Hanako X OC

Manga/Anime: Toilet-Bound Hanako-Kun

Titre: My little happiness 

Nombres de mots: 35.785

Sujets à avertir au lecteur: Drame - légère romance - Dépression

Note de l'auteur: L'OC est féminin!

Bon bah celui-ci je crois qu'il aura été mon plus long. Qu'il m'a prit un sacré long moment. :') Je suis dans ma semaine de vacances, autant dire que j'ai passé la moitié à me focaliser sur celui-ci. J'espère qu'il sera à la hauteur! J'aime trop faire Hanako, il est adorable. (Puis j'ai relu 5x les tomes pour être sûre que je zappe rien. Ah et si y a des détails qui vous sembles "bizarres" pas de panique! J'ai eu un peu carte blanche alors je me suis laissée emporté!) 

Prochainement je ferais une petite mise à jour ce livre, alors s'il y aura des changements, pas de panique! Je ferais juste du nettoyage pour remettre un coup de jeune. Et si on me redemande encore et encore la même question; non je ne prends pas de commande. Bye bye! 

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La rumeur. Un nom féminin, qui désignait un phénomène de transmission large d'une histoire à prétention de vérité et de révélation par tout moyen de communication formel ou informel. Des messes basses, qui des suppositions qui se répandaient partout. Facilement, on pourrait deviner que c'était une source qui apportait de la confusion ou parfois du mal. Bien évidemment, la personne même qui a débuté ce potin, avait soit un objectif de nuire quelqu'un ou bien au contraire, faire l'effet inverse.

Au lycée Kamome, il y avait régulièrement des rumeurs qui circulaient.

À croire que cette école était l'épicentre des phénomènes étranges.

Après la sonnerie, tout les élèves furent libérés du dernier cours de la journée. Tous pouvaient rentrer chez eux, aller se détendre entre amis à l'intérieur avec leur club ou bien à l'extérieur. Après avoir salué sa meilleure amie, la jeune fille fredonnait une de ses mélodies préférées dans les couloirs. Se déplaçant d'une allure tranquille et paisible, ses longs cheveux crèmes, aux mèches dégradés par un penchant vert suivaient ses mouvements. Elle avait une petite frange à son front, courte, pour laisser voir son front. Deux barrettes de cornes noires des deux cotés de son crâne. Une lycéenne savait où se diriger, avec un air niais et détendu. Son uniforme, était composé d'une robe marin de couleur crème, descendant jusqu'à ses genoux et l'ourlet était festonné. Ses poches et manches étaient marrons, comme pour son nœud au col, qui comprenait avec, des rayures. Dessus, une broche tête de mort, qui indiquait son style bien à elle. Comme tout autre étudiants, des pantoufles à ses pieds. Puis, un long collant marron foncé – penchant à du noir –.

La seule partie qui la différenciait des autres filles de son lycée niveau physique ; ses chevilles. Elles étaient énormes, difformes. Pour cette étudiante, il s'agissait clairement de son plus gros défaut physique, en dehors du fait qu'elle manquait de taille poitrine. La jeune fille désirait se sentir plus belle, plus attirée par la gente masculine, surtout par de beaux garçons. Oui, elle se voyait être la petite princesse, qui attendait son beau prince charmant. Tout le monde avait un rêve. Pour cette lycéenne, c'était d'être en couple. De rencontrer un garçon craquant, classe et fort, qui saurait l'accepter, la traiter avec délicatesse, avec amour et la mettre en valeur. Sa meilleure amie lui avait confié que si elle irait dans les toilettes des filles, du coin le plus évité des élèves dans le hall C au deuxième étage suite à une rumeur, son vœu pourrait être exaucé.

Hanako-san, une légende urbaine connue au Japon. L'esprit d'une jeune fille se trouvant dans la troisième cabine des toilettes si on toquait trois fois à la porte, l'appelait trois fois d'affilé, elle répondra. Elle était souvent reconnue avec des cheveux sombres et une robe rouge. On racontait que si on faisait appel à elle, qu'on lui faisait part de son vœu, il pourrait être exaucé. Seuls les plus courageux auront ce privilège.

Yashiro Nene l'avait fait. Déterminée à ce qu'elle devienne plus populaire, qu'elle ait plus de chance. Après tout, elle était insultée de « navet » à cause de ses chevilles trop volumineuses. Rien que ça, elle repoussait les garçons. Si ce n'était pas une malédiction, elle ne verrait pas ce que ce serait sinon ! Depuis son jour où elle a communiqué avec l'esprit, sa vie entière a changé. Littéralement. En bien ? Elle ne saurait le dire.

Le premier détail à prendre en considération : ce n'était pas une fille fantôme qui hantait les toilettes mais un garçon ! Ce fait l'avait bousculé, prise au dépourvue, dans un premier temps, la lycéenne avait cru à un pervers. Ce qui n'était pas le cas. Il était tout simplement une autre version de l'ancienne légende. Ce garçon, noiraud, se dénommait Hanako-kun.

En tout cas, une chose était certain ; elle ne regrettait rien. Mis à part que des fois, Yashiro avait l'impression d'être une pauvre esclave malmenée par cet esprit garçon, qui flottait avec deux follets restaient à proximité de lui. Le noiraud la charriait sans cesse et l'embarquait dans d'étranges aventures au sein de l'école. Et pour couronner le tout, elle n'était plus entièrement humaine ! Oui, suite à un « accident » - enfin, si on pouvait appeler ceci puisqu'elle avait avalé une étrange gélule sans écouter les avertissements de Hanako -, si elle touchait l'eau, des écailles apparaissaient sur sa peau et sinon, elle se transformait complètement en poisson ! Si ce n'était pas terrible comme malédiction ça ! Yashiro fut finalement liée avec le garçon fantôme qui lui aussi, avait avalé une écaille de poisson, pour atténuer les effets de la jeune fille.

Contrainte d'être son assistante, la lycéenne apprit que Hanako était le septième mystère de l'école Kamome pour expédier à ses pêchers et avait pour rôle de maintenir l'équilibre entre le monde des humains et le monde surnaturel. Dernièrement, il y avait eu beaucoup d'infractions parmi les êtres surnaturels, ce qui conduisait à Yashiro de devoir gérer la source du problème. Bien sûr, ceci avec l'aide de Hanako et de leur ami exorciste ; Kou Minamoto. Ensemble, ils formaient un super trio, pour faire régner la paix dans le lycée.

Enfin, ceci dit, c'était le point de vue de la jeune fille.

Le mois de juillet avait débuté. Un énième événement inattendu s'était produit. Après avoir été engloutit dans le monde des miroirs, avoir apprit que Mitsuba, un fantôme, était devenu le troisième mystère de l'école par Tsukasa, le frère jumeau de Hanako – totalement opposé à lui, il était malveillant. Il semait le chaos dans l'école, estimant qu'il ne devrait pas avoir d'équilibre entre le monde réel et le surnaturel -, l'ambiance avait quelque peu changé. Il s'était avéré que Kou connaissait Mitsuba. Malheureusement pour lui, l'esprit avait perdu sa mémoire. Il ne reconnaissait plus l'exorciste.

De ce fait, son moral avait prit un sacré coup.


Noooon, il s'est vraiment confessé à toi hier après les cours !

Ouii ! Ronronna une élève de terminale, toute épanouie. Non seulement il m'a déclaré être fou amoureux de moi, que j'étais la plus belle fille de l'école. Mais il m'a en plus invité à une sortie !

Alors toi, tu as trop de la chance ! Lui sourit son amie. Au moins, ça c'est clair, comparé à toi, elle est horrible, hein ?


Étrangement, la conversation des deux filles interpellait Yashiro. Elle ralentissait ses pas, son sourire jovial, se faisait doucement remplacé par quelque chose de plus amer. Des gloussements s'échappaient de derrière elle. Ce que l'adolescente put retenir d'elles, était ceci « J'aurais si honte de sortir avec ces chevilles énormes ! ». On se moquait de son apparence. La bonne humeur fut balayée d'un simple coup de balais. Assez vite, Yashiro reprit sa cadence, direction des toilettes des filles.

Après tout, en tant que assistante d'un esprit, elle se retrouvait aussi être dans l'obligation de nettoyer les toilettes. Avec un pincement au coeur, la lycéenne se rendit au plus vite dans l'endroit le moins convoité par les autres étudiants. Aussitôt, la jeune fille s'entreprit à préparer un sceau d'eau. La fenêtre à carreaux de verres était submergée par le coucher du soleil, celle-ci, remplissait la pièce par les couleurs chaudes de l'été. De la poussière s'élevait à proximité du champ de lumière, offrant un effet translucide, presque brillant, pouvant faire croire qu'il s'agissait des paillettes qui flottaient dans l'air, sans aucune gravité. La porte fermée, on ne pouvait entendre les voix des lycéens dans les couloirs. Tout était calme.

Seuls les cliquetis des gouttes d'eaux rompaient le silence. Yashiro posa le sceau sur le plancher de bois ancien, mit ses gants caoutchoucs roses, attrapa une manche avec serpillière et vint plonger l'outil ménager dans le sceau. Ses magnifiques orbes rose orangés étaient presque livides. Son corps était mou. La motivation avait disparu sur son emploi du temps. Cendrillon aurait été enchanté à coté. Pour l'adolescente, l'optimisme manquait à l'appel !

Remuant la serpillière dans le sceau d'eau, la lycéenne exhala un soupir. Son esprit était trop préoccupé par les moqueries des deux filles en terminale. En plus elles avaient sous entendus que les jambes de Yashiro faisaient fuir les garçons – pas ouvertement, cependant le coeur de l'adolescente l'interprétait autrement –. Une énième fois, le moral au plus bas, la jeune fille soupira. Extirpant la manche, Yashiro se mit à nettoyer le sol. Les sons de l'eau qui se faisaient éparpiller animaient la pièce close.

Défilait subitement une boule blanche devant elle. Celle-ci, se déplaçait tranquillement, sans faire le moindre bruit. Toujours mutique, l'assistante du septième mystère comprit que Hanako était là. Le noiraud flottait dans les airs, les mains dans les poches du pantalon de son uniforme. Ses orbes marrons avec un penchant doré fixaient intensément la lycéenne. Son silence et son absence de popotin était lourd, affligeant. Une personne aussi rayonnante, pleine de vie être aussi déprimé l'atteignait. Le garçon fantôme plissa ses yeux, étudiait un court moment son assistante puis, se daigna enfin à prendre parole :


Qu'est-ce qu'il y a Yashiro ?

Oh rien, je suis juste une mocheté de daikon qui n'a aucun succès auprès la gente masculine ! S'exclama Yashiro en s'apitoyant sur son propre sort.


Hanako esquissait un sourire. Depuis le temps qu'ils se connaissaient, il se sentait attiré par elle dès le début. Avec le temps, il a apprit à apprécier tout chez elle. Ses défauts avec, avec tant bien que de mal – après tout, il fallait relativiser, lui aussi, avec ses défauts. Personne n'était parfait, le septième mystère de l'école s'en doutait –. Il reconnaissait toutes les mimiques de son assistante, savait pour les sujets qui fâchaient. Lui seul, avait l'art et la manière pour lui changer les idées. Après tout, Yashiro était précieuse pour lui. En quelque temps, le noiraud avait réapprit à aimer; des années après une séparation déchirante, Hanako avait retrouvé le goût de aimer, de profiter l'instant présent et de ne plus se sentir seul ; à envier les humains. Aujourd'hui, l'esprit faisait de son mieux, ne voulait pas se laisser être submergé par de sombres pensées.

Le garçon fantôme jonglait avec ses masques de différentes émotions, pour les théâtres.

Un sourire moqueur naquit sur ses lèvres. Hanako leva ses pouces en l'air.


Sois rassuré, tu es la plus belle des daikon que j'ai jamais vu !


Un compliment assez explicite et mal placée pour ce contexte.

Il avait un quart tour d'avance sur elle. La réaction de Yashiro était déjà toute tracée. En effet, la lycéenne éleva sa serpillière gesticula dans tout les sens pour frapper le garçon. Elle pimait, irritée par les rires du jeune garçon qui esquivait ses attaques.


Ce n'est pas drôle Hanako-kun ! Personne n'aime mes jambes ! Ça fait fuir les autres !


Yashiro était contrariée. Les avis des autres lui tenait à coeur. De suite, le noiraud plissa ses yeux, soupira, se résigna à stopper son petit jeu. Son corps redescendit de son apesanteur, ses chaussures basses noires se posèrent sur le plancher puis, Hanako réduisit la distance entre lui et l'adolescente. Délicatement, il posa sa main sur le crâne de son assistante. Cette dernière rougissait, ses iris aux couleurs chaudes s'écarquillaient. D'une petite voix mal assurée, elle prononça le nom du garçon. Son coeur martelait bruyamment contre sa poitrine. Ses poumons gonflaient, aspiraient plus d'oxygène que habituellement. L'adrénaline pulsait dans son sang, la rendant toute chose.


Ne te dévalorise pas comme ça. Tu es très bien comme tu es. Tu n'as pas besoin de changer quoi que ce soit.


Le rouge allait jusqu'à ses oreilles. Yashiro estimait que ses paroles faisaient un effet de baume pour son organe vital. Ses pupilles s'arrondissaient, surprise que l'esprit rougissait légèrement avec une moue gênée. Le timbre de sa voix avait nettement changé ; il était embarrassé.


C'est juste les autres qui ne se rendent pas compte que tu es...


Sans achever sa phrase, Hanako laissait en suspens. Son assistante attendait impatiemment, toute rouge, attentive. Il y avait un air qui faisait croire qu'elle était une petite fille qui attendait son cadeau de Noël.


Que tu es... reprit-il, sur un ton plus posé. Une belle pousse !


Le noiraud leva ses deux pouces vers le haut, avec un énorme sourire béat. Un silence s'installa. Toute l'ambiance jusqu'ici féerique, chuta brutalement, de façon absurde et comique. La jeune fille fut écrasée par le poids de la déception et l'embarras. Ses doigts resserrèrent de plus belle la manche de sa serpillière. D'un rire moqueur, le garçon recula, croisa ses bras derrière sa tête, jugeant cette situation hilarante.


Mais qu'est-ce que tu attendais au juste ? Lui nargua le septième mystère de l'école, avec un rictus au coin de ses lèvres. Yashiro, coquine...


Toute rouge, Yashiro se mordit les lèvres. Prise sur le fait, elle se sentait complètement démunie, mise nue. Hanako la connaissait que trop bien. Était-elle un livre ouvert ou bien était-ce lui qui avait un genre de don pour savoir tout d'elle ? La lycéenne se sentait oppressée. Pour elle, c'était injuste. Après tout, la jeune fille aux longs cheveux crèmes n'avait pas assez d'informations concernant ce garçon fantôme qui ne la laissait pas si indifférente que ça. L'adolescente n'aimait pas de ne pas avoir de répartie. Certes, Hanako lui avait promis de lui communiquer plus sur lui un jour. Toutefois, ce ''un jour'' la faisait trop languir. Sa curiosité s'enflammait tellement, ce brasier était impossible à éteindre si tôt. En effet, Yashiro mourait d'envie d'acquérir au plus vite tout ce qui concernait le septième mystère de l'école.

Derrière son caractère taquin, insouciant, se dressait une carapace. Intangible, limite troublant. Autour du noiraud, qui avait un patch, ou plutôt un sceau blanc sur sa joue, il avait un étrange voile grisâtre qui l'enveloppait. Le rendant ainsi, énigmatique et à la fois imprévisible. Cet esprit était difficile à cerner. Si on venait à lui parler de son passé, il se braquait. Devenait nerveux et ses actions étaient inattendus. Peut-être fallait-il du temps pour lui ? Dans tout les cas, le mystère qui planait autour de lui était si vaste, que l'on pourrait s'y perdre si on venait s'y aventurer.

Yashiro sentait remonter en elle, une boule assez rigide jusqu'à sa trachée. Sa gorge l'irritait. Une question la taraudait. Certes, il s'agissait qu'une question très cash, directe, cependant, l'assistante du septième mystère de l'école était guidée, poussée par le désir de lui poser cette interrogation qui persistait au bout de sa langue. Après tout, Kou n'était pas là. Et qui sait, l'exorciste n'aurait probablement pas apprécié entendre ces mots.


Hanako-kun...


Yashiro ancra ses orbes rouges dans les iris ambrés du garçon. Ses paroles plus tôt l'avait profondément touché, si on oubliait ses petites taquineries. Avant qu'ils ne se connaissent, avait-il rencontré d'autres personnes qu'elle ? Combien de temps avait-il côtoyé ces individus ?


Je me demandais... est-ce que... avant moi, tu as rencontré d'autres personnes ?


Question certes, absurde, toutefois, elle avait envie d'entendre sa réponse ici et maintenant. Elle nota le visage d'abord surprit de son ami, qui tantôt, s'assombrissait. Il abaissait son chapeau noir avec un emblème doré au centre. Sa voix, était légèrement distante.


Ouais.

Et... tu as déjà eu des assistants comme moi ? Des amis ?

Jusqu'ici, je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi stupide pour avoir avalé un cadeau d'un esprit. Se moqua t-il, avec un rictus visible sur son visage.


La lycéenne se raidit. Touché.


Je suis ici depuis plus de cinquante ans, alors oui, j'ai rencontré des gens... Avoua t-il, en avançant jusque vers la fenêtre. Ses yeux ambré émanaient une lueur remplis de tristesse. Les mains dans les poches de son pantalon, il s'appuya contre le mur avec son épaule droite, observant les lycéens partir joyeusement de l'école, au coucher du soleil. J'ai vu les générations changer, la technologie évoluer et j'en passe...

...Ca devait être long. Commenta tristement Yashiro, partageant la douleur et la solitude du garçon.

Ce n'est rien. Disait Hanako, sur un ton détaché. Je mérite. Et pour revenir à ta question, je n'ai pas tant rencontré ni échanger avec des personnes... c'était.. rare. Peut-être une personne chaque année. Ou deux, avec un exorciste.


Il prit une pause avant de reprendre. Sa peau était plus éclaircit et teintée d'une couleur orangé avec les vaisseaux du soleil couchant à l'horizon.


Tu es ma première assistante. Et... la deuxième personne qui a insisté pour me connaître et vouloir devenir mon amie.

Oh ? S'étonna Yashiro, de suite intriguée. Et tu revois cette amie ? Vous échangez encore ? Vous...

Ca fait longtemps que je n'ai plus contact avec elle..


Instantanément, l'adolescente se figea. Elle écarquillait ses yeux, estomaquée par cette révélation. D'une voix blanche, elle parvint à lui demander :


Pourquoi ?


Très vite, pour ne pas en tirer des conclusions hâtives, elle fit le calcul dans sa tête. La personne devait être encore vivante. Plus âgée. Probablement qu'elle avait déménagée, ou quelque chose du genre. Des amis, ça ne s'abandonne jamais après tout ! Ou peut-être qu'elle voyageait dans le monde, étudiait à l'étranger...


Ce... Hanako hésitait. Préférant écarter son amie de cette histoire, il opta pour fermer cette conversation. C'est trop tôt pour que je t'en parle.


Ne partageant pas cet avis, Yashiro abandonna derrière elle la serpillière qui tomba par terre. La lycéenne s'agrippa au plus vite à la manche du garçon. Son coeur gonflait. Ses orbes aux chaudes couleurs étaient larmoyant, comme si elle était connectée aux sentiments de Hanako. Pour ajouter à sa détermination, les rayons lumineux qui traversaient le verre amplifiaient la lueur dans les yeux de l'assistante du septième mystère de l'école. Il n'était pas question qu'elle fasse marche arrière. Encore moins s'il s'agissait de lui.

S'ils pouvaient discuter ensemble, peut-être que Yashiro pourrait alléger le coeur du garçon. Beaucoup lui pesait, elle le pressentait. En manque d'information, elle ne pouvait que se contenter de ce qu'elle avait sous la main. Forcer les gens n'était pas quelque chose à faire. Elle le savait. Cependant, son corps et tout son être la poussait à agir de la sorte. Téméraire, la lycéenne répétait à Hanako qu'elle voulait tout écouter. Ici et maintenant. Et ce, sans même qu'il évite la conversation. La réticence du noiraud se lisait parfaitement sur son visage. De ce fait, son assistante appuya sur une justification : « Entre amis, on est sensé se serrer les coudes ! Alors ne me fuis pas et raconte-moi au moins ça ! Je suis sûre qu'elle aurait aimé que tu te confies ! ».

Son affirmation le fit raidir. Hanako écarquilla ses yeux ambrés, ses lèvres, légèrement entrouvertes, n'échappaient aucun son. Elle marquait un point. Il avait une impression de déjà-vu. La silhouette de son amie se trouvait derrière Yashiro, avec le même regard qu'elle. Bien évidemment, il s'agissait que le fruit de son imagination. Quand bien même que ça l'était, le septième mystère se sentait terriblement mal. Ses douloureux souvenirs ravisaient, cisaillaient son coeur inexistant, le faisant grimacer. Pour lui, parler à voix haute de sujets sensibles était atroce, un véritable supplice. Un moyen pour énoncer ses crimes, pour qu'il puisse culpabiliser encore plus. Le couteau sera remué dans sa plaie, ouvrant de nouveau ses gros regrets, ses peurs, à la vue et à l'écoute de tous.

Yashiro le retenait et était plus que déterminé à le retenir, jusqu'il puisse confesser. Le garçon fantôme plissa ses yeux et prit un moment pour inspirer un coup et redresser sa tête, faisant face à son amie. Les épreuves dernièrement ont été éprouvante et Kou aussi n'était pas dans son assiette. Il n'avait pas envie de mettre son assistante à dos non plus.


Son nom était Hoshi Kioshi. Elle était en seconde dans ce lycée... Et cela remonte en mille neuf cent quatre vingt dix huit...


Calculant de tête, Yashiro en déduisit que Hanako devait avoir plus de vingt ans après sa mort. Elle se pinça les lèvres, attentive à la suite. Même des invités inattendus, se situant sur les lavabos, tendirent leurs oreilles roses pour apprendre plus sur l'esprit. Les petits mokke, sous forme de lapins sans pattes s'étaient incrustés sans permission.

Hanako révéla tout à son assistante adorée, bien qu'il ne se sentait pas si serein de tout lui transmettre. L'impression qu'on lui rouvrait une plaie cicatrisée avec le temps lui était infernal, difficile.

Les souvenirs restent. Le cerveau ne retient que les événements importants, les bons comme les pires. S'il était si facile d'oublier, de tourner la page, alors peut-être qu'il ne culpabiliserait pas encore aujourd'hui.






En année mille neuf cent quatre vingt dix huit ; dans la ville Kamome.

Trois semaines se sont écoulés depuis la rentrée. Le ciel était complètement dégagé, bleu. Le soleil brillait, les oiseaux chantaient et le son des feuillages apportaient eux aussi, un peu d'animation en cette saison printanière. Les bourgeons avaient enfin éclos, les fleurs de sakura avaient embellis les arbres de cerisiers, leur éclat rose, rendait la vue plus belle au Japon. Les pétales qui se décrochaient, menaient leur danse tranquille, guidées par le vent et la gravité vers le sol, ou sur la rivière qui était située à coté du chemin, séparée par une longue barrière métallique basse. La route était colorée, plusieurs personnes qui passaient par là écrasaient les pétales, continuant leur occupation, leur vie monotone.

Au bout de ce parc, une zone marchande, avec soit des vendeurs ambulants ou tout simplement des commerçants qui tenaient des stands comme des taiyaki, takoyaki, ou encore de fruits et légumes, du poisson, de la viande... une épicerie s'y situait aussi, avec un magasin qui vendait des magazines et journaux. Par ici, il y avait un peu plus de monde qui venait faire leurs achats, notamment les personnes les plus habitués du secteur. Une jeune fille traçait son chemin et pivota sa tête, remarquant un élément inhabituel qui se trouvait sur la route qu'elle empruntait tout les jours. Sur un poteau électrique, un avis de recherche, sur lequel la photographie démontrait un chien perdu, avec les cordonnés du propriétaire du pauvre animal porté disparu sous cette photo. Après avoir retenu la race de l'animal, le collier et l'emplacement de l'avis de recherche, l'adolescente reprit son chemin, espérant que le propriétaire soit de nouveau serein en retrouvant son chien. En tout cas, si jamais l'adolescente venait à l'encontre de ce shiba, elle ferait de son mieux pour le ramener à son maître. Personne ne méritait de stresser autant, dans l'attente d'avoir des nouvelles de son compagnon de tout les jours.

Vêtue de l'uniforme du lycée Kamome, avec des collants noirs qui remontaient au-dessus de ses rotules, avec un petit symbole d'étoile visible au bout du tissu. À l'extérieur de l'école, à ses pieds, une simple paire de basket. Ses cheveux bruns étaient tressés, quelques mèches rebelles fuyaient les autres, suspendues dans le vide, chatouillaient au passage les joues rosies de la jeune fille. Se dirigeant vers l'école, seule, elle tenait dans ses deux mains, son sac en cuir noir. Sur la fermeture éclair, deux portes clés ; un maneki-neko - chat de fortune - puis une fausse fraise. La distance qui la séparait de son école se réduisait petit à petit. Des lycéens traçaient, se saluaient les uns des autres, demandant à leurs camarades et amis comment ils allaient avant d'engager de suite une conversation. La brunette leva doucement ses yeux, ses orbes vertes claires observaient les autres jeunes avec une certaine curiosité et envie. Silencieuse, ses jambes ne s'arrêtaient pas, la conduisant dans la cour de l'établissement scolaire.

Elle croisait de plus en plus de groupe, ce qui la mettait peu à l'aise. Ses mains devenaient moites, sa respiration s'accélérait et toute tendue, la brunette tentait tant bien que de mal d'écarter son malaise. Elle pressa le pas en plissant ses yeux, restant objective. Aujourd'hui il y aura un oral en cours d'histoire. Heureusement, la lycéenne avait bien révisé la veille, bien qu'elle ne soit certaine de pouvoir réussir. D'ailleurs, il n'était pas seulement question de ça. L'oral était la pire chose qui soit. Parler en public. Devant les autres la faisait stresser.

Bien sûr, l'oral était aussi un travail de groupe. Un camarade de classe avec qui elle était, l'avait bien aidé dans son devoir et tous deux s'étaient répartis les tâches. Le dossier était bouclé. Ils avaient donc leur oral à faire en duo puis, individuellement, ils devaient rendre une copie. Un devoir très long et épuisant. Hoshi ne se sentait pas très rassurée, sachant que depuis petite, l'idée de faire un discours n'était pas son point fort. En effet, elle manquait cruellement confiance en soi, paniquait assez facilement pour de l'oral et surtout, elle n'avait pas de véritable ami sur qui compter pour la soutenir.

Pénétrant à l'intérieur de l'école, après s'être avancé jusqu'à son casier, avoir changé ses baskets pour une simple paire de pantoufles dégueulasse que tout élèves portaient dans l'établissement, la brunette nota les humeurs de tout le monde, tout en ressentant un pincement au coeur, appuyé par son envie de retrouver ses jours heureux. Après tout, quand elle était au collège, elle aussi, avait eu des amis. Et Hoshi savait plus que tout que l'amitié était ce qui était de plus précieux au monde. Suite aux aléas de la vie, elle a été séparé d'eux ; un déménagement, les plus âgées entraient au lycée et les autres lui avaient tournés le dos. Abandonnée à elle-même, la lycéenne avait étonnamment du mal à s'intégrer avec de nouveaux groupes.

En fait, si, elle avait cette aura lumineuse qui attirait les autres. Elle s'entendait bien avec les autres camarades de classe. Cependant, la brunette évitait de trop s'attacher à qui que ce soit.

Un blocage interne, suite à une peur d'être de nouveau abandonné, d'être déçu par quelqu'un. Une phobie assez connue. Intérieurement, Hoshi pensait être le genre de personnage pathétique qu'on pouvait retrouver dans des romans. Bien sûr, elle n'avait aucune envie d'entrer dans la peau d'une personne malheureuse, qui cherchait de la pitié, de l'attention. Non, la brunette avait simplement envie d'avoir une personne qui la comprenait, réellement, sans qu'elle ait besoin de se voiler le visage avec un sourire, qu'elle puisse vraiment avoir une meilleure communication avec quelqu'un. Un vrai ami. Une honnête personne qui voudrait l'inviter à s'intégrer dans un groupe, sans qu'elle le fasse par elle-même. De peur de déranger.

Se la jouer dans la peau d'un personnage victimisé ne lui plaisait pas. La jeune fille essayait de faire des efforts, pour qu'elle puisse de nouveau ouvrir son coeur aux autres, cependant, quoiqu'elle fasse, son corps était paralysé et sa voix était éteinte.

Les messages qu'elle voulait transmettre ne ressortaient pas. Ses cordes vocales étaient affaiblis, voire inexistantes. Il n'y avait aucune communication, ce qui rendait les échanges plus compliqués. En dehors des cours, il y avait rien. Un vide absolu.

La main sur la poignée encastrée rectangulaire, la lycéenne ouvrit la porte coulissante en la faisant écarter sur sa droite. Dans la salle de classe, il y avait déjà quelques élèves. On la saluait gentiment, ce qu'elle leur retournait avant de remarquer qu'ils étaient déjà tous occupés à papoter ou à relire leur devoir. Le premier cours étant qu'il s'agissait de l'exposer à l'oral. Un sacré bon départ pour cette journée, si on pouvait dire cela.

Prenant place sur son bureau attitré, Hoshi tira sur sa chaise et s'y assied. Plaçant son sac sur la table, la brunette ouvrit la fermeture, sortit ses affaires, cahiers avec. Se plongeant dans sa révision, le calme ne perdura pas plus longtemps ; un des élèves les plus populaires de sa classe venait de faire son entrée. Les iris verts de la jeune fille considéraient le garçon si joyeux et toujours entouré. Il était la définition même des individus extravertis.

Introvertie à un certain degré, Hoshi Kioshi demeurait silencieuse et se contentait d'observer Ryoga illuminer le quotidien des autres, par ses rires et ses sourires rayonnant. Une grande partie était attiré par lui, de vrais mouches. Il était vrai que ce garçon était studieux, bon aux sports et était cool. En plus, ce lycéen était délégué de classe et faisait partie des représentants élèves de l'école Kamome. Aux yeux de la brunette, il s'agissait juste de quelqu'un de gentil. C'est tout. La seule différence qu'ils avaient entre eux, était qu'il était plus bavard qu'elle vis à vis des autres.

Alors forcément, lui, ne craignait pas la solitude. Il avait toujours sous sa poche, d'autres personnes à qui accoster. Des amis – ou peut-être qu'ils ne les considéraient pas comme tels –. Comparé à l'adolescente, qui avait simplement des potes, Hoshi préférait ne pas trop s'attacher aux autres, de peur qu'on la blesse dans le dos. Intérieurement, elle regrettait qu'un de ses meilleurs amis était partit, par... jalousie ? Juste parce qu'elle voulait se familiariser avec les autres.

Un choix qu'elle regrettait.


Bonjour, Kioshi-san !


Le coeur de la jeune fille manqua un battement à cette salutation si enjouée et amicale de son camarade de classe. Ses joues s'empourprèrent avec sa timidité, toujours pas habitué à cet approche. Son approche à lui, surtout. Toujours bruyant, animé, alors qu'elle appréciait plus le calme que les personnes trop énergiques. Son organe vital se mit à marteler plus bruyamment contre sa cage thoracique, empêchant la circulation de son sang et de l'oxygène de bien travailler. L'adrénaline grimpait en échelon. Sa voix tremblotait, la faisait bégayer à chaque mots.


B-Bonjour Akatsu-kun...


Une fois lui avoir répondu, elle remarqua que le garçon allait saluer les autres, les plus timides que elle. Ryoga Akatsu veillait à ce que tout le monde soit à l'aise dans la classe, qu'il y ait une bonne cohésion dans le groupe. Hoshi esquissait un sourire attendrit et à peine qu'elle se remit dans sa lecture, que quelqu'un la déconcentrait. Un autre camarade de classe s'était approché d'elle, en déposant une main sur le dossier de sa chaise. Les yeux marrons du garçon allait des feuilles remplis et surlignées au visage crispé de la jeune fille à la tresse.

Un sourire s'élargissait sur les lèvres du lycéen.


Tu te donne à fond Kioshi-san, ça me fait plaisir que tu veuilles nous donner une bonne note ! Lui remercia son binôme.

C'est normal... Lui sourit simplement Hoshi.

Et on est bien d'accord ? Je fais ce paragraphe là, pointa t-il du doigt sur la feuille, et tu fais lui ?


Attentive, Hoshi haussa un sourcil. Pourquoi lui mentionnait-il cela, puisqu'ils en avaient déjà parlé bien avant ? Était-ce une méthode pour se rassurer et être confiant ? Elle opina doucement.


On peut modifier ?


Les pupilles de la lycéenne s'arrondissaient. Médusée par ce qu'il venait de demander, l'adolescente croyait naïvement qu'il s'agissait d'une mauvaise blague. Pourquoi changer au dernier moment ce qui était déjà convenu ? Absurde. Avec un sourire mal assuré, Hoshi l'interrogea, vérifiant par elle-même la vérité :


C'est... une blague hein ?

Hein ? Nan pas du tout. En fait j'ai pas su retenir la moitié du notre projet.


Estomaquée, la brune sentit une vague l'emporter dans un marécage qui serait difficile à quitter. Chaque pas qu'elle effectuerait serait en ralentie.


T'vois, j'ai pas bonne mémoire, puis j'étais occupé hier soir alors j'ai pas trop révisé. Se justifia t-il, en passant une main derrière ses cheveux. Héhé.

Ce n'est.._

T'acceptes ? Mais c'est super ! T'es la meilleure camarade de classe, Kioshi-san ! S'enthousiasma un peu trop rapidement le garçon avant de s'éclipser rejoindre ses amis.


Tout prenait une mauvaise tournure. Le sang bouillait chez l'adolescente, l'information fléchait jusqu'à son cerveau et tout ses nerfs étaient en état d'alertes, ses muscles se contractaient et sa respiration se bloquait. Pour résumer, non seulement il lui refilait plus de travail comme si rien n'était, l'obligeait en plus de parler plus longtemps alors qu'elle lui avait déjà prévenu qu'elle n'aimait pas les présentations à l'oral ? Clairement, c'était un sketch. De la méchanceté gratuite. De l'irresponsabilité.

Si seulement, Hoshi avait plus de force, plus de caractère, elle ne se saurait pas privé d'aller l'engueuler à voix haute, lui faire la remarque et l'insulter par l'occasion. Tout aurait été plus simple. Bien sûr, elle pouvait très bien cafter au professeur avant le cours, pour lui transmettre ce fâcheux message qu'elle avait apprit à l'instant. Mais à quel prix ? La brunette n'avait nullement l'envie de gâcher quoi que ce soit. En y réfléchissant bien, dans un premier temps, ils avaient tous deux travaillés à l'écrit, son camarade avait participé un peu aux recherches à effectuer. Dans un deuxième temps, si elle caftait, son binôme n'apprécierait sûrement pas et pourrait très bien lui tourner le dos, emportant avec lui, son cercle d'amis, en l'occurrence, elle risquait d'être plus pointée du doigt. Et pour terminer, la lycéenne ne se sentait pas à la hauteur pour le cours.

Elle stressait trop. La pauvre jeune fille se sentait oppressée par autant de pression, qu'on l'ait surchargé de tant de travail, d'efforts à devoir fournir. Son coeur se tordait, lentement, douloureusement, accentuant sa panique, l'envie d'aller s'isoler et pleurer. Ce genre d'attitude était stupide. Être une petite nature fragile, c'était signe de faiblesse. Bien sûr, forger son caractère demandait du temps – ou de l'expérience – toutefois, Hoshi se démoralisait déjà en avance, se disant que c'était une cause perdue. Elle n'était pas faite pour l'oral, point. Et puis, pourquoi les devoirs de groupe existaient ? En général, ça se passait toujours mal !

Orchestré de manière générale, il y avait celui qui était consciencieux, qui travaillait aussitôt, investit. Ensuite, on avait celui qui s'y prenait en dernière minutes et qui pendant tout le temps, avait la flemme de se mettre au boulot. Suivit ensuite celui qui prenait tout à la légère, qui veut copier sur les autres pour gagner du temps et qui bavardait et jouait pour faire passer le temps. Ah et éventuellement, un qui aidait le plus investit, mais qui a – ou non – des lacunes dans la matière. Un joyeux cercle quoi.

Hoshi passa ses mains dans ses cheveux, attrapa entre ses doigts une mèche rebelle, l'enroula autour de son doigt, tentant de se vider l'esprit, tant bien que de mal. Elle ne devait surtout pas se laisser être submerger par l'angoisse. Si ça continuait, elle ferait un show public : la pleurnicharde devant le tableau. La brunette priait dans ses pensées pour que ceci n'arrive pas.

Ce serait vivre une humiliation. Déjà que les années précédentes elle avait les yeux larmoyant mais grâce au soutien de ses amis, l'affaire était réglée. Le conseil d'un de ses anciens amis était de fixer le fond de la classe ; le mur ou des casiers. Si ça ne fonctionnait pas, regarder un ami puis tourner à droite et à gauche pour quelques secondes pour éviter de garder la tête baissée. Parce que évidemment, les professeurs n'autorisaient pas à ce que les élèves parlent en regardant leurs pieds ou lisent leur repère sur feuille trop longtemps. Au risque de se faire savonner.

Du sadisme à l'état pur.


Allez... Souffla t-elle à voix basse. Je ne regarde que le mur. Tout ira bien... Se rassura la lycéenne comme elle le pouvait.


Comme pour se motiver, elle se mit des petites claques sur ses joues rosies et serra ses poings, en fronçant du nez, les sourcils avec. Hoshi avait si bien travaillé dans le projet, il n'y avait aucune raison qu'elle rate tout. Elle souleva son cahier et lisait les parties non soulignés, qui étaient censées être pour son binôme. Par pure précaution – et méfiance – elle relisait absolument tout. Si jamais il bloquait, elle ne voulait surtout pas qu'il l'entraîne dans sa chute. Les notes étaient importants pour l'avenir, de ce qu'avait dit sa mère depuis toute petite. Ceux qui travaillaient réellement, avaient du mérite.

Heureusement, ses efforts lui avaient permis de recevoir que des encouragements sur ses appréciations, bien que les adultes réclament à ce qu'elle fournisse plus d'effort à l'oral...

Le moment fatidique arriva. L'ordre de passage ayant été choisi aléatoirement, ceci ne faisait que amplifier le stress de la jeune fille. Elle qui souhaitait vite passer pour en terminer le plus rapidement possible, c'était perdu d'avance. Tendue, elle frottait sa mèche rebelle entre ses doigts, impatiente et à la fois peu envieuse d'exposer son exposé. Intérieurement, la brunette s'inventait plusieurs scénarios qui étaient peu plausible de se réaliser ; un début d'incendie, un malaise en classe, le professeur qui s'endort, qu'une créature fantastique débarquait et la capturait pour qu'elle sauve un autre univers...

Ouais, bon, Hoshi ressentait un grand besoin d'extérioriser son mal être pour réfléchir à des choses plus captivantes que ce cours là. Son coté intransigeant la sermonnait avec son doigt, pointant les autres binômes qui faisaient un meilleur travail qu'elle. Génial, de quoi la mettre au plus mal à force de se comparer aux autres ! Elle soupira intérieurement et appuya sa joue droite sur la paume de sa main qui maintenait en place son visage penché sur le coté, son visage, exprimant parfaitement son ennui pendant cette longue et pénible heure de cours.


Ma vie est monotone et il y a rien d'exceptionnel pour changer tout ça... Souffla t-elle dans ses pensées, lassée par tout ça.


À la mention de son nom et de celui de son binôme, son coeur bondissait, tandis qu'elle eut un léger soubresaut à cause de sa camarade de classe qui tapotait son épaule avec sa main, pour la faire sortir de sa transe. Nerveuse, la jeune fille se leva et fit de grands pas, se tâtant à rejoindre le tableau, près du pupitre de l'enseignant, qui attendait patiemment leur devoir énoncé à voix haute. Hoshi était la première à faire les introductions. Ses membres tremblaient, ses jambes flageolaient et sa gorge brûlait. Ses oreilles commençaient à bourdonner et ses yeux s'humidifiaient.

Tout le monde la regardait. Intensément. Tout leurs yeux étaient rivés sur elle. Toute cette attention inhabituelle était de trop. Hoshi se sentait incapable de parler. Honteuse, la brunette abaissa ses yeux verts vers le sol, ses mains, s'agrippèrent instinctivement à la jupe de sa robe, ses doigts recherchaient de la sécurité, bien que ce n'était pas très utile de les placer ici. L'adolescente plissa ses paupières. Son champ de vision se floutait, s'embrumait de ses larmes. Son coeur se contractait douloureusement dans sa poitrine, sa respiration se coupait subitement, ce qui la fit écarquiller ses yeux, la préparant face à une crise d'angoisse. Crispée, repliée sur elle-même, des sueurs froides perlaient sur de son front, aux joues, glissant progressivement jusqu'à sa mâchoire.

La glossophobie était difficile à gérer. Même si la jeune fille y mettait de la volonté, sa peur était trop vaste, trop énorme, qu'elle s'y faisait engloutir. Ses larmes menaçaient de couler, aux yeux de tous. Il ne fallait surtout pas qu'elle le fasse. On se moquerait d'elle ou on la prendrait en pitié. Et ce n'était pas ce qu'elle voulait. Si Hoshi devait recevoir de l'attention, ce serait par des personnes qui voulaient volontairement faire connaissance avec elle.

Après s'être fait violence, la lycéenne parvint à parler. Certes, sa voix était un peu tremblante, mais elle était claire et distincte.

Une fois avoir tout terminé, Hoshi se sentait libérée d'un poids. En regagnant sa place, elle se félicitait d'avoir réussi, avec un sourire aux lèvres. Si ses anciens amis étaient ici, ils l'auraient applaudis, et un en particulier lui aurait même proposé de faire une sortie dans un restaurant de ramens. À cette pensée, la brunette sourit amèrement. Ses yeux verts se tournaient en direction de la fenêtre, observant distraitement le ciel dégagé.

Quelques heures après, les élèves furent délivrés des cours . Une grande majorité se dirigeait vers la restauration de l'école tandis que d'autres avaient ramenés leurs bentos. La jeune fille à la tresse brune quitta son bureau après avoir prit deux boissons et un plat emballé dans du tissu rose uni. Tout d'abord, avant de manger son repas sur le toit du lycée Kamome, elle se rendit à la petite bibliothèque, ouverte à tous, du moment que ce soit pas bruyant. Une fois avoir traversé le seuil de la porte, Hoshi tomba nez à nez avec un élève de terminale. Il devait sans doute mesurer dans les un mètre quatre vingt cinq, tellement il était plus grand qu'elle – au moins trente centimètres de plus qu'elle –. Le jeune garçon avait un beau visage, une mâchoire carrée et un nez fin. Ses yeux étaient d'un bleu si clair et ses cheveux, décolorés peut-être ? Blonds courts. Il traînait sur son épaule une sorte d'arc et dans sa main droite, un livre sur comment purifier les démons.

À noter aussi qu'il avait sur sa poignée droite, un bracelet de perles rouges et dorées. Dessus, des annotations ou sans doute des symboles.

Éblouit par sa beauté, Hoshi écarquilla ses orbes émeraudes et ses joues rougissaient. Assez vite, se coupant de sa transe, elle s'écarta sur le coté pour le laisser passer. Intimidée, elle baissait sa tête, se prosternant pathétiquement devant cet inconnu. L'élève de seconde supposait qu'il n'allait pas lui adresser la parole. C'était tout faux.


Merci, c'est gentil de me laisser passer. Lui sourit gentiment le blond.


Timidement, la brunette hocha de la tête. Naturellement, elle lisait à voix haute le titre du livre qu'il détenait. Avec un sourire limite amusée, Hoshi le retenait pour lui faire part de son opinion.


Purification des Oni... C'est que vous partez chasser des démons ?


Le blond fut étonné et lui adressa un sourire rayonnant, ses paupières se fermaient quelques secondes.


Ahah ! On peut dire ça... Rit doucement l'élève de terminale. Je n'ai pas ce livre chez moi, je compte prendre le plus de notes possibles.

Alors vous êtes un chasseur d'Oni ? Demanda naïvement Hoshi, stupéfaite.

Ehhh... ouais, non, je dois juste suivre ma lignée, tu vois ? Ah, s'arrêta t-il, en réalisant qu'il venait de commettre une bourde en révélant ceci, non, oublie ce que j'ai dit en fait.


Il gardait le sourire, évitait de trop dire. Apparemment, il estimait avoir trop balancé à son goût et il semblait presque nerveux, ce qui était louche. Hoshi l'étudiait attentivement et pencha sa tête sur le coté de son épaule, papillonna des cils, toujours innocemment. Elle ne semblait nullement inquiète ni troublée.


Lignée ? De chasseurs de Oni ?


Plus elle insistait, plus ceci amusait son senpai. Le blond souriait toujours, son regard était attendrissant, bienveillant. Sans prévenir, il se penchait vers l'avant, pour se mettre à la hauteur de la lycéenne qui l'écoutait. Elle retint de glapir lorsqu'il vint lui chuchoter tout près de son oreille :


La famille Minamoto est une lignée d'exorcistes depuis depuis décennies. Je dois préserver l'honneur de ma famille et combattre les mauvais esprits, tu comprends ?

...Mais c'est trop génial ! S'esclaffa Hoshi en serrant ses mains, toute admirative, ses pupilles brillaient sous l'émerveillement qu'elle éprouvait pour ce garçon en terminale. Tu es comme un héro !

Mais c'est un secret entre nous, compris ? Ne va pas le divulguer partout.


Sérieuse, la jeune fille recula, imita de ses doigts, qu'elle tirait sur une fermeture éclaire horizontalement.


Bouche cousue ! Le secret est bien gardé !

Super, merci. Lui sourit doucement Minamoto.

Euhm... Lâcha Hoshi, hésitante, elle le fixait intensément, au fait... une autre question.. euh... Minamoto-senpai ?

Oui ?

Pourquoi me transmettre ce secret alors qu'on ne se connaît pas... ?


Cette question la taraudait. Ils s'étaient déjà croisés dans les couloirs ou de loin, mais il n'y avait jamais eu de réel échange entre eux. Il était quelqu'un de très charismatique, doux et aimable, pourquoi s'inquiétait-il autant de l'avis des autres ? Minamoto n'avait pas effacé son sourire et plaça son bras sur l'encadrement de la porte, après s'être redressé. Son corps était penché sur le coté, il examinait l'élève de seconde un court instant avant de lui répondre honnêtement par un :


Tu es très naïve toi... A ton avis ?


Concentrée et réfléchit, Hoshi donna sa réponse.


Pour garder ton anonymat... éviter les rumeurs et autres mauvaises pensées sur toi...

Exactement.. Souffla le blond en se décollant de l'encadrement de la porte. Alors garde ça secret. Si jamais j'apprends d'une autre bouche que toi, je garantis pas que je serais gentil.


Subitement, son visage s'était assombrit. Pleins de mauvaises choses pouvaient en effet se diriger vers la brunette qui avait découvert le secret du garçon. Et il lui laissait le choix de garder le silence jusqu'à sa tombe ou bien de mettre tout le monde dos à elle. Hoshi blêmit, ses yeux étaient exorbités. De base, elle ne comptait rien divulguer à qui que ce soit. Avoir à présent un couteau sous la gorge ne l'enchantait guère. Une personne aussi réservée et sage qu'elle, ne pourrait jamais vouloir du mal à quiconque.

Peut-être qu'il plaisantait ? Bien sûr ! Il ne pouvait pas être si sérieux pour sa mise en garde, n'est-ce pas ? L'élève de seconde se reprit en s'encourageant que ce n'était rien, qu'il n'était pas si menaçant que cela. Et qui sait, le blond avait probablement raconté une blague. Il n'était sûrement pas un exorciste. C'est vrai, ce n'était que des légendes à faire peur les enfants, les démons, les esprits et tout ça...

Les yeux verts émeraudes de l'adolescente descendirent de nouveau vers le bracelet du garçon, pensive. Son coté croyante, n'avait nullement l'envie de avaler ce que contait les scientifiques sur le fait que les esprits n'existaient pas. Elle y croyait. Ils existaient. Elle en était persuadée. Et si Minamoto la testait ? Évaluait sa loyauté ? Ceci la secouait et la fit réaliser qu'elle perdait des points.

Il fallait qu'elle s'exprime clairement. Qu'elle le rassure. Plus sérieuse que jamais, Hoshi inspira une grande bouffée d'air et s'affirma de vive voix :


Je ne suis pas une cafteuse ! J'ai aussi des secrets ! Je rêve de rencontrer un personnage fictif et qu'il m'emporte dans ses aventures les plus fous ! Je trouve que les neko-boy ont du style ! Je rêverais avoir des supers-pouvoirs, il m'arrive d'être somnambule juste pour piquer des sucreries alors que je ne suis pas censée en prendre à plus de vingt deux heures du soir ! Il m'arrive de mettre deux chaussettes différentes car je ne suis pas réveillé le matin ! Cria t-elle, oubliant presque le monde autour d'elle, Hoshi continuait sa liste. Je dessine mais parfois j'ai l'impression de créer des bâtonnets de fromage que mangent des français ! J'ai grave envie d'avoir un harem et d'être populaire ! Petite il m'ait arrivé même de voler une sucette dans une épicerie et_....

SILENCE ! La trancha une femme qui s'occupait d'entretenir la bibliothèque. Allez discuter ailleurs !

Ahhh ! Noon ! Je voulais récupérer le livre que j'avais réservé pour_


Encore une fois interrompue, Minamoto posa sa main sur la porte avec insistance. La pression qu'il y mettait, empêchait la femme de plusieurs années de la refermer. Irritée, elle dévisageait le jeune garçon qui lui adressait un sourire chaleureux et doux.


Veuillez l'excuser, je l'ai poussé à bout. Permettez-lui de prendre son livre, nous quitterons sur le champ cet endroit pour permettre aux autres de la paix.


La femme grommela et se déplaça vers son comptoir, demanda le nom de Hoshi ainsi que le titre du livre en question. Après avoir fouillé dans la pile juxtaposée de plusieurs œuvres différents, l'adulte sortit le bouquin, le déposa sur le comptoir en évidence tout en ronchonnant. Les yeux baissés, elle semblait noter au stylo sur une feuille la date et l'heure qu'avait réceptionner l'élève. Il était important pour celle qui s'occupait de la bibliothèque de garder un suivi réel sur ce qui a été emprunté, pour être sûr que le livre soit rendu, pour éviter des « oublies » ou encore des « vols ».

Hoshi remerciait la dame en prenant le livre, sans faire attention au grognement de la femme de plusieurs années. Avec un sourire forcé, l'adolescente sortit et laissa Minamoto refermer la porte, au plus grand plaisir de la femme qui gérait la réception. Cette fois-ci écartés du coin, la brunette soupira, les sourcils froncés. Elle se plaignit ouvertement, ce qui étonnait le blond, qui ne pensait pas que l'élève de seconde soit si expressive que ça.


L'âge n'arrange pas... ça se voit qu'elle a très hâte d'être en retraite...

Qu'est-ce qui te fait penser ça ? Pouffa l'exorciste, avec un sourire moqueur.


Franche, la jeune fille tapota avec son index sur sa trempe, le regard vide, elle prit un ton de voix exagérée.


Le mentaaaaal.

Tu serais comme ça plus vieille ? Ricana le blond.

Aussi chiante qu'elle ? C'est grave tentant ! Lança sarcastiquement la jeune fille avant de pouffer. Je passerais mes journées à faire emmerder les autres...


Minamoto croisa ses bras, un rictus se formant au coin de ses lèvres.


Et toi mémé, tu te tromperais de chaussettes, somnambule tu irais te goinfrer de brioches et tu irais promener un petit chiot que tu brosseras et le mettrait avec des froufrous roses ?

Hééé ! C'est pas rigolo ! S'indigna Hoshi en rougissant, une moue visible sur son visage. Puis... je préfère les chats que les chiens...

OK. Des chats avec des froufrous. Se corrigea le blond en se retenant de rire, une main placé sur ses lèvres.

Maiiiiieuuuuh !


Elle gesticulait, embarrassée que son senpai se moque d'elle de la sorte. Attendrit, l'exorciste posa sa main sur les cheveux de la jeune fille, avec un sourire sincère. Hoshi le regardait attentivement, surprise par ce geste un peu particulier. Elle l'écoutait attentivement, s'interrogeant sur ce qu'il allait lui sortir cette fois-ci. Sans doute pas une petite blague.


Merci de ton honnêteté. Si jamais tu as un soucis, viens me voir. Et quel est ton nom ?

Kioshi Hoshi...

Enchanté. Ah et autre chose...


Il désigna le livre qu'elle tenait. Le titre écrit en majuscule était lisible ; « Les légendes urbaines ».


Si j'étais toi, ne t'amuse pas à faire les rituels et autres. Lui conseilla t-il, très sérieux, d'une voix ferme.

Ce n'était pas prévu... Je...


Cette fois-ci, elle mentait.

Une rumeur avait attiré toute son attention. Ça circulait par ci et par là. Comme quoi il y avait huit mystères dans l'enceinte du lycée Kamome. Que l'un d'eux, si on faisait une demande, un vœu serait accordé. Au début, Hoshi pensait simplement qu'il s'agissait d'un petit moyen de plaisanter. De donner de faux espoirs à quelqu'un. Qu'il fallait être stupide pour oser jouer avec des esprits, qu'il serait mieux de les laisser tranquilles. Après tout, dans les histoires d'horreur, tout ce qui était surnaturel ne finissait jamais bien.

Les péripéties de la vie n'ont mit que le doute dans la tête de l'adolescente. Finalement, une question taraudait : « Et si c'était possible ? ». N'osant déranger quiconque pour savoir si quelqu'un avait déjà contacté l'esprit, elle avait dû se débrouiller par ses propres moyens. Pas de noms avaient été donnés dans les rumeurs. Par conséquent, Hoshi était tentée d'effectuer quelques recherches, maintenant qu'elle avait envie d'invoquer l'esprit. Et puis, qui ne tente rien n'a rien, pas vrai ? Elle partait sur ce principe.

Le regard intense et déstabilisant du garçon la mettait dans l'embarras. Certes, elle avait réussi à gagner sa confiance après avoir été franche plus tôt. Ici, dans ce cas de figure, elle devait tirer une autre carte, un autre moyen pour contourner sa méfiance. C'était risqué. Il semblait même être de mauvaise humeur, comme si elle commettait l'irréparable. Il n'était pas n'importe qui. Une bêtise, une erreur, pourrait l'attirer, et la sermonner voire la mettre plus dans le pétrin.

Elle déglutit.


C'est pour un devoir... sur ce qui est imaginaire... fictif... alors j'ai pensé à prendre ça...


Sa voix était chevrotante. Peu convaincante. Elle zieutait le garçon en face d'elle grimacer un peu plus. La jeune fille plissa ses yeux, commençant sérieusement à ne pas apprécier son attitude. L'idée que quelqu'un ose lui donner des ordres sur sa conduite l'horripilait. Et surtout, s'il l'empêchait d'agir à sa guise, de l'empêcher de faire son vœu, l'énervait.

On lui arrachait son rêve le plus cher.

Hoshi était une fille calme, qui n'aimait pas la violence. C'était plus fort qu'elle, il fallait qu'elle lui éclate une vérité.


Et laisse-moi faire ce que je veux ! On n'est pas amis à ce que je sache ! C'est ma vie ! Mes choix ! D'accord ?! Alors au revoir !


Très vite, la lycéenne prit ses jambes à son cou, fuyant le plus vite possible avec ce qu'elle voulait récupérer. Au final, la jeune fille avait réussi à remonter les marches pour aller sur le toit du lycée. Haletante, courbée, le visage rouge, Hoshi reprit son souffle après s'être posé contre le mur de béton, la porte, refermée derrière elle. L'air était frais, ses mèches détachées de sa tresse flottaient au rythme du vent. Ouvrant doucement ses paupières, ses iris vertes contemplaient le ciel dégagé. C'était son coin préféré. Il n'y avait jamais personne ici.

Des nuages se déplaçaient tranquillement dans les cieux. Plusieurs étaient assemblés, formant quelque chose de mousseux, qui donnaient un aspect de guimauve. À l'horizon, un avion qui traçait son chemin, laissant derrière lui, des traits qui disparaissaient petit à petit. Perdue dans ses pensées, Hoshi se demandait si un jour elle pourrait aussi voyager. Les îles paradisiaques étaient tentant. Ou encore l'Australie serait original, ou le Canada... La Suisse...L'Angleterre, ... non, la liste était trop longue. Amusé, elle s'imaginait dans un super hôtel à cinq étoiles, à déguster les meilleurs plats et sucreries à l'étranger. Ce qui serait encore mieux, serait de passer du temps avec des amis là-bas.

Ses parents étaient... un sujet sensible à ne pas aborder. Rien que d'y songer partir avec eux lui hérissait les poils, allant jusqu'à sentir un frisson parcourir tout son échine. Et dire que avant, tout était mieux...

L'estomac de Hoshi se mit à grogner, quémandant à être nourrit au plus vite. Sans trop tarder, la jeune fille ouvrit son bento et mangea silencieusement avec l'aide de ses baguettes. Elle bu rapidement son lait de fraise entre deux bouchés. Rassasiée après son copieux repas, la brunette remballa sa boite vide avec le tissu et attrapa son livre posé à coté d'elle, feuilleta les pages en lisant rapidement leur contenue. Parmi plusieurs légendes japonaises, une attira toute son attention.

Hanako. Un esprit des toilettes des filles. En faisant le lien avec la rumeur, Hoshi écarquilla ses yeux et eut un sourire. Oui, pas de doute, il s'agissait bel et bien de cette personne que les autres parlaient. Concentrée, l'adolescente lisait la légende, évitant de rater un seul détail, de peur d'échouer. Au début, l'histoire était terrifiante et il y avait plusieurs versions ; un meurtre dans les toilettes, un suicide, une catastrophe qui s'était produit en pleine partie de cache-cache... L'adolescente déglutissait sa salive, espérant ne pas être punie si elle se foirait.

Pour réaliser un vœu, il fallait tenter le tout pour le tout. Et puis bon, qu'est-ce qu'elle risquait ? Ce n'était que des légendes... aucune chance qu'elle en meure... pas vrai ? L'adrénaline se manifestait et le corps de Hoshi s'était refroidit avec cette légende sur Hanako, la fille des toilettes. Les sourcils froncés, refusant de renoncer si vite, la jeune fille à la tresse brune se mit des petites claques sur ses joues, qui rougissaient avec la pression qu'elle y avait mit.


Allez, je ne suis pas une froussarde, j'y vais, un point c'est tout. S'encourageait-elle à haute voix.


Dans un premier temps, elle devait ranger son bento vide, sa bouteille d'eau à peine entamé puis jeter sa brique de lait fraise vide à la poubelle. Aussitôt, en reprenant tout ce qu'elle avait laissé à coté d'elle, Hoshi se redressa, dépoussiéra la jupe de sa robe et se déplaça pour ouvrir la porte. Devancé par quelqu'un, la brunette eut les yeux ronds lorsqu'elle tomba nez à nez avec Ryoga, entouré de... filles. Deux collaient même ses bras, le retenant captif. Une blonde avait même entre ses doigts, une cigarette pas encore allumée.

Un blanc s'installa immédiatement. Pour se couvrir, son camarade de classe parla en premier.


Oh hé, Kioshi-san, je ne m'attendais pas à ce que tu sois ici !


Il eut un rire amer. La blonde dévisagea Hoshi, d'un regard noir, qui sous-entendait clairement qu'elle était une personne insignifiante et gênante de l'école. Elle vint presser le bras du garçon contre sa forte poitrine. D'un tic de langage proche de fille délinquante, elle ne se priva pas de adresser la parole, tout en reluquant l'adolescente, et surtout, le livre qu'elle tenait contre elle.


C'est qui elle ? Une dérangée d'occulte ?

Ahhh, flippant. Commenta la deuxième qui reluquait Hoshi, cette fois-ci, avec dégoût.


Hoshi fronça du nez, n'appréciant pas leur avis. Tout ce qu'elle parvenait à comprendre, avec le peu de détails qu'elle avait sous la main, c'était qu'il serait sage de partir et de les ignorer. Le gars le plus populaire traînait avec des filles qui fumaient, qui s'habillaient grotesquement, qui se maquillaient et qui se fichaient de leurs études. La brunette avait identifié que la blonde, était une cousine éloignée du directeur de l'établissement. À son arrivé, cette fille se comportait comme une reine.

Une reine des pires pestes du bahut, en gros. À rabaisser les autres filles. Heureusement, Hoshi l'avait évité. Il y avait eu quelques cibles parmi les camarades de sa classe, les plus timides, avaient avoués que cette adolescente se moquait des filles rondes ou qui mangeaient trop à son goût.


Ecoutez, je ne veux pas d'ennuis. Je veux juste partir. S'expliqua Hoshi, sereinement.

Pour appeler ton démon ? Gloussa méchamment la blonde.


Levant les yeux au ciel, Hoshi souffla, pour extérioriser son ennuie. Une personne aussi immature qu'elle, ne lui faisait que perdre de son temps.


Ouais, ouais...

Nan mais en plus tu te moques de moi. Quand je parle, on me regarde en face ! T'as pigé ?! Lui intimida la blonde, en se décollant doucement du bras de Ryoga.


Incapable de mettre un terme à ce conflit, le garçon se tut, se rangeant du coté de ses petites groupies. Il gardait un sourire gêné, lâchement. Hoshi fixait la blonde, étonnée qu'elle reçoive ces mots aussi offensant. Son coeur battait rapidement contre sa cage thoracique et sa gorge se nouait. Elle grimaçait, ne souhaitant pas attirer plus de colère et de haine.


D'accord, désolé. Je peux partir maintenant ?


À l'approbation de la petite reine, Hoshi emboîta le pas, nerveuse, elle pressait le livre contre elle, ses autres affaires dans son autre main. À peine eut-elle franchit le seuil de la porte, en direction de l'intérieur, qu'elle entendit des paroles aberrantes à son goût. Il y avait des limites à ne pas dépasser et ceci, était de trop. Ses pas se stoppèrent et ses poumons gonflèrent, ses pupilles se dilatèrent.


T'vois Ryo ? Les nanas comme elle dans l'occulte se la joue trop. Ils sont dérangés. C'est parce qu'elle ne reçoit pas assez d'affection de ses parents qu'elle est demeurée. C'est grave hein ?


Ne pas entrer en conflit était son objectif. La rentrée était déjà passée. Hoshi Kioshi espérait tout reprendre à zéro, de rencontrer un véritable ami qui pourrait la comprendre. Ne pas la juger. Qui serait l'écouter et partager ses passions, frotter son dos quand elle n'allait pas et la réconforter. Ses camarades de classe l'appréciait par sa gentillesse, ses sourires et qu'elle avait une aura réconfortante. À vrai dire, elle attirait des vampires, tous venaient lui aspirer de sa vitalité, son énergie. Hoshi ne partageait rien de sa vie et surtout, n'ouvrait complètement pas son coeur, puisqu'on lui avait fait du mal.

Elle attendait sagement la venue de la personne idéale. La jeune fille restait assise sur sa chaise, les mains jointes sur son bureau, observant silencieusement son entourage, s'interrogeant si quelqu'un viendrait lui tendre sa main en premier. Parce que jusqu'à présent, c'était elle qui allait vers les autres. Aujourd'hui, la brunette avait laissé tomber. Personne ne l'avait vu se montrer ingrate, rebelle au lycée.

Parce que personne ne l'avait poussé à bout.

Hoshi pivota sa tête, lança un regard mauvais vers la blonde par dessus son épaule gauche, répliqua cyniquement à cet insulte que cette odieuse personne avait prononcé à haute voix :


Je trouve ça dommage que ce lieu isolé et tranquille vient être perturbé par un groupe de putes qui n'ont aucune valeur et que leur personnalité est insipide. Salut.


Après avoir dit la vérité, sans écouter les insultes qu'on balançait derrière son dos, la lycéenne descendit les marches des escaliers, le visage assombrit. Les doigts qui tenaient son bento se refermaient un peu plus fort, ses phalanges blanchissaient à vue d'oeil et le visage rouge de la jeune fille fléchait, tellement elle se sentait énervée. Ces personnes comme ça, elle ne pouvait pas les blairer. Ils étaient si cruels, n'avaient aucune morale. Ces fortes émotions vinrent même humidifier ses yeux et son nez la piquait légèrement, signalant que de la morve risquait de couler. Hâtivement, elle cherchait un mouchoir dans sa poche, elle le fit tomber sur le plancher.

Le sort de la malchance se jouait avec elle à ce moment précis. La brunette s'accroupissait, attrapa le tissu, sentant les larmes s'échouer sur ses joues. Prenant une grande inspiration, elle se moucha rapidement et essuya son visage du revers de la main. Seule dans le couloir pour le moment, Hoshi se sentait terriblement mal. Ce n'était pas sa journée. Déjà son oral qui l'avait stressé, sa rencontre avec Minamoto qui l'avait un peu secoué, puis ensuite ça ? Serait-elle réellement capable de communiquer avec un esprit là ? Est-ce que tout court, ça fonctionnerait ? Ce ne serait pas un bobard juste pour faire effrayer les plus fragiles ? Elle ne savait plus. Et honnêtement, l'adolescente en avait assez.

Une voix douce et rassurante l'incitait à relever sa tête. Béate, elle écarquillait ses yeux, croyant halluciner ; il s'agissait de son meilleur ami qui avait déménagé en cinquième. De courts cheveux marrons foncés, ses yeux étaient bruns clairs. Il avait un sourire chaleureux, portait l'uniforme des garçons du lycée, était accroupit pour être à sa hauteur.


Mais qu'est-ce que tu fais là ? Tu joues Cendrillon qui a perdu sa pantoufle de verre ?


Son humour n'avait pas changé. Sa voix avait mué. Cependant, un seul détail la chiffonnait. Comment se faisait-il qu'elle ne l'avait jamais remarqué ? Ou qui sait, c'était lui qui l'évitait... Hoshi grimaçait, prise d'un maux de tête.


Isogi ? Que... depuis quand tu es ici.. ?

Ben je suis occupé, et tu n'étais pas très joignable jusqu'à aujourd'hui.


Ah bon ? S'interrogeait naïvement la conscience de Hoshi. Ne cherchant pas à résoudre ce puzzle dans sa tête, la brunette se contentait de lui sourire et se redressa, de suite, plus rayonnante que jamais, ravie de le retrouver. Elle trépignait déjà à l'idée de rattraper le temps perdu entre eux.


On a tellement à se dire ! C'est vraiment nul qu'on ne pouvait pas s'échanger nos numéros de portable et que tes parents sont contre l'idée que tu ais des amis...C'est toujours le cas ? Car là, tu vois, j'ai pu me procurer un portable, ça y est !

Ne t'emballe pas, tu me fais penser à une sauterelle là. Rigolait gentiment Isogi.


Impossible de rester lucide. Tout ce qui était rationnel n'existait plus. À ce moment précis, Hoshi n'avait plus envie de se creuser les méninges pour essayer de comprendre comment elle n'avait pas pu repérer son ancien meilleur ami depuis la rentrée. Peut-être bien qu'elle s'était coupée en partie de la réalité. Qu'elle gardait la tête à l'envers, perché en bas, exactement comme le pendu sur la carte du tarot. Son humeur avait changé. Toute euphorique, elle se mit à papoter, insouciamment, des étoiles aux yeux.

L'attention de son ami se dirigeait plus bas, remarquant la présence d'un livre peu joyeux.


Depuis quand tu lis ce genre de livre ? Tes nouveaux amis t'ont mit en tête des conneries ? L'interrogea le brun, sur un ton sec et étonnamment accusateur.


Tout de suite, l'adolescente se tut et son sourire se figea. Le temps s'était comme arrêté et il lui fallut un moment pour qu'elle ne réalise ce qu'il lui avait sortit. En prenant conscience, rien que ces paroles profondément blessantes, lui retournait l'estomac. Pourquoi ce changement ? Innocente, la brunette relevait ses yeux, son expression au visage retranscrivait parfaitement son ébranlement.

Tout le monde change. En bon comme en mauvais. Tout le monde prenait un chemin différent, impossible de faire marche arrière dans le passé, pour modifier l'avenir. Voici comment se procédait le cycle de vie. Le passé ne perdure jamais. Les souvenirs eux, restaient.

C'était si poignant de savoir que plus rien ne redeviendra comme avant. Que les meilleurs moments de sa vie appartenait au passé.

Et si Hoshi avait seulement mal interprété ses mots ? Inutile de tirer des conclusions trop hâtives. Non pas qu'elle refusait d'entendre la vérité, mais plutôt elle voulait être certaine de ce qu'elle avait entendu. Toute à l'écoute, toujours secouée, elle identifiait cette fois-ci, plus méticuleusement le physique de Isogi. Comparé au petit garçon de ses souvenirs, il avait gagné en muscle, en taille, sa voix avait légèrement mué et ses mèches étaient plus ondulés que avant. Bien évidemment, son ancien meilleur ami avait grandit.


Arrête de me fixer comme ça, tu fais c'que tu veux.

M-Mais pourquoi tu sors ça ? Demanda tout de même Hoshi, préférant être directe.

Ben t'es souvent entouré nan ?


Confuse, la brune haussa un sourcil. Isogi soupira et passa une main dans ses cheveux et détourna le regard.


Après la cérémonie d'entrée, tu étais avec un groupe. Mentionna t-il. Le lendemain tu rigolais avec tes potes. J'ai compris que tu te portais bien.


Hoshi plissa ses yeux avec ses affirmations. La vérité était que pour le premier, on l'avait aidé à faire du repérage dans l'école. Pour le deuxième c'était que la classe entière apprenait à se familiariser. Tout court, la classe se portait bien, rien de anormal. Ils s'entendaient tous plutôt bien. C'était primordial ce genre de choses. Toutefois, bien qu'elle se soit sympathiser avec les autres, ce n'était pas pour autant qu'elle aimait tout partager, passer plus de temps avec eux. Aucun n'avait de titre de « ami » dans sa classe.

Il avait plus d'importance que quiconque dans ce lycée.


Comparé aux autres.. c'est toi avec qui j'aurai aimé traîné le plus. Lui déclara spontanément Hoshi, catégorique.

Bien sûr que je vais te croire. Répliqua t-il, sournois. De belles paroles pour rien.

Je suis sérieuse ! J'étais avec les autres pour faire plus ample connaissance avec mes camarades de classe ! Se justifia t-elle sincèrement en empressant son livre contre sa poitrine. Si je ne t'ai pas vu avant, pourquoi tu ne t'es pas manifesté plus tôt alors ?


Non pas qu'elle cherchait aussi à l'accuser, mais Hoshi voulait tout simplement comprendre les raisons qui l'avaient empêcher de venir lui adresser la parole avant. Isogi et elle échangeaient un regard sans parler. Aucun mot ne ressortait. Sans prendre la peine de réponse à la question de son ex-amie, le jeune garçon se tourna et s'éloigna d'elle, en la laissant seule dans le couloir, dévastée.

Aurait-elle dû le retenir ? Le traiter d'imbécile, que sa crise de jalousie allait trop loin ? Si elle l'aurait fait, l'aurait-il repoussé ? Aurait-il mit définitivement un terme à leur amitié qui avait été si injustement retiré il y a quelques années ?

Hoshi serrait un peu plus fort son livre et se mordit les lèvres. Ses jambes bougeaient toutes seules, la conduisant dans sa salle de classe. Certains mangeaient dans la pièce, la considérait, surpris de la voir si pressée et rouge. Sans même leur accorder une minute, la brunette jeta à la poubelle sa brique de lait fraise vide, attrapa son sac à dos de son bureau avant de quitter précipitamment l'endroit, ignorant les interpellations inquiets de ses camarades de classe. Son corps se déplaçait tout seul, sans même qu'elle ne comprenne ce qu'elle trafiquait. Ce n'était pas intentionnel d'avoir fait tout ça.

Hanako l'aidera.

Un nerf avait lâché. Sa conscience la guidait vers un endroit sûr, isolé et où elle pourrait trouver du confort. Remontant à un étage en particulier, le troisième, coté du plus ancien bâtiment, la jeune fille vint s'enfermer dans les toilettes des filles. Ses muscles la poussait à faire ses cinq pas, pour qu'elle puisse se tenir droite, devant la dernière cabine close. Ses mèches cachaient en partie son visage assombrit. Instinctivement, Hoshi relâcha le livre qu'elle avait emprunté au CDI puis son sac. Tout tombait sur le plancher. La lycéenne releva sa tête et les yeux humides, elle fit le petit rituel en toquant trois fois à la porte.

Elle rejoignit ses mains. La voix enrouée, elle prit parole.


Mademoiselle Hanako-san... êtes-vous là ?


S'accrocher à ce petit bout d'espoir, c'était tout ce qui lui restait. Si tout allait dans son sens, alors tout redeviendrait comme avant. Pas vrai ? Si seulement les légendes urbaines étaient vraies...

Soudain, la porte qui était close, se mit subitement à grincer et à s'ouvrir. Surprise, Hoshi écarquilla ses yeux, constatant avec stupeur qu'il n'y avait rien. Juste un WC standard, ancien, avec du papier de toilette à coté.. dubitative, la brunette resta un moment sans bouger, le coeur martelant contre sa poitrine. La température de la pièce n'avait pas changé. Rien. Juste la porte de la cabine qui s'était anormalement ouverte.


V...Vous êtes là ? Retenta la lycéenne, d'une voix fébrile.


« Ouiiiiii.... »

Hoshi tressaillit et rechercha du regard la présence de l'esprit. Son rythme cardiaque venait de s'accélérer et des sueurs froides commençaient se manifester, lui faisant procurer des petits spasmes peu agréables à son goût. Ne parvenant pas à débusquer le fantôme, tout d'abord, la jeune fille redoutait que ceci n'était que le fruit de son imagination. Ces pensées furent très vite interrompus, par un souffle glacial surgir de nul part, près de son oreille gauche.

Poussant un cri d'effroi, l'adolescente s'écarta, ferma un bref instant ses yeux, prenant ensuite, une position qui poussait à croire qu'elle savait se battre.


J-Je n—ne joue pas à ce genre de jeu !!! Attention, faut pas croire ! Je sais utiliser l'art de la fuite ! Même en roulade !!

Je serais curieux de voir ça !


Instantanément, Hoshi se figea et ouvrit ses paupières. Son nez se fronçait légèrement tout comme ses sourcils. C'était elle ou bien elle avait entendu une voix masculine ? Méfiante, la jeune fille abaissa abaissa ses bras, découvrant l'individu en face d'elle. Ses iris verts s'écarquillaient.

Un garçon, avec des cheveux courts noirs, avec une franche au front, de beaux yeux ambrés, un corps fin, vêtu d'un ancien uniforme noir, avec une casquette avec un badge centré dessus et surtout, un sceau blanc avec une écriture rouge sur sa joue. Il flottait, défiant la loi de la gravité, avec autour de lui, des feux follets. Son corps limite transparent mais clairement visible rien que pour elle.


— ...Qu'est-ce que...

Salut ! C'est moi Hanako ! Le septième mystère de l'école ; l'esprit des toilettes ! Se présenta un peu trop joyeusement le noiraud, en levant sa main droite.


Hoshi plissa ses yeux et le détailla. Étonné, Hanako croisa ses bras et fit une moue gênée.


Héééé, tu sais, ça ne se fait pas de reluquer des gens comme ça~

Et toi ? Tu es qui ? Questionna sèchement Hoshi, en le dévisageant.

Ben Hana--

NAN ! Lui cria la jeune fille qui leva son doigt dans sa direction. T'es un garçon ! Esprit ou non, les toilettes des gars, c'est à COTE ! Ici c'est les FILLES ! LES FILLES ! Lui précisa t-elle.


Hanako cligna plusieurs fois des yeux. Toutefois, il ne bougea pas d'un poil.


Je sais. Mais je suis vraiment l'esprit des toilettes, Hanako. Lui expliqua t-il calmement en se pointant du pouce.

Ne me fais pas gober ça, dans le livre, c'est dit, c'est écrit noir sur blanc, que c'est une fille, une coupe au bol, une robe rouge et...

Nan mais c'est démodé ça, lui stoppa t-il en agitant sa main avec un grand sourire niais, tu connais le progrès toi ?

Permets-moi d'en douter, surtout un gars dans les toilettes des filles, y a de quoi d'être suspect ! S'opposa Hoshi, toujours en le dévisageant. À moins que... que... QUE !

Que quoi ?


Elle exhala un soupir rassuré, en posant sa main sur sa poitrine, s'étant calmée après s'être imaginée quelque chose. Hoshi s'était emportée trop vite et redoutait qu'elle faisait fausse route.


Pardon, c'est vrai, tu as le droit de te mettre comme tu veux. Je n'ai aucun droit de te critiquer sur ce que tu aimes, je te soutiens, tant que tu es heureux...

— ....Je suis réellement un garçon. Je suis vraiment Hanako, l'esprit des toilettes. Et non je ne me travestit pas.


Il soupira à son tour et retrouva son sourire. Hanako redressa légèrement sa casquette, se déplaça, se rangea du coté des toilettes. Hoshi le suivit, prudente. Elle l'écoutait sagement, l'observant se poser au-dessus des cuvettes. Il révélait ses dents avec son sourire et ses légères canines. Confiant, il reprit plus calmement sa présentation.


En tant que septième mystère de l'école, pour m'avoir demandé, c'est que tu as un souhait, n'est-ce pas ?


Cette fois-ci, le ton était plus sérieux. Hoshi sentait qu'il ne blaguait pas. Elle notait même qu'un des deux feux follets restait près d'elle. Nerveuse, la jeune fille à la tresse brune se frotta d'avant bras gauche, décidant d'être aussi honnête avec lui. Elle lui avait manqué de respect après tout.


Eh bien... oui...

Tu es venu me voir à cause des rumeurs ?

On racontait que tu pouvais exaucer les souhaits...

Mais tu sais, je ne fais rien sans contrepartie. Lui pointa t-il, très sérieux.


L'adolescente se mordit les lèvres. Intimidée, elle releva ses yeux, pour le regarder droit dans les yeux. Elle remarqua son visage sérieux, il la toisait silencieusement, attendant patiemment sa réplique, sans aucun jugement.


Et quelle est la contrepartie ? Voulut-elle savoir.

Tout dépend du souhait.

Si le souhait est... énorme, l'échange le sera aussi ? L'interrogea curieusement Hoshi, réellement concernée. Est-ce que ça exige par exemple que notre âme sera vendu au diable après la mort ?


L'absence de réponse concrète de la part de l'esprit lui tordait le coeur. Troublée et mal, tout ce qu'elle ne put obtenir comme réplique était un « Et quel est ton souhait ? ». La tête baissée, les yeux rivés vers ses pantoufles, la jeune fille entrouvrit ses lèvres. Il suffisait qu'elle lui dise pour qu'il soit franc.

Tout comme si elle le faisait, il n'y aurait pas de retour en arrière. Elle ne pourra pas quémander une autre recommandation. Dans la vie, on n'obtenait pas tout ce qu'on voulait. À vouloir trop tirer sur la corde, celle-ci viendrait à perdre les ficelles puis, finirait par se casser, entraînant dans sa chute, la personne qui avait abusé d'elle. Hoshi ne voulait pas chuter si bas pour son égoïsme.


Je veux des amis. Formula Hoshi, qui vint ancrer ses orbes verdoyants dans les iris ambrés du garçons.

Hmmm... je vois...


Il eut un blanc, qui ne durait que quelques secondes. L'expression sérieuse de l'esprit se détériorait petit à petit. Il semblait avoir capté quelque chose et cette fois-ci, son visage retranscrivait parfaitement son choc.


T'es persécuté ?!??!! Mais c'est quoi cette nouvelle jeunesse ?! Pourquoi faire autant du mal à quelqu'un comme toi ?! Scandalisa t-il, d'une voix forte, qu'elle seule pouvait entendre.

M-Mais non ! L'arrêta t-elle, étonnée par sa réaction. Je ne suis pas harcelée ! Juste que... que...


Attentif, Hanako la considérait. Les joues rosies, toute timide de devoir se confesser devant un parfait inconnu – et fantôme par l'occasion –, la brunette parla à coeur ouvert.


J'aimerai avoir un véritable ami. Avec qui parler... sans craindre que au lendemain il disparaisse, me tourne le dos... Qui m'accepte comme je suis. J'ai beau m'entendre assez bien avec les autres... mais je n'ai pas ce sentiment de satisfaction. Je veux être moi-même. Comprise... et voilà..

Tu as des personnes avec qui tu aurais spécialement envie d'être amie ? Lui questionna Hanako, qui sortait de nul part, un petit calepin et un stylo.

Ahahha ! Rit Hoshi, amusée. Eh bien.........non.


Le sourire du septième mystère de l'école se crispa. Lentement, il remonta son menton de son mini bloc note.


Personne en vue ?

Non.

Pas un ?

Non.


Du moins, elle préférait mettre de coté Minamoto et son ex-ami qui lui tournait le dos...

Un silence gênant s'abattit dans les toilettes des filles. Histoire de récolter un minimum d'informations, Hanako flotta jusqu'à elle, la faisant reculer jusqu'aux éviers, près du miroir qui reflétait la silhouette de dos de l'adolescente.


OK, tu sais quoi ? On repart sur des bases ; quel est ton nom ? Ce que tu aimes et détestes ?

Oh ouais ! J'avais oublié ! S'étonna la brunette. Elle sourit. Je m'appelle Hoshi Kioshi ! Je suis en seconde, j'ai quinze ans et j'aime les fraises, ce qui est mignon, les étoiles, le calme... je n'aime pas la violence, le bruit, l'oral et euh... la méchanceté et...

D'accord, d'accord. Lâcha le noiraud en acquiesçant, dans une position assise, les jambes croisés, à fond dans son rôle. Est-ce que déjà, tu as essayé des clubs ? C'est de là tu peux trouver des personnes qui partagent ta passion, pas vrai ?


Hoshi fit une moue attristée.


Il n'y a pas de club d'astronomie ici... Au collège j'aimais beaucoup, passer mon temps à admirer les étoiles, la lune, les repas sur le toit...


En mentionnant ceci, Hanako écarquilla ses yeux, étonné. Doucement, mais discret à la fois, un rictus se formait au coin de ses lèvres. Lui aussi, dans le passé, il adorait l'astronomie. Il rêvait même d'aller plus haut. Tout ceci, n'était plus d'actualité, puisqu'il était mort. Condamné à rester dans cette école, il aurait beau ressasser son passé, à rêver, rien ne pourrait le sauver. Ni même abréger ses souffrances. Lui seul s'était mit dans ce pétrin.

Il ne faisait que assumer la part de ses responsabilités. Il devait continuer à errer ici, à défaut d'être puni pour ses pêchés.


Hanako ? L'appela doucement la jeune fille en agitant doucement sa main sous les yeux du garçon, qui avait cessé de l'écouter, étant partit en transe.

O-Oui ?

Tu étais dans la lune. Sourit-elle gentiment. Désolé si mon souhait paraît si... stupide...

Il ne l'est pas ! S'exclama t-il, en haussant le ton, ce qui le surprit tout autant que la lycéenne. Ah-...


Il avait perdu sang froid. Parce qu'elle le ressemblait un peu. Il toussota, se reprit et se concentra de nouveau. Avec un sourire sincère, les mains dans les poches de son uniforme, il se mit cette fois-ci, à la hauteur de Hoshi, ses chaussures touchant le plancher. Il se pencha légèrement vers elle, plus grand en taille que la brunette. Étonnée et à la fois confuse, l'adolescente rougit.


Pourquoi ne pas t'en créer un ?

Eh ? De quoi ?

Un club d'astronomie. Colle des affiches partout dans les couloirs, tu auras sans doute des volontaires qui voudront se joindre à toi ! L'affaire est réglée !

OK petit malin, s'exprima t-elle en croisant ses bras en prenant un air sérieuse. Alors dis-moi comment je fais sachant que l'école n'autorise pas d'ouverture sauf à cinq membres ? Je trouve qui et où ? Si je met des affiches, il faudrait que j'ai le temps de tout faire et je suis seule. Tu vas m'aider ?

Evidemment !

Vraiment !? S'émerveilla Hoshi, naïve.

Ouais ! Je t'encouragerais pendant que t'occupes de tout !


À cette réponse très concluante et simple, Hoshi tomba à la renverse. Elle n'était pas du tout prête pour ça. Surtout qu'elle n'avait pas signer pour s'occuper d'un si gros projet ! Hanako se rapprochait d'elle, avait une mine de petit chat triste, son index sur ses lèvres. Il se la jouait le pauvre petit animal inquiet pour l'humeur de sa maîtresse.


Tu aurais oublié que je suis un esprit et que tout ce que je touche, je passe à travers ?

Naaaaan sans dec' ? Ironisa t-elle, d'une voix désespérée.

Regarde, je peux même traverser ma main à travers son bras ! Lui démontra t-il avec un sourire rayonnant et à la fois pas amusant.


Hoshi pivota sa tête, remarquant ce qu'il venait de faire. Elle frissonna, son visage, se décomposa sous l'horreur.


MAIS NE FAIT PAS CA C'EST FLIPPANT ! Hurla t-elle, avant de se retirer et se frictionner les bras, apeurée.

Tu vois ? Sourit-il gentiment en flottant au-dessus d'elle.

BIEN SUR QUE JE VOIS ! Lui cria l'adolescente, choquée. Ne recommence pas !


Une fois que l'esprit se déportait sur le coté, pour lui laisser un peu d'espace, la jeune fille exhala un soupir. Elle se pinça l'arrière de son nez, tentant de calmer sa migraine passagère. Il faut croire qu'elle s'était trop excitée, rien que ça, l'avait épuisé. Elle zieuta vers le garçon qui l'épiait en demeurant silencieux.


Tu sais, je pensais que tu utilisais je ne sais pas... des charmes, boule de cristal ou...

Ahhh vous les humains, toujours dans les clichés. Se moqua gentiment le noiraud qui se retenait de rire à cette remarque.

Et tu t'y prends comment pour exaucer les vœux ?

J'ai mes méthodes !


Il lui tourna le dos et fouilla dans les cuvettes des toilettes. Plusieurs babioles furent extirpés de l'intérieur. En assistant à ça, Hoshi eut la nausée et tourna le dos, en plaquant sa main gauche sur sa bouche, pâle. Une terrible sensation que de la bile remontait à la surface la rendait malade. Fantôme ou non, sortit plusieurs trucs des toilettes... ce n'était pas très élégant ni attirant. Juste par curiosité, la lycéenne à la tresse jeta un coup d'oeil par dessus son épaule, s'interrogeant sur ce que Hanako pourrait utiliser pour elle.

Et là, encore, elle se raidit, son visage se décomposa et l'observa faire.

Le jeune garçon était en train de se ressourcer sur un guide annuel, édition limité, ce qui était écrit en petit sous le Titre : « Comment se faire des amis pour les nuls ».


Hé. Je ne suis pas non plus la fille la plus catastrophique au monde..... L'apostropha t-elle, d'une petite voix.

Page dix-neuf, paragraphe deux ; il est important que vous vous investissez dans la relation, invitez à sortir votre partenaire... Murmura Hanako, totalement plongé dans sa lecture, ignorant royalement le commentaire de l'humaine qui l'avait convoqué.

HE ! Tu m'écoutes oui !?


Hanako releva sa tête du bouquin et tourna sa tête, jaugea la jeune fille avec ses orbes ambrés un instant avant de esquisser un sourire moqueur. Il semblait beaucoup s'amuser de cette situation.


Ben quoi ? Je me met à ton niveau. C'est toi qui voulait te faire des amis, n'est-ce pas ?


Pour une raison quelconque, Hoshi avait une folle envie de l'étriper. Elle n'arrivait même pas à savoir s'il était sournois. La brunette secoua sa tête, inspira un grand coup et expira, cherchant à se canaliser. Pour évacuer son stress, elle craqua ses doigts, ses articulations transmettaient le bruit jusqu'aux oreilles du garçon fantôme qui, tressaillit, sidéré. Les mains pliées vers le bas, accompagné de ses deux feux follets, il fixa la lycéenne, terrifié.


Pardon, ne te met pas en colère ? S'inquiéta t-il, ayant subitement peur qu'elle change d'attitude vis à vis de lui.

Je ne suis pas en colère. Je suis zen.

Ah bon ? Certaine ? Certaine ? Certaine ? Se buta t-il, comme un enfant qui essayait de pousser à bout quelqu'un pour obtenir la satisfaction d'avoir ennuyé.

Si tu me tourne autour comme une mouche, OUAIS, je pourrais aller chercher du sel pour te purifier ! Lui gronda t-elle, perdant son calme en une fraction de secondes avec ses déplacements.

Avec quel sel ?

Du sel de cantine, va s'y, j'y vais même sur le champ en récupérer !


Déterminée, elle attrapa son sac à dos et le mit sur son épaule. Hanako la regardait, sérieux.


Ahhhh oui, en fait tu es une sacrée rebelle, lâcha le noiraud en croisant ses bras, amusé par sa réaction exagérée, non seulement tu demandes des amis mais en plus tu es capable d'aller voler du sel pour moi ?

Je ne vais pas voler ! Je vais emprunter !

Et le vider.

Exactement !

— ... Visiblement on n'a pas la même définition du mot « emprunter ».

Je rend l'objet sans qu'il soit abîmer, je trouve que c'est correct. Se justifia t-elle en haussant les épaules, en gonflant une joue, têtue.

Tu as essayé du yoga ? Vraiment, je pense que ça te ferait du plus gros bien.


Elle grommela et le dévisagea. Comment la situation avait dégénéré ainsi ? En faisant la tête, un boudin que seuls les enfants faisaient pour avoir de l'attention, Hoshi joua avec ses mèches. Hanako la recadrait avec sarcasme, il avait l'art et la manière de se moquer d'elle ouvertement, bien qu'il ne franchissait pas non plus la barre. Comme tout le monde, l'adolescente avait un niveau à ne pas dépasser, surtout quand il s'agissait de rire d'elle. La patience qu'avait cet esprit, était sûrement dû aux nombreuses années de solitude et d'expérience qu'il avait pu acquérir au fil du temps.

Ronchonne, elle parlait dans sa barbe invisible, prétextant qu'elle savait pertinemment garder sang-froid. Que c'était juste dû à la fatigue qu'elle se comportait aussi stupidement. Hanako se déplaçait, se plaçait devant elle, les mains joints derrière son dos. Avec un sourire rassurant et sincère, il lui affirma :


Tu sais, tu as le droit d'être empotée. Ce n'est pas un mal. Tu es humaine et tu as des émotions comme n'importe qui. Tu n'as pas à te comporter comme une fille parfaite. À vrai dire, je trouve que tu es plus dans ton élément en étant toi-même. Je suis sûr que tu te ferais un tas d'amis en étant toi-même.


Les iris vertes de la jeune fille s'arrondissaient et son coeur grossissait à l'écoute de ses paroles. En seulement quelques mots, il venait de la guérir. Avec un sourire amer, Hoshi attrapa la jupe de sa robe et la serra. Elle repensait à ses anciennes amies qui lui avaient tournés le dos à la fin du collège. Ce rappel l'étouffait, et son coeur qui avait retrouvé de la vitalité, s'effondrait, s'empoissonnait à petit feu.


En montrant ma véritable facette, je peux faire fuir les autres.

Ce serait stupide de priver son bonheur et sa liberté juste pour ceux qui ne le méritent pas, tu ne penses pas ?


Ahurie, Hoshi releva sa tête, le regarda, toute à l'écoute.


Le bonheur des autres n'est pas quelque chose à détruire. Et puis, on a tous un charme. Tu as le tiens, c'est du gâchis de te bloquer pour du monde que tu ne reverras probablement pas. Tu vivrais avec trop de regrets.


Des regrets ? Pensait-elle, troublée. Faisait-il allusion à lui ? La brunette fit une moue et soupira en se faisant une raison à tout cela ; il n'avait pas tord. Mine de rien, il avait totalement raison, bien qu'avant, il était très difficile de le prendre au sérieux. Il se comportait comme un enfant en même temps. D'ailleurs, ce n'était pas une mauvaise chose ! En effet, Hoshi se sentait bien en sa compagnie. L'atmosphère n'était pas dérangeante et surtout, elle ne se sentait pas si mal à l'aise. Son coeur était allégé, alors qu'avec les autres, il était lourd.

Une étrange combinaison, qu'elle-même n'arrivait à percer le mystère. Cependant, n'étant pas d'humeur à enquêter sur ses propres sentiments, Hoshi restait focus sur l'instant présent un minimum. Avec un sourire sincère, elle s'adressa à Hanako qui flottait toujours dans les airs.


Merci... tu as raison. Je vais faire de mon mieux !

Super. Sourit-il en retour. Alors tu vas commencer par quoi en premier ?

Toi !


Spontanément, la lycéenne lui avait répondu avec un grand sourire angélique. Hanako se figea, stupéfait. De peur d'avoir mal comprit, il se pointa du doigt. Il articula bien, de sorte qu'il soit parfaitement bien entendu.


M-Moi ? Répéta t-il, incrédule.

Oui toi. Sourit-elle, déterminée, les sourcils froncés.

Je ne te suis plus trop là...

Suis-moi et tu verras !


Plaçant les bretelles de son sac à dos sur ses deux épaules, la lycéenne sortit des toilettes, suivit de près par l'esprit qui venait de soupirer dès son départ. Quelque chose cogitait dans la tête de cette fille, c'était évident. Restait à savoir quoi.

Redescendus au premier étage, dans la salle de classe de la jeune fille, Hanako demeura silencieux. Il avait laissé Hoshi s'asseoir sur la chaise de son bureau attribué, sortir une grande feuille A4, muni de son crayon à papier, elle dessinait. Bien sûr, le septième mystère de l'école se doutait qu'elle préparait une affiche pour l'ouverture d'un club d'astronomie... toutefois, impatient, il ne pouvait que se demander quel était son rôle à jouer. Après tout, en quoi il était le premier à agir dans le petit plan ? Tracassé, il ne put s'empêcher de la harceler. N'obtenant aucune réponse, le noiraud redoubla d'efforts pour avoir son attention.


Héhooooo Kioshi-saaan, je veux que tu me répondeees !


La lycéenne lui fit signe de non du doigt, toujours concentré sur son papier. Ses orbes émeraudes faisaient fixette sur son chef-d'oeuvre. Avec une moue vexée, Hanako se plaça derrière la jeune fille et jeta un coup d'oeil furtivement sur le dessin. Naturellement, il ne put s'empêcher d'apporter sa critique.


Ton dessin n'attire pas du tout l'oeil.

Mais sii !

Excuse-moi, mais un chat astronaute qui n'a juste un casque sans combinaison, ce n'est pas du tout la première chose qui donnerait envie de rejoindre le club...


Hoshi le dévisagea, enfin, elle prenait le temps de lui répondre. Bien sûr, elle lui causait, en oubliant même la présence de quatre camarades de classe encore présents, qui la fixait, choqués qu'elle parle seule.


Mais attends un peu ! J'ai pas encore rajouté des étoiles filantes !!

Et ton slogan est trop petit, pense un peu à ceux qui portent des lunettes, grossis...

T'es prof d'art ? Je ne crois pas non ! Bougonna t-elle, offensée.

Et c'est quoi ce truc ovale ?

C'est rond ! Lui corrigea t-elle. La lune !

Mais tu sais, la lune c'est rond. Pas ovale. Lui signala Hanako avec un sourire amusé. Tu savais que la Terre est ronde et pas plate ?

Tu pourrais arrêter de juger mes dessins ? Je vais pleurer si tu continues là.


Un gloussement s'échappa des lèvres du garçon fantôme. Ses épaules remontaient, tandis qu'il plaçait sa main près de sa bouche, comme pour lui cacher le fait qu'il rigolait de bon coeur. Hoshi le regardait avec un sourire attendrit et aussi amusé. Par son rire contagieux, à son tour, elle l'accompagnait dans ce petit fou de rire. Une fois avoir colorié son dessin, fièrement, l'adolescente le présenta à Hanako, les yeux brillant. Une attitude enfantine, qui amusait encore plus le noiraud. Pour lui, c'était mignon.

Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas rit de cette façon.

Hoshi appliqua le poster contre le tableau d'affichage dans les couloirs, après avoir enfoncé une punaise contre le panneau en liège. Dessus, plusieurs annonces, publicités ou moyen de recruter des élèves dans un club. Fière, elle croisa ses bras, admirant son travail qu'elle avait confectionné quelques minutes plus tôt. L'art n'était pas sa matière favorite, toutefois, la jeune fille estimait qu'elle avait très bien bossé. Derrière elle, Hanako regardait intensément le papier. Le fond était blanc, juste des étoiles par ci et par là, un chat astronaute, une lune ovale, un étrange vaisseau spatial qui faisait plus ovni qu'une fusée – qui aurait été tout de même mieux adapté sur le thème astral –.


C'est parfait ! À coup sûr, des personnes voudront entrer dans mon club ! Se vanta stupidement la brunette. Pour affirmer ses propos, elle hochait de la tête, les paupières closes.

A mon avis, tu risques de te faire rire du bout du nez. Lui rétorqua le noiraud, pas toujours remit de ce slogan aussi tout petit plutôt que la mascotte.

Ne sois pas jaloux de mon talent artistique !


L'esprit plissa ses yeux. Il se déplaça et pointa du doigt l'affiche plus loin, exposant un personnage manga avec une épée, des stylos à plumes, des crayons de couleurs, casse-noisette...


Ose me l'affiche du club d'art ne vaut rien à coté du tiens.

...As-tu conscience que tu me compare avec un club de dessin ?

Au moins, si je leur demande de faire un vaisseau spatial ou une fusée, ils n'iront pas me sortir des extraterrestres...

Arrête de blesser mon coeur, je vais te détester..


De nouveau, Hoshi refit une moue, contrariée des avis du septième mystère de l'école. Soudain, en les interrompant, une sonnerie, signalant la reprise des cours. La lycéenne sursauta, salua rapidement l'esprit et partit en direction de sa classe. Délaissé, Hanako pivota légèrement sa tête, jeta un dernier coup d'oeil au dessin de la fille qui l'avait invoqué. Il repensait au sourire joyeux qu'elle avait, à ces étincelles qui émanaient de ses yeux. Bien qu'elle manquait du temps pour confectionner son œuvre, la brune avait mit tout son coeur dans ce projet. Elle s'était évadée du monde réel, se laissant emporter dans un univers utopique, fantastique et merveilleux.

Hanako souriait, attendrit par tant d'efforts fournis à travers ce message, qui ne demandait qu'à être remarqué. Peut-être finirait-elle par trouver une personne prête à devenir son ami. Hoshi Kioshi le méritait, elle était si gentille, motivée et pleine de vie. Personne ne devrait lui ôter sa lumière, qui réchauffait le coeur du garçon fantôme.

La journée était terminée. Tous sortaient de la salle de classe, excepté la jeune fille qui rangeait mollement ses fournitures dans son sac. Elle remarquait la présence de l'esprit, assit sur la table d'en face, son regard rivé sur un point fixe, à travers la fenêtre. Le ciel avait commencé à se coucher, le ciel était peint en orange. Des rayons uv filtraient avec le verre, submergeant la salle de classe, rendant ainsi le corps plus translucide du garçon. Ses feux follets restaient près de lui, flottant silencieusement. Hoshi considérait plus sérieusement le noiraud. Il devait se sentir terriblement seul dans l'enceinte de l'école, sans ami. Toujours dans l'attente d'être appelé.

Dans une solitude éternelle, qu'il devait accepter sans broncher.


Hanako... ? L'appela doucement Hoshi, après une minute d'hésitation.


Finalement, après s'être relevé de sa chaise, elle put apercevoir depuis sa place, au premier étage, la vue en plongée, la cours. Il y avait un groupe de garçons, qui jouaient au ballon, plus particulièrement au football. Ils riaient, discutaient entre eux, joyeusement et détendus. Elle comprit de suite le lien. Hanako enviait les garçons qui vivaient insouciamment.


Comment tu es mort ? Se risqua t-elle de lui demander, bien que cette question soit tordue.

C'est une longue histoire. Lui répondit-il aussitôt, avec un sourire mélancolique.

J'aimerai savoir.


Lentement, le noiraud plissa ses yeux. Ses orbes ambrés sans lueurs se dirigeaient vers la lycéenne qui le regardait intensément, patiente. Sur un ton cynique, il répliqua avec un sourire :


Je n'y répondrais pas, ton vœu est d'avoir un ami. Après je partirais, notre contrat sera terminé.


Les iris vertes de Hoshi s'arrondissaient et sa respiration se bloqua tandis que ses lèvres s'entrouvrirent.

Le choc était irremplaçable. Il avait raison, et elle le savait. Malgré tout, une partie d'elle refusait de le lâcher. Qu'il lui tourne le dos de cette manière. Parce qu'il a été son premier soutien depuis la séparation de ses vrais amis. Et elle ne s'était jamais sentit aussi bien. Personne ne l'avait réellement laissée être elle-même.


Dans ce cas, je le prolongerais. Ce contrat.

Pardon ? S'étonna Hanako, prit au dépourvu.

Je l'allongerais, je le retarderais. Déclara t-elle fermement. Je n'ai aucune envie que notre histoire s'achève ici !

Mais....enfin..tu...

Je ne veux pas te laisser seul ! On va être des alliés ! Ok ? Le contrat ne fonctionne pas entre un humain et un esprit, pas vrai ?!


Le ton avait monté. Hoshi venait de plaquer ses mains sur son bureau. Les sourcils froncés, déterminée, une lueur enflammée à travers ses yeux, elle poursuivit dans son élan, se fichant éperdument qu'elle pouvait aussi jouer avec Dieu. Hanako écarquillait ses yeux, surprit.


Soyons amis dès aujourd'hui ! Je veux rester avec toi !


Le visage du septième mystère rougissait à vue d'oeil. Il remontait légèrement son bras suite à sa réaction. Il n'avait jamais rencontré quelqu'un d'aussi persévérant, têtue et si spécial. De toute façon, inutile d'entretenir un débat ou une opposition, la brune était ferme, catégorique ; elle ne laissera pas lui échapper. Quelque part, au fond de lui, il se sentait ému. Touché qu'elle l'acceptait. C'était gentil et à la fois... naïf. Il ne fallait pas oublier qu'il n'était plus vivant et qu'il avait commis un crime avant de mourir.

Tous deux ne pouvaient pas se montrer tactiles. Ils n'étaient pas liés et la frontière entre les humains et les êtres surnaturels faisait une grande différence. Seul Hanako pouvait la toucher, puisqu'elle l'avait invoqué plus tôt. Le garçon lui souriait en retour, appréciant le fait de devenir son ami, pour une courte durée. Il se rappelait ensuite qu'elle devrait partir. L'esprit descendit de la table et rejoignit ses mains derrière son dos, gardant un sourire taquin, cachant ses vraies émotions derrière cette expression.


Ca te tenterait de nettoyer les toilettes ?

De là où tu es ? Demanda t-elle, incrédule.

Oui !

Tu m'as cru pour ta bonne ? Nan, sans façon.


Direct, simple et efficace. Hanako baissa sa tête.


Ne fais pas les yeux de chien abattu. Sourit doucement Hoshi, sincèrement désolé. Ce n'est pas parce que je n'aime pas ta présence... c'est juste que...

Tu dois rentrer, je sais.


Lui qui pensait égoïstement pouvoir la retenir plus longtemps, c'était voué à l'échec. Pour ne pas faire culpabiliser sa nouvelle amie, il redressa sa tête, souriait de nouveau et ferma ses yeux. Avec un rire espiègle, il bougeait sa main, l'autorisant à filer.


Allez, va. Tes parents doivent t'attendre ! Un bon repas aussi ! Et sans doute des jeux et tout ça ! Ah, j'oublie aussi, peut-être tes magazines sur des hommes sexy. Je suis certain que derrière ta facette d'ange, tu es une groooooosse perverse ! Mon intuition le dit !


Pour accompagner ses paroles, il appuyait deux doigts sous son menton et hocha de la tête. En absence de réponse de la jeune fille, Hanako rouvrit ses yeux et constata avec étonnement que la jeune fille ne souriait plus, elle était en transe, le visage assombrit. Inquiet, l'esprit appela doucement son amie. La brunette sursauta, se crispa et de suite, releva sa tête avec un sourire qui sonnait faux. Son rire était nerveux, elle cherchait à effacer la tête qu'elle avait fait plus tôt, de manière maladroite et peu discrète.


Ahaha.. oui.. la famille, tout ça, oui !


Elle n'avait même pas relevé la moquerie du septième mystère. Il plissa ses yeux, suspicieux. Une question lui brûlait la gorge, mais se retint de la lui poser, identifiant sa réaction tardive, sous-entendait que ça ne se passait pas forcément bien chez elle. Il manquait de preuves concrètes en tout cas. Il ne devrait pas en tirer des conclusions trop hâtives. Hoshi mit son sac sur son dos et rangea sa chaise contre son bureau. Toujours toute souriante, elle lança :


J'ai hâte d'être à demain ! On se revoit, hein ? Ne m'oublie pas !

Oui... à demain... Sourit-il en retour.


Une fois qu'elle eut quitté la salle de classe, tous deux ressentaient un pincement au coeur. Un vide venait de les submerger, un manque. Hanako inspira un grand coup, se rapprocha de la fenêtre, attendant sagement de percevoir la silhouette de la lycéenne quitter l'enceinte de l'établissement. Les mains dans les poches de son uniforme, il observait attentivement ses déplacements. Ils étaient mous. Elle gardait la tête haute, droite, une expression neutre. Ses cheveux attachés en tresse bougeaient au rythme de ses mouvements. Le noiraud pesta seul. Peut-être bien qu'il se trompait. Ça le dégoûtait de ne pas pouvoir envoyer blancheur la suivre, par précaution. Au-delà de l'école Kamome, il ne pouvait aller autre part. Le septième mystère était coincé dans cet endroit pour toujours.

Le chemin entre l'école et la maison était estimée à peu près vers trente minutes de marche à pieds. La jeune fille était arrivée dans un quartier pas mal fréquenté, avec plusieurs lotissements, de maisons et bien sûr, une station de bus. Contrairement à d'autres enfants de son âge, la lycéenne n'avait pas les moyens de prendre le bus. Alors elle se contentait de faire la marche. D'autres avaient en possession un vélo, pas elle. Certains avaient des rollers ou encore un skateboard, pas elle. Non pas qu'elle manquait de moyens ou qu'elle était pauvre. Sa famille s'en sortait.

Si on pouvait le formuler de cette manière.


Putain ! Jura une femme se trouvant au deuxième étage d'un immeuble. Tu peux arrêter de foutre tes bouteilles vides devant la porte ?! J'ai l'air de quoi moi !!?


Hoshi plissa ses yeux en observant la scène se dérouler sur sa gauche.

Home sweet home...

Elle monta les marches en béton, se dirigeant vers la deuxième partie de l'immeuble. Il y avait une dizaine de portes qui longeaient, pas plus, ni moins. Au total, il y avait trois niveaux. Il arrivait régulièrement que certains quittaient le logement pour se mettre dans un endroit plus confortable et plus grand. Le propriétaire qui s'occupait des lieux était rarement présent. Mis à part les locataires, rien n'était nettoyé ni entretenu à l'extérieur. Certains faisaient la fête tard et cela se terminait par des insultes ou des plaintes auprès du concierge. Mais rien n'avait aboutit.

Ce qui expliquait pourquoi beaucoup rendaient les clés au bout de trois mois. Ce n'était clairement pas le meilleur endroit où aller, même si les prix étaient raisonnables et que derrière, il y avait un grand parking réservé aux locataires, le reste laissait à désirer. Rejoignant la femme, Hoshi la détaillait. Vêtue d'une jupe bien moulante en cuir, une chemise blanche satinée, de collants marrons, d'une paire de talons noires, on pouvait rapidement deviner qu'elle travaillait dans une compagnie, en tant que secrétaire, ou employée de bureau. Ses longs ongles étaient bien entretenues et vernis en rose. Ses cheveux bruns étaient remontés en un chignon maladroit, ce qui donnait un certain charme, en plus de son visage soigné, sans aucun défaut, mis à part son maquillage qui mettait en valeur ses yeux et ses lèvres pulpeuses. Irritée, les bras croisés, elle avait son pouce qui se frottait sa lèvre inférieure. Le son qui se rapprochait d'elle la fit arrêter et prudemment, elle se retourna, le bruit de ses talons se faisait entendre contre le béton.


Ah, ma puce. Sortit-elle avec un sourire.

Coucou maman..

Tu peux m'aider à virer ces bouteilles que ton père a encore laissé devant ? J'imagine qu'il a encore laissé les poubelles à l'intérieur remplies !


La jeune fille acquiesça doucement. Alors qu'elle commençait à s'entreprendre à ramasser les bouteilles, elle nota sa mère ne rien faire. En effet, elle ouvrait son sac à main de marque, sortit un briquet et une cigarette. La plaçant entre ses lèvres, elle dû actionner à plusieurs reprises sur son allume feu pour pouvoir fumer son joint. Le bout du papier devint rouge, de la fumée y ressortait, avec cette odeur d'herbe assez étrange qui dérangeait légèrement Hoshi. Sans lui transmettre quoi que ce soit, la lycéenne baissa ses yeux, récolta tout ce qui traînait et dû faire plusieurs aller-retour, seule, contrainte de s'occuper d'une tâche ménagère, à peine rentrée. À l'intérieur, des sacs poubelles non fermées. Avec un soupir désespéré, la brunette se chargea de tout redescendre également, sans le soutien de sa mère.

Ceci terminé, une fois à l'intérieur, une forte odeur d'alcool mêlé à de la transpiration persistait dans les lieux. Hoshi se pinça le nez et, après s'être déchaussé à l'entrée, elle vint tout aérer rapidement. L'air frais lui permit de respirer un bon coup. La porte d'entrée se refermait, sa mère, retirait ses talons et écrasa son mégot dans le cendrier placé sur le meuble de bois, juste à coté de la porte.


Aaah, j'espère qu'il s'est bougé pour faire les courses, je suis crevé moi.


Sage, la lycéenne laissait sa mère se plaindre. Dans les normes, ce serait plus elle qui devrait piquer des crises d'adolescences. Or, elle n'avait jamais eu l'occasion de faire. Tout simplement parce qu'elle n'avait pas le droit. Ses parents étaient assez stricts à ce sujet. Les yeux baissés, Hoshi se déplaça en direction de la cuisine, ouvrit le frigo, en quête de se trouver un quelque chose à grignoter ou boire. Depuis le salon, elle entendit sa mère :


Ne mange pas trop ! Ce soir ce sera du poisson grillé !

Oui !


Les yeux baissés, la brune extirpa du frigo une barre chocolatée et ouvrit l'emballage. Elle croqua directement dans le chocolat, jeta l'emballage dans la poubelle vide de la cuisine avant de refermer derrière elle le frigo. Dessus, seulement trois photos. La première, datait quand elle avait trois ans. Ses parents étaient tous deux souriant avec elle dans les bras du père, derrière au fond, un zoo. La seconde, était quand elle avait cinq ans, Hoshi était dans un costume de Blanche-Neige, pour la fête de l'école, sa mère et son père derrière elle qui faisaient un signe de peace avec leurs doigts. La dernière, était son entrée collège. Il n'y avait seulement que sa mère présente sur la photo. Le temps changeait drôlement vite.

Soudain, un grésillement. L'adolescente sursauta puis se calma après avoir entendu des voix normales. La télévision s'était allumée, sa mère regardait, assise sur le coussin, près de la table basse du salon. Hésitante, en trifouillant un peu la jupe de sa robe, Hoshi avança vers elle seulement après avoir engloutit sa barre chocolaté. Qui n'avait pas suffit à adoucir sa boule de stress au ventre.


Maman... ?

Hmm. Oui.


Elle ne s'était pas daignée à se tourner ne serait-ce que un degré dans sa direction.


J'ai revu Isogi.

Ton ami imaginaire ?


Hoshi se raidit et pâlit, horrifiée des propos de sa propre génitrice.


Ce n'est pas vrai ! Il existe vraiment ! Il a grandit et_...

Je n'ai jamais eu l'occasion de rencontrer sa mère, s'il avait déménagé, il aurait pu te laisser son numéro. Lui éclaira t-elle, d'une voix fade.

C'est parce qu'il a souvent des soucis chez lui et...

D'accord, d'accord, d'accord. Arrête de faire un scandale. Ramène-le ici la prochaine fois, sans que ton père soit là. Depuis le temps que tu me parlais de lui.


La jeune fille se mordit les lèvres et fixa sa mère.


Et aujourd'hui je me suis fait un nouvel ami.

Super nouvelle. Dit-elle simplement, pas enchanté pour son enfant. J'espère qu'il travaille bien.


Intérieurement, Hoshi pouffait. Elle levait ses yeux au plafond. Si elle savait qu'il s'agissait d'un esprit ! Elle risquerait de tomber de haut, de la regarder avec choc. Qui sait, elle pourrait même jusqu'à la secouer, paniquer pour elle. Mais non, ces scénarios là ne se réaliseront pas. Du moins, plus aujourd'hui, depuis que sa mère et son père ont divorcé... Ce rappel laissait un goût amer pour la jeune fille. C'était encore tout frais dans sa mémoire. Apparemment, il avait commis un adultère. Ça ne s'était pas très bien passé et au lieu de déposer une plainte, il y avait une demande de divorce.

Puis vint un nouveau départ. Étant donné qu'il n'était pas obligatoire de donner une pension alimentaire, la mère qui avait la garde absolue de sa fille, sombra un peu plus. Elle n'avait aucune envie de faire appel à la justice. De plus, c'était trop tard. Toutes deux furent obligées de vendre la maison pour se retrouver dans un petit appartement. Le salaire des femmes, étant inférieur à celui des hommes, la femme était au bord du gouffre. Alors qu'on lui avait prévenu, tant bien que de mal que le divorce ne pourrait pas aider dans la vie quotidienne, elle n'en avait fait que à sa tête. Entre les taxes, les frais des courses, du gasoil et les frais scolaires de sa fille, tout était limite. Le pire dans tout cela, était que l'ex-époux envoyait mille cinq cent yens à sa fille uniquement pour son anniversaire. Rien d'autre. Pas d'appel, ni de lettre.

Aujourd'hui, elles vivaient sous le même toit qu'un homme, qui est devenu le beau-père de la jeune fille. Au début, tout se portait bien, jusqu'il vienne s'installer ici. Comme quoi, derrière des facettes, il y avait un nouveau personnage. Pas attachant, détestable. Son addiction pour l'alcool ne résout rien et il s'y noyait, devenait agressif, impatient et hautain. Encore heureux, il travaillait aussi, au moyen il partageait un minimum l'argent pour entretenir les frais du loyer. Même si l'ambiance n'était pas top, ils arrivaient à s'en sortir et n'étaient pas endettés. Il y avait toujours pire, pas vrai ?


Il est plus âgé que moi. Se contenta t-elle de lui transmettre.

Un senpai hein ? C'est bien, il pourrait t'aider à remonter tes notes.


Encore et toujours la même engraine ; les notes scolaires. Hoshi faisait de son mieux, elle l'avait toujours fait, mais c'était toujours insuffisant. Ce n'était pas avec ça qu'elle se sentirait mieux. D'ailleurs, pour justifier ses propos, elle utilisait « Comme ça, tu auras une bonne université où aller et ensuite, un travail qui te paiera bien ! ».

Une coutume très importante au Japon. Si on excellait, on était bien vu et les parents avec. Hoshi se fichait de ça. Les leçons étaient ennuyeux, il y avait bien plus important que l'argent et les notes. Elle pouvait très bien vivre à fond l'instant présent, rire insouciamment avec d'autres personnes de son âge, se balader, se permettre d'aller manger dans des fast-food, faire du karaoké, du shopping entre amis...


Au fait, j'ai la flemme de faire ton bento ce soir. Mange au réfectoire demain. Je te donnerais un peu de monnaie. Ne te fais pas trop de folie !


Toujours entre la cuisine et le salon, le soleil s'était définitivement couché, les ombres commençaient à gagner du terrain un peu plus. La pièce principale avait un peu de lumière tamisé avec la suspension carrée accrochée au plafond, ceci suffisait amplement pour ne pas trop aveugler. D'un sourire tordu, forcé, Hoshi de la tête et se dirigea vers la chambre, en écartant la porte coulissante.

Un grand futon occupait une grande partie de la pièce, avec un grand armoire. Oui, ils dormaient tous les trois ensembles. Et dire que d'autres avaient la chance d'avoir une propre chambre, isolée et décorée... comment ne pas être jaloux ? La jeune fille vint poser son sac, attrapa son pyjama propre dans l'armoire, plus sur la droite, coté de la fenêtre. Elle s'empressa d'aller dans la salle de bain, juste en face de la chambre. Le volume de la télévision était forte, ce qui laissait presque sous-entendre que sa mère était sourde. Ce qui n'était pas le cas. Elle voulait juste du silence, rester dans sa bulle.

La salle de bain n'était composée que du stricte minimum, avec une petite superficie inférieure à dix mètres carrée ; une baignoire, avec une douchette juste au-dessus, un petit tapis anti glissade. Juste à coté, un petit tabouret. Parallèlement, un lavabo, au-dessus, un miroir, une machine à laver se trouvait à disposition juste à coté, une corbeille à linge coté de la porte, une petite poubelle juste en dessous d'une étagère fermée. Dedans, plusieurs serviettes. Hoshi referma la porte derrière elle, s'entreprit pour se déshabiller et alluma l'eau de la baignoire. Une fenêtre en PVC était située au-dessus du bain, fermée, petite, suffisamment pour que personne n'espionne de loin. La brunette s'installa doucement dans l'eau chaude. De suite, ses muscles se détendirent et immédiatement, trouva du calme.

Ses pensées se tournèrent assez vite vers Hanako. Elle avait été culotté d'avoir arrangé leur contrat, de sorte qu'elle puisse rester le plus longtemps avec lui. Il semblait surprit et à la fois touché. Devenir ami avec un esprit, comme c'était excitant ! Et dire qu'on ne trouvait ça quand des romans fictifs, à l'eau de rose ! Toute souriante, Hoshi plaça ses mains devant elle, les paumes vers le ciel, observant silencieusement le liquide transparent venir émerger sa peau. C'était sans doute le seul endroit où elle pouvait se reposer sans rien se soucier ; le bain. Alors qu'elle s'apprêtait son shampoing favoris, qu'elle en versa dans sa main et qu'elle lavait ses cheveux, son regard s'attarda vers le miroir.

Il faisait frais, étrangement, alors que l'eau chaude se s'évaporait dans l'air, curieux. Ce n'était pourtant pas une saison froide. Les yeux de la jeune fille s'écarquillèrent avec ce qu'elle remarquait de loin. De la buée avait capturé la glace. Et pourtant, il y avait un message laissé dessus, en kanji.

« Es-tu heureuse ? »

Hoshi cligna plusieurs fois des yeux, se demandant si ce n'était pas un fruit de son imagination qui lui jouait les tours. Elle soupira, se déstressant de la situation assez étrange.


Je ne crois pas...


A qui parlait-elle ? Un petit rire lui échappa. Vraiment, la jeune fille avait besoin de se sentir plus stable que ça. De repos, de calme, de confort. Dès qu'elle rouvrit ses yeux, elle s'étonna de voir que le message avait changé.

« Si tu mourais, serais-tu heureuse ? »

Le visage de sa jeune fille se décomposa et sa couleur naturelle dériva. Blême, un frisson désagréable lui parcourait tout son échine. Dans un élan apeuré, non seulement, elle poussa un cri horrifié, mais elle se leva du bain, se couvrit de ses bras, ses cheveux détachés, longeaient, lisses, mousseux, jusqu'à ses épaules. Son rythme cardiaque s'affolait brutalement et elle peinait à respirer.

Elle n'hallucinait pas.


Qui est là ?!


Hanako ne pouvait pas aller au-delà de l'école. Autrement dit, elle avait affaire à quelqu'un d'autre. Angoissée, elle tremblait comme une feuille. L'adolescente avait éclaboussée le sol suite à son geste précipité. Petit à petit, elle commençait enfin à se calmer. Plus rien de anormal se produisait. Il n'y avait juste que le silence, mis à part les battements de son coeur et le son de l'eau. Toujours pas complètement remise de ses émotions, - et surtout pas rassurée de rester plus longtemps ici –, Hoshi s'empressa de terminer son bain.

Le reste de la soirée se déroulait rapidement. Au final, la mère s'était forcée à cuisiner un peu, laissant sa fille regarder la télévision. Il s'agissait notamment d'une série Magical Girl, des filles avec des supers-pouvoirs, combattant contre le mal... Un genre gentil sans prise de tête. Après un bon repas entre elles, une fois avoir fait la vaisselle, avoir prit l'argent que sa mère avoir donné, Hoshi se dirigea au bon moment dans la chambre. Au retour du beau père, il était bourré. Le visage rouge, son nez avec, il se mettait à gueuler des choses insensées, il rabaissait sa femme qui répliquait à son tour. L'atmosphère qui était calme plus tôt avait dégénéré. Pressant le pas, la brunette se hâta d'aller se cacher sous la couette, subissant, écoutant tout cette violence qui se déroulait à coté.

Comme convenu, au lendemain, la jeune fille se réveilla plus tôt que d'habitude. Elle veilla à ne réveiller personne, après avoir prit son uniforme. Sa mère dormait au milieu, avec un masque pour couvrir ses yeux. Le beau père dormait avec son caleçon à rayures, une jambe dehors de la couette, dans une position absurde. De la bave coulait depuis la commissure de ses lèvres. Il ronflait d'ailleurs, comme toujours. Avec un soupir, Hoshi quitta la pièce, se changea dans la salle de bain, fit sa petite toilette rapide, alla ensuite prendre un déjeuner. Fin prête, la brunette sortit de chez elle. Une fois avoir quitté l'immeuble, pour mieux s'éveiller, elle s'imaginait avoir des personnes intéressées pour rejoindre l'ouverture du nouveau club, dont elle sera la gérante même.

De bonne humeur, elle se dirigeait donc vers le lycée Kamome. Intérieurement, Hoshi se demandait si Hanako l'accueillerait avec le sourire. Probablement ! Elle accélérait le pas, marchait sur les pétales de sakura qui étaient sur le chemin. À l'intérieur, la première chose qu'elle voulait voir était son affiche. Son sourire s'effaçait d'un coup et l'effet d'une douche froide l'assaillit.

Souillé. Dégradé. Salie. Quelqu'un s'était amusé à foutre en l'air son travail. On avait déchiré une partie de son dessin. Au marqueur, était rédigé des moqueries, insultes. Ou alors on s'était amusé à pointer au feutre que son « art » était pourri tout comme la personne qui avait fait ça. Sous le choc, l'adolescente demeurait silencieuse. Elle restait stoïque, les yeux exorbités. Son coeur était en miette. Sa première pensée fut un « Ce n'est pas juste. ». Dégoûtée, Hoshi baissa la tête. Soudain, une main se posa sur son épaule, l'incitant à se redresser et considérer la personne. Étonnée, elle vit Isogi, qui la regardait, concerné et inquiet.


C'est toi qui a fait cette affiche pour que tu sois aussi choqué ? L'interrogea t-il.


Le timbre de sa voix démontrait clairement qu'il était troublé. Rien à voir avec son comportement de hier. Hoshi se mordit la lèvre et opina tristement. Elle avoua à son ami d'enfance, la voix cassée :


Oui...

Tu aimes toujours autant les étoiles toi.


Il soupira et passa une main derrière son crâne, gêné.


Désolé pour hier, je me suis emporté. Je n'aurais pas dû me montrer si hostile avec toi.


Il était sincère et vraiment désolé. Il la regardait tristement, culpabilisant pour avoir été si méchant avec son amie d'enfance. Hoshi écoutait silencieusement puis souriait doucement, lui pardonnant facilement. Elle ne pouvait pas le détester. Il avait sans doute ses raisons et puis, elle aussi était en tord. À la rentrée, la brunette n'avait jamais regardé autour d'elle et l'aurait pu le croiser plus tôt. Égoïstement, elle l'avait ignoré. Ce n'était pas quelque chose à faire pour un ami.

Ce qui venait en conclusion qu'elle s'était fait – refait – un ami. Risquait-elle de perdre Hanako ? Et si elle gardait le silence, elle pourrait prolonger leur contrat ? Hoshi grimaçait, absolument pas enchanté de devoir se séparer de lui si vite.


N'empêche, ce sont de vraies garces...

Qui ?

Celles qui ont fait ça.


La lycéenne fronça des sourcils. Il avait utilisé du féminin. Il savait.


Qui ? Insista t-elle plus durement, ne voulant pas laisser passer ça.

Ben, j'ai vu trois filles ricaner, avec des marqueurs en main. Elles parlaient d'humilier quelqu'un pour se venger... fin', je n'ai écouté qu'une partie, j'arrivais tout juste avec mes potes. Lui éclaircit t-il en passant une main sur sa nuque.

Est-ce que.. l'une d'elle avait des bijoux, du maquillage et aussi sur ses ongles ? Décrivit Hoshi en faisant des gestes pour désigner de ce qu'elle parlait. De longs cheveux très lisses ?

Ouais, c'est ça ! Elle avait un rire d'âne d'ailleurs ! S'exclama Isogi en levant son index.


Inutile de enquêter plus loin, la coupable était facile à deviner. La brune n'avait pas assez d'informations sur comment ces filles ont su que c'était son travail. En tout cas, elles ont dû probablement interroger pas mal de personnes et dès qu'elles sont su que c'était elle, la fille du directeur avait profité pour mettre son grain de sel. Pour la cibler, juste parce qu'elle n'avait pas aimer sa remarque de hier. C'était fou de savoir à quel point la méchanceté dépassait les bornes. À son tour, Hoshi questionnait des élèves, pour rattraper ces furies.

Et vraiment, comme par hasard, elles étaient devant les toilettes de l'ancien bâtiment, devant ces toilettes absolument pas fréquentées. Submergée par l'indignation, Hoshi serra ses poings et prit sur elle, dès qu'elle emboîtait le pas, direction du trio.


Et genre tu vois cette folle ? Elle m'a insulté gratos, comme si elle se croyait au-dessus de moi ! Alors en plus c'est une tarée d'occulte, mais apparemment elle est allée ici seule.

Mais... y a pas de fantômes qui grouillent ici ? S'enquit une peureuse, pas rassurée.

Les fantômes n'existent pas ! Arrête de faire ta chocotte ! Lui gronda sévèrement la blonde.

Hé bien si, ils existent. D'ailleurs, il aimerait avoir plus de calme que plutôt d'entendre vos langues de vipères. Les interrompit Hoshi, sur un ton ferme.


Toutes s'étonnèrent de la voir ici présente, les bras croisés. Elle se voulait être intimidante, bien qu'au fond d'elle, la brunette ne se sentait pas à l'aise. Elle n'aimait vraiment pas se la jouer comme ça. D'un coup, le trio se mit à rigoler, de manière désagréable et méchante. Leur réaction ne fit que poignarder davantage le coeur de la jeune fille, ses yeux verts exprimaient clairement à quel point elle était affectée, qu'elle n'aimait pas cette situation.

La meneuse du groupe réduisit la distance qui les séparaient, sa démarche était un peu trop présomptueuse, à un point que Hoshi aurait aimé exploser de rire, tellement elle se s'exposait ridiculement. La blonde balança en arrière sa mèche blonde, soignée et lisse.


Répète donc ? Qu'est-ce qu'une naine comme toi pourrait me faire ? Me lancer un sort ? Ou attend, appeler un fantôme pour me faire partir ? Ahah !


Encore un préjugé sur sa petite taille. Hoshi serra ses poings et sa mâchoire se contracta. Un peu plus tendue, sur les nerfs, la brune parvint à lâcher un :


Ne te moque pas de mon ami, s'il te plaît.


En temps normal, elle aurait gardé le silence. C'était ce qu'elle faisait avec ses propres camarades de classe. Avec cette peste ? Pas question de se laisser marcher dessus. Un flash lui traversait l'esprit. Elle se revoyait petite, dans l'école primaire. Elle était en train de faire la balançoire avec Isogi, lui l'aidait à la pousser, pour qu'elle puisse prendre plus d'élan. Ses courts cheveux bruns flottaient au rythme du vent et attentive, Hoshi écoutait les conseils de son ami. « Si quelqu'un se montre vraiment méchant avec toi, ne te laisse pas faire ! C'est en ne disant rien qu'après tu peux devenir la cible des hyènes ! ».

Il trouvait toujours les justes mots. Isogi s'était toujours tenu à ses cotés, à l'encourager, à lui souffler les mots pour qu'elle puisse avoir du courage. Jusqu'à présent, en dehors de sa famille, jamais ni personne ne s'en était prit à elle de cette manière. Les rires moqueurs n'augmentaient que davantage sa colère. La coquille éclata.


J'ai dit, arrêtez de vous moquez de mon ami ! Vous n'avez pas le droit de rire de lui ! Il est plus intelligent, plus mature que vous ! Et vous devriez avoir honte d'avoir saccagé mon travail !!


Si Hoshi avait été seule, elle n'aurait jamais mit tout son coeur. Jamais elle ne se serait montré si positive. La présence de Hanako avait été un véritable pansement pour son organe. Son attention, ses regards, sa gentillesse l'avait profondément touché. Il lui avait redonné de l'espoir, en seulement quelques heures. Après avoir explosé, la jeune fille avait la tête baissée, haletait, le dos courbé. Elle se sentait plus légère, après avoir tout déballé. Ses oreilles bourdonnaient anormalement et sentait les larmes monter aux yeux. Des pas se rapprocher. L'ombre de la blonde bougeait, signalant qu'elle allait la saisir par les cheveux.

Soudain, la porte derrière elle, s'ouvrit dans un fracas audible. Toutes sursautèrent, devinrent livides. Hoshi, releva lentement sa tête, aussi surprise par ce qu'elle venait d'assister. Un vent glacial s'échappait des toilettes et de suite, la plus peureuse glapit et prit ses jambes à son cou, rejoint par la deuxième. La blonde trembla également, complètement sidérée par ce qu'elle venait de voir. La brune esquissa un sourire, voulant saisir cette opportunité.


Au fait, tu as raison. Je peux maudire. Comme j'ai invoqué un esprit.

Put-... !


Convaincue, son agresseuse s'éloigna d'elle, fuit ensuite dans les secondes qui précédaient. Hoshi se redressa, les observant s'éloigner, admettant leurs défaites.


Enfin ! S'exclama Hanako, dans un soupir. Les entendre roucouler de choses ennuyeuses m'agaçait.


La brune se tourna, le jaugea. Hanako avait les pieds sur terre, arborait une grimace tout en redressant sa casquette. Ses orbes ambrés dérivèrent sur son amie et de suite, un large sourire illumina son visage. En un instant, il s'était adoucit.


Bonjour Kioshi-san !


Les pupilles de l'adolescente brillaient. Ses joues chauffèrent et son coeur palpita plus vite que habituellement. Son sourire était contagieux. En l'espace de quelques secondes, Hoshi lui retourna son sourire, rayonnante.


Bonjour Hanako !


Un sauveur. Elle ne connaissait pas les réelles raisons du comment ni du pourquoi il était devenu un esprit dans cette école. Dans tout les cas, la lycéenne lui serait éternellement redevable. Sa vie allait définitivement changer en mieux. Elle en était convaincue. Hanako la toisait, inquiet, lui demanda si elle allait bien et Hoshi acquiesça, justifiant qu'elle était heureuse de son intervention, ce qui rassurait le septième mystère de l'école. Pour le remercier, la brunette lui proposa qu'elle nettoie les toilettes, ce qui enchantait particulièrement le noiraud.

Ils parlaient de tout et de rien, riaient entre eux, détendus. Et ce, jusqu'à Hanako ne décide de lancer un sujet fâcheux.


Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?

Pour ?

L'affiche.

J'abandonne !


Étonné, le noiraud la considéra. De dos à lui, passant la serpillière sur le plancher, elle s'expliqua calmement, avec un sourire triste.


Je n'ai pas l'étoffe de gérer un club. Et puis, je ne suis pas une grande experte en constellation. Je veux dire, je connais quelques étoiles, planètes... mais c'est tout. J'aime ça car je suis juste attiré. C'est paisible, beau et il y a des événements qui n'apparaissent que quelques fois.

C'est idiot.


Hanako se rapprochait d'elle, lui souleva la tresse de son amie dans sa main. Il poursuivit, sous le regard gêné de Hoshi, qui cessait de remuer la serpillière humide par terre.


Quand on est passionné, on va jusqu'au bout. Je suis certain que tu rendrais service aux autres en créant un club d'astronomie. Et puis... il n'a jamais aboutie ici.

Je me demande bien pourquoi. Commenta t-elle, intriguée.

Hmm.


Il semblait moins enthousiaste, chose que Hoshi avait remarqué. Peinée de le voir ainsi, elle se demandait comment lui redonner le moral. Tout ce qu'elle espérait, c'était qu'il ne se sente pas mal par sa faute. Elle s'en voudrait. Toujours plongée dans ses songes, elle ne captait même pas que l'esprit lui avait retiré son élastique, faisant détacher ses cheveux. Elle ne se réveilla seulement quand ses mèches lui tiraient trop en arrière.


AYYEUUUUH !!! Couina l'adolescente, sa tête basculée en arrière. Tu fous quoi ?!

Tes cheveux ne sont pas très longs. Lui indiqua sarcastiquement Hanako, avec un sourire taquin.

Ouiii ben je le sais !

C'est trop triste, je ne peux même pas faire une figure incroyable avec. Bougonna t-il, vexé.

T'es coiffeur maintenant ? Lança cyniquement Hoshi en le fixant.

J'ai zéro expérience, pointa le garçon en faisant un signe ok avec ses doigts, avec un grand sourire, il ajouta, mais je suis certain que je eux faire quelque chose de mémorable !


Raison de plus pour s'éloigner de lui, ronchonnait la conscience de Hoshi.

Les cours revenaient à la charge et pendant toute l'heure, l'étudiante employait tout les moyens nécessaires pour ignorer la mouche volante qui planait autour d'elle. Sauf que l'insecte, avait l'apparence d'un beau garçon, qui, s'amusait à la distraire ou faire pouffer pendant toute la leçon donné par le professeur. À l'heure du repas, Hoshi et Hanako sont allés sur le toit, visiblement, personne n'était venu les déranger. Assise sur un banc, près du grillage, la jeune fille s'empiffra de son sandwich fraîchement récupéré à la cantine. Tristement, elle ouvrit sa bouteille d'eau.


Tu es si déboussolé de ne pas avoir pu avoir ta brique de lait au fraise ? Sourcilla Hanako, son corps penché en avant, assit à coté de la jeune fille.

Ouii... c'est mon préféré. Chouina la brunette.

Ne t'inquiète pas, il existe plusieurs saveurs. Et puis... tu sais... Le septième mystère haussa ses épaules, avec un rictus au coin de ses lèvres, il ajouta naturellement, le lait n'aide pas à beaucoup pousser sur la poitrine.

PFTRJDKLZJ ???! Hoshi s'étouffait en buvant son eau. Ses yeux exorbités, son visage devint rouge cramoisie. Du jet blanc s'échappait de sa cavité buccale et de la paille, s'échouant sur son uniforme. Un petit arc-en-ciel planait au-dessus de cette cascade enchanteresse.


D'une voix brisée, elle lui cria dessus.


HANAKO !!!!

Non mais ne t'inquiète pas, t'es très bien comme ça ! Lui rassura t-il avec un sourire enfantin, les deux pouces levés.


Une aura noire s'émanait de la jeune fille et il recula.


Euuuuh... je rigolais. Ne me frappe pas ? Tu sais que je suis pas touchable ?

Je vais te ramener un exorciste tu vas voiiiiiir !!!


Hanako était un pervers, ne mâchait pas ses mots et disait toujours tout ce qui lui sortait par la tête. Un défaut ou une qualité ? Hoshi n'avait même plus envie d'y remédier, tellement qu'elle s'était sentit indignée. Bien sûr, elle se doutait qu'il avait dit cela dans le but de lui redonner le moral. Il partait sur une bonne attention.


Vraiment, c'est nul que je ne puisse pas te toucher alors que toi, si. Bougonna Hoshi.

Tu veux me toucher ? Répéta le septième mystère de l'école, étonné. Il se tortilla. Ooh, tu es coquine, je ne savais pas que tu voulais un contact physique avec moi~.

Je pourrais te donner un coup sur ta tête, oui.


Elle soupira. Le chant des oiseaux persistaient dans le ciel. L'endroit était isolé, tranquille et paisible. Et c'était encore mieux de partager cet endroit avec quelqu'un.


Tu sais, en tant que esprit, j'ai des règles à ne pas transgresser. Lui révéla sérieusement Hanako en fixant devant lui. Comme par exemple, je ne peux faire du mal à quiconque. Mais si je l'autorise, je peux me matérialiser.

Vraiment ? C'est ce que tu fais pour me toucher ? Questionna Hoshi, intéressée. Ça... ça ne t'épuise pas en source d'énergie, ou quelque chose comme ça ?


Un sourire se dessina sur les lèvres du noiraud. Il la regardait droit dans les yeux.


Oui, on peut dire ça comme ça.

Oh... je comprends mieux.

Tu veux essayer ? L'invita t-il en tendant sa main vers elle.


Hésitante, Hoshi posa sa main vers la main du garçon et s'étonna. Il était réel. Elle pouvait sentir son épiderme parfaitement. Mis à part que sa température corporelle était froide. Stupéfaite, la brune écarquilla ses yeux, impressionnée. Hanako prit doucement parole, avec un regard mélancolique.


C'est étrange pas vrai ? De toucher un défunt. Je sais ce que ça fait...

Même si tu es froid, que tu sois un esprit, pour moi... tu es semi-vivant. Je veux dire, tu as encore toute ta conscience ! Tu as ta personnalité, physiquement on a le même âge, on s'amuse... enfin... voilà... pour moi.. tu es une personne à part entière...


Face à son discours, le garçon entrouvrit ses lèvres, ses yeux s'arrondissaient. Sa main était toujours dans celle de la jeune fille. Elle était tiède, douce, agréable. Subitement, son visage devint rouge et il retira maladroitement sa main d'elle. Il réajustait sa casquette, en l'utilisant comme moyen de distraction. Hoshi gloussa mangea son pain.

Après avoir terminé de manger, la brunette était de nouveau partie dans ses songes. Hanako, les mains dans les poches de son uniforme, la regardait, soucieux.


Qu'est-ce qui te tracasse ?

Hier soir...

Oui ?

Tu risques de me prendre pour une folle... mais... il s'est passé un drôle de truc. Avoua t-elle, en posant une main sur son bras opposé.


À l'écoute, Hanako l'écoutait. Quand elle mentionnait ces écrits sur le miroir, le visage de Hanako s'assombrissait et ses sourcils se fronçaient. Il avait identifié le problème et il passa ses doigts sur ses lèvres, réfléchissant plus sérieusement au phénomène étrange qui avait eu lieu chez elle. Incertain, il se risqua de lancer une hypothèse.


Tu n'as pas... des soucis chez toi ?


Hoshi se crispa. Sa réaction donnait déjà raison à l'esprit. Dans un silence inquiétant, Hanako finit par sortir :


D'accord...

Et.. euh.. ça signifie quoi ? Demanda t-elle, inquiète. Je suis maudite ? Ou...


La main droite du garçon se posa sur les cheveux de la jeune fille qui ne se sentait pas très rassurée. Avec un doux sourire, il lui affirmait qu'elle ne risquait rien. Qu'il s'occupera de ceci, qu'elle ne trouvait pas se soucier d'autre chose. Elle le crut.

La journée s'était écoulée trop rapidement. Après avoir salué Hanako, la jeune fille sortit de l'école, elle croisa Isogi. Ce dernier était adossé contre le mur de brique, sur son portable. Ses yeux marrons croisèrent les iris émeraudes de la lycéenne. Avec un sourire, il la laissa le rejoindre, tout à l'école.


Merci pour tout à l'heure !

Je n'ai rien fait.

Si ! Je ne voulais pas croire que c'était elles, au fond de moi... S'expliqua t-elle en rejoignant ses doigts. Ton honnêteté m'a été d'une grande aide.


Un petit rire s'échappait des barrières des lèvres du garçon. Il bascula sa tête en arrière, observait le ciel orangé. Hoshi se rapprochait de lui, tout en tenant les bretelles de son sac.


Dis-moi ? Tu crois à la légende de Hanako-san ? Commença t-elle, toute enjouée. Tu sais...


Elle se coupa dans son élan. Elle avait comme une étrange sensation qu'on la regardait bizarrement. Que tout les autres la regardait comme si elle était une folle. Un malaise s'empara d'elle.


Tu disais ? Hanako-san quoi ? Lui reprit gentiment Isogi, qui la regardait.

Euh.. oublie. J'ai plus une question personnelle.

Ouais ?

Tu es dans quelle classe ? Tu crois qu'on pourrait manger un bout ensemble à midi ? Lui proposa t-elle.

Je suis en seconde D. Et... ouais, j'pense. Mais pas cette semaine. Je suis avec mes potes et on jouera au foot. Lui expliqua t-il tout en gardant son sourire.


Elle opina et son attention se descendit sur le portable qu'il tenait entre ses mains. Un pliable, un simple.


Dis... Maintenant que tu as ton propre téléphone, on peut s'échanger nos numéros_

Faut que j'y aille. Trancha t-il, soudainement détaché de leur conversation.


Il se décolla du mur et s'éloigna, sans lui dire une bonne soirée ni rien.

Il avait changé. Elle regrettait tellement leur passé. Son coeur était serré et un manque s'installait en elle.

Le mercredi a été la pire journée. Hanako était absent. Nul part. Elle avait beau l'appeler, aucune réponse. Il s'était comme volatilisé. Anxieuse, Hoshi paniquait. Le contrat n'était pas terminé ? Si ? Juste parce qu'elle avait parlé avec Isogi hier ? Submergé par le mal être, la brunette était allée chercher son ex-ami dans la classe 2-D. Après avoir questionné des élèves, la réponse fut rapide :

Il n'était pas dans cette classe. On lui avait mentit.

Hoshi avait essayé durant ses pauses de chercher son ami d'enfance. Elle ne le trouvait nul part ce qui la décourageait. N'être attendu par personne, ne pas être écouté, être plongé dans la solitude, était la pire sensation au monde. Quand elle avait été aux toilettes – ceux du premier étage –, une fois avoir lavé ses mains, elle leva ses yeux vers le miroir en face d'elle et s'étonna de voir de la buée. Lentement, quelqu'un laissait un message, comme l'autre soir. La jeune fille se raidit, coupa sa respiration et blêmit.

« Es-tu heureuse ? »

Sans aucune raison, son corps était paralysé. Ses membres n'écoutaient plus les ordres de son cerveau. Hoshi angoissait. Une sueur coulait le long de sa joue et tressaillit lorsqu'elle sentit une main glaciale venir caresser son cou et la serrer, lentement, douloureusement, l'étranglant à petit feu. En total incapacité de parler, elle se voyait obligée de secouer sa tête, tremblante.

« Moi aussi. »

Seule dans cette pièce, sans doute en compagnie d'un autre esprit que Hanako, la lycéenne se sentit rassurée que la main l'avait relâché. Son corps, était de suite moins lourd et la pression redescendit d'un coup. Hoshi haleta, ses mains appuyée contre le lavabo. Ses jambes flageolaient et dès lors qu'une camarade de classe entrait, choquée et inquiète de son son état, la brunette prétextait faire simplement une petite crise d'angoisse, pour vite s'éloigner de cet endroit. Dans sa fuite, l'adolescente manqua même de bousculer Minamoto.

Le blond la regardait de distance, dubitatif.

Au soir, le beau-père était revenu plus tôt. La situation s'était même aggravée chez elle. Cette fois-ci, des verres, assiettes éclataient au sol et les discussions devenaient de plus en plus houleuses, jusqu'à devenir violentes. Dans la chambre, assise sur le futon, toujours vêtue de son uniforme scolaire, recroquevillée, Hoshi touchait son porte clé maneki-neko.


Ce serait génial qu'il m'apporte bonne fortune...


Une silhouette lui traversait l'esprit. Hanako était de dos, les mains joints. Autour de lui, des lanternes japonaises, plusieurs petits papiers de moulin à vent colorés. Lentement, il se retournait, avec un sourire chaleureux, à faire fondre la glace. Sa voix était lointaine, mais douce, bienveillante. Des larmes coulaient. Hoshi apporta sa main vers sa poitrine et serra son uniforme comme si ceci, pouvait réduire la douleur interne.


Tu me manques... Je veux te revoir...


La porte s'ouvrit brusquement et une voix rauque ordonnait à ce qu'elle se lève pour acheter un pack de bières. Dans le chantage, il lui intimidait que si elle ne lui obéissait pas, il viendrait s'en prendre aussi à elle. Docilement, Hoshi se leva, prit son sac et quitta la chambre, prit l'argent et une note sur papier, pour justifier son achat. La tête baissée, la brunette ne tarda pas et sortit dehors.

La vérité était si violente. Levant la tête vers le haut, la jeune fille observait ce revêtement noir qui s'étendait à l'infini. Pas une seule étoile se manifestait. Pas un seul point lumineux, en dehors de ces lampadaires qui n'éclaircissaient qu'une partie du chemin, sur terre basse, dans cette affreuse réalité qui la rappelait à l'ordre. Hoshi sentait des sueurs froides défiler sur tout son corps, une à une, la piquant comme des aiguilles au niveau de l'épine dorsale. Son rythme cardiaque et sa respiration s'accélérait. À vrai dire, elle arrivait difficilement à avaler de l'air, après cette « confrontation » avec son beau-père. Ses menaces l'avait complètement chamboulé. C'était la première fois qu'il lui adressait la parole, bourré.

Sa propre mère ne l'avait pas défendue. Ce rappel la fit ravaler sa salive, qui avait un goût amer, ceci avait limite plus un effet acide. Sa trachée brûlait, ses poumons surchauffaient tandis qu'à l'extérieur, elle se sentait froide. La lycéenne se rendait malade et malgré ces épreuves, elle avançait, n'ayant pas de meilleure option sous la main.

Le lendemain l'effrayait.

Encore une fois, elle s'était retrouvée devant les toilettes du troisième étage, du coté du bâtiment abandonné. Répétant le petit rituel, les cernes sous les yeux, la brune toqua trois fois contre la porte de la cabine et appela Hanako, mécaniquement, vidée de toute son énergie. Et là, un miracle se produisit. La voix masculine de l'esprit lui parvint à ses oreilles et Hoshi pivota, retrouvant le corps transparent du septième mystère. D'un sourire craquant, il la saluait, comme si rien n'était. Que hier, rien n'avait existé.


Salut Kioshi-san ! Comment tu vas ? Tu en fais une drôle de tête !


Épuisée, elle dissimulait son malheur derrière un sourire, passant à autre chose.


J'ai simplement mal dormi.

Je vois ça, tu as un épi sur ta tête. Rigola gentiment Hanako, qui vint appuyer sa main sur les cheveux de la brune. Au passage, il lui caressa la tête, exactement comme une petite fille en manque d'attention. Le sourire de l'adolescente s'effaçait au rythme de ses caresses, chose qu'il remarqua. Kioshi-san ?

Tu étais très occupé dans l'au-delà hier ?


Il entrouvrit ses lèvres et répondit du tac au tac :


On peut dire ça, oui.

Alors je ne t'ennuie pas. C'est rassurant..


Un silence gênant s'installa entre eux. Hoshi prit une grande inspiration et rebondissait, avec un peu plus d'optimisme et un sourire éclatant.


Bon ! Moi je vais relancer le projet du club d'astronomie ! C'est partie !

Ooh-... oui, c'est une bonne idée...


Ahuri, Hanako la laissa filer de la pièce pour aller dans sa salle de classe. Les cours achevés, pendant l'heure du repas, la jeune fille et l'esprit papotaient ensemble sur le toit, détendus. Parfois, le noiraud la taquinait encore, jouait les pervers. Plus ils échangeaient, plus Hoshi apprenait qu'il avait un rôle majeur entre le monde surnaturel et les humains. Concentré et sérieux, le noiraud mentionna que dès fois, il devait même user la force pour préserver la paix, la stabilité entre les deux mondes. Sans lui cacher ce détail, l'esprit dévoila un couteau de cuisine à son amie qui s'étonnait de voir ceci.

Attirée, elle toucha le bout de la lame froide.


Tu m'étonnes que les autres doivent être effrayés par toi... Tu pointes ça, on croirait que tu es un meurtrier !

Et... si j'en suis un ? Interrogea t-il spontanément, en levant ses yeux ambrés vers elle, soucieux. Tu serais effrayé ?

Non. Parce que tu es quelqu'un de bien au fond. Élucida t-elle. Ou alors dans le passé, tu as fait une bêtise. L'erreur est humaine... Tu as le droit d'être pardonné et ce que tu fais aujourd'hui est très lourd. Tu travailles dur ! Tu as du mérite. Vraiment Hanako, tu es cool...


Successivement, ses arguments faisaient rougir le jeune garçon. Elle le valorisait, le complimentait par la suite. Il était devenu quelqu'un d'important pour elle, pour que cette fille lui sorte tout ça. Flatté, il grattait sa joue avec un sourire heureux. Intérieurement, il se demandait sérieusement s'il était possible de rester en sa compagnie plus longtemps. Son vœu n'était pas encore exaucé et il ne risquait rien tant qu'elle n'avait pas eu son vœu exaucé. Toutefois, plus ils restaient en contact, sachant qu'elle n'était pas une exorciste, une médium, il pourrait avoir des soucis.

Hanako fronça des sourcils, après avoir entendu Hoshi hoqueter. Ses yeux brillaient et elle fixait un point fixe. À plusieurs reprises, elle frottait ses yeux, juste pour être sûre qu'elle ne rêvait pas.


Kioshi-san ? Un soucis ?

Des lapins roses ! Sans pattes ! Trop chou ! Tu les vois ??


En mentionnant ceci, Hanako se raidit et regarda dans sa direction. Oui, trois petits esprits inoffensifs passaient par là, jouaient entre eux. Un plia une oreille. La gorge asséchée, le jeune garçon murmura faiblement un :


Tu...les vois ? S'étonna t-il, surprit qu'elle puisse les voir que maintenant.

Mmhmm ! Acquiesça t-elle avec un grand sourire. Ils sont mignons ! C'est quoi ?

Des mokke...

Des mokke !


Le visage du garçon pâlit. Il tourna sa tête, pas très bien. Le timbre de sa voix était chevrotante, une boule se formait dans son estomac et l'inquiétude l'assaillait de partout.


Kioshi-san... Tu... est-ce que... tu vas bien ? Vraiment ?

Oui pourquoi ? S'étonna t-elle, ne se doutant de rien.


Deux possibilités s'offraient à Hanako. Le premier était qu'il s'agissait d'un miracle. Que à force de le côtoyer, elle développait la capacité de voir des esprits. Le deuxième était qu'elle était aux portes de la mort. Une maladie ? Peut-être. Mais n'était-elle pas en bonne santé ? Quelque chose clochait.


Hanako ? Tu es pâle. Qu'est-ce qui te perturbe comme ça ?


Hoshi déposa sa main sur la joue du garçon, concernée. Le noiraud la fixait, nerveux puis, se détendit, ferma ses yeux, s'appuyait contre la paume de la jeune fille. Il se reposait un bref instant sur elle. L'adolescente rougissait quand il le faisait, ne bronchait pas à ce geste. Au contraire, elle y prenait goût. De plus, plus la brunette le regardait, plus elle trouvait vraiment mignon.


Tu as peut-être changé d'avis pour ton vœu ? L'interrogea doucement le septième mystère.

Est-ce que faire le vœu de devenir ton ami est réalisable ? Comme ça on sera toujours ensemble !


Encore une fois, il rougit. Instantanément, il rouvrit ses yeux et se redressa, prit du recul, sous le regard confus de sa camarade.


H...h....hé bi...bien, j-je ne pense pas...que... ce...soit que... ce...soit un soucis ?

Alors on peut ! S'enthousiasma Hoshi, les yeux étoiles dans les yeux. Elle se rapprochait de lui. Je pourrais t'aider aussi, tu sais !

Euh...o...oui... mais... laisse-moi y réfléchir.

Dis ouiiiiiii ! Supplia t-elle, avec un regard du chiot battu, encore une fois, elle était toute proche de lui.


Encore plus rouge, l'esprit s'écartait d'elle, passa une main sur sa nuque, marchait sur le béton du toit de l'école. Il lui demandait si elle n'avait pas autre chose en idée – comme si ça pouvait l'aider à se détacher d'elle plus rapidement, bien qu'il n'y avait plus de moyen possible pour faire demi-tour –. Hoshi mima de réfléchir et esquissa un sourire.


Oui, j'en ai une.

Et c'est quoi ? Lui sourit Hanako, les mains dans ses poches.


Elle lui désigna son porte-clé du chat de fortune.


Oui ?

Tu fais fusionner maneki-neko avec blancheur, comme ça tu pourras être aussi constamment avec moi, même dehors de l'école ! Affirma Hoshi, les sourcils froncés, avec un grand sourire.


Une ruse bien à elle. Hanako tomba à la renverse, ses deux fidèles feux follets flottaient toujours près de lui, tranquillement.


Mais tu n'abandonnes pas ?!

Oooh non, L'amitié, c'est précieux, je le chéris ! Et c'est encore plus incroyable de t'avoir toi ! S'enflamma la lycéenne, le sourire jusqu'aux dents, elle se levait du banc en fer. Ou alors attend ! Fais-moi de toi ton assistante ! Comme ça, je pourrais me charger de te ramener des clients, te protéger des exorcistes et...

Attend, attend, attend tu_...

Va s'y, fais tout péter tes pouvoirs, fais-moi devenir une super héroïne ! À moi le rôle de mes plus grands rêves !

Kioshi- !

Appelle-moi Hoshi ! Haut les bras ! Jubila t-elle toute seule, elle leva ses bras en l'air, toute excitée.


Elle l'avait clairement ignoré. Têtue, bornée, elle ne suivait que ses convictions. Hanako soupira, résigné. Difficile de refuser. Son enthousiasme était si contagieux et sa bonne humeur l'amusait. Sa naïveté aussi. Il n'était pas interdit qu'il fasse un lien avec une humaine et son argument était valable, justifié et correct. Si c'était le souhait qu'elle désirait, alors qu'il en soit ainsi, n'est-ce pas ? Le noiraud lui adressa un sourire et s'approcha d'elle. D'une voix posée et sérieuse, il vint lui clarifier d'autres points importants à ne pas oublier.

En échange de son bonheur, oui, elle devra lui donner quelque chose de précieux. Mais aussi, elle pourrait être une cible de tout danger. Il ne pouvait garantir sa sécurité.


Très bien Hoshi. Sourit-il. Sache que si on noue un lien, tu serais apte d'être ciblé par plusieurs esprits. Ta vie ne sera plus comme avant. D'ailleurs n'oublie pas, que je vais te retirer quelque chose en échange de notre pacte.

Je suis prête. Lui répondit-elle spontanément, très sérieuse.


Hanako écarquilla ses yeux. Sa détermination était infaillible. Il avait deviné qu'elle était prête à ignorer la possibilité de faire marche arrière. Inébranlablement, elle avait appuyé sur le bouton qu'elle jugeait juste et bon pour elle.

Tous deux allèrent donc dans les toilettes, le lieu où pouvait utiliser les pouvoirs du septième mystère. C'était son domaine d'extension, il avait tout les droits ici. En sortant de sa poche, un sorte de talisman, omamori – amulette japonaise –, il l'offrit à la jeune fille. L'objet était recouvert d'un tissu de soie rouge écarlate, avec des motifs dorés plus mis en avant, il était fermé par un fil suspendu à une lanière. Au toucher, il était incroyablement lisse, doux. Dessus, un mot « paix » était visible et soudain, la main gauche de Hoshi s'illumina. Assez vite, il disparu, laissant une marque sur le dos de sa main, rouge.

Un symbole qui ressemblait au badge bordé sur la casquette de Hanako.


J'ai été tatoué ?

C'est la marque de notre union. Lui expliqua le garçon en croisant ses bras. Dorénavant nous sommes liés.


Tout en regardant la marque, les joues de Hoshi s'empourpraient après avoir entendu la version de l'esprit.


Tu es en train de penser à quoi ? À des choses cochonnes ? Roucoula Hanako, taquin.

Oui, je me demandais quand arrive notre bague pour conclure notre alliance.


La réaction de Hanako la fit sourire. S'il pensait avoir le dessus, il avait tord. Elle aussi avait de la répartie. Son visage rouge cramoisie et son expression était l'image parfaite de ce qu'elle avait imaginé dans sa tête. À son tour, la brunette gloussa et chantonna :


Ben quoi ? Avec ce que tu m'as dit, autant d'aller jusqu'au bout nous deux, pas vrai ?

Je-... ok non, se reprit-il, gêné, je vois que j'ai encore beaucoup à apprendre de toi...

Ahaha ! C'est réciproque!


Dorénavant, elle pouvait rester à ses cotés sans rien craindre. Quoi de mieux rêver ? Elle le considéra cette fois-ci plus sérieusement en le voyant flotter dans les airs.


Ettt du coup ? En échange je te dois quoi ?

En contrepartie comme tu l'as dit, tu m'aideras dans mes petites tâches... et... tu nettoieras chaque jours les toilettes.

Ah ouais mais nah, c'est pas possible je_

Trop tard pour faire marche arrière.


Il avait coupé avec un grand sourire. Hoshi tenta une nouvelle fois.


Mais... mon club_

Il n'a pas aboutit.

Mais si jamais_

Lâche l'affaire, tu n'auras jamais le temps.


Bizarrement, elle avait envie de chialer. En gros, pour résumer, elle a perdu son temps précieux pour sa deuxième affiche. Déjà que faire le ménage n'était pas son passe-temps favoris, maintenant la fille à la tresse sera contrainte de le faire tous les jours. Son âme pleurait.


Aussi je veux bien que après tes cours culinaires, tu me ramènes un échantillon ! Et si tu ne veux pas alors une revue avec de belles filles qui_

...Sale porc.

Comment tu as su que j'aime la viande ?


Hoshi ragea intérieurement. Sa colère s'estompa très vite lorsqu'elle sentit une main se poser sur sa tête. Doucement, elle releva sa tête, admirant le corps du noiraud planer au-dessus d'elle, avec un sourire attendrissant. Son coeur manqua de battre un laps de temps. Les mèches du septième mystère s'écartaient.


Comparé à d'autres contrepartie, je trouve que c'est léger et acceptable.

Oui... c'est vrai... merci Hanako..

Je compte sur toi les jours suivant, ma très chère petite assistante ! S'enthousiasma t-il, ravi.


Aussi enchantée que lui, elle lui sourit en retour. Elle plaça le talisman contre sa poitrine, lui promettant de mettre en sécurité ce petit cadeau, qu'elle en prendra le plus grand soin.

Les cours terminés, Hoshi marchait en direction du tableau d'affichage, retirait son deuxième travail et le déchirait. Toute souriante, elle se rapprochait des poubelles pour mettre le papier dedans. Non loin, des rires. La brunette leva sa tête, voyant près des casiers, vers la sortie, un groupe de garçons. Parmi eux, Isogi. Le brun partait avec eux dans la bonne humeur, sans se douter que son ex-amie l'observait de loin, affectée. La jeune fille avait envie d'aller le retenir pour lui parler tête à tête. Pour comprendre ses raisons.

Oui, il avait changé. Et alors ? Pourquoi s'était-il excusé pour qu'ensuite il lui tourne le dos et s'éloigne d'elle ? Cela n'avait aucun sens. Dès qu'il sera seul, elle foncera sur l'occasion et lui touchera deux mots. Honnêtement, Hoshi se fichait s'il voulait mettre définitivement un terme à leur relation. Tout ce qu'elle voulait c'était qu'il soit franc et qu'il ne la fasse pas tourner en rond. Pas se comporter comme un con, dans un cercle vicieux où on ne pouvait voir le bout.

Comptant aller dire au revoir à Hanako, au deuxième étage, à coté de la fenêtre, de la buée se formait et encore une fois, quelqu'un ou quelque chose écrivait, chose que Hoshi remarqua, en dehors des mokke qui se baladaient, enjoués.

« Es-tu heureuse ? »

Dubitative, Hoshi répondit, dans l'espoir que cela s'arrête.


Oui.


De la buée effaça le message et un autre se fit. Le 'e' final était complètement raté, un long trait descendait vers le bas, ce qui fit frissonner l'adolescente.

« Menteuse »

Hoshi grimaça et serra dans la poche de sa robe, le cadeau offert par Hanako. Elle fit abstraction par ce qu'elle avait vu et fila au plus vite pour monter en haut. Cette fois-ci, l'adolescente partagea ce qu'elle avait vu avec le garçon. À l'écoute, le noiraud réfléchissait et plaça deux doigts sur ses lèvres, soucieux. À voix basse, il murmura :


Etrange. Pourtant le troisième mystère m'a juré n'avoir rien trafiqué...

Le troisième mystère ? Lequel ? Demanda Hoshi, après l'avoir entendu.

Il s'occupe des frontières des miroirs. Il peut se déplacer sur tout types de verres, y comprit aux fenêtres. Si ce n'est pas lui, je ne vois pas qui ferait ça...


Son visage s'assombrissait. Il réfléchissait intensément, espérant trouver la réponse. Hoshi demeura silencieuse et attrapa la main du garçon. Elle ne voulait pas le déranger. De plus, s'il affirmait que ce n'était pas l'oeuvre de d'autres esprits qu'il connaissait, cela signifiait qu'elle hallucinait. Pour le rassurer, elle se contentait de lui dire que c'était sans doute rien. Que peut-être il s'agissait de son cerveau qui lui envoyait des signaux pas très sympathique.

Fuir la réalité, quoi de mieux pour ne plus stresser ?

Toujours en tenant la main du noiraud, avec un sourire, Hoshi lui souhaita une bonne soirée et qu'elle avait hâte de le retrouver demain. Hanako opinait doucement, avec un sourire forcé. En la laissant partir, il attendit qu'elle ait réellement quitté l'établissement pour bouger. Ses yeux ambrés devinrent plus sombres, ténébreux. Il se déplaçait dans les couloirs vides. L'école était fermée et tout le monde était définitivement sortis. L'établissement avait perdu toute clarté, plongé dans le noir. Blancheur, était le premier feu follet à guider son maître, le conduisant devant une porte en particulier.

Brusquement, sans toquer, Hanako ouvrit, manquant de fracasser un peu le mur. La pièce était légèrement allumée, tamisée par une lampe de bureau. Derrière, debout, quelqu'un retirait un livre d'une étage. Lentement, sans se presser, l'individu se tourna. De la fumée s'échappait d'une longue pipe ancienne et un regard perçant améthyste s'ancraient dans les yeux du garçon fantôme. L'homme était grand, mince, avec des membres supplémentaires en plus de ses deux jambes, qui laissaient croire et deviner qu'il était une sorte d'araignée. Ses cheveux étaient noirs, hérissés avec de longs franges blanches mis en avant. Ses oreilles étaient pointues, ses mains en forme de griffes géantes. Sur le bout de son nez, des lunettes dorées. Pour sa tenue, ils étaient simples ; un jean foncé, un pull roulé violet et par dessus, un long manteau souple blanc. Sur ses mains, des gants souples noirs.

D'une voix nonchalante, il interpella Hanako.


Que c'est rare. Que me vaut ta visite, numéro sept ?

Tsuchigomori... Il faut qu'on discute tous les deux. Commença le noiraud en se rapprochant.

Ce n'est pas ce qu'on est en train de faire ?


Tsuchigomori était le cinquième mystère de l'école ; les archives de seize heures. Il s'occupait des livres, gardant son coté surnaturel tout en ayant un titre nominatif en tant que enseignant du coté chez les humains. Il fallait sans doute dire qu'il travaillait énormément. La lune avait monté dans le ciel et sa faible clarté envoyait un petit rayon dans la pièce close. De la poussière était visible, planant autour d'eux, translucide. Hanako tira la chaise devant le bureau et prit place. Sur un ton sérieux et ferme, le septième mystère énonça le problème majeur :


Un esprit harcèle une élève.

Cette élève que tu me parles, serait Kioshi Hoshi ?


Visant juste, Hanako plissa ses yeux et hocha de la tête. Il ne pouvait rien lui cacher, il savait tout. De a à z dans l'historique de cette école, aussi bien le passé comme l'avenir de tout le monde.


Si tu attends à ce que je te dise qui est le coupable, c'est raté.

Tu es certain de ne pas vouloir m'aider ? Appuya Hanako. Je n'aimerais pas non plus utiliser la force pour...

Je suis contre la violence, tu le sais, numéro sept. Le stoppa calmement le cinquième mystère. Il retira sa pipe de ses lèvres et reprit, dévoilant ses dents pointues. Je dis simplement qu'en dehors de nous, qui serait susceptible de faire ça ?


Dans un silence religieux, aucun n'osait omettre un nom. Jusqu'à Tsuchigomori finisse par lâcher :


Demande-lui si elle avait déjà rencontré avant votre rencontre ce genre de phénomène a déjà eu lieu.

Et tu ne peux pas regarder dans son livre si...

Il y a parfois des événements inattendus. Tu es bien placé pour le savoir. Lui souffla l'enseignant en fermant ses yeux, rapportant le bout de sa pipe sur ses lèvres.


Il fuma tranquillement, ignorant le regard dépité de son ancien élève.

Les jours se succédaient. Rien ne nouveau avait eu lieu, juste des journées banales, sans incident. Hanako avait apprit que Hoshi n'avait jamais rencontré ou eu de phénomènes paranormaux avant lui. Par précaution, l'esprit avait envoyé son feu follet la suivre partout par précaution même si il ne pouvait aller au-delà des limites de l'école Kamome. Les journées étaient paisibles, se passaient sans accro, tout était trop calme. La jeune fille voyait encore des messages par ci et par là et avec le temps, elle avait fini par ignorer, à ne plus se tracasser pour ces choses bien que Hanako n'était pas rassuré.

Parce que quelqu'un la guettait, la surveillait, d'une manière obsessionnel et malsaine, avec la même question qui tournait en boucle, chaque jour.

Deux semaines plus tard, en plein ménage, Hoshi soupirait, dépitée. Son moral avait prit un sacré coup, ce que le noiraud remarqua. Son corps se bascula dans les airs et dans un mouvement circulaire, il passa au-dessus de la lycéenne. Elle ne semblait même pas capter qu'il était présent, qu'il se souciait d'elle. Une moue se forma sur son visage puis, en manque d'affection, le garçon fantôme décida d'utiliser la méthode brute ; tirer les joues.


Héhoooo ! Je suis là !!

Quoi ! Se plaignit son assistante en massant ses joues endolories.

Tu es dans la lune... à quoi tu pensais ?

A un garçon. Ronchonna Hoshi.


Cette affirmation le sidéra.


Quoi ? Un garçon ? Qui ? Comment ?

Il me trouble... je n'arrive pas à le trouver..


Sa mine déconfite le fit grommeler. Hanako attrapa délicatement le menton de la jeune fille tandis qu'il la rapprochait de lui. Séducteur, sur un timbre de voix plus mielleux, il lui sortit :


Pourquoi tu cherches un autre garçon alors que tu as moi ?

...Hmfh ?! Parvint-elle à sortir sous l'effet de surprise, son visage, chauffait et son coeur s'emballait. U-Uh ?!

Tu n'es pas satisfaite avec moi ? Je ne te suffis pas ?


Doucement, il retirait sa main du menton de la jeune fille et arborait un regard triste. Non pas qu'il cherchait à la faire culpabiliser. Il tenait vraiment à Hoshi, il aimait sa présence, sa bonne humeur, ses sourires, tout. Tout chez elle lui plaisait. Rouge pivoine, la brunette balbutia, succombant à son charme.


C-C-C'est pas ça ! C'est juste une connaissance ! La semaine dernière, je voulais lui parler mais... je n'ai pas eu l'occasion...

Et c'est qui ? Questionna t-il avec curiosité, sans pour autant relâcher la main de sa partenaire qu'il venait de prendre.

Isogi Shinji...

Ca ne me dit rien. Il est beau ?


Ces questions paraissaient étranges pour Hoshi. Mais du tac au tact, directe et sans hésitation, elle répliqua :


Moins que toi.


Des points de suspension auraient été visibles s'ils étaient dans une série ou dans un manga. Hanako devint rouge écarlate.


Et en échelon, je t'aime beaucoup, beaucoup plus que mes autres amis ! Tu es hautement gradé ! En fait, je dirais même que tu es à une barre au-dessus de l'amitié, tu..._


Elle se tut. Sa langue avait fourchée et le temps qu'elle ne saisisse sa gaffe. À son tour, elle rougissait, le volume de sa voix avait étonnamment fléché et était plus aiguë. Hoshi se rattrapait comme elle le pouvait.


Tu... T'es un VIP hors norme !

...Ah !

Ouais, exactement ! Hahaha !...

Et j'ai le droit à quoi en tant que VIP ? S'amusa t-il à demander, avec un rictus.

De me toucher. C'est déjà un sacré privilège. Rigola Hoshi.

L'idée est sympa mais il n'y a pas grand-chose à profiter...


Pétrifiée, la jeune fille sentit une partie d'elle se fissurer. Offensée et blessée, elle reprit le ménage, tête baissée, dans un profond silence. On pouvait même entendre le vent dehors frapper contre la vitre. Hanako paniqua.


Ahhh ! Non non ! Je ne voulais pas dire en mal ! Vraiment !!

Ne te donne pas cette peine... je sais que vous aimez les gros seins, des culs rebondis... les formes généreuses... Maugréa Hoshi à voix basse, en pleurnichant sur son sort.

Ouais mais non ! C'est pas ça qui compte ! Vraiment, c'est la beauté intérieure !! Lui rassura t-il.


Alors qu'elle faisait la soude oreille, Hanako prit les devants et l'enlaça par derrière. Ils étaient collés l'un à l'autre et Hoshi rougissait un peu plus. Son coeur martelait plus vite contre sa cage thoracique et elle peinait à aspirer de l'oxygène, tellement qu'elle se sentait toute chose contre lui. La brunette avait l'impression de rêver. Tout était si agréable, magique, si on oubliait qu'elle nettoyait la pièce et écurait les toilettes...

Le souffle du septième mystère lui arrachait des frissons.


Je peux me passer de ces trucs. Tu es plus indispensable que quiconque... Murmura t-il, en la resserrant un peu plus fort.

M-merci...


Le noiraud souriait tendrement, affectueusement. L'esprit se détacha d'elle et reprit son sérieux en joignant ses mains derrière son dos.


Alors tu cherches ce garçon qui est dans l'école.

Oui. Je pensais gagner du temps en demandant aux professeurs. Il faut que je sache pourquoi il m'évite.

Je t'accompagne dans ce cas !


Contente, Hoshi rangea tout le matériel de ménage et quitta la pièce sans tarder, suivit par son partenaire. Comme elle l'avait mentionné, elle se dirigea vers la salle des professeurs. Tout en avançant tout droit, avec une idée en tête, la brunette ne repéra même pas Minamoto passer du coté opposé. Le blond zieuta en direction de Hanako et lui souffla un :


Je t'ai à l'oeil l'esprit.


Les sourcils froncés, le septième mystère tourna sa tête, observa la silhouette de l'exorciste par dessus son épaule. Méfiant, le noiraud plissa ses yeux ambrés et reprit son chemin. Derrière la lycéenne, il écoutait la conversation, laissait l'enseignant feuilleter les pages du carnet des élèves de secondes. Lorsqu'il se rapprochait, il secouait négativement sa tête. Choquée, Hoshi redemanda confirmation et la réponse était claire ; il n'y avait jamais eu un élève de ce nom ici.

Déboussolée, Hoshi s'expliqua à Hanako. D'où elle avait connu Isogi, du passé et ses interactions la semaine dernière. Appuyée contre le lavabo, dos au miroir, elle ne négligeait aucun détail. Une fois avoir terminée, elle eut un rire nerveux, avant de lâcher fébrilement :


C'est hyper bizarre, pas vrai ?

J'ai... remarqué que tu n'aimais pas rentrer chez toi. Envoya le noiraud, son dos appuyé contre le mur, du coté de la fenêtre. Et ce garçon, tu ne l'as connu que à un certain âge... tu.. peux développer ?

C'est à dire ? Demanda innocemment Hoshi, étonnée.

J'ai l'impression que tu fuies quand il faut parler de ton passé. Et de ta famille.


Un rictus se dessinait sur les coins des lèvres de la jeune fille.


Oui. Parce que c'est sensible. Admit-elle.

Tu veux en parler ?

Mon père... trompait ma mère. Depuis un moment. Et quand elle l'a suit par intervalle d'un collègue, elle s'est sentie humiliée et avait le coeur brisé. Depuis ce jour... à la maison, c'était tendu. Ils se disputaient. Et moi... ben.. j'étais timide. Très timide. Je n'arrivais pas à me faire un ami. On me mettait la pression pour que j'en ai un. Mon père trouvait ça absurde que je ne fêtais pas mon anniversaire avec quelqu'un et ma mère me rabâchais sans cesse que je devais faire plus d'efforts car à l'école, il y aura des notes de groupe et tout...


Hoshi serra le bas de sa robe, la tête baissée.


Je stressais quotidiennement. Puis... Isogi est apparu. Ça allait beaucoup mieux. Mais il ne pouvait jamais venir voir mes parents. Une fois je l'ai invité chez moi. Il se cachait de mes parents et... on n'a jamais pu rester en contact. Il trouvait des excuses puis a disparu au collège quand quelqu'un m'a approché... je... c'est confus.. Il ne serait pas excessivement jaloux ? Possessif ? Ou encore toxique ? Je...

Hoshi. Est-ce que... tu es sous traitement ?

Hein ? Quel traitement ? Interrogea t-elle, abasourdie par cette question là.

Tu n'as jamais été diagnostiqué ?..

Je ne suis pas malade !


Hanako secouait sa tête.


Dépression...


Ce mot la fit figer. Elle bredouilla quelques trucs incompréhensibles et d'un coup, une surproduction de glandes lacrymales. Des larmes se déversaient sur les joues de l'adolescente, qui ne bougeait plus d'un pouce. Elle se remettait en question. Son nez la piquait et sa gorge piquait. Ses poumons inspiraients plus d'air. Ses bras tremblaient tandis que ses iris vertes se baissèrent vers ses mains. Hoshi voyait trouble et ses oreilles bourdonnaient.

Une claque de vérité.

L'impression de se noyer était palpable. Sa température corporelle avait chuté considérablement et ses larmes n'arrêtaient pas de couler. Des petits flashback revenaient à l'assaut, pour la remettre sur le bon chemin, pour qu'elle puisse retrouver les pieds sur terre et qu'elle se mette à jour. Sa mère lui mettait trop de pression. Son père défendait sa fille. Était-ce à cause d'elle ? Le déclenchement de leur rupture ? L'ambiance avait changé. Sa vie aussi. Sa bonne humeur avait été alterné. On lui avait retirer sa petite étincelle et sa joie lui avait été enlevé.

La fillette avait beau tout essayé pour se racheter. Sa mère en redemandait encore et encore. Le père était partit et ne refilait aucune pension alimentaire, excepté un cadeau pour son anniversaire qui était minime. Avait-il trouvé une vie meilleure ? Probablement. Seules, Hoshi avait tout fait pour redonner le sourire à sa mère. Elle lui avait craché, sous le coup de la dépression qu'elle ne la comprendrait jamais et tout ce qu'elle avait à faire était de suivre sagement ses ordres. Qu'elle devait être tout simplement une gentille fille.

Les interactions avec les autres ? Sa mère lui avait tout apprit. Elle lui disait que si sa petite fille chérie ne trouvait personne, elle l'emmènerait consulter un psychologue et qu'elle prendrait souvent des médicaments. Tout ceci, dans l'unique but de faire bouger son enfant, à changer pour sa mère, quitte à faire peur la fillette. Hoshi n'aimait pas les médicaments et elle craignait le pire. Tout ce stress, avait engendré une sévère anxiété. Vint ensuite une dissociation. Plus allégée, la brunette vivait bien mieux. Et l'atmosphère à la maison était plus douce bien que sa mère avait prit ses distances.

L'affection qu'elle apportait à sa fille avait disparu. Au collège, le niveau avait grimpé et la génitrice tenait à ce que son enfant se débrouille au mieux. Hoshi avait perdu contact avec son ami imaginaire dès qu'une première fille lui avait tendu la main. Cette personne était sa toute première amie et sa première année dans cette école était la plus belle. Le changement en troisième a été brutal pour elle. Tout le monde partait et ça la dégoûtait de devoir rester avec une fille qui n'aimait que critiquer et se plaindre. Ses camarades de classe étaient tous chouettes et elle faisait part entière parmi eux. Pas le temps de s'ennuyer. Toutefois, son coeur était vide. Hoshi le savait.

Elle n'était pas heureuse. Elle mettait ce masque de la joie, pour ne déranger personne. À quoi bon se plaindre ? Personne ne l'écouterait. Tous ceux qui l'aimaient réellement lui ont tourné le dos. Pour ne plus être blessé, elle avait prit pour rôle d'être une personne tranquille et studieuse. Pas question de se la jouer enfant triste ou bien elle serait mal vue. Et tout le monde sera répugné. On s'écartera d'elle, on murmurerait des sales choses derrière son dos. Et sa mère ? Déçue, elle serait furieuse de devoir dépenser de l'argent juste pour qu'elle consulte un psychologue.

En bref, Hoshi comblait son manque par son ami imaginaire ; Isogi. Le revoir au lycée était un bon signe ? Pas vraiment. Au début il était dégoûté d'elle. Ensuite, il s'excusait. Et l'ignorait. Le message était évident, pas vrai ?

Il fallait qu'elle lâche prise. Qu'elle se comporte égoïstement. Qu'elle explose, qu'elle casse ce mur qu'elle s'était elle-même bâtit toute seule, qu'elle s'ouvre complètement et qu'elle s'accepte elle-même. La brune devait laisser derrière elle, en abandon, tout ces fragments qui l'oppressait, qui la rendait malheureuse.

Accepte-toi même et quand tu ouvriras les yeux, tu verras qu'il y aura une main qui te sera tendue.

Hanako.

Il n'avait absolument pas bougé. Il s'était matérialisé de nouveau, pour enlacer la jeune fille qui éclatait en sanglots. Elle libérait tout ces poids qui l'avait retenue durant ces longues années.

« Es-tu heureuse ?

Oui.

Menteuse.

Je sais. »

Ce n'était que des simples signaux que lui transmettaient son cerveau. Depuis tout ce temps, ce n'était juste elle qui n'imaginait ces choses. Pour la première fois, quelqu'un la prenait véritablement dans ses bras. La soutenait, lui frottait son dos, lui laissait la possibilité de se relâcher entièrement, en silence.


Tu n'es plus seule. Lui souffla doucement Hanako. Je suis là...


Consolant, réconfortant, le septième mystère continuait de frotter le dos de la jeune fille. Hoshi hoqueta et lui rendit son étreinte, pleurant de toutes les larmes de son coeur. Elle fêtait sa nouvelle vie. Une nouvelle page se tournait enfin. Hoshi se sentait en sécurité contre le noiraud et serrait un peu plus la veste noire du garçon qui rougissait à vue d'oeil. Si Hanako serait encore vivant, son coeur battrait à la chamade. Pour la soulager un maximum, il lui frottait le dos, caressait ses cheveux et lui murmura des choses réconfortantes. Par exemple « Tu es forte », « Tu t'es bien battu toute seule », « Tu as assuré ».

Une fois calmée, Hanako faisait de son possible pour lui redonner le sourire, en parlant de choses rigolotes ou encore perverses pour la faire réagir. Tout fonctionnait à merveille. Tout allait mieux, l'esprit le sentait et ça le rassurait. De la voir si souriante, si apaisée. Heureuse.

Juste avant que le cours de littérature japonaise ne débute, des camarades de classe avançaient vers la brune qui sortait ses matériels. Face à elles, Hoshi leva ses orbes émeraudes et leur adressait un grand sourire rayonnant.


Yo ! Ça gaze ?


D'un coup, elle les avaient prises au dépourvues. Toutes avaient de gros yeux, ne s'étant jamais doutées que leur camarade leur parle ainsi, du moins, pas avec ce tic de langage. L'une d'elle entreprit la conversation, avec un sourire gêné.


Euh... oui.. enfin, toi ? Récemment, tu es agité... on se demandait si ça allait...

Ouais beaucoup mieux, merci de te soucier de moi ! Leur sourit Hoshi en dévoilant ses dents blancs. Son aura rayonnante rassurait plus d'une.

Tant mieux. Tu parlais dans le vide et tu revenais souvent abattue... alors... on se demandait... Lui expliqua sa camarade, sincère.


Attendrit, Hoshi opina doucement, elle croisa ses bras, s'appuya contre sa table de bois.


Oui, je me suis fait un super ami. Je suis au top de ma forme !

Un garçon !? Surgit une fille avec de courts cheveux. Il est comment ?


Leur petite conversation entre filles amusa la brune. Depuis combien de temps n'avait-elle pas eu ce genre de petite discussion ? Ça la revigorait. Certes, un cliché, les sujets sur les garçons, toutefois, ça l'emballait aussi. Elle rigolait doucement et décrivit Hanako, sans pour autant mentionner son nom, pour l'anonymat. Une garçon manqué croisa ses bras, avec un rictus. Elle leva ses yeux au plafond. Leur échange les avaient toutes rapprochées et en tout, elles étaient cinq, autour du bureau de leur camarade de classe.


J'te jure, les mecs, tous des pervers.

J'en fais tout autant avec les garçons idols. Lui souligna la brune aux longs cheveux lisses, la première qui avait parlé avec Hoshi. Par exemple ! Le beau, le talentueux Jun ! Ahhh-...

Ca y est, on l'a perdue dans son délire de fangirl, que quelqu'un lui ramène des glaçons à foutre dans son uniforme pour la faire sortir de ses douteux fantasmes ! Exagéra la garçon manqué en tapant dans ses mains.

Tu me fais ça, t'es morte ! S'offusqua la brune, qui la dévisageait.


Mutuellement, toutes riaient de bon coeur. L'ambiance était chaleureuse, agréable. Hoshi se sentait étonnamment bien.


Dis, dis, si ce que tu racontes, il est un peu tactile, t'as pas le coeur qui bat à la chamade avec lui ? Tu ne ressens rien de plus ? La reprit l'adolescente aux courts cheveux, sans doute la plus intéressée par l'amour.

Ce serait mentir de dire que je ne ressens rien... Soupira Hoshi, qui enroulait une mèche autour de son doigt. Mais je ne sais pas, ce ne serait pas un peu trop... soudain ?

Meuf. L'arrêta sa camarade avant de la saisir par les mains. Ses yeux brillaient et des étoiles invisibles planaient autour d'elle. L'amour n'a jamais d'explication !

...Plaît-il ?

Ensemble, vous décrocherez la lune ! Vos touchers vont vous menez jusqu'aaaaahhhhhh !

Ca suffit disciple de Cupidon, couché ! Lui sermonna la brune en lui tirant son uniforme en arrière. Laisse Kioshi tranquille !


Leur groupe était très marrant. Hoshi gloussa, avant de répliquer :


Nan mais il n'a rien d'un beau prince, je dirais même qu'il pourrait lire des pornos! Il est inexpérimenté !


Plus loin, Hanako éternuait. Il avait un pressentiment qu'on parlait mal de lui. Il reprit son jeu de carte avec les mokke, attendant patiemment le retour de son assistante dans les toilettes.

Alors que les filles continuaient de papoter, la moins bavarde finissait par poser une question à la brune.


Ahh ouais, cette histoire là... Je t'avoue que pour le coup, beaucoup quittent le club. Avoua t-elle, gênée.

Quelle histoire ? Demanda curieusement Hoshi avec un sourire.

En fait, je suis au club de théâtre. Et... depuis quelques jours, beaucoup démissionnent...

Pourquoi ?


La brune soupira. Elle croisa ses bras sur sa poitrine. Elle détournait ses yeux, ennuyée.


A cause d'une rumeur sur le huitième mystère de l'école.

Le... huitième mystère de l'école ? Répéta Hoshi, ahurie.

Ah, c'est ça ce qui te tracasse... Lâcha son amie, en grimaçant.

Oui, même le président du club n'est plus rassuré et a dit de fermer les portes, au moins pour une semaine.


Elle était dépitée. Sa camarade de classe aimait vraiment son club et Hoshi pouvait parfaitement le deviner avec l'expression sur son visage. La brune avait fait l'effort de venir lui parler, elle était gentille et était honnête. L'adolescente à la tresse plissa ses yeux et serra ses poings. Si elle avait été moins têtue, si elle s'était ouverte plus tôt, Hoshi aurait été amie avec elle, qui sait. Aujourd'hui, il y avait du progrès. Il fallait qu'elle en fasse aussi.

Déterminée, la lycéenne voulut prendre connaissance sur cette rumeur concernant le huitième mystère de l'école.

On racontait qu'il y avait plusieurs années, il y avait une jeune fille malheureuse dans cette école. Mince, son visage était qualifié comme étant repoussant. On se moquait toujours d'elle, on la harcelait même. Seule, abandonnée dans son malheur, le seul moyen pour elle fut de mettre un masque sur sa figure. Selon les rumeurs, elle se serait suicidée avec un masque de diable sur sa tête, sur scène, sous les projecteurs, seule. En colère, il s'avérait que l'esprit s'attaquait aux élèves qui venaient dans le club de théâtre.

Et que si par malchance, l'étudiant tombait sur elle, elle lui arracherait son visage, sa peau. Gardant le cadavre pour y placer, un nouveau masque nô pour sa collection, dans sa frontière.


Quoi ? Tu veux discuter avec le huitième mystère ?! S'esclaffa Hanako, choqué de cette décision soudaine de la brune.

Oui ! Je veux aider une camarade de ma classe ! Et puis.. ça me blesse de savoir que beaucoup abandonnent le théâtre à cause d'elle...


Hoshi serra ses poings et fixa intensément le septième mystère, le regard suppliant. Les toilettes étaient propres après le ménage qu'elle avait fait, la pièce s'était assombrit mais éclairée par le tube en LED suspendu au plafond. Dehors, le ciel était recouvert et le vent soufflait assez fort. La pluie n'allait plus tarder à tomber.


S'il te plaît ! Aide-moi ! Tu l'as déjà rencontré non ? Tu pourrais bien savoir les raisons qui la pousse à agir ainsi ??

Oui je ne l'ai rencontré qu'une fois, lui confirma t-il en croisant ses bras, Hanako réfléchissait. Mais... elle était super distante.


Plongé dans ses souvenirs, sur sa rencontre avec elle, en tant que septième mystère, qui était le plus connu et qui avait un rôle majeur dans l'école, Hanako devait faire connaissance avec les autres. Premièrement, son premier échange avec le numéro un ne s'était pas très bien passé. Son approche était très mal vu. Avec numéro huit ?

Elle l'avait complètement snobé.


C'était incroyable comment je me suis prit un vent quand je lui ai dit « Hé salut, est-ce que tu as des masques de femmes érotiques ? ».

...Je peux te donner un avis personnel ?

Oui va s'y !

Dans ton groupe, t'es pas aperçu comme un détraqué et maniaque sexuel ? Non parce que là, ta réputation prendrait un coup....

Moi ? Ahaha ! Bien sûr que non ! En plus je suis chef ! Riait niaisement Hanako, très sérieux. Hoshi douta de lui en plissant ses yeux, elle le dévisagea puis soupira.


Dans son temps vivant, était-il aussi pervers ? Elle s'interrogeait. La sonnerie et le l'hymne de l'école Kamome se jouait, annonçant qu'il était dix sept heures trente, qu'il était l'heure de partir. La jeune fille mit son sac sur son dos et zieuta en direction de Hanako qui réfléchissait dans les airs. Il le remarqua et lui sourit tendrement.


Je vais mener mon enquête, alors rentre tranquillement !

D'accord. Et euh... je peux te réclamer quelque chose ?

Un trop érotique ?


Hoshi se faisait violence pour répliquer avec un immense sourire.


Oui !

Tu veux quoi ? Me toucher un peu plus ? Coquine ! Roucoula t-il en gesticulant de manière absurde dans les airs.

Plus sérieusement... Souffla la brune en jouant avec une de ses mèches rebelles, les joues rouges, les yeux en bas. J-Je veux un câlin.


Sans blaguer, Hanako se raidit et rougit.


Uh ?! Comme ça ?! Soudainement ?!

Ca...ça me donne du courage. Se justifia t-elle en bégayant, aussi gênée qu'elle quémande ce genre de petit service enfantin.

Je..euh... Rah... ok...


En redescendant de son apesanteur, le jeune garçon se rapprochait de son assistante et l'enlaça délicatement dans ses bras. Ses yeux ambrés étaient plissés et son visage était aussi rouge que la jeune fille blottit dans ses bras. Satisfaite, Hoshi ferma ses yeux et souriait, heureuse. Attendrit de la voir si radieuse et souriante, le septième mystère ne put s'empêcher d'avoir aussi un rictus qui s'élargissait sur ses lèvres.

Hoshi Kioshi était mignonne.

Estimant que c'était terminé, le noiraud lui tapota son dos et l'écarta de lui.


Allez, fini de te chouchouter ! T'es une grande fille ! Ricana Hanako.

Il n'y a pas d'âge pour des câlins. Se défendit Hoshi en bougonnant.

Certes, rit-il doucement, au fait, j'ai aussi un service à te demander.

Quoi ? Je dois rajouter du parfum dans les toilettes ?


Amusé, l'esprit secoua sa tête. Ses mains placées sur les épaules de la jeune fille, il développa :


Maintenant que tu es plus allégée... plus toi-même... Confronte tes parents. Rien ne changera si tu te fais plus violence. Sinon rien ne changera. Tu es l'héroïne de ton histoire. Tu l'as comprit, on n'obtient rien si on parle pas, si on ne le montre pas.

J'essayerais. Merci Hanako. À demain !

A demain Hoshi.


Sans qu'il ne s'y attende, il reçu un baiser sur la joue opposée de son sceau. Le noiraud rougit violemment alors que la brune sortit rapidement de la pièce, avec un grand sourire, sa tresse flottant derrière elle. Il avait raison, encore une fois. Boostée en confiance et en détermination, Hoshi s'empressa de rejoindre son domicile.

À son plus grand étonnement, chez elle, c'était vide. Il y avait un message laissé sur la table basse, expliquant que sa génitrice et son beau-père seraient absents ce soir et seront de retour demain. Il y avait une dernière note sur la fin, qui était écrit avec des points d'exclamations, qu'elle devra acheter des bières et un paquet de cigarettes. Frustrée, l'adolescente prit le papier et le déchira. Toute sa motivation venait de tomber bien bas, en même temps que son corps qui se baissait. Elle se recroquevillait, crachait une injure. Dehors, les premières gouttes de pluie tombaient.

Le lendemain, à la plus grande surprise de Hoshi, le groupe de fille de hier la saluait de loin, l'invitant à traîner avec elle. Enthousiaste, la brunette les rejoignaient, se mêlant avec elles, elle riait joyeusement. Après une bonne vingtaine de minutes, l'adolescente les laissaient pour rejoindre Hanako dans les toilettes. Lorsqu'elle l'appelait, elle le fit apparaître devant la fenêtre, les mains dans son pantalon, tout sourire.


Salut. Tu es de bonne humeur.

Oui ! Je pense m'être fait des amies... héhé.

Je comprends mieux pourquoi tu es revenue sur ta décision pour ton vœu. Pouffa gentiment le noiraud.

Et...


Au lieu de parler pour l'absence imprévue de sa famille hier soir, elle se pencha sur un autre sujet tout aussi important.


Des nouvelles pour le huitième mystère ?

Oui. Elle n'en fait qu'à sa tête. Répondit Hanako sur un ton plus grave et sec. Il va falloir que je m'occupe d'elle... ça s'empire.

Q-Quoi ? Blêmit Hoshi. Qu'est-ce que tu sous-entends par... ça s'empire ?

Hier soir, elle a emporté deux professeurs.


Choquée, Hoshi se figea.


Tu veux dire... q-Qu'elle a...

Tué ? Oui. Et elle recommencera ce soir. On doit éviter ça.

On ? Tu veux dire que...

Oui ! Tu vas m'aider. Ce soir, dix huit heures, on ira au club de théâtre ! Déclara Hanako avec un sourire, les sourcils froncés. Il abaissa l'avant de sa casquette. Je vais devoir la rayer du groupe...

La rayer ? Tu veux la supprimer ?


Étouffée par ces décisions radicales, Hoshi serra le haut de son uniforme. Une goutte de sueur perlait sur sa joue, elle ne se sentait absolument pas capable d'aider. Elle était qu'une vulgaire humaine, en quoi serait-elle utile ?


Il va falloir que tu détruises son réceptacle... et je me chargerais de l'éliminer.

D'accord, je veux bien, mais je m'y prends comment ? Je ramène du sel ? Une perceuse ? Euh...

Rien de tout ça ! Rigola Hanako. Tu auras juste à arracher le talisman sur le réceptacle !


Difficile de suivre. Hoshi avait l'impression qu'elle apprenait la nage.


Je peux casser ?

Pourquoi tu veux casser ?

Ca permet de détendre.

Tu as des tendances trèèèès effrayantes, tu le sais ça ? Sinon... ça ira ? Tu peux rester ce soir plus longtemps ? Tes parents ne seront pas dérangés ?


Une question très intéressante. La jeune fille esquissa un sourire, ferma ses yeux et lui mentit.


Absolument pas. Tout roule !


Le moment fatidique était finalement arrivé. Munie d'une lampe torche, les piles chargées, la lycéenne en compagnie du septième mystère, étaient prêts à affronter la terrible menace dans l'école. Nerveuse, en avant, la brunette avançait, le coeur battant. Elle grimaçait, aux affûts. Ses moindres pas faisaient échos dans les couloirs et le silence était perturbant, malaisant. Il s'agissait de sa première expédition, surtout, après les cours. Encore heureux, il ne faisait pas complètement froid. Le soleil s'était couché dehors et par dessus cette couche orangée, un voile sombre guettait à l'horizon, se préparait à remplacer le jour par la nuit.

Les pieds de Hoshi s'arrêtèrent juste après avoir dépassé une affiche avec le plan d'évacuation de l'école. Avec une moue, elle virevolta, sa lampe torche, éclairant son chemin devant elle. Hanaki cligna des paupières.


Pourquoi tu me laisses passer devant ?

Tu étais super motivé, je te laisse faire. Lui répondit Hanako qui levait deux doigts en l'air, avec un sourire tout mignon.

Non, je t'avais dit que c'est un peu, voire beaucoup trop flippant d'être seule dans l'école la nuit ! Maintenant que je sais que les fantômes existent ! Et si elle s'en prenait à moi et m'ôtait le visage !?

Relaaax ! Si ça se trouve elle te donnera un masque kitsune !


Désespérée de son optimisme, Hoshi plaqua ses mains sur son visage. Le septième mystère rigola doucement et lui tapota la tête.


Allons, allons, ne sois pas si négative ! Je suis là !

Oui, je te crois ! Ton arme fatale serait de lui sortir un magazine obscène ! Balança t-elle sarcastiquement.

Mais non, quand même pas_

Alors quoi ?! Tu vas invoquer des toilettes qui surgissent du sol ?! C'est pas cool ! Pas stylé !

Hé, c'est toi qui a une imagination déplacée !


Hanako soupira et sortit un couteau. Il le montra à la jeune fille, l'agita doucement avec un rictus, lui affirmant qu'il la protégera du danger quoi qu'il en coûte. Le clin d'oeil qu'il lui lançait fit rougir la lycéenne et gênée, elle reprit la marche, se dirigeant vers vers une grande porte, quasiment identique au gymnase. En l'ouvrant, on pouvait percevoir, malgré les ténèbres, plusieurs sièges ajustés côtes à côte, face au terrain élevé, en bois, propre, réservé pour les acteurs. De longs rideaux rouges étaient rejoins, fermés.

Tout était vide, pas une seule présence ici. Hoshi soupira, supposant que le huitième mystère ne se présenterait pas. Alors qu'elle comptait faire marche arrière, la porte se referma brutalement sous son nez, un clic audible s'y échappait, signalant qu'elle était fermée à clé. Paniquée, la brune essaya de l'ouvrir mais rien ne se fit.


Hanako ! Lui cria t-elle, apeurée.

Oui, je sais, elle est là.


Hoshi tressaillit et se retourna complètement. Des sortes de clic s'échappaient un peu partout et subitement, les projecteurs s'activaient, éclaircissant le centre du théâtre. Sur un piédestal, de la fumée grise, qui fini par disparaître, dévoilant une personne vêtue d'un karaon à motifs de bambou et de chrysanthèmes. Sur son visage, un masque nô, celui de la femme au teint blanc, maquillé au niveau des paupières et des lèvres. Les sourcils, étaient faits par un sorte de coup de crayon foncé. Clairement, le plus effrayant selon la brune qui hoqueta et se cachait derrière Hanako.

Numéro huit fit une révérence, en écartant son bras gauche.


Bienvenue mes chers invités ! Je suis heureuse d'avoir de nouveaux spectateurs !

On n'est pas ici pour assister à un spectacle morbide, numéro huit. Lui souligna sèchement Hanako, les sourcils froncés. Il dressa son couteau dans sa direction. Ses feux follets s'écartaient de lui. Tu as nuis à ton devoir, je me dois de t'arrêter.

Tu veux m'arrêter ? Tu plaisantes numéro sept. C'est à partir de maintenant que ma vie à un sens ! Lui hurla l'esprit sur scène. Pas toi, ni Dieu, ni personne ne viendra m'arrêter !


Contrôlé par la colère, l'esprit écarta ses bras. Ses longues manches traînaient vers le bas.


Hoshi. Il va falloir que tu fonces sur scène.

Quoi ?! Et je fais quoi ?! S'affola t-elle.

Tu entreras dans sa frontière. Lui expliqua rapidement le noiraud, sans quitter des yeux son adversaire. Je te suivrais, mais à partir de là, il va falloir que tu trouves son réceptacle. Tu le devineras avec le sceau collé dessus. Tu sais quoi faire.

D'accord..


Elle inspira un grand coup. Sa main se resserra contre sa lampe torche et les sourcils froncés, elle fit abstraction à sa voix qui lui hurlait de fuir.


Je suis prête.

Très bien. On y va. Lui sourit Hanako qui vint tantôt bondir sur les sièges devant lui, suivit par les feux follets. Blancheur !


L'une des boules accéléra son déplacement, cibla l'ennemi en voulant l'atteindre et la percuter sur le masque. Elle ne put accomplir sa tâche, se prenant une gifle du huitième mystère. L'esprit écarta ses doigts des deux cotés. Surgit des vortex qui ne durèrent que quelques secondes avant de disparaître, laissant place à des géants masques nô. L'un ; un démon homme et le second, un démon femme. Ces deux-là, attaquèrent les deux opposants. Hoshi plongea sur le sol, esquivant de peu au danger qui fonçait droit sur elle. Quant à Hanako, il effectuait un saut acrobatique aérien. Au-dessus du masque, le noiraud plia son bras et trancha en deux l'objet.

Dans un fracas, les morceaux coupés retombèrent brutalement au sol, écrasant les sièges. Survint alors d'autres masques, qui revenaient successivement. Le septième mystère grommela et se dépêcha de vite les exterminer. Le nombre ne faisait qu'augmenter et l'invocatrice était toujours intouchable. Seul face à plusieurs, Hanako fut éjecté en arrière par un masque de vieil homme. Le second, une jeune fille, l'écarta, le cogna contre le mur, lui faisant gémir de douleur.

Hoshi haleta, se redressa et couru en direction du huitième mystère, les dents serrées, elle ignorait ses muscles chauffer, réclamer du calme. Elle n'était pas une grande sportive, toutefois, quand elle le voulait, elle pouvait surmonter les douleurs musculaires. La lycéenne descendait vers le bas, se rapprochant doucement mais sûrement de la scène. Elle pouvait parfaitement entendre le combat derrière elle, ces bruits successifs du métal contre les masques solidifiés par l'invocatrice. En tant qu'assistante, elle devait faire confiance à son partenaire. Il se débrouillera. Elle était même sûre qu'il était fort.

Manquant de vigilance, la jeune fille fut poussée brutalement par derrière, son épaule droit, s'était prit un violent coup. Elle tomba raide par terre et alors qu'elle tremblait, se redressait sur les coudes, sa lampe torche tournoya et s'immobilisa loin d'elle. Lentement, un œil fermé, Hoshi releva sa tête et se figea. Son expression facial retranscrivait parfaitement l'horreur qu'elle faisait face ; le masque de vieille femme nô. Il était aussi effrayant avec ces rides et ces yeux sombres. Prise d'un haut-de-coeur, la brune ravala péniblement sa salive, tenta d'écarter cette bile qui cogitait et menaçait de remonter à son œsophage.

Cela ne s'arrêtait pas ici. Le masque de vieille femme revint à la charge, repoussa cette fois-ci en arrière la brunette. Son dos ne fut pas amortit sur quelque chose de moelleux. L'atterrissage brutal la fit geindre de douleur.


HOSHI ! Hurla Hanako de loin, dos contre le mur, il se protégeait avec son couteau, essayant de se défaire de l'emprise du masque démon.


Fébrilement, en grinçant des dents, Hoshi essaya de se redresser encore une fois avec les coudes. Elle avait mal, cependant, elle gardait son courage, refusant de renoncer si rapidement. Surprise, elle aperçut la silhouette de numéro huit. Le grand masque s'écartait pour la laisser passer.


Allez petite, sois gentille, tu as un si beau visage, tu pourrais partager un peu.

Jamais ! Lui hurla Hoshi, directe. Je ne te donnerais pas mon corps pour exposer ta collection d'horreur !


L'esprit s'immobilisa. Puis, lentement, elle pencha son cou en avant. Hoshi tressaillit.


Ces masques ne sont pas effrayantes. Lui exposa froidement l'esprit. Ils sont authentiques. Traditionnels. On n'a pas les même goûts. Tu ne comprends pas l'art.

Tu as le droit d'aimer ! Mais tu n'as pas le droit de forcer les autres à porter ce qu'ils ne veulent pas !

Tu m'agaces gamine.


La main qu'elle tendait pour obtenir la jeune fille fut violemment repoussée par Blancheur. Numéro huit pivota sa tête et aperçut Hanako bondir vers elle, le visage assombrit. Tout près, proche à la découpée. Il fut interrompu dans son élan. Deux masques l'écrasait, le tenant en sandwich. On pouvait entendre des craquements, qui pourraient faire croire que ses os se faisaient broyer.


Bien, où en étais-je ? Reprit le huitième mystère.

Ne lui fais pas de mal !!!


Hoshi venait à son tour de bondir. Ses mains étaient plaquées sur le masque de l'esprit, elle tentait de lui arracher cet accessoire, se doutant que peut-être la distraire pourrait être un avantage. Guidée par ses pulsions et par la colère, la brunette ne relâcha rien.


Relâche Hanako tout de suite ! Lui ordonna t-elle en criant.

Lâche-moi !

Jamais ! Relâche-le avant !


Numéro huit reculait, ses sandales claquèrent contre le plancher. Hoshi était au-dessus d'elle, l'aveuglait. Elle pouvait sentir les ongles de l'esprit se planter sur sa peau, la faisant saigner. On lui tirait même sur sa tresse, la décoiffant un peu plus. Les sourcils froncés, la brune leva ses yeux et eut un rictus victorieux affiché sur ses lèvres.

Elle approchait du but.


Sale garce ! Lâche-moi !

Je le ferais si tu retires ce masque dégoûtant !

Hors de question ! C'est mon visage !

Il ne l'est pas !!


Un miracle se produisit. Hoshi avait réussi à écarter une partie le masque et lorsqu'elle baissait ses yeux, elle entrouvrit ses lèvres, surprise. Le visage de numéro huit était pâle, avait de longs cils, des petits sourcils, un regard noir et avait des boutons. Ses cheveux, noirs, étaient attachés en un chignon. Pour faire court, oui, elle avait son âge. Le coeur de Hoshi se serra.

Était-ce elle qui est morte pour harcèlement ? C'était injuste et cruel. Elle ne méritait pas ça.


Dégage !


L'esprit la repoussa. Le corps de la jeune fille vola et lorsqu'elle tomba sur la scène, elle fut comme avalée vivante. Aspirée vers le bas. Hoshi hoqueta et ferma ses yeux, craintive. Tout autour d'elle fusionnait, formait un bout de ficelle.

Un tintement semblable à un carillon la fit rouvrir ses yeux. Doucement, décoiffée, sa tresse encore tenue, Hoshi se redressa. Tout avait changé, comme si elle était dans un tout autre monde. Sur une scène surélevée, surmontée par un toit typique chinois, entourée au niveau du sol, du gravier blanc dans lequel sont plantés de petits pins au pied des piliers, elle avait cette étrange impression qu'elle avait remontée dans le temps. Sous la scène, se trouvait un système de jarres de céramique, amplifiant les sons lors des danses théâtrales. Tout en regardant plus précisément, elle remarqua l'accès à la scène se faisait par le hashigakari, une passerelle droite à gauche de la scène. Au-dessus d'elle, le plafond – ou ciel ? - était sombre. Des petites étoiles brillaient, une lune en croissant mettait plus de visibilité.

Dispersés un peu partout, des vieilles lanternes. Un chemin de graviers blancs menait plus loin, dans une partie non visible, une autre direction que la scène de théâtre. Hoshi se redressa, se dépoussiéra et se mordit la lèvre inférieure. Dommage, si elle avait encore sa lampe torche, ça aurait été plus pratique.

Se rappelant que le temps pressait, Hoshi vérifia rapidement si le réceptacle était sur scène avant de suivre le chemin en bas de la scène. Tout en avançant, petit à petit, d'autres lanternes s'allumaient. Des mokkes étaient par ci et par là et un se posa sur la tête de la jeune fille.


Je vais voyager ! Chantonna t-il tout joyeux.

C'est mignon. Commenta t-elle, les joues rosies. J'aimerai bien en ramener un.


Autour, de l'eau qui n'atteignait pas plus haut que les pieds. Des cordes rouges se liaient à une lanterne à une autre. Des petites clochettes y étaient suspendues. Hoshi empressa le pas et vit au-dessus des escaliers ; un vieux temples, derrière deux grosses colonnes brisées et vieillies. Sur le temple, mit en évidence, un masque kitsune, au front, un sceau.


Le réceptacle ! Jubila Hoshi. Il est là !

Là ! Sautilla le mokke sur sa tête.


Absolument pas méfiante, la brune monta la première marche. Un vortex apparut plus haut et un masque de femme nô sortit, avec numéro huit qui balançait Hanako comme un vulgaire sac à patate. Le noiraud tomba lourdement sur le sol et grogna, se redressa, le visage salement amoché.


Vous les humains, vous n'êtes que de sales pourritures... Ragea l'esprit, furieuse. Personne ne touchera à mon réceptacle !

Aïe... C'est qu'elle a de la force elle.. Gémit le septième mystère en massant sa tête. Il se redressa et sourit à sa camarade. Bien joué, tu l'as mise furibonde !

Tu cris victoire trop vite. Soupira Hoshi, mi épuisé et mi amusé par son enthousiasme.


Le noiraud opina et se releva, prêt à se battre de nouveau.


Fonce, ne t'arrête pas, je m'en occupe !

OK chef !


Ils s'échangèrent un sourire et se mirent à la tâche. En remontant les escaliers, Hoshi ne fut pas dérangée par les masques géants. Hanako les repoussaient tous, il avait encore de l'énergie à revendre. La jeune fille parvint à dépasser le huitième mystère qui lâcha un cri de surprise. Cherchant à l'atteindre, elle hurla, tendit sa main. Son champ de vision se limitait à l'humaine qui approchait du temple, qui s'emparait de son réceptacle et y retirait le sceau d'un coup sec.

Une fissure eut lieu. Et une deuxième du coté de l'esprit. Elle venait de s'affaiblir.

Des voix audibles se manifestaient dans les oreilles de la jeune fille. À commencer par des pleurs. Une autre personne, douce, prit parole :


Ne pleure pas. Tu n'es pas repoussante. Tu es ma fille.

Mais...mais... tout le monde dit que je suis répugnante... !

Mais non. Tu es belle ma puce.

Menteuse ! Je déteste mon visage !


La jeune fille reniflait. Un bruit d'emballage résonnait et on l'ouvrait.


Tu vois ce masque kitsune ? Il sera à toi.

Hein ?

Tu disais que tu veux devenir une actrice. Qu'on t'as recalé car tu étais moche, c'est bien ça ? Et si tu portais ça et tu jouais sur scène ? Je suis certaine qu'ils t'accepteront pour tes talents et non ton physique après ça. Tu peux réaliser ton rêve.

...Maman ?

Oui ?

Tu... Elle hoquetait. Tu es la meilleure...


De retour à l'instant présent, Hoshi écarquillait ses yeux. Ce qu'elle venait d'entendre, était-ce un souvenir de numéro huit ? Le masque qu'elle tenait entre ses mains était un cadeau de sa mère. La seule personne qui avait confiance et qui aimait le huitième mystère de l'école. Et si l'esprit s'était manifesté était-ce à cause de quelqu'un qui avait souillé son histoire ? Ou s'était moqué de sa mort ? Il y avait toujours des raisons derrières des actions.

La brune se tourna vite, voulant échanger avec cette pauvre personne. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle constata que le septième mystère avait par dessus sa veste simple, un manteau souple et long. Il tranchait le corps de son ennemie qui criait et disparaissait en fumée. Tout autour se changeait et subitement, ils étaient de retour au vrai monde. Le masque que tenait Hoshi s'était aussi volatilisé. Le manteau de Hanako n'était plus aussi.


Il... s'est passé quoi ? Demanda t-elle, d'une voix blanche.

On l'a arrêté. Sourit Hanako. Bien joué !


Il voulut faire un petit high five. Le manque d'enthousiasme de sa camarade le troubla.


Hoshi ?

Elle était si seule... si malheureuse... Murmura Hoshi, mal pour l'esprit.


Hanako plissa ses yeux et se rapprocha d'elle, la prit doucement dans ses bras silencieusement. Il la laissait tout évacuer.


Elle ne reviendra plus ?...

Les mystères de l'école ne disparaissent pas si facilement pour ça... Lui rassura t-il.

Alors... elle reviendra ?

Oui, mais affaiblie. Elle ne pourra plus faire de mal désormais.


Elle se détendit. Le noiraud souriait tendrement, touché par l'empathie de la jeune fille. Il lui expliquait que seuls les exorcistes pouvaient faire disparaître ou si on remplissait les conditions avec Dieu. Et encore, c'était à marchander. Hoshi acquiesça, rassurée. Tous deux quittèrent la salle de théâtre qui avait été mit sans dessus dessous. Il y aura de l'animation demain matin en vue de ce désordre.

Après s'être éloignés, ils ne surent pas que Minamoto les guettaient dans l'ombre, un arc en main. Le visage sombre, il rentra dans la pièce. Sur scène, numéro huit, en tenue de lycéenne, un masque kitsune sur son visage. Lorsqu'elle pivotait sa tête, elle se prit une flèche. De l'électricité s'y dégageait, l'électrocutant, la mettant à la merci du blond qui descendait.


Si tu crois que je vais te laisser encore courir dans les couloirs après ce que tu as fait... Tu te trompe.


Numéro huit releva sa tête.


Va s'y, achève-moi. Efface le huitième mystère de cette école. J'ai assez souffert comme ça.

Nous sommes bien d'accord. Lui sourit l'exorciste avant de l'achever.


Le duo quittaient l'intérieur de l'école pour aller jusqu'à la sortie. Hanako suivait son amie, considérant ses cheveux décoiffés, son uniforme un peu amoché et qu'elle avait une drôle d'allure en marchant. Il se souvint que la brune s'était aussi prit des coups plus tôt et inquiet, vérifia si elle allait bien.


Tu es sûre que ça va aller pour rentrer ?

Oui. Aujourd'hui, j'ai vraiment l'impression d'être devenue plus forte ! Rit-elle doucement.

Tant mieux...


Un sourire attendrissant illuminait son visage. Il l'observait poser une main sur le grillage.


Bon, j'y vais... on se retrouve demain ?

Ouais.


Hoshi poussa le grillage.


Au fait, j'aimerais que tu saches quelque chose !

Oui ? C'est quoi ?

Tu étais vraiment impressionnant, un vrai battant ! Lui complimenta Hoshi avec un immense sourire. Le vent soufflait, emportant ses cheveux. Un vrai chevalier !


Les joues du septième mystère s'empourpraient, visiblement flatté, il gratta sa joue, avec un sourire gêné.


M-Merci...

C'est à moi de te remercier, tu as toujours été là pour moi. À de me donner de bons conseils, à me protéger. J'espère pouvoir te rendre pareil un de ces jours !

Je n'en doute pas...


Elle traversa la barrière. Une dernière fois, avec un sourire attendrissant, elle ajouta sous la lune :


Bientôt, on regardera ensemble les étoiles durant la fête du sept juillet !

Oui, bonne idée ! Sourit Hanako, visiblement excité à y participer avec elle. Une idée lui traversait l'esprit, il songeait à y aller dans la frontière, aux escaliers misaki.

Avoue que tu as hâte de me voir en yukata ! En belle fille qui te charmerait ! Se moqua Hoshi en levant son pouce.

Mais.. que... hein ?!


Il rougit de plus belle et la voyait s'éloigner en agitant son bras, terminant par « Bonne soirée, à demain Hanako ! ».

Son coeur battait à la chamade alors qu'elle rentrait chez elle, en repensant à Hanako. Elle avait été vraiment fascinée par lui. Il avait été incroyable et avec un sourire heureux, la brune se demandait si un jour leur relation passerait à l'étape supérieure. À cette pensée, Hoshi secouait sa tête et vit au loin de la lumière chez elle. Il y avait personne dans les rues, c'était calme. L'adolescente plissa ses yeux. On lui avait demandé de faire les courses, elle ne l'avait pas fait, sa mère voulait qu'elle rentre à l'heure chez elle, elle avait traîné tard dehors.

Quelles seront les réactions chez elle une fois de retour ? Surtout qu'elle mettra à nu tout ses sentiments ? Tout changera oui. En bon ? Elle l'espérait de tout coeur.

Devant la porte de son foyer, Hoshi posa sa main sur la poignée et la tourna. En l'ouvrant, la lumière l'éblouissait un peu trop, la faisait plisser des yeux. Puis, deux silhouettes se rapprochaient. Il eut un cri, puis une supplication. Une ombre se mouvait et sans que la jeune fille put s'en douter, elle reçut une violente gifle sur la joue. Sonnée, étourdie, la brune leva sa main sur la zone endolorie. Muette, sur le bouton OFF, ses oreilles bourdonnaient, peinant à écouter ce que ça racontait.

Lentement, ses yeux dérivèrent sur son agresseur ; son beau père. Il était rouge, bourré. Il puait l'alcool et la cigarette. Ses yeux étaient injectés de sang, sa voix était bruyante. La femme derrière lui, la génitrice de Hoshi lui ordonnait de ne plus la frapper, qu'elle s'occuperait personnellement de la morale à sa fille. L'estomac de la brunette se contracta et elle grinça des dents. C'était de trop. Elle ne méritait pas un tel traitement. La colère flécha, l'adrénaline la conduisait à prendre la parole.

Elle lui déballait qu'il n'était qu'une horrible personne, qu'elle voulait qu'il prenne soin de sa mère et lui redonne goût à la vie. Que ce ne serait pas en agissant aussi violemment et en étant bourré qu'il pourra accomplir ses rêves. Que Hoshi serait prête à le pardonner s'il se ressaisissait. Après tout, tout le monde faisait des erreurs, non ?

Un petit miracle et il baissait la tête, culpabiliserait. La mère aussi et tout s'arrangerait.

Mais la réalité n'était pas aussi douce que ça.


Sale petite morveuse !


La voix rauque, il quitta le seuil de la maison, saisissait sa fille par le col de son uniforme et l'écarta du domicile, furieux. Il l'engueulait plus sévèrement, la menaçait de la faire travailler ou de la laisser crever de famine dans les rues. Hoshi tenait bon, tremblante, elle contredisait tout ce qu'il lui sortait de la bouche. Il était plus imposant qu'elle, plus fort. Impossible de se débattre.


Va me chercher mes putains de..._


Il la repoussait, pour qu'elle se bouge. La malchance en avait décidée autrement. D'un faux pas, le corps de l'adolescente la bascula sur le coté.

Vers les escaliers de l'immeuble.

La réalisation du beau père et de la mère fut immédiat. Leur visage se décomposait. Tous deux essayèrent de tendre leur main pour rattraper la jeune fille qui était attirée vers le bas.

Avait-elle réussi finalement à les réveiller ?

Le sol se dérobait sous ses pieds. S'enchaînait ensuite plusieurs bruits de métal, de craquement. Des éclaboussures écarlates restaient sur les marches, et ce, traçant le long de sa chute brutale, violente. Les articulations étaient foutues et son corps roulait tout le long, jusqu'à se stabiliser une fois sur terre ferme, au pieds des escaliers. Le ciel était sombre et le lampadaire d'à coté se mit à grésiller.

Le visage ensanglanté, les yeux semi ouverts, le corps lourd, une fracture au crâne, Hoshi ne put bouger un seul orteil. Sa respiration était sifflante et ses orbes vertes perdaient lentement leurs éclats. Elle considérait ses portes clés cassés près d'elle, ainsi que son cadeau offert par Hanako.


J'ai mal..


Aucun son ne sortait de sa bouche. Sa vision se floutait et des larmes coulaient de ses yeux.


J'ai froid...


Il eut plusieurs cris, de bruits de porte qui s'ouvraient. Les voisins sortaient, alertés par le bruit.

Hoshi fixait le talisman. La silhouette du noiraud défilait sous ses yeux. Il lui souriait tendrement, l'appelant par son prénom.


Je ne veux pas partir...


Sa vue se floutait. Il y avait beaucoup d'agitation autour d'elle et les voix se faisaient de plus en plus lointaines.


Je veux vivre encore... je... Je voulais continuer d'être heureuse avec lui... rester...avec... lui...


Difficilement, ses yeux se baissèrent vers sa main. La marque s'effaçait, lui signalant qu'elle n'en avait pour plus longtemps. Hoshi ne voulait pas mourir maintenant. Elle avait tant de choses à faire et à découvrir. Et ses promesses faites avec Hanako ? Et ce qu'elle avait envisagé à l'avenir avec lui ?

L'amour entre une vivante et un mort ne se faisait pas. Il y avait une frontière. Elle n'était pas morte à l'école alors est-ce que ça voudrait dire qu'elle ne sera pas avec lui ? On les séparait.

Encore une fois, Hoshi se retrouvera seule. Les battements de son coeur ralentissaient. Elle regarda une énième fois le talisman et apercevait qu'il s'envolait en poussière. Sûrement, il allait revenir à son propriétaire. Tristement, l'adolescente eut un sourire. Sa dernière pensée se dirigeait vers le septième mystère de l'école ; Hanako.


Merci... de m'avoir rendue heureuse ces derniers jours... Toi aussi... j'espère que tu seras heureux...


Son regard s'éteignit en même temps que son coeur. Son âme était définitivement partit, cruellement.

À l'école Kamome, Hanako était appuyée sur le rempart du toit. Il plissa ses yeux en regardant à l'horizon. Il nota une petite lueur apparaître un bref instant dans sa poche. Les sourcils froncés, il fit sortir l'objet et écarquilla ses yeux, horrifié. Il s'agissait du talisman qu'il avait offert à la jeune fille. Ses lèvres s'entrouvrirent et le noiraud grinça des dents. Son corps tremblait et ses yeux s'humidifiaient.

La culpabilité le rongeait. Avait-il accéléré le processus en voulant qu'elle soit plus honnête avec ses sentiments ?

Hanako avait tué Hoshi Kioshi. Il l'avait conduit plus tôt à une mort. Plus jamais il ne pourrait la revoir. Plus jamais il ne pourra profiter de sa présence, voir ses sourires, entendre ses rires et admirer sa joie de vivre. Son bonheur était aussi le sien.

Ceux qui faisaient appels à Hanako, en dehors des exorcistes et médiums, étaient destinés à mourir.








Après avoir tout dévoilé à Yashiro, il s'était sentit un peu soulagé. Elle l'avait réconforté et avait assuré que Hoshi devait être vraiment heureuse de l'avoir connu et qu'elle devait sans doute espérer que lui aussi, le soit.

Pour la première fois, Hanako sortait avec ses amis durant la fête des étoiles, en compagnie de numéro deux sous sa forme renarde. Le monde des esprits étaient en pleine festivité et avec Yashiro et Kou, ils s'amusaient comme des petits fous à diverses jeux pour obtenir des papiers colorés. Le noiraud encourageait ses camarades au jeu du tir. Alors qu'il se retournait un court instant, ses yeux ambrés s'écarquillaient.

Une silhouette familière lui adressait un sourire. Il ne pouvait rien d'entendre là où il était, la personne mouvait ses lèvres, avant de disparaître avec la foule. Hanako avait une forte impression de déjà-vu.

« Sois heureux pour moi. »


° THE END °

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