, j'aperçois et j'entends le coéquipier de Sun Eater se rapprocher, agitant sa main en haut, avec un sourire victorieux. De son autre main, littéralement, il traînait au sol le vilain, KO.
— C'est bon senpai ! J'ai arrêté ce type...
— Bien joué. Lui félicitait son supérieur, visiblement.
Le sourire qu'ils s'envoient mutuellement... était rayonnant. Ils sont incroyables.
— Oh ! Alors c'est toi la protégée de Fat Gum ?!
Je sursaute à cette mention. Red Riot m'adresse un sourire jusqu'aux dents. Comparé à son partenaire, lui, était plus à l'aise à communiquer. Il était une vraie boule d'énergie et charismatique, en plus !
— Enchanté ! Je suis Kirishima Eijiro ! Se présente t-il en s'inclinant respectueusement devant moi. Et lui, c'est mon senpai, Amajiki Tamaki !
Je le considère et étonnamment, l'aspirant héro remet sa capuche. Timide, il fuit son regard du mien, il pince ses lèvres, tentait de abaisser au mieux le bord de sa capuche, comme s'il cherchait à disparaître de mon champ de vision. Tiens, il a perdu toute son assurance d'un coup...
— E...Enchanté, osa t-il finalement à sortir de sa bouche, tout en bégayant.
— Je suis (ton nom) (ton prénom) ! Ravie de faire votre connaissance à vous deux !
— Super. Maintenant que vous avez fait connaissance.....
A nous trois, on sursaute et on fait volte-face face à un géant rond qui surgit derrière nous, avec une voix grave. Pour une raison quelconque, j'ai l'impression de me faire fusiller du regard... j'ai un frisson qui me déchire l'échine et je me crispe dès que les grandes mains de Tai qui me prennent par les épaules. Il rapproche son visage du mien, tout sombre.
Là, je capte et j'appréhende déjà son sermon. Je grimace et je grommelle silencieusement, je détourne mon regard.
— Tu as conscience que tu as utilisé ton alter là ?! Tu as une chance inestimable que aucun de ces types ne t'ait agressé ! Blessé ! Tu imagines un peu si ça s'était produit ?!
— Ca va, je n'ai rien. Je me défends en bougonnant.
— Ne sort pas ça à la légère ! Tout n'est pas si facile ! Le monde n'est pas rose !
Traité comme une enfant, je me faisais bien incendié par mon tonton. Tout partait d'une bonne intention, mais je l'entendais d'une autre façon : « Laisse, tu es fragile », « Tu n'es pas une héroïne », « Tu es à protégée ». Ça me fend le coeur. Oui, il ne me l'a pas formulé de cette manière. Oui je suis consciente que je suis dans l'exagération. Cependant, je l'interprète comme ça. Je ne suis pas en polystyrène, merde ! J'ai des notions de self-défense, surtout en cas d'agression ! Les coups de boules, les sprays au poivre, viser les castagnettes, morde, ... J'y connais un peu, mince quoi !
Pour moi, je suis fière de m'être défendu. J'ai géré. Je peux m'estimer fière d'avoir su prendre au dépourvu ce voyou. N'importe qui aurait été pétrifié à cet instant. À pleurer et à murmurer, en détresse un « à l'aide » d'une voix ébranlée. Ce qui n'était pas mon cas. Je suis fière de m'être montrée forte.
En dépit de ces pensées, mes poils étaient toujours hérissés. Je me sens toujours tendue. Mon coeur bat vite, il n'a pas retrouvé son calme et ma gorge me brûle. Mes yeux me piquent un peu, mais j'essaie de surmonter ces inconvénients, qui tentent désespérément de prouver à cet homme que j'avais peur. Non pas que je voulais pas assumer ma trouille, mais je voulais, tellement, tellement, tellement lui démontrer que je ne suis pas fragile, que je suis une vraie bête et dure à cuire.
Les bras de Fat Gum s'enroulent autour de moi et il me plaque en douceur contre son corps. Ma tête se retrouve contre son ventre, que je trouve très moelleux. Je rougis un peu, appréciant ce contact. J'étais facilement câline avec mes proches, alors ça me fait un peu plaisir. Ses mains, sont fébriles, je le sentais surtout lorsqu'il en posait une sur ma tête. Je plisse mes paupières, mon coeur se tord, me rappelant que j'étais folle d'avoir agit tête baissée plus tôt, que j'aurais pu être en danger, que Tai aurait pu lui aussi, être en danger.
— J'ai eu si peur pour toi... Me souffle t-il.
Son attention me touche vraiment. Son coeur bat si vite, je l'entends bien et ça me rend triste. Je n'aimais pas savoir ceux que j'aimais mal. Doucement, je vins lui frotter son dos, espérant le soulager un peu.
— Eh, je vais bien. C'est plus important, non ? Je lui fait remarquer, avec un petit sourire.
— Oui, oui... on peut dire ça comme ça....
Il soupire et finit par me relâcher.
— Ne recommence plus ça. Jamais.
Ce n'est pas ce que je veux entendre.
— Félicitations à vous deux !
Et moi ?
Les garçons opinent doucement avec un sourire. Fat Gum pose ses mains sur leurs épaules, comme s'ils étaient ses fils, ses chouchous.
— Vous étiez formidables !
Pourquoi tu ne veux pas comprendre ce que moi, je veux ? Ce n'était pas compliqué pourtant. Je veux aussi un peu de reconnaissance. Un petit sourire, un clin d'oeil, un soupir avec un sourire, un regard remplit de satisfaction. Aucune expression, aucun geste, ni paroles n'est ressortit pour moi.
La fameuse question me ressort de nouveau : « Qu'est-ce que tu veux faire plus tard ? ». Je la hais. Je la méprise. Je ne sais toujours pas. Je pense que j'aimerais un peu de considération, un peu d'admiration. Qu'on soit bluffé par ce que je suis capable de faire. Mon estomac se retourne et je détourne mon regard d'eux. Ce fossé qu'il y a entre moi et eux, est immense. Ils sont tout près du soleil, tandis que moi, eh bien, je suis en dessous, en bas échelle. Une personne sans grosse importance. Je distingue peu après, des journalistes accourir, au même moment qu'une sirène vienne faire irruption. Cette fois-ci, la cohue débarque.
Je m'éloigne, laissant le moment de gloire aux plus méritant. Je n'ai pas ma place dans leur monde. Je suis différente, inutile, juste une personne lambda parmi tant d'autres, bien que je n'ai, que ma bonne humeur avec moi, et mes rêves irréalisables.
Échappant, m'éloignant de tout ces gens, j'ose imaginer un scénario dans ma tête. Si je n'étais pas aussi fragile niveau santé, mon alter aurait été plus utile, putain. J'aurais été sous les feux des projecteurs et on me couvrirait d'éloges, comme les garçons. Je n'ai pas ma place parmi eux. Je devais l'accepter. Et ça, c'était fait depuis longtemps. C'est juste qu'en y pensant, je venais de ressentir une vague de jalousie. Pour ne blesser personne, je m'isole. Une fois bien écartée de tout ce brouhaha, je vins sortir mon téléphone. Putain, avec l'accident, ma coque est un peu endommagé et j'ai une petite fissure sur mon écran. Coté positif, elle fonctionne, cela aurait pu être pire.
Je constate en haussant mes sourcils, un nombre d'appels manqués, qui venaient surtout de Jess, avec laquelle, je me suis embrouillé. Je n'avais pas besoin de ça. Je soupire et tout en pianotant sur mon (marque de téléphone), je suis surprise qu'elle m'ait tout de même laissé deux messages vocaux. J'appuie et j'écoute, en mettant en haut-parleur, tout en voyant d'autres notifications manqués, cette fois-ci, de YouTube ou encore de mes conversations manqués.
« Ecoute, je sais que tu passes une mauvaise journée, pas la peine de propager ta sale humeur aux autres. Comme je suis sympa, je te pardonne. »
« Rappelle-moi, tu viens de passer sur une vidéo d'un Youtuber là ! »
... Uh ? Vidéo ?
Je fronce des sourcils et je file en vitesse sur YouTube. Ma mâchoire redescend très bas, en constatant, sur les news ; un type, qui se trouvait peut-être pas loin de la scène plus tôt, venait de tout filmer. La voiture qui s'était retournée, des voyous qui nous attaquaient, de ma sortie, de ma lutte et mon sauvetage désespéré à Fat Gum, jusqu'à l'arrivé de ses deux stagiaires. Je suis estomaqué et je remet en replay. J'écoutais surtout, les commentaires de la personne qui filmait tout ça.
« Wesh, c'est qui la grosse qui sort ??? Genre, elle vient de faire chialer le vilain !!? Hein ?! D'où elle connaît Fat Gum ??! »
Ma mâchoire se contracte et je serre des dents. Ma main se resserre sur le téléphone et il complimente surtout les garçons. Je me prenais, des moqueries de cet influenceur, qui visiblement, avait plus de 10k abonnés sur sa chaîne...
« Mais MDR, elle bouge même pas son cul, vous avez vu ça ?! Elle est toute émoustillée dès que le gars lui tend sa main là ! Elle est tombée amoureuse là !! Rêve pas, c'est pas avec ton look qu'il voudra sortir avec toi !! L.O.L. ! »
J'arrête immédiatement la vidéo. Cet influenceur sait-il que ses paroles peuvent blesser ?? Pourquoi il se comporte comme un gros ingrat ? Dans l'espace des commentaires, il y avait beaucoup de personnes, qui l'insultait, le traitait de grossophobe. D'autres riaient, ou se contentaient d'admirer la vidéo. Il y en a qui balancent des théories sur qui je suis puis, ça lance des éloges sur l'intervention des aspirants héros.
J'inspire une grande bouffée d'air. Mes yeux s'humidifient, ma gorge se noue et j'ai l'impression que mon nez est prit. Je cherche dans mes poches, si j'avais un paquet de mouchoirs. Je n'avais rien et là, je me met à rire. Un rire brisé et triste.
— Euh.. excusez-moi...
Je pivote légèrement et mes yeux considèrent une paire d'orbes plus sombres. Dans mes pensées, tout est brouillon et je pense que je délire. Il y avait une caméra cachée quelque part, prêt à surgir de nouveau rien que pour zoomer mon visage ? Mettre en avant ma réaction ? Sun Eater me tend un mouchoir en papier et je jauge ceci en plissant mes yeux. Je n'ai pas envie d'être réconforté. Il se pourrait qu'il se joue de moi. Je ne suis pas dupe.
— Lâche-moi, crachais-je en tournant les talons.
— Ah_...
Derrière moi, il tirait une sacrée tronche. Apparemment, il ne s'attendait pas à un refus de ma part, en plus que je venais de le tutoyer. Il cachait bien son jeu ce salaud, il devait rire de moi. S'il était venu me chercher, c'était sous les ordres de Fat Gum. C'était d'une évidence...
— A-Attendez ! Acceptez au moins ce mouchoir...
— J'en veux pas.
Habituellement, je ne suis pas en froid avec qui que ce soit. Mais j'avais eu ma dose aujourd'hui. Je vais aller quelque part, m'isoler et faire genre que Tai m'a laissé en plan sur la route, comme ça mon père viendra me récupérer sur la route. Je renifle, j'essuie à la va vite cet écoulement nasale du revers de ma main et j'essuyais hâtivement sur mon pantalon que je mettrais rapidement dans la machine à laver, une fois chez moi.
— Tu peux dire à Fat Gum que je rentre chez moi. Bonne continuation à vous.
Avec politesse, je le salue avec ma main, sans même lui adresser un regard. Je n'en voyait pas l'utilité. Ma voix était légèrement étranglée et j'essaie de paraître normale et de sourire en gardant la tête haute.
— Mais votre nez... il coule... Insiste Amajiki.
— Non, c'est la magie du pollen. Allez, au revoir et à jamais_
— Cet influenceur a tout faux.
Je me stoppe dans mon élan et de mes yeux ronds, je tourne ma tête, regardant par dessus mon épaule, la silhouette de l'aspirant héro, me sonder du regard, très sérieux, retrouvant son courage. Au début, j'ose croire que j'ai mal entendu. Que mon cerveau me jouait des tours. Alors que non, dès que je l'aperçois prendre les devants, effectuer quelques pas pour réduire la distance qui nous sépares, j'ai l'impression que mon souhait était exaucé. Avec une autre personne.
Il poursuivait, conscient de ce qu'il me transmettait, et ce garçon, savait pertinemment qu'il avait une touche. L'aspirant héro avait noté qu'il avait capturé toute mon attention. Cette fois-ci, plus près de moi, il me désignait le mouchoir en papier, espérant que je m'en accapare et le remercie pour sa gentillesse.
— Personne n'aurait eu le courage de lutter. Beaucoup se seraient laissés faire. Ou auraient fuit dès que l'occasion se présentait. Tu es venu secourir Fat Gum alors qu'il était encore dans la voiture. Tu as été très brave.
Chaque mot qu'il employait, avait pour effet, un baume à mon coeur. En plus il me tutoie, il a changé de ton avec moi. Sun Eater m'adresse un sourire sincère et hoche sa tête.
— Cet influenceur n'aurait pas eu les tripes de faire ce que tu as fait. Tu as été exceptionnelle.
— Merde.. Lâchais-je en baissant ma tête, incapable de lui faire face, maintenant.
— H-Hein ? J-J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ??
Amajiki s'inquiète et se met à bafouiller. Il se sent maintenant mal à l'aise et cherche désespéramment une quelconque aide extérieure. Sauf qu'il est seul et qu'il allait devoir prendre ses responsabilités. Gêné, il se met à paniquer, il s'agite, me sort toute une longue liste d'excuse et surtout, il se rabaisse ?
— Ahhh désolé ! Désolé ! J'ai fait une gourde ? Je ne sais pas consoler, je euh.. ah quel imbécile je fais... quel incapable... comment fait Mirio dans ces occasions ? Je ne sais pas faire rire moi ! Lui sait y faire mais moi... ahhh... n-non ne pleurez pas...
— J'pleure pas ! M'exprimais-je avant de lui voler, de sa main, le mouchoir.
Il se fige. Je me retourne et me mouche dans le papier. Je hoquette et je recommence, les larmes embrumaient mes yeux et ça pique. Merde, voilà mon coté sensible qui ressort... Contrairement à ce qu'il pensait, il m'avait très bien consolé. Il m'avait revalorisé, avait pointé les cotés positifs et ça m'avait atteint. Franchement, à coup sûr, je fais pitié.
Mes yeux baissés, je repère son ombre effectuer un mouvement. L'aspirant héro semble tendre sa main dans ma direction mais se ravise, il range son bras.
— Je...
Le coupant dans son élan, je lève mon poing en l'air. J'aborde un grand sourire et je fais un bond vers le haut, comme ferait une petite fille. Je me retourne et il sursaute, étonné.
— Il me faut plus pour m'abattre ! Beaucoup plus !
— Euh... D-D'accord... ?
— Bon, faut que j'y aille, à plus !
— Non, attend !
Amajiki me retient encore. Je le considère, tout en gardant mon sourire. Avec ma blague pourrie pour alléger l'atmosphère, je glousse :
— Quoi ? Tu veux m'inviter dans une boulangerie ?
— Hein ?! S'esclaffa le garçon en tenue de héro, son visage devint rouge en une fraction de seconde, puis, se mit à secouer frénétiquement sa tête, ses mains devant lui, comme pour faire barrage entre nous. N-Non !
Une réaction mignonne. Il me faisait sortir mon coté taquine et je tentais au mieux de garder ceci sous verrous. Inutile de me faire de faux scénario entre nous deux. Parce que je doute qu'on se retrouvera, un autre jour. Il fallait être réaliste.
— Fat Gum s'inquiète pour toi, tu sais, m'explique t-il, plus sérieusement, en perdant doucement ses rougeurs, il ne serait pas d'accord que tu rentres seule...
— Je suis grande et débrouillarde, merci de ta compréhension.
Je tourne les talons. Encore une fois, Amajiki essaie de me retenir. Je rejoins mes doigts derrière mon dos en lui adressant un sourire forcé par dessus mon épaule.
— Je ne lui serait qu'un boulet si je reste près de lui.
— Ce n'est pas vrai !
Son ton avait changé et sa voix s'était haussée. De ses yeux sombres, il me fixait sérieusement, les sourcils légèrement froncées. Il se rapprochait, réduisait notre distance et je le laissais faire, écoutant son rappel, sur mon courage et que j'ai été utile pour mon tonton. De son sourire sincère et bienveillant, il vient poser sa main sur ma tête et je sens mes joues chauffer. Mon coeur grossit devant ce geste si doux, si délicat. Tout mon être désirait anéantir ce qui nous séparais. Mais ce n'est pas possible.
Mes yeux (couleur des yeux) s'ancrent dans les siens. On se jauge un court instant, on demeure silencieux puis soudain, son expression se modifie, radicalement. Il tremblote et retire hâtivement sa main de moi, il s'éloigne et se dirige machinalement vers un arbre et cale sa tête contre, s'enroule de ses bras autour de son ventre. Il est pâle et se met à murmurer ;
— Elle est de la famille de Fat Gum... je fiche quoi moi à la toucher ? Elle ne m'a pas repoussé alors que c'est tordu et familier ! ah.. mon ventre me fait mal, les interactions avec les autres c'est compliqué.. ahhh...
What the fuck ? Il fait un rituel ou une communication avec un arbre ?
Je m'avance jusqu'à lui. Je le regarde, puis ce grand arbre, encadré par des dalles gravillonnés. Aucun déchet n'était déposé par ici, ni devant quelques magasins qui se trouvaient sur notre droite.
— Tu fais quoi ? Tu envoies tes pensées à l'arbre et l'arbre te donne son énergie ou ses secrets aussi ? T'es du genre à ne faire qu'un avec la nature ?
— Hein ?! N-non ! Je...je...
Sa timidité – ou alors son anxiété – le pousse à s'écarter de moi, il contourne l'arbre et je fais de même, je l'imite, non pas pour me moquer de lui, mais parce que j'essaie d'apprendre sur lui. Je l'encourage à terminer sa phrase, je le soutien à reprendre, tout en souriant. Alors que je le voyais entrouvrir ses lèvres, en rougissant énormément, je m'attendais à ce qu'il prenne parole.
Quelqu'un le coupa dans son élan. Je me tourne vers l'individu, bien énergique.
— Vous êtes là !! S'écrie Red Riot, il court vers nous.
Kirishima commence à nous rejoindre et innocemment, il cligne plusieurs fois des yeux et penche sa tête sur le coté, en haussant un sourcil.
— Vous jouez à quoi ?
— Au chat et à la souris, je suis le chat. Je lui répond vivement.
— On ne joue pas... Proteste faiblement Amajiki. Il parle si bas qu'on ne l'entendait pas.
— D'ailleurs, il a débuté le jeu son collègue, il s'est mit à se coller à cet arbre !
Le roux a des yeux ronds.
— Ah bon ?? Mais pourquoi ??
— C'est ce que je cherche à élucider !
Je fais un câlin à l'arbre sous le regard outré de Sun Eater. Il grince des dents et glapit, comme un lapin apeuré qu'il se fasse attraper.
— Ô Seigneur des arbres, révèle-moi les secrets que Sun Eater te fais passer ! En échange, promis, je veillerais à arroser un peu plus souvent mes plantes !
— Ouais, s'il vous plaît grand arbre ! Rassurez-nous, senpai va bien ?! S'emballe naïvement l'autre aspirant héro en serrant ses poings, il plie ses jambes, comme s'il parlait à un être tout-puissant.
— ...je vais bien, vraiment..._
— Prêtez-nous votre puissance ! Oooohhh !!
Cette fois-ci, vraiment, je jouais. Et le pire, le rouquin m'avait rejoint dans ma folie. Je continuais de faire ce cinéma, ignorant royalement, les regards des inconnus qui devaient bien nous prendre pour des demeurés qui avaient fuis l'asile. Peu de temps après, Fat Gum nous avait rejoint. Il n'avait rien dit. Il s'était contenté de rejoindre l'arbre en faisant signe à son disciple, qu'il exécutait son ordre.
Avec les six mains appuyés sur le tronc rigoureux de l'arbre, à trois, on se met à crier en choeur, plus que sérieux et déterminés :
— Révélez-nous toutes ses confessions !!!!!
— HIIII ???!!! M-Mais vous êtes pas bien ?!
Le pauvre Amajiki, venait immédiatement de s'éloigner de la grande plante extérieure. Il avait son bras plié devant lui, tandis qu'il tirait une expression digne d'un comédien terrifié dans un film horrifique. À nous trois, on se met à rire suite à sa réaction, on l'avait poussé à bout et très vite vexé, il ronchonne faiblement et passe au-dessus de sa tête la capuche de sa cape blanche. Ses yeux coupent tout contact visuel avec nous, désapprouvant notre méthode enfantine pour le faire détacher de son coin.
Mon instinct me dicte de ne pas regarder Taishiro. Même si j'allais un peu mieux, ce n'était pas pour autant que je me sentais capable de lui faire face de nouveau. Je pense avoir eu ma dose d'émotions aujourd'hui. Je tente de m'éclipser, en vain. Sa grande et imposante main gantée se pose sur mon épaule et immédiatement, je me crispe. Je n'étais pas prête. Et il allait me forcer.
— Je... Te dois des excuses.
...Uh ? Pardon ? Qu'est-ce qu'il lui prenait tout d'un coup ?
Je le dévisage, secouée.
— Je me suis emporté plus tôt. Je t'ai mise en danger, tu m'as aidé et pourtant, je t'ai fait un sermon au lieu de te remercier. Et ensuite, je n'ai pas vu quand tu es partie... Heureusement, Tamaki me l'a fait savoir.
Amajiki ? Il est le premier à avoir remarqué mon absence ? C'était lui qui lui a pointé ce qui m'avait blessé ? Je lance immédiatement un regard dans sa direction mais ce dernier, reste dos à moi et il m'empêche d'avoir accès à son visage. Je fais une moue vexée, j'aimerais aller lui secouer les épaules et lui... et lui quoi ?
Qu'importe, ce qui était le plus important à l'heure actuelle, c'était que j'avais reçu des excuses et remerciements de la part de Tai. Ça réchauffe mon coeur et je me faisais violence pour pas que ma gorge me pique à nouveau et que mes yeux s'humidifient. Avec un immense sourire, je place mes mains sur mes hanches et fière comme le coq, je libère ma vantardise un peu. L'adulte rit de bon coeur et adresse un regard vers ses disciples, leur suggérant un restaurant – qu'il m'avait aussi promis avant –. Sans refuser, Kirishima opine du chef, tout rayonnant tandis que Amajiki soupire, mi-amusé et mi-épuisé par ce remue-ménage qu'on a fait plus tôt.
À pieds, on s'était rendus dans un fast-food. On avait au début fait un débat sur quel restaurant prendre, mais malheureusement, ceux qu'on voulait était déjà remplis. Finalement, on s'était rabattu sur un choix plus tranquille et moins coûteux. Ce n'était pas pour autant que ce n'était pas mauvais. Après avoir fait nos choix sur les bornes électriques, avoir récupérés nos commandes, on choisissait une place libre et on s'y posait, sur ces confortables canapés fluo qui couinaient dès qu'on posait nos postérieurs dessus. Nous étions plus du coté mur que des fenêtres, et un paravent en bois cachait une partie de la table rectangulaire en bois. Avec nos plateaux rouges, la grosse majorité de la table est envahie, à un point, où on se demandait si on aurait de la place pour poser nos coudes.
Au-dessus de nous, une suspension en bois, simple, éteinte. Derrière moi, une grosse affiche avec ce célèbre slogan « bougez, mangez, maigrir ! ». A coté de Kirishima, lui, il avait une affiche d'une belle femme qui portait un enfant dans ses bras avec un « mangez cinq fruits et légumes par jours ! ». Dans cet espace, on sent l'odeur de la friteuse, des hamburgers. C'était assez animée pour ce week-end, les employés travaillaient dur – et c'était surtout des étudiants qui étaient à la tâche, pour qu'ils puissent financer leurs études, sans doute. Le sol en carrelage ne brillait pas et n'était pas tout à fait nettoyé. En revanche, la table, elle puait à la javel. C'était tout récent même. Les garçons ne semblent pas trop s'en soucier là-dessus. Par contre moi, ce qui me perturbe le plus...
C'était que depuis notre entrée, bien évidemment, on attire les regards. Fat Gum est caché par le paravent. Cela n'empêche pas d'entendre les murmures des gens jusqu'à nous, y comprit le personnel. J'essaie de faire abstraction à cette ambiance assez... tordue et j'ouvre l'emballage de mon double cheese burger. Je m'empiffre dans la seconde dès que j'apercevais ce pain bien garnis de fromage.
— Ah. Je n'ai pas eu de ketchup... Constata Amajiki, avec une bouille attristée.
— Quoi ?! Attend, je vais leur demander !
Serviable, Kirishima se lève sur le champ et quitte la table pour aller faire la réclamation à la réception. Dès que je levais mes yeux pour suivre son parcours, je notais que des filles bavaient sur lui uniquement pour sa musculature. Je ne les blâment pas.
— Tu sais Tamaki, un jour il faudra que tu agisses par toi-même. Lui sort Fat Gum tout en mâchant son hamburger.
— Je... je sais.
Attentive, j'écoute leur échange tout en mangeant.
— Il faut vraiment que tu prennes confiance en toi. Personne ne vas te manger !
— Je sais bien. Répète t-il à nouveau en grimaçant.
— Tu as aussi des capacités de leader !
— Je sais. Se bute t-il en serrant son hamburger.
Ce sujet est tabou. Il se braque et j'arrive à le comprendre. Il me représente parfaitement quand je suis avec ma famille.
Si c'était aussi facile de changer, de plaire aux autres, l'avis des autres se montrerait peut-être moins dure. Ces critiques nous passeraient au-dessus. Il existe des personnes pour qui, chaque opinion, ils s'en foutent et vivent leur vie à fond. À vrai dire, je m'inspire de ces gens-là, j'essaie de me construire une personnalité aussi forte que ça. Pour ne pas vivre dans le regret. Construire cette barrière, ou nous mettre dans notre bulle demande un gros effort et surtout, garder la tête haute.
On a tous un ying et un yang. Une partie de lumière comme une partie d'ombre en nous. On a tous un défaut. Et il fallait l'accepter. Chez certains, ont peut switcher nos personnalités. Ce qui est en partie mon cas. Je me montre sociable quand j'ai envie. Quand je ne me sens pas à l'aise, je dévoile mon coté têtue et je me braque.
— S'il n'y est pas allé, c'est parce qu'il peut se passer de ketchup. Je défend. Tous deux me regardent, étonnés.
— Tu penses vraiment (ton prénom) ?
J'opine. Je remarque que Tamaki me fixe intensément. Et, doucement, il esquisse un sourire. Je rougis et je met dans ma bouche mon cheese burger.
— J'ai ramené le ketchup ! S'exclame Eijiro, tout souriant. Il donna le petit sachet à son camarade qui le remerciait gentiment. Vous parliez de quoi ?
— De prendre confiance en soi. Soupira son mentor, en fermant ses yeux.
— Oh, ouais, ouais, sérieusement senpai, vous assurez grave !!
Immédiatement, comme si ce terme était le déclencheur même pour vite valoriser Amajiki, je retiens de pouffer en le voyant rougir violemment. Le garçon aux cheveux bleu nuit se couvrit le visage avec ses bras.
— T-Trop rayonnant... arrête...
— Heiiin ?
À les regarder, j'abaissais ma nourriture et avalais goulûment (la viande/ le soja) dans ma bouche. Je battais des cils et naturellement, je sortais :
— Un papillon...
— Hein ? Lâchent les deux garçons en me fixant.
— En fait, Amajiki, tu es un papillon de nuit. Tu es attiré par la lumière... tu essayes de te montrer mais tu restes néanmoins timide...
Je grattouille ma joue avec un petit sourire. Cette comparaison est en effet, amusante. Mais il est vrai. Amajiki souffle, il me sourit gentiment et abaisse ses bras – il m'autorise à avoir accès à son visage. Je dois bien avouer qu'il fait battre mon coeur. Il est mignon. Vraiment.
— Il est clair que je suis attiré par les personnes qui rayonnent...
Ma bouche forme la lettre « o » et mes sourcils se haussent. Ma voix sort instinctivement et trop naturellement.
— Je t'attire alors ??
— Cependant, ceux qui rayonnent trop... ça me fait mal au ventre...
Meh ?
Je ne sais pas ce que je dois relever en premier. Entre le fait qu'il m'ait ignoré et entre ça. Kirishima mange. Il a un peu de sauce qui dégouline du coin de sa lèvre et qui glisse jusqu'à son mâchoire. Ses yeux rouges zieutent entre moi et son senpai. Il avale et se met à rire doucement, comme s'il cherchait à dissiper tout malentendu.
— T'inquiète, (ton nom), avec moi, c'est rare qu'il ait mal au ventre !
— Cette information n'est pas utile Red Riot... Lui rétorque Amajiki en fermant ses yeux.
— Du coup... s'il rencontre quelqu'un qui brille trop... il se retrouve constipé ? Je questionne, naïvement.
Un silence gênant s'abat à table. L'expression de Sun Eater s'assombrissait et murmurait plus à lui-même en s'apitoyant sur son sort. Dans ses bulles invisibles, j'ai cru comprendre qu'on le harcelait, on se moquait de lui, le ridiculisait et qu'il n'arrivait pas à se faire respecter. Oulah, en fait, je ne capte que maintenant, mais en fait, il broie du noir ! De suite, j'évite de rire avec le rouquin. J'étends mon bras et je pose ma main sur ses cheveux, sincèrement désolé.
En dépit de son secourisme plus tôt, je suis surprise qu'il dégage toujours une odeur délicate chez lui. Le déodorant chez les garçons ont toujours un quelque chose de spécial. Je humais discrètement ce parfum qui me faisait du bien, tout en gardant mes yeux grands ouverts, comme ceux de l'aspirant héro. Ses orbes sombres sont bien ronds et il a l'air de m'étudier intensément, ce qui me fait rougir. Très sincèrement, je ne connais pas ses capacités, mais il sait parvenir à me faire hérisser les poils et me décrocher un frisson dans le dos. Ce type n'a rien de intimidant pourtant. Il n'avait même pas une aura qui fait qu'il dégage un quelque chose de sensationnel.
Effacé, discret, facilement craintif et envieux, Amajiki Tamaki me semble être le type de personne qui aime être dans sa zone de confort, a aimer un foyer stable et sans rebondissement. Plutôt de nature douce et courageuse, il ne se laisse pas se faire massacrer par l'injustice. Nerveux devant n'importe qui, il préfère rester en retrait. Et même quand quelqu'un veut lui faire du charme, il dévie son regard – et ceci était approuvé plus tôt, la caissière du McDo faisait de l'oeil au stagiaire de Tai ! Ça m'a amusé dès qu'il a détourné son regard en maugréant une grimace, mal à l'aise. Sa réaction avait définitivement levé un mur entre cette inconnue et lui. Il était très clair que ce garçon n'était pas une personne qui jouait avec les sentiments de quiconque ou un manipulateur.
Pour moi, ce gars, est une perle rare et unique. Une étoile qui brille plus que ses sœurs dans les cieux.
— C'est tout de même étrange, balance Kirishima, sur un ton sérieux et réfléchit. La tentative de vol des données... pour au final, faire une grosse pagaille en ville alors qu'ils se doutaient qu'on pouvait les localiser...
Ce sujet rompit le contact visuel que j'avais avec Sun Eater. Je récupère la boisson que j'avais commandé qui était devant moi, à peine entamée. Le gobelet était froid et des gouttelettes glissaient tout le long avant de venir s'échouer sur mes doigts. Le son des glaçons qui s'entrechoquaient était minime.
— On a arrêté la menace, mais elle court toujours. Reprit le rouquin en soupirant. Il fronce des sourcils et serre son poing droit tandis que la gauche maintenait le papier enroulé et vide de sa nourriture terminée.
— Je suis d'accord avec toi. Quelque chose cloche.
Amajiki prend appuie sur le dossier du canapé avec son dos. Il croise ses bras, considère son camarade.
— Ce serait plus logique et rusé de leur part d'avoir tout gardé sur clé USB... et avoir lâché leur ordinateur quelque part, on aurait pu galérer à les retrouver...
— On peut m'expliquer depuis le départ ? Je réclame, perdue.
— Eh bien_
— C'est purement professionnel, désolé. Vint couper Amajiki en me lançant un regard indifférent.
Béate, je suis déconcerté par cette réplique sèche de sa part. À contrario, Kirishima était partant pour tout m'avouer mais visiblement, il se ravise après que son supérieur l'ait tranché dans son élan. Je serre mes poings et je fronce des sourcils. Intérieurement, je bouillonne, je trouve cela injuste qu'on me prive de ces informations. Je ne suis pas une ennemie, je ne comptais pas le divulguer à haute voix à n'importe qui, mince ! Je suis gênante ? Autant qu'ils soient clash, je préférerais.
Je distingue que Fat Gum acquiesce, soutient les propos de Sun Eater. Une boule se forme dans ma gorge et de suite, je me sens délaissée. Vexée, encore plus avec lui. Je méritais un peu de considération. C'est bon, ils ne sont pas des agents secrets. Juste des héros. Et en plus, un de ses stagiaires à mon âge et l'autre est carrément plus jeune ! Là, ça me dépasse. Ce n'est pas comme si on papotait de chiffre d'affaire entre deux concurrents, non ?!
Je souffle par le nez et guidée par l'indignation qui me submerge, je peste avant de lever mon verre.
— OK, OK, faîtes comme si je n'étais pas là !
Je bois, cul sec, sous les regards étonnés des garçons.
— Quoi ? Vous voulez ma photo ? Ça vous feras cinq cent yens chacun. Je rouspète.
— Ehh ??? Pour moi aussi ? Mais je n'ai pas d'argent sur moi ! Se plaignit Eijiro.
Il m'adresse un regard attristé, de chiot battu. Je grommelle en fuyant cette bouille. En revanche, je me retrouve à devoir supporter le visage affligé de Tamaki.
— Je... je suis désolé, vraiment, ne nous en veux pas...
Génial, la culpabilité m'écrase, telle une avalanche qui me tombe dessus. Je râle dans ma barbe invisible, je pose mon verre et ma joue contre mon poing, je suis accoudé sur la table. Mon humeur boudeuse me prend le dessus et je suis agacé, de savoir que je suis aussi sensible avec eux.
Je n'aime pas perdre contre ça. Je n'aime pas ne pas avoir la raison. Bon, pas toujours, mais tout de même...
— Bien, si tu veux tout savoir, soupire Fat Gum, cédant à ma caprice, enfin bordel ! On gardait un œil sur une activité. Il y avait des trafiquants de drogues dans le coin et on a capturé un homme qui se chargeait des livraisons. On a gardé en main son réseau et ses contacts mais c'était tout codé et avec un mot de passe. Même s'il était en garde et nos multiples interrogations, il n'a rien avoué. J'ai dû faire appel à des hackers professionnels pour déchiffrer. Sun Eater et Red Riot ont remarqué pendant mon absence, aujourd'hui, me précise t-il, que quelqu'un s'est connecté à mes donnés et a piraté.
— Alors... Ces fous...
— Oui, c'était le gang qui a piraté. Me certifie mon tonton en hochant de la tête. Il déballe son quatrième hamburger de son emballage. Même si je dois avouer que les garçons ont raison, c'est trop facile leur agissement.
— Surtout que l'adresse IP est facilement modifiable, ajoute Amajiki en portant un doigt à son menton.
Le rouquin sursaute et se met à blêmir. Il semble avoir tilté quelque chose trop tardivement.
— J'y pense mais, ils avaient un petit ordinateur avec eux !
— Un petit ? Soulève Tamaki en haussant un sourcil.
— Ouais, mais du genre d'occasion ! Des pas chers !
— Hmmm...
L'aspirant héro aux pieds-nues se met à réfléchir.
— Il serait peut-être plus sage d'interroger directement un des types...
— Quelque chose te chiffonne on dirait. Remarque Taishiro en mâchant sa nourriture.
— Je me dis que on pourrait demander de l'aide, à déchiffrer ces ordinateurs. Je...
Il grimace, il semble pas très certain, mais il avait l'air de tenir une piste.
— Même si rien n'est certain, j'aimerai avoir l'accord pour étudier davantage tout ça...
— Tu as mon accord. Lui sourit doucement Fat Gum. Tu as toute ma confiance mon petit !
— Je vous en remercie.
Reconnaissant, Amajiki lui renvoie le sourire et incline de la tête. Kirishima lève son poing. Sa bouche est recouverte de sauce et de petits pains, ce qui m'amuse. Il n'avait pas l'air du tout de s'en soucier – ou de l'avoir remarqué ?
— Je viendrais prêter main forte ! Je sais que ça fait pas longtemps que je suis avec vous, que j'ai encore beaucoup à apprendre, mais sachez que je ne resterais pas en retrait ! Je vous remercie encore de m'avoir prit dans votre agence, Fat Gum, et senpai !
Après ce discours qui venait tout droit de son corps, il s'incline légèrement et se redresse en me regardant. Il m'éclaircit des points aussi.
— On se demande même si ces personnes ont un lien avec des yakuzas...
— Sérieusement ? Des yakuzas ?
Je ne sais pas comment, mais j'ai évité de avaler de travers la bouchée que j'avais prise juste avant qu'il ne m'expose ça. Les yakuzas sont de sales types, on m'a toujours dit de les éviter le plus possible. Je ne m'attendais pas du tout qu'ils soient eux aussi impliqués pour une histoire de drogue. J'ai ma conscience qui me taquine, qui sort une mauvaise blague ; genre ils aiment sniffer de la bonne ? Wow. Sérieux, heureusement que je ne l'ai pas sortit à voix haute. Sinon on m'aurait regardé comme si j'étais une personne qui sortait de l'asile.
Soudain, une idée vient me traverser l'esprit. Je pose mon hamburger sur le plateau en plastique.
— Et si je pouvais vous filer un coup de pouce ?
Toute l'attention dirigé vers moi, les garçons sont abasourdis.
— Pardon ? Toi ? Nous aider ? Répète Fat Gum, il semble mal mastiquer ces termes, comme si j'avais sortit la plus grosse connerie du siècle.
— Ben oui. Avec mon alter, le type que vous avez capturé, en aura tellement marre d'avoir de forts émotions qu'il sera contraint de dénoncer son réseau !
Kirishima sourcille. Je lui explique en abrégé mon alter et ses orbes rouges s'illuminaient. Il s'emballe très vite et pousse une exclamation alors que Amajiki me sourit, semblant aussi approuver mon plan. Seul Fat Gum me dévisage, pas méchamment, mais de façon stricte.
Et j'appréhende déjà ce qu'il va me sortir. Il secoue sa tête, têtu et dur avec moi. Il m'empêche de rayonner, de leur être utile. Mes poings se resserrent, un peu trop fort, pour que je puisse entendre des craquements avec mes articulations.
— Non, hors de question. Tu ne feras rien sans mon accord. C'est trop risqué pour toi.
— En quoi c'est risqué de interroger de force un type que tu as capturé ?! M'indignais-je, dégoûté.
— Cette affaire ne te regarde pas.
L'impression que mon siège s'enfonce vers le bas me rend malade. J'ai parfaitement conscience que Taishiro cherche à me protéger de tout danger. Il veut éviter que je devienne leur complice et qu'il m'arrive quelque chose. Pour un héro, c'est normal de vouloir préserver sa famille. S'il m'arrivait quelque chose, il s'en tiendra responsable. Il culpabilisera. De plus, Fat Gum est parfaitement au courant des inconvénients de mon alter. Et c'est ça, qui doit plus le bloquer que autre chose.
Dans tout les cas, je suis affligé. Dégoûté. Et il y a rien d'autre qui puisse lui faire changer d'avis. Ses deux disciples, n'osent prendre la parole, tous deux ne veulent pas risquer de se faire incendier et je les comprends parfaitement, je ne leur en veux pas. Amajiki et Kirishima étaient d'accord pour que je vienne aider. Si leur maître de stage a refusé, ils devaient se plier à ses ordres et c'est tout.
— Sur ce, et si nous terminions notre plat ?
Automatiquement, le héro s'empiffre des frites qui sont éparpillés sur son plateau. Nous faisons de même, tout en évitant de parler de travail ou autre chose qui semblait fâcheux. Au final, on avait parlé de centre d'intérêt. Kirishima est aussi bavard que moi et très sociable que je m'étais déjà lié d'amitié avec lui. Amajiki a coté, ne se manifestait que très rarement. À force de papoter, le roux et moi on commençait à rire de quelques anecdotes, et plus on poursuivait, plus on remarquait qu'on avait des points communs.
— C'est un drôle ce Bakugo alors !
— C'est toujours amusant avec lui !
Il soupire puis, il me sourit et croise ses bras derrière sa tête.
— Tu es une chic fille, je ne pensais pas qu'on aurait autant de points communs.
— Je te retourne le compliment !
— Et moi qui pensait que les filles aiment les même trucs...
Je sourcille.
— Développe ?
— Ben, elles aiment la romance à l'eau de rose, ce qui est romantique, la nourriture, le shopping, prendre des selfies.. ce genre de chose quoi...
— Ravie d'être une exception. Je me vante avec un sourire. Tes amies doivent manquer des choses.
— Elles sont fortes. Et elle a du charme..._
Il s'interrompt dans sa phrase et j'esquisse un sourire. Kirishima a utilisé un pronom au singulier et non au pluriel. Autrement dit, pour faire court et simple, sa pensée se dérivait vers une de ses amies en particulier. Je ronronne, mesquine et je le taquine.
— Une a du charme ? J'écoute, tu peux tout me dire, je serais muette comme une carpe !
— N-Non ça ira. Et puis c'est juste une amie.
— Si tu le dis.
Je n'insiste pas plus. Je ne veux pas le braquer ni le mettre mal à l'aise. Je termine mon dessert et je zieute vers le rouquin qui gratte sa nuque, les yeux baissés. Il vient tout de même me confesser qu'il y avait malgré tout, un quelque chose de spécial. À l'écoute, je le fixe en silence. J'apprends que sa camarade de classe, il la connaissait depuis le collège. Qu'elle était le centre de l'attention des autres, un modèle exemplaire de future héroïne. Qu'il était envieux d'elle. Et qu'elle était une des raisons pour laquelle il avait changé, en plus de son héro modèle.
Parfois, les raisons sont perçues comme étant stupides. Alors qu'elles ne l'étaient pas. Une petite chose pouvait signifier gros pour pousser à un changement, à une évolution.
Satisfait de notre échange, il me refile son numéro de téléphone et ses réseaux sociaux. Je le remercie d'un hochement de tête puis, je considère l'autre stagiaire, plus silencieux et discret. Il a un léger sursaut puis, il passe nerveusement sa main sur sa nuque, il fuit, encore, mon regard. Amajiki se pince les lèvres, ses joues chauffent.
— Je... je ne suis pas très bavard, admet-il.
Non, sans blague ? J'aurais jamais deviné. L'ironie est à son comble dans ma tête, pour cette excuse-là. Il pourrait se montrer au moins franc, s'il ne voulait ne pas m'avoir dans ses contacts. Je n'aime pas forcer qui que ce soit, ça fragilise notre sentiment de bien-être. C'était comme si on s'incrustait chez quelqu'un et qu'on se sert direct dans le frigo quoi. Être intrusif. Je n'aime pas ça.
— Tu sais, tu peux très bien me le dire que tu ne veux pas échanger nos numéros. Je comprendrais. Je le rassure en lui souriant.
— V-Vraiment ?
— Baaaah ouais, c'est normal. Tu veux être en confiance et connaître ton entourage. Je m'explique en haussant mes épaules. Et tu dois aimer être tranquille.
D'abord étonné, il s'adoucit et décompresse petit à petit. Un sourire s'étire sur ses lèvres et je rougis automatiquement.
— J'aime peut-être le calme, mais j'apprécie tout de même la compagnie. Me signala Amajiki, honnête.
Ah ? J'ai peut-être une chance de plus le connaître ? Je tente pour le tout.
— C'est super de savoir que tu es bien entouré alors.
— Oui, j'ai un meilleur ami que je connais depuis tout petit, m'informe t-il, il semble presque nostalgique dès qu'il regardait ailleurs. Il est ma source d'admiration et mon rival... et j'ai une amie.
— Incroyable, je te voyais pas avoir une amie, avec ton caractère coincé.
Oups, j'ai un peu trop débordé l'eau du vase je crois avec cette remarque déplacée. Ma langue ne tient pas. Il pouffe, Sun Eater ne tient pas en compte que ma réflexion était pas correcte. Et malgré tout, il avait l'air de bien le prendre.
— Oui, je l'ai rencontré au lycée. Comment l'expliquer ? ...Elle m'a semblé si intouchable, seule et mal. Je crois qu'elle intimidait les autres. Elle gardait une expression ennuyée, ne parlait jamais et certains allaient jusqu'à dire qu'elle considérait les autres comme inférieurs à elle. Il marque une pause et bouge sa main en continuant dans son récit. Et une camarade de classe mourait d'envie de faire sa connaissance, elle voulait apprendre sur elle et puis, elle se triturait trop régulièrement ses doigts et ne tenait pas en place. Quand je l'ai comprit, j'ai prit mon courage à deux mains et je suis allé adresser la parole à cette fille qui n'était pas joyeuse.
— C'est qu'elle avait une aura qui donnait envie de fuir ? Je demande, surprise.
— Hmm. Sans doute ?
Il réfléchit et croise ses bras, en fouillant dans sa mémoire. Il me confia avec un sourire :
— Mais... le fait que j'ai été lui parler l'a tellement étonné, l'a mise à l'aise et assez vite, un sourire était venu s'installer sur son visage radieux, comme si toute négativité s'était dissipée de son corps...
— Sérieusement ?
— En réalité, je pense que Hado avait du mal à se familiariser avec les autres parce qu'elle avait dressé une barrière. Les opinions des autres la blessait énormément qu'elle avait fini par s'isoler en se sentant incomprise. Peut-être de cette façon, elle se sentait en sécurité.
— Et aujourd'hui ?
— Elle rayonne de mille feux. Rit-il sincèrement. Elle s'est plus ouverte depuis que j'étais allé lui parler, avec ma camarade de classe en plus de lui avoir présenté Mirio...
Je cligne des yeux.
— Ah oui ! Mirio, c'est mon meilleur ami, m'éclaircit il en me souriant gentiment.
— Cette Hado doit être très reconnaissante.
— Je n'attendais rien en retour, m'arrête t-il en plaçant ses mains devant lui. J-Je... comme je n'étais pas dans la même classe que mon meilleur ami... j-je me disais que je devais prendre sur moi et m'ouvrir aussi... un peu...
— Et de cette façon, naturellement, tu as aidé quelqu'un. Je lui souligne. Ils doivent être fiers de t'avoir comme ami !
Amajiki rougit et ferme ses yeux. Cette expression le rendait extrêmement mignon. Je fond sur place.
— Et je suis fier d'être leur ami... tout ce que je demande, c'est qu'ils réalisent leur rêve et que je devienne aussi fort qu'eux.
— Ils forment le Big Three ! S'exclame Kirishima. Il replie son bras et pose sa main sur son biceps, très sérieux. D'ailleurs, avec mes camarades, on a affronté Togata-senpai, j'te jure, c'est un dur à cuire ! Et senpai aussi est aussi puissant !
— A-Ahh ... ç-ça ira les compliments...
Pendant qu'il camouflait son visage avec sa capuche, rouge pivoine sous cette avalanche de compliment, je remarque que maintenant un détail. Quand il mentionnait ses amis, il n'avait pas bégayé une seule fois ni rougit. Le garçon aux oreilles longues était à l'aise, serein. Tout son stress s'était évaporé si facilement, comme de la poussière qui venait de se faire balayer.
Contrairement à ce qu'il pense, Sun Eater avait l'étoffe d'un super héro. Quelqu'un d'incroyable, pour sûr !
Je terminais mon plat, je laissais Fat Gum rassembler une cohue dans le restaurant. Beaucoup de monde lui réclamait des autographes, des selfies, voulaient avoir des réponses à leur question. C'est dingue comment une célébrité n'avait pas le temps de se poser sans être interpellé. Kirishima propose de s'occuper de ramener nos plateaux à moi et ceux des autres. Son coté serviable était attendrissant, comment ne pas refuser ? Maintenant seule avec Amajiki, il commence à me chuchoter à voix basse une série de chiffre. Je papillonne des yeux et de suite, je capte le sous-entendu. Submergée par la joie, je m'empresse de mettre tout ceci dans mes contacts. Très vite, je lui assure que je ne l'embêterais pas tous les jours avec des SMS inutiles. Il acquiesce doucement et peu après, nous quittions le fast-food.
Je suis calée ! J'ai trop bien mangé, c'était trop bon !
Mon portable vibre. Je regarde et en une fraction de seconde, toute ma bonne humeur vient de m'être retirée. Une personne vient de s'être accaparée de mon bonheur. Non seulement on me fait ça, mais aussi, on me met un coup de poignard dans le dos. Il y avait pas mal de choses que je détestais. Dans ma famille. Les réunions, en repas de famille. Mais aussi, recevoir des SMS qui faisaient glacer le sang, qui donne la nausée, envie de fuguer de chez soi. « (ton prénom), on aura une discussion dès que tu rentreras. ».
Sérieusement, parler de quoi ? Du beau temps ? De ma conduite à table quand je me suis barrée avec Tai ? Ou pire encore, mes parents ont apprit que j'étais mêlée à un conflit et ça va me faire la morale ? Je n'ai pas envie de rentrer. Je ne veux pas.
Je baisse ma tête et mon visage s'assombrit. J'ai mal au coeur et je retiens encore mes larmes. L'ascenseur émotionnel aujourd'hui, j'en ai eu pas mal. Toutes ces escapes, ces montées russes et tout, c'est bon, autant terminer sur une mauvaise note dans cette journée.
— Bon, je vais te ramener (ton prénom) ! Je vais faire appel à un taxi, vu que ma voiture...
— Oui.
Je ne veux pas.
Cependant, je suis obligé.
— Tout va bien ? Tu as l'air abattu. Me lance Eijiro, inquiet.
— Ouais, j'ai juste vu un truc qui me plaisait mais c'est hors prix !
Ne voulant inquiéter quiconque sur mes problèmes, je rebondis avec un sourire. Mon mensonge passe nickel pour le rouquin qui me sourit et m'encourage à surveiller si une promo passe. Toutefois, je ne remarquais que tardivement que Amajiki se trouvait derrière moi, sur ma gauche. Étant donné qu'il fait plus de un mètre soixante-dix, il arrive à voir mon écran. Je lui cache, comme une enfant qui ne voulait pas dévoiler quelque chose à ses parents.
Très vite, un taxi nous récupères. Sun Eater se trouvait à coté du conducteur tandis que nous autres, eh bien, on était étouffé dans ce petit véhicule. Moi et Kirishima on était limite en train d'embrasser la vitre, tellement qu'on était écrasé.
— Ah ! C'était un régal ! Mieux que au repas familial ! Se lâche Fat Gum, tout jovial.
— Ce n'était pas bon ? L'interroge Amajiki, intrigué.
— C'est plus convivial avec ceux qu'on aime que subir et entendre des vipères, tu sais !
Amajiki fronce des sourcils à cette mention. Son regard s'attarde sur moi. Sauf que dans mon état, je demeure silencieuse. Tout mon corps est poussé vers la sortie et la position n'est pas très agréable. Je pense que le rouquin doit penser pareil...
— L'ambiance n'est pas terrible ? Souffle difficilement Eijiro, sa joue appuyée contre la vitre, ses lèvres avec, sa respiration laissait de la buée sur le verre.
— Ouais, ça lance souvent des piques, ou alors ça compare. Je m'y rends très rarement en prétextant travailler...
Taishiro croisa ses bras. Son talon se décroche du sol de la voiture et l'agite régulièrement en montant et descendant.
— B-Bouge pas trop. Je geins.
— Pourquoi ?
— On n'a pas assez d'espace, ouvre tes yeux ! Je grogne.
De ses yeux, il me considère un instant et rit doucement.
— Mais si ! Collez-vous bien à moi, ça ira mieux !
— Non merci, je tiens pas à mourir de chaud...
— Promis, je n'ai pas tant transpiré !
Heureusement ?????!
— Nous arrivons à la résidence (ton nom) ! Nous informes le chauffeur taxi.
Alléluia ! ...Ou peut-être pas en fait.
Je grince des dents et mon visage s'assombrit.
— (ton nom), si tu veux... ce soir... j-je suis disponible pour discuter par message... Me propose gentiment Amajiki, sans se tourner vers moi.
— Merci... Bonne fin de journée à vous !
— A bientôt (ton prénom) ! Me salue Tai en souriant.
— On se parle très vite ! Me lance Kirishima avec un sourire jusqu'aux dents, tout rayonnant.
Tirant légèrement la poignée, je sors et j'inspire une grosse bouffée d'air. Liberté ! Je me tourne en bougeant ma main pour leur dire au revoir. Je constate que Eijiro ouvre grand sa bouche dès que son mentor s'écarte. Il doit probablement crier « banzaï ! » dans sa tête maintenant qu'il a gagné un peu de place. Il me fait rire, lui aussi, il est trop adorable. Amajiki me lance un doux sourire avant que la voiture redémarre et s'éloigne de ma maison, longeant le long de la route. Le soleil se couche à l'horizon, le nombre de foyers et de commerces font barrages et de l'ombre.
Les chiens des voisins se mettent à aboyer en choeur. Je soupire et des oiseaux s'envolent, quittant les fils électriques qui relient des poteaux. Le vent caresse ma peau (et caresse mes cheveux). Je déglutis en fixant ma maison traditionnelle, toute simple. La façade est à nettoyer, cela fait longtemps qu'on ne l'avait pas traité. La barrière en fer est rouillée et grince dès que je la pousse. La pelouse avait été faite hier, quelques fleurs sauvages ont poussé dans le bac à bois, où une décoration extérieure s'y trouve en plus d'un bonzaï bien taillé. De l'autre coté, on pouvait voir traîner un équipement d'arrosage et un long tuyau jaune qui est abandonné, le bout se trouvant sous le robinet extérieur. Je traverse les dalles concassées et j'ouvre la porte, qui sans surprise, était ouverte. Les personnes déjà à l'intérieur, s'impatientaient de me voir...
Je me déchausse à l'entrée et j'abandonne mes chaussures à l'étagère de bois traité, avec les autres. Je sens une odeur plaisante, c'était de l'encens au jasmin. Elle était allumée, brûlait dans le encensoir, un filet légèrement opaque flottait, se diffusait dans l'air, parfumant la maison. Je traverse le plancher propre et frais de la maison. Chaque pas que j'effectuais, faisait légèrement grincer le sol, me trahissant niveau discrétion. J'entends ma mère m'appeler, attendant à ce que je vienne la rejoindre dans la cuisine. Mon subconscient crevait d'envie de lui sortir « Non, je suis la livreuse de pizza, je me suis trompée d'adresse ! » mais on va éviter. Je soupire et je tourne vers ma droite, où se trouvait la cuisine et le salon, le transfert se faisait sans porte, laissant une ouverture au moins agréable. On avait un comptoir en marbre, qui séparait l'espace ce cuisine avec le reste.
Mon père feuillette son magazine préféré, il évite nos conversations – il le fait même souvent – et ma mère est assise sur la chaise de la table de bois. Elle me sonde du regard et me fait signe de m'asseoir en face, signalant qu'on allait entretenir toute les deux. Je ne dis rien et je viens immédiatement prendre place. Mon coeur bat si vite dans ma poitrine et je veux rapidement en finir avec tout ça. Sous la nervosité, je caresse entre mes doigts la nappe de la table en toile cirée.
— Vous avez plombés l'ambiance à vous deux... Commence t-elle en soupirant.
Et heureusement que Tai est intervenu. J'aurais plus souffert à l'heure actuelle.
— Je m'en doute. Je réplique simplement.
La pièce est submergée par des couleurs chaudes, le soleil filtre avec les fenêtres du salon. Des brins de poussières qui flottent dans l'air, ont un effet, qui les rends plus brillant avec la forte densité de lumière. Mes orbes (couleur des yeux) affrontent ceux de ma mère. Elle semble fatiguée, mais sans aucun jugement, elle me sourit doucement, comme si, elle n'aimait pas me confronter.
— Alors ? Ta sortie avec Fat Gum était comment ?
— Ah euh... ben... mouvementé... au début.
Sa question me désarme. Je ne m'attendais absolument pas qu'elle retourne sa veste ainsi. À vrai dire, je m'attendais à une pluie de critiques.
— On a poursuivit des vilains, sa voiture s'est retournée ! Et j'ai aidé Tai à sortir de la bagnole et puis ses stagiaires ont débarqué et ont neutralisé la situation comme des pros ! Je développe en agitant mes bras, toute émerveillé.
— C'est bien si tu profites...
Son coté moue m'inquiète. Je me penche en avant, l'appelant doucement.
— Maman... ?
— Désolé ma puce. Soupire t-elle. Je suis juste lessivé.
Elle ne mentait pas. Elle n'avait pas le moral. Je me rappelle que plus tôt, ma tante s'était montrée méchante avec elle. Je viens même à me demander si elle ne l'avait pas rabaissé et tout. Je dis ça parce que ma mère me ressemble un peu. Un peu moins, mais elle avait aussi des formes généreuses. Sauf que elle, comparé à moi, ben elle est plus belle.
Je sais aussi que ma mère ne s'entend pas super bien avec les autres. D'ailleurs, j'ai ouïe qu'on s'était moqué d'elle pour sa fausse couche, avant ma naissance et je dois l'avouer que je l'ai très mal prit aussi. Il n'y a aucun respect, c'est fou comment j'ai hâte de me barrer. Ma mère ne réplique que en cas de nécessité. Et elle n'était pas fichue de m'aider plus tôt. Alors je suis assez mitigé sur son sort. Sauf que malgré tout, elle reste ma mère. Et une mère n'est pas remplaçable.
— Sinon rien de cassé ?
Elle identifie intensément mon corps de ses yeux fatigués. J'opine doucement en lui souriant et j'essaie de la rassurer sur un point.
— Oui, je n'ai rien. Et j'ai fait connaissance de ses deux stagiaires, de véritables beaux gosses !
J'entends mon père s'étouffer avec son café derrière moi. Je l'ignore.
— Ah oui ? Me sourit ma mère, intéressée.
— Grave, ils ne sont pas parfaits, heureusement, mais ils ont trop de charme, vraiment ! Rien à voir avec les gars de mon lycée là !
— En même temps, ce sont des apprentis héros, souffle mon père en levant ses yeux au ciel.
Merci, ça, je ne l'aurais jamais deviné. Quel génie mon père.
— Je t'envie un peu. M'avoue ma mère en fermant ses yeux. À ton âge, je ne pouvais même pas filer de table comme ça. Je reste quand même un peu secoué par les événements, mais ça me rassure que tu sois tout de même rentrer... je sais que je dois être une mère pas super...
— Du moment que tu ne me forces pas à un régime, je te tolère. Je rigole doucement.
— Hého, attention à tes mots jeune fille, sinon attention, je te condamne aux salades, aux patates et aux fruits secs pendant trois mois !
— Alors là, ce chantage, je désapprouve ! Je ronchonne en croisant mes bras.
Nous rigolons en même temps. Je suis soulagé que ce soit bien terminé entre nous. Ma mère me sourit doucement et apprend que j'étais au McDo avec Tai. Elle me sort que pour la peine, elle fera une sorte de ratatouille avec du steak ce soir. Je n'ai pas refusé. Les plats de ma mère sont toujours bons, alors bon. Je la laisse s'occuper de la cuisine et je profite pour aller me doucher et me changer, me mettre plus à l'aise. À la maison, nous n'avons pas d'étage.
Je filais jusqu'à ma chambre, sortit de ma penderie des vêtements de rechange puis très vite, une bonne douche me permit de me relaxer. Après avoir fini, je me dirigeais vers ma chambre. Ici, c'était mon monde, il y avait mon style partout, une collection que j'aimais plus que d'autre, des décors sur mes murs, des LED avec pour ajouter un fond lumineux coloré, mon lit douillet, mes couleurs préférées et une télévision dans ma chambre c'était le summum. Et dire qu'il a fallut que j'attende au moins six ans pour en avoir une dans ma chambre ! Maintenant, je peux voir et ou jouer quand je veux et à n'importe quelle heure. Ça, c'est le symbolisme de liberté ! Ne pas être dérangé par les parents, la vie ! - si on oublie qu'ils qui veulent que j'ai une bonne attitude et que je sois assidue à mes cours...
Je m'affale aussitôt sur mon lit. Mon corps rebondit légèrement vers le haut, le matelas amortit ma chute et je soupire de bien être. J'attrape mon portable qui se trouvait à coté de mon deuxième coussin (design au choix) puis je défilais toutes ces tas de notifications. Je savais que j'étais importe mais wesh, je suis sacrément demandé. On dirait presque que je suis partie en Californie pendant trois mois sans donner de nouvelle ! Je zappe mes amis, je remarque les demandes d'amis sur mes réseaux sociaux et la première personne qui ressortait était Kirishima Eijiro. Je souris, j'accepte sa demande et je me met à stalker ses publications. Après tout, j'aime connaître mon entourage, un maximum. Je constate qu'il est toujours bien entouré à son lycée. Il y a cette fille à la peau rose, les cheveux de même couleurs courts et des cornes sur son crâne qui ressortait souvent sur les photos. Sacrément enjouée et fofolle. Il y a aussi un blond avec un dégradé noir sur une de ses mèches, qui ressemble à un éclair. Lui, ses poses me font délirer ! Il y a un noiraud assez mince, il fait des poses cool et est très souriant lui aussi. Je pense aussi reconnaître le fameux Bakugo que me mentionnait souvent le roux. Il fait des doigts d'honneurs et grimace constamment sur les photos.
En gros, ça doit être un groupe de dingue. Limite, ils sont tous là pour emmerder le pauvre Bakugo. Je me demande s'il apprécie leur compagnie quand même... il a l'air très ronchon.
Ensuite, j'accepte la demande de Amajiki Tamaki. Je n'aurais jamais cru qu'il ait lui aussi plusieurs réseaux sociaux. Sur son profil, il y avait un plat culinaire, au lieu d'une simple photo de lui. Je suis déconcerté. Il montre carrément des fruits de mer. Il aime bien ça ou bien ? Je défile sa page. En grosse partie, il ne postait rien. C'était juste son meilleur ami, Togata Mirio, qui l'identifiait sur les photos.
...Il est trop mignon. Il rougit. Semble un peu timide. Mais il est très souriant avec ce blond. Il y a une fille avec de longs cheveux bleus clairs avec eux parfois. Ça doit être Hado, dont il m'a parlé... Je suis d'ailleurs surprise que celle-ci, m'ait demandé en amie ??? Ce n'est pas une stalkeuse, si ? J'hésite mais finalement, je l'accepte.
En une fraction de seconde, elle m'envoie un message vocal ??! Mon coeur bat incroyablement vite, elle m'a prise de court. Elle n'a peur de rien et je croise les doigts pour que cette Hado Nejire ne soit pas trop intrusive...
— Bonsoir ! Je ne te dérange pas ???
— Bonsoir non pas du tout. Je répond aussi en vocal.
Je me sens toute nerveuse. Mes doigts sont fébriles et ma respiration est rapide. Sa voix est belle, la camarade de classe de Amajiki est très naturelle.
— Super ! Tamaki m'a parlé de toi tout à l'heure !
C'est sa meilleure amie alors ? Elle cherche tout simplement à faire connaissance avec moi ?
— Ahah, super. Il t'a dit quoi ?
— Que tu étais sympa et que tu es la nièce de Fat Gum ! C'est rare qu'il parle de quelqu'un d'autre tu sais ! Hé, ça te tente de le revoir le week-end prochain ??? On n'a pas de stage, on pourrait se faire une sortie tous ensemble !
...Uh ? Direct ? Comme ça ? Là ?
— Je... je ne dérange pas ? Tu es sûre ?
— Si je t'invite ce n'est pas pour rien ! Glousse Nejire, elle réussit à me faire sourire. Ce sera l'occasion de te faire connaissance et ça fera sûrement plaisir à Tamaki !
— D'accord. Je vous rejoindrais où ?
— Je ne sais pas encore ! J'y réfléchis ! Mais je te tiendrais au courant ! Promis !
Elle est super gentille. L'aspirante héroïne venait de balayer toutes mes inquiétudes.
— Entendu, merci !
— De rien ! Au fait, je viens de regarder tes photos et tout !
Mes paupières se plissent. Je ne suis pas fan quand on me prend en photo. Les rares fois qu'on m'ait prit en photo, je n'acceptais que seulement si on me prenait en vue d'en haut. Surtout pas le corps en entier. Je ne m'aimais pas physiquement alors pourquoi je devrais le montrer aux autres ? Le haut de mon corps suffit amplement... Je me rappelle une photo qui est restée, où j'étais en seconde. C'était la photo de classe. On me voyait entièrement.
La honte.
— Tu es toute mignonne ! Me complimente t-elle, avec une sincérité qui me surprit.
— Vraiment ? Je lâche à la volée.
— Oui ! Tu me donnes envie de tirer tes joues et jouer avec ! Tu donnes l'impression d'être un hamster ou un lapin ! Oh ! Et puis, ton haut sur la photo qui date de cinq mois ! Je l'aime trop ! Il te va à merveille !
Ce tourbillon de flatterie me faisait rougir. J'ai dû la stopper, elle se mettait trop à bavarder d'un coup. Hado est une chouette fille, j'espère que nous deviendrons vite amies... Nejire comprit et me souhaitait une bonne journée et qu'elle me tiendrait au jus prochainement. Je la remerciais et j'arrêtais nos messages vocaux.
Immédiatement, j'envoyais un SMS à Amajiki, lui avouant qu'il avait une superbe amie. Visiblement, pas au courant de mon échange avec elle, il m'envoyait plusieurs points d'interrogations. Puis, après, il me confirmait que c'était le cas mais pourquoi je lui sortais ça maintenant.
Je suis cringe en fait.
Ne le laissant pas sans réponse, sans lui donner les vrais détails les plus croustillant, je me contente de lui expliquer qu'elle et moi on venait tout juste de faire connaissance. Que Nejire était la première à faire le pas vers moi. Et là, purée, il se morfond. Le disciple de Taishiro se met à s'excuser plusieurs fois, se blâme d'être celui qui a poussé son amie à me déranger. Qu'il ne faisait pas attention aux conséquences, qu'il aurait dû se montrer moins bavard et tout...
Son anxiété est vaste, damn. Le coté positif est qu'il ne me fait pas culpabiliser de lui avoir dit ça. Mais tout de même. C'est limite...
Je rassure Amajiki que cela ne m'avait absolument pas dérangé. Que j'étais même super contente d'avoir échangé avec elle. Chose qui le soulageait. Pour ne pas l'embêter, je lui souhaitais une bonne soirée. Soudain, je reçu un « Tu ne m'embêtes absolument pas. ». Je sourcille, sceptique vis à vis de cette phrase. Il est un gros timide, il a du mal à parler et se fait généralement petit, du moins, c'est ce que j'ai comprit aujourd'hui. J'appuie sur un emoji qui fait douteux, deux doigts sous le menton. Cette fois-ci, l'aspirant héro ne traîne pas et je lis un « C'est vrai. Tu me mets à l'aise. »
Je retiens ma respiration. Je dois le prendre comment ??? Mon Dieu, mais c'est trop mignon en fait ? Il se sent bien avec ma présence ??? J'ai envie de pousser un crie mais rien ne sort. Je contente d'enfouir mon visage contre le coussin. Sur le ventre, je balance verticalement mes jambes, mes orteils tapaient contre le drap de mon lit.
J'ai trop hâte de le revoir au plus vite possible.
Au petit matin, toujours avec ma routine, je me lève quinze minutes avant de partir de chez moi pour aller au lycée. Chaque séparation avec le lit est agonisant. Le monde de mes rêves va me manquer. Dommage, je rêvais bien... je répète mon petit rituel ; aller aux toilettes, me laver le visage, m'habiller, prendre un déjeuner et je sors, avec la musique aux oreilles. J'emmenais toujours avec moi (mes écouteurs/ mon casque) et via une application, je faisais tourner ma playlist favorite, marchant jusqu'à la station de métro pour emprunter le moyen de transport qui me mènera jusqu'à l'école. En chemin, avant d'arriver au quai de la gare, un numéro m'appelle. J'y réponds, étouffant un bâillement qui survient d'un coup.
— Allô ?
— Tu m'as déçu hier.
J'écarquille mes yeux en comprenant qui était à l'autre bout du fil.
— Mamie ? Je sors, surprise.
— Je ne veux pas être en froid avec toi, mais tu ne fais pas assez d'effort, tu quittes la table et tu ne nous appelles même pas en rentrant chez toi ? Jusqu'à quand tu vas te comporter comme une enfant ? Bon dieu, t'es suffisamment grande pour te rendre compte de tes actes ! Je fais des efforts moi et toi ? Tu devrais te repentir ! En plus tu viens nous voir très rarement !
— ...Parce que je suis occupé.
— Tout le monde a des jours de repos ! Me souligne t-elle, son ton, sonnant comme du reproche. Tu peux bien te libérer et aussi faire des efforts ! Pour nous !
— Non, je ne peux pas.
L'intérieur de ma bouche est pâteuse. Ma gorge me brûle et un nœud se forme dans mon estomac. Elle m'appelle pour me faire des reproches ? Pour me faire culpabiliser ? Elle est sérieuse ?
— Comment ça tu ne peux pas ? ...Tu veux me faire pleurer ? Tu sais quel âge j'ai ? Tu ne sais pas quand je pourrais partir et_
— Tu ne t'es jamais dit que tes mots peuvent être aussi blessant ? Je la coupe, sèchement, les sourcils froncés. Ma voix est enrouée, tellement que l'émotion me submerge.
Tout mon âme est en train d'implorer à ce qu'elle change de ton avec moi. Qu'elle devrait aussi se remettre en cause. Pourquoi priver mon bonheur ? Pourquoi me forcer à faire des choses qui me déplaisent ? Je peux comprendre qu'il y ait quelques petites exigences, comme aider les grands-parents à faire leur course, ou juste faire un petit coucou régulier pour s'assurer que la santé va bien et tout ça... mais avec eux, c'est pareil. C'est quand ça leur arrange. L'argent. Les études. Le travail. Le physique. Si quelque chose était défaillant ou anormal, il fallait immédiatement y remédier.
— Tu as fini ta crise d'adolescence ? S'agaça t-elle. C'est facile de me sortir ça, à moi, pauvre petite âme sensible que je suis...
Petite ? Sensible ? C'est quoi la suite ? La Terre est carrée est pas ronde ? Je ne sais même pas pourquoi ni comment je reste encore en ligne avec elle. Elle pourrie ma journée. Son appel, était inutile. Elle devrait se taire définitivement. J'aimerais l'effacer de ma vie. M'éloigner de ces personnes toxiques qui polluent mon oxygène. Depuis trop longtemps elle est comme ça. Et je devrais lui en être reconnaissante ?
Foutage de gueule.
— ...Moi à ton âge, je faisais attention à ma ligne, à_...
— Je prends mon métro, bye !
Je coupe net à cette conversation en appuyant sur le bouton décrocher en rouge. Je souffle par le nez et j'accélère mon pas. Je garde la tête haute. Je descends des escaliers, je fais attention aux passants puis je longe le quai, je me dépêche en voyant l'heure tourner, sur l'horloge noire. Le métro est déjà là, en avance et un bruit me signale qu'il va pas tarder à partir. Sans traîner, je me tape un marathon en sortant ma carte de laisser-passer et je pénètre dans le moyen de transport. Je présente, haletante mon pass sur la machine de vérification et je file prendre une place au hasard.
Pendant le trajet, je repensais à cet appel. Je fulminais tellement. J'avais envie d'en rire pour ses arguments pourries. J'avais envie de me moquer ouvertement d'elle. Qu'elle aille se faire foutre, mais royalement cette vieille peau.
Plus tard, j'arrive à l'école. Il est modeste, un genre qu'on peut trouver dans n'importe quel lycée public et privé. Comparé à des académies héroïques, à coté, on est vraiment minuscule et vraiment bas. Pour tout dire, on a même des tags et des dessins pourris sous des préaux, dans les toilettes et des messages pourris laissés par de la craie sur le goudron. Le seul avantage chez nous, c'était qu'on évitait au maximum de polluer l'établissement. Si un se faisait prendre par un surveillant, on était punit. Une semaine de récolte des déchets. Et si on recommençait... ben, convocation des parents, bref, j'en passe. Un surveillant guette à l'entrée, il scanne de ses yeux presque intimidant, nos tenues, qu'ils ne soient pas négligés ou qu'on manque quelque chose ou même, qu'on n'ait pas de une tenue trop osée. Au risque de passer sous une discipline ambiguë.
J'aperçois au loin, dans la cours, ma meilleure amie. Je l'apostrophe en agitant mon bras en l'air, toute souriante.
— (ton prénom) !
Hitomi fait demi-tour et me prend dans ses bras. On se câline puis on se sépare. Elle me sourit doucement, trépigne sur place. Elle m'amuse à se comporter comme ça. Elle est si fine, si belle et douce. Physiquement en morphologie, nous sommes différentes tandis que nous sommes vraiment proches de l'une et de l'autre. Hier, je lui ai promit de tout raconter en face, sur ce qui m'est arrivé.
À l'écoute, elle suit mot pour mot ce que je lui révélais. Ses yeux s'émerveillaient au fur et à mesure que je lui détaillait tout.
— Et il te plaît Amajiki ??
— Ouais, il est mignon !
Je glousse doucement et quelqu'un me bouscule volontairement. Je fronce des sourcils et je dévisage Jess qui me lance un regard dédaigneux.
— Oh désolé, mais tu prenais toute la place !
Excédée, je roule des yeux. Quelle maturité. Elle croit que je vais me laisser faire ? C'est mal de me sous-estimer. Cette expérience-là, j'ai apprit à subir, à me sentir être humilié. Depuis peu, j'ai su comment répliquer avec sagesse.
— Désolé, tu es tellement chiante que je ne t'ai même pas entendu arriver !
Ce pique la fait stopper en chemin. Elle me dévisage. Comme d'habitude, Jess ne reste jamais seule, elle traîne toujours avec quelqu'un. Sinon ô le drame. Avec Hitomi, on s'est toujours demandé pourquoi elle avait rejoint notre groupe. Les garçons ont laissé passé, mais nous... On s'est posé des questions. Pour nous, c'était trop louche, incompréhensible. Là, cette saleté nous prends pour des moins que rien. Surtout depuis l'incident de hier, je trouve qu'elle est trop dans l'excès, cette personne.
Bref...
— Ben vu le gros boulet que tu fais sur la vidéo de hier_
Encore cette excuse ? Elle a rien dans le crâne. Elle se croit invincible et maline ?
— J'ai bougé mon cul au lieu de hurler et de faire ma drama queen. Chose que tu serais cent pourcents capable de faire. Tu n'as pas eu la gloire d'être filmé, t'es triste ?
Affligée, elle tire une belle gueule. Pour ajouter la cerise sur le gâteau, je me vante en levant mes deux majeurs ; le sourire triomphant.
— Et j'ai traîné avec deux BG et des futurs héros du lycée UA. Ils m'ont même complimenté et été bluffés par mon courage ! Chose que tu n'as pas !
Dans ta face, pouffiasse.
Toujours dans l'excès, alors que je la vois rougir et grincer des dents, humiliée publiquement par moi, à la vue de tous, je lui adresse un clin d'oeil, tout en gardant mon sourire.
— Sans rancune, hein ?
Je tire doucement Hitomi par le bras. Celle-ci gloussait, fière que j'ai replacé Jess comme il faut. Elle me complimentait sur ce que j'ai sortit et me suivais jusqu'à la salle, où nous avions cours. Nous abandonnions derrière nous Jess. J'aurais dû me douter qu'elle réfléchissait à un moyen de se venger. Mais trop aveuglé par ma victoire, je ne me doutais absolument de rien. Des personnes peuvent se remettre en question, réfléchir à leurs actes. Tandis que d'autres... il s'agissait d'un point non-retour.
Le temps se déroulait rapidement. À la récréation, nous parlions de tout et de rien avec Hitomi puis avec les garçons qui n'étaient pas dans la même classe que nous. Quand nous attendions ensuite le prochain cours, à mon passage avec ma meilleure amie, on se sentait comme dévisagés. Les messes basses venaient jusqu'à nos oreilles. Je plissais mes paupières, me demandant ce qu'il y avait dans l'air. Quelle rumeur ils ont pu entendre pour se comporter aussi... bizarrement ?
Cash, j'interroge à une de mes camarades de classe, la plus studieuse de toutes et la plus introvertie. Elle me considère et se mord les lèvres, hésite, toutefois, elle se décide de me donner les explications.
— Apparemment... tu te tapes des mecs du lycée UA... en échange d'argent...
Je ris jaune.
— Quoi ?? Sans dec' ? Vous me voyez faire ça ?
— Moi non, me rassure ma camarade de classe en levant ses mains, sincère, tu n'as absolument pas cette... attitude... douteuse... ces fréquentations là...
Merci à toi.
— Et d'où tu as entendu ça ?
— C'est Jess ? Rapplique Hitomi en fronçant des sourcils, les bras croisés.
— Je n'en sais rien ! C'est les garçons qui parlaient de ça...
Notre camarade de classe baisse sa tête, mal à l'aise. Je comprend qu'elle ne veut pas être mêlée à cette affaire et je ne peux pas lui en vouloir. Des fois, je me disais que ce serait utile que quelqu'un ait un alter qui permettait de cracher la vérité. Je dévisage les autres, notamment Jess. Personne n'était au courant que j'ai fréquenté des personnes du lycée UA, sauf Hitomi et elle.
Je vais lui casser la mâchoire. Lui couper les cheveux. Ou tout court, la frapper. Je tente de maintenir mon self-contrôle cependant, ce rictus qu'elle m'envoie au loin libère ma furie. Mon pied droit part en premier et mes jambes, bougent.
— (ton prénom) ! Me crie Hitomi, inquiète.
Depuis le temps qu'on se côtoie, elle me connaît parfaitement. Elle est gentille de penser aux conséquences, mais j'en ai rien à foutre. L'adrénaline pulse dans mes veines et ma respiration s'accélère. J'étais rouge. Je ne réfléchissais plus entièrement. Mon poing se lève. Et mes phalanges rencontrent quelque chose de moue puis, osseux.
— (ton prénom) ! NON !
Je recommence le même coup, encore et encore.
Encore, encore, encore et encore, ...
« — Maman, pourquoi j'ai des problèmes de santé comme ça ? Je veux aussi devenir une héroïne ! »
Ma mère tient ma main. Nous marchions dehors, après avoir consulté le docteur plus tôt, qui avait annoncé que les désavantages de mon alter. Il m'avait retourné l'estomac. Je voulais croire en la possibilité de rêver.
« — Il m'a aussi dit que si je perdais du poids, ça pourrait s'arranger ?
— Ma puce, perdre du poids ne facilite pas toujours tout. Me souffle t-elle, avec un maigre sourire. Les médecins sont toujours en train de calculer l'IMC, dès qu'on sort de la courbe normale, de leurs statistiques, ça crie au surpoids. Tu n'as pas à complexer pour ça. Tu es toi. Et c'est ce qui compte le plus.
— Mais si... si je réussissais à perdre un peu, les autres arrêteraient de se moquer de moi... »
La tête baissée, se serrait mon T-shirt (design au choix). J'étais toute triste. Le médecin s'était montré dur et m'avait dit clairement de laisser tomber à mes rêves de devenir une héroïne. Que l'utilisation de mon alter serait de courte durée au risque d'être malade. Ce jour là, je n'avais pas mentionné pour Taishiro. Parce que la jalousie m'enveloppait. Lui, il était déjà devenu un héro et il n'avait aucun problème ni complexe. Tandis que moi... tout était fichu. Incendié par cette foutue réalité.
« — Si on se moque de toi, riposte. Ne te laisse pas être piétiné. De plus, ce qui compte le plus, ce n'est pas le physique, mais le coeur. Les gens évalueront surtout ta personnalité que autre chose.
— Vraiment ?
— Bien sûr. Montre-leur que tu es unique et incroyable. »
Je papillonne des paupières. J'ai l'impression d'avoir été décroché de la réalité. Je bouge un peu, constatant que je me trouvais dans le bureau de la proviseur, assise sur le fauteuil au velours marron. La pièce était bien habitée. Plusieurs diplômes étaient accrochés au mur, ainsi que les profils des anciens proviseurs. Plusieurs étagères anciennes s'y trouvent, avec des trophées ou livres. Tout est bien organisé, bien que ça pue un parfum qui me déplaît. Mon attention se dirige vers l'adulte qui me toise, tendue. Ses doigts joints entre eux, accoudé sur son bureau en bois vernis, les rayons du soleil m'aveuglent que j'arrive à peine à bien distinguer cette femme énervée face à moi.
Mes doigts s'agrippent sur ma jupe et je garde la tête haute.
— Mademoiselle (ton nom), vous me décevez grandement.
J'essaie de rassembler les morceaux du puzzle manquant. J'étais en train de tabasser Jess. Une cohue s'était formée et Hitomi me hurlait dessus à trois fois de reprises avant de abandonner. Elle était restée derrière, avec les spectateurs, choquée que je ne réponde plus rien. Les professeurs avaient dû nous séparer. Je me souviens vaguement du reste.
Mes orbes (couleur des yeux) se positionnent sur mes mains. Mes phalanges sont rouges, mes doigts aussi, il y a comme du sang séché dessus. Et j'ai mal à ma joue droite. Il me semble que Jess avait répliqué, mais de courte durée. J'avais le dessus, sur elle. Elle était sous moi, je la lynchais de coups. Je me rends compte que si personne ne nous avais arrêtés... ça aurait pu devenir plus grave. Ma gorge se noue et je plisse mes yeux, aussi déçue de mon absence de self-contrôle.
Je ne réponds rien. Je laisse cette femme d'un certain âge avancé à me faire la morale. Qui dure un bon moment, je dois l'avouer. Je n'en avais strictement pas besoin, cependant, je n'allais pas me montrer insolente devant elle. S'il y a bien une chose qu'il fallait faire c'était de garder le silence. Moins en dire. Parce que peu d'adultes « responsables » seraient compréhensifs vis à vis du harcèlement. Ils ne savent presque pas comment ça fonctionne en plus des répercussions. Alors je laisse tasser.
— Vous êtes bien consciente qu'en plus des dégâts, vous méritez d'être exclue de cours pendant trois jours ?
Je ne bouge pas, je ne dis rien. Elle soupire.
— Que je vais devoir informer à vos parents votre agressivité envers une camarade de classe ?
Finissons-s'en. J'ai besoin d'air.
— Je n'arrive toujours pas à comprendre ce comportement aussi sauvage_...
— C'est bon ? Je peux y aller ?
Interrompre dans sa tirade, l'a bousculé. Mon insolence l'avait outré. Je récupère mon sac qui se trouvait à mes pieds. Je me lève, la chaise grince contre le sol et je mets les bretelles sur mes épaules, je tourne les talons, ignorant l'ordre de la proviseure derrière moi, qui à son tour, se lève brusquement. Sa voix s'élève, devient plus aiguë.
— Un jour vous comprendrez.
Je referme derrière moi. On me crie dessus et je détale comme un lapin. En descendant de l'étage, j'entends d'autres lycéens causer de la bagarre qui a eu lieu. Je plisse mes paupières et je ralentis mes pas, rien que pour écouter.
— ...Et elle lui a cassé le nez ! La pauvre !
Ah ? C'est le nez que j'ai visé ? M'en fou. Elle méritait ce coup. Ne la prenez pas en pitié.
Je suis trop fatigué. Je suis en train de sprinter, je sors de l'école. Je m'éloigne le plus possible de cet endroit. Je ne sais pas vraiment où je me dirige, cependant, j'ai cessé de courir. Haletante, je longeais le long du trottoir, errant surtout vers le centre ville. En début de semaine, il n'y a pas beaucoup de monde. Il y a tellement de magasins et de restaurants qui laissaient largement le choix. Alors que je regardais un peu partout, histoire de me changer les idées, j'arrêtais de bouger d'un coup, mon attention, s'arrêtant sur un vulgaire bout de papier collé sur une vitre.
Immédiatement, après avoir lu, je descends mon sac, je l'ouvre en même temps que la porte en bois. Dès mon entrée, une petite clochette émet un tintement. Une douce odeur aromatisée chatouille mes narines et j'admire le magnifique décors face à moi. Il s'agissait un petit café, très chic. Un bar en bois vernis, plusieurs tabouret s'y longe. Sur ma gauche, séparé par un sorte de paravent ancien, plusieurs tables en bois avec des chaises, dessus, des coussins colorés. Il y avait quelques tableaux qui présentaient des sortes de machines d'expresso, de cafés, de thé, ... au plafond, un ventilateur suspendu avec éclairage. Il y avait quelques pots avec de la végétation puis, une mini télévision qui se trouvait derrière le bar, avec des diplômes. Le barman, qui nettoyait des verres avec un chiffon, m'adressa un regard. Il esquissa un petit sourire.
— Bonjour mademoiselle. Vous désirez quelque chose ?
Gênée, je dissimule au mieux ma nervosité. Je m'approche de lui, lui tendit des papiers, surtout mon CV et ma lettre de motivation.
— J-J'ai vu votre annonce, j'aimerais vous faire part de mon CV...
— Oh ! Je n'aurais pas cru que ça serait rapide.
Il glousse doucement et pose le verre en ballon sur le comptoir, avec son chiffon. Il tend sa main et récupère les papiers que je lui donne. Visiblement, il devait être le gérant, quelque chose du genre pour une telle remarque. Je le considère. C'est un homme mûr, avec une barbe noire, des yeux marrons foncés, des rides et des cheveux courts ondulés. Il porte des lunettes rectangulaires. En tenue professionnel, une chemise pas froissée et un tablier rouge simple. En attente qu'il me sorte quelque chose, je patiente, nerveuse, en triturant ma veste du lycée.
Le barman passe une main sous son menton. Il lève ses yeux vers moi, me scrute, m'analyse et je déglutis difficilement ma propre salive, n'espérant pas qu'il commente sur mon physique, lui aussi, comme beaucoup de personne. J'espère aussi qu'il ne va rien dire sur mon bleu sur la joue.
— Vous seriez disponible quand ? S'enquiert-il.
— Ah ! Ben... le plus tôt possible. Je suis encore étudiante, mais j'ai besoin de économiser pour la suite...
— Très bien... Hm..
Il réfléchit et me sourit.
— Et ça vous dérangerais de travailler un week-end et quelques soirées ?
— N-Non.
En fait si, un peu, adieu mes temps libre. Mais comme la vie c'est de la merde, qu'il faut survivre... Oui bon, c'est aussi mon choix, hein.
— Très bien, dans ce cas je vous proposes vingt heures dans la semaine pour débuter. Qu'en pensez-vous ?
La bouche mi-ouverte, je suis surprise qu'il me fasse une telle offre. J'accepte volontiers et je me sens toute légère. Il se présenta étant comme le gérant, qu'il s'occuperait des papiers et que je commencerais dès mercredi, après que je lui ai donné mon emploi du temps. Ravie, je le remercie plusieurs fois avant de sortir, le sourire aux lèvres. Cet homme n'a pas non plus eu de réflexion sur mon bleu sur la joue, et tant mieux!
J'eus le réflexe de sortir mon portable pour l'annoncer à Taishiro et aussi aux autres. Dès que je me connectais à mon premier réseau social, je fronce des sourcils en voyant des notifications un peu élevées. J'appuie dessus et je constate que quelqu'un m'avait affiché, me disant que je drague des lycéens de UA. Non mais c'est une putain de blague ?! Jess n'a pas fait ça ?! Et là, de suite, tout stress disparaît. Kirishima était venu me défendre.
« Non elle nous a pas dragué. Ne dis pas des mensonges, bonne journée. »
Kirishima Eijiro, je t'aime, putain. T'es le meilleur. Il avait récolté plusieurs j'aime sous son commentaire et d'autres attiraient mon attention. Hado Nejire était aussi investit dans ce bordel.
« C'est pas gentil de balancer des fausses rumeurs tu sais !! »
Elle est adorable. J'ai grave hâte de faire connaissance avec elle.
« Supprimez ce message. Vous blessez une personne sans la connaître réellement, c'est immature. »
Amajiki Tamaki. Lui aussi, avait prit ma défense. Mon coeur grossit et j'ai un sourire reconnaissant qui doit s'élargir sur mes lèvres. Je l'aime lui aussi. Quel amour. Je ne le pensais pas capable de faire ça... je ne fais même pas gaffe à l'heure que, par le pur des hasards, mon putain de pouce, se positionne sur l'appel téléphonique de cette personne.
Oh putain de merde. Couillonne que je fais ah !
Le pire c'est que j'ai à peine le temps de annuler cet appel qu'il me répond. Vite, trouve quelque chose pour pas paraître débile !
— Saluuuuuut ! Il est quelle heure ?
Que quelqu'un m'achève, je suis trop bête. Je l'entends bégayer depuis mon téléphone, près de mon oreille. Je rougis un peu aussi, surtout d'embarras.
— Euh... hum... midi passé...
— Ahhh ouais, ça explique pourquoi j'ai la dalle !
De suite, je claque ma main sur mon visage. La honte, sérieusement. Je rebondis vite fait avec une autre excuse, plus valable, plus sérieuse.
— Oh euh ; tu sais ! J'ai trouvé un travail ! Je suis prise au café euh...
Je pivote légèrement, ayant omis de retenir le nom du café.
— Le café Caramel ? Le nom est un peu facile. Je commente à voix haute.
— P-Pour t-t'occuper de la vaisselle ou en tant que serveuse ? Me questionne t-il, négligeant ma petite critique juste avant.
— Beeeen j'en sais rien ? Serveuse à coup sûr !
Un soupir lui échappe et je sourcille avant de l'écouter.
— Tu n'as pas demandé avant...
— Monsieur est un habitué à des entretiens ? Je le coupe, en ronchonnant un peu.
— A-Ah ! J-je ne voulais pas d-dire du mal...
Je lui laisse le temps de s'éclaircir.
— C'est juste... que si c'est pas quelque chose qui te plaît...
— Je prends ce qu'il y a en premier. Je verrais la suite. Je réplique en haussant mes épaules.
— O-Oui, je comprends...pardon... ah...
J'ai cru entendre un « suis-je bête » de sa bouche, mais je reste incertaine. C'était tout bas. Je rebondis malgré tout.
— Merci de m'avoir défendu au fait !
— C'est normal. C'était injuste. Se justifie t-il naturellement, sa voix, plus claire.
— Même ! Après ça, je serais tranquille !
— ...Tranquille ?
— Ouais, ils étaient tous en train de m'afficher différemment et... voilà quoi.
Ma voix sonne un peu faible. J'espère simplement qu'il n'en tiendra pas compte. Amajiki est hésitant, il marque un silence entre nous. Essayant de changer de sujet, il me rattrape, doucement, sans me gronder ou autre chose.
— L'école... il y a eu des soucis ?
— Des petits tracas, mais rien de grave ! Je glousse, allégeant un peu l'ambiance.
Je l'imagine bien froncer des sourcils, ne voulant gober ce que je venais de lui sortir, de façon trop naturelle.
— On s'est moqué de toi ? Insiste t-il.
— Bon, tu as gagné. Un peu.
— Et tu te trouves où ?
Avec un peu de retard, je constate que le stagiaire de Taishiro n'a même pas bégayé. Il semble réellement s'inquiéter pour moi. Je me mords les lèvres, je passe une main sur ma nuque, les yeux rivés sur le sol. Le soleil tape un peu derrière moi, que je décide à bouger un peu.
— Dehors, je me suis bagarré avec celle qui a foutue la merde, je lui révèle, posément.
— Quoi ?! T-Tu t'es bagarré ?!
— Ouais. J'en ai marre qu'on me piétine. Et crois-moi, c'était une première. On m'a poussé le bouchon trop loin. J'attends qu'à mon retour, mes parents me gueulent dessus. Je ris amèrement. Bon, peut-être qu'ils se détendront avec la bonne nouvelle que je vais leur balancer...
Je lève mes yeux (couleur des yeux) vers le ciel dégagé. Je me dis que depuis hier, il s'est passé pas mal de chose. Ma vie monotone a bien changé.
— Tu n'as rien de cassé au moins ? M'interroge Amajiki.
Surprise, je m'arrête encore en chemin. Je fixe mes chaussures, que j'avais remis après avoir retiré celles du lycée quand j'avais quitté l'enceinte de l'établissement.
— Bah, je crois que je me suis prit un coup à la joue. Je lui expose.
— On a pu au moins te soigner ?
— J'ai tracé !
Un boum quelque peu bizarre me fait sourciller. Qu'est-ce qu'il a fait ?
— T-Tu n'es pas allé à l'infirmerie ??? S'indigne t-il.
— Nan, je pense que l'autre s'y trouvait, et puis j'aurais été mal reçu. Je pense.
— Mais non !
— Relax, j'irais me soigner chez moi !
Sun Eater soupire. Il abandonne la partie.
— S'il te plaît... ne te montre pas aussi imprudente la prochaine fois...
— Imprudente ? Je cite en plissant mes yeux. Je ne suis pas en sucre !
— J-Je sais, m-mais c'est juste q-que...
Encore une fois de plus, il balbutie. Je le laisse terminer sa phrase alors que je reprends ma marche dans le centre ville. Il y a des personnes qui sont dans des restaurants ou sur des terrasses. Ceci me rappelait que j'avais un peu faim.
— Je suis juste inquiet pour toi, c'est tout..
Je rougis. Mon coeur s'emballe.
— Je te laisse, Mirio a enfin fini son cours..
— OK, bon appétit à vous !
— Merci... Bon courage à toi.
— Ouais, merci !
On coupe la conversation et j'ai un sourire idiot affiché sur mes lèvres. Je n'aurais jamais cru me sentir aussi légère après avoir parlé sur téléphone. Je rentre chez moi, prête à me faire passer un savon quand mes parents seront rentrés. En attendant, je vais m'occuper de ma joue, en espérant qu'elle ne soit gonflée puis j'irais me détendre un maximum.
La nuit tombée, après avoir échangé avec mes parents – assez durement, surtout avec mon père –, avoir mangé, je me laissais tomber sur mon lit. J'attrapais mon portable, hésitante, j'envoyais un SMS à Amajiki.
De moi à Amajiki Tamaki ; 21h33
Dis ? Je peux te demander pourquoi avoir choisit le nom de Sun Eater ?
Je ne cherchais pas à être lourde. J'étais tout simplement curieuse. Entre temps, je m'occupais, tout en attendant sa réponse. À chaque minutes qui passaient, je jetais un coup d'oeil à mon portable. J'appuyais sur le bouton pour déverrouiller mon (marque de portable), je bougonnais en voyant que je n'avais rien reçu.
Pourquoi ça ne répond jamais dans l'immédiat ? Rah, je me sentais comme une gosse impatiente, j'avais un peu honte. Le pire c'était que je tenais pas en place et j'étais toujours toujours distraite, en attente de lui.
S'il y a bien une chose que j'ai peur, c'est qu'il se lasse de moi. C'est vrai quoi, son avenir est prometteur, que de belles choses vont lui tomber dessus. Quant à moi, je ne serais pas intéressante, je vivrais dans l'ombre. La seule chose qu'il tiendra en compte c'est que je suis la nièce de son maître de stage.
Pitoyable. Je ne suis même pas capable de me tenir à ses cotés. Il fallait vraiment que je me repositionne.
Mon portable vibre et j'attrape mon téléphone, croyant dur comme fer qu'il s'agissait de lui.
De Hitomi <3 à moi ; 21h57
Cc tu vas comment ?
Faux espoirs. Je soupire. De suite, je tape ma réponse sur le clavier tactile de mon appareil numérique.
De moi à Hitomi <3 ; 21h57
Ben écoute, j'ai évité le pire avec la furie de mes parents mdr
De Hitomi <3 à moi ; 21h58
Tu m'as fait flipper plus tôt...
Je pince légèrement l'arrière de mon nez, les sourcils froncés. J'évite de repenser à tout ça. Déjà que j'ai réussi à me calmer...
De moi à Hitomi <3 ; 21h58
C'est fini. Je suis en vacances de quelques jours !
De Hitomi <3 à moi ; 21h58
Tu causes comme une thug lol
De moi à Hitomi <3 ; 21h59
Mais j'en suis une, tu doutes de moi ?
Elle m'envoie un smiley mort de rire. Je souris doucement et je lui donne mes autres nouvelles, surtout pour mon petit boulot que je commencerais la semaine prochaine. On papotait toute la nuit, jusqu'à les bras de Morphée me traînent dans un long sommeil réparateur.
Le lendemain, je suis attristé de voir que Amajiki n'ait pas répondu à mon message. Comme je suis privé de cours aujourd'hui, je me trouve une occupation, pour la journée entière. Je me suis détendu, ne cherchant pas à harceler ce aspirant héro. Si ça se trouve, il est débordé... ou alors... je l'ennuie. Plus tard, dans la soirée, alors que je me regardais une série tranquillement, mon portable vibrait. Surprise, j'aperçus enfin une réponse du garçon aux cheveux bleu nuit – ou indigo.
De Amajiki Tamaki à moi ; 19h39
Je peux manger le soleil si je veux.
Mon cerveau bug. Mes yeux sont ronds et je papillonne des paupières. Je n'ai pas trop comprit en fait. Mais par politesse, je lui réponds simplement un ok, que je ne l'embêterais plus. La réponse ne tarda pas, ce qui m'étonnait.
De Amajiki Tamaki à moi ; 19h39
Désolé pour hier, j'étais épuisé avec l'entraînement et tout.
Je soupire. Je ne peux pas trop le blâmer. Je le rassure en lui disant que tout va bien, je ne lui en voulais pas.
De Amajiki Tamaki à moi ; 19h42
Au moins, ça m'a soulagé que tu ne m'as pas appelé tard juste pour savoir l'heure
...Je rêve ou bien il plaisante ? Mes joues chauffent et immédiatement, je grogne, je réplique.
De moi à Amajiki Tamaki ; 19h43
La vérité, c'est que tu aurais aimé avoue ma belle voix te laisse sans mots !
Allez, bim, 1-0 pour moi !
De Amajiki Tamaki à moi ; 19h43
Je pense que j'aurais surtout pleuré pour mon manque de sommeil.
De moi à Amajiki Tamaki ; 19h45
Qui es-tu ? Qu'est-ce que tu lui as fait ? Rendez-moi le Amajiki pas ironique !
Réflexion faite, je vins à me demander s'il n'était pas plus à l'aise derrière un écran ? Il rapplique très vite et je rougis.
De Amajiki Tamaki à moi ; 19h46
Tu as commencé.
Oui, c'est ça, dédouane-toi de tout ça. J'ai un sourire amusé et je rigole. Je tente de le perturber et il se défend plutôt bien. Je n'aurais pas cru blaguer avec lui une bonne heure avec lui. Amajiki me lâche pour faire ses devoirs, ce que je comprenais. Il me souhaite bonne chance pour mon premier jour de boulot demain et je le remercie.
Cette nuit-là, je dormais vraiment bien.
Au lendemain, vers les dix-sept heures passés, j'avais rejoint le café Caramel. Mon patron m'a fait signé des papiers, m'emmenait vers les vestiaires, j'enfilais mon tablier rouge et je mettais des chaussures adaptées pour la marche. Il me présente à d'autres collègues et me confie à un de ses bras droits, je crois. On m'explique mes tâches et comment fonctionnait les commandes et tout ça. La restauration n'est pas énorme, donc on était facilement bien cadré. Au premier client arrivé, je suis mon chef et me montre comment on procédait. Il avait un calepin qu'il gardait dans la poche de son tablier avec un stylo. Il salut le client – visiblement un habitué, vu comment il lui répondait un peu trop familièrement – et prend commande. Mon supérieur me fait signe de la tête pour continuer à le suivre, chose que je fis.
Les minutes passaient, les heures avec. J'avais un peu de mal à suivre la cadence. Il m'arrivait à faire des gourdes avec les numérotations des tables, cependant, dans l'ensemble, la clientèle se montre très compréhensif, ce qui réduisait mon stress. Mes collègues et mon patron me rassurent et très vite, je me sens un peu plus à l'aise.
Après que j'ai terminé d'aider à faire la plongée, d'avoir nettoyé des assiettes et verres, mon patron m'appelle. Je sors de la cuisine, tout en essuyant mes mains avec un chiffon.
— Oui ??
— Vous avez de la visite. Me sourit-il.
Je lève mes yeux et je me fige sur place. J'écarquille mes yeux devants ces trois hommes à l'entrée.
— Coucoooou (ton surnom préféré) ! Me salue Taishiro en agitant sa main droite, tout sourire.
— Alors c'est ici que tu travailles ? C'est chic, j'aime bien ! Commente joyeusement Kirishima qui regardait le décor.
— B-Bonsoir..
Alors. Déjà. Qui a décidé de les inviter ici ? Fat Gum ou c'est Amajiki ? Nan, je penche plutôt sur l'adulte qui a envie de me voir.
— Bonsoir...
— T'es toute mimi dans cette tenue !
— ...C'est juste un tablier que je porte, le reste, c'est une tenue basique. Je lui explique, blasé.
En plus je ne savais pas que ce mercredi ils avaient stage. Bref. Professionnelle, je leur indique où se placer pour une table à trois. Je les guides, les laissant s'asseoir. J'ignore au mieux les regards surpris et bluffés de la clientèle en voyant un héro ici, avec des élèves de UA.
— C'est pour dîner ou juste une gourmandise ? Je questionne, gardant mon aspect professionnelle.
— Je ne sais pas, tu travailles jusqu'à quelle heure ? Je t'invite au restaurant après si tu veux ! Me suggère Tai.
Oh putain, il me donne envie. Et aussi, je me rends compte qu'il doit être sacrément friqué pour manger souvent aux restaurants. Ah oui, j'ai omis qu'il a parfois des repas gratuits... Dieu, pourquoi je ne suis pas devenue aussi une héroïne ? La vie est sacrément belle. Quelle ironie de penser juste à ça.
— Hmm... je ne sais pas, j'ai encore une heure à faire. Je lui annonce, en jetant un coup d'oeil à l'heure suspendu au-dessus du bar.
— On peut attendre encore un peu. N'est-ce pas les garçons ?
Red Riot et Sun Eater acquiescent.
— Evidemment qu'on peut attendre ! Sourit Eijiro.
— O-Oui... Souffle timidement Amajiki en baissant ses yeux.
— J'ai même le temps de signer des autographes et prendre la pose photo avec vous les garçons !
Fat Gum rit, il tape ses mains sur son ventre. Le garçon aux oreilles pointues souffle et pose sa tête contre la table. Je hausse mes sourcils et je l'écoute.
— Non... pitié.. pas des séances photos... c'est stressant... tout ces yeux...
— Mais senpai, vous y serez confrontés. Balance directement le roux, ahuri. Puis pourquoi se sentir si mal ?! Vous avez la classe !
— Argh...non...
— Si tu veux, je t'autorise même à effectuer une position mignonne, comme des idoles !
— ...Hein ???!
Il se redresse, choqué. Il est rouge cramoisie. Tamaki fronce des sourcils et s'entoure de ses bras, il frissonne rien qu'à l'idée d'y penser. Je retiens de glousser.
— Non mais ça ne va pas !? Vous vous me maltraitez là !
— Allez détends-toi ! Tu es toujours tendu dans des lieux publiques !
— Si tu veux, on fait juste une pose avec le pouce levé ! Ça ne fait pas trop d'effort ! Lui propose Kirishima avec un sourire rayonnant.
— Au secours (ton nom), je suis martyrisé...
Attaque spéciale de Tamaki Amajiki ; yeux de chat botté. Damn, il a les larmes aux yeux, il est trop pur pour ce monde. Je rougis, je grince des dents, n'ayant jamais cru que quelqu'un puisse être un copier-coller de ce chat roux, au chapeau élégant, armé d'une épée avec une ceinture à la taille et une paire de bottes noires. Allez, je dois vite me défaire de son emprise, je ne vais pas me laisser avoir.
Car pour le coup, c'est grave tentant de l'embêter !
— Mon pauvre bébé, ne t'inquiète pas, ma main se pose sur sa tête et je lui caresse les cheveux, on est tous des moutons ici, aucun méchant loup ne viendra te dévorer !
— ...Tu t'y mets aussi !? S'alarma Amajiki.
— Moi ? Je suis très pure et innocente !
Je m'innocente. Les garçons rient excepté la cible de nos moqueries. Je pouffe doucement et je lui souris.
— Oh allez, il a quoi de plus pire qu'une photo ?
Il me fixe intensément. Je cesse de rire et je le sonde aussi du regard. Je me sens complètement bizarre. J'ai comme l'impression qu'il me déshabille du regard et la manière dont il me jauge me fait rougir un peu plus. Mon coeur tambourine contre ma poitrine et je crains de perdre l'équilibre. À ce jeu de regard, à coup sûr, j'y perd.
À quoi est-il en train de penser après ma question ? J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Amajiki plisse des paupières, il serre ses poings, il est le premier à détourner ses yeux. Troublé, mes pensées sont reportés que sur lui. À quoi pouvait-il songer ? Pourquoi son visage s'est assombrit d'un coup et je distingue de faibles rougeurs sur ses joues ? Je m'abstiens de l'interroger, de peur qu'il se braque totalement. De plus, j'étais à mon lieu de travail.
— Bon, je vous ramènes les cartes.
— Oui, merci ! Me sourit gentiment Eijiro.
Je m'éclipse, je termine quelques trucs avant de leur ramener les cartes qui montrent les petites gourmandises et délices. Entre temps, je servais d'autres personnes, je nettoyais des tables, retournait à la cuisine... Quand je vins apporter ensuite les commandes des garçons, je les disposais sous leurs yeux émerveillés. Ils avaient déjà l'eau à la bouche.
— C'est toi qui a fait ce magnifique tiramisu, (ton nom) ? Me demande Kirishima, admiratif.
Avec un sourire mi-amusé, je croise mes bras.
— Tu aimerais ? Je pourrais en faire par moi-même un jour.
— Vraiment !? Ouah, j'ai trop hâte !
J'ai comme l'impression que Amajiki fronce des sourcils et dévisage son camarade, mais pas méchamment.
— Ta tarte aux framboises ne te donne pas envie, Amajiki ? Je le questionne.
— Si, si...
— Ah !
Je rejoins mes mains.
— Tu veux aussi goûter à mon tiramisu ?
À la vue de ses rougeurs, j'ai un sourire attendrit. Il est mignon. Il ne le dénie même pas. Au contraire, le aspirant héro hoche timidement de la tête, me donnant raison. Il est trop mignon... Taishiro nous regardes à tour de rôle et croise ses bras.
— Il faut croire que vous vous êtes bien trouvés !
— Hein ? Je lâche en même temps que Amajiki.
— Vous faites la paire !
— ...Heiiin ???
Je le dévisage et je secoue ma tête. Moi aussi, j'aimerais bien, mais je reste réaliste. Ce n'est pas possible.
— Sûrement dans tes rêves les plus fous, oui.
— Allons ne sois pas si directe que ça ! Et puis je suis convaincu que avec toi, mon petit nain préféré va se métamorphoser ! Devenir plus épanouis !
— ...Petit nain ? Répète Sun Eater, blasé.
— Les petits nains, dans les histoires, sont connus pour leur timidité et fuis de tout et de rien ! Je suis certain que ma (ton prénom) va t'exposer et te faire mûrir ! Rit Fat Gum.
— Pourquoi vous êtes toujours à vouloir me sortir de ma zone de confort ?
— A ton avis ? Tu caches ton talent ! Tu es capable de rayonner plus que quiconque si tu le faisais.
Alors qu'on conversait entre nous, j'entends un de mes collègues qui hausse sa voix, taquin.
— En gros, porte tes couilles ! Elles évolueront avec ton coté viril qui sera éveillé !
Un silence gênant s'abattit dans tout le café. On entend depuis la cuisine des verres et assiettes s'éclater contre le carrelage. La musique chill continue de jouer, tandis que tous les regards sont rivés vers nous. Je devais être aussi rouge que Tamaki, qui venait d'être épinglé par un parfait inconnu. Kirishima, mal à l'aise, se décide de siroter son thé glacé, complimente comme quoi c'était bon tandis que mon patron, toujours au comptoir, tousse et jette un regard noir à mon collègue.
Cette phrase qu'il a sortit au grand jour, ne devait surtout pas, sortir du contexte.
Amajiki pose ses mains sur son visage. Il est tellement rouge que même ses oreilles le sont.
— Je veux rentrer...
Le pauvre. Je compatis.
— T'inquiète pas, je t'offrirais du tiramisu ! Hein ? Tu veux quoi avec ? Des cookies ? Au moins, ça aussi c'est simple à faire...
— Ne te force pas, (ton nom)...
— Ah ! Et s'il te plaît, appelle-moi simplement (ton prénom). On est amis, non ? Pareil pour toi, Kirishima !
— Alors appelle-moi Eijiro ! Ou comme tu as envie ! Me déclare t-il en se désignant avec son pouce, tout content.
J'opine et je retourne à ma tâche.
Entre temps, pendant que je m'occupais du ménage, j'observais au loin les garçons. Ils étaient dans une intense réflexion tout en dégustant tranquillement leur petit plaisir. Je souris et je terminais mes dernières minutes avant de retourner aux vestiaires et sortir. Je salue mon patron, qui s'occupait de la fermeture avec d'autres. Je retrouve les garçons en train de m'attendre hors du café et je me dépêche de les rejoindre en souriant.
De suite, je viens taquiner Tai.
— Tu ne vas pas avoir mal au ventre ?
— Absolument pas ! Et tu crois qu'un flan me suffit ? Je suis affamé !
Je ris avec les garçons. Eijiro croise ses bras derrière sa tête. Il admire le ciel en train de s'assombrir. Des épais nuages plus obscurs survolent les cieux tandis que un avion plane, il fend ces mousses, laissant derrière lui, des traces de sa trajectoire, qui se dissiperont plus tard. Les lampadaires commencent à activer leur éclairage nocturne et l'air devient frais. Cette fois-ci, il y a un peu plus de monde qui se balade dans les rues. Sans doute l'heure où les employés ont terminé leur journée. Et que certains filent pour faire leur course de dernière minute.
Accompagnant le trio vers un restaurant, et pas un fast-food, de ce que vient de m'assurer Taishiro, nous papotions de tout et de rien. En chemin, mon attention se dirige aléatoirement vers un passant original. Il avait un look punk, une crête rose fluo. Je ralentis mes pas et alors que je le scrutais, j'identifiais un tatouage sur son bras. Je plisse mes yeux. J'ai comme un déjà-vu. Les types de l'autre fois, les vilains, ils avaient ce symbole il me semble. Incertaine, je laisse passer et je ne dis rien. Peut-être que ce n'était juste le fruit de mon imagination.
Nous arrivions dans un coin réputé pour les meilleures gastronomies. Le soir tombé, il y a un peu plus de foule qui se balade, il y a plusieurs points lumineux dans ce centre ville. En dehors de ces nombreux lampadaires, des panneaux de publicités exposaient plusieurs LED colorés, de différents genres ; guirlandes, des spots... et un en particulier m'amusait. Dressé contre le mur en béton, un immense crabe. Les pattes s'agitaient régulièrement, à un rythme lent. En dessous, affiché en kanji ; « Heaven Main Store ». Toujours en hauteur, plus sur la gauche, un panneau avec une poulpe. J'ai un sourire amusé, me rappelant que Tai adore les plats à base de poissons et tout ça.
Pénétrant dans ce restaurant chic, au thème marin – et à la fois à bar sushi plus loin, on se pose et je hume la bonne odeur qui flotte dans l'air. Il n'y avait pas que du poisson, il y avait aussi de la viande. Le steak grille, Eijiro a les yeux qui brillent et de la salive dégouline le long de ses lèvres.
— Ca a l'air vachement succulent...
— Tu aimes le steak ?
— C'est la meilleure chose au monde !
Je pouffe. Tamaki est aussi attendrit. Derrière lui, Fat Gum a un grand sourire.
— C'était mérité, vous avez bien travaillés.
Je me questionne. Il les récompenses genre à chaque fois ?
— Merci Fat Gum ! Vous êtes trop bon !
— Hmm...
— Un problème Tamaki ? Demande Taishiro en le regardant. Tu as une petite mine.
Je le devance avant même qu'il ne prenne parole.
— Il veut rentrer, s'écrouler au lit et ne faire qu'un avec le silence.
Il me dévisage.
— Oui.
— Je commence à te connaître sur le bout de mes doigts. Je me vante.
— Vraiment ?
Étonné, son sourire me fait immédiatement rougir. C'est moi ou il semble joueur tout d'un coup ? J'acquiesce et il pose sa joue sur la paume de sa main, ses yeux noirs, sont posés sur moi, il me fixe intensément, prêt à débuter son quiz, sûrement. L'apprenti héro se lance et je me concentre.
— D'accord. Sais-tu ma date d'anniversaire ?
Eh merde.
— Non. Mais mon intuition me dit que tu es... de mars !
— Pourquoi mars ?
— En astrologie, c'est le poisson, du coup, vu comment tu es, pour moi, t'es poisson !
J'improvise. J'ai juste ?
— La chance te souris. Et la date ?
— Dix-neuf !
— Faux.
Bon bah, c'est fait hein. Tamaki rit doucement, ce qui étonne Fat Gum. Ce dernier se tait, il nous observes et écoute, n'osant déranger notre moment à deux.
— Du coup... c'est quoi la vraie date ?
— ...Le quatre mars.
— D'accord, je prends note.
Chose que je faisais immédiatement en le notant sur mon téléphone. Amajiki semble un peu gêné et gratte sa joue.
— Je pense aussi... te connaître un peu plus.
— Ah ouais ?
— Ton plat préféré... c'est... (ce que tu aimes).
— Incroyable, je souffle, surprise. Oh attend, je vais augmenter la difficulté. Cite moi un groupe de musique que j'aime !
Réduit en silence, il me fixe puis, secoue sa tête, admettant n'avoir pas assez d'informations. Je souris, fière, tout en allant vers la table qui nous était attribué. Une fois assise, je passe un doigt sous mon nez, avec vantardise, je gonfle mon buste, me croyant plus doué que lui.
— Elle aime (nom de groupe préféré), et aussi...
J'acquiesce doucement, avant de rouvrir mes yeux, choqué. Fat Gum ne se soucie de rien, il balance tout, littéralement tout ce que j'aime et je déteste à Tamaki. Ce dernier, étonné, récoltait un maximum d'informations.
— Non mais ça va ?! C'est beaucoup moins drôle là !
— J'aime aussi ce groupe. M'avoue Tamaki.
— Ehhh ? Je ne m'attendais pas à ça, senpai ! S'étonne Eijiro en le regardant avec de gros yeux.
Le concerné rougit et triture une de ses mèches, il dévie son regard et essaie de effacer sa présence le plus possible. Quant à moi, avec mon entrain, je me penche en avant et je le met à l'aise, contente qu'on ait un point commun ensemble.
— Ce serait grave cool qu'on aille voir un concert ensemble !
— U-Un concert ?
Il se crispe et sa mâchoire se contracte. Très vite, je capte ce qui n'allait pas et je m'efforce de sourire.
— Ahhh... ouais, tu vas me dire que la foule... tu n'aimes pas...
— Désolé...
Sincère, je le vois baisser sa tête et il serre le bas de son costume. Tamaki plisse ses paupières, il a le visage légèrement assombrit. Il se mordille légèrement les lèvres. Coupable de priver des sorties ensemble, de ne pas pouvoir me promettre de passer du bon temps ensemble, il doit sans doute, se maudire intérieurement. Son complexe l'écrasait, l'étouffait tellement que j'avais l'impression de réveiller ses angoisses.
— Même si je lâche un pet général qui ferait écarter la foule tu voudrais pas ?
— Qu_ ?! (ton prénom) ??!!!
Très sérieuse, j'ignore Eijiro s'étouffer alors qu'il buvait à peine son verre d'eau et que Fat Gum me regarde, choqué. Je hausse mes épaules, indifférente. Surtout que, ce n'était qu'une farce.
— Eh, calmez-vous, c'était une blague !
— J'ai cru que c'était vrai... Soupira Tamaki, la tête baissée.
— ...Tu me vois capable de faire ça ?
— Après avoir apprit que tu t'es battue avec quelqu'un ? Un peu.
Immédiatement, je viens écraser mon pied sur le sien nu. Il grimace et couine sous la légère douleur que ça lui provoque. Je gonfle mes joues, vexé.
— Dis aussi que je suis sale.
— Tu es tout sauf sale ! Tu es brillante, tu as du caractère, tu es classe et_...
Il se coupe instantanément, il est aussi surprit que moi et nous rougissions en même temps. Fat Gum pouffe et passe déjà sa commande, l'esprit tranquille comparé à moi et à son disciple. Nous deux, on fumait du crâne, nos pensées sont embrouillées, folles.
Ce garçon était le seul à m'avoir complimenté ainsi. J'étais toute chose. Je me maîtrisais au mieux pour éviter qu'on se moque de nous – ou que j'ai une réaction trop extrême –, je viens de suite rebondir, ne souhaitant pas rester silencieuse après cette flatterie reçue, en plus que, dès fois, j'aime avoir le dernier mot.
— Toi aussi, tu rayonnes, tu es vraiment mignon et aussi incroyable.
Le aspirant héro écarquille ses yeux. Le rouge monte jusqu'à ses oreilles. Timide, ce lycéen d'environ mon âge passe une de ses mains sur son visage, encore gêné. Il ne trouve rien à redire. Je tente au mieux de calmer mon coeur qui palpite trop vite dans ma poitrine. Ce n'est pas pour autant qu'il m'a complimenté que ceci voulait dire qu'il avait un kiff sur moi. Je n'arrive pas à me poser. Je suis trop perturbé. Et je pense que lui aussi.
Je ne sais pas ce qui me pousse à vouloir croire au miracle. Peut-être que je veux être comme les autres. Vivre, explorer ce sentiment inconnu et mystérieux que représente l'amour. Je l'ai toujours imaginé. J'ai toujours observé les comportements des couples. Je suis passé au stade de la curiosité au dégoût. Du dégoût à l'envie. De l'envie au désir d'avoir un ou une partenaire dans ma vie, une personne qui m'accepterait qui je suis et qui aimerait être à mes cotés.
Ma famille, en dehors de Tai, place trop d'exigences sur moi. De pression. Et pour tout avouer, impossible de savoir ce que je veux faire à l'avenir. J'angoisse facilement. J'évite d'y penser. Je vis l'instant présent. Et pourtant, je suis à cheval entre le présent et le futur proche. Je me retrouve dans une sorte d'impasse, incapable d'avoir de l'aide pour me rassurer.
Même ma meilleure amie, putain, elle sait ce qu'elle veut faire. Elle vise des concours pour devenir infirmière. Donc une prépa ! Pour moi, qui ne suis pas accro aux cours, devoir apprendre du par coeur, en plus d'avoir des examens constamment, ce n'est pas mon truc. Autrement dire, cette année, c'est la dernière, avant que nous deux, on se sépare. Je ne la verrais plus dans la même classe. Ni en récréation. Ni aux pauses de déjeuner. Elle part vivre ailleurs, en tant qu'étudiante exemplaire tandis que moi...
Je me sens terriblement honteuse à coté d'elle. Je ne dis pas qu'on va rompre notre amitié pour la distance. Ce n'est pas prévu. Mais passer moins de temps avec elle, me déchire le coeur. D'ailleurs, c'est pareil avec Tamaki et Eijiro. Aujourd'hui, on s'entend super bien à table. Toutefois, dans quelques mois, on ne se reverra plus. Sun Eater sera sûrement déjà en vie active – ou alors il approfondit ses études héroïques à l'étranger ? - et quant à Red Riot, eh bien, surprise. Ça m'attriste et j'essaie de écarter ces songes négatives.
— Et c'est aussi pareil pour toi, Eijiro !
— Eh ?!
Automatiquement, il rougit lui aussi. Un rire nerveux quitte ses lèvres alors qu'il m'adresse un grand sourire gêné. Il se gratte l'arrière de sa tête, les yeux fermés.
— M-Merci (ton prénom) ! Toi aussi tu es super !
J'ai cru déceler une moue déçue venant de Tamaki. C'était moi ou bien était-il jaloux ?
Nos commandes arrivaient et nous mangions tranquillement. Fat Gum mangeait beaucoup. Petit à petit une pile d'assiettes furent superposées et on voyait bien que le héro se régalait. On avait dû patienter un bon moment, jusqu'il termine de se goinfrer.
Je ne parle même pas de l'addition. Il y avait trop de zéro après le chiffre douze !
Dehors, Tai est aux anges. Le propriétaire du restaurant lui a même offert quelques brochettes de takoyaki. Il en mange goulûment. Son estomac me surprendra toujours...
— Dîtes, il ne vous invites pas tous les jours ? Si ?
— Non, heureusement. Me souffle directement Tamaki, blasé.
Fat Gum s'étonne.
— Pourquoi heureusement ?
— ...Parce que. Lui répond simplement Amajiki en fuyant son regard, de peur de se faire gronder, sûrement.
— Comment l'expliquer ? Trop de fois c'est énorme... déjà le prix...
Finalement, c'est Eijiro qui ose prendre parole. Lui aussi, pense comme Tamaki et ce dernier, opine doucement. Leur maître de stage sourit et rit doucement, leur assurant qu'ils n'avaient pas à se soucier de ce détail.
Soudain, on entend un cri derrière nous. Quand on se retourne, on aperçoit un groupe fuir un pauvre vieil homme.
— Au voleur ! Au voleur !
Immédiatement, Fat Gum se retourne, fait barrage. Deux types se retrouvent complètement coincé dans son ventre. Seuls leurs jambes sont hors de son bide. Sa graisse, les retenaient captifs dedans et le pire, c'est que le héro ne ressentait rien de désagréable. Énervé contre ces inconnus, il ne comptait pas les libérer de si tôt. Son alter était la « graisse absorbante » elle permettait de tout arrêter. Quand il la convertit en énergie après avoir absorbé des attaques, son corps change littéralement. J'y ai déjà assisté à cela et je dois avouer qu'il est bluffant !
Ceux qui avaient ralentis, contournèrent aussitôt Tai en crachant des injures. Réactif, Tamaki vient en attraper en utilisant son alter. Son bras, se change en plusieurs tentacules. Il utilise avec son deuxième membre, une palourde pour assommer d'autres qui prennent la fuite. Je ne rate pas une seule miette de son intervention. Son alter est l'assimilation. Son corps peut prendre les caractéristiques de ce qu'il mange. J'ai même entendu par lui, mentionner qu'il peut reproduire un poison sécrété par un être vivant. Gêné et en manque de confiance en lui, il me demande à moi et à Eijiro s'il avait ou pas bien géré. Le rouquin et moi on le rassure en le félicitant.
Red Riot fonce sur ceux qui prennent la fuite et les assommes.
— Dégage sale grosse truite !
Un me pousse comme si je n'étais qu'une grosse mascotte qui faisait de la publicité dans la rue. Je fronce des sourcils, ne tolérant pas être traité comme ça. Comparé aux autres, même si je n'avais pas de permis provisoire ou autre, je me lâchais. Mes jambes partaient et j'attrapais fermement la main du voleur qui détenait une mallette.
Je me concentre. Mon alter émotion s'active. Et là, stupéfaite, je remarque le visage de cet inconnu rougir. Il pivote sa tête vers moi. Ses pupilles sont rétrécis, ils brillent, et j'y décèle une colère immense.
Merde, merde, merde ! C'est mauvais signe ! La colère !
— Toi ! T'es même pas fichue d'être une héroïne, tu te mêles de quoi, sale grosse merdeuse ?!
Il rugit. Il me postillonne même dessus ce qui me fait grimacer de dégoût. Il bouge violemment, pour que je le relâche. Chose qu'il n'y arrive pas. Dommage pour lui, j'ai plus de force que lui – et je remercie cette qualité là chez moi.
— J't'ai déjà vu dans la vidéo ! T'es encore à traîner avec Fat Gum hein ?! T'es sa fille ?!
Je ne relâche rien. Je ne me laisse pas être distraite par son excès de rage. Soudainement, il se met à rire, hystériquement. Je fronce des sourcils. Ce type a une bonne résistance avec mon alter. Il est juste... cinglé là. Je n'arrive même pas à le mettre aveuglé, en position foetal ou autre et ça craint.
— Mais oui ! T'es la gamine de Fat Gum !
Il hurle. Les passants ont tous leurs regards rivés vers moi. Je retiens toujours ce sale type par le bras. Je grince des dents, je maintiens au mieux ma position pour éviter de perdre l'équilibre. Je discerne des gens sortir leur portable, près à filmer ou me prendre en photo.
Merde, je ne veux pas foutre le bazar dans la vie professionnelle de Tai. Je ne veux encore moins être affichée entièrement sur les réseaux sociaux !
Soudain, un bruit d'arme à feu. Mes pieds quittent le sol et je ressens comme une douleur passagère au ventre. Mes pieds tangent, et, sont suspendues dans le vide. Mes oreilles bourdonnent et je crois entendre des cris. De drôles de bulles rouges tombent vers le bas.
Je papillonne des yeux, je relève ma tête, surprise et confuse. J'ai le souffle coupé.
Autour de moi, des tentacules. Tamaki venait de me sortir du danger mais à la place, il s'était prit une balle à l'épaule. Je frissonne dès que je constate qu'il a un regard noir, intimidant.
— C'est une connaissance à nous. Et vous en êtes prit à une civile, une innocente...
Sa voix était grave et menaçante.
— Ne croyez pas que je serais doux avec vous !
Aussitôt, il assomme brutalement le voleur armé d'un pistolet. Le type geint et s'écroule sur le sol, inconscient, l'arme blanche, hors de portée. Sun Eater souffle par le nez et me fait redescendre des airs. Il annule son alter et retrouve ses deux bras. Très inquiet, il virevolte immédiatement vers moi, son expression change complètement.
Il court vers moi. J'observe sa blessure à l'épaule, sa cape blanche s'était imprégné de son propre sang et ma gorge se noue.
— (ton prénom) ! Tu n'es pas blessé au moins ?! S'affole t-il.
Je secoue ma tête.
— Non... mais tu es blessé... par ma faute.
— Ce n'est qu'une égratignure, m'assure t-il avec un doux sourire réconfortant.
— Même, c'est..
Autour de nous, des applaudissements. Je vois Tamaki se raidir et trembler, perdant toute son assurance d'un coup, face à toute cette attention. Malheureusement, ce moment de gloire ne dura pas. Quelqu'un venait de tirer de nouveau sur Sun Eater, sur son autre bras. De suite, nous regardions le tireur, qui s'était caché dans la foule. Ce dernier, prit la fuite lâchement. Eijiro se mit à le poursuivre.
— Que...
Je considère Tamaki. Il avait étendu son bras. Il voulait déployer son alter. Mais rien ne se faisait. Juste de toutes petites chaires roses gluantes sortaient du bout de ses doigts, pas plus de un mètre. Sidéré, il fronce des sourcils.
— Qu'est-ce qu'il t'arrive ?! Je panique, en venant lui saisir ses mains.
— Mon alter... il ne s'active pas...
— Tu veux dire... que la balle que tu viens de recevoir...
Une balle anti-alter ? Ou il a été injecté par un effacement... je n'en sais rien et il est perturbé. Je le vois perdre ses moyens et je suis bouche-bée.
— Tout va bien ?! Lui crie Fat Gum. Sun Eater, gardes les autres prisonniers, je vais rattraper Red Riot !
— Je vais bien ! Mais... mon alter ne se déclenche pas !
— Quoi ?!
Choqué, Tai grince des dents. Il ne veut pas rester derrière sans assurer la protection de sa dernière recrue.
— (ton prénom) ! Reste avec Sun Eater !
— D'accord !
Sur ces paroles, il fonce, nous laissant derrière.
— Bon sang ! Je ne peux pas rester sans rien faire ! Fat Gum est partit rejoindre Red Riot... !
Tamaki s'énerve, se blâme d'avoir été stupide de n'avoir pas prédit ce tir. Qu'il aurait dû compter avant. Il serre ses poings en grimaçant.
— Calme-toi Tamaki ! Je lui crie. Ce n'est pas en te rabaissant que ça va s'arranger !
— Oui... C'est vrai... désolé...
Amajiki baisse sa tête, désolé. Je le serre dans mes bras, le temps que tout se règle. Il était tendu mais acceptait ma douceur.
Tout d'un coup, je me rappelle d'un détail. Dans la bande de voleurs... il y avait un avec une mallette ! Je ne l'ai pas vu se faire stopper ! Je relâche Tamaki, à l'affût d'un autre potentiel danger imminent. Je balaye du regard la foule confuse. Je tente de repérer un mouvement suspicieux. Justement, un s'éclipse, se faisant petit, discret. Dans sa main, l'objet qui me confirmait mes doutes. De suite, je le suis, en écartant les inconnus qui me bloquent le passage.
Je hausse le ton de ma voix, alors que derrière moi, le aspirant héro sourcille, confus.
— Hé vous !! Arrêtez vous !
L'homme pivote légèrement de la tête puis, se met à sprinter.
Oh le connard !
Je le poursuis en me mettant à courir à mon tour.
— J'ai dis stoooooooop !!!
— Nooon ! Va te faire foutre ! Je dois les vendre ! Sinon Overhaul va me buter !!!
Overhaul ? C'est qui ? Je m'en fou ?
— Ben là, c'est moi qui va te buter !!!
Je suis déjà essoufflé. En plus j'ai mangé juste avant. Ce remue-ménage n'est pas bon pour ma digestion. Étonnamment, j'ai réussi à choper le voleur, et le pire, c'est que je lui ai fait un placage, comme ferait un rugbyman. Je le maintiens au sol, il tente de se dégager.
Par pitié, faite que cette fois-ci, mon alter soit utile ! Je ferme mes paupières. Je me concentre, les sourcils froncés. Je demande à ce qu'il rit. Pour qu'il cesse de se tortiller. Surtout que actuellement, il me (tire les cheveux/ me gifle).
Ris, ris, ris... !
— Pouhahahaha !!????
Je me crispe. Ça a fonctionné ?! Je relève aussitôt ma tête et je le vois pleurer de rire, ses bras, autour de son ventre, plié en deux.
— Pourquoi j'ris ?! AHAHHAH ?????
...D'un coté j'ai envie de me foutre de sa gueule et d'un autre, j'ai envie de grimacer à la vue. Je le relâche et je récupère la mallette grise. Ça pèse pas beaucoup mais le contenu m'intrigue.
— Il y a quoi là dedans ?
— Ahahahah !!! o-ouvre p-pas ! Ahahah... !
Je désobéis et j'ouvre le contenu. Je plisse mes paupières en voyant ce que ça détenait. Derrière moi, Tamaki me rejoint, inquiet pour moi.
— (ton prénom) ! Ne pars pas comme ça...
Il fixe le voleur à terre, mort de rire, il se roule sur le goudron sale, frais du soir. Assez vite, le lycéen de mon âge mon considère, se rapproche et fronce des sourcils. Dans la mallette, bien alignés, des seringues avec un liquide rouge écarlate, ou des munitions pour des armes à feu, mais en petite quantité.
— ...On a affaire à un nouveau trafique...
— On dirait bien. Et il mentionnait un Overhaul. Je lui annonce en regardant l'homme à terre.
— Overhaul ?
Tamaki jette un œil vers le voleur à terre.
— C'est qui ?
— Ahahhahahaa !
Je m'approche de lui et je craque mes poings, énervé.
— Crache tout ce que tu sais, ou tu vas morfler avec mon alter. Tu ne vas plus rire. Là tu jongler entre les larmes et la fatigue. Et crois-moi dès que tu es KO, compte sur moi pour te foutre la honte en public !
— D-D'accord ! P-Pitié_ahahaha !!!
Je m'accroupis, je le dévisage, patientant qu'il nous dénonces qui est l'auteur de ces créations.
— C-C'est le nouveau b-boss des yakuzas...O-Overhaul... ! I-il.. ahahaha... a besoin d'argent !
— Comment il fabrique des balles anti-alter ? L'interroge Tamaki, les sourcils froncés.
— J-J'ai ahahahahaha_... e-entendu dire... q-qu'il avait une fille... ! Ahahaha...
Avec Tamaki, on se raidit. Quoi ? Une fillette ? Quelque chose sonne pas juste et même Sun Eater me regarde, pas rassuré. Il serre ses poings et baisse sa tête.
Tout était vite réglé. La police était enfin arrivée et Fat Gum leur livrait les voyous. Eijiro était amoché, mais était revenu victorieux de son combat dans la ruelle. On avait apprit que le tireur s'était drogué, ce qui avait multiplié la puissance de son alter, le rendant ingérable. Par la suite, Tamaki était escorté jusqu'à l'hôpital avec les autres, pour examiner la balle qu'il avait reçu. Quant à moi, j'étais ramené chez moi, sans qu'on me garde.
Toute la nuit, impossible d'avoir l'esprit tranquille. J'étais seule, perturbée, attendant la réponse de Tamaki à mon SMS. De plus, grâce aux paroles de mon sauveur, il n'y avait pas plus de questions me concernant sur les réseaux sociaux. Je regardais mes mains, les jambes repliées contre ma poitrine, soucieuse et déçue de moi même.
Je n'ai pas su être utile. Leurs être utiles.
Tamaki m'a dit que j'avais assuré pour ce voyou que j'avais attrapé à la fin. Que les informations qu'on a pu récolté ont été utile pour Fat Gum. Quand il me l'a annoncé par SMS, je me suis sentie rassuré, plus soulagé. Malgré tout, j'étais trop perturbé pour bien dormir. Je ne tenais pas en place.
On m'appelle. Je me lève mollement du lit. Je sors de ma chambre en pyjama, avec une petite mine. Au salon, j'aperçois ma mère et ma grand-mère que j'ai gentiment renvoyé au téléphone la dernière fois. Elle me dévisage, me toise, assise, une tasse de thé entre ses mains.
— C'est quoi cet accoutrement ?!
— Je suis chez moi. Je m'habille comme je veux.
Ma bouche est pâteuse et ma voix est enrouée. Je ne suis pas très matinale.
— Tu te permet de faire une grasse matinée alors que tu as été exclue de cours ?!
— Ouaip.
Je lève mon pouce, tout en gardant mon air blasé et imperturbable.
— Tu vas me faire le plaisir de te rhabiller, je t'emmène quelque part, corriger tes erreurs ! Me somme t-elle, condescendante.
— Flemme.
Je tourne les talons.
— (ton prénom) ?!
— Mamie, c'est ma vie. Je la coupe sèchement, en la fixant par dessus mon épaule, indifférente. Je ne veux pas avoir de regrets plus tard.
Une pensée se dérive à mon expérience de hier. Je lève un peu mes mains.
— J'ai rencontré des personnes formidables. Mon quotidien a un peu changé depuis que j'ai fait connaissance avec eux, par Tai'.
— Et ? Me grogne la vipère.
Une ampoule invisible s'illumine au dessus de ma tête. Un sourire s'élargit sur mes lèvres. Je me retourne.
— Mamaaaaan, tu peux retenir mamie ?
Ma mère hausse un sourcil.
— A quoi tu penses ?
— Tu peux la ligoter pour que je m'entraîne avec mon alter ??? Dis ?
Je crois que j'ai demandé l'impossible. On me regarde comme si j'étais devenue une malade mentale. Ou que j'ai donné mon âme au diable. Tant pis, j'aurais essayé. Je me retiens de rire, je me montre insolente, mais je sais que je suis en train de libérer un lourd fardeau en moi. J'apprends doucement mais sûrement, à m'épanouir. Avant, j'aurais fermé ma gueule. Mais là, j'ai manqué de respect ? À ma famille ? Trop bien ??
Cependant, ceci m'avait bien mit en tête que je voulais aussi apprendre le fonctionnement de mon alter. Je file vite dans ma chambre, ignorant les regards choqués des deux femmes.
Vite habillé après avoir prit une douche, je m'enferme dans ma chambre et je me met à envoyer un message vocal à Nejire Hado et aussi à Hitomi. Ensuite, j'effectue des recherches pour l'utilisation de mon alter. J'y passe un bon moment, jusqu'à l'amie de Tamaki me réponde enfin.
— Apprendre sur ton alter ? Eeeeh ?? Pourquoi dis-moi ???
Je lui explique grandement ce qu'il s'est passé hier. On se parle en direct. Je lui évoque aussi en quoi consiste mon alter.
— Je vois ! Mais je pense avoir une idée !
— Quoi ?
— Tu disais qu'en général, tu touches et hop, ça fait effet ? Me dit-elle, en abrégeant mes explications.
— C'est ça.
— Mais que hier, le premier à avoir touché, l'effet n'a pas été immédiat !
J'opine. Nejire hume et m'éclaircit un point, qui confirmait mes suspicions.
— Est-ce que quand tu touches quelqu'un, tu décides quoi transmettre ?
— Sur le type de hier... je voulais qu'il rit. Comme ça, il ne réagit pas correctement...
— C'est simple ! Tu es chef de toi-même ! C'est à toi de décider quoi faire ! Pas ton alter !
Je masse l'arrière de mon nez. Je bascule en arrière, sur le dossier de ma chaise de bureau.
— Tu me dis que c'est moi qui décide quoi faire...
— Oui ! Ton alter n'est pas basé sur une roulette russe où c'est le hasard qui le remporte ! Glousse t-elle un peu.
Cette comparaison m'amuse. Sa voix m'apaise énormément et je sais que m'être confiée à elle me fait du bien. J'ai l'impression d'avoir causé avec une pro. Pas étonnant, elle aussi, est une future héroïne. Je la remercie et soudain, je l'entends soupirer.
— Un problème Hado ?
— C'est juste que... je pense que notre rendez vous sera remporté..
— Ne sois pas triste pour ça. On aura d'autres occasions !
La bleutée se plaint.
— Ouiiiiii mais je voulais tellement toucher tes petites joues moi ! Te rencontrer le plus vite possible et t'encourager à draguer Tamaki !!
...What the fuck ?
— Eh ? Répète ?
— Je veux que vous sortez ensemble ! Il ne me parle que de toiiiii !
...Quoi ?????
— Développe ? Je souris.
— Il ne fait que complimenter sur toi ! Là au lycée, une fille est venue pour lui donner une lettre d'amour, il a refusé, sans bégayer ni rougir ! Il est malade ! Je te le dis ! Dis, dis dis ! Il y a quoi entre vous deux ?!
Elle est en train de s'exciter. Ça l'intéresse énormément. Je dois avouer que ça m'amuse. Je la charrie un peu, je joue avec mes mots pour la rendre impatiente et j'en ris avec ses réactions. Je m'entends bien avec elle.
J'ai révisé un peu mon code. Par la suite, je m'occupais un peu avant d'aller au travail. La journée s'était vite passée. Tamaki s'assure que j'allais bien par SMS. Je le rassurais aussi – bien que ça me démangeait de le taquiner après avoir su pour Nejire.
Les jours passent vite. Je n'ai pas l'occasion de revoir Tamaki, ni Eijiro ni Fat Gum. Ceci créait en moi un vide. Bien que j'essayais de le combler par le travail.
Un soir, j'ai un appel de Tamaki. Je suis agréablement surprise de voir son nom s'afficher sur mon écran et je répondais immédiatement.
— Tamaki ?
— S-Salut (ton prénom)... je ne t-te dérange pas ?
Son bégaiement m'a manqué. Je souris et je l'incitais à continuer. J'ai apprit qu'il avait retrouvé son alter. Ça m'avait tant rassuré pour lui.
— Aujourd'hui, j'ai eu une réunion, avec les autres pros...
— Ah oui ?
Je le sentais hésitant d'en parler, mais comme il s'était lancé, il termine.
— Ta découverte l'autre jour. A été très utile. Dans quelques jours, on partira en mission de sauvetage.
— Pour la fillette ? Je capte.
— Oui.
Bien évidemment, Tamaki ne me donnera pas plus de détails. Toutefois, j'en déduis très bien que ce fameux Overhaul fait du mal. Je lui demande à ce qu'il fasse attention à lui et il me le promet. Maintenant qu'on avait fini de mentionner sur le travail, je souris.
— Boooooon on fait une cam ?
— N-Non.
— S'il te plaît ? Montre moi ta bouille !
— Non !
— Je vais te harceler sinon !
— C'est de l'abus de pouvoir !
Un ronronnement m'échappe. Je joue de lui.
— Fais gaffe, je sais beaucoup de chose, tu es mon otage !
— Ne cherche pas, tu n'auras pas de cam avec moi. Soupire t-il. Déjà que en appel c'est quelque chose...
— S'il te plaît !
— Non.
— Très bien, je sors ma carte joker !
Je toussote.
— Ton coeur est déjà prit ? Si tu as refusé une lettre d'amour ?
— ...Où tu as apprit ç-ça ?!
— Oh tu sais, j'ai de bons ami-
Un silence me perturbe. Je sourcille.
— Tamaki ?
Rien.
— Ohé ????
Je baisse mon portable et mes yeux s'arrondissent. L'appel venait de terminer, n'affichant que le profil de Amajiki Tamaki, en plus du temps de l'appel passé.
Oh le con ! Il m'a coupé net! Il a utilisé la fuite, comme un pokémon sauvage !
Pressée, je lui envoie un SMS en ronchonnant.
De moi à Amajiki Tamaki ; 20h12
OOOOHHH D'OU TU RACCROCHES EN FAIT ?
De Amajiki Tamaki à moi ; 20h12
Je dois parler à Hado.
Mais c'est que ce bougre est malin !
De moi à Amajiki Tamaki ; 20h13
Ne me laisse pas en plan comme ça ! En plus je n'ai pas parlé d'elle !
De Amajiki Tamaki à moi ; 20h13
Il n'y a que elle qui peut te confier ça.
De moi à Amajiki Tamaki ; 20h14
Traite, reviens ici !
Il m'a laissé en vu. Je soupire. Il doit être probablement mort de honte à l'heure actuelle. M'enfin bon, ça lui fait son charme. Par la suite, plus tard, après avoir dîné, on papotait par SMS sur un autre sujet, jusqu'à le sommeil ne m'emporte.
Le lendemain, j'avais reprit l'école. Tout le monde n'osait pas me dérangé. La journée était normale, Hitomi restait avec moi, je reparlais avec les garçons de l'autre classe, avec qui j'étais pote depuis un bon moment. Jess ne m'avait pas adressé la parole. Et ce, jusqu'à la fin de journée. Quand les cours étaient terminés, alors que j'étais en train de porter mon sac sur mon épaule, prête à rentrer avec Hitomi, la peste – qui a retrouvé son jolie minois – est venue vers moi, son portable de dernière gamme en main, la tête haute.
Elle va me sortir quoi encore ?
Je sursaute légèrement lorsqu'elle me présente son appareil numérique sous mes yeux. Sur l'écran, Tamaki en tenue de héro. Elle pointe son doigt, son long ongle bien taillé et qui avait une jolie capsule pointait le visage de ce garçon.
— C'est ton mec ?
Déconcerté, je lui sors, naturellement.
— En quoi ça te regarde ?
— Il me plaît, et tu le fréquentes.
Hitomi tombe à la renverse, à coté de la porte de sortie. Des camarades s'inquiètent pour elle alors que moi, ma bouche j'entrouvre, je suis choqué. Un rire nerveux m'échappe et je place ma main sur mon visage.
— T'es pas culotté, je ris.
— Ah ?!
— Jamais il voudra de toi.
Je tourne les talons. Mortifiée par mes paroles blessantes, Jess essaie de m'atteindre encore, hautaine.
— Ben toi, vu comment t'es grosse ! Il voudra pas dormir étouffé par toi qui prend la place !
Je lève mon majeur. Je réplique.
— Remballe tes mots, t'es pathétique là !
Je sors de suite avec Hitomi. Elle me sourit doucement.
— Perso, je suis certaine qu'il t'aime beaucoup. On s'ennuie jamais avec toi.
— Vraiment ?
— Ouais !
Attendrit, je lui rends son sourire. Je la remercie du fond du coeur. Pendant qu'on marchait, ma meilleure amie me propose de faire une sortie un de ces jours, avant les examens en approche. Chose que j'accepte et on s'organise, jusqu'à je rentre chez moi.
Comme toujours, chaque soirs, je profite pour papoter un peu avec Tamaki. Nejire a eu mon numéro de téléphone et m'envoie de temps à autre des images ou photos mignonnes. Hésitante, je lui mentionne qu'une camarade de classe m'a dit sur mon physique. Gênée, je masse ma nuque et surprise, je reçois un message vocal.
Petit à petit, il prend plus confiance en lui. Je le vois bien, qu'il se met à l'aise avec moi. Signe que notre relation est fluide, en bonne évolution.
— (ton prénom), tu es belle comme tu es. La personne qui a sortit ces choses ne réfléchit pas. Pour moi, tu es très belle comme tu es. Tu n'as pas besoin de changer.
Sa voix. Ces paroles. Ces compliments. Je rougissais énormément et je le remerciais par SMS. Réellement, je me demandais ce qu'il devait penser en ce moment même. Mon coeur martelait bruyamment contre ma cage thoracique. C'est fou. Cela faisait quoi ? Presque une semaine que je le connais ?
Qu'il a déjà capturé mon coeur.
Trois jours passèrent. Je n'avais pas reçu de nouvelles de sa part, ni de Nejire. Je m'inquiétais pour eux. C'était le week-end et je trouvais le temps long. Heureusement, Hitomi était avec moi pour me changer les idées.
Les jours suivants, j'avais enfin reçu une nouvelle ! Tamaki me rassurait en avouant que la mission de sauvetage avait été un succès, bien qu'il y a eu des blessés, un mort et que son meilleur ami avait perdu de son alter. Cette fois-ci, il me détaillait ce qu'il pouvait et j'écoutais sans broncher.
Au final, il était convenu que je vienne lui rendre visite au lycée UA. J'étais touché par cette invitation, que je ne refusais absolument pas.
Entre les cours, le travail, on était beaucoup occupé. Mais tous deux, on se tenait au jus. Nejire et moi étions rapprochés et devenues de super amies. Mirio n'avait pas tardé à faire ma connaissance via les réseaux sociaux et je dois bien l'avouer, qu'il me faisait constamment rire. Il était génial et je comprenais mieux pourquoi Tamaki le plaçait sur un podium.
Le jour J arrivé, après un long voyage, j'arrive enfin à Musutafu, notamment devant le grand et plus prestigieux lycée héroïque de tout le Japon. Je me sens riquiqui devant le portail, verrouillé à triple tour ? J'avais entendu que cette année, il y avait eu des ennuies avec des vilains. De plus, après le combat contre All Might et son pire ennemi, l'établissement a été ciblé et critiqué. Afin de rassurer les parents et les élèves, il a été décidé d'avoir une plus grosse sécurité. Je remarque des caméras de surveillance à l'entrée. Ça doit me zoomer, pour m'identifier et je déglutis difficilement ma salive.
Un déclic s'échappe de l'autre coté. Un bruit mécanique surgit puis, le portail s'ouvre, dans un grincement audible. J'attends devant, n'osant effectuer un pas, pour l'instant. Une silhouette est visible de l'autre coté. Celle-ci, se met à bouger rapidement et, m'enlace. Je sens une poitrine se coller contre la mienne et je manque de reculer, lorsque la personne venait de me sauter dessus.
— (ton prénom) ! Enfiiin ! Je suis trop trop contente que tu viennes enfin ! S'exclame une voix joyeuse.
— Coucou Nejire. Je lui souris, en caressant ses doux et longs cheveux.
— Tamaki se trémoussait, impatient de te retrouver ! Me lance Mirio en rigolant.
— P-Pas du tout ! S'indigne le concerné en rougissant.
Amusé, je croise mes bras.
— Nooon ? Tu ne te trémousses même pas devant moi ? Je le taquine.
— N-Non ! J-Je ne veux pas !
— Quoi ? Tu confirmes que tu l'as fait ?
— M-Mais non !
Mirio donne un coup de coude à son meilleur ami.
— Va s'y, lâche-toi mon pote !
— Arrêtez, vous cherchez à me ridiculiser ? Se vexe t-il avec une moue peinée.
— Ca veut dire quoi trémousse ?
Soudain, une petite voix timide et innocente. Nejire me câline toujours tout en souriant, ne me lâchant pas. La bleutée glousse doucement à la question, qui venait d'une petite fille qui se cachait derrière le grand blond. Eri. Elle était comme me l'avait décrite l'amie de Tamaki. De longs cheveux argentés frisés, une petite corne sur un coté de son crâne, des yeux rouges, une petite bouille adorable. Une robe rouge, une chemise blanche en dessous, des collants noirs et une paire de bottes.
J'avoue que les enfants, ce n'est pas du tout mon truc. Après le vécu entre mes affreux petits cousins et cousines, arf, c'est bon, j'ai eu ma dose. Ça braille tellement et tout ça, aucun respect et tout ça...
Mirio passe une main sur sa petite tête. La fillette le considère en relevant un peu le menton, curieuse et sage.
— C'est quand on s'agite ! Un peu comme si on secoue un arbre !
— Ah bon ?
— Mirio, chut, tais-toi. Souffle Tamaki, mal.
— Et tu vois, Tamaki, il est amou_MMMFF !
Avec Nejire, on cligne des yeux. Tamaki venait de plaquer sa main sur la bouche de Mirio, l'empêchant d'achever sa phrase. Le visage assombrit, il se rapproche de son meilleur ami, à voix basse, je n'entendais pas très bien ce qu'il lui intimait, mais ça avait l'air très sérieux. Je l'admire au loin. Quand il porte son uniforme scolaire, Tamaki la porte d'une façon...négligée. Sa cravate n'est pas nouée correctement jusqu'au col de sa chemise comparé aux autres et celle-ci n'est pas complètement rentrée dans son pantalon. Il garde une mine sombre et déprimante ce qui me fait soupirer un peu.
Pour une raison quelconque, j'aurais espéré qu'il se montre plus... souriant de me voir. Je ne peux pas lui en vouloir pour ça. Il est lui-même, c'est tout ce qui compte.
Ma main se fait doucement prendre par celle de l'aspirante héroïne. Celle-ci me fait signe de la suivre, qu'on allait me présenter les lieux. Je ne refusais pas et je suivais le groupe. Mirio portait Eri par dessus ses épaules, comme ferait un grand-frère. Je suis attendrit de voir ça, encore plus de voir que cette petite-fille est réellement sage.
Ou alors c'est ma famille qui a une neurone en moins. Alors je ne déteste pas les enfants ? Je me remet en question, là.
Le campus est tellement gigantesque. Ce qui est certain, c'est qu'ils avaient de l'espace. Je traverse le chemin en goudron, aux deux extrémités, de l'herbe tondue, des arbres par ci et par là, il y a des panneaux – heureusement – pour indiquer les emplacements des dortoirs. Je continue de avancer lorsqu'on se fait saluer par des élèves de secondes, et je reconnais un visage en particulier, tout rayonnant.
— (ton prénom) ! Bonjour !! Je ne savais pas que tu venais nous rendre visite !!!
— Salut Eijiro ! Je lui souris, aussi contente de le revoir.
À coté de lui, ses amis. Un blond que j'avais déjà vu sur une de ses photos a de gros yeux. Pas discret, il se penche et lui chuchote à l'oreille, une main à coté de sa joue.
— Tu la connais ?
— Ouais, c'est (ton nom) (ton prénom) ! Une.. connaissance de Fat Gum ! Me présente t-il à ses amis en bougeant ses bras.
— Ah ! Ouais, ça s'explique, ça se ressem_
Il se fait violemment couper dans sa phrase par une fille plus petite que lui. Sa langue, identique à celles des grenouilles, venait de le gifler. Elle place son index sur son menton, lui faisant la morale, sans le dévisager. À vrai dire, elle reste indifférente, imperturbable.
— Kaminari, ça ne se dit pas ça.
— Elle a raison ! Lui gronde une brune avec des cheveux carrées, ses mains sur ses hanches. Excuse-toi !
— P-Pardon, ça m'a lâché...
Eijiro, dépité, fixe son camarade de classe, avec un autre garçon aux cheveux verts ébouriffés et un autre avec des cheveux bicolores.
Wesh, y a que des BG dans cette école ?
Les deux filles viennent saluer Eri, toutes gentilles et douces avec la petite. Il semblerait qu'elles se connaissent depuis un moment, ça se voit et ça se ressent qu'il y a du respect. Le lycéen aux tâches de rousseurs approche aussi, tout sourire, lui parle de tout et de rien et aussi au blond. Au final, Nejire leur propose de venir avec nous, jusqu'au dortoir de la terminale B. Nous nous y rendions, bien que je remarquais que les secondes sont tendus.
L'intérieur est modeste, propre et bien entretenu et surtout spacieux et lumineux. Nejire nous demandes de nous poser et qu'elle allait de suite s'occuper de faire du thé et tout ça. Avec les autres, je suis assise sur le canapé vert kaki. Avec les autres, on se présente et on commence à se taper la causette.
— C'est quoi ton alter ? M'interroge Midoriya, intrigué.
Je lui explique tout. Je suis stupéfaite qu'il prenne note de tout, dans un cahier « campus n°14 ». J'essaie de passer outre ce détail et je vois Eri essayer de faire un puzzle avec Uraraka et Kaminari.
— C'est super intéressant ! Me complimente Midoriya.
— Il l'est ! Tu sais, c'est grâce à elle qu'on a pu mieux identifier les armes de Overhaul ? Lui apprend Eijiro.
— Non ?! C'est incroyable !
Je rougis et je gratte ma nuque.
— C'est rien, j'ai juste plaqué le voleur...
— Ne jamais sous-estimer (ton prénom) ! Me flatte Mirio en me faisant un clin d'oeil.
Je souris. Tamaki à coté plisse ses yeux. Il m'adresse un sourire.
— C'est clair. (ton prénom) est pleine de surprise.
— En coté positif hein ?
— Evidemment.
Ma consciente se tape une danse de folie. Mon coeur bat vite et je rougis. Je pose une main sur mon crâne, un peu gênée et touchée. Je réplique doucement, sincère.
— Toi aussi, tu assures sur le terrain, t'es un vrai héro.
— A-Ah ?
Eijiro nous scrutes. Il identifie nos rougeurs et rit doucement, nous mettant le plus possible à l'aise. Il est penché en avant, ses coudes, appuyés sur ses cuisses, ses mains jointes.
— On dirait que ça fait un mois entier que vous ne êtes pas parlés, vous êtes tendus !
— T'as raison, je souris.
J'écarte mes bras le long du dossier et je croise mes jambes. J'ai un grand sourire, confiante.
— Devinez qui va passer son code dans deux jours ?
— Oh ! Bon courage (ton prénom) ! M'encourage Nejire en levant ses poings.
— Après c'est des leçons... ça va vite grimper le niveau. Marmonne Mirio en réfléchissant, sa main sous son menton.
— T'inquiète, je vais gérer !
Je crois.
— Et si tu rates ?
Un silence gênant tombe. Ma tête se tourne directement vers celui qui qui plombe l'ambiance. Je saisis la cravate rouge de Tamaki et je le gronde, sévère et agacée, tout en gardant le sourire. Ma voix est grave et irritable.
— Tamakiiiiiiii ? On ne t'a jamais dit d'être po-si-tif ???
— D-Désolé, j-je me d-demandais si t-tu avais une option B... au...cas où... ?
Leçon numéro une. Si vous cherchez quelqu'un de pessimiste, ramenez-le avec vous !
— Tamakiiiii !!! On dit « bonne merde » ou alors « tu vas réussir ! » OK ?!
— Hiiii ! Ne me tue pas !
Je me met à le secouer en grognant. Les autres nous regardes, ahuris.
— Euh, (ton nom) est comme ça en temps général ? Questionne Kaminari à Eijiro à messe basse, mais je l'entends.
— Beeeeeen....
Par respect ou par pudeur, sans doute, il n'ose même pas prononcer son avis là-dessus. Todoroki nous toises, silencieux avant de nous demander quelque chose qui me faisait figer sur place avec Tamaki.
— Vous êtes ensembles ?
— P-Pas du tout ! S'exprime rapidement Sun Eater.
— J'aimerais.
Surpris, tout les regards sont dirigés sur moi. Je croise les bras en fuyant leur yeux, émerveillés et étonnés. Je n'arrive pas à cacher mes rougeurs. J'adore taquiner Tamaki. C'est un fait. Je me sens bien à ses cotés et parler avec lui est agréable. J'adore quand il me valorise, me complimente, me soutienne dans mes idées et soit en accord avec mes choix.
Jamais il ne m'a mal jugé, il s'est toujours montré doux, délicat, à l'écoute avec moi. Je me suis trop vite attaché à lui, j'ai parfaitement conscience que de croire qu'il partage mes sentiments n'est pas possible. Parce qu'il est un futur héro. Moi je ne sais pas ce que je veux devenir et pour couronner le tout, je dois être affreuse à montrer en public.
Pour ne pas être écrasé par la honte et ce sentiment d'infériorité qui ressort, je rebondis, avec le sourire, balançant une anecdote qui me traversait l'esprit. Je claquais des doigts, pleine d'entrain, ignorant au mieux les songes du garçon qui me plaisait.
— Au fait ! Vous saviez que ma grand-mère ne m'emmerde plus depuis que j'ai voulu exercer mon alter sur elle ? Des barres, j'vous jures !
— Ah... euh... ouais, d'accord...
Aucun n'avait l'air de suivre ma cadence. Mais je m'en fiche. Tout simplement parce que je ne veux blesser personne.
Je continue, et finalement, on me suit. Ça me soulage tellement, que je profite un maximum de cet instant présent avec eux. Après avoir longuement discuté, j'ai fini par jouer un jeu vidéo avec les autres, j'ai vaincu Eijiro et Tamaki à la switch sur une partie à multijoueurs. En guise de gage, j'ai ordonné à ce qu'ils dansent. C'était juste hilarant.
Nejire et moi étions de vraies bêtes quand il s'agissait d'une partie de danse. En même temps, je me défoulais. Bien qu'au final, je me suis cogné l'orteil contre la table. Ça faisait terriblement mal, sa mère !
Eri avait voulu me « guérir » en faisant un enchantement, ce qu'un parent raconterait pour faire calmer un enfant. J'ai trouvé ça trop adorable. Uraraka l'avait enlacé en la qualifiant de « petit ange », je crois qu'elle est gaga d'elle. Les autres aussi fondent pour elle. Moi aussi, je pense.
Quant à Tamaki, il m'avait ramené une poche de glaçons, craignant que j'enfle au niveau de mon pied. Je le rassure, bien que j'étais touché de son attention à mon égard. Je le vois rougir, lisser sa mèche, dévier son regard du mien, embarrassé et nerveux. Je lui adresse un sourire et je le remercie, en lui déposant un bisou rapide sur sa joue et je remarque qu'il devient rouge cramoisie.
Sa timidité le conduit à coller son front contre le mur. Il murmure des choses, je n'arrive pas à identifier quoi, à cause des fous de rires derrière moi. Je glousse doucement.
À ma grande déception, ce bon moment prend fin. Je dois rentrer chez moi, le dernier métro a une heure fixe que je ne peux pas rater. Je salue les secondes, les remerciant pour leur chaleureux accueil, je salue Eri et je me fais raccompagner jusqu'à la sortie par le Big Three. Le soleil se couche à l'horizon, un voile doré recouvre les cieux, avec un mélange aux tons saumons. Des oiseaux planent, voyageant où bon leur semble. D'autres chantent dans les arbres du coté du campus.
— Dis, dis dis ! C'est vrai que tu aimes Tamaki ???
Une, ne perd pas le Nord. Mirio se crispe avec nous trois, tandis que Nejire garde ses mains derrière elle, un large sourire illuminant ses lèvres rosées.
— Oui.
— Et Tamaki aussi, hein ? Ronronne t-elle en tournant ses hanches, pour qu'elle regarde le concerné.
Extrêmement rouge, il l'aspirant héro balbutie et baisse sa tête, embarrassé. Il s'enroule de ses bras, mal à l'aise. Tamaki fuit mon regard, il se mord les lèvres, sous pression. Mirio relativise, il hausse ses épaules, l'encourageant à se confesser, vu qu'on était dans le vif du sujet – merci Nejire.
Le pauvre, n'arrive même plus à rester debout. J'attends le verdict. Mon coeur bat à tout rompre et ma respiration se fait courte. Je n'avais jamais ressentie cela. En fait si, ça ressemble comme à un jugement. Et j'ai peur d'être rejeté. Si ses amis le force, il pourrait me repousser, guidé par le dénis.
— O..Oui... t-tu... m...me plaît... (ton prénom)...
Tamaki Amajiki respire fort. Il me semble même qu'il transpire à grosse gouttes sur son visage. Il ne peut être plus rouge. Il avait atteint le summum.
— D-Désolé, t-tu d-dois penser que... j-je suis u-un imbécile, un minable.. q-qui n'est pas a-assez parfait pour toi... t-tu rayonnes tellement.. j-j'aime tes sourires... t-tes rires, j-j'aime comment tu restes... toi-même... qu-que tu ne te laisse...pas marcher dessus... e-et je.. je veux que tu saches... q-que tu es géniale... r-resplendissante telle...que tu es.. a-aujourd'hui... t-tu es vr-vraiment... be-belle...
Tout autour de moi n'existe plus. Je ne vois plus que lui. Mes jambes bougent toutes seules. Je le prends dans mes bras. J'ai un sourire idiot, tellement que j'ai l'impression d'avoir des portes ouvertes sur tout plein de choses ! Tamaki est tout crispé mais très vite, il me rend très vite mon étreinte et me frotte le dos. Je constate que lui aussi, a un sourire niais.
On ressemble à deux idiots.
Nejire sautille et tape dans ses mains, toute euphorique, telle une enfant émerveillée de son cadeau.
— Ouiiii !! Enfin !
Tamaki grommelle et je me retiens difficilement de pouffer.
— T-Tu aurais pu... éviter de nous mettre dans l'embarras...
— Hé ! Où est mon merci !? S'offusqua la bleutée en gonflant sa joue, les bras croisés contre sa poitrine. J'ai avancé votre mise en couple ! Remercie-moi ! Sinon vous seriez tournés en rond pendant longtemps !
Elle n'a pas tord.
— J-Je m'en serais sortit...
— Permets-nous d'en douter. Sortais-je en choeur avec Nejire et Mirio.
Sun Eater me relâche et déprime. Il vient se lier contre un tronc d'arbre et je pouffe avec les autres. Le meilleur ami de « mon petit-ami » renifle. Ses yeux sont humides et il perd des larmes. Son nez est prit. Amusée, je penche ma tête sur le coté.
— Mirio ?
— C-C'est rien, juste une poussière dans l'oeil. Se justifie t-il, tout simplement ému.
— Oh, ne pleure pas Mirio! Sourit doucement Nejire en lui frottant son dos.
Je les laissent faire. Je m'approche du garçon que j'aime qui fixe un point vide, il soupire. Avec un sourire, je viens embrasser sa joue et il rougit, sursaute et s'écarte en me fixant, ses beaux orbes obsidiennes sont écarquillés, ils ont un éclat radieux et je rougis un peu aussi.
— J-J'y vais. On se recontacte par message après ?
— O-Oui..
— Ne t'inquiète pas, on prendra notre temps ensemble. Quand on aura du temps, on se fera une sortie ?
Nerveux, il ravale sa salive.
— A-Avec Mirio ?
J'ai envie de claquer ma main sur mon visage. Non, idiot, je veux un rencard. Entre couple. Rien que nous deux ! M'enfin, peut-être qu'il a encore besoin de temps pour se sentir plus à l'aise, plus en confiance, moins nerveux.
— D'accord. Je ramènerais ma meilleure amie au passage, qui sait, ça intéresserait Mirio ?
Tamaki a un sourire. Il hausse ses épaules et je pouffe. Avant de définitivement partir, je lui quémande un câlin. Chose qu'il m'offre sans broncher. Je profite de cet instant, comme lui. Son parfum est agréable. Ça se sent qu'il s'est parfumé (parfum au choix). Ses muscles se contractent légèrement et je dois avouer que franchement, c'est un délice. Doucement, je me sépare à contrecoeur de lui et je quitte le lycée UA.
Je retourne chez moi, mes pensées sont portés que sur lui. Je suis sur un petit nuage, heureuse. Sur le coup de l'euphorie, je modifie même son nom dans mes contacts, en y ajoutant même un petit coeur pour le faire sortir du lot. J'annonce la nouvelle à mes proches, ils me félicitent tous. Avant de dormir, j'envoyais un SMS à Tamaki, lui souhaitant une bonne nuit et que je l'aimais. Tout ça était nouveau. J'avais l'impression de devenir une nana complètement gaga de son mec. J'espérais seulement ne pas le déranger ni être lourde. Mes sombres pensées furent écartées, par la réponse rapide de mon petit-ami qui affirmait que lui aussi, m'aimait et me souhaitait de passer une bonne nuit et des beaux rêves.
Je ne veux que rien ne change entre nous. Je suis si heureuse actuellement.
Des jours passaient. J'ai reprit mon quotidien normal, j'ai réussi mon code, j'ai encore eu une sale note en (matière détestée), mais je me porte bien. Je me suis un peu plus familiarisé avec mes collègues de travail.
Je me suis enfin familiarisé avec les lieux au travail. Je fais moins d'erreur que avant et j'ai prit plus d'assurance que le premier jour. Je m'affirme un peu plus. Je me sentais fière de moi. Alors que j'aidais à nettoyer des verres derrière le comptoir, j'entends ma collègue me demander si je pouvais aller jeter les poubelles derrière. J'acceptais sans broncher. Je reposais le verre à moitié propre sur le plan de travail avec mon torchon qui avait une odeur de liquide vaisselle et j'allais vers la cuisine, ramassant les deux gros sacs noirs remplis. Je les traînes avec moi vers l'extérieur, en direction d'une porte qui avait une sortie réservée que pour le personnel. L'air était frais ce soir, le vent souffle, j'entends au loin des passants et je salue brièvement mon collègue qui écrasait son mégot contre un cendrier, prêt à reprendre le travail après sa courte pause.
Les conteneurs poubelles sont contre le mur de pierres. J'ouvre l'intérieur, ignorant comme je pouvais cette odeur pourrie qui s'y dégageait, je jetais les sacs et je refermais le couvercle aussitôt, un soupir s'échappant de mes lèvres. Je relève mes yeux (couleur des yeux) car une mouche survole autour de moi.
— Mais oui... c'est toi...
Un inconnu cause tout seul, je crois. Au cas où, je vérifie s'il s'adressait à quelqu'un, sauf que j'étais la seule dans cette ruelle sombre. Seule une lampe suspendue au mur me garde près de la faible clarté, à l'écart d'une potentielle menace. Je plisse mes paupières, m'interrogeant si ce type n'était pas bourré. Il marmonne à voix basse, il ricane et dodeline. Ses déplacements font zombies. Il est crade, ses vêtements en piteux état et les cheveux gras.
— Par leur putain de faute... ouais ! Leur putain de faute... j'ai tout perdu... tout !
Ayant aucune confiance à cet individu louche, je tourne au plus vite les talons pour rentrer à l'intérieur du café.
— Arrête-toi immédiatement salope ! T'es aussi coupable ! Me gueule l'inconnu.
Je fronce des sourcils et je ne m'arrête pas. Je n'ai aucune idée de quoi il m'accuse et je préfère rester loin de ce fou. Ma main frôle la poignée de porte quand soudain, tout mon corps est immobilisé. J'écarquille mes yeux.
Pourquoi mon corps ne réagit pas ?!
L'inconnu réduit notre distance. Il ricane, mauvais. Il penche sa tête sur le coté. À travers ses iris sombres, j'y décèle une profonde folie et une aura massacrante. Je grince des dents, je blêmis, appréhendant ce qui allait se passer après. Ce taré m'a lancé un sort pour me figer sur place !
— J'te reconnais, t'étais avec Fat Gum... salope...
Je le foudroie du regard. Je ne le connais pas, il me parle de Tai, il pue la cigarette, voire quelque chose de plus fort. Peut-être de la drogue, je n'ai aucune idée. Je fronce du nez, répugné et mal à l'aise. Mon corps refuse toujours de bouger. L'inconnu tend sa main vers moi, me désignant comme un super appât pour attirer Fat Gum. Qu'il est l'auteur de ses plus grands maux.
Ne me touche pas, salaud.
Je ne suis pas faible, dégage ta main dégueulasse.
L'adrénaline monte en moi, mon sang bouillonne et ma respiration devient lourde, rapide, je n'arrive plus à suivre le rythme. Il me frôle à peine le cou, essayant de m'étrangler, me contrôler et de me soumettre à lui. Il peut rêver. Je refuse de me laisser faire aussi facilement. Je m'efforce à tenir bon, à ne rien relâcher sinon c'était foutu d'avance.
Un papillon de nuit se positionne près de la lumière. Il enchaîne un cycle de tourbillon, détendu. Quant à moi, je parviens à me débloquer. Mon poing s'est levé et j'avais fait un crochet du (droit/gauche) avec mon bras dominant. Sonné, il recule, me permettant de vite rentrer à l'intérieur, le coeur battant. Je referme immédiatement à clé. Je tremble, j'ai la respiration sifflante et je fais de mon mieux pour reprendre mon sang-froid.
— (ton nom) ? Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu es pâle ! S'inquiète mon collègue qui avait prit sa pause dehors, les mains dans l'évier, remplit de mousse.
Oh, rien, je me suis fait agressé, tout roule comme sur des roulettes mon pote.
— Y a.. un détraqué dehors...
— Mais il y en a tout le temps.
Je souffle, agacé, je sors mon portable, j'ai besoin de voir quelle heure il est puis surtout, prévenir Tamaki et Tai sur ce sujet. Je tapote en vitesse les SMS lorsque soudain, la porte se fait brutalement cogner. Je sursaute avec mes collègues et on a nos yeux rivés vers l'issue de secours. Cela devenait de plus en plus violent les coups et nous sommes nombreux à reculer et à ne pas se sentir en sécurité. Le patron nous rejoints, les sourcils froncés. Tout ce bazar l'avait bien énervé et on avait beau lui prévenir qu'il y avait un fou dehors, il comptait bien le virer, quitte à appeler la police.
Pas en confiance, j'appelle le premier contact qui me vient à l'esprit. Je n'arrive plus à réfléchir convenablement, je suis trop secoué, angoissé. Mon patron ouvre et se fait brutalement agressé. Moi y comprit les autres employés nous hoquetons, on se crispe. Je n'entends pas la voix qui sort de mon téléphone, la personne avait répondu à mon appel. Je grince des dents, pas à l'aise de voir tout ça et encore moins à assister cette violence. Je ne veux pas qu'il y ait d'autres victimes. Alors....
Je m'avance, je garde la tête haute, tentant de ne pas me faire écraser par cette pression qui cherche à m'aplatir, à me soumettre.
— Laisses-les tranquille !
L'inconnu relève sa tête, il pousse mon patron qui lui, tombe en arrière. Il geint de douleur et tremble légèrement, pas habitué à cette violence. Les traits durcis, l'agresseur avance jusqu'à moi. Ses pupilles se révulsent. Il s'empresse de me rejoindre.
Mon coeur bat à tout rompre. Avec mon alter, je peux le faire chialer, le piéger et_
Alors que je comptais le toucher, il s'était déporté sur le coté. J'avais trop de ouverture. Je reçois brutalement un coup au ventre et je m'abstiens de éjecter ma salive hors de ma bouche. La douleur est vive, c'est désagréable et je me prend par la suite, un coup sur ma trempe. Tout autour de moi devient flou. Mon corps devient lourd et je vacille. Mon champ de vision se retourne, puis, trou noir.
Biiip biiip
Un son désagréable tente de m'extirper de mon sommeil, je crois.
Biiip biiip
Je pense que je me réveille doucement, mais difficilement. Je me sens drôlement faible, l'idée d'ouvrir mes paupières est une tâche trop pénible. J'abandonne.
Biiip biiip biiiip
Mes tympans n'en peuvent plus. Je suis lourde, je mets un peu plus d'intention pour ouvrir mes yeux et je réussis enfin à sortir des ténèbres. Aveuglée par une lampe LED pour chirurgie et sur pied, je pivote ma tête, de sorte à ne pas être dérangé par cette lumière. Je constate que je suis assise sur un drôle de fauteuil, mes bras sont ligotés et les paumes de mes mains sont dressés vers le plafond. Ce qui est le plus troublant, c'était qu'on me prélevait du sang. Dégoûté, je comprends vite d'où venait l'étrange douleur ressentie. Je secoue vivement ma tête.
Je n'ai pas envie de finir comme un sujet d'expérimentation moi !
— OHEEEEEE !!! Y a quelqu'un ?! N'importe qui !
Je suffoque et je panique. Je suis terrifié. Mes mains deviennent moites et de la sueur froide vient se glisser sur ma nuque. La porte s'ouvre et de suite, je me fichais de qui il s'agissait. Alors que l'inconnu s'avançait jusqu'à moi, j'eus le temps de capter que autour de nous, il y a beaucoup de débris. À coté de moi, il y a une machine qui prend mon pouls, je crois ? Il y a de drôles de chiffres dessus, avec des vagues vertes... mon sang entre dans une sorte de mallette que je ne veux regarder.
— T'es réveillé, salope. La place est agréable ?
— Nan, il est dur et le réveil douloureux. Je réplique sèchement en le dévisageant.
— Tu as la langue bien pendue. Bien.
Le type qui m'a enlevé contourne le siège dans lequel je suis placé. Il appuie ses mains sur mes épaules et je grimace de dégoût. Il schlingue aussi, il ne se lave jamais ?
— Cette place, appartenait à une gamine tu vois.
J'ai peur de saisir la situation. Je déglutis.
— T'es de mèche avec Overhaul ?
— T'es futé ! Malheureusement le boss est en taule.
Il fait pression sur mes épaules et je grince des dents.
— Tous les autres sont en taule ! Et le vieux chef yakuza est pas apte à reprendre la vie active ! On est fichu ! Je suis seul ! Sans de pognon !
...Bah va chercher du taff ailleurs ? Ma raison se retient de lui cracher ça à la figure.
— J'étais avec mes potes quand Fat Gum nous a fait chier ! Avec ses deux gamins et t'y étais aussi ! Je suis le seul à avoir réussi à fuir !
— Et tu veux un oscar ?
Merde, ça m'a échappé. La punchline est de trop je crois.
Il me fusille du regard et a un sourire sadique.
— Tu vas me servir de donneuse de sang !
— Ah. J'offre rarement un don du sang aux bénévoles. Mais alors pour toi j'ai zéro envie.
Audacieuse, je lui tiens tête. Et j'enchaîne, oubliant le tac.
— D'ailleurs au lieu de te plaindre, tu n'as qu'à chercher du taff. Il existe des associations et d'autres structures qui prennent des chômeurs pour les accompagner à trouver un emploi. Ça n'en manque pas au Japon.
Mon agresseur a des yeux ronds. On dirait que lui faire la morale le choque, d'autant plus que je suis sa victime, qui se trouve dans une mauvaise impasse.
— Si t'as fini de chouiner, tu peux me libérer ? J'ai aussi à faire dans ma vie. Je suis occupé moi.
— Tu t'fous d'ma gueule ?! Vocifère t-il, ce qui me fait tressauter, surprise du ton qu'il emploie. T'es une putain d'otage ! Et tu ne flippes pas ?!
— Si je ne flippe pas, c'est parce que t'es pas assez malin et préparé. Tu es à coté de la plaque. Tu as oublié que j'ai un portable et en tant que personne proche d'un héro, j'ai une application qui permet de me géolocaliser, même si mon portable est éteint ?
Il se fige.
— Tu devrais vite te rendre, ce sera moins douloureux quand il arrivera. Je lui suggère, tout en gardant mon calme, en dépit de mon anxiété qui est élevée.
— Que...
Des voix s'entendent vers le haut. Ce qui signifie que je suis au sous-sol. Je me met à hurler le nom de Tai, pour qu'il puisse venir jusqu'à moi. Mon kidnappeur me frappe à la joue et je geins, incapable de parfaitement bouger, puisque j'étais ligoté par des sangles en cuir.
— (ton prénom) !!!
Je reconnais la voix de Fat Gum. Je souris faiblement, soulagé de le voir ici. Et pas seulement lui.
Sun Eater était aussi là, à ses cotés, furieux. Il a une aile doré et une patte d'un animal avec des serres, il venait de plaquer brutalement le yakuza contre le sol. L'empêchant de gigoter, Tamaki utilise son poing normal pour l'assaillir de coups de poings.
Jamais je ne l'ai vu dans cet état. Ni même son mentor, compte rendu de l'expression de son visage.
— Sun Eater ! Ça suffit ! Il est inconscient ! Lui somme Taishiro.
— Ce n'est pas suffisant ! Hurle Tamaki, fou de rage.
Du sang giclait. Le type sous lui convulsait et cessait de bouger. Ses pupilles perdaient de leurs éclats et furent levées vers le haut. Il avait définitivement perdu connaissance. Son nez était cassé, il avait perdu quelques dents également.
Au plus vite, Tamaki se redresse et se dépêche de me libérer, de retirer les aiguilles sur ma peau. Ses bras viennent m'accueillir chaleureusement et d'un coup, j'ai la tête qui tourne.
— Tout va bien, tout est fini (ton prénom)... me souffle t-il, plus doux.
J'opine doucement. Mes paupières sont lourdes et je perds à mon tour, connaissance.
Je me réveille plus tard dans une chambre d'hôpital. Il fait nuit. Ma main droite est maintenue par de chaleureuses mains, légèrement écorchées et abîmées. Un bel homme est assit sur le chevet, endormit. Ayant retiré son masque, sa capuche descendue sur ses épaules, Sun Eater veillait sur moi. Je ne sais pas quelle heure il était. Tout ce que je remarquais, c'était que le jour se levait. Les rayons du soleil plongeaient dans la pièce qui sentait le désinfectant et qui était très claire. Mes vêtements ont été remplacés par ce pyjama bleu pastel dégueulasse.
Des bandages sont sur mes avant-bras. Et cette fois-ci, il y a une poche de sang suspendue par un drôle de pied de perfusion. j'ai encore une aiguille sous la peau, mais j'ai plus l'impression qu'on me redonne des vitamines, bizarre. Je n'y connais pas grand-chose en médecine, alors bon...
J'hume l'air et je fronce du nez. On dirait que la pièce n'a pas seulement eu du désinfectant, peut-être une bombe pour humifier avec du parfum à la citronnelle, qui sait. Je ne sais pas trop, là, tout est confus et je ne réfléchis plus très bien. Je reporte mon attention sur Tamaki qui dort. Le pauvre, la position ne devait pas être délicate. Il doit aussi avoir mal au fessier, le chevet est en bois.
En douceur, je quitte ma main des siennes, pour venir la poser sur ses cheveux. Je caresse doucement, avec un sourire serein. Il grogne légèrement et entrouvre ses yeux.
— (ton prénom)... ?
— Bonjour mon héro..
Au surnom, je vois ses joues s'empourprer. Directement, il est éveillé et il sursaute. Il bouge brusquement, recule, se loupe niveau équilibre et, tombe en arrière avec la chaise basse.
— Aïe ! Geint-il.
Je me met à rire. Tamaki se redresse et masse son crâne avec une petite moue.
— Ce n'est pas drôle, me fit-il remarquer, vexé.
— Désolé, c'est juste ta réaction était amusante...
— Ce n'était pas mon objectif.
Avec un sourire amusé, je hausse mes épaules, je roule des yeux.
— Essaie mieux comme technique de drague.
— J-J-Je ne le faisais pas non plus !
Je baisse mes yeux et je regarde l'état de mes mains. Mon sourire s'efface doucement et je pince mes lèvres. Je lui avoue, la gorge serrée ;
— Je t'avoue que j'ai eu la trouille de ma vie.
— ...je comprends.
— Quand il est venu au travail, je n'ai pas pu protéger qui que ce soit... je...
— Au contraire, tu as été très courageuse.
Tamaki se lève et se rapproche de moi. Sa main se pose sur ma joue et il me force à le regarder droit dans les yeux. Il ne bégaie pas et il me parle très sérieusement.
— Comme quand tu as sortit Fat Gum le jour de notre rencontre. (ton prénom), tu es une personne extraordinaire. Un alter ne fait pas tout. Ni le physique. Je veux que tu saches, non, que tu comprennes, se rectifie t-il, que tu es formidable. Tu as voulu éviter avoir d'autres victimes et tu as avancé vers le danger. Tu es une vraie héroïne, toi aussi.
Mes émotions surgissent et explosent en moi. Mes yeux s'humidifient et je sens des larmes couler le long de mes joues. Je hoquette, touché par ses paroles. Mon petit-ami essuie mes gouttes qui perlent depuis mes yeux. Il m'adresse un tendre et chaleureux sourire que lui seul à le secret.
— Tu es merveilleuse, (ton prénom) (ton nom). Et je t'aime.
— M-Moi aussi... Tamaki Amajiki...
Mon nez est prit et je grimace. Je ne veux pas chialer comme une merde devant lui, encore moins avec de la morve qui quitte de mes narines. J'ai beau ordonné à mon cerveau pour qu'il fasse quelque chose, pour éviter que je paraisse pathétique.
Trop tard, le train a démarré.
— M-Mouchoir ! Je réclame, en plaçant mes mains devant mon nez.
D'abord surprit, Tamaki glousse et récupère le paquet de mouchoir sur la table de nuit en bois vernis à coté du lit de l'hôpital. Le matelas n'est d'ailleurs pas moelleux à mon goût.
— Oui, oui, voici.
Je lui vole le tissu et je me mouche dedans. Je me sens honteuse.
— Encore une fois, ça me rappelle notre rencontre... Me dit-il, nostalgique.
— Oh ça va, un an n'est pas passé depuis ça. Je ronchonne.
— O-Oui, en effet...
Le aspirant héro détourne son regard de moi, il gratte sa joue droite avec son index. Il est gêné.
— Au fait... je sais que ce n'est peut-être pas le bon moment mais...
— Quoi ? Tu vas me faire ta déclaration de mariage ?
Il fronce des sourcils et se déplace jusqu'au mur. Il y colle son front contre et je hausse mes sourcils.
— Ahhhhh.... Je le savais, je n'y arriverais pas... mon coeur va exploser... je veux rentrer, mais je veux pas la laisser seule....
Et c'est repartit pour un tour. Je souris et je secoue ma tête.
— Va s'y, je t'écoute, je ne te coupe plus la parole Tamaki.
— Euh...
Là, il me fixe et il rougit jusqu'aux oreilles. Il me cache son visage avec sa main tandis que avec son autre bras, il me fait signe de stop.
— N-Non, c-c-ce n'est pas raisonnable.
— Mais de quoi tu parles ? Tout court, à quoi tu penses ???
— J-j... L'idée de le prononcer à voix haute... m-m'embarrasse...
— Dis-le. Tu veux un bisou sur la joue ?
— P-Presque..
Ah, j'ai saisis.
Avec un doux sourire, je l'admire. Il est rouge, il est tout près du soleil levant. De la poussière s'élève, elles brillent sous l'effet de la lumière et ça le met en valeur. Il porte toujours sa tenue de héro. Sun Eater est réellement un merveilleux héro et petit-ami attentionné.
— D'accord. Rapproche-toi, tu veux bien ?
Il obtempère sans broncher. Il tremblote un peu, nerveux. Peut-être qu'il craint un rejet de ma part.
Chose qui n'arrivera pas. Il est trop précieux pour moi.
— Ferme tes yeux.
C'est notre première fois à nous deux. Il se met à mon niveau et il obéit à mes ordres. Doucement, le coeur martelant brutalement contre ma poitrine, je réduis la distance qui nous sépares. Nos lèvres se rencontrent, timidement.
Les joues brûlantes, je me retire et je me met à glousser, ce qui le fait arquer un sourcil, inquiet.
— Q-Qu'est-ce qui est drôle ?
— Je te trouve mignon. C'est tout.
— T-Toi aussi tu es mignonne (ton prénom).
Je rougis de plus belle.
— T-Tu as autre chose que tu voudrais ?
— Oui.
— J'écoute ?
— J'ai encore un peu sommeil alors euh... est-ce que je peux...
Il déglutit nerveusement et plonge ses yeux obsidiennes dans mes iris (couleur des yeux).
— Poser ma tête sur ton ventre ?
— .......Mon ventre ???
— B-Ben je le trouve confortable.
Ma conscience hurle. Et mon cerveau subit un court circuit.
— Euh....oui, fais donc...
— Merci...
De suite, Tamaki replace le chevet, le rapproche du lit. Il se penche et cale sa tête sur mon ventre pas si plat que ça. Il hume et sourit, détendu.
— Oui, moelleux. Se confirme t-il.
AHHHHHH !!!???? Je meurs là, osekour, il est trop chou ??? Je l'aime !
Lui laissant un temps de répit bien mérité, je lui caresse les cheveux, heureuse à ses cotés.
Merci Tamaki, d'être entré dans ma vie.
Plus tard, en meilleure forme et avec les vacances, j'étais avec mes amis et mon petit-ami pour le rendez-vous. On passait un super moment, on riait et on parlait de tout et de rien. Tamaki, étant encore trop timide pour montrer son amour en public, on évitait de faire des bisous ou de gros câlins. Néanmoins, ça ne l'empêchait pas de m'adresser des sourires amoureux vers moi. D'ailleurs, loin des regards, il m'avait discrètement offert (une barrette/ un bracelet) en papillon (couleur de choix). J'ai tellement trouvé ça adorable cette petite attention que au final, je l'avais enlacé devant les autres.
— Et toi (ton prénom) ? Tu sais ce que tu vas faire après le lycée ? Me questionne Nejire en souriant, en posant ses yeux bleus sur moi.
Je lui souris en retour.
J'ai beaucoup réfléchit. Et surtout, après ma rencontre avec Tamaki, le fait qu'il m'aide à prendre conscience que j'étais courageuse, forte et que j'étais une petite héroïne, m'a beaucoup aidé. À prendre confiance en moi. J'opine doucement.
— Oui, je veux m'orienter dans l'aide humanitaire, ou devenir secouriste, dans ces trucs. J'ai le temps de me pencher un peu plus après, mais je veux être utile pour les personnes dans le besoin, dans le social quoi.
— Ooh ! C'est une bonne nouvelle ! S'enthousiasme Hitomi en rejoignant ses mains. Nejire opine à coté d'elle.
Mes yeux s'orientent vers Tamaki qui me sourit.
— Et aussi, ça me permettra de te voir et te contacter souvent, vu ce que je compte faire, se rapproche du travail des héros.
— A-ah !
Étonné, il m'adresse son plus beau sourire, ses dents blanches sont visibles, les yeux fermés, il s'exclame, tout content :
— Dans ce cas, j'ai hâte de te solliciter davantage à l'avenir !
— Bien sûr, mon Sun Eater !
Sous la table, on enlace nos doigts.
On sera toujours ensemble, quoi qu'il advienne. Et il m'a apprit que rien n'est impossible.
Merci, Sun Eater de m'aimer telle que je suis.
The End
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