Deuxième Partie: Chapitre 3

Les doux yeux bruns de l'homme brillaient. Ses cheveux blonds commençaient à plutôt tirer sur le gris et des rides commençaient tranquillement à lui creuser le visage. Il ne faisait tout de même pas ses plus de cinquante ans. Il accueillit chaleureusement ses filles dans l'énorme «repère» où elles avaient grandi. 

- Vivianna! Ça fait trop longtemps! Tu aurais dû venir me voir plus souvent. Quoi que tu n'en aies aucune obligation. Tu es une grande femme maintenant... je n'ai pas le droit de t'obliger à venir me voir. 

Vivianna alla serrer son père dans ses bras. 

- Tu m'as manqué... Je viens de déménager à Londres, donc je devrais venir te voir plus souvent. Comment va Saya? 

Robert sourit et lui répondit: 

- Elle va très bien! Je crois qu'elle est en Suisse au moment où nous parlons. Elle voulait voyager encore. Je crois qu'elle ne se posera jamais définitivement quelque part cette femme! 

L'homme se retourna vers Maëlle et la prit dans ses bras. 

- Comment ça va toi? Les études de bio-chimie avancent bien? 

Maëlle hocha la tête avec un sourire, sans réellement parler. Elle se disait que si elle ouvrait la bouche, elle demanderait probablement des informations sur ses parents à Robert, et ce n'était pas le moment. Mais évidemment, Robert les avait élever et son immense capacité empathique, qu'il avait probablement acquise grâce à tout ce qu'il avait vécu, lui permettait de comprendre immédiatement tout ce qui se passait dans la tête de sa plus jeune fille. Son visage se ferma légèrement et il se retourna, cachant le léger tremblement dans ses mains. Il fit comme si de rien était, envoya un grand sourire à Vivianna, et lui proposa d'aller s'installer dans le salon qui était aussi la bibliothèque. 

La plus vieille lui raconta ses études à l'étranger, ainsi que tout ce qui s'était passé pendant son temps aux États-Unis. Un brin de sourire étira les lèvres de l'homme lorsqu'elle lui parla de David et de son agacement envers du jeune homme, puis de leur rupture. Il savait que ses filles méritaient mieux que des gens comme ça et surtout, qu'elles en avaient conscience, ce qui lui faisait plaisir. Vivianna en vint à lui demander ce que lui avait fait. 

Robert expliqua qu'il entretenait ses liens avec de vieux amis comme Saya avec qui il s'était battu pendant la Guerre des Rêves. 

- J'ai formé un espèce de... «commité»? ayant pour but de se préparer à d'éventuels problèmes. Par exemple si les humains découvrent notre existence et tentent de nous utiliser ou de nous exterminer. Ou simplement éviter un nouveau conflit destructeur comme la Guerre des Rêves. J'ai contacté mes anciens amis et leur ai demandé de parler à leurs amis et leurs descendants. Nous allons tous avoir une rencontre ici dans un mois. Je serais extrêmement heureux si vous pouviez venir. Ce sera à vingt et une heure, heure de Londres. 

Les deux jeunes femmes hochèrent la tête. Maëlle se dit que, parmi la foule, il y aurait peut-être des gens ayant connu ses parents qui pourraient lui en apprendre davantage sur eux. 

Elles passèrent la journée avec Robert à parler de tout et de rien. À un certain moment, Vivianna s'éloigna dans les couloirs de cet endroit si familier. Elle savait où elle allait. Elle poussa la porte de l'immense salle, pleine d'instruments, à l'acoustique incroyable et ses yeux se mirent à briller. Une intense nostalgie lui empoigna le cœur.  Elle croyait revoir cette grande femme à la peau sombre et au sourire plus doux que du satin, assise à côté d'elle alors qu'elle était toute petite, lui montrant où placer ses doigts sur le piano. 

- Viv? demanda doucement Maëlle. 

L'aînée fit le saut et se retourna vers sa sœur avec un grand sourire. 

- Moi je vais y aller. Tu peux rester plus longtemps si tu veux, mais j'ai des cours demain donc... 

La jeune femme hocha la tête et décida de quitter avec sa petite sœur. Elle rentra finalement à son appartement. Regardant toutes ces boîtes encore fermées devant elle, elle se dit que l'aide d'Aïdric pourrait être précieuse, pour ne pas y passer encore des jours. Mais elle était honnêtement trop fatiguée pour se soucier de quoi que ce soit. Elle se laissa tomber sur son lit et s'endormie très vite, épuisée. 


°°°


C'est en se réveillant le lendemain matin que Vivianna réalisa qu'elle n'avait absolument rien à manger dans son appartement. Elle chercha au moins du thé, mais il était dans une des nombreuses boîtes qu'elle n'avait pas eut le temps d'ouvrir. Encore ensommeillée, elle s'habilla d'un legging confortable ainsi que d'un chandail beaucoup trop large de Red Hot Chili Peppers. Elle attacha ses longs cheveux noirs en un chignon désordonné et sortit de son appartement. Elle hésita un moment, mais finit par cogner à la porte d'Aïdric. Il ouvrit, une tasse à la main, portant un uniforme avec le logo de l'école ou il était formé pour devenir policier. 

- Vivianna? Je m'attendais honnêtement pas à ce que tu cognes à ma porte. 

Elle laissa échapper un petit rire nerveux et dit: 

- J'ai complètement oublié d'aller faire les courses hier et ce ne serait pas un problème si seulement j'arrivais à trouver mon thé. Mais j'ai pas de thé. Et il me faut ma tasse de thé matinale pour arriver à faire quoi que ce soit dans ma journée. Ma question est donc... as-tu du thé? 

Aïdric ne put se retenir d'éclater de rire. Vivianna le regarda très sérieusement avant de se laisser aller à sourire. 

- Te moques pas! Je suis sûre que tu serais pareil si tu n'avais pas de café! 

- J'avoue, tu as raison, dit-il, toujours avec un grand sourire. Allez entre, j'ai du English Breakfast... même si j'en bois presque jamais. 

Les yeux de Vivianna se mirent littéralement à briller. Il avait du thé noir! C'était mieux que ce qu'elle imaginait. Elle n'aurait pas à ouvrir toutes ses boîtes pour trouver son thé. Aïdric mis de l'eau sur le feu et Vivianna le regarda d'un air désapprobateur. 

- T'as pas de bouilloire? 

- Juges pas, je suis prêt à parier que t'as pas de machine à café. 

Un sourire étira les lèvres de la jeune femme et elle due s'avouer vaincue. Une fois qu'elle put enfin boire son thé, son humeur se régula drastiquement et elle devint beaucoup moins agaçante. 

- Alors, tu étudie pour être policier?

Le jeune homme hocha la tête.

- Ouais. J'ai été dans l'armée à temps partiel et j'hésitais à m'y enrôler à temps plein quand j'ai rencontré Maëlle. Elle m'a dit que je pourrais essayer d'être policier, que ça demandait moins de sacrifices et que ça pourrait tout de même me plaire. 

- Et ça te plait? 

- Ouais. Je suis un gars qui, même si j'en ai pas l'air, aime la discipline. J'aimais quand même beaucoup l'armée, mais je... une partie de moi à toujours voulu avoir une famille, et je ne crois pas que ce soit la carrière idéale pour ça. Ça les forcerait à bouger avec moi ou à me voir partir pendant plusieurs mois... 

Le cœur de Vivianna se gonfla un moment. Cet homme, malgré son allure dure était visiblement un grand romantique et cela la toucha. Elle adorait lorsque les apparences trompaient. Peut-être parce que sa propre apparence était trompeuse. En entendant Aïdric parler ainsi, elle réalisa qu'il était un homme fort et loyal, attaché à la discipline, mais au cœur tendre. Elle espérait ne pas se tromper. 

- Et bien je te souhaite de fonder une belle famille avec laquelle tu pourras vivre heureux pendant longtemps. 

Le jeune homme sourit en regardant sa tasse de café et répondit: 

- Merci... 

Ils restèrent un moment ainsi, chacun buvant sa tasse, puis Aïdric regarda l'heure et dit: 

- Il va falloir que j'y aille. 

Vivianna hocha la tête, prit sa dernière gorgée de thé et sortit de l'appartement d'Aïdric. Elle ne l'avait pas regardé en détail, mais il semblait être extrêmement en ordre, ce qui n'était pas surprenant si elle pensait à ce qu'il lui avait dit plus tôt. 

Alors qu'elle allait regagné son appartement, le jeune homme l'interpella: 

- Vivianna? 

Elle se retourna, le cœur battant. 

- Yes?

- Oublies-pas d'aller faire les courses. 

Il lui fit un sourire avant de partir. Elle se mis à rire doucement en entrant dans son appartement. Plus elle apprenait à connaitre ce jeune homme et plus il lui semblait que son bon pressentiment était réaliste. Elle sentait qu'il était différent des autres hommes qu'elle avait fréquenté. 


°°°


Toute la journée, Aïdric ne put s'empêcher de penser à cette magnifique jeune femme qui avait cogné à sa porte le matin même. Les cheveux décoiffés, ne portant aucun maquillage, habillée presque en pyjama... et pourtant elle était une des plus belles femmes qu'il ait vu de sa vie. Sa confiance calme et douce ne l'avait pas quittée malgré les circonstances. Il lui avait dit la véritable raison pourquoi il avait quitté l'armée et il avait vu son regard s'attendrir. Il espérait désespérément avoir fait bonne impression lors de leurs quelques rencontres. 

Sa distraction ne passa pas inaperçue auprès de ses paires et de ses professeurs. Lui qui était habituellement toujours le plus concentré, toujours près bien en avance, toujours alerte. Ses amis se mirent à le taquiner sur le fait qu'il avait probablement une fille en tête. 

- Est-ce que c'est ton amie... tu sais la super bombe... Maëlle? 

Aïdric roula des yeux. Il se demandait parfois comment Maëlle pouvait ignorer qu'elle attirait les regards. C'est vrai que, depuis que Vivianna était arrivée, il semblait remarquer qu'elle était toujours dans son ombre, mais elle pourrait facilement en sortir. Maëlle était tout aussi belle que sa sœur et avait un fort caractère, mais elle n'avait pas ce charisme naturel, ni cette confiance douce qui rendait Vivianna si attirante. 

- Maëlle est ma meilleure amie. Ni plus... ni moins

Ce dernier bout de phrase sonna menaçant. C'était la façon d'Aïdric de faire comprendre à son ami de ne pas dire de conneries à propos de Maëlle. Il pensa qu'il serait capable de casser les deux jambes à quelqu'un qui ferait du mal à cette fille. Même s'il avait conscience qu'elle n'avait pas besoin de son aide. Maëlle était bien assez forte et intelligente pour s'en sortir toute seule, mais l'idée que quelqu'un puisse la blesser d'une quelconque façon l'horrifiait. 

Évidemment, son ami ne souhaita pas le mettre en colère et se tut. Aïdric ramassa son sac et quitta l'établissement, en direction de son appartement. Son cœur se mis directement à accélérer lorsqu'il pensa que Vivianna allait probablement être là, tout près de chez lui. Il s'envoya quelques claques mentales. Cette fille avait beau être terriblement attirante, il ne la connaissait pas. En plus, c'était la sœur de Maëlle, donc ce n'était probablement pas une bonne idée de se rapprocher d'elle. Si jamais leur relation tournait mal, il ne voulait pas que sa meilleure amie se retrouve à devoir choisir entre lui et sa sœur. De toute façon, elle choisirait très certainement Vivianna, donc il avait tout à perdre. 

Pourtant, lorsqu'il rentra chez lui et remarqua, au pied de sa porte, une boîte, son cœur s'accéléra. Il prit le paquet et, une fois entré et ayant déposé son sac dans l'entrée, il le sortit de l'emballage avec empressement. Il y avait un papier scotché dessus écrit dans une belle écriture fine: 

«Un investissement. Au cas où je manquerais de thé encore une fois.»

Un grand sourire étira les lèvres d'Aïdric et il échappa un petit rire en voyant que Vivianna lui avait acheté une bouilloire. Son cœur se gonfla d'un sentiment de bonheur vif et il comprit qu'il voulait désespérément apprendre à la connaître. 

Peu importe que ce soit une très mauvaise idée, il inviterait Vivianna à aller faire quelque chose... 

L'activité importait peu, tout ce qu'il voulait, c'était passer du temps avec elle. 


_____

Bon! J'ai 1995 mots, pas 2000, mais je voulais finir comme ça. 

Je suis en train de réécrire les premiers chapitres du tome 1 (6 février 2021) pour l'envoyer à une maison d'édition (on va croiser les doigts très forts). 

Vous avez aimé le chapitre?

Robert et ses filles? 

Aïdric en train de tomber pour Vivi? 

Hâte de voir la suite? 

À plus les chèvres!

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