Deuxième Partie: Chapitre 5

Maëlle avait déjà parlé à plusieurs Métamorphes qui pouvaient de façon réaliste connaître ses parents, se présentant comme Maëlle Jack et chacun d'entre eux l'ont regardé avec un mélange de tendresse et de pitié et lui ont dit: «Oh! J'ai connu ton père» ou «ta mère» et «Ils étaient vraiment extraordinaire. Ils ont eu de la chance d'avoir Robert pour prendre soin de toi...». Absolument rien d'intéressant. Elle n'avait même pas le temps de leur poser des questions avant qu'ils ne se désintéressent complètement d'elle. Évidemment, ils n'étaient pas là pour parler à une jeune femme de ses défunts parents. Ça l'enrageait tout de même.

Alors qu'elle allait partir, elle fonça littéralement dans sa sœur. Vivianna la rattrapa avant qu'elle ne tombe par terre et lui demanda:

- Maëlle! Ça va?

- Il y a pas une seule personne ici qui est fichue de me donner des informations sur papa et maman! Sérieusement! Ils prennent même pas le temps de m'écouter! Ils ont aucun resp... Aïdric?

- Salut Maëlle, dit-il en retenant un ricanement.

Le regard de la jeune femme alterna entre son meilleur ami et sa sœur. Cette dernière lui sourit et dit:

- Je te l'avais bien dit qu'il était pas humain ce gars.

Maëlle hocha la tête avec une moue de concession.

- J'avoue que j'avais des doutes.

- Moi j'en avais pas sur vous. J'étais sûr que vous étiez humaines, répliqua le jeune homme.

La surprise ne remonta pas longtemps le moral de Maëlle et elle se tourna vers sa sœur en demandant:

- Tu penses que Robert va être fâché si on sèche sa précieuse réunion pour aller dans un bar?

Vivianna écarquilla les yeux, fixant sa sœur comme si elle était possédée par un alien, mais un sourire étira ses lèvres.

- Non, mais moi je vais certainement être heureuse de te voir dans un bar. Gosh, it's been so long!

Maëlle roula les yeux.

- Je suis pas un cas si désespéré que ça Viv.

L'aînée passa son bras autour des épaules de sa sœur et s'exclama:

- Let's get wasted!

Elles commencèrent à s'éloigner sous le regard abasourdi d'Aïdric, puis Vivianna se retourna, entraînant Maëlle dans son mouvement.

- You coming or what?

Il prit un moment pour se remettre de sa surprise et suivit les deux jeunes femmes. Ils se retrouvèrent dans le bar le plus près de l'Entrée. Enfilant les verres, ils parlèrent, rirent, dansèrent, se ridiculisèrent et firent quelques conneries. En sortant du bar, complètement saouls, ils étaient pliés de rire. Maëlle sentait que le poids qui pesait sur sa poitrine était disparue. Elle se sentait légère et prête à conquérir le monde. Vivianna se mis à crier vers le ciel en levant les bras et tournant sur elle même. Elle avait envie de s'envoler dans la nuit et de devenir un oiseau. Se laisser porter par le vent et la faim... Quelques années plus tard, elle entendrait une chanson décrivant parfaitement ce sentiment. Une chanson qui prendrait une place importante dans son cœur.

«Tous les jours dimanche, j'peux voyager partout
Aussi longtemps que j'aurai des ailes
J'irai là où mon cœur m'appelle
Y est pas question que je redescende
Sauf peut-être pour aller manger
En attendant, ça peut attendre
J'goûte au bonheur, chu pas pressé»

Aïdric regardait les deux jeunes femmes, les yeux pleins d'admiration. Elles étaient vraiment magnifiques comme ça à gambader, riant à gorge déployée et chantant comme des casseroles. Elles semblaient illuminer la nuit et en les voyant ainsi, bras dessus bras dessous, il comprit à quel point elles étaient proches et, même si elles semblaient totalement opposées, elles avaient besoin de l'autre. C'était un lien fort et précieux. Indestructible. 

Ils reconduisirent Maëlle à son appartement. Vivianna la serra fort dans ses bras et lui souhaita bonne nuit. Puis elle se mis en route avec Aïdric vers leur appartement. La jeune femme continua à gambader d'un pas léger, chantonnant et tournant sur elle-même de temps en temps. C'était probablement à ce moment que l'intérêt que le Defendor lui portait commença à tranquillement se muer en amour. 

Ils arrivèrent à leur palier et avant que la jeune femme ne puisse entrer dans son appartement, Aïdric posa sa main sur la sienne qui était sur la poignée. Elle se retourna vers lui avec un regard interrogateur sans pour autant retirer sa main. Son visage se retrouva tout près de celui du jeune homme. Il lui sourit et dit: 

- Sors avec moi... aller prendre un verre, un de ces jours... ce serait bien...

- C'est pas ce qu'on vient de faire, dit-elle, plus pour le pousser à affirmer ce qu'il voulait vraiment et pour l'énerver que parce qu'elle jouait les innocentes. 

- Juste toi et moi... une date.

Ça y était. Il l'avait enfin dit. Il avait enfin demandé à Vivianna de sortir avec lui. L'alcool devait forcément avoir aidé. Son cœur accéléra lorsque la jeune femme baissa les yeux. Elle allait dire non. Évidemment qu'elle allait dire non! Elle était la sœur de sa meilleure amie! C'était complètement ridicule pour elle d'accepter...

- Je me suis promis de pas jouer avec toi... Aïdric... Je veux pas créer un malaise avec Maëlle et tout...

- Alors joues pas... Vivi... tu me plais... vraiment. Tu es probablement la femme la plus extraordinaire que j'aie rencontré. Tu es... hypnotisante et je ne peux pas arrêter de penser à toi. Je veux essayer... je veux voir jusqu'où on pourrait aller... 

La jeune femme rigola. 

- Ça va être une histoire tellement romantique à raconter à tes enfants. «On s'est saouler la gueule et je lui ai demandé de sortir avec moi et elle a dit oui, probablement parce que l'alcool l'empêchait de penser rationnellement.» 

Un énorme sourire étira les lèvres d'Aïdric. 

- Est-ce que c'est un oui? 

Vivianna releva ses grands yeux d'argent vers lui et lui sourit, secouant la tête en rigolant. 

- Ouais... 

Le jeune homme se retint de faire une danse de la victoire, mais son sourire s'étirant jusqu'aux oreille faisait grandement comprendre sa joie. 

- Tu me dois une date alors! Tu peux pas reculer maintenant! 

La Métamorphe roula des yeux en secouant la tête. 

- Ouais, ouais... dit elle en entrant dans son appartement. Night

- Bonne nuit! s'exclama-t-il alors qu'elle refermait la porte derrière elle. 

Une fois seul dans le couloir, le jeune homme céda à son envie de faire une danse de la victoire. Vivianna s'accota contre sa porte, le cœur battant la chamade. Une partie d'elle se disait que c'était une très mauvaise idée, mais en même temps, Aïdric était tout ce qu'elle cherchait chez un homme. En plus, c'était un Defendor. Ils venaient du même monde, ils n'auraient pas à cacher à l'autre cette partie de leur vie. Et si ça marchait, s'ils restaient ensemble et formait une famille, alors Maëlle n'aurait pas à choisir entre sa sœur et son meilleur ami. Tout pourrait potentiellement marcher. La jeune femme s'accrocha désespérément à cette idée. Tout irait bien.


°°°


Dans les jours qui suivirent, Vivianna continua sa routine. Enseigner la musique, travailler à la galerie d'art, peinturer le mur de son salon. Il était presque fini désormais. Le vendredi soir, alors qu'elle y faisait des petites retouches de fin, on cogna à la porte. Elle se redressa, son chandail blanc plein de peinture et ses cheveux décoiffés, et alla ouvrir. Aïdric se tenait là, un sourire aux lèvres. 

- Merde! J'avais oublié! s'exclama-t-elle. 

Il se mis à rire. Ce soir, ils allaient au restaurant ensemble, que tous les deux. La jeune femme fit entrer le Defendor et lui dit de se mettre à l'aise le temps qu'elle se prépare.  Elle se changea en un éclaire. Un chandail noir bouffant aux manches arrêtant aux coudes et une jupe en jeans taille haute, ça ferait l'affaire. Elle brossa rapidement ses cheveux et les laissa tomber sur ses épaules. Après avoir mis à peine de maquillage elle attrapa une paire de talons hauts en priant pour qu'ils ne marchent pas trop longtemps. Lorsqu'elle revint au salon la jeune femme écarquilla les yeux. Aïdric tenait entre ses mains un bouquet de Lys asiatiques et de Centaurea Cyanus. Il les lui tendit avec un petit sourire gêné. 

- Est-ce que c'est trop cliché? J'avais pensé à des roses, mais je me suis dis que ça ne t'allais vraiment pas donc... j'ai pris des lys... et ces petites fleurs bleues, j'avais remarqué qu'il y en avait sur ta peinture, dit-il en désignant le mur du salon. 

En effet, le dessin représentait une jeune femme aux yeux fermés, ses cheveux partant en tourbillons autour de sa tête dans des éclats de couleurs. La jeune femme tenait un bouquet de Centaurea Cyanus fleurs dans les mains et il y en avait aussi dans ses cheveux. Vivianna sourit et prit les fleurs, les posant dans un vase d'eau. 

- Merci... c'est mignon. 

Aïdric sourit, revigoré de voir que son attention était bien passée. Vivianna attrapa son sac à main et mit ses talons hauts. Ils sortirent de l'appartement. Pendant un moment, ils restèrent en silence, ne sachant trop que dire. Pourtant ils se parlaient régulièrement et ne manquaient en général jamais de sujet de conversation. Ils étaient tous deux un peu mal à l'aise de se retrouver dans une situation où ils n'étaient pas «amis». Vivianna prit son courage à deux mains, se répétant mentalement que ce n'était qu'Aïdric, qu'elle lui avait parlé des milliers de fois, qu'elle n'avait rien à craindre. Alors qu'elle ouvrait la bouche, il la devança en disant: 

- Elle est vraiment belle ta peinture sur le mur. Tu fais souvent des visages comme ça? 

- Merci. Oui. J'aime représenter des émotions et ce que je préfères dessiner ou peindre, c'est définitivement des visage. I could draw you some day...

- Est-ce une date

Vivianna éclata de rire. 

- On est déjà en date

- Ça pourrait être une idée pour une prochaine fois! se défendit le jeune homme avec un grand sourire. 

- Qu'est-ce qui te dit qu'il va y avoir une prochaine fois. 

Et juste comme ça, la gêne s'étant installée entre eux se dissipa et l'ambiance devint très agréable. Ils arrivèrent au restaurant. Ce n'était pas particulièrement huppé comme restaurant, mais c'était très sympathique et dans un budget raisonnable pour les deux jeunes adultes. Ils s'assirent, parlèrent de tout et de rien, rirent, mangèrent, prirent un quand même pas mal d'alcool et passèrent, globalement, un très bon moment. Vivianna commençait à se dire qu'Aïdric pourrait vraiment être un homme qu'elle pourrait aimer. Il lui parla un peu plus de l'armée, lui expliqua que c'était son père qui, souhaitant le rapprocher de la tradition guerrière des Defendors, l'avait élevé de façon très strict et envoyé dans l'armée dès qu'il l'avait pu. Cependant, il n'avait jamais réellement forcé son fils à faire quoi que ce soit. Aïdric était très confortable dans cette discipline qui était, apparemment, très importante pour ses ancêtres. Vivianna lui raconta des moments heureux de son enfances. Le fait que Robert ait fait appel à Saya pour lui enseigner le piano, ce qui l'avait propulsée dans le milieu artistique, donnant naissance à sa passion des arts. Leur conversation dévia vers Maëlle. La Métamorphe parla avec affection de sa sœur, expliquant à Aïdric à quel point elles étaient proches. Elle lui dit que sa petite sœur avait beaucoup de difficulté à digérer le fait de ne jamais avoir connu ses parents et cherchait sans cesse à trouver des informations sur eux puisque Robert ne semblait pas prêt à leur dire quoi que ce soit. Vivianna, elle, n'avait pas ce besoin. Elle savait que ses parents étaient de bonnes personnes et qu'ils la voyaient du haut des cieux et étaient fiers d'elle. Un jour, lorsque viendrait son tour de quitter ce monde, elle les rejoindrait. Aïdric pouvait parfaitement comprendre la jeune femme, ayant lui aussi perdu sa mère. 

Il était très tard lorsqu'ils rentrèrent à leur appartement. Ils avaient passé plus d'une heure au restaurant, puis avaient traîné dans les rues avant de se décider à revenir chez eux. Sur le palier de leur appartement, ils restèrent un long moment à se regarder, sans esquisser le moindre mouvement pour entrer. Chaque fois qu'un blanc se faisait dans la conversation et que l'un d'entre eux se retournait comme pour débarrer sa porte, l'autre le relançait sur un sujet complètement différent. Au bout d'un moment, ils furent à court de sujets. Vivianna plongea ses yeux d'argents dans ceux, mordorés, d'Aïdric. Elle mordit légèrement sa lèvre inférieure. Le regard du jeune homme passait de ses yeux à ses lèvres, puis revenait à ses yeux, plusieurs fois. Il allait se pencher vers elle pour l'embrasser, mais il n'en eut pas le courage. Et si c'était trop tôt? Et si elle le repoussait? Il ne voulait pas risquer de gâcher cette belle soirée. 

Vivianna, remarquant qu'il ne comptait pas faire de pas vers elle, décida de mettre fin au rendez-vous. Ce n'était de toute façon probablement pas une bonne idée qu'ils s'embrassent. Elle n'en avait même pas parlé avec Maëlle, puisqu'elle était trop occupée par ses études ces derniers temps. 

- Merci pour la soirée, c'était... agréable. 

Aïdric hocha la tête en souriant légèrement, réalisant qu'il avait définitivement perdu sa chance d'embrasser la jeune femme. 

- On se reparle bientôt? 

- C'est pas comme si je pouvais t'éviter, t'es mon voisin, rigola la jeune femme. 

Ils hochèrent la tête, restant un moment immobiles, dans un moment de flottement. Puis ils entrèrent chacun dans leur appartement. Leurs deux cœurs battant le même rythme effréné, symphonie de l'amour. 


_____

J'ai pas relu le chapitre, donc il y a peut-être plus de fautes que d'habitude. 

Vous avez pensé quoi du chapitre? 

Désolé de poster si peu souvent, je suis complètement dans la réécriture en ce moment. 

À plus les chèvres!

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