Je fus très surpris. « Tu vis dans les landes ? Mais c'est une région sauvage. »

« Oui. J'habite à la lisière de la forêt de Wharton State, dans le comté de Burlington. »

« Bon sang, c'est le pays du Diable de Jersey. »

« Si tu m'aimes... » commença-t-elle, avec l'intention de se moquer un peu de moi, « tu tenteras ta chance avec le Diable de Jersey. »

« Je me procurerai une carte routière, et je trouverai mon chemin. Je viendrai, et nous nous rencontrerons. »

« La carte ne te mènera pas bien loin. Je vais devoir te donner des indications en utilisant des points de repère."

Bien sûr, je n'avais aucun moyen d'écrire quoi que ce soit.

« Tu te souviendrais d'un numéro de téléphone ? » demanda-t-elle.

« Je vais essayer. »

« Souviens-toi de ce numéro. » Et elle me le donna. Je le répétai encore et encore pour essayer de l'emprisonner dans mon esprit.

« Je t'appellerai pour avoir l'itinéraire », ai-je dit.

« Oui, je m'attends à ce que tu le fasses » dit-elle, sans sourire. « Et alors nous ne pourrons qu'espérer le meilleur. »

Je l'ai serrée dans mes bras. « J'essaierai vraiment fort de me souvenir du numéro. Si je n'appelle pas, c'est que je l'aurai oublié. »

« Tu ne l'oublieras pas. Je vais le sceller dans ton esprit. » Elle embrassa sa paume et la pressa sur mon front.

Nous nous sommes enlacés, et restâmes là un moment. Je pouvais entendre le gargouillis du ruisseau. Je regardais les fleurs, les champs et le ciel d'un blanc nacré. Et j'espérais avoir fait ce qu'il fallait.

« Mon bien-aimé, je pense que l'un de nous va se réveiller » dit Jay.

« Tu pars ? Je ne veux pas m'en aller. »

Elle regarda ailleurs et cligna des yeux. « Je t'aime, John. »

« Je t'aime, moi aussi. »

« Dois te quitter maintenant... au revoir... » Et elle disparut.

Et je me répétai le numéro encore et encore. S'il te plaît, mon Dieu, ne me laisse pas oublier le numéro.

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* D'après le web (et notamment Wikipedia), le Diable de Jersey est censé vivre dans les forêts de pins du sud du New Jersey, aux États-Unis (dans les fameux « Pine Barrens », qui semblent être une région plutôt sauvage et déserte). Cette bête sanguinaire est le plus souvent décrite comme une créature bipède avec des sabots, mais il existe plusieurs variations de sa description détaillée, la plus commune étant « une créature au corps reptilien avec la tête d'une chèvre ou d'un cheval, des ailes de chauve-souris, des cornes, de petites pattes avant griffues, des sabots fendus et une queue fourchue ». Parfois,est également évoquée la possibilité qu'il s'agisse d'un ptérodactyle qui aurait mystérieusement traversé les âges pour parvenir jusqu'à nous (ben voyons...😅 ).

Pas beaucoup d'images sympathiques disponibles, mais j'ai trouvé celle-ci qui colle assez bien, sur le net (illustration d'un jeu) 😱 :