Mad Father

Game/Rpg Horror Maker: Mad Father

Titre: Doll's Song

Auteur: Lily Sawaka

Date de publication: 13/12/21

Nombre total de mot: 24.571

Notions à avertir le lecteur: Horreur -  Thriller
Notes de l'auteur: Milles excuses. J'avais prévu le boucler pour Halloween mais je n'ai eu que de la malchance, contretemps, des pertes de motivations, ces derniers temps. J'ai beaucoup cumulé de fatigue et c'est encore le cas en ce moment (voire pire, mes proches ont remarqué que j'ai une perte de énergie et autre) mais c'est pas pour dire que j'ai bossé dur pour ce One Shot depuis octobre!
J'espère qu'il sera à la hauteur. Mad Father a été mon 1er rpg horreur maker que j'ai connu au collège et c'est le premier qui m'a fait découvrir ces merveilles. (j'ai acheté le remake sur steam). Bref, avec la commande qu'on m'a faite, j'ai pas pu refuser!
Il est basé sur la Bad Ending où Aya devient une poupée! Enjoy! (désolé si je fais encore des gaffes, merci pour les corrections et ect!). Ah et au passage, je me suis inspiré de Corpse Party et de Silent Hill un peu!
Prochain OS sera probablement sur Hanako Kun. ^^ Ou autre, je verrais..
_______________________________________________

Mad Father

Doll's song

Une seule nuit. En une nuit, tout avait changé. La vérité avait éclaté au grand jour. L'incompréhension, l'injustice et la peur s'était emparée de la petite fille qui se retrouvait par terre, retenue captive par une poupée qui lui avait attrapé le mollet. Face à la fillette, se tenait son géniteur, complètement fou. Ses lunettes cassées et tordues se pointaient toujours sur le bout de son nez. Au-dessus de lui, une tronçonneuse, qui émettait toujours son bruit, activé. Par tout les moyens, l'enfant tentait de redonner la raison à son père. Ce fut un échec.

Un cri agonisant s'élançait dans l'air. Des larmes perlèrent sur le visage pâle de la fillette, qui s'écroulait contre le sol glacial. La lueur de ses iris bleus s'éteignaient, devinrent vitreux et sa chaleur corporelle, chutait considérablement. Les battements de son coeur ralentissaient puis, cessèrent au bout d'un certain temps. Sentant que sa conscience s'envolait, l'enfant ne pouvait que percevoir le plafond face à elle. C'était si sombre. Avec, la voix douce de son géniteur, qui, posait son genou près d'elle, sa main, effleurant sa joue mouillée par ses larmes.

Elle ne voulait pas mourir si jeune. Elle voulait encore vivre. Aux côtés de son père et de son lapin blanc, Snowball. Son vœu était si faible ? Avait-elle été une mauvaise enfant ? Pourquoi on voulait lui priver de son avenir ? La petite fille était perdue. Elle sentait, voyait que son géniteur lui essuyait ses larmes et arborait une moue vexée qui, très vite, se changeait par un sourire rayonnant et heureux.

Pourquoi le bonheur de quelqu'un pouvait être si grotesque et si blessant ? Normalement, en tant que son enfant, elle devrait être contente pour son père d'avoir réussi à obtenir son bonheur. Dans ce cas de figure, elle était complètement dégoûtée. Ce n'était pas merveilleux. Ce n'était pas à fêter. Ce n'était pas une victoire.

Mourir des mains de son père, n'était pas normal. Non, c'était tout simplement cruel, de ne penser que à soi-même au lieu de écouter les opinions des autres. Tout aurait été mieux s'il l'avait écouté.

Maintenant et à jamais, elle sera captive dans cette maison. Qui ne représentait désormais, qu'une prison, à ses yeux. Plus jamais, elle ne pourrait se balader. Ni danser. Ni jouer. À partir de aujourd'hui, la petite fille, était la plus belle création de son géniteur.

**

*

[ Des années plus tard... ]

Quelque part dans les périphéries montagneuses de l'Allemagne. Une immense résidence, reclus des autres habitations et de la ville. Le chemin était long à emprunter en voiture ou en cheval. La côte était assez dangereuse avec une route étroite. Il suffisait qu'une personne conduise trop rapidement ou vite, pour faire chuter quelqu'un qui était du coté du vide. De la végétation s'était installée dans les espaces rocailleuses, jusqu'au grand aire qui menait à une maison. Le terrain n'était absolument pas entretenu. L'herbe était haute et des mauvaises herbes s'étaient mises à leur aise. L'endroit était extrêmement grand et la résidence, à vu d'oeil, l'était tout autant.

Le ciel était gris, le vent soufflait fort et poussait chaque branches des arbres ou sapins dans leur direction. Quelques feuilles dorées ou vertes finissaient par céder sous la puissance et s'envolaient, indécis. Le bruit des feuillages se frottant les unes contre les autres, au rythme du vent, était parfaitement audible. En cette saison automnale, il était à prévoir que le temps serait aussi peu accueillant, surtout dans ce lieu soit disant, abandonné. Une fois avoir descendu de sa voiture Mercedes Oldtimer noire, une jeune femme passait une main dans ses cheveux, admirant les lieux. Ça lui faisait tout drôle de faire une visite dans une résidence aussi grande et impressionnante. Derrière elle, un homme d'un âge plus mûr qu'elle, en tenue de majordome. Tous deux s'étaient garés là où il y avait de la place, sur des graviers concassés blancs. En même temps, les deux personnes fermèrent la portière.

« Nous y sommes arrivés, madame.

En effet... Je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi grand. »

La brise légère continuait de souffler, emmenant la jupe blanche et rouge de la jeune femme, avec sa cape qui comportait une capuche légère avec. Le nom de l'individu était Helen Bonn, âgée de plus de vingt et un ans, elle était désormais considérée comme une adulte à part entière. Ses parents lui ont donné l'argent nécessaire pour qu'elle puisse vivre avec son majordome où qu'elle le souhaitait. À vrai dire, sa famille se débrouillait bien et gagnait sa vie. Raison pour laquelle, son père avait lourdement insisté pour que sa fille parte avec un de ses serviteurs. Après tout, leur enfant était dorénavant une adulte. Il était temps pour elle qu'elle parte vivre ailleurs. D'ailleurs, ses parents avaient prévus quelque chose, les prochains mois, après son déménagement. Tout était parfaitement planifié chez eux.

Suite à un mariage arrangé, entre un avocat et une banquière, la famille Bonn se portait bien question gestion des finances. Leur renom était même réputée en ville. Ils étaient reconnus étant comme un couple parfait, radieux et intelligent.

Helen avait une peau blanche, des cheveux longs blonds et bouclés, cascadant jusqu'à sa taille, des yeux noisettes et était vêtue d'une robe blanche et rouge en dentelle, avec des manches longues, la jupe descendait à ses genoux. Un corset de cuir avec des lacés se situait entre ses hanches à sa poitrine. Sa cape rouge qui contenait une capuche, cascadait à son bassin. Aux jambes, un collant noir. À ses pieds, des bottes en cuir qui allait jusqu'aux tibias. En bref, ceci donnait un style entre le médiéval-renaissance. La grosse mode en Allemagne. Toutes femmes possédant de l'argent, aimaient porter ce genre ce choses. Quant aux hommes, tant que la tenue restait sobre et élégante, tout leurs convenaient.

Cela faisait à présent quelques mois que Helen recherchait un terrain assez grand, spacieux et dans un environnement plutôt calme. Il s'agissait de sa septième visite. Un agent immobilier se trouvait justement au pied de la maison, avec lui un curieux homme, bien habillé, avec un chapeau noir. Le plus surprenant dans tout ça, c'était qu'il avait des oreilles pointues et des pupilles rouges. Il semblait presque intimidant.

« — Ah, vous voici donc... Commença l'homme, d'une voix calme. Bienvenue à la résidence des Drevis.

Vous êtes le propriétaire ? Questionna Helen, avec un petit sourire.

Non, je suis simplement un vieil ami du propriétaire, qui est malheureusement décédé. La famille entière a été tout simplement, victimes d'une tragédie.

Quelle tragédie ?

L'épouse de monsieur Drevis était malade. Tout le monde a été contaminé.. »

Pas rassuré par ce détail, le majordome de la blonde prit parole :

« J'espère bien que la résidence n'est pas infectée par cette maladie mortelle. Avez-vous pu désinfecter ? Fais des tests pour...

Tout a été fait dans les plus brefs détails, monsieur. Lui assura l'homme en souriant. Oh pardonnez-moi de mon impolitesse, lâcha t-il en retirant son chapeau noir, le plaçant contre son torse, faisant une révérence devant eux, dévoilant son crâne chauve. Vous pouvez m'appeler Ogre. J'entretiens cette résidence depuis le décès de mon cher ami. »

Helen croisait ses bras sur sa poitrine, lui souriant.

« — Enchanté. C'est impressionnant que vous faisiez ceci. On m'a dit que le prix était abordable pour moi. Et que l'intérieur est très grand.

En effet, madame.

Bon et si on explorait les lieux ? S'impatienta Helen en rejoignant ses mains. Elle se tournait vers son majordome. Tu nous suis Georges ?

Bien sûr madame. »

Suivit de l'agent immobilier, le groupe rentrait dans la maison, après avoir montés les marches puis pousser la grande porte, qui grinçait. L'intérieur était de suite très surprenant. Le hall était grand. Des plantes étaient placés à l'extrémité de la sortie. En face, une grande porte qui menait directement à la salle à manger. Au-dessus, le premier étage. Deux escaliers y conduisaient. Sur la droite, une autre porte et la gauche, une autre. Au plafond, un immense lustre. La décoration semblait plutôt rustique. Cela concordait bien avec les murs et le sol qui avaient une couleur harmonieuse et plutôt sobre.

Le plus curieux était que la porte qui menait au sous-sol était fermé à clé. Curieuse, la blonde se tournait vers l'agent immobilier, pour lui demander à ce que on lui offre la porte. Étonnamment, ce dernier tournait négativement sa tête, ce qui décevait quelque peu la jeune fille. En temps normal, il aurait accepté, non ? Les sourcils froncés, Helen insistait une énième fois puis vit Ogre poser une main sur l'épaule de l'agent immobilier, toujours avec ce sourire mystérieux. Les yeux normalement brillant de l'homme métis, s'éteignirent. Un petit sourire se dessinait sur ses lèvres. Limite, possédé. Ce dernier ré-affirmait que s'ils voulaient en savoir plus sur les lieux, ils devraient acheter la maison.

Georges se penchait vers l'oreille de sa maîtresse, méfiant. Il lui chuchotait :

« — Si je peux me permettre madame, c'est louche cette histoire.

Hein ? Qu'est-ce qui est louche ? Demanda la jeune femme aux cheveux blonds, en le regardant légèrement depuis ses orbes noisettes.

...ce qui se cache derrière cette porte.

C'est sûrement en reconstruction. Ou il doit avoir de la saleté.. Supposa doucement Helen, toujours plongée dans son insouciance. »

Vexé qu'elle ne le croit pas complètement, son majordome maugréa une grimace. Lorsqu'il se redressa, peiné, il sentit un frisson lui parcourir tout son échine. L'homme d'un certain âge mûr, leva ses yeux marrons de sa maîtresse puis croisait le regard victorieux de Ogre. Son sourire sournois ne lui disait rien de bon pour lui. D'ailleurs, Georges n'était pas du genre à critiquer qui que ce soit, néanmoins, il n'avait jamais vu un humain avec des oreilles pointues – qui donnait un genre de fantastique ? -. Restant prudent, le majordome suivait Helen, terminant leur visite après quelques minutes.

La résidence était vraiment grandiose et la jeune femme s'était déjà mit en tête de l'acheter. Bien sûr, il y avait des ajustements à faire, quelques travaux par ci et par là, mais rien de trop important. Après des négociations faites, avoir signé des papiers, tout était vite bouclé. Tous partaient de leurs cotés, laissant l'homme chauve derrière eux, avec un air satisfait, remettant son chapeau noir sur sa tête. Pour lui, tout fonctionnait selon ses plans.

Les jours se succédaient. À la veille de son déménagement, Helen avait préparé ses affaires avec soin. Pour commencer, elle avait cinq valises. Deux, pour ses vêtements, l'autre, contenait sa collection de romans préférés, un avait ses accessoires – bijouteries, élastiques à cheveux, ... - puis sa trousse de soin et maquillage, avec les shampoings et tout ce qui était hygiénique. C'était la dernière soirée qu'elle dormait chez ses parents. Prochaine étape après l'emménagement ; le mariage. En effet, la blonde devait prochainement faire connaissance de ses prétendants et faire un choix. Certes, cette méthode était injuste, cependant, pour la famille, elle était importante. Pour se hisser plus haut dans la société. Pour être plus reconnue. Leur fille, ne partageait pas leur idéologie.

Il était convenu qu'une fois emménagée, elle leur envoie son adresse, pour que ses parents puissent organiser leur planning en fonction des prétendants. Helen était déterminée à vivre sa vie comme elle l'entendait. Vivre une aventure palpitante, comme dans des romans fantastiques. Voyager, était sans doute sa première vocation. Suivait ensuite de suivre son rêve, qu'était de devenir pianiste. Personne n'avait à imposer son mode de vie. Là-bas, avec la superficie qu'il y avait, dans cette résidence qu'elle avait vu, elle pourrait se construire un grand centre équestre ! Après tout, la blonde savait y faire avec les chevaux. En fait, Helen était une passionnée d'équitation depuis qu'on l'avait inscrite dans ce club. Elle se débrouillait bien. Quand sa mère l'avait peu après inscrite à des cours de piano, c'était le comble pour leur fille. Helen s'était vite perdue dans chaque morceau et était aussi devenue addict à ceci. À ses douze ans, on lui avait même offert un piano de qualité. Et elle avait même participé à des concours ou vu des concerts.

Plusieurs idées – parfois farfelues – lui venaient à l'esprit et la jeune femme avait l'impression d'avoir trouvé le jackpot. Honnêtement, sa vie n'était pas si terrible que ça, jusqu'ici, mis à part les idéologies de sa famille... Un peu trop stricte. Oui, son éducation était un peu trop sévère. Helen devait se montrer douée dans plusieurs disciplines. Malgré quelques lacunes, ses parents préféraient qu'on lui donne des cours particuliers à domicile en plus de l'école. Au départ, la blonde avait protesté, boudé et râlé. Au final, elle s'y était fait et ce sentiment d'être douée en classe gonflait son égo. Avec en supplément, le sourire de ses parents, fiers de leur fille.

Au début, la jeune femme aux yeux noisettes se voyait institutrice. Très vite, avec l'âge et la maturité, elle avait d'autres plans en tête. Et puis bon, elle avait encore du chemin à parcourir ! Certains de ses amis faisaient des études supérieurs tandis que d'autres étaient déjà entrés dans la vie active. Pour le cas de Helen, elle était entre les deux. Elle poursuivait ses études tout en ayant un petit boulot relativement bien payé, pour certains soirs et un samedi. En ce moment, c'était les vacances scolaires et la blonde s'était prit des jours de congé, pour qu'elle puisse se focaliser sur l'achat d'une maison – que ses parents et autres membres de la famille offraient bien entendu –. Plus tard, elle les remboursaient, mais pas en épousant un parfait inconnu ou lèche-cul. Hors de question !

Sur ces pensées, Helen fermait ses yeux, se laissant emporter par les bras de Morphée. La journée, comme les précédentes, étaient sacrément mouvementées. Ce serait la dernière fois qu'elle dormirait sur ce lit, c'était tout drôle pour elle. Sa chambre, habituellement bien chargée, était devenue vide, en dehors de ses cartons qui étaient juxtaposés les uns sur les autres, encombrant la pièce. On pouvait entendre le vent souffler fort dehors, tapant contre les carreaux de verres de sa fenêtre. Le ciel était sombre et recouvert, la lune était dissimulé par les épais nuages, les étoiles n'étaient pas visibles. À chaque coup non-rythmé du vent, les feuillages des arbres jouaient une mélodie harmonieuse, y allant crescendo.

Hey. Can you hear me ?

Une voix douce et à la fois enfantine parlait à la blonde qui dormait. Elle fit une moue, pensant simplement rêver.

I called out your name

Where are you from ? What is

it that's brought you here?

Helen échappait un grognement. Elle cogitait et se mit sur le coté, serrant son coussin libre contre elle.

Why won't you answer me ?

I swear to play nice

Isn't this fun ? This

game of hide-and-seek.

Cette voix était mélodieuse. Qui pouvait lui chanter quelque chose aussi... glauque ? Les sourcils de la blonde se froncèrent tandis qu'elle ronchonnait.

I only wanted to hear your voice

Skin that's warm

Eyes that cry.

I wanted to see your smile

Feel your touch

It's been a while

Subitement, le ton changeait. On aurait dit que quelqu'un hoquetait, sanglotait et la voix se mit à trembler. C'était brisé.

Long, long ago, I was

a girl just like you

Father loved me, kept

me safe and beautiful

Helen grimaçait. Drôle de rêve. Péniblement, la jeune femme ouvrit ses lourdes paupières. Elle était encore fatiguée et ne voulait que dormir. De la faible clarté s'échappait de la fenêtre, suite à un nuage qui s'écartait de la lune. Celle-ci, émit ses faibles faisceaux de lumières, filtrant avec le verre, avant de s'étaler sur le mur, direction de la porte. Stupéfaite, la jeune femme aux orbes noisettes écarquillait ses yeux en voyant une ombre, d'une silhouette humaine à son mur. La voix continuait, cette fois-ci, plus mélancolique.

Oh how i'd love to dance

around just once more

...

But these cold legs don't move anymore.

Un frisson traversait tout l'échine de la jeune femme qui se redressait, les yeux ronds. Croyant d'abord qu'on lui faisait une farce, elle grimaçait et pestait. Vivement, elle tournait sa tête en direction de la fenêtre. Il n'y avait rien. Simplement le mouvement des branches des arbres. Haussant un sourcil, la blonde regardait de nouveau son mur. L'ombre avait disparu. Tout n'était que illusion ? Helen frottait ses yeux, pour certifier si tout ceci était réel ou non.

Au final, avec agacement, la jeune femme aux iris noisettes se recoucha, remonta ses draps à ses épaules, s'endormant de nouveau.

Le lendemain, après un bon petit déjeuner, Helen et son majordome Georges retournaient à la résidence en voiture. À deux, ils déchargeaient les valises, faisant plusieurs aller-retour. Une fois tout déposé au rez-de-chaussée, la jeune femme à la tenue loli-steampunk se redressait, essuyait du revers de sa main, son front. Elle était rayonnante et toute euphorique à l'idée de s'installer au plus tôt ici, avec ce qui lui plaisait. Dehors, le temps était dégagé et un soleil radieux occupait une grande partie des cieux. Heureusement, sa présence permettait de réchauffer l'atmosphère, déjà froide en cette saison d'automne.

Après avoir décrété qu'une chambre serait sienne, la blonde s'immobilisait en voyant dans la pièce, une poupée, assise sur le lit. Cette dernière, avait des iris bleus, des cils très longs. Une robe de nuit avec un bonnet de nuit en dentelle verte, légèrement déchirée. Sa peau faite en porcelaine, était abîmée et des fissures étaient aussi visibles sous son œil. La poupée avait de longs cheveux ondulés bruns, décoiffés. Aux jambes, des collants blancs puis aux pieds, des babies vernis couleur noire. Étonnamment, elle avait un certain charme et à la fois... elle dégageait quelque chose de malaisant. On dirait presque qu'elle était vivante. Surprise, en posant sur le sol ses bagages, Helen enjamba la chambre, s'empara de la poupée et la souleva, de sorte à qu'elle soit à sa hauteur. D'un œil expert, elle détailla la couture, le corps, la chevelure et les yeux de ce jouet – ou collection – de l'ancien propriétaire. Ogre avait-il oublié de prendre cette poupée ? Lors de la première visite, la jeune femme aux yeux noisettes se souvenait parfaitement ne pas avoir vu cet objet ici, à cette place.

« Ah, mais je n'ai pas son numéro. » Se rappela Helen en grimaçant. « Mince. Peut-être que c'est volontaire de me la laisser ? »

Dubitative, Helen maugréa une moue. Ce n'était pas son genre de profiter des autres. Peut-être que l'homme chauve reviendrait récupérer son bien. Il finirait bien par le remarquer. Alors qu'elle se mettait ceci en tête, la blonde trouvait une petite lettre laissée à la place de la poupée. Probablement, placée en dessous lorsqu'elle était assise. En la récupérant et en la lisant, la jeune femme battit des paupières et sourcilla.

« Quoi ? Un cadeau de sa part ? Mais j'ai passé l'âge à ce genre de choses moi... » Se justifia la jeune femme.

Un soupir exaspéré quitta la barrière de ses lèvres. L'ennuie, c'était qu'elle ne voyait aucune utilité de garder cette poupée. D'autant plus qu'elle était abîmée. Impossible de la revendre. Elle n'était pas en bon état. C'était une farce de la part de Ogre ? Probablement. Cette idée lui laissait un goût amer. Pas grave, autant la jeter à la poubelle. De toute façon, cet homme ne remettrait plus les pieds ici. D'autant plus que ce n'était pas véritablement sa maison.

Georges se pointait à l'encadrement de la porte, un sac de patate dans les bras. Intrigué, il observait sa maîtresse tenir la poupée dans une main.

« Où l'avez vous trouvé ? Questionna t-il.

Un cadeau laissé par Ogre. Invendable, pas vrai ?

Effectivement...

Tu peux la jeter. En plus je ne suis pas dans ces trucs. Lui affirma Helen en lui jetant la poupée dans les airs, très vite rattrapé par son majordome.

Entendu. Que voulez-vous manger pour ce soir ? Pour ce midi, ce sera du sandwich traditionnel.

N'importe, tu me connais, j'adore manger ! »

Avec un sourire amusé, l'homme aux cheveux courts gris obtempéra avec un rictus amusé avant de partir dans la direction opposé, pour tout mettre dans la cuisine. Après avoir traversé la salle à manger, l'adulte accéléra le pas, posant son sac de patate sur le plan de travail. Repérant vite les poubelles vides, il jeta la poupée. Lorsqu'il fit demi-tour, il ne sut que celle-ci, cogitait faiblement ses petits doigts, dans un craquement peu audible. Un de ses oeils se refermait et se rouvrait, comme si, elle se sentait extrêmement énervée par ce qu'on lui faisait subir.

Quelques heures plus tard, le duo mangeait ensemble. Derrière Georges, les rayons du soleil filtraient avec les grandes fenêtres qui se situaient entre la cheminée, le long du mur. Elles étaient suffisamment spacieuses, de sorte à éclaircir suffisamment la grande pièce. Tout en dévorant son sandwich au thon, Helen levait ses orbes noisettes en direction du tableau placée au-dessus de la cheminée. D'un regard critique, elle s'exprima.

« Il faudrait virer ça aussi... Ils ont des goûts particuliers ici.

Comprit.

C'est super grand ici. Je devrais peut-être limite envisager une collocation avec mes potes ici. Et ramener d'autres servants, histoire d'alléger ton boulot... »

Le majordome sourit doucement.

« Vous le savez déjà, j'aime vous servir depuis que vous êtes petite madame. Je peux tout endosser.

Je ne suis pas une pourriture. Rigola Helen. J'insiste. Et puis, ça te fera de la compagnie. Après tout, tu as toujours été celui qui instruit les nouveaux et tu aimes ça. Ça se voit. Ici, tu pourrais en plus d'être mon garde rapproché, tonton mais aussi un super chef et formateur !

Madame... Je...

Tu n'auras pas mes parents derrière ton dos à chaque fois. Tu es libre, tu l'as toujours été avec moi ! »

Georges avait toujours été présent depuis la naissance de la blonde. A une période, la nourrice était en arrêt maladie. Les parents de Helen avaient désigné leur majordome en tant que baby-sitter provisoirement. Les multiples tâches qu'on lui avait confié étaient extrêmement coriaces et malgré tout, toujours rigoureux et soigneux dans son travail, l'homme âgé de la trentaine d'année ne s'était pas laissé abattre sous le poids de ses responsabilités. Le plus surprenant, était que le bébé s'était vite attaché à lui contrairement à la nourrice. La fille des Bonn n'était qu'apaisée dans les bras de Georges. Les autres nourrices n'avaient pu réussir cet exploit. D'ailleurs, à l'âge de quatre ans, la petite Helen suivait partout le majordome, exactement comme un petit poussin.

À vrai dire, elle piquait même des crises juste pour avoir plus de temps pour jouer avec lui. Comme tout enfant, elle faisait des caprices. Très vite, tout se calmait et en revanche, elle cogitait trop – et parfois, faisait des bêtises comme, revenir remplit de gadoue, attaquant le linge propre, voler des cookies en cuisine en se mettant sur la pointe des pieds sur une chaise, finissant par faire exploser le bocal en verre, ... -. Une bonne enfance avec plein de rebondissement. Comme les parents de la fillette étaient souvent occupés, Georges était toujours là pour la consoler, lui mettre des pansements, jouer avec elle, l'aider pour ses devoirs et lui raconter des histoires avec d'autres servantes. Pour Helen, il était comme un membre de sa famille à part entière. Un peu comme un tonton.

Contrairement à ses parents, dès qu'il avait fini ses tâches, Helen en profitait même pour lui donner à boire. Ou elle papotait avec lui. Il était la personne la plus confiance dans la maison pour elle. Et il avait toujours un savoir-faire, ou quelque chose de sage chez lui. Chose rare, Georges était le premier à recevoir des cadeaux de la part de ses maîtres. Suivait ensuite Jeanne, Alexandre puis Brigitte... Forcément, le majordome était le plus demandé, toutefois, avec les multiples implorations de la blonde, elle put obtenir l'accord de ses parents pour qu'elle garde Georges à ses cotés. Une victoire.

« La grande chambre non loin de la vôtre, elle sera une chambre d'ami ? Questionna Georges.

Tu n'as toujours pas trouvé de chambre pour toi ? Répliqua tantôt Helen en plissant ses yeux.

Je peux dormir sur le canapé...

Pas question. »

Georges soupira, gêné.

« Le lit est grand et plus réservé pour une femme... avec les rideaux dessus et...

On pourra vite la changer, ce n'est pas dérangeant. Ou tu prendras la salle qui est vide !

D'accord.. »

L'idée de dormir sur un lit appartenant à l'ancienne propriétaire de la résidence le mettait quelque peu dans l'embarras. Néanmoins, comme venait de lui mentionner Helen, il pourrait tout réaménager à sa guise. Ou au pire, il y avait une autre pièce disponible à aménager. Il y avait tant de choses à faire dans cette immense maison. À commencer par découvrir les pièces closes lors de la visite. Ce détail, ressurgissait et l'homme aux cheveux gris en fit part à sa maîtresse qui engloutissait son sandwich.

« J'ai presque oublié ce détail..

J'irais faire mes repères.

Plus tard. On termine déjà le plus important, les chambres, le salle à manger, cuisine, la bibliothèque puis la salle de repos.

D'accord... »

Ils terminèrent de manger avant de replonger dans les cartons. Tout en triant ses affaires, rangeant ses vêtements dans la commode rustique, Helen terminait par s'étirer. Ses muscles étaient endormis et elle se sentait quasiment ramollis. Un bon bain chaud ne serait pas de refus ! Avec un sourire, la jeune femme aux cheveux blonds voulut avant tout, placer sa boite à bijoux dans un tiroir, se situant à coté du lit. Aussitôt, ses yeux s'arrondirent puis elle reculait.

Premièrement, ça sentait le pourris. Un oiseau mort s'y trouvait, sur lui, un cadre photo.

« — Mais c'est quoi ce... ?! »

Avec dégoût, la jeune femme à la robe loli-steampunk prit le cadre. Une photo s'y trouvait. Sur le verre, la poussière avait prit trop de place, obligeant la blonde à dépoussiérer pour mieux observer le visage de la personne. Surprise, elle constatait qu'il s'agissait d'une femme. Belle. De longs cheveux soyeux bruns, de beaux yeux bleus foncés qui concordait parfaitement avec sa robe. À son cou, un collier avec une pierre rouge, comme du rubis. Tout en contemplant la photo, une voix lointaine et enfantine retentissait dans sa tête.

''Tu me manques, maman.''

Helen grimaçait et soudainement prise d'une migraine, elle levait une de ses mains, la plaçant sur son œil droit et front. Elle appuyait, espérant que la douleur s'éternise au plus vite. Son pouls s'accélérait et elle avait de plus en plus de mal à respirer correctement. Depuis combien de temps n'avait-elle plus ressentit ce genre de choses ? Ah oui, depuis ses médicaments... La jeune femme aux yeux noisettes se mordit les lèvres, se concentra sur sa respiration pour vite se remettre de ses émotions. Doucement, elle prit une longue inspiration puis expira. Plus calme, elle décolla sa main de son visage avant de déclarer fermement :

« — Ca ne sert à rien de garder ça. Je vais vite tout jeter et me laver. »

Sur ces paroles, elle fit exactement ce qu'elle voulait, en ramenant le sac de poubelle, jetant sans la moindre hésitation les anciens objets – et cadavre – appartenant aux anciens propriétaires. Mine de rien, il y avait encore beaucoup à faire dans cette résidence. Un gros nettoyage ne serait pas de refus. Ça pourrait prendre une grosse semaine voire plus à ce rythme !

Georges parut surprit de voir sa maîtresse se trimballer le sac poubelle par dessus son épaule, tout en ronchonnant. Il pressa le pas pour la rattraper, concerné.

« — Madame, je peux me charger de tout ça. Reposez-vous, vous avez fait du bon boulot !

On a beaucoup à jeter. Lui affirma t-elle en soupirant, désespérée. J'ai trouvé une vieille photo et...

Et ?

— ...et... »

Hésitante, Helen détournait son regard du sien. Elle se remémorait de quelque chose qui lui avait laissé un goût amer. Bien que son majordome soit la personne la plus proche à ses yeux, il avait été le premier à faire part d'un problème à ses parents. Le résultat n'était pas beau. Sincèrement, la jeune femme aux cheveux blonds préférait oublier ce moment précis dans sa vie. Malheureusement, ce n'était pas aussi simple.

Et si elle lui en faisait part ? Irait-il encore avertir ses parents, pour ce qui était douteux au sein de la société ? Mieux vaut s'abstenir.

« — Rien, ça me dérange. Se contenta de lui expliquer Helen avec un faible sourire.

Je comprends parfaitement. Je m'occuperais personnellement de tout jeter le plus rapidement possible.

Merci.. »

Aussitôt, Georges partit de son coté, ayant prit le sac poubelle à sa place. Il traversa le couloir puis descendit des escaliers pour tout jeter dehors. Une fois seule, Helen exhala un soupir puis vint attraper son bras gauche, les yeux rivés sur le tapis sous ses bottes. Elle se rappelait encore de la panique et des regards outrés de sa famille et de ses serviteurs. À l'âge de neuf ans, alors qu'elle étudiait tranquillement ses mathématiques sur son bureau, elle avait sentit un froid près d'elle. D'abord, la fillette pensait qu'elle avait besoin de mettre un pull. Lorsqu'un souffle s'était déposé vers son oreille, elle s'était mise à crier et à reculer avec sa chaise. Très vite, son majordome était rentré dans sa chambre, inquiet. Il lui avait demandé ce qu'il y avait.

Contrairement à l'enfant, lui, il ne pouvait déceler une silhouette blanche dans la pièce. La blonde tremblait et elle pointait l'esprit, apeurée et pâle, les larmes aux yeux. Elle déclarait simplement voir le fantôme. Bien que Georges avait lourdement insisté que scientifiquement, les fantômes n'existaient pas, Helen continuait de crier, car l'esprit lui effleurait ses cheveux. Cette nuit-là, la pauvre fillette n'avait pas réussi à dormir. Elle serrait sa peluche dans ses bras, terrorisée. Et quand elle pouvait entendre des voix, elle s'engouffrait sous ses draps, craintive.

Son domestique avait bien sûr, prévenu ses parents. Ces derniers, la conduisait à voir des médecins et psychologues. À un rendez-vous avec un thérapeute, ce dernier avait énoncé que Helen était une sorte de médium. Que ce n'était pas un mal de voir et de ressentir des esprits. Les parents de la fillette, supposant que ce n'était que des conneries, avaient donc emmenés leur enfant à plusieurs séances avec un médecin, qui lui, fournissait un tas de médicaments médiocres. Tous, l'avaient regardé avec pitié. Dégoût et inquiétude qu'elle ne soit folle. L'enfant, seule, avait du s'y faire à cette nouvelle vie. À l'école, elle étudiait dans la bibliothèque, sur des livres paranormaux, pour qu'elle puisse ne plus avoir peur.

À force de prendre des médicaments, Helen avait fait un blocage. Et plus jamais, elle n'avait reparlé de ça. Bien qu'au fond, elle savait qu'elle avait un don. Tout médium en avait. À un certain degré.

Qui aurait cru que aujourd'hui, son don referait surface ? Ça lui donnait une migraine et la mettait mal à l'aise.

Son intuition l'avait demandé à vérifier si l'eau était chaude. En actionnant le robinet du bain, Helen immisça sa main en dessous, frissonna au contact de l'eau froide puis attendit un petit moment. En effet, après une bonne minute d'attente, aucune amélioration. Exaspérée, la jeune femme leva ses yeux noisettes au plafond.

« — Bien sûr ! Pas d'eau chaude ! J'adore cette nouvelle vie ! Manque plus qu'il y ait une coupure d'électricité et on vise le parfait karma ! Se plaignit-elle. Va falloir faire appel à un plombier.. »

Une fois avoir coupé l'eau, la jeune femme se redressa, s'éloigna du bain, qui émit un bruit audible avec l'eau. Testant aussi le lavabo, Helen quitta la salle de bain, laissant l'eau s'écouler dans le siphon. Le bruit de ses pas faisaient échos dans le couloir. Alors qu'elle s'apprêtait à quitter l'aile gauche, un tintement aiguë se fit entendre. La blonde se retourna vivement, étonnée. Un des mannequins aux allures de soldat de russe, avait fait tombé une de ses lances par terre.

Helen souffla, portant une main sur sa poitrine. Elle avait cru faire une crise cardiaque. Sans tarder, elle s'empressa de ramasser l'arme – vraie ou fausse ? Elle ne savait pas du tout – puis le remit entre les mains du mannequin.

« — Punaise, tu m'as foutu une de ces trouilles.. »

Certes, parler directement un mannequin, c'était irrationnel et irréfléchi. Toutefois, Helen avait besoin de s'exprimer à sa manière. D'ailleurs, il lui arrivait même en étudiant, de lire en chuchotant, ou même en comptant. La jeune femme à la robe loli-steampunk inspectait avec curiosité les mains du soldat de russe. Elles n'étaient pas rouillées. De plus, elles resserraient parfaitement la lance. Étrange. Comment l'arme avait pu lui échapper aussi facilement ? Cette question taraudait Helen, qui fronçait des sourcils instantanément, dès qu'elle entendit un gloussement surgir derrière elle.

Une poupée. Assise par terre, pas abîmée et portant une robe de mariage. De base, elle n'était pas censée se trouver ici. Helen inspira un grand coup puis avança jusqu'au jouet, l'attrapa et la soulevait. Le visage assombrit, d'une voix grave, elle se mit à gronder.

« — Je n'ai aucune idée de ce qu'il se passe, mais s'il y a quelqu'un ici, qui s'éclate à me faire peur, je vais m'énerver ! »

Ces coïncidences devenaient un peu trop frappantes. Pas de doute, quelqu'un lui faisait une farce. Ou peut-être que c'était elle qui devenait parano ? Non. La jeune femme était persuadée qu'elle allait bien et que cette résidence était louche. Devrait-elle annuler le contrat ? Non, c'était trop tard pour changer d'avis... De plus, abandonner cette maison, qui était clairement, parfaite, était du gâchis. Autant affronter les problèmes maintenant et peut-être que après, tout sera mieux.

Avec le temps et de l'expérience, Helen avait prit en confiance. Autrefois, la petite fille incertaine, timide, obéissante et vivant dans un manque de liberté absolu avait gagné en assurance, en confiance et en détermination. Plus personne n'abuserait d'elle. Pas sa famille. Ni même des inconnus !

Helen prit la poupée et enjamba jusqu'à la cuisine, pour jeter à la poubelle l'énième jouet. Clairement, elle se fichait de l'argent qu'elle pourrait en tirer. Il fallait tout simplement s'en débarrasser. Plus vite fait, plus vite tranquille !

La nuit est tombée. Tout en redécorant sa nouvelle chambre, avec une musique en fond pour mettre de l'animation, Helen fredonnait, souriante. Le disque tournait sous la tête de lecture, qui remontait à la cellule de lecture du tourne-disque. Ce morceau était sa favorite et la blonde avait complètement oublié le nombre de fois qu'elle avait écouté cette chanson. Plus tôt, elle avait demandé à ce que Georges regarde bien l'intérieur et l'extérieur s'il n'y avait pas une personne qui s'amusait à poser des poupées dans la maison. Son majordome avait prit au sérieux ses paroles et avait en effet, commencé à mener son enquête. Fatiguée de sa longue journée, la jeune femme aux orbes noisettes se redressait pour s'étirer. Cela faisait un moment que son serviteur n'était pas revenu avec des informations.

Ça devenait stressant pour elle. Helen soupirait et portait une main sur sa poitrine. Seul le piano ou l'équitation l'aurait déstressé. Malheureusement, aucun des deux options n'étaient disponible. Et il fallait tenir bon sans. La blonde fermait ses yeux, se laissant tomber en arrière sur le matelas, qui s'écrasait sous son poids. La jeune femme était mitigée. Devrait-elle le chercher ou lui faire confiance et l'attendre sagement ? La solitude n'était pas du tout son point fort... En plus, il se faisait tard. Il était l'heure d'aller se coucher.

'' Père ?!''

Helen sursautait en rouvrant automatiquement ses yeux. Elle se redressait vivement, après avoir ouïe un cri affolé, encore celui d'une fillette. S'assurant qu'elle était bien seule dans sa chambre, la blonde balaya du regard la pièce. Son soulagement s'envola dès qu'elle entendit un cri strident qui ressemblait à celui de Georges. Avec effroi, Helen attrapa sa cape à capuche rouge pourpre, se le mit puis poussa la porte, en appelant son majordome.

Des gémissements s'émanaient à sa droite. Helen se dirigeait vers la source du bruit puis reculait. Son visage pâlissait et ses yeux étaient exorbités. Face à elle, trois silhouettes. L'une d'entre elles, rampaient sur le sol, poussant des cris d'agonies. Une fois avoir atteint la zone éclaircit par la lune, la jeune femme hoqueta. Des zombies ? Les deux femmes semblaient être des servantes, leur peau était bleu et toutes deux, avaient de drôles de marques sur leur front. Du sang séché y restait, comme pour signifier qu'on les avaient coupés à ce niveau. Le troisième, qui rampait avec ses mains, avait le bas de son corps manquant. Du liquide rouge traînait derrière lui, tandis qu'il grognait, ses yeux vides fixaient la jeune femme qui n'arrivait à concevoir ce qu'il se passait sous ses yeux.

Rapidement, sa première réaction fut de se cloîtrer dans sa chambre. Helen tremblait et tenait sa porte close, ses mains dessus. La montée d'adrénaline la mettait pas très bien et elle haletait. Un hoquet de surprise s'échappa de la barrière de ses lèvres lorsque les zombies émirent un son rauque, tapant contre la porte. Extrêmement paniquée, ne pensant que à sa survie, la blonde se murmura à elle-même :

« Ce n'est pas réel. Ce n'est pas réel... ! »

La peur la submergeait. C'était exactement la même sensation lorsqu'elle avait découvert pour la première fois son don. Et encore une fois, elle se retrouvait seule face à ces monstres surnaturels. Jusqu'à présent, il ne s'agissait que de fantômes ! Eux, ne pouvaient strictement rien faire ! Il était plus facile de les ignorer !

« — Eh bien, vous aimez les livres surnaturels ? Vous en avez une bonne petite collection. »

Ahurie, Helen tourna vivement sa tête. Ses longs cheveux bouclés suivaient le mouvement. Instantanément, ses orbes noisettes s'écarquillaient. À croire qu'elle n'était que au début de ses surprises. L'homme qui lui avait vendu la maison, Ogre, se tenait debout, tenant entre ses mains gantées, un de ses livres qui était consacré sur les messages de l'au-delà.

« — Que... Que faîtes-vous ici ?! Comment êtes-vous rentrés ?!

Ceci n'a guère d'importance, très chère. Dit-il sur un ton calme, feuilletant le livre de la blonde. Vous y croyez au surnaturel ?

— ...Oui. Répondit honnêtement Helen, toujours en le dévisageant. »

Ogre esquissa un sourire puis referma le livre d'une seule main. Il pivota légèrement, pour se mettre face à la jeune femme, qui se tenait toujours à la porte, de peur que les créatures rentrent ici.

« — L'honnêteté est un bel atout. Commenta doucement l'étrange homme. C'est ce que j'apprécie chez les humains...

Vous n'en êtes pas un. Capta très vite Helen en fronçant des sourcils. »

Un petit rire sortit de la gorge de l'homme chauve. Ce dernier retira son chapeau noir, le plaçant contre son torse.

« — En effet, je ne suis pas un véritable homme. Lui confirma t-il. Vous êtes maline.

V...Vous êtes quoi alors ? S'inquiéta la blonde, s'imaginant qu'il allait la déchiqueter ou autre chose.

Rassurez-vous, je suis un allié.

Et comment suis-je supposer vous croire !? L'agressa t-elle.

Parce que je ne vous ais pas encore attaqué. Et que si je tenais à être un méchant, vous ne seriez pas encore debout à l'heure actuelle.. »

Sur ce point, il n'avait pas tord. Helen retira ses mains de la porte, après s'être assurée que les monstres se sont éloignés. La jeune femme se retournait complètement pour lui faire face. Pouvait-elle réellement lui faire confiance ? Helen était perdue. Après tout, il a été celui qui lui avait vendu la maison. Autrement dit, il était fautif sur beaucoup de choses.

Même s'il n'était pas un humain, la blonde se préoccupait plus du sort de son majordome. Le cri qu'il y avait eu, elle était convaincue qu'il s'agissait de lui. L'heure tournait et pas question de trop traîner, il pourrait lui arriver quelque chose. Helen portait sa main sur sa poitrine, sérieuse.

« — Cette maison a toujours été hantée ? Questionna t-elle tout de même.

Non, mais elle est atteinte d'une malédiction. Lui révéla Ogre.

Laquelle ?

Dans un premier temps, l'épouse a été tuée volontairement. Alfred Drevis, l'a assassiné. Elle désirait vengeance. Son désir était si énorme, qu'elle avait réveillé tout les morts puis capturé son mari. La fillette, est partit le secourir. »

Helen tressaillit. Une petite fille ? Face à ces dangers ? La blonde se remémorait du cri qui précédait celui de Georges. Est-ce qu'elle pouvait aussi, entendre des fantômes du passé ?

« — Qu'est-il advenu d'elle ?

Elle a réussit à sauver son père des griffes de sa mère. Toutefois... quand la vérité a éclaté, c'était trop tard.

Hein ? Vous voulez dire qu'elle... est morte... ?! »

Imaginer un père meurtrier fit frissonner Helen. C'était si cruel ! Malédiction ou pas, ce n'était pas bon de rester ici. Les sourcils froncés, sérieuse, la jeune femme attrapa une lanterne, concentrée, elle le prépara sous le regard amusé de Ogre.

« Qu'allez-vous faire ?

A votre avis ? Je vais chercher Georges.

Votre majordome ? Vous pouvez très bien vous en trouver un autre. Vous pouvez très bien fuir maintenant.

C'est ça ce qui nous différencies. »

Ogre plissa ses yeux rouge, rencontrant les iris noisettes, qui dégageaient une lueur qui reflétait parfaitement sa détermination. Helen reprit sur un ton grave, ne cillant pas devant lui.

« — Vous devez avoir l'habitude de voir des humains cruels. Mais de mon coté, je refuse d'abandonner quelqu'un. Encore moins un membre de ma famille !

La famille, hein.

Oui. Et j'imagine très bien que vous ne me suivrez pas dans ma démarche. »

Plus sèche, la blonde tourna des talons et vint ouvrir prudemment la porte, sur ses gardes, vérifiant qu'il n'y avait pas de monstre dans les couloirs. Ogre soupira un coup, remettant son chapeau sur son crâne. Helen ressemblait beaucoup à la petite fille qui a connu un triste destin. C'était étrange. En apercevant la jeune femme, il avait l'impression de voir le reflet de Aya Drevis. Toutes deux, déterminées, refusant de céder à la peur. Tout ce qui comptait, c'était leur famille et rien d'autre.

Des humaines complètement folles et insouciantes. Ce caractère, loin de la lâcheté, représentait clairement de la bravoure. Jusque où pourrait-elle aller ? Le sort de Helen ne tenait que sur un fil. Assister à sa progression, serait curieux et à la fois fascinant. Tout ce que Ogre espérait, c'était qu'elle soit plus divertissante que la petite fille qui a tenté de sauver son père. Surtout que le quiproquo, était que...

La personne qui avait lancée la malédiction n'était autre que Aya Drevis. L'unique fille des Drevis et la petite fille tuée par son père.

Traversant les couloirs, Helen constatait avec stupeur que le courant s'était définitivement coupé. Elle évitait de marcher sur le tapis, baigné dans le sang du cadavre plus tôt. C'était trop calme et angoissant à son goût. La blonde regardait par la fenêtre l'extérieur. Tout le jardin était engloutit par les ténèbres. Même la lune, était cachée derrière des épais nuages sombres. Avec une grimace, Helen reprit son chemin, ne sachant où se diriger dans un premier temps. Lorsqu'elle passait juste à coté d'une horloge à balancier, celle-ci se mit à sonner bruyamment. Le dong faisait écho dans une grande partie de la résidence. L'effet surprise, fit sursauter la blonde qui avait pour le coup, reculé, anxieuse. Hésitante, la jeune femme avançait, peu rassurée. Une horloge ne pouvait pas lui faire du mal, pas vrai ?

Quelque chose attirait l'attention de Helen. À coté de cette horloge, une petite clé doré. La blonde la ramassa après s'être abaissée puis la détaillait. Où pourrait-elle être utilisée ? La jeune femme levait ses yeux noisettes sur l'horloge à balancier rustique. Elle y décelait une petite serrure, qui pouvait parfaitement accueillir la clé. Sans se prendre la tête, Helen inséra la clé dedans, la pivotait, entendit un déclic, puis ouvrit la portière de l'horloge. À l'intérieur, un petit cheval de bois, poussiéreux et usé. En le prenant, Helen sentit une violente décharge l'assaillir, ce qui la fit geindre, au point de lâcher sa découverte.

Curieux. Helen se retrouvait dans une sorte d'église. Tout en regardant autour d'elle, la jeune yeux écarquillait ses yeux en voyant son propre reflet, plus jeune à genoux, priant avec ses parents, devant la statue du Christ. Derrière lui, les vitraux colorées, exposant toute une histoire sacrée. La petite fille aux cheveux blonds se mit à ronchonner.

« — Maman, c'est quand on a fini ? J'ai mal aux genoux ! Se plaignit-elle.

Chut ma puce. Tiens encore un peu. Les prières sont importantes.

Mais c'est long et pénible ! Bougonna la fillette en gonflant ses joues, parlant à voix haute.

Helen, je te l'ai dit maintes fois. Souffla sa mère, exaspérée. On ne se plaint pas, ni on parle pendant une prière, encore moins devant Dieu !

Remercie-le d'être en bonne santé, d'avoir une belle vie. D'autres non pas eu ce privilège. En rajouta monsieur Bonn. »

La blonde roulait des yeux et grommela.

« — Je veux rentrer ! »

Helen assistait à son propre souvenir. Il était vrai que ses parents étaient croyants et dès qu'ils le pouvaient, ils allaient souvent prier. Ces instants étaient si longs pour elle. Depuis qu'elle pouvait voir des esprits, sa famille priait un peu plus souvent, de peur que leur unique fille devienne folle.

Un autre souvenir fit irruption, effaçant les lieux. La voici face à elle à quelques mois après la découverte de son don. La petite fille aux couettes brossait son poney dans son écurie, des cernes violacées sous ses yeux fatigués. Plus loin, ses seniors, chuchotant entre eux, bien qu'ils n'étaient pas discrets.

« — Hé, hé, tu le savais ? Helen Bonn a dit qu'elle peut voir les fantômes !

Nan mais il faut être complètement à coté de la plaque pour dire ça !

Peut-être qu'elle cherche tout simplement de l'attention. Pathétique.

Comment elle doit humilier ses parents. Elle doit être juste insomniaque, vous avez vu sa tête ? Il ne faut pas grand-chose pour se prétendre être une victime..

Pfft. Tu l'as dit ! Elle fait trop pitié, elle, et comment elle parle à son poney !

Ahahah ! C'est clair, comme si elle pouvait communiquer avec un poney ! Elle s'est cru dans un roman ! »

Ces critiques qui la visait, blessait le coeur de la petite fille qui s'arrêtait dans l'entretien de son poney. Elle encaissait ces remarques en silence. Ses yeux devenaient larmoyant puis, des larmes s'échouèrent sur ses joues rosies. La fillette se sentait terriblement seule, pas comprise. À vrai dire, personne n'avait essayé de la comprendre, ni de prendre le temps de l'écouter. Tous, s'arrêtaient par dire « arrête tes conneries », « Va prendre un médicament, ça ira mieux ». Cette ambiance la rendait nauséeuse et mal. On se moquait ouvertement d'elle, on la prenait pour une folle. La seule personne sur qui, elle pouvait se confier, était son poney, Abyl. Ce dernier, l'observait. Il avait été son tout premier partenaire depuis son arrivé à l'équitation. Tous deux avaient créé un lien fort et comme tout chevaux, ils pouvaient parfaitement ressentir les émotions des humains. L'animal hennissait, tapait du sabot de l'avant et penchait sa tête, de sorte que son museau frotte la joue de sa maîtresse. Sa douceur, parvenait à redonner le sourire à la petite blonde, qui le serrait aussitôt.

Un pincement de coeur mit Helen mal. Elle portait ses mains vers sa poitrine. Cette période, elle s'en rappellerait toujours. Bien qu'elle essayait de tout mettre derrière elle, certains traumatismes ne s'effaçaient jamais. Si elle était plus forte, comme aujourd'hui, elle se serait défendue. D'ailleurs, se dire que Abyl était mort suite à une infection bactérienne, lui donnait les larmes aux yeux.

Une lumière aveuglante obligeait la blonde à fermer ses yeux. Lorsqu'elle les ouvrit, elle cligna plusieurs fois des yeux, vérifiant si elle était de nouveau à l'horloge, ce qui était le cas. Alors que Helen s'interrogeait sur si elle avait rêvé ou eut un moment d'absence, tout en fermant la portière, avec le verre, elle vit en dépit de son reflet, une jeune fille, dans une robe rouge pourpre avec des contrastes rose pâle, à sa poitrine, un nœud rouge. À son crâne, avec un gros nœud blanc, en dentelle, maintenant ses mèches noires en arrière. Ses cheveux étaient lisses, soyeux, descendant à son milieu du dos, au front, une frange. Autour de son cou, un pendentif en or. Son regard était vide, bleu foncé. Elle était tout simplement magnifique, une véritable petite princesse. Elle devait mesurer dans les un mètre cinquante cinq ? Ou probablement plus... Aussitôt, Helen se retournait, sa cape rouge et ses cheveux bouclés suivant le mouvement.

Rien.

« — Mais... elle... était ici. À l'instant. Souffla Helen, les yeux ronds. »

La blonde se mordit les lèvres et attrapa le cheval de bois. Elle la serra doucement, tentant de faire un lien avec ses fragments de mémoire qui lui revenaient à elle.

« — Est-ce que... c'est un message ? Abyl, tu cherches à m'aider de l'au-delà ? Demanda t-elle doucement, confuse. Si c'est ça... merci.. merci de ton soutien. »

Déterminée, la blonde emboîta le pas. Toujours au premier étage, elle put percevoir dans le grand hall d'entrée, des morts vivants cogiter bruyamment. Guettaient-ils la sortie ? Suspicieuse, Helen se dit avant tout, qu'elle devrait ramener par précaution sa lanterne dans un premier temps. Ensuite, elle verrait comment procéder.

Après un rapide détour, la blonde revint avec une lanterne. Pour le moment, elle préférait s'aventurer au premier étage. Une porte se trouvait à sa droite. Dedans, ce n'était que du vide, le jour de la visite. Helen pensait à l'aménager prochainement, pour en faire une chambre d'ami. Ou pour Georges, si ce dernier préférait un endroit plus neutre que la chambre de l'ancienne propriétaire des lieux. Son intuition l'incitait à ouvrir la porte. Pour quelle raison ? La jeune femme ne le savait pas non plus. Néanmoins, fouiller tous les lieux étaient sa seule option, pour retrouver son majordome. Après avoir abaissé la poignée de porte, dans un grincement aiguë, en poussant la porte, les yeux noisettes de Helen s'écarquillaient.

Hallucinait-elle ? Cette pièce avait complètement changée. Plusieurs petites poupées étaient exposées sur des bancs rustiques. Au bout, entre deux rideaux rouges pourpres, se trouvant devant la fenêtre, une petite fille. Assise, morte. Habillée d'une belle robe et d'un nœud attaché à ses cheveux à l'arrière de sa tête. La noiraude se faisait différencier par toutes. Pour Helen, elle avait l'air trop réelle pour être une simple poupée – ou mannequin réaliste – ? Maintenant, la blonde était trop curieuse concernant l'histoire de la résidence des Drevis. Étaient-ils des maniaques de poupées ?

Décidée, elle traversa la pièce, sa cape rouge traînant derrière elle. Helen inspecta toutes les poupées, troublée. Tout ça lui donnait la chair de poule. À vrai dire, la jeune femme n'était pas rassurée. Et pourtant, elle s'obstinait à avancer. Tout en balayant du regard toutes ces créations très artistiques, la blonde s'immobilisa et coupa net sa respiration après avoir discerné un battement de cils provenant de la noiraude.

« — Tu... es vivante ? Demanda Helen. »

Peut-être bien qu'elle devenait parano tout court. Son coeur battait à la chamade et sa respiration s'accélérait tout autant, devenant aussi grossière.

« — Bonsoir Helen. Parla enfin la noiraude.

H..Hiii ??! S'écria la blonde, tétanisée par cette découverte. C...Comment connais-tu mon nom ?!

Père m'en a informé. Que nous avons des invités. Il est heureux. »

Son père ? Ogre ? Non, ça ne collait pas du tout. Helen plissa ses yeux et leva sa main, resserrant un peu plus le cordon qui était relié à sa lanterne. La noiraude avait une peau blanche, des orbes bleus, sans lueur, sans vie. Helen tenta de se calmer et de rester forte.

« Tu sais où est Georges ? Mon majordome...

Sûrement avec père. Dans la base. Répondit la petite fille.

Que... »

Des images horrifiques lui traversaient l'esprit. Helen tourna aussitôt des talons. La porte qui était interdite d'accès lors de sa visite, menait-elle directement à cette base ? Elle devait y jeter un œil. Alors qu'elle s'éloignait de la noiraude, la jeune fille l'apostropha, toujours sans bouger de son fauteuil rustique au velours rouge .

« Où tu vas ?

Le sauver.

Je ne peux pas te laisser faire ça. S'opposa la noiraude en plissant ses yeux.

Et comment tu comptes t'y prendre ? Lui rétorqua la blonde en la dévisageant. »

Des rires aiguës s'élevaient dans l'air, ce qui accentuaient encore plus l'atmosphère angoissante. Helen frissonnait et fit volte-face. Devant la porte d'entrée, une pile de poupées formaient une pyramide. Toutes se moquaient, sans que leurs lèvres ne bougent, ce qui les différenciaient encore de la noiraude. À force de les entendre jacasser, la blonde grogna, la peur se dissipait en une fraction de seconde. Après tout, qu'est-ce que des petits jouets pouvaient lui faire ? Ridicule.

« — Silence ! Je vais toutes vous jetez dans une corbeille ! On verra qui rira en dernier ! Leur menaça Helen, la voix grave. »

Ce qu'elle venait de leur balancer, ne fit que éclater un fou de rire général parmi toutes. Quelques unes toussaient même, suite à leur rire. Franchement, elle ne manquait pas de tact et pour couronner le tout, cet argument servait à rien. L'une d'entre elle, avait un long manteau à fourrure et elle s'amusait à humilier l'humaine qui grinçait des dents.

« — Ahahahha ! Et comment tu comptes nous faire ça ? En jouant une mélodie au Clair de la Lune au piano ? AHAHAH !!

Arrête ! Tu te souviens de sa défaite cuisante avec son frère ? Quel délire ! Envoya une autre.

Que... que... comment... ? S'étonna Helen, les yeux ronds.

Son frère prodige qu'elle a voulu étrangler pendant sa compétition d'équitatioooon ! Ria de plus belle la première.

Ouii ! Lui, même qu'il lui a craché un « va mourir en sautant d'un pont ! » »

Ce fut la goutte de trop pour Helen. La blonde reposa sa lanterne sur le tapis rouge qui menait jusqu'au fauteuil se lequel, se reposait la noiraude. Cette dernière observait attentivement la réaction de la jeune femme, intriguée.

Des fragments de son passé refaisaient face. Des morceaux de glaces chutaient, avec des reflets de son propre petit frère, désigné comme un enfant prodige et miraculeux au sein de la famille Bonn. Métis comme son père. Des cheveux courts blonds, un nez fin, la mâchoire carrée, des yeux verts foncés comme son père, avec un grain de beauté sous son œil gauche. Toujours bien habillé, avec son nœud de papillon et ses bretelles pour homme. Toujours avec son sourire sournois, de monsieur je-sais-tout. Un enfant pourri et gâté. Dès qu'il faisait une bêtise, on ne le pointait pas, ni le grondait, ni le punissait. Tout le contraire de Helen.

Il excellait dans beaucoup de domaine et il était la fierté de ses parents. Quand il était petit, les parents étaient plus avec lui que leur propre fille. D'ailleurs, on empêchait Helen de jouer avec son petit-frère. Comme si, ils ne partageaient pas le même sang. Le blond était plus libre que sa grande sœur. Il ne partageait pas ses mêmes idéologies et à table, il était celui qui parlait le plus tandis que Helen devait être sage et ne parler que seulement si on lui donnait l'autorisation ou si on lui parlait directement.

L'éducation d'un garçon et celui d'une fille, n'était pas encore équitable chez eux. Visiblement, la petite fille n'était destinée qu'à être douée en tant que future épouse d'un riche. Elle devait se tenir à carreaux, être belle et avoir de bonnes manières. En fait, on lui avait déjà écrit sur papier son avenir. On ne voulait pas qu'elle ait sa propre vision de la vie. On ne voulait pas la laisser vivre comme une femme libre. On lui aurait empêché de poursuivre ses rêves, une fois l'avoir vendu à un autre homme.

Répugnant. Helen l'avait très bien comprit. Ses plus fidèles servantes l'encourageait à suivre ses rêves. Toutes étaient douces et sincères. Georges aussi, a été celui qui lui avait proposé de fuir sa maison. Et que si c'était nécessaire, il se débrouillerait pour qu'elle ait de l'aide en dehors de sa maison. Les années passaient et sa relation avec son propre frère Théo était devenue tendue. À vrai dire, il se comportait comme un parfait homme odieux qui rabaissait les autres. Son attitude déplaisait fortement Helen et elle ne se retenait pas à lui balancer les quatre vérités en face. Très vite, il avait balancé à ses parents et elle s'était retrouvée punie de sortie.

Une fois ses traitements terminés, qu'elle avait mit une barrière entre ses dons et la vie réelle, Théo était irrité que ses parents ne pouvaient lui offrir des cadeaux, suite aux dépenses pour les médicaments pour sa sœur. Il la critiquait. L'insultait. La rabaissait et le pire dans tout ça, il est allé à la pousser au suicide. Chaque jours, le blond la dévisageait, crachait à ses pieds, la traitait comme une moins que rien. Et pendant l'une des compétitions d'équitation, il n'hésitait pas à dire autour que lui tout les défauts de sa grande soeur. Y comprit devant deux vrais amis de Helen.

La pauvre jeune fille avait perdu son sang-froid et avait tenté de étrangler son frère. Heureusement, les servants qui les avaient accompagnés, avaient arrêtés Helen avant qu'elle ne commette l'irréparable. Depuis ce jour, elle avait cessée de se laisser piétiner par lui. Elle lui envoyait des regards noirs à son tour et l'ignorait un maximum.

Sa famille lui avait certes, donné de l'argent pour l'achat d'une maison, ce qu'elle voudrait rembourser prochainement – et ce qu'elle voyait aussi comme des dettes -, toutefois, Helen voulait réellement couper les liens avec eux. Elle tenait à commencer une nouvelle vie. De repartir à zéro. À croire qu'elle venait de tomber dans un lieu complètement déjanté.

« Tu ne veux pas rester avec nous ? L'interpella la noiraude derrière Helen.

Non. Affirma sèchement la blonde en soulevant un banc libre.

Elle fait quoi Aya ? Elle fait quoi Aya ? Questionnaient en choeur plusieurs poupées. »

Aya devait être le nom de la noiraude. Helen se fichait de ce détail. La blonde balança le banc en direction des poupées. Toutes crièrent puis se le prirent. Certaines furent brisées, des têtes volèrent avec des corps séparés. Dans un fracas audible, les jouets vivants et le banc s'échouèrent par terre. Rapidement, la jeune femme reprit sa lanterne, s'empressa d'avancer, d'écarter le banc de bois pour ensuite, franchir le seuil de la porte.

« Père m'a dit que tu étais d'accord pour faire partie de la famille... Lança Aya, avec un regard déçu.

Eh bien dis-lui que je ne lui ai jamais donné mon consentement. Et que ton père est complètement fou. Il ne me retirera pas ma liberté ! »

La noiraude plissa ses yeux. Bien qu'elle était une poupée, qu'elle n'avait plus ses organes, ni toute sa conscience, ce que venait de lui renvoyer Helen, venait d'éveiller en elle, un profond sentiment enfouis, depuis des années. En fouillant dans sa mémoire, Aya comprit assez vite lequel il s'agissait. Oui, c'était ce qu'avait ressentit sa mère vis à vis de Maria...

Quand son propre père la trompait avec son assistante dans sa base pour faire des expérimentations humaines.

De la jalousie. Pourquoi la blonde s'entêtait-elle à survivre ? À refuser son destin ? Ah oui, Aya était exactement comme elle avant que son père ne la tue et ne la change en poupée. Pour qu'elle puisse préserver sa beauté et son innocence éternellement. Lui privant toute liberté et moyen de communication. Elle aussi, elle aurait tellement aimé grandir. Peut-être même qu'elle aurait pu travailler avec son père. Ou l'aider à le remettre sur le bon chemin. Toutes ces pensées étaient futiles. Après tout, depuis qu'elle était morte, elle avait perdue notion du temps. Son géniteur lui ramenait régulièrement de nouvelles poupées – amies – en prétextant que ceci lui tiendrait compagnie. Foutaises. Aya se sentait toujours seule. Toutes les autres se moquaient d'elle. Disaient qu'elle était une petite naïve et idiote jusqu'au bout. Qu'elle méritait même son sort.

Des hypocrites jusqu'au bout. Puisque des nouvelles jouaient la comédie, en se voulant être compatissante pour la noiraude. Alors que derrière, elles riaient de son sort. C'était épuisant de les entendre. Les nuits, suite à la malédiction, Aya avait toujours en elle les effets de l'eau magique que lui avait donné Ogre. Certes, ceci lui avait permit de faire disparaître sa mère. Toutefois, lorsque la fillette avait envoyé cette eau magique, des gouttelettes se sont déversées en arrière, retombant sur la manche de la noiraude. Qui aurait cru que cette petite fiole que lui avait offert cet homme mystérieux ait eu un impact sur elle ? Grâce à ceci, elle pouvait se servir de ces nouvelles jambes fabriquées par son père. Aya pouvait de nouveau marcher !

Helen non seulement refusé de faire partie de la famille, mais en plus, elle avait insulté son père. Ce n'était pas pardonnable.

« — Aya ! Venges-nous ! »

Glaciale, tandis qu'elle se levait de son siège, Aya clarifia :

« — Je me fiche de vous. Si je vais après elle, c'est parce que je le veux. Elle va entraver le travail de père. Je dois l'en empêcher.

C'est la faute de ton père si on est comme ça. Lui rappela une poupée qui avait un look de française à l'époque victorienne. »

Aya l'ignora royalement. Elle avança, traversant le tapis rouge, ses mèches noires flottaient derrière elle.

« — Pourquoi tu fais ça ? Questionna la poupée.

Parce que j'aime père et je le soutiendrais toujours. Sourit la noiraude. »

Aveuglée par l'amour. La nuit de la tragédie, Aya était persuadée de pouvoir le changer et ceci l'avait causé à sa perte. Morte, elle ne voulait pas lui pardonner. D'avoir tout retiré. À vrai dire, elle était tellement désespérée. En colère et à la fois attristée. Au fil des années, son indignation s'était apaisé. Après tout, si on regardait de plus près le travail de son père, c'était un chef d'oeuvre. Les oeils étaient si beaux. La couture sublime. Et toutes avaient des styles particulier. Son père, Alfred Drevis, était très méticuleux dans son travail. De plus, chaque jours, il venait voir sa fille, lui parlait normalement, mangeait près d'elle quand il avait du temps.

Aya était devenue admirative de son travail. Elle l'adorait. Tout comme sa mère et Maria aimaient Alfred. Elle ferait n'importe quoi pour lui.

Pour faire diversion, Helen balança le petit cheval de bois dans un coin, attirant ainsi les zombies. Ces derniers grognaient et boitaient jusqu'à la source du bruit. Un rampait au sol, laissant derrière lui, un flot de sang. Rapidement, la blonde se dépêchait de descendre des escaliers, se dirigeant vers la porte qui se trouvait à sa gauche. Par précaution, la blonde refermait la porte derrière elle, haletante. L'adrénaline pulsait dans ses veines et lorsqu'elle se retournait, ses yeux s'écarquillaient. Sur le mur et le sol, était inscrit en allemand un « sterben » ce qui signifiait ''meurs''. C'était peint en rouge. Et une odeur métallique persistait dans le couloir. La jeune femme inspira un grand coup puis avança vers les escaliers qui menaient au sous-sol. La lumière qu'émettait sa lanterne, rassurait Helen. Sans ça, elle serait perdue dans le noir absolu.

Seul le bruit de ses pas faisaient échos dans le secteur. Son coeur battait fort, sa respiration était bruyante. Ces trois éléments, brisaient le silence. La blonde finit par trouver le bout des escaliers et constatait avec étonnement, une pile de poupées qui lui faisait barrage. Il fallait de nouveau rebrousser le chemin.

Exaspérée, Helen dû faire demi-tour. Le plus embêtant, était de retourner voir les zombies dans le hall principal, juste pour aller vers la cuisine.

« — ...Hein ?

Tiens, tiens... il semblerait que vous êtes toute tendue. »

Ogre se trouvait assit sur une chaise, à table, une tasse en main. Il avait toujours ce sourire sournois collé sur son visage. Ses iris rouges étudiaient principalement Helen, chacune de ses expressions étaient un délice pour lui.

« — Vous trouvez ? Répliqua froidement Helen en le dévisageant. C'est rude d'observer des femmes effrayées avec cet air que vous faites.

Effrayé ? Je dirais plus que vous vous débattez pour survivre. C'est plus palpitant.

Dégoûtant. »

Helen l'ignora et avança. Ce type était déroutant, malaisant. Il pouvait bien partir, ce serait mieux pour elle. Le chauve la suivit du regard puis s'éclaircit la gorge.

« — Besoin d'indices ?

Non merci. »

Amusé par sa réponse, Ogre sirota son thé. Il n'insistait pas. Après tout, cela faisait un moment qu'il n'avait pas vu d'humain aussi intriguant. Du moins, les dernières visites avant Helen et son majordome étaient... décevantes.

Helen fouilla dans la cuisine, trouvant après quelques petites minutes, une boite d'allumette. Elle rangea sa trouvaille dans la poche de sa cape rouge puis attrapa un morceau de bois. Toujours en enquêtant dans la même pièce, après plusieurs minutes, dans un des tiroirs sous l'évier, la jeune femme trouva un petit bidon de 5L vide.

« Hmm.. il n'y a pas d'autre chose ? Ce serait bien un produit inflammable... l'alcool il n'y en a pas, de l'essence, je ne sais pas.. »

Avec une moue désorientée, la jeune femme reposa le bidon à sa place pour reprendre ses recherches. Pile à coté d'un vaisselier, une vitrine à deux portes. À l'intérieur, plusieurs produits. Helen écarquilla ses yeux.

« — Ahaa ! Trouvé ! De l'acétone ! C'est inflammable ! »

D'un air triomphante, elle attrapa la petite bouteille de 1L. Soudain, un bruit suspicieux se fit entendre derrière elle. Helen pivota sa tête. Stupéfaite, elle vit la poubelle tomber par terre. Des papiers et du plastique traînaient sur le carrelage. Avec eux, la première poupée brune qu'avait jeté la blonde plus tôt. Le plus étonnant dans tout ça, c'était qu'elle ne bougeait pas ni ne parlait. Malgré ce détail, la jeune femme réduisit la distance entre elle et plongeait ses orbes noisettes sur la poupée.

« — Tu es vivante, hein ? Pourquoi tu ne rejoins pas les autres ?

Dernière nouvelle, je sens le poisson pourrie. Lui énonça la poupée, sur une pointe de reproche.

On n'a pas mangé de poisson aujourd'hui.

Eh bien cet homme, si.

Georges ? Il ne mange pas de la viande en dehors des repas. »

Helen croisa ses bras contre sa poitrine, ses mains, occupés par ses outils. La poupée brune la considéra. Sa voix aiguë était plus agressive.

« — Ahhh oui ? Tu es aussi stupide ? Bien sûr qu'il mange entre les repas ! Il était même de mauvaise humeur !

On ne parle pas de la même personne alors. Sourit la blonde, amusé. Tu es tellement amoché que tu n'arrives même plus à discerner les voix ?

Et toi tu refuses catégoriquement d'écouter la raison ? Je ne peux pas te blâmer. »

Ahurie, cette fois-ci, la jeune femme s'accroupit, pour se mettre à la hauteur de la poupée brune, intriguée par ses paroles.

« — Qu'est-ce que tu veux dire ?

Elles vont toutes te traquer. Pour que tu finisses comme elles. C'est tout.

Et comment elles s'y prendront ? Interrogea Helen en sourcillant, n'arrivant à imaginer ce qu'elles pourraient concocter.

Eh bien, elles te tueront. Et le père de Aya s'occupera de toi. »

Perplexe, Helen fixait la poupée.

« — Ce que tu peux être longue à la détente ! Soupira la poupée. Oui, le père de Aya, est celui qui a tué sa propre fille et l'a transformé en poupée. En fait, il a tué sa famille tout court.

Ce n'est pas vrai... Souffla la blonde, horrifiée par cette vérité.

De toute façon, dans la vie, il n'y a jamais de fin heureuse. Pas vrai ? »

Sa question fit grimacer légèrement la jeune femme. Doucement, elle se redressa, sa cape rouge flottant légèrement suite à son mouvement. Elle ancra ses yeux noisettes dans les pupilles de la poupée qui cherchait à lire dans ses pensées. Helen entrouvrit ses lèvres rosées pour lui adresser :

« — Ceux qui tiennent le choc, se battent, affrontent tous les obstacles, finissent par être récompensés.

Ce ne serait pas un euphémisme de croire à ce genre de bêtises ?

Je ne suis pas quelqu'un qui abandonne si facilement. »

Helen tourna des talons. La poupée brune ferma instantanément ses paupières et les rouvrit après quelque secondes.

« — Hé ! Tu comptes me laisser croupir ici ?

Oui. Pourquoi devrais-je t'emmener avec moi si tu es capable de me poignarder par derrière ? La suspecta Helen en plissant ses yeux, la considérant par dessus son épaule.

Je n'ai ni l'envie ni la force de te faire quoi que ce soit. Tu as bien vu mon état ! Lui fit-elle remarquer en haussant sa voix.

Je ne préfère pas que tu m'accompagnes. »

Non pas qu'elle avait horreur des poupées, mais honnêtement, la blonde optait plus sur l'option de rester toute seule. Après tout, un dicton clamait qu'il valait être mieux seul que mal accompagné, pas vrai ?

De retour au sous-sol, la jeune femme versa le liquide sur le sol de dalle puis grimaça. L'odeur était extrêmement désagréable. Rapidement, elle vint allumer une allumette puis la jeta sur le liquide, qui se déversait sous le tas de poupées – immondes, il fallait l'avouer –. Il ne fallut pas très longtemps, pour que le feu se répande. Prudente, Helen se dépêchait de remonter des escaliers pour attendre un moment avant de redescendre.

Il n'y avait plus que des cendres. Le feu avait disparu comme par magie. Le plus surprenant dans tout ça, c'était les cris agonisant des poupées plus tôt, lors de sa petite fuite. Intérieurement, Helen se sentait presque comme une meurtrière. Tentant d'effacer ces pensées, elle se chargeait avec des excuses. Comme quoi, il était pas toujours évident d'avoir l'esprit tranquille...

Atteignant enfin le bout du couloir, la jeune femme posa sa main sur la porte puis tourna la poignée pour franchir le pas. Ses yeux s'écarquillaient. Son estomac se retournait instantanément face à cette scène qui se présentait devant elle. C'était digne d'un film gore. Mais plus réel. En effet, des cadavres nues ou vêtu d'un simple tissu qui faisait robe d'hôpital, se trouvaient sur des tables d'opérations. Du sang séché y était resté. Une odeur d'enfermé, d'urine et de sang persistait. Helen pinça son nez en grimaçant, pâle. Elle n'arrivait presque plus à supporter cet endroit. Alors qu'elle enjambait cet espace glauque, sans même qu'elle ne prête attention à ses pieds, maladroitement, elle se prit une jambe d'un cadavre, la faisant chuter lourdement par terre.

Un cri d'étonnement suivit de douleur s'échappait de ses lèvres. Fébrilement, la blonde se redressait et tournait sa tête avec désarroi. Mince, il y avait un vieil homme, sans dent, les yeux creux derrière elle. Sa peau était devenue complètement bleue et son corps était devenu quasiment squelettique. Il n'avait plus de cheveux. Cette vue fit tressaillir Helen, qui s'empressait de ramasser sa lanterne et de se relever. Elle se mit à grincer des dents, suite à douleur qui l'assaillit à son genou droit. Lorsqu'elle vérifiait sa blessure en soulevant légèrement sa jupe, elle constatait en effet, qu'elle s'était écorchée méchamment au genou. Un flux de liquide rouge glissait le long de sa jambe.

« — Ahh.. quelle idiote je fais... »

Inutile de se blâmer pour cette gaffe. Helen regardait vite fait les étagères qui se trouvaient contre les murs. Heureusement, parmi elles, un kit de soin. La blonde se servit, attrapant du désinfectant puis des bandages. Elle se traita elle-même puis opta pour garder ces suppléments par précaution. La jeune femme soupira.

« — Si seulement j'avais un sac sur moi... j'aurais pu prendre plus d'affaire... »

La poche de sa cape n'était pas suffisamment grande pour tout stocker. Par conséquent, elle devait faire qu'avec le strict nécessaire. Avant même qu'elle ne quitte la pièce, elle entendit des pleurs. Helen regardait à sa gauche puis hoqueta. Une petite flamme bleu flottait.

« — J'ai mal... papa..maman...grand-frère... ouiiin.. ! »

L'esprit semblait être celui d'un petit garçon. Hésitante, Helen se rapprocha. Elle pouvait peut-être apaiser l'âme de l'enfant d'une quelconque manière ? Elle essaya.

« — Euh...salut ? Quel est ton nom ? Commença doucement Helen, se voulant être amicale au premier aperçu.

Hick.. hoqueta l'esprit. T...Théo..

D'accord Théo... moi c'est Helen. »

Souriante, elle se présentait en se pointant du doigt. Petit à petit, la petite flamme volante cogitait, prenait apparence d'un petit garçon chauve, avec des yeux de chiot battu.

« — Que s'est-il passé ici ?

Papa et maman m'ont emmené voir un docteur... mais... il m'a fait mal et peur...

Tu étais malade ? Demanda t-elle, curieuse.

Oui, je toussais beaucoup. Le docteur m'a dit que la piqûre me ferait mal et que je ne verrais plus le jour... »

Entendre ces paroles, provenant d'un petit garçon, horripilait la jeune femme. Cet homme qui avait blessé sa propre fille, sa femme, tuait plein de innocents... c'était révoltant. La blonde grinçait des dents et se ravisa, gardant une expression remplit de compassion et de douceur envers le petit garçon. Elle s'accroupit pour être à sa hauteur.

« Tes parents étaient venus avec toi, ici ?

O...Oui...

Je peux t'aider à les retrouver ! Lui proposa t-elle en souriant.

Merci madame... »

Le petit garçon lui tendit une main. Dessus, se trouvait un coquillage. Il était légèrement fissuré. Étonnée, Helen le prit et l'examina.

« — Je ne peux pas marcher. J'ai trop mal. Vous pourriez donner ça à mes parents ? Lui demanda l'enfant avec une bouille triste.

Bien sûr. Pourquoi un coquillage ?

Maman adore la plage... je ramassais toujours plein de coquillage pour elle...

Je te promet de lui donner ceci. »

Toujours en gardant le sourire, elle laissait l'esprit partir sous ses yeux. En prenant une grande inspiration, elle serra le petit trésor de l'enfant et marcha jusqu'à la porte. Maintenant, la blonde était inquiète sur ce qu'elle pourrait tomber, après cette salle glauque, pas nettoyée et puante... elle ravala sa salive et se motiva à avancer.

La porte grinça lourdement. Elle était métallique.

Le couloir devant elle, était assez long. Néanmoins, sur toute la longée, des capsules, composée d'une substance étrange verte. Certains, avaient des corps nus y flottant. Celles qui étaient vides, lorsque Helen avançait, un claquement se fit entendre, y laissant des empruntes en sang – des mains, plus particulièrement -. Sans se retourner, dorénavant à quelques mètres de la porte, la blonde entendit quelqu'un chanter faussement et aigüe.

La la la la...

Happy Birthday

To youuuuu !!!

Instinctivement, Helen s'écarta sur le coté en virevoltant. Ses mèches ondulés volèrent en suivant son mouvement précipité et soudain. Ses pupilles noisettes rétrécissaient lorsqu'elle sentit quelque chose l'effleurer. Un objet tranchant coupait l'air et vint se planter dans la porte de bois dans un bruit pas rassurant. Le coeur de la jeune femme s'affola et sa respiration s'accélérait.

Une dizaine de poupées sautillaient vers elles, armées de couteaux. Toutes continuaient de chanter, puis se mirent à rire, de façon glauque.

La la la la la~...

Happyyyy Birthdayyy...

To yooouuu...

GYAHAHAHHAHAHA !!!

Ne perdant pas une seconde de plus, Helen accourut vers la sortie.

La poignée était coincée ! Elle la força.

« — OUVRE TOI ! OUVRE TOI !! S'époumona t-elle, espérant que la porte cède rapidement. »

De la sueur perlait sur son front et des gouttes perlaient sur sa joue rosie. Paniquée, elle forçait un peu plus la poignée, qui, par miracle, s'ouvrit. Par réflexe, la blonde retira le couteau qui était plantée dans le bois sans difficulté. Elle passa de l'autre coté et s'empressa de refermer la porte. Ne trouvant rien pour barricader, ses yeux inspectaient la pièce.

Plusieurs lits – de morts ? - avec des draps usés et sales, disposés un peu partout. Impossible de se cacher autre part que sur l'une des tables.

« — Heleeeeeeeen ! Viens jouer avec nous ! Gyahahaha !! »

L'idée de devoir jouer le cadavre ne l'enchantait guère, toutefois, elle n'avait pas d'autre choix pour sa survie. Des grognements audibles s'entendait derrière la porte et soudain, sept lames transpercèrent la porte, faisant couiner Helen qui reculait. Heureusement, elle n'avait pas été touché..

Au bout, la porte était ouverte. De quoi faire croire à l'ennemi qu'elle avait fuit.

La blonde tourna des talons et courut jusqu'à une table, s'allongea dessus pour ensuite, se recouvrir du drap léger. Elle veillait aussi à éteindre sa lanterne puis bloqua sa respiration en fermant ses yeux, priant pour sa sécurité. Jusqu'à présent, elle n'avait jamais réellement prié. Au contraire, Helen ne croyait pas vraiment à Dieu. Après tout, elle pensait même qu'elle était malchanceuse. Et que si Dieu existait réellement, il aurait été plus doux avec elle.

La porte fut défoncée et des rires tordues se répandit dans toute la pièce non close. Les poupées bondissaient, ne se doutant pas que Helen se serait cachée. Derrière la troupe, Aya. Avec ses mocassins rouges, elle marchait en boitant, le regard vitreux mais à la fois, déterminé. On pouvait y déceler, une petite lueur rougeâtre. Comme si, elle était obsédée par son objectif et qu'elle était prête à commettre un crime. Au milieu de la pièce, la noiraude observait les tables en bois. Autrefois, elle aussi, s'y était cachée, pour fuir son père fou.

La noiraude se dirigeait vers une des tables. Elle soulevait le draps. Elle répétait la même action, pour retrouver l'humaine. De son coté, Helen entendait et fronçait des sourcils. Sa main se baladait vers sa poche, en quête de remonter lentement son seul arme de défense. Cette fois-ci, la blonde avait reprit sa respiration. Impossible de croire qu'elle imitait un cadavre.

Le drap se soulevait et Helen bondissait sauvagement vers l'avant, plantant le couteau sur la poitrine de la fillette. Certes, c'était risqué de faire cette tentative. Cependant, la blonde n'avait pas eut d'autres choix sous la main. Ça lui brisait le coeur de faire ce geste – défensif ? - sur une pauvre petite fille qui avait au final, vécu un enfer à cause de son propre géniteur.

« Je suis désolé ! Mais je tiens à vivre ! »

Helen ne voulait en aucun cas lui faire du mal. Aya était une victime. Très vite, la jeune femme prit fuite en courant.

Aya restait debout, surprise. Bien sûr, elle n'avait plus d'organe. Plus de corps chaud. Juste un vulgaire corps de mannequin de bois. Ses yeux bleus foncés descendirent vers le couteau, qui s'était enfoncé en elle. Non seulement, la belle robe que son père lui avait fabriqué était désormais fichue, mais en plus, l'humaine avait tenté de la tuer. Et elle s'excusait ? La noiraude levait ses mains pour retirer la lame d'elle.

Un flash lui revint à l'esprit. Le soir où son père avait poignardé sa mère. Cette dernière, avait protesté l'idée que son fiancé veuille transformer leur fille en poupée. Elle était même prête à plier ses bagages et à partir avec son unique enfant. Chose qui avait fortement déplut le brun. Qui, terminait par la tuer dans son laboratoire.

Monika Drevis avait voulu le bonheur et la sécurité de sa fille. Elle désirait la voir grandir et s'épanouir. Devenir une merveilleuse femme, radieuse et intelligente. Son rêve avait coulé.

Aya tressaillit. Oui. Comment avait-elle pu négliger les sentiments de sa mère ? Pourquoi avait-elle reporter sa frustration et sa colère ? Elle ne savait plus trop. Quelque chose manquait. Quoi donc ? La noiraude souffla, en portant ses mains sur sa tête. La migraine ne s'atténuait pas et ça devenait usant à force.

La jeune fille retira sa tête. Un petit pop audible fit écho et elle tenait sa tête entre ses mains. Doucement, elle cligna des yeux.

« — Père... je ne sais plus quoi faire... ? »

Subitement, elle se mit à rire. Tantôt, elle remit sa tête par-dessus son cou. Après l'avoir bien réajusté, avec un sourire troublant, elle avançait vers la sortie.

« — Helen.. tu aimes cache-cache ? »

La respiration sifflante, Helen se retrouvait cachée dans une curieuse pièce. Une fois avoir reprit son souffle, avoir calmé les battements frénétiques de son coeur, elle se redressait pour inspecter la salle. Des étagères, étaient composées de bocaux. Certains, avaient des oeils. D'autres, des sortes de bébés mutants ? D'autres des lapins blancs et d'autres, des organes vitaux. Visualiser ce genre de chose grotesque, lui donnait la nausée.

Dans un coin de la pièce, un couple, recroquevillés, maigres. Leur corps était recouvert d'une espèce d'aura bleu. Supposant qu'ils étaient les parents du petit garçon dénommé Théo, Helen s'approchait d'eux. En faisant ceci, elle n'attirait que des regards menaçant, leur aura, devenant rouge. Tous deux se relevaient en grognant, dévoilant des dents pointues et des ongles acérées, comme si, ils avaient mutés en une espèce de monstre. Effrayée, la jeune femme exhiba hâtivement le petit coquillage en reculant.

Très vite, les expressions hargneuses du couple, s'adoucissaient. Le petit Théo apparaissait derrière la jeune femme et vint se ruer sur ses parents en pleurant. Tous deux enlacèrent leur petit, en larmes. L'homme relevait sa tête puis hocha la tête, comme pour remercier Helen puis, disparut avec son fils et sa femme, comme, une étincelle qui s'éteignit. Soulagée pour eux, la jeune femme sourit.

Hey. Can you hear me ?

I called out your name

Where are you from ? What is

it that's brought you here?

Cette mélodie. Helen tressaillit. Ce n'était pas la première fois qu'elle l'entendait.

Why won't you answer me ?

I swear to play nice

Isn't this fun ? This

game of hide-and-seek.

Un bruit de tronçonneuse vibrait non loin. Un frisson parcourut tout le dos de la jeune femme qui, par réflexe, se retournait. Étonnamment, son corps n'avait pas envie de lui obéir. Au contraire, elle était paralysée. Tout son corps tremblait et sa respiration se coupa net. La porte s'ouvrit, dévoilant Aya, tenant entre ses mains, une tronçonneuse couleur rouge, comme sa robe. Elle souriait et continuait de fredonner sa mélodie.

I only wanted to hear your voice

Skin that's warm

Eyes that cry.

I wanted to see your smile

Feel your touch

It's been a while

La noiraude avançait. Helen reculait d'un pas. Sa nuque était trempée par la sueur. Ses mains étaient moites et sa gorge brûlait de l'intérieur.

Long, long ago, I was

a girl just like you

Father loved me, kept

me safe and beautiful.

Oh how i'd love to dance

around just once more

Aya balançait son corps de gauche à droite, comme si, ses jambes ne fonctionnaient pas normalement. Son regard était toujours vide, toutefois, elle dégageait comme de la folie.

But these cold legs don't move anymore.

Hey.

You have such a beautiful eyes,

you know?~

Un gloussement malsain lui échappa. Aya avançait un peu plus près.

« — N-Ne t'approche pas de moi ! »

Helen prit fuite, livide. Derrière elle, les rires de Aya qui la pourchassait à son rythme. Elle ne pouvait pas courir comme faisait son père. Autrement dit, elle faisait avec les moyens du bord. La jeune femme n'avait aucune idée où se diriger. À ce stade, tout était devenu un labyrinthe pour elle. Un parcours de survie. À sa droite, des zombies. À sa gauche, trois poupées qui faisaient volte-face après avoir entendu la noiraude rire.

Tout était devenu complètement déjanté. Helen sentait perdre peu à peu espoir.

« — MADAME ! PAR ICI ! L'apostropha Georges.

G-Georges ?! Où... »

Subitement ravie et rassurée par son signe de vie, la blonde pivotait sa tête dans tous les sens avant d'apercevoir son majordome lui tendre sa main. Il se trouvait en haut, se tenant à une échelle. Comment avait-il pu débusquer un trou ? Qu'importe, Helen sautait le plus haut possible. L'homme l'aidait à remonter vers la surface. Rapidement, ils grimpèrent puis fuyaient les ennemis plus bas.

Les autres remarquaient que leur cible s'était volatilisée. Ils paraissaient être furieux.

Discrets, les deux survivants attendirent que les pas plus bas s'éloignent, pour qu'ils puissent de nouveau souffler. Helen frissonnait. Le vent était glacial et le bruit des feuillages jouaient une douce mélodie dans l'air. Non loin, le bruit de l'eau. La blonde constatait rapidement qu'ils se trouvaient dans un jardin peu spacieux. Il y avait un bassin, quelques arbres et l'herbe était humide au toucher. Bien sûr, en cette saison, les nuits étaient facilement froides. Plus que les journées. La jeune femme pivotait sa tête, comprenant qu'ils venaient de remonter un puis. Étrange. Il menait directement au souterrain ? Comment son majordome avait su trouver tout ça ?

Honnêtement, tout devenait tordu. Brouillon. Et Helen sentait que sa tête ne tarderait pas à exploser si jamais autre chose se présenterait. Tout tournait comme un véritable cauchemar.

« Dieu merci, vous allez bien.. Souffla Georges, complètement rassuré.

Toi aussi...

Nous devons fuir. Au plus vite ! »

Pour son exclamation, elle ne pouvait qu'être d'accord. La blonde emboîta le pas. Au jardin, il y avait un lampadaire, qui éclairait une zone, menant à la porte. Par hasard, Helen baissait ses yeux. Son ombre était bien là. Subitement, une forme quelque peu douteuse apparaissait à coté d'elle. Ses sens en alerte, instinctivement, la jeune femme se baissait, ses mains, sur sa tête, ses longs cheveux bouclés suivaient sa trajectoire. Quelque chose coupait le vent un bref instant, ce qui surprenait la blonde.

Toute tremblante, elle tournait sa tête. Ses yeux s'écarquillaient et elle sentit son coeur se briser.

Georges tenait entre ses mains, une pelle. Il avait un visage terrifiant. En plus, son costume était poussiéreux et déchiré à quelques endroits. Ses cheveux, habituellement bien coiffés, étaient mal entretenues. Certaines de ses mèches recouvraient son front, trempé par sa sueur. Il haletait, ses épaules remontaient puis redescendaient à un rythme non soutenu.

« G...Georges ?

Vous avez évité. Dit-il naturellement.

Pourquoi... ?

Pourquoi ? Je me le demande. Pourquoi tout tourne mal depuis qu'on est ici ? Mes plans tombent à l'eau. »

La poupée brune amochée avait finalement raison ? Georges manigançait quelque chose derrière son dos ? Pourquoi ? Qu'avait-elle fait de travers pour qu'il se montre aussi agressif ? Ses yeux s'humidifièrent et aussitôt, Helen se redressait. Elle prit ses distances. Son majordome ne ressemblait pas celui qu'elle connaissait. Georges levait ses yeux vers elle et avança d'un pas. Sa maîtresse recula, peu rassurée.

«Laissez-vous faire.

Non !

Ne soyez pas si têtue ! Cria t-il. Je ne comptais pas vous tuer ! C'est ça ou être tué par ces... monstruosités !

Et je suis censée te croire, toi, qui a faillit m'abattre avec une pelle ?! Lui répliqua Helen, en haussant à son tour, le ton de sa voix. Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ??!

C'est un mal pour un bien ! Je-... »

Coupé par une chanson aiguë, le majordome tressaillit en même temps que Helen. Entendre ceci, ne présumait rien de bon. Rapidement, la blonde tourna les talons pour se dépêcher d'aller fuir dans la résidence, ignorant l'appel de Georges derrière elle. Ce dernier finissait par apercevoir des poupées remonter le long du puits, tout en ricanant. Toutes, armées d'une lame aiguisées – et pour certaines, des aiguilles pour coudre et des ciseaux rouillées –. L'adulte grinça des dents puis s'empressa de les échapper à son tour.

Heureusement, un placard se trouvait dans la salle. En gagnant du temps, Helen avait pu s'y faufiler, debout, entre de vieux manteaux, retenant son souffle avec ses mains plaquées sur sa bouche, sa lanterne, éteinte. Elle pouvait entendre le cri de Georges, qui lâchait des jurons interminables envers les poupées. La jeune femme suait. Son coeur martelait trop violemment contre sa cage thoracique, que ça en devenait trop étouffant.

Elle voulait juste en terminer avec cette folie. La blonde voulait hurler un bon coup. Pleurer. S'apitoyer sur son sort. Trouver quelqu'un pour la réconforter. Malheureusement, l'unique personne sur lequel elle pouvait compter, était devenu complètement fou à son tour. De plus, qui pourrait croire à cette histoire de poupées qui traquent et veulent tuer ? On la penserait folle aussi.

Autrement dire, Helen était abandonnée à son sort. Aucun moyen de s'en sortir. Ses jambes flageolaient et une fois le calme retombant dans la salle, elle se laissait tomber sur son post-antérieur. Des larmes s'échappaient de ses yeux puis se déversaient sur ses joues rosies. La jeune femme se recroquevillait, se sentant malchanceuse. Était-ce une punition divine qui s'abattait sur elle ? Parce qu'elle voulait son indépendance ? Sa liberté ? Qu'elle voulait suivre ses rêves ? Parce qu'elle n'aimait pas la société ? La blonde ne savait plus quoi faire. Peut-être était-ce mieux d'abandonner et de se pendre ?

Non. Surtout pas.

« — ...Je veux vivre. » Souffla t-elle à elle-même, comme pour se raisonner.

Des fragments de mémoires de son passé lui remontaient à elle. Comment les autres la dévisageait. Comment les autres se moquaient des ses dons. Comment son frère la rabaissait. Comment ses parents ne voyaient pas complètement intérêt d'elle sauf pour le mariage. Comment les autres la pointait en déclarant qu'elle jouait la malheureuse princesse. Toutes ces années de souffrance. Elle s'était forgée son propre caractère. Elle remontait de son eau sombre. Elle s'était toujours battue. Elle avait apprit en expérience et avait grandit.

Aujourd'hui, il s'agissait d'un test. Pour savoir si Helen était prête à devenir indépendante. Si elle était prête à atteindre ses rêves.

Rapidement, la jeune femme essuya ses larmes, se redressa puis sortit de sa cachette. Avec sa lanterne, elle enjamba la pièce, pour sortir, se retrouvant ensuite dans un couloir. Elle se rappelait que la porte d'à coté, menait à la salle de bain. Et bien sûr, il y avait ces mannequins de soldats russes, contre le mur de pierre. Ils n'avaient pas bougés. Encore une fois, l'un d'entre eux fit tomber sa lance par terre. Le son d'acier rencontrant le sol fit légèrement écho. Helen observait attentivement le soldat. Aussitôt, elle entra dans la salle de bain.

Il faisait sombre. En revanche, grâce à la lumière de la lanterne, la jeune femme pouvait percevoir des traces de sang, qui menait jusqu'au bain. Elle avança. lorsqu'elle levait légèrement sa main, pour mieux étudier la pièce, elle vit avec étonnement, un corps dans la baignoire. Il avait un œil en moins, chauve, le corps à moitié décomposé. Il était immobile. Des moucherons volaient autour de lui et il sentait le pourri et le sang séché. Helen grimaça puis se retourna.

« — ....la malédiction ne cessera pas de planer dans cette famille... tant qu'ils seront debout... combien de personnes viendront éternellement et mourront... »

La jeune femme aux yeux noisettes hoqueta puis pivota, ses longs cheveux suivant le mouvement. Elle jaugeait cet homme qui marmonnait à lui même, d'une voix monotone et faible. Bizarrement, il était différent, comme la poupée brune en piteux état. Serait-il en mesure d'échanger avec elle ? Helen tenta pour le tout.

« — Monsieur ?

...ce cycle de folie, ce tourbillon sans fin finira par toucher plus grand...

Monsieuuuuur ? »

Après insistance, le mort leva son œil vers elle, ne déniant son mécontentement. Helen éclaircit sa gorge, un peu gêné de le déranger.

« — Pardon pour le dérangement.. je.. je voulais savoir s'il y a un moyen de partir...

Il n'en existe aucune. Lui révéla sèchement le vieil homme, dans la baignoire, son corps sous une eau rouge écarlate.

Il doit en avoir une. Donnez-moi une piste. Ou quelque chose. Je dois essayer, n'importe lequel !

— ....hmmmmm. »

Il semblait la scruter, ou plutôt, l'évaluer. Un petit rire lui échappait puis, il vint esquisser un rictus au coin de ses lèvres sèches.

« — Eh bien, je pourrais te donner une.....

Vous voulez quelque chose en échange. Devina t-elle en plissant ses yeux.

Non, lui grogna t-il, ce qui surprit la blonde. Mais il faudrait être plus convaincante.

C'est à dire ? Questionna Helen en haussant un sourcil, confuse.

Tu pourrais négocier avec la gamine. »

La gamine ? Helen réfléchissait. Une seconde. Il ne parlait pas...

« — Vous... vous... vous voulez dire Aya ? La fille qui a été changée en poupée ?

Comme les autres, lui corrigea t-il. Mais cette fille est un des piliers de la malédiction.

Et je suis censé m'y prendre comment ?

A toi de le découvrir. »

Sur ces paroles, le mort se tut. Helen avait beau essayé de le réveiller, mais rien ne se fit. Elle soupira, désespérée. Elle repensait à Aya. La noiraude n'avait l'air que de réagir vis à vis de son père. Peut-être que ça pourrait être un déclencheur ? La blonde soupira. Il faudra improviser.

Avant de partir, elle décrochait un tuyau du mur. Ceci déclenchait une fuite d'eau, léger, mais rien de trop alarmant. Au moins, avec ce tube d'acier galvanisé, elle pourrait se défendre. Tout en fouillant des placards, elle trouva une lampe torche. Elle le testa. Il était opératif. Au moins, ceci était plus léger que la lanterne. Helen échangea les objets. Cette fois-ci, la jeune femme sortie.

Restait plus que à trouver Aya Drevis. La blonde ramassa l'arme du soldat plus tôt et le remit entre ses mains. Il n'était pas agressif lui non plus. Étrangement, elle crut percevoir un maigre sourire. Peut-être qu'elle avait imaginé ? Elle reprit sa route. De retour à l'entrée, les zombies se ruaient vers elle en grognant. Helen les attaquaient en retour. Le tuyau de métal galvanisé, repoussaient les ennemis, de quoi les étourdir un bref moment, ce qui permit à la jeune femme de se diriger vers la porte, qui conduisait au souterrain.

Cette fois-ci, à la salle d'expérimentation, un autre fantôme s'y retrouvait. Une femme, avec une longue robe, de longs cheveux soyeux et un magnifique visage, qui ressemblait à deux gouttes d'eau à la photo de l'ancienne propriétaire des lieux ; Monika Drevis. La femme tournait sa tête et son expression était triste.

« Ne lui fais pas de mal. »

Helen plissait ses yeux. Avait-elle comprit ce qu'elle comptait faire à sa fille ? Son coeur se serrait avec la voix de la brune. Elle avait l'air si dévastée. La blonde n'avait aucun droit de porter préjudice sur quelqu'un... ou de ne pas tenir promesse à un esprit. Encore moins si ça demande de épargner la vie quelqu'un. Ses mains se resserraient sur la lampe torche. Avant même que Helen puisse lui répondre, l'esprit avait disparu.

Dans la prochaine et grande salle, où il y avait les emplacements des lits pour les morts, il y avait un autre esprit. Une autre femme, fixait le mur, rongée par la tristesse.

« — Docteur... »

De plus près, on pouvait voir ses larmes couler, ses orbes vertes ne dégageaient aucune lueur. La femme était aussi brune, les cheveux mi-longs, attachés en deux couettes basses en avant. À sa tête, un chapeau d'infirmière blanc. Sa peau était blanche et elle avait les lèvres rouges, suite à du rouge à lèvre. Vêtu d'une robe blanche qui descendait à ses genoux, d'un tablier vert foncé, de collants blancs et de mocassins noirs à ses pieds. En observant bien, on pouvait voir du sang séché de sa clavicule, au bras à sa taille.

Sa voix était faible et brisée. Un peu comme si elle n'arrivait toujours pas à digérer sa mort. Inquiète, Helen se rapprochait.

« Docteur...

V...Vous êtes qui ? »

La brune considérait l'inconnue qui se trouvait dans l'enceinte de la résidence. Ses larmes glissaient sur ses joues et s'échouaient sur le sol, ne laissant aucune trace.

« — ...Bonsoir. Réussit-elle à articuler après avoir prit de grandes inspirations pour ne pas hoqueter. Elle essuya ses larmes.

...Le docteur vous a tué vous aussi ? Interrogea doucement Helen.

Oui... »

Ne sachant pas quoi lui dire d'autre, la jeune femme décida d'aller dans le vif du sujet.

« — Pardonnez-moi, mais auriez-vous vu.. une petite fille ? Avec une allure de princesse ? Une noiraude et..

Vous cherchez maîtresse ?

Ah euh.. oui.. ?

Je travaillais ici. Autrefois. »

Attentive, Helen l'écoutait. La brune se tournait vers elle pour lui révéler son passé.

«Je suis Maria. Le docteur... m'a recueillit ici, moi, qui avait rien... il a fait de moi son assistante. J'étais si heureuse... tellement... je me sentais utile... aimé... vivante... je l'aimais profondément. Je ne vivais que pour lui. Même si sa femme ne m'appréciait pas... ni sa fille...

Aya ne vous aimais pas ? Répéta Helen, ahurie. Elle comprenait que l'épouse du docteur soit réticente à l'idée qu'il ait une autre copine.

Non. Il faut croire... que je suis une gêne pour maîtresse... avoua Maria avec un maigre sourire. Elle m'a même abandonnée ici, laissée mourir ici.. après que le docteur m'ait attaqué.. »

Sous le choc, la blonde écarquillait ses yeux. Cet homme, tuait tout le monde. Un véritable meurtrier, sans coeur. Maria baissait ses yeux.

«Au final... j'ai été trahie... abandonnée une deuxième fois... je n'arrive pas en vouloir au docteur... peut-être que j'aurais dû être plus réactive. Plus rapide... plus...

Ce n'est pas votre faute. Il vous a juste utilisé. Manipulé... »

La brune levait ses yeux verts vers la blonde. Helen était sérieuse. Savoir qu'on avait joué avec les sentiments de quelqu'un était odieux et impardonnable. Ce n'était pas juste. Cette femme qui se tenait face à elle, semblait être tellement dévouée. Sincèrement, la blonde était presque convaincue pour cesser définitivement la malédiction, elle devait arrêter ce docteur.

Maria fixait l'inconnue et plissait ses yeux, intriguée.

« — Puis-je connaître votre nom ?

Je m'appelle Helen. Helen Bonn..

Vous avez l'air d'être une gentille personne..

Oh euh.. m..Merci... »

Ce compliment la toucha. Avec un petit sourire, la jeune femme changea de sujet.

« — Je.. euhm.. un vieil homme m'a dit de négocier avec Aya. Est-ce possible, vous croyez ?

Maîtresse est quelqu'un de très réservé. Je n'ai jamais pu... lui parler proprement. Admit Maria avec une petite grimace peinée.

Vous avez essayé ?

Oui. Elle m'a toujours fuie.

Eh bien, c'est... assez... maladroit et décevant... de ne faire aucun effort... je.. crois ? Supposa Helen en grattant sa joue, avec un sourire gêné, tentant de se pencher sur ce que pouvait ressentir l'esprit. »

La brune opinait doucement. Avec un léger sourire, Helen commença à tracer sa route. Avant de définitivement partir, elle se retournait. Maria fixait de nouveau le mur, malheureuse et triste. La voir ainsi pinçait le coeur de la jeune femme. Peut-être que c'était une mauvaise idée, cependant, une partie d'elle avait envie que la brune l'accompagne dans sa mission suicidaire. Qui sait, en chemin, cette femme, autrefois assistante du docteur, pourrait trouver la paix ? Helen tenta le coup.

« Vous... souhaitez vous joindre à moi ?

...Pardon ? S'étonnait la brune, en levant sa tête, les yeux ronds.

Je ne vous obliges pas. Mais.. je sais ce que ça fait d'être seule. Et l'entraide est important. Je me doute bien que vous êtes morte, toutefois... vous savoir à mes cotés... serait.. rassurant ? »

Nerveuse et se sentant à la fois pathétique, Helen rougissait. Demander du soutien à un fantôme ? C'était ridicule. À coup sûr, Maria refuserait.

« — J'accepte volontiers, madame Bonn.

Merveilleux- AH HEIN ? SERIEUSEMENT ? POUR DE VRAI ??! »

Sa stupéfaction fit sourire la brune. Contre toute attente, elle semblait être partante de faire partie de l'équipe. Quand toutes deux quittaient la pièce, hésitante, Helen demandait curieusement pourquoi elle avait accepté. Maria eut un sourire triste, lui dévoila qu'elle avait ses raisons. Qu'elle ne l'attaquerait pas non plus et qu'elle resterait à ses cotés jusqu'à la fin.

Au souterrain, abritait différents puzzles et énigmes de tout genre. Au bout d'un certain temps, Helen et Maria devaient se cacher des poupées qui surveillaient une zone en chantonnant. Après avoir traversé ce petit labyrinthe complètement farfelue, en descendant plus bas, Helen sentit une forte migraine l'assaillir.

« Helen ? L'appela Maria, après avoir eut l'accord de la blonde pour l'appeler par son prénom.

ma... tête.. tourne...

Helen !? »

Juste avant de descendre des escaliers de pierres, la jeune femme commença à voir flou. Son champ de vision devint plus sombre et ses jambes la lâchèrent.

Do Ré Mi Fa Sol La Si Do~ Ré Mi Fa Sol La Si Do~ ♪

Tout en prenant le temps d'écouter chacune des sonorités que ressortaient les touches de piano, Helen se sentait détendue. Tout ses tracas s'envolaient facilement rien qu'en jouant cet instrument divin. Il était si grand, si imposant, et pourtant, les sons qu'ils pouvaient relâcher, pouvaient être si doux, timides. Comme il pouvait être aussi puissant. Dans cette salle de classe, la jeune femme était seule. Dehors, le soleil se couchait et ses rayons de soleil filtraient à travers les carreaux de verre, éclaircissant la pièce. De la poussière s'élevait légèrement, créant un effet de paillette avec la forte luminosité que pouvait dégager les rayons UV. Tout était si paisible. Cette atmosphère chaleureuse, cette vue portant sur le ciel - sachant que la blonde se trouvait au deuxième étage de son école - , ce calme et le fait d'être seule, lui faisait un bien fou.

Et malgré tout ça, Helen entendait les voix des femmes derrière la porte. On parlait de son cas. Comme quoi qu'elle était douée pour le piano. Qu'elle avait les capacités pour devenir une future pianiste. Sa mère était ravie mais à la fois, gênée. Après tout, elle avait déjà ses plans pour son avenir. Épouser un riche, devenir une parfaite femme dans la société, avec un boulot plus important dans la société. Encore une fois, on refusait d'écouter ses propres envies et opinions.

Ce n'était pas juste.

Helen se mordit les lèvres. Elle cessait de suivre les partitions devant elle puis, dans un élan de frustration, la blonde ferma ses poings et les abattaient sur les touches de piano. Un son désordonné, strident et désagréable, s'échappait de l'instrument.

Helen ne voulait pas vivre comme ça. Elle le refusait. De tout son être.

Des cries provenaient du couloir, apparemment, sa mère était en train de l'engueuler. La jeune femme se levait brusquement, ne manquant pas de faire tomber derrière elle, le petit tabouret de velours. Décidée, elle marchait d'un pas déterminée vers la fenêtre, qu'elle ouvrit. L'air était frais. Les rideaux blancs flottaient, s'abandonnant à la liberté. Les cheveux blonds de la jeune femme volaient à leur tour. Avec la clarté, quelques mèches se penchaient plus sur une couleur doré. Ses yeux noisettes, brillaient, refletaient les vaisseaux de lumières dans les cieux. Helen se hissait vers le rebord. Ses bottes s'apprêtaient à se laisser tomber dans le vide.

Soudainement, une petite fille aux allures de princesse se trouvait à sa gauche. Ses mèches, se soulevaient elles aussi, par le vent. De ses yeux morts, sans vie, elle fixait intensément la blonde. Aya entrouvrit ses lèvres.

« — Pourquoi tu renies tout ?

Je ne suis pas une marionnette. Je suis vivante. »

Sa réponse fit arrondir les pupilles de Aya. Helen poursuivit.

« — Je ne suis le jouet de personne. Je me battrais jusqu'à mon dernier souffle. Je veux mourir sans regret.

C'est de l'amour. Ils le font pour toi.

Plus pour eux. Comme pour ton père. Tu voulais devenir une poupée et arrêté de vivre normalement ? »

Ce fait fit grimacer la noiraude. Elle fronçait des sourcils. La fillette serrait légèrement sa robe pourpre. D'une voix grave, elle finit par admettre :

« — Non. Je voulais vivre.

Il te dictait quoi faire. Il te privait de tout. Tu trouves ça juste ? »

La réponse ne se tardait pas. Aya secouait sa tête et son expression dévoilait toute sa tristesse. Bien que tout ceci, n'était qu'un rêve qu'elle lui avait créé grâce à la malédiction, elle entendait le cri hystérique de la mère de la blonde. Celle-ci, pointait les faits que sa fille devenait infernale, mal éduquée, que depuis son imagination débordante, elle l'avait dérangé pour les soins et médicaments. Que tout était de sa faute.

Helen regardait en bas. Elle ne voyait pas le sol. Tout était recouvert d'un épais brouillard. Évidemment, elle se doutait qu'elle rêvait.

Son coeur battait à la chamade. La blonde prit une grande inspiration avant de se jeter dans le vide.

Aya l'observait. La voix de la mère de cette personne modifia. Comme si, quelqu'un ou quelque chose avait décidé de changer de cible. Cette fois-ci, la voix était masculine.

« — Ayaaaaa~ »

Cette manière de l'appeler, si glauque, si malsain, si troublant, ne pouvait que provenir que d'une seule personne pour elle. Aya frissonnait légèrement, en remémorant ce que venait de lui dire Helen. Elle fermait ses yeux à son tour.

« — Aya ! »

La noiraude rouvrit ses yeux. Elle était assise sur un fauteuil de velours, dans le souterrain. Face à elle, son père. Ses cheveux complètement en bazar, gris. Il avait une barbe non taillée, des lunettes rectangulaires, des cernes violacées sous ses yeux fous. Comme toujours, son blouson blanc, ses gants, parsemé de sang séché. Son géniteur s'accroupissait pour l'examiner. Dépité, il remarquait quelque chose d'anormal sur la poitrine de sa fille bien-aimée.

Quelqu'un a voulu faire du mal à son propre enfant. De la colère montait à sa tête.

« — Aya. Ma chérie. Qui t'a fait ça ?

— ...

Cet homme ? Ou bien cette femme ? »

Son ton était lourd. Il vint poser sa main sur la joue de son enfant et la caressait avec son pouce.

« — Ne t'en fais pas mon trésor, plus personne ne t'amochera. Plus personne ne te fera du mal. Ton père te protégera. Tu le sais. Pas vrai ?

— ...

Ne bouge plus. Je m'occupe d'eux. Et cette femme sera une nouvelle amie dans la collection. »

Alfred déposa un baiser sur le front de sa fille puis se redressa, reprit sa tronçonneuse laissée par terre et s'éloignit en murmurant des injures. Une fois loin ; que le silence ait prit possession des lieux, Aya soupira. Elle était restée muette tout le long pour ses propres raisons. Après tout, elle n'avait jamais pu lui parler ouvertement en face. Pas après sa mort.

Doucement, elle se levait de son fauteuil.

« — Aya ? Qu'est-ce que tu fais ? Hihi. Tu es si égoïste. Ricana une poupée pas loin. »

La noiraude s'approcha d'une caisse puis l'ouvrit sans difficulté. Elle y sortit sa petite tronçonneuse, qu'elle avait tant joué avec autrefois. Et aussi, quand elle avait voulu sauver son père de la malédiction. Aya l'activa puis pivota sa tête, dévisageant la poupée, qui lui demandait ce qu'elle trafiquait, d'une voix fébrile.

« — A mon tour d'agir librement. »

Sans crier gare, la fillette découpa sans pitié la poupée qui hurlait à l'agonie. Déchiquetée, cette fois-ci, morte, Aya se redressait, ses mèches, caressant sa joue. Jusqu'à présent, elle torturait les invités en leur fichant la trouille. Jouer sur la psychologie était une autre histoire.

Personne n'avait essayé de lui parler. Tous, avaient fuis, pleurés, hurlés, perdus tout espoir. Certains avaient finis comme des rats de laboratoire. Les plus chanceux, ont pu finir en mannequins ou poupées. Personne n'avait fait le moindre effort. Tous, excepté Helen. Oui, cette étrange personne, qui lui essayait d'entendre la raison. En plus, elle aidait les morts. Elle avait l'air d'être une gentille personne. Aya écrasait la poupée sous sa chaussure noire. Supposant que la blonde ne voudrait devenir une poupée, l'unique option qu'il lui restait, était de mourir autrement. Dissimuler son cadavre quelque part, en sécurité. La fillette portait sa main libre sur sa poitrine et fermait ses paupières.

Lentement, Helen ouvrit ses yeux. Elle se retrouvait dans une sorte de chambre. Dans tous les cas, elle était sur un lit. Doucement, la jeune femme se redressait sur les coudes et repliait ses jambes. Inquiète, la blonde inspectait la pièce du regard. Le sol était fait de bois. Les murs de pierres. Des toiles d'araignées occupaient pas mal d'espace dans les angles. Et il y avait un meuble délabré sur sa droite. Rien d'autre. Helen vint s'asseoir au bord du matelas pour se masser le visage. Elle avait besoin d'un petit moment pour se remettre debout. Sa tête lui faisait encore mal, cependant, la blonde aux yeux noisettes n'avait pas envie de traîner trop longtemps. Ça la rendrait folle...

« — Tu es enfin réveillé. Je suis rassuré. »

Douce et concernée, Maria venait d'apparaître face à Helen. Cette dernière ne manquait pas de sursauter légèrement. Elle soupira et serra le bas de sa robe.

« — Je.. j'ai fait un étrange rêve. Souffla t-elle.

Quel genre de rêve ? Voulut savoir Maria

Euh.. c'est... Balbutia pitoyablement Helen, ne préférant rien dire, de peur qu'on ne la croit pas ou on se moque de nouveau d'elle.

Je te croirais. Si je peux t'être utile... »

Sa loyauté et sa gentille était infinie chez la brune. Comment une personne aussi adorable ait perdu la vie ? C'était atroce. Maria ne méritait pas cette tragédie, comme les autres victimes. Helen se confia, laissant l'ancienne assistante du docteur écouter ce qui la pesait. La femme en tenue d'infirmière plaça un doigt sous ses lèvres rouges, songeuse. Cette histoire était sérieux pour elle. Comme un message, qu'on cherchait à transmettre à la blonde.

« Maîtresse essaie de te pousser à bout... Supposa t-elle.

Hein ?

Et tu lui laisses des doutes. Peut-être qu'avec toi, tu pourrais.. la remettre dans le droit chemin.

Pourquoi moi ? Demanda Helen, perplexe. Je veux dire, je ne suis pas si proche d'elle et...

Des points communs. Vous en avez. »

Helen maugréa une grimace.

« — Lesquels ?

Je ne saurais le dire. Je n'ai jamais été proche de maîtresse... et elle me déteste, j'en suis convaincue. Soupira tristement Maria, en baissant sa tête, ses yeux fermés.

Et moi je suis sûre que non ! S'objecta Helen, les sourcils froncés. Quand on est enfant, on est têtu ! J'ai un frère. Mes parents le préféraient, plus que moi et ils me mettaient de coté ! Aya devait sentir que son père était moins présent. Elle a du ressentir de la jalousie et de l'envie vis à vis de toi. Je suis certaine que si elle apprenait plus sur toi, faisait un petit effort, elle aurait un autre aperçu de toi et t'aurais apprécié à ta juste valeur ! »

Son discours touchait le coeur de Maria. Elle écarquillait ses yeux verts puis se mit à lui détailler son passé. Le fait qu'elle avait vécu dans les rues, à mendier. Que le docteur l'avait recueillit puis tendu sa main en lui proposant de devenir une assistante à lui. Toute cette attention, si particulière, l'avait revigorée, lui avait donné une raison de vivre. Donné le sourire et ouvert un nouveau but dans sa vie. Et dire qu'il s'agissait de la même personne, pour qui, elle s'était tant dévouée, l'avait rejeté et abandonné. Ça lui fendait le coeur.

Savoir qu'une autre personne, l'acceptait si facilement, la soutenait et l'écoutait, lui faisait un bien fou. Pour une raison inconnue, Maria l'identifiait comme une amie. Sans doute, sa toute première après plusieurs années...

Plus tard, toutes deux avaient repris la marche. En chemin, de nouveaux ennemis plus coriaces ; zombies, créatures à la peau grisâtre qui grognait et avait des dents pointues... et quelques poupées – ce que Helen avait pu facilement abattre sans problème avec son tuyau galvanisé et Maria, leur envoyant des couteaux aiguisées qu'elle avait soigneusement gardé sous sa jupe avec son collant. La voir en action avait sidéré la blonde. À vrai dire, elle était même rassurée que cette femme soit son allié.

Tout en poursuivant leur chemin, il y avait quelque chose d'anormal. Des cadavres jonchaient le sol. Du sang du frais était imprégné sur les murs et le sol. Un véritable carnage. Un peu plus loin, un sorte de laboratoire. Des capsules vides et une complètement cassée. Des morceaux de verres éclatées sur le sol, avec une pelle imbibée d'un liquide rougeâtre. Helen tressaillit et se sentit un peu étourdie avec l'adrénaline. Intérieurement, elle priait. La jeune femme avançait jusqu'au capsules. Situé dans un angle, entre deux bibliothèques remplis de livres et de bocaux, Georges. Au dessus de lui, était noté avec du sang « voleur », « menteur », « pathétique », avec du sang.

Le plus terrible dans tout ça, c'était que son majordome, avait ses jambes coupées, comme ses bras. Démembré. Son teint était pâle, son souffle était irrégulier, son regard éteint. Il saignait du nez et à la commissure de ses lèvres. L'homme était lentement en train de mourir avec l'hémorragie. Avec effroi, Helen cria et se sentit nauséeuse à la vue du sang et ce qu'il lui était arrivé. Ceci ne pouvait qu'être de l'oeuvre d'un meurtrier.

« Non.. non... ce n'est pas possible.. ! »

Des larmes s'échappaient de ses yeux, coulaient sur ses joues. Son pouls s'accélérait. Il avait toujours été une personne importante dans sa vie. Il avait toujours été comme un membre de sa famille. Certes, il était devenu fou il y a peu, toutefois, Helen était persuadée que ses émotions l'avaient aveuglé. Après tout, les fortes émotions, pouvaient engendrer de mauvaises actions. C'était pardonnable.

Le majordome captait tardivement que sa maîtresse était là, en pleurs. Il levait difficilement ses yeux puis eut une grimace. D'une voix rauque, il se confiait :

« Madame, ne pleurez pas... comme elles l'ont dit, je suis une âme pourrie qui ne mérite qu'aller en enfers...

De quoi tu parles ?! S'écria Helen, la voix brisée. Ne dis pas ça ! On..on va bien trouver..

On ne peut pas me sauver. Lâchez l'affaire... »

Helen secouait vivement sa tête. Même si par miracle elle réussissait à appeler les urgences, elle savait très bien que rien ne pourrait le sauver. Pourtant, elle ne voulait pas renoncer à l'idée de l'aider. La blonde retirait hâtivement sa cape rouge, lui recouvrant ses cuisses, elle pressait le tissu sur ses membres arrachés, ce qui le fit geindre de douleur.

« — Helen. Arrête. Souffla t-il entre deux sanglots. Je ne suis pas un homme bien.

Silence ! Je.. je vais te sauver !

Quand cesseras-tu d'être aussi empoté ? Sourit-il faiblement. »

Depuis de nombreuses années, la jeune femme ne l'avait jamais entendu la tutoyer. Son coeur se serrait douloureusement à sa poitrine. Encore plus en sachant qu'il pleurait à son tour. Maria observait la scène de loin, silencieuse, attristé d'assister à ceci. Elle pouvait parfaitement comprendre ce que pouvait ressentir ces deux individus.

« — Je ne veux pas ! Je refuse !

J'attendais que tu sois prête à partir. Pour te kidnapper et demander une rançon à tes parents. Avoua t-il avec un sourire triste.

Je m'en fiche !

J'avais besoin d'argent.. pour ma famille...

Je t'en aurais prêté ! Hurla t-elle, en fermant ses yeux, en pressant ses mains autour de ses blessures. »

Un rire amer lui échappait entre ses lèvres.

« — Non, tu ne l'aurais pas fait. Vous, les aristocrates, vous...

Tu es ma famille ! Éclata Helen. Tu as toujours été mon précieux soutien durant tout ce temps ! Tu as toujours été là quand j'étais mal ! Pas comme mes parents ! Tu ne m'as jamais rabaissé ni même regardé avec mépris contrairement à mon frère !

...écoute...

Tes idées étaient complètement débiles, fous, mais tu me connais non !? Je t'aurais donné ce qu'il faut ! J'aurais même aimé accueillir ta famille ici ! Je m'étais toujours demandé s'ils étaient aussi gentils comme toi ! »

Georges fermait ses yeux. La douleur ne faisait que empirer et son coeur était en miettes.

« — Désolé... j'aurais dû te croire... quand tu disais croire aux fantômes... ils existent bel et bien.. et comme quoi... en plus d'avoir volé des bijoux ici... d'avoir voulu te faire du mal.. Dieu se retourne contre moi. Et me puni. Les poupées m'ont agressé par surprise ici. Et une petite fille timbré m'a démembré avec une tronçonneuse...

N-Non... C'est Aya... ? Comprit aussitôt Helen, horripilée.

Tu sais... tes parents me fouettaient. Je prenais tout.. pour les autres. Je n'avais que ma tante, mon oncle et ma nièce.. les autres m'ont abandonné.. »

La vérité exposée, la jeune femme aux yeux noisettes sentit l'effet d'une douche froide s'abattre sur elle. Il avait peur d'être abandonné. Qu'elle devienne comme ses parents. Était-il si désespéré au point de succomber dans la paranoïa ? Blessée et à la fois mal pour lui, Helen l'enlaçait. Georges écarquillait ses yeux et fermait ses yeux, avec un sourire léger.

« Si seulement... tout aurait été différent..

...je suis désolé... c'est de ma faute... Pleurnichait Helen.

Non, la mienne... tu le sais... je ne mérite pas ton pardon...

On survie tous à nos manières... tu es pardonné.. renifla la blonde.

Merci... pour tout... et.. dé.. »

Sa phrase laissée en suspend, Helen écarquilla ses yeux et recula. Il était mort. Ses yeux livides, sa peau pâle. Son coeur avait cessé de fonctionner. La jeune femme ne réagissait pas. Elle restait sur les genoux, perdue. Ses larmes ne s'arrêtaient pas et elle avait du mal à faire son deuil.

Maria se rapprochait, présentant ses condoléances, désolée pour elle. Sa main, était froide et le bout de ses doigts effleuraient les mèches blondes de sa camarade qui essuyait ses larmes. Subitement, un esprit malveillant attrapa Helen par le cou et la souleva, de sorte à l'étrangler dans les airs. Surprise, la blonde se débattait, parvint à se libérer de son emprise puis tomba par terre. Le souffle coupé, elle toussait et prit de grosses inspirations pour récupérer un maximum d'oxygène pour remplir ses poumons. Maria, folle d'inquiétude, s'empressait de s'accroupir vers sa camarade, la questionnant si ça allait, si elle n'était pas blessée.

Rassurante, Helen la calmait en lui assurant que ça allait mieux. Son regard se retournait vers son majordome, mort. Elle vint doucement lui fermer ses paupières. Aussitôt, elle joignit ses mains, en lui murmurant un « paix à ton âme » avant de se redresser. Suivit de l'ex-assistante du docteur Drevis, elle quitta la pièce, le coeur lourd. Encore une fois de plus, un autre événement se produisit. Le sol était humide. De l'eau opaque circulait, même si ce n'était que minime, cette nouveauté ne rassurait pas les femmes. Un ricanement fit sortir Helen de sa transe.

Dos au mur, les bras croisés, un pied appuyé contre les pierres, Ogre. Il paraissait amusé. Il scrutait les deux femmes. Maria, ne le connaissant pas, arqua un sourcil, perplexe tandis que Helen fronçait d'avantage ses sourcils, méfiante.

« — Qu'est-ce qui est drôle ?

Je suis épaté, que vous puisez faire équipe avec un esprit. Exposa t-il, toujours avec un sourire mystérieux et peu rassurant.

Qu'est-ce que vous insinuez ? S'offensa aussitôt Maria en le dévisageant sévèrement.

Elle a bon coeur et elle est serviable. Lui décrit la blonde tout en le sondant du regard. »

L'étrange homme chauve et portant un chapeau noir, haussa ses épaules.

« — Croyez ce que vous voulez, Helen Bonn. Parfois, l'amitié, l'amour et la confiance ne persistent pas. Au contraire, ceci peut vous entraîner dans la mort et le regret.

Eh bien, je vais vous prouver que vous avez tords.

La naïveté est quelque chose. Souffla t-il en plissant ses yeux rubis. À agir impunément de la sorte, ne vous aideras pas. Sachez que tout le monde est égoïste. Tous sont prêts à sacrifier quelque chose en échange de leur objectif. »

Helen ne cilla pas.

« — Votre majordome, a été aveuglé par son désir le plus fou. Voyez où ça l'a mené.

Ne parlez pas de lui de la sorte ! Protesta vivement Helen, ses poings serrés. Vous ne savez rien de lui ! Vous ne comprenez rien ! Vous pouvez vous congédier, on se porte mieux sans vos remarques !

Pas besoin d'un indice ? Lui proposa Ogre en abaissant légèrement son chapeau avec un sourire carnassier. Je suis généreux quand j'ai envie..

On s'en passera. Cracha la blonde en le foudroyant du regard. J'arrêterais cette fichue malédiction. Pour Georges et pour tous ceux qui ont souffert, pour qu'ils puissent aller dans l'au-delà..

Ce n'est qu'un détournement. »

Son commentaire la dépassait. Où voulait-il en venir ? Helen plissa ses yeux. Le chauve eut subitement, le visage assombrit, un sourire plus sombre que d'habitude. Sa voix, avait également légèrement changée, ce qui devenait troublant pour elle.

« — Tu te cherches une renommée. De la considération. De l'admiration. Tu veux imiter une héroïne. Tu veux être acclamée, être aimée. Avoir la conscience tranquille après avoir joué l'héroïne. Ton âme est aussi souillé que les autres.

Non...

C'est facile de massacrer des poupées, qui voulaient aussi vivre, pour se sentir puissante. Réussir à amadouer un esprit pour avoir du soutien et un sentiment d'être indispensable pour les autres.. Enchaîna t-il, en touchant des cordes sensibles.

LA FERME ! Explosa Helen, en fermant ses yeux, sa voix déraillant légèrement. »

Cela devenait trop pour elle. Trop à endosser. Cette torture psychologique, pour lui faire parvenir le doute, devenait infernal. La blonde grinçait des dents et fusillait du regard Ogre. Si en effet, elle n'était pas si sage, elle lui aurait sauté dessus. Sous l'effet de la colère, la blonde l'aurait sûrement agressé. Ce qui n'était pas envisageable, sachant qu'elle aurait affaire à un démon. Et dans tout livre, tout précisait qu'il ne fallait jamais défier un démon. Helen se ravisa, bien qu'elle se sentait frustrée de ne pouvoir rien faire, elle prit rapidement une décision. Elle tourna ses talons et s'éloigna de cet individu, accompagnée de Maria.

La brune rassurait Helen, en lui affirmant qu'elle trouvait également cet homme louche. Son avis la fit sourire et toutes deux, partirent à la recherche de Aya. Il y avait une étrange porte blanche, qui se différenciait des autres. Bien que Maria protestait, la jeune femme aux yeux noisettes baissa la poignée puis pénétra dans la pièce. En effet, il y avait quelque chose d'anormal.

L'endroit était complètement minimaliste. Et pour couronner le tout, un piano au centre de la pièce trop claire et simplet, qui ne correspondait absolument pas au thème lugubre, ou d'un genre de donjon du souterrain.

« Helen. Cet endroit n'a jamais existé. Lui informa Maria, en plaçant une main sur sa poitrine, ses yeux, observant les moindres détails de la pièce.

Encore un piège.. mais on doit bien pouvoir trouver quelque chose. Pas vrai ? »

L'ex-assistante du docteur Drevis grimaça, ne partageant pas son avis. Helen se rapprochait du piano et l'examinait. Tirée par l'envie de poser ses doigts sur les touches, d'écouter ne serait-ce, un petit son délicat de l'instrument de musique, la blonde se ravisa, supposant que c'était un piège. Hésitante, elle retirait une broche de sa robe pour la lancer. Celle-ci, tomba sur une touche. Tout d'un coup, une tête décapitée s'échoua dans un coin de la pièce. Au même moment, un bruit parasite s'émit du piano, qui, pour une raison inconnue, chargea jusqu'au mur. Bouche-bées, sidérées, les deux femmes demeurèrent silencieuses après ce qu'il s'était produit sous leurs yeux.

Par chance, aucune n'avait été toucher le piano. Esquiver ceci aurait été en vain. Et la mort aurait cueillit un corps. Helen se reprit rapidement puis repéra une carte magnétique par terre. La blonde récupéra l'objet puis la retournait. À quoi ceci pourrait servir ? La résidence n'était pas portée sur la nouvelle technologie.. pas vrai ? En quête de réponse, la jeune femme considéra Maria. Cette dernière, secouait sa tête, admettant qu'en effet, elle n'avait jamais rien vu de tel depuis qu'elle travaillait ici.

Autrement dit, quelqu'un jouait. Il modifiait le terrain. Pour le plus grand plaisir de voir les pions avancer de case en case, tel un jeu d'échec. Un faux pas, et c'était terminé. Helen se mordit les lèvres et quitta de nouveau la pièce. Un cliquetis la stoppa. Gardant sa main sur la porte blanche, lentement, la blonde pivota sa tête et écarquilla ses yeux. Aux murs, un liquide gluant noir coulait, s'échouait sur le parquet. Lentement mais sûrement, la pièce commençait à s'inonder par une étrange substance. Suivit ensuite, comme un drôle de gargouillement d'eau. Pas rassurée, la jeune femme en robe blanche et rouge referma la porte en claquant violemment. Une fois qu'elle tournait ses talons, elle vit en face, qui était, la place de Ogre plus tôt, un message. Probablement, destiné à elle. « Menteuse. »

Un rire glauque fit écho dans tout le couloir. Un crissement désagréable, qui ressemblait à des roues rouillées, se rapprochait dangereusement. Enfin exposé à la lumière, de la lampe torche, Helen fronça des sourcils et plia sa jambe droite. Rapidement, elle rejoignit ses mains sur son arme, son objet qui éclaircissait avec, tout en adoptant une position de batteuse de baseball. Avec un mouvement de hanche parfaitement synchronisé à son attaque mi-circulaire avec son tube galvanisé, elle vint exploser la poupée qui fonçait sur elle, avec une lance, assise en fauteuil roulant.

Dans un fracas audible, un cri agonisant et strident retentissait dans la zone. La tête en porcelaine plana, puis chuta, éclatant en plusieurs morceau. Le corps, tombait en même temps que le fauteuil pour les malades ou handicapés. Une roue, continuait de rouler dans le vide, avant de s'arrêter après quelques minutes. Haletante, Helen se redressait et passait une main sur sa mèche rebelle pour la replacer derrière son oreille. Elle rougit en entendant les compliments de la brune à coté.

Ensemble, elles s'enfonçaient un peu plus dans le souterrain. Il n'y avait pas de sortie. Au bout d'un moment, une intersection. Soit, il fallait tracer tout droit, soit, tourner à droite. Helen réfléchissait et opta pour l'option de continuer en face.

«Je ne peux pas te laisser continuer. »

Aya sortit des ténèbres pour venir s'exposer à la faible clarté de la lampe torche. Entre ses mains, elle tenait toujours son arme fétiche. Elle avait un petit sourire sombre. Maria se crispa.

« — M..Maîtresse ?

Maria. L'appela la noiraude, son sourire, s'effaçant instantanément après l'avoir vu.

H...Helen ne vous veux pas de mal. Elle souhaite seulement...

Gênante. »

L'ex-assistante du docteur et anciennement employée de la famille Drevis, pâlit. Ses yeux s'arrondirent, n'arrivant pas à digérer ce que venait de lui sortir la fillette. Aya la dévisageait, en plissant ses yeux.

« — Je ne t'apprécie pas. Depuis que tu es ici... papa est toujours avec toi. Et même maman ne t'apprécie pas.

J-...Je... Bredouilla la brune, aux bords des larmes.

On était heureux sans toi ! Rugit Aya, furieuse. »

C'était la goutte de trop. Maria tremblait. Ses larmes coulaient. Elle sentait son coeur se faire piétiner dessus. À présent, l'esprit doutait, supposant que en effet, la fillette avait raison. Qu'elle était la cause de toute cette tragédie. Helen tendit son bras avec son arme, protectrice. Son geste, étonnait la servante et la petite fille.

« — C'est toi qui a tué Georges, pas vrai ?

Il me gênait. Il cassait tout. Tout est important pour père ici.. Se justifia Aya.

Tu ne t'es pas demandé pourquoi il faisait ça ? Parce qu'il en avait marre de cette folie ?!

Les autres disaient qu'il était mauvais.

Et toi ?! T'es pas mauvaise !? Avec tout ce que tu fais ??! Lui hurla Helen, en retenant au mieux sa colère. »

Visiblement, ceci déplut à la noiraude. Elle fronçait des sourcils et démarra sa tronçonneuse. Son visage s'assombrit.

« — Tu ne comprends rien.

C'est toi qui ne comprend rien ! Tu acceptes ton sort ?! Tu ne voulais pas grandir ?! AH ! T'es aussi stupide que ça !? Tu me fais pitié ! Pourquoi tu ne te rebelles pas ?! Pourquoi tu te laisses avoir aussi bêtement ??! »

Aya maugréa une grimace. Elle fit un pas en avançant, redressa légèrement sa tronçonneuse.

« — Tu ne me fais pas peur, Aya Drevis ! Et tu sais pourquoi ??! Parce que t'es pas humaine ! Ouais ! T'es juste manipulable ! Pas étonnant que t'es devenue un jouet ! C'est triste hein, d'être même pas vivante pour de vrai ! Tout ce que t'a vécu avant, c'est juste des illusions ! La provoqua Helen, toujours en gueulant.

TAIS-TOI ! JE T'INTERDIS DE TE MOQUER DE MOI ! ET ENCORE MOINS DE MA FAMILLE ! Lui vociféra la petite fille. TU DIS CA CAR TA FAMILLE NE T'A JAMAIS AIME !

JE PEUX SURVIVRE A CA, PARCE QUE JE VEUX CHOISIR MA VOIE ! JE REFUSE D'ÊTRE UTILISE COMME UN JOUET ! J'AI DES SENTIMENTS! »

Ses justifications firent grincer des dents la fillette. Trop longtemps, elle avait perdu la raison. Avec le temps, tout ses souvenirs avaient coulés. Entendre Helen lui hurler tout ça, lui donnait des spasmes. Chose, qui ne s'était jamais produit auparavant, depuis qu'elle était devenue une poupée.

« — Essaie de me tuer, si tu es capable, poupée. »

Aya arrondit ses pupilles, voyant la blonde s'éloigner d'elle en courant. Pile, dans la direction qu'elle ne voulait pas qu'elle y aille.

Le laboratoire de son père. Nouvelle gamme. Sa plus grosse fierté. Aya cria et la pourchassa en courant, traînant son arme en arrière. Ses cheveux noirs, flottaient derrière elle. Elle ignorait le regard ahurie de Maria pour chasser la survivante.

Comment pouvait-elle être aussi égoïste ? Pourquoi rejetait-elle l'amour de ses parents ? Ils voulaient son bien. Alors pourquoi elle les fuyaient pour une nouvelle vie ? Que sous-entendait elle en disant vouloir choisir sa voie ? Cela n'avait aucun sens.

« Quand tu deviendras grande, que veux-tu faire, Aya ? Lui demanda doucement sa mère, assise sur son lit, en brossant les cheveux de sa petite fille.

Je veux aider papa ! Affirma vivement Aya, en levant ses mains vers sa poitrine, les yeux brillant.

Hihi. Tu adores ton père, hein ?

Oui ! Je l'adore ! Toi aussi je t'adore maman ! Je veux être aussi belle que toi ! S'enthousiasma la fillette en fermant ses yeux, toute radieuse.

Je n'en doute pas. Lui sourit tendrement Monika. »

Pourquoi un flash back lui revenait à elle ? Aya tremblait légèrement et sentit sa poitrine se compresser douloureusement, pile, à l'endroit, où il devrait avoir son coeur. La noiraude frémissait. Sa mère, s'était manifestée, pour la protéger. Elle, seule, voulait que sa fille chérie puisse suivre ses ambitions, ses rêves et continue de vivre sa vie comme elle l'entendait. La brune avait été assassinée. Son père lui avait mentit. Avait caché le corps de sa mère dans une capsule, pour préserver son corps tout frais.

Et après, il avait tué sa fille. Pour qu'elle devienne une poupée. Et si Helen avait raison ? Était-elle facilement manipulable ? Au point d'oublier ses sentiments ? Aya ralentissait. Est-ce qu'elle était heureuse, aujourd'hui ? Était-elle fière de ce qu'elle était devenue ?

Si elle était encore vivante, aurait-elle été comme Helen ? Une femme libre ? Déterminée à poursuivre ses rêves, une femme forte et belle ? La blonde représentait la raison et la volonté de fer. Aya l'enviait. De tout son être.

La porte magnétisée, sécurisée par une carte magnétique, a été ouverte. Sans courir, la petite fille pénétra dans le laboratoire. Il était éclairé par des ampoules suspendues. Plusieurs capsules étaient disposés un peu partout, avec des corps d'humains ou animales. Une grande table a été renversée, des tubes chimiques, des fioles explosées avec des ustensiles peu rassurant avec. C'était le bazar par terre. Même des feuilles déchirées, ou tout en boule, jonchaient le sol. Tout était désorganisé et mal rangé. Un vieil homme en blouson de médecin se retournait lentement, le regard sombre et remplit de folie. Lui, qui était occupé à écrire ses expérimentations sur des feuilles, venait de voir son lieu de travail, en bordel. Tout ça, à cause d'une intruse. Il attrapa sa tronçonneuse et aperçu derrière l'intruse, sa fille.

« — Aya. Repose ça, c'est dangereux. Et retourne dans ta chambre. Lui ordonna t-il avec douceur. »

Aya entrouvrit ses lèvres, argumentant. Helen laissait faire, haletante.

« — Je veux vous aider, père.

Ce n'est pas à toi de faire le sale boulot. Tu dois rester intacte.

Mais...

Ne proteste pas. L'interrompit-il d'une voix grave en la dévisageant. Je ne veux pas devoir te réparer. Tu es ma plus belle création. Tu peux marcher à cause de la malédiction. Ça ne te suffit pas ? Tu veux encore me désobéir ? Me décevoir ? »

Alfred se rapprocha. Il gratta ses cheveux et se plaignit.

« — Ahhhh ! Pourquoi tu es aussi entêtée !? Tu dois rester à ta place ! Je ne veux pas retirer ces jambes ! Ou si, je devrais... comme ça, tu seras en sécurité ! J'allongerais ta robe pour faire croire que tu as des jambes. Oui ! Personne ne se doutera de ce détail ! Parce que tu es parfaite Aya ! Délira t-il.

— ...Je veux simplement aider. Je veux...

Une poupée ne me répond pas. Ma fille ou non, je t'ordonne de retourner à ta place ! »

Ses paroles étaient profondément blessante pour Aya. Helen l'observait par dessus son épaule. Elle espérait que maintenant, la fillette se réveille pour de bon.

« — Tu veux continuer cette vie-là ? Être traitée et considérée comme une poupée et non comme une être vivante ? Tu n'en a pas marre ?

— ....je...

Toi. Tu causes du trouble dans ma maison. Je vais te tuer ! »

Il se mit à rire.

« — Tu vas devenir mon nouveau projet ! Un hybride ! Oui ! J'ai récemment trouvé un lapin. Aya aimait Snowball. Que dirais-tu de te retrouver en poupée, avec des oreilles de lapin, une petite queue et un genre de moustache sur les joues ? Je me suis dit que Aya manquait de nouveauté dans son entourage... AHAHHAA !!!! »

Helen frissonnait de dégoût et tournait des talons, apeurée. Aya sentit de nouveau un spasme et s'écartait pour la laisser sortir.

« — Ayaaaaaaaa~

— ... !

Papa va te pardonner. Tu peux la rattraper. Si tu te blesses ou fait quelque chose de travers, je te confisquerais tes jambes ! »

Son géniteur était complètement fou. Il riait comme un fou. Il se comportait comme un fou. Il n'était plus celui qu'elle avait connue depuis longtemps. Il était instable. Rongé par la folie. Quoi qu'elle faisait, il était désintéressé. Elle ne comptait plus pour lui. Seuls, ses créations l'importait. Juste ça, suffisait à assouvir ses pulsions grotesques.

Aya oscillait entre l'indignation et le tourment. Quelque chose explosait en elle.

« — ... C'est injuste.

Quoi ? Dit-il en haussant un sourcil. Tu as dit quoi ?

TU ES CRUEL ! JE NE VEUX PAS RESTER COMME CA ! Hurla Aya en fermant ses yeux, abandonnant son arme et faisant demi-tour, fuyant à son tour.

AYA ! REVIENS ICI ! Ordonna t-il en s'époumonant . »

Trop tard. Alfred grogna et démarra sa tronçonneuse et avança. Il râlait. Soudain, une fumée opaque se disposa face à lui. Une silhouette familière lui fit barrage. Une femme écartait ses bras, sérieuse et déterminée.

« — Docteur. Ça suffit... s'il vous plaît. Lui implora Maria.

DEGAGE !

...Vous ne me laissez pas le choix. »

Attristée, son ex-assistante reculait et tendit ses bras en avant. Subitement, la porte magnétisée se verrouilla. Le docteur gueula de l'autre coté et donna des coups de pieds répétitif contre la porte. Maria ferma ses yeux, épuisée. Elle avait trop puisée dans son énergie. Doucement, sa silhouette s'effaçait.

«Seigneur... aidez-les... »

Helen courait à en perdre l'haleine. Ses bottes lâchaient du bruit et ses poumons brûlaient comme sa gorge. Elle entendit un appel derrière elle.

« — A...a...attend.. ! »

Prudente, la blonde s'arrêta et vit Aya la rejoindre. Non armée. Et avec une expression désemparée. De la sueur coulait sur sur son visage à elle aussi.

« — T...tu.. avais.. raison.. admit-elle en s'appuyant sur ses genoux, la tête baissée. Je... je ne veux plus... continuer... à vivre comme ça...

— ....

Je suis aussi... cruelle que mon père... je sais... que tu ne me pardonneras pas...

— ....

Mais... je veux... une seconde chance ! Je veux arrêter père ! Je ne veux plus de tout ça ! Je veux que tout cesse ! Lui criait la noiraude, les yeux larmoyants. Je veux retrouver ma liberté d'avant ! Je...

Tu es pardonné. »

Aya écarquillait ses yeux et releva sa tête. Elle fixait intensément Helen, qui lui adressait un sourire chaleureux. Elle seule, réussissait à allumer de nouveau une flamme chez la fillette.

« Il est grand temps d'arrêter cette folie. Si tu veux aussi changer... il est temps de te rebeller. Et je veux bien t'aider. Lui accorda t-elle avec un doux sourire.

V..vraiment ?

En échange, fais-moi le plaisir de t'excuser auprès de Maria et essaie de la comprendre aussi... elle aussi, a été manipulée..

...J'essayerais.. Sourit timidement Aya. »

Coupée dans leur échange, une voix presque rauque provenait non loin derrière d'elle. Aya tressaillit et recula. Helen attrapa sa main puis reprit sa course effrénée avec elle. Entraînée dans sa fuite, la noiraude l'observait avec ses orbes bleus. Pour la première fois, elle sentait de la chaleur. Comme si, doucement, elle retrouvait sa peau d'origine, par miracle.

Des chants synchronisées s'échappaient de partout, plusieurs portes, s'ouvrirent dans un fracas. Plusieurs poupées se montraient.

« — Ayaaaaa ! Traîtresse !

Tu es la pire ! Meurs !

Tu mérites de brûler en enfers ! Hihihi...HYAHAHHAHA !! »

Malgré ces provocations, Aya les ignoraient. De toute façon, elle n'avait jamais réellement aimé converser avec elles. Tout à coup, son corps tomba, après avoir sentit quelqu'un s'agripper à son pied. Lorsqu'elle se tournait pour voir, la noiraude hoqueta.

Cette poupée. Ce bonnet blanc. Cette robe violette... Elle était celle qui l'avait retenue. Celle, qui l'avait fait mourir entre les mains de son père quand elle avait fuit.

« — Tu ne fuiras pas. Tu resteras avec nous. Pour l'éternité. Souffla la poupée.

NON ! PITIE ! LÂCHE-MOI ! Lui supplia Aya, retrouvant goût à la peur, tentant de se dégager d'elle.

DEGAGE ! »

Helen hurlait puis enfonçait le tuyau dans le crâne de la poupée. Celle-ci, relâcha immédiatement Aya, morte sur le coup. La fillette reculait avec ses mains sur le sol glacial, le souffle coupé. Sonnée, elle prit la lampe torche que lui refilait la jeune femme puis, fut rapidement relevée, et, encore une fois, fut entraînée dans la course. La blonde tenait fermement sa main. Avec son autre main, elle gardait son arme, fuyant l'attaque des poupées qui volaient, sautillaient de partout, chassant aussi les deux filles.

Après avoir remonté les escaliers, Helen eut une idée. Elle fronça des sourcils et accéléra la cadence, en veillant à ne pas faire tomber Aya derrière. Elle passa rapidement dans la salle à manger puis dans la cuisine. La respiration sifflante, elle fouillait partout. La blonde récupéra un maximum de produit inflammable. Avec l'aide de la fillette, elle put trouver même de l'essence et en versa partout, de sorte à ce qu'elle puisse mettre feu dans la maison.

« — Te voilà, Aya ! »

Le docteur fou ricana, en approchant de sa fille, qui se trouvait dans les couloirs. Alors qu'il réduisait la distance entre eux, il sentit deux lances s'enfoncer dans son ventre. Les yeux ronds, du sang s'échappant de sa bouche, il fut sonné. Les deux gardes russes, venaient de bouger volontairement, dans le but de le tuer. Helen, sortit de la salle de bain, haletante, retira le bouchon de la bouteille et aspergea l'homme d'acetone. Il se mit à gémir et grommeler.

Helen sortit sa boite d'allumette et mit feu sur le petit bâtonnet. Les yeux exorbités, Alfred, d'une voix fébrile, s'adressa rapidement à sa fille.

« — Aya. Aya ! Cette femme veut me brûler vif !

— ....

Tu ne veux pas qu'elle me fasse du mal, pas vrai ?

...Tu m'as fait mal. À moi, à maman... à Maria... et aux autres... »

Aya tremblait et se mit à pleurer.

« — Je suis désolé père... désolé...

...Aya ?

C'est fini. Plus personne souffrira ! »

Helen lâcha la petite flamme. Instantanément, le feu se répandit. Et, engloba également le géniteur de la fillette. Ce dernier, hurlait de douleur. Il se débarrassait dans un premier temps sa veste blanche et continuait d'agoniser. Dans un élan désespéré, le fou prit fuite, au rez-de-chaussé. Aya le suivit, choquée qu'il puisse bouger malgré les lances plantés dans son corps.

Le feu prenait ampleur. L'air devenait lourd et l'oxygène commençait à manquer. Des craquements de faisait entendre de partout et les flammes effectuaient des danses endiablées un peu partout. Les revêtements de surface des murs, du sol et du plafond s'embrasaient également. Une quantité croissante de fumée et de chaleur augmentaient considérablement. À son rythme, avec le développement de l'incendie, une nappe de gaz brûlant se formait sous le plafond. Helen accourait jusqu'à l'entrée et écarquillait ses yeux noisettes en voyant Aya enlacer son père au premier étage. Tous deux, étaient consumés par les braises. Affaiblit, le père s'écroulait. Aya le retenait et pleurait. Soudain, le géniteur la repoussait. Les barrières, tombaient, brûlaient aussi.

Agissant le plus rapidement possible, Helen remontaient les marches, pour retenir la poupée de rattraper son père, qui tombait du premier étage, avec des débris. Tout s'enchaînait trop rapidement, l'enterrant. De justesse, la blonde avait pu retenir la noiraude de plonger. Elle lui tenait sa main, haletante. Avec l'embrassement, toute la pièce principale, se teintait de rouge. La main moite, la jeune femme sentait que la petite fille allait glisser. Son coeur se compressait douloureusement à la poitrine. L'idée de lâcher une pauvre enfant qui se réveillait d'un cauchemars lui faisait mal intérieurement.

« — Retiens ma main !

Je veux le rejoindre. Murmurait Aya, la voix brisée.

Pas comme ça... Souffla Helen, mal.

...hé, j'ai appris que tu aimes jouer du piano, c'est vrai ? »

Les yeux larmoyant, Helen acquiesçait.

« — J'aimais chanter. Tu crois, que si on s'était connu plus tôt... on aurait joué ensemble ? Lui demanda la noiraude.

Bien sûr ! On se serait amusé ! Lui affirma la jeune femme en pleurant.

D'accord... »

Avec un petit sourire, Aya pivotait sa tête.

« — Merci de m'avoir aidé... de nous avoir aidé... »

A cause de la sueur, la main de Helen relâcha involontairement la petite fille. Lourdement, la noiraude chuta à son tour, s'écrasant sur les débris, brûlant avec le reste. Tremblante, Helen restait immobile. Une secousse la fit rappeler à l'ordre et le coeur lourd, elle descendit. Les escaliers furent soudainement, défoncés. Laissant seul, un gros trou avec des débris. Choquée, la blonde prit de l'élan et sauta pour arriver par terre.

Malheureusement pour elle, elle se réceptionna mal et tomba sur son bras gauche. Toute endolorie, elle boitait, se dirigeant vers la porte d'entrée. Toutes les poupées qui bloquaient la sortie, avaient disparues.

« — Merci beaucoup. »

Avant de pousser les portes, Helen se retourna. Il y avait la famille réunie, en apparence de fantôme. Tous lui souriaient gentiment, excepté Alfred. Celui-ci, était allongé, sur les genoux de Monika, qui posait une main sur la tête de ce dernier. À coté d'elle, Aya, aussi à genoux. Derrière elle, debout, Maria. Difficilement, Helen leur sourit en retour puis sortit.

En s'écroulant un peu plus loin sur l'herbe, Helen haleta. Son visage était un peu noircit à cause de la fumée et elle transpirait. Sa frange lui collait au front et elle se sentait complètement lessivée. Le ciel, toujours plongé dans l'obscurité, dégageait enfin, un peu de lumière. En effet, des étoiles parsemaient ce voile sombre, redonnant un peu de lueur d'espoir. Une voie lactée se dessinait non loin, avec une lune en croissant. Cette vue était apaisant. Et cet air, si frais, lui faisait aussi du bien. Doucement, ses muscles se décontractaient et sa respiration devint plus régulière. Les paupières lourdes, la blonde se laissa cueillir par les bras de Morphée, après cette terrible épreuve qu'elle venait de vivre.

Pouvait-on considérer ceci comme une victoire ? Elle se le demandait. De toute façon, une chose était sûre. La malédiction, venait de prendre fin. Et la maison, sera réduite en cendre, ne laissant plus rien, sur son passage.

[ Cinq années plus tard ... ]

La foule était arrivée dans le plus grand théâtre de l'Allemagne. Plusieurs allemands et étrangers avaient achetés des billets pour venir assister au concert d'une célèbre pianiste. Sa carrière avait commencé il y a quelques années et ses chansons, morceaux avaient envoûtés un grand nombre de public.

Dans une pièce réservée pour le personnel, après s'être maquillée, Helen dégusta un macaron rose. Elle releva brièvement ses yeux noisettes, observant son reflet à travers le miroir. Depuis le début de sa carrière, elle s'était coupée les cheveux, style garçon manquée. Portant des boucles d'oreilles dorés, bracelets fantaisies. Elle portait un collier ras cou couleur noir, style victorien avec une robe aussi élégante victorienne, de même couleur, avec des reliefs rouges. La blonde réajusta sa frange sur le coté. La porte à coté s'ouvrit, avec sa manager, lui prévenant que c'était l'heure du concert.

Doucement, Helen se leva de son tabouret, en quittant son meuble de coiffeuse, composée de plusieurs LED sur les cotés. En quittant les couloirs, elle salua l'équipe de production avec un bref sourire et passa à travers les longs rideaux rouges. La pièce était gigantesque. Un monde de folie était présent, y comprit sa famille. Après l'accident qu'il s'était produit il y a cinq ans, Helen était retourné chez eux. Elle s'était battu avec ses parents, avait été clash sur beaucoup de points avant de emménager dans un appartement. Pour économiser sur ses projets. Au fil du temps, la tension au sein de sa famille s'était atténuée et à coté, la jeune femme était devenue une véritable artiste, une pianiste renommée.

Libre et plus confiante que jamais, elle ne se laissait plus être piétinée. Maintenant, elle vivait dans une belle demeure, avec des servants fidèles, qu'elle chérissait autant que le majordome qui était mort dans la résidence Drevis. La blonde salua le public en souriant. Après tout ces épreuves, malgré tout, elle gardait secret son don de médium. Elle voyait quelques esprits, mais ce n'était plus trop dérangeant pour elle. Parmi la foule, quelqu'un tirait du lot, ce qui la surprit.

Ogre était assit dans le premier rang. Applaudissant, avec un sourire amusé. Helen garda une expression neutre et vint se placer sur le petit tabouret, face au piano. Avec son micro, elle fit une annonce au public, calme.

« — Je dédie ce morceau pour une enfant. Que j'ai connu suite à un accident. Elle se reconnaîtra. »

Helen ferma ses yeux.

« — Je nomme cette chanson, Doll's Song. »

Attirant toute la curiosité de ses fans, elle prit une grande inspiration puis chanta, tout en jouant du piano.

Ogre se leva, remettant son chapeau sur sa tête, quittant sa place, remontant les marches, en direction de la sortie. Il ignorait les regards des personnes choqués, se demandant pourquoi il partait dès le départ du concert.

The End.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top