Il y a huit ans

C'était son anniversaire. Il avait aujourd'hui dix ans. Tout heureux, empli de cette joie enfantine qui disparait bien trop vite lorsqu'on vieillit, il se leva d'un bond. Il se précipita hors de sa chambre, dans les couloirs, pour rejoindre celle de ses parents. Elle était quand même loin puisqu'ils avaient insisté pour que, à partir du moment où il était capable de faire ses nuits seul, il dorme au même étage que les autres garçon du repère. 

Il finit donc par traverser les longs couloirs vides et pousser la porte de la chambre de ses parents. Il était encore très tôt, les deux adultes n'étaient donc pas réveillés. Sans faire trop de bruit, le petit garçon entra dans la chambre et se blottit contre ses parents. Son père ouvrit lentement les yeux avec un sourire. 

- Salut, gamin, dit-il d'une voix ensommeillée. 

- On va faire quoi pour ma fête? demanda directement son fils. 

- On va passer la première partie de la journée ensemble tous les trois ici, puis on va retourner à la maison.

- At home? For real? 

- For real, little man, répondit sa mère en se redressant.

La femme aux longs cheveux noirs et aux yeux gris, véritable copie féminine et plus âgée de son fils, était originaire d'Angleterre. Elle y avait vécu très longtemps et y avait rencontrer Aïdric Stone, l'amour de sa vie et le père de son fils. Avant la naissance de celui-ci, ils avaient été recrutés par Robert, mais il n'avait pas été nécessaire pour eux de déménager. Ce fut uniquement lorsque la menace ennemi commença à vraiment se faire sentir, moins de trois ans auparavant, qu'ils avaient été contraints de quitter leur pays. Cela avait énormément déstabilisé le petit garçon, qui tenait énormément à sa contrée natale. 

Un grand sourire étira les petites lèvres de l'enfant. Il se leva d'un bond tout heureux. 

- On va déjeuner! s'exclama-t-il.

- Nash, il est à peine six heures et on est samedi, le raisonna sa mère.

- Ouais, mais on est tous déjà réveillé alors...

Aïdric rigola et s'exclama:

- Ah, petit futé! 

Nash lui fit une grimace et sa mère se leva en rigolant à son tour. Aïdric lui attrapa le poignet.

- Vivi... reste un peu au lit avec moi. 

- Sorry. On a un petit garçon à fêter. 

Aïdric se résigna donc à se lever et sa femme l'embrassa avec douceur. Malgré tout l'amour que dégageait se baiser, il n'en demeurait pas moins dégoutant aux yeux du petit garçon. Il grimaça donc en détournant les yeux. Pourtant, au fond de lui, il se demandait s'il trouverait un jour une fille qui le rendrait aussi gaga que son père avec sa mère. Il se demanderait s'il trouverait l'élue de son cœur un jour. Pour l'instant, il avait l'embarras du choix, puisqu'il avait plusieurs amis, dont certaines était visiblement intéressée. Il n'avait jamais pensé à regarder chez les garçons. En même temps, il n'en avait pas vu qui semblaient intéressés alors. 

- À quoi tu pense, my little darling? demanda sa mère.

- À l'amour... Est-ce que je vais trouver la bonne? My soul mate?

- Bien sûr que si! Mais tu as encore bien du temps! The one is rarely the first, my son.

Le petit garçon hocha la tête, puis sourit à sa mère. Son père demanda alors:

- Après le déjeuner, allez-vous enfin me jouer ce duo que vous pratiquez depuis si longtemps?

- Oui! s'exclama Nash. J'ai hâte de te le montrer!

Ils allèrent ainsi manger avant de prendre le chemin de la salle de musique. Elle était vide en une heure si matinale, ce qui arrivait rarement le reste de la journée. Nash saisit son violon tandis que sa mère s'installait au piano. Il s'installa, ferma les yeux et prit une grande inspiration avant de laisser lentement l'air s'échapper de ses poumons. Les premières notes de piano résonnèrent dans l'air, puis il se mis à jouer. Il laissait les notes s'envoler avec une douceur poignante, puis en monta l'intensité. Il jouait avec rapidité et précision, sans jamais se tromper. Il avait pratiqué ce morceau jusqu'à ne plus sentir ses doigts. Il gardait les yeux fermé, sans jamais faire aucune fausse note. 

À la fin de la pièce, il resta un moment en silence, les yeux fermé. Ce fut le bruit des applaudissements de son père qui le firent les ouvrir. 

- Wow! Vous êtes merveilleux! De vrais virtuoses! s'exclama Aïdric. 

Vivianna se leva en souriant et félicita son fils. Il était doué en musique, terriblement, contrairement à tout ce qui était, combat ou pouvoir. Le domaine de son père, il ne le maitrisait nullement. Il était la risée lors des entraînements. Ses amis se moquaient gentiment de lui, mais au fond ça le blessait. Il savait qu'il n'était pas un guerrier, dans un monde où il n'y avait que cela qui comptait. Pourtant, aujourd'hui, il sentait que son tallent musical pouvait compenser et rendre ses parents fiers. Il avait soudainement l'impression que tout était possible maintenant. 

Mais il savait que ça ne durerait pas bien longtemps. Il savait qu'après sa fête, après son jour, il redeviendrait le fils décevant. Il était supposé être surpuissant. Un croisement entre un Defendor et une Métamorphe. Comment est-ce que ça pouvait être aussi nul? Et bien quand il n'avait les pouvoir ni de l'un ni de l'autre. 

Le petit garçon chassa cependant ses pensées noires. Aujourd'hui, ils allaient passer une bonne journée. Et pour demain, on verrait en temps et lieu. Il sourit donc à ses parents qui vinrent le serrer dans leurs bras. Pour la première fois depuis qu'ils avaient quitté l'Angleterre, il était vraiment heureux avec ses parents. Dans son pays natal, il était toujours à la hauteur, il ne décevait jamais ses parents. Pour la première fois, il avait l'impression que rien n'avait changé. 

Sa mère leur joua ensuite une pièce magnifique qu'elle avait composé. La mélodie les transperçaient et allait les chercher, remuer leurs entrailles, à Nash comme à son père. Le message d'espoir que transmettait la voix de Vivianna par les mots était poignant et, accompagné des magnifiques harmonies que formaient les notes du piano en résonnant dans l'air, il poussait le garçon et son père à s'abandonner complètement à la musique. Nash y était terriblement sensible, contrairement à son père. Cependant, une chose pouvait toucher énormément Aïdric Stone: sa femme et son fils. Il n'y connaissait rien en musique, mais lorsque c'était eux qui la jouaient, il oubliait qu'il n'en avait jamais énormément écouté et que ça ne l'avait jamais véritablement intéressé. 

Nash applaudit sa mère, les larmes aux yeux. Elle se leva sous leurs applaudissement et déclara:

- Il est bientôt dis heures! Il faut se préparer à partir. Londres nous attend! 

Nash sautilla de joie. Ils allèrent donc chercher quelques affaires dont ils avaient besoin, le tout entrant dans un simple sac à dos. Une des Entrées donnait actuellement sur Londres. Ils avaient de la chance: ça leur évitait un trajet d'avion. De plus, elle n'avait pas toujours été là cette sortie. Suite à la découverte de celle de Montréal, au Québec, par l'ennemi, un an auparavant, ils avaient du la détruire et avaient décidé d'en ouvrir une nouvelle à Londres. 

À quelques minutes de leurs départ, un autre général, un tout petit peu moins haut placé que les parents de Nash, vint voir Aïdric. 

- Pardonnez-moi, dit-il à la famille. Aïdric, on a besoin de ton aide sur une affaire importante. 

- Quoi donc? demanda immédiatement ce dernier, en se levant. 

Nash fut déçu. Il aurait aimé que son père dise que la fête de son fils était plus importante, qu'il n'avait pas le temps de faire ça. Il savait bien que c'était égoïste. Son père était un des généraux référentiels. Bref, un de ceux les plus hauts placés, qui dirigeaient les élites et qui avaient énormément de responsabilités. Il ne pouvait pas faire passer son fils avant la sécurité de tout le repère. 

- L'ennemi s'approche dangereusement de notre Entrée à Saint Petersburg. On se demande si on devrait la détruire immédiatement. 

- Non, attendez. Ouvrir une Entrée est long et pénible. On va éviter de le faire pour rien. 

- D'accord. On aurait besoin de votre surveillance... Je sais que vous aviez quelque chose de prévu, mais...

- Ma sœur peut s'en occuper, déclara Vivianna.

- Maëlle s'est absentée du repère pour faire des courses... Je crois qu'elle voulait acheter un cadeau au petit bonhomme qui a aujourd'hui dix ans. 

Le général sourit à Nash qui lui rendit un faible sourire. Il le faisait par pure politesse. En réalité il avait envie de frapper l'homme devant lui. Il tentait de lui voler son père le jour de sa fête!

- Je vais rester, soupira le père de Nash.

- Aïdric! It's his birthday! s'exclama sa femme. 

- Je sais... 

Le géant homme se pencha pour être à la hauteur de son fils. 

- Écoute fiston, je suis vraiment désolé... On y retournera, tous ensemble cette fois, d'accord?

Le petit garçon hocha piteusement la tête. Son père lui embrassa la tête, puis se releva, embrassa sa femme et s'éloigna en leur disant:

- Amusez-vous bien.

Il regrettait un peu d'avoir abandonné son fils le jour de sa fête, mais il était loin de savoir que cela s'avérerait être la pire décision de sa vie, qu'il regretterait terriblement, jusqu'à la fin des temps.

°°°

Nash et sa mère étaient seuls à Londres, mais l'absence d'Aïdric ne les empêcha pas de s'amuser.  Ils adoraient tous les deux cette ville. Il partagèrent leur temps entre simplement se promener, admirer les paysage, dont la célèbre Big Ben et le London Eye, et faire les boutiques pour trouver un cadeau d'anniversaire au petit garçon. Il voulait une guitare électrique, mais sa mère lui dit que ce serait dur à traîner tout le reste de la journée et qu'il faudrait venir la chercher au dernier moment avant de partir. Le vendeur leur dit qu'il allait garder la guitare en attendant que quelqu'un vienne la chercher avec le nom de Nash Stone. La Fender Stratocaster, légendaire guitare utilisée notamment par Jimmy Hendrix, Dave Murray et bien d'autre était absolument sublime. Vivianna envoya un message à Aïdric dans lequel elle disait qu'ils avaient trouvée cette guitare dans ce magasin de Londres. Elle joignit une photo de la guitare au message. L'instrument était rouge au centre dégradant vers le noir sur les côtés. Le vendeur avait aussi mis, dans la boîte, un crayon noir permanent pour écrire sur la guitare. «Il faut être prudent, mon p'tit, ça part pas. O.K?», avait-il avertit Nash. 

Nash était terriblement heureux. Le seul nuage dans le ciel ensoleillé de sa journée était l'absence de son père. 

Après avoir mangé dans un des restaurant préféré du petit garçon, le duo se promena encore un peu dans la ville, pour retrouver le magasin dans lequel les attendait la guitare de Nash. Ils était encore à plusieurs minutes d'y arriver lorsque Nash remarqua un petit garçon au cheveux noirs courts et à la peau pâle. Bien qu'ils aient les deux caractéristiques précédentes en commun, Nash et l'autre petit garçon ne se ressemblaient en rien. Ni au niveau de la corpulence, ni au niveau des traits du visage, que Nash voyait de plus en plus clairement au fur et à mesure que le petit garçon s'approchait d'eux. Celui-ci ne les lâchait pas du regard et ce fut ainsi que le fêté sut que quelque chose clochait. Il donna une petite tape du dos de la main sur le bras de sa mère et lui montra discrètement le petit garçon. Le visage de celle-ci se décomposa en une expression de grande inquiétude. Il n'y avait plus personne autour d'eux. Ils avançaient pour traverser la ruelle menant à une allée passante, où ils seraient en sécurité, mais deux hommes de grandes tailles surgirent devant eux. Ils tentèrent de s'enfuir de l'autre côté, mais le petit garçon leur barrait le chemin.

Il n'était pas bien imposant, pourtant, ses mains brillaient d'une lumière dorée. Nash avait vu la même lumière, mais verte illuminer les mains de son ami Aiden. Le jeune inconnu devant eux était donc un Dreamer. Un Dreamer au cheveux noirs et aux yeux noirs. Zed!

Nash se mis à paniquer en comprenant que l'ennemi était rendu assez dangereux pour sortir de son repère et s'en prendre directement à eux. L'ennemi était devant eux. Prêt à se battre. 

- Évitons de se battre inutilement, déclara l'ennemi d'une voix confiante. 

Il semblait calme, presque pacifique. Nash cherchait la folie que l'on attribuait tant à Zed dans ses yeux. 

- Mon frère m'a envoyé vous chercher en voyant que vous étiez sortis du repère. «Des cibles faciles», il a dit.

- Tu dois être Nym, dit Vivianna d'une voix calme et confiante. 

- En effet, et je vous demanderais de me suivre Vivianna Jack. 

- Qu'est-ce que ça vous apporte?

- Un point de pression sur Aïdric Stone et... des cobayes pour notre projet.

Le sang de Nash se glaça dans ses veines. Il se savait d'aucune aide pour sa mère qui se retrouvait littéralement seule contre trois. Pourtant, il savait qu'elle n'allait pas se rendre. 

- Donc vous voulez que je me rende gentiment? 

- Ouais.

- Ce serait mal me connaitre. Je ne cède jamais.

- On verra bien. 

L'échange glacial entre Vivianna et Nym témoignait que la bataille était sur le point d'éclater. Nash se tendit, ne sachant que faire. Immédiatement, sa mère se transforma en un immense loup qui sauta sur un des hommes qui s'était approchés par derrière. 

Ce ne fut pas long que Nym l'emprisonna entre des fils dorés. La bête hurla de douleur et céda la place à une Vivianna qui se débattait contre les liens l'emprisonnant. Nash restait devant elle, sans bougé, incapable de faire quoi que ce soit. Jusqu'à ce qu'un homme s'approche de lui et ne tente de l'attraper. La peur lui donnant des ailes, il envoya son pied directement dans l'entre jambe de son adversaire et se rua vers sa mère. Il attrapa les filaments dorés dans le but le libérer sa mère, mais il lui brûlèrent les paumes. Vivianna hurla sous la douleur tandis que son fils lâchait brusquement les liens, trop choqué pour crier. 

- Vous allez venir avec nous? demanda alors Nym.

-  Go to Hell, you son of a bitch! 

- Bon, et bien... amenez-les. 

Un homme saisit Vivianna et l'autre Nash. Ils furent escortés jusqu'à un jet privé dans lequel ils furent montés de force. Nash se débattit et réussi à s'enfuir. Énervé, Nym ordonna à un de ses homme de le ramener et de l'assommer pour qu'il reste tranquille. 

°°°

Lorsqu'il se réveilla, Nash était transporté, toujours par le même homme. Il regarda autour de lui et croisa le regard inquiet de sa mère. Elle avait peur. Il avait peur. Si même la générale référentiel des Métamorphe, entraînant l'Élite de ceux-ci, avait peur... Ça n'augurait rien de bon. Il se rappela tout ce qui s'était passé et se mis à paniquer. L'homme le transportant le déposa au sol et le poussa devant lui. Ses jambes cédèrent et il tomba à genoux. 

- Est-ce qu'on l'amène à Zed ou on le fou tout de suite dans une cellule? demanda l'homme.

- Lui, on s'en fou. Mon frère veut voir Vivianna Jack. Alors, ouais, fou le dans la cellule du dernier arrivant, répondit Nym.

L'homme sous ses ordres hocha la tête et saisit Nash par le bras. Il commença à l'entraîner loin de sa mère. Celle-ci pleurait, tentant de les empêcher de lui enlever son fils. En vain. Nash avait beau se débattre comme un défoncé, hurler des injures, il continuait à s'éloigner inévitablement de sa mère.

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Hey!

Voilà, voilà! Enfin un Nash qu'on ne peut pas considérer wierdo. Un Nash sans piercing ni tattoo. Ça vous a plu?

Bye les chèvres!