Chapitre 29
Errant dans les couloirs du repère, le regard vide et l'âme meurtrie, Nym se retrouva à l'étage des filles. Il le traversa, toujours dans sa bulle de vide jusqu'à ce qu'un son la fasse éclater. Des sanglots étouffés. Il se dirigea vers le bruit, qui résonnait si bien en lui. Il avait envie de pleurer, mais on lui avait violemment apprit à ne plus le faire. C'était considéré comme un sentiment faible, tout comme la pitié, la compassion et la peur. Non, l'amour n'était pas un sentiment faible, c'était même très respectés par tous ceux de son camp.
Sortant de ses sombres pensées, il se rapprocha de la porte d'où provenait le bruit. C'était une mélodie d'abandon totale, sonnant presque comme une libération, une libération lourde de noirceur et de douleur. C'était la peur et l'ennuie, la solitude, le désespoir... mais aussi la joie de pouvoir laisser voir son vrai visage. C'était les larmes, eau abreuvant le désert, ramenant vie sur la terre. Mais c'était retenu, étouffé, par peur que quelqu'un comme lui pointe le bout de son nez et aille fouiller dans des affaires ne le concernant pas. Il le savait, mais il ne pu s'empêcher de continuer sa route vers la porte et finit par toquer.
On ne lui répondit pas tout de suite, il entendit les sanglots tenter de s'arrêter. Puis la porte s'ouvrit brusquement sur cette jolie jeune femme aux joue ronde, malgré sa maigreur, aux cheveux extrêmement long, bruns et aux yeux chocolats rougis par les larmes.
La porte claqua au nez de Nym. Il cogna de nouveau, il ne savait pas pourquoi il était là, mais il sentait le besoin irrépressible de l'aider. Il ne pouvait vivre avec le fardeau de cette peine sur ses épaules.
- Malory, murmura-t-il.
Le dos contre la porte, la jeune femme tressaillit. Elle n'avait jamais entendu le jeune homme prononcer son nom avec une telle douceur. Elle se laissa glisser contre la porte en passant les mains dans ses cheveux, fondant de nouveau en larmes. Nym entendit ses sanglots et s'exclama:
- Malory, laisse-moi...
- Dégage! hurla-t-elle à travers ses larmes.
- Je peux pas te laisser là, je sais pas ce que tu peux faire dans cet état et ça me fait peur.
- Oh! Toi, tu as peur que je me tue? s'exclama-t-elle avec véhémence.
- Oui. Et je sais que ce que tu as vécu est assez horrible pour que tu le fasse. Malory, je t'en supplie... laisse-moi t'aider.
Elle pensa aux paroles qu'elle avait dit à Raise. Elle devrait s'expliquer avec Nym, lui laisser une chance, même si elle n'en avait aucune envie. Elle regarda la dague posée sur son bureau, celle qu'elle voulait utiliser pour enfin faire cesser toute souffrance. Mais elle n'y arrivait pas. À cause de ces foutus mots: «Il faut que tu reste en vie pour sortir d'ici.» Il fallait qu'elle reste en vie pour que les choses puisse s'améliorer.
Elle se leva et ouvrit la porte. Les joues noyées de larmes qui coulaient sans s'arrêter, elle regarda Nym dans les yeux et lui dit:
- T'es la dernière personne que je veux voir. T'es la dernière personne à même de m'aider. Alors juste dégage.
- Malory... Je... Je suis désolé pour tout ce que j'ai fait. Je sais que je suis un monstre et c'est encore plus horrible puisque c'est seulement aujourd'hui que je m'en rend compte.
- Qu'est-ce que tu veux, merde? s'écria-t-elle.
- J'en sais rien, je... Je peux juste pas vivre avec ta douleur sur la conscience.
- Mais t'es con? hurla-t-elle. Tu viens une fois de plus d'arracher à Nash tout ce qu'il avait réussi à obtenir et...
- Et je m'en fou. Parce qu'il a fait de mauvaises choses lui aussi.
- T'es tellement con!
Sans qu'elle s'y attende, Nym attrapa ses mains qu'elle passait constamment dans ses cheveux pour les tirer. L'un comme l'autre frissonnèrent. Jamais ils n'avaient eu un contacte physique de la sorte. Aucun d'entre eux n'osa bouger. Après un moment, Malory réalisa ce qui se passait et retira ses mains. Elle retourna dans sa chambre et Nym la suivit avant qu'elle ne ferme la porte.
- Vas-t'en, souffla-t-elle, épuisée.
Mais Nym avait les yeux fixés sur la dague posée sur son bureau. Il n'y avait pas réellement d'émotion sur son visage. Puis il se retourna vers elle et lui dit:
- Tu comptais sérieusement le faire?
- J'aurais voulu avoir la force de le faire.
- Ce n'est ni de la force, ni de la faiblesse. C'est simplement du désespoir. Mais la majorité du temps, tu regrettes une fois... peu importe où tu seras.
- Ça m'étonnerait.
- Tu ne dois jamais faire ça! Cesse même d'y penser.
Malory le regarda avec colère à travers ses larmes.
- Pour qui tu te prends? T'es pas... t'as pas d'autorité sur moi! De toute façon, tu peux pas comprendre!
- Tu crois que je peux pas comprendre? Tu crois qu'avec un frère comme le mien, j'ai jamais voulu quitter ce monde?
Il releva son chandail et le premier réflexe de Malory fut de détourner le regard.
- J'ai tenté de me poignarder quand j'étais plus jeune. Je savais pas comment mettre fin à mes jours et je me suis dis que ça marcherait probablement. Je me suis manqué. Ça faisait mal. Je sentais que j'allais mourir et c'était la sensation la plus horrible que j'ai ressentis de ma vie. J'ai réalisé que je voulais pas vraiment quitter ce monde parce qu'il y avait encore trop de choses que je voulais faire, que je devais faire. Mon frère m'a guéri, puis ne m'a pas adressé plus de tendresse que d'habitude. Mon geste n'avait absolument rien changé, mis à part faire du mal à ceux qui m'aimait bien dans le temps.
Malory posa son regard sur le torse de Nym pour y découvrir une terrible cicatrice. Nym finit par rabaisser son chandail, légèrement mal à l'aise. Malory n'avait toujours pas cessé de pleurer et Nym prit le risque de tenter de la serrer dans ses bras. Elle ne le repoussa pas et pleura, la tête dans le creux de l'épaule de ce jeune homme qu'elle haïssait tant.
°°°
Le lendemain matin, Malory se réveilla, dans son lit. Elle se demanda même si tout ce qui s'était passé hier n'était qu'un rêve. Mais lorsqu'elle se retourna pour regarder son bureau, elle remarqua que la dague avait disparue, remplacée par un bout de papier. Elle se leva pour aller le prendre et lit: «Il faut que tu reste en vie pour sortir d'ici.»
Elle avait véritablement passé une partie de sa nuit à pleurer entre les bras de son pire ennemi. Comment avait-elle pu en arriver là. Une certaine peur s'empara d'elle. Elle ne contrôlait plus la situation, elle ne savait pas comment réagir. Laissant échapper un soupir, elle sortit de sa chambre pour aller se laver.
°°°
Nash était arrivé au réfectoire très tôt le matin. Assis à sa table, attendant Thomas et Malory, il avait le regard perdu dans le vague. Il jouait avec le couteau qu'il avait ramassé parmi les ustensiles. Il referma son poing sur la lame. Il vit le sang couler sur son poignet et observa la plaie dans sa main qui commençait déjà à se refermer lentement. La douleur dans sa paume semblait si minime. Rien ne pouvait égaliser la souffrance de son âme, de son cœur brisé. Il nettoya approximativement le sang avant que d'autre personnes n'entre dans le réfectoire et ne le voit. La plaie ne saignait déjà presque plus et dans moins d'une heures, il n'y en aurait plus une seule trace. Son regard restait fixé sur les serviette de table pleines de sang. Voyant quelqu'un arriver dans le réfectoire, il cacha rapidement les serviettes dans les poches de son uniforme kaki, dont il ne portait que le bas.
Aiden était presque toujours le premier arrivé au réfectoire. Alors voir que quelqu'un était là avant lui, plus particulièrement Nash, qui essayait majoritairement d'arriver en même temps que la majorité pour passer inaperçu, le surpris. Il se dirigea vers le jeune homme assis seul à sa table.
- Salut, dit Aiden, un peu gêné.
Nash releva un regard vide vers lui. Il lui répondit par un simple «hum».
- Ça va, Nash? T'as pas l'air dans ton assiette.
Un autre «hum» fut la seule réponse qu'il obtint de nouveau.
- Q'est-ce qu'il a?
- Depuis quand t'en as quelque chose à foutre? s'exclama Nash. You're all the same...
Le jeune homme aux yeux d'acier ce leva d'un bond et s'en alla sans avoir manger. En sortant du réfectoire, il bouscula Nym volontairement et s'éloigna.
Aiden envoya un regard réprobateur à Nym.
- C'était vraiment con ce que t'as fait hier, dit l'asiatique.
- Il le méritait, répliqua Nym.
- Non, vraiment pas.
- Pense ce que tu veux, moi je te dis que je regrette pas du tout.
Les gens commencèrent à affluer dans le réfectoire. Nym alla s'assoir et Aiden ne tarda pas à faire de même.
Lorsque Malory entra dans le réfectoire, elle se retint de regarder Nym. Mais malgré tous ses efforts elle croisa tout de même le regard du jeune homme. Son cœur se mis à s'emballer en regardant le jeune homme avec lequel elle avait passé une partie de la nuit hier. Il était entré dans sa chambre, l'avait tenu entre ses bras. Sentant que la situation commençait à devenir critique, Malory leva son majeur vers Nym en affichant une moue dégoutée.
Elle alla ensuite s'assoir comme si de rien était, tentant de calmer les battements effrénés de son cœur.
°°°
Raise n'alla simplement pas manger ce jour-là. Elle sauta aussi ses cours, restant étendue sur son lit, le regard fixé au plafond, perdue dans ses pensée. Les mots de Nash tournaient en boucle dans sa tête, toutes les horreurs qu'il lui avait dit. Au fond, il avait peut-être raison. Peut-être qu'elle devrait tenter de comprendre son point de vue. Mais c'était tellement dur pour elle. Il avait aidé Zed à la trouver, il avait donc, par extension, détruit sa vie.
Elle soupira. Ça lui prendrait énormément de temps pour pardonner Nash. Mais Nym? Il ne lui avait pas fait grand chose. Ce n'était pas un saint, mais il méritait lui aussi une deuxième chance. De plus, c'était son frère, elle ne pouvait réellement le chasser de sa vie.
Lorsqu'on cogna à la porte, elle su d'avance que c'était lui.
- Entre, dit-elle simplement.
Nym entra dans la chambre et fit un petit sourire gêné à sa sœur.
- Salut, fRaiseinette.
- Salut...
- Je... je t'ai dit que j'allais pas te laisser me sortir de ta vie.
- Ne t'inquiète pas. Je n'ai pas l'intention de le faire.
- Vraiment? Tu me pardonne?
- À une seule condition.
- N'importe quoi.
- Tu donne ton dessert à Malory pour toute la semaine.
Le visage de Nym se décomposa.
- Tu te fiche de moi? Elle me déteste!
- Et elle adore la bouffe. Ça va te donner une chance de te reprendre. De te faire pardonner.
- Tu crois?
L'espoir dans la voix de Nym surprit Raise. Depuis quand Nym souhaitait-il se faire pardonner par quiconque? Elle le regarda d'un air inquisiteur.
- Hum... Qu'est-ce qu'il y a, Nym?
- Rien... Rien... Je suis prêt à tout pour être pardonné.
- Par moi où par Malory? le taquina-t-elle.
Il soupira sans pouvoir retenir un sourire.
- La ferme, Steven.
Raise se mis à rire et le frappa sur l'épaule.
- Depuis quand tu m'appelle par mon nom de famille?
- Depuis que t'insinue que je veuille me faire pardonner par Malory.
- Mais tu nies pas!
La jeune femme sourit à pleine dents et serra Nym dans ses bras.
- Je suis heureuse que pour une fois tu pense à avoir une...
- N'ose pas finir cette phrase! Je ne veux pas être en couple avec Malory!
- T'en est sûr? Où peut-être que tu veux pas, seulement parce que ça impliquerait être le beau-frère de Nash...
- Ils sont pas frère et sœur.
- Alors on l'est pas nous non plus.
Nym soupira.
- Écoute, Malory c'est une longue histoire et c'est compliqué.
- Explique-moi tout!
Nym soupira.
- Pas tout, mais je peux bien te raconter quelques passages.
Raise sourit, attendant impatiemment les explications de son frère.
_____
Ha! Suspence! Vous saurez le point de vue de Nym sur Malory au prochain chapitre!
Vous avez pensé quoi de celui-ci?
Vous pensez quoi des personnages, de Malory et de Nym?
Bye les chèvres!
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