Chapitre 1

La salle était pleine et le directeur avait du mal à garder le contrôle sur tous ces gens voulant ajouter leur opinion au débat. Une grande femme au cheveux bruns lisses coupées en un carré lui arrivant au menton se leva. Son toupet dans la même forme arrivait à ses sourcils, juste avant ses lunettes à monture noire soulignant ses beaux yeux gris-vert. Son tailleur jupe lui procurait une allure très professionnelle et elle restait étonnamment calme dans cette salle bruyante où tout le monde tentait de se faire entendre et de convaincre les autres. Le directeur du débat lui accorda la parole et elle attendit patiemment que les autres se taisent. Lorsque ce fut fait, elle prit la parole d'une voix calme, mais forte et assurée.

- Je souhaite pointer que, malgré leur différence et leur dangerosité pour certains, les extra-humains nous ont sauvés et nous leur devons la liberté. Qu'aurions nous fais sans eux? Créer notre propre soulèvement contre le tyran aux yeux fous? (elle rit sarcastiquement:) Je ne crois pas non. Nous serions restés sous son contrôle pendant des années, nos enfants et nos petits enfants auraient soufferts sous son joug, condamnés à l'esclavage. Ces extra-humains nous ont accordé la chance de récupérer nos droits fondamentaux pour lesquels nous nous battons tant.

- Mais le tyran aux yeux fous était un extra-humain! s'écria un homme dans l'assemblée en se levant. Il faut absolument les garder sous contrôle! On a eu de la chance que certains d'entre eux se battent à nos côtés, mais qu'est-ce qui nous dit qu'ils ne vont pas se retourner contre nous et tenter de prendre le contrôle de notre monde?

La femme reprit sur le même ton qu'elle employait plus tôt:

- J'ai eu la chance, dans ma carrière de journaliste durant cette dernière année, de parler avec Nash J. Stone et Raise Steven. Croyez-moi, ce ne sont que des adolescents. Ne vous méprenez pas, je les admires, ils sont des héros de guerres, nos sauveurs, mais lorsque je leur ai parlé, je n'ai pas ressentit de fierté ou d'arrogance dans leur voix. Ils m'ont avoués que tout ce qu'ils avaient toujours désirés depuis le début de leur guerre contre le tyran, était de retrouver une vie normale. D'être deux adolescents - désormais jeunes adultes -, banals. Faire de la musique, sortir entre amis, aller à l'école... C'est tout ce qu'ils souhaitent. Et ils se sont battus pour l'obtenir, ce qui veut dire qu'ils seraient prêts à se battre encore. Si vous leur enlevez cette normalité en les surveillants et tentant de les contrôlez, ne vous surprenez pas de vous retrouver sur leur liste noir. Vous obtiendriez exactement ce que vous souhaitez éviter.

- Je maintiens qu'ils sont dangereux, même si c'est involontairement, répliqua l'homme. Vous avez vu ce qui peut arriver à Nash J. Stone lorsque ses émotions prennent trop le dessus. Il pourrait détruire tout un quartier et les habitants qui viennent avec!

- Ce genre d'incident n'est arrivé qu'une fois depuis la défaite du tyran et les dégâts ont été minime. C'est à peine si sa propre maison a été un peu endommagée.

- Parce que mademoiselle Steven était là pour l'en empêché. Que se passera-t-il la prochaine fois que ça lui arrive si elle n'est pas là.

- Ça n'arrivera plus. Dois-je vous rappeler qu'il faisait le deuil de son fils à l'époque? Ils venaient de traverser une période difficile. Désormais ils vont mieux, et nous devrions nous en réjouir puisqu'ils le méritent. De plus, vous semblez complètement ignorer les autres, comme Aiden Yeef et Thomas Harris qui travaillent dans un hôpital, utilisants leurs pouvoirs pour le bien commun. Malory Rand, Nym et Daron Dever qui ont particulièrement aidé à la reconstruction de Londres, de sorte que, mis à part le monument rappelant la guerre devant le palais de Westminster, la ville est exactement la même qu'avant l'invasion du tyran aux yeux fous. Ils font tous ce qu'ils peuvent pour nous aider ou pour s'intégrer dans notre société. Aucun d'entre eux n'a utilisé ses pouvoirs où son expérience de combats contre nous.

L'homme ne trouva rien à répliquer à cela, mais il paraissait clair que la grande journaliste n'avait pas réussi à le convaincre. Elle y était préparée. Ça faisait près d'un an et demi qu'elle se battait pour les droits des extra-humains, pour ne pas qu'on les utilise dans l'armée où qu'on les traite comme une menace. Pourtant plusieurs restaient en désaccord avec elle et elle savait très bien que ça prendrait encore plusieurs années avant de changer complètement les mentalités fermées de ces gens.

Le débats hautement médiatisée pour lequel elle se préparait depuis des semaines prit fin et elle sortit de la salle, se massant l'arrête du nez sous ses lunettes. Elle était épuisée. De plus, elle avait promis à ses enfants qu'elle serait à la maison pour souper et qu'ils joueraient à un jeu ensemble, mais l'émission avait prit plus de temps que prévu et elle savait qu'elle serait légèrement en retard. Ça lui arrivait rarement. Elle était très ponctuelle. Elle marchait d'un pas assuré, malgré ses hauts talons aiguilles, dans les couloirs pour rejoindre le stationnement lorsqu'elle reçut un appelle. Elle décrocha sans cesser de marcher.

- Bonsoir, Sophia Hardings à l'appareil.

- Salut Sophia, on t'a regardé à la télévision ce soir.

En reconnaissant la voix de la jeune Raise Steven, un sourire étira les lèvres de la journaliste et elle s'arrêta enfin de marcher, s'appuyant contre un mur pour se concentrer sur la conversation avec la jeune Dreamer de dix-huit ans.

- Je parle pour tout le clan de Robert, je crois, quand je te dis: merci. Merci de nous aider à ce point même si tu n'es pas l'une des nôtres.

- Vous avez sauver ma famille en nous débarrassant du tyran aux yeux fous.

Sophia s'appliquait à ne jamais appeler l'ancien roi par son nom, surtout devant Raise qui gardait de profondes séquelles de leurs différentes altercations, surtout de leur mariage.

- Malheureusement on a pas pu sauver tout le monde.

- Vous en avez déjà fait énormément. Maintenant, vous méritez tous de vivre une vie simple et heureuse sans que ces idiots fermés d'esprits tentent de faire de vous des armes ou des rats de laboratoire!

- Merci de te battre pour nous Sophia. Passe un bon temps des fêtes et reposes-toi.

- Vous aussi, fais passer mes souhaits à Nash.

Elles se dirent au revoir et raccrochèrent. Les deux femmes avaient énormément de respect et d'admiration l'une pour l'autre. Elle s'entendaient bien et travaillaient fréquemment ensemble. Sophia Hardings était d'ailleurs la seule journaliste à laquelle Nash et Raise acceptaient de parler.

La femme rejoint son véhicule et rentra chez elle; épuisée, mais satisfaite de son travail. Lorsqu'elle entra dans la maison, son fils de cinq ans courut vers elle en criant:

- Maman!

Sa fille de neuf ans fit preuve d'un peu plus de retenu, se contentant d'aller la serrer dans ses bras avec un grand sourire. Leur père fit éruption dans l'entrée peu après eux. C'était un homme grand et fort avec une courte barbe châtain et des courts cheveux de la même couleur. Il se dirigea vers elle pour l'embrasser délicatement. Il la laissa accrocher son manteau et son sac à main en lui demandant:

- Comment a été t'a journée? On a regardé le débat, tu étais phénoménale.

- Merci. Ça a bien été, mais je suis épuisée. J'espère juste que tout ça ne servira pas absolument à rien.

- Je suis sûr que tu vas aider à faire changer les esprits.

Sophia envoya un grand sourire à son mari et posa un chaste baiser sur ses lèvres. Alors qu'elle se dirigeait vers la cuisine, elle lui demanda:

- Et toi? C'était pas trop l'enfer à l'hôpital?

- Depuis que j'ai un horaire allégé c'est moins pire. C'est sûr que je travail sur l'heure du dîner, mais...

- Merci encore, mon amour, d'avoir fais ça pour moi.

- Ça me fait plaisir. En plus, je passe plus de temps avec les enfants.

Sur ses mots, il attrapa son fils qui passait par là et se mis à le chatouiller. Le petit garçon hurla et rit. Un son si doux aux oreilles de sa mère, même si plutôt strident. La petite fille roula des yeux en les regardant et dit à sa mère:

- J'ai encore eu cent pourcent en histoire.

Elle était visiblement toute fière. Sa mère la félicita avec un grand sourire et lui souffla:

- T'es la meilleure Lila, en lui faisant un clin d'œil.

La petite famille s'assit pour manger et en même temps, décidèrent de jouer à Heads Up. Pour Lila, ils décidèrent de jouer dans la catégorie «Personnages Historiques». Elle devina facilement Jules Cesare, Martin Luther King et même Erwin Rommel. Elle était une véritable passionnée d'histoire et passait énormément de temps à lire des livres sur le sujet, ce qui expliquait sa facilité, malgré son jeune âge. Le prochain nom s'afficha sur l'écran du téléphone.

- C'est un musicien.

- Elvis?

- Non. C'est aussi un général de guerre. Et une très belle personne, que j'aime bien.

- Nash J. Stone. Trop facile. Tout le monde sait à quel point tu les aimes, lui et Raise Steven.

Sa mère rigola et répliqua:

- Si tu les avais rencontré, tu comprendrais pourquoi.

- Il y a des gens à mon école qui disent qu'ils sont dangereux.

Une expression légèrement triste remplaça le rire de Sophia.

- Ils ne nous veulent aucun mal... c'est ce que les gens ne semblent pas comprendre.

La sonnette de la maison retentit et le petit garçon s'élança en courant vers la porte en demandant: «C'est qui? C'est qui?».

- Arthur! s'exclama Sophia. Nick, mon chéri, peux-tu aller ouvrir, s'il-te-plait?

Son mari se leva en lui faisant un sourire et se dirigea vers la porte. Lorsqu'il ouvrit, il trouva un jeune homme qui devait à peine être entré dans la vingtaine, aux cheveux mi-longs décolorés qui se passait nerveusement une main sur la nuque. Il faisait un peu pitié ainsi, ne portant qu'une petite veste dans le froid glacial de décembre. Nick l'invita à entrer, ne voulant surtout pas qu'il entre en hypothermie. Il lui demanda ensuite:

- Comment tu t'appelles?

Le jeune homme grelotta et souffla après un moment d'hésitation:

- Z..Zachary.

- Et bien Zachary, que fais-tu habillé ainsi à ce temps de l'année?

Le jeune homme vit Sophia arriver et une lueur d'espoir s'alluma dans ses yeux.

- Je... mon père est anti-extra-humains et, j'ai fais l'erreur de le contredire là-dessus. On s'est engueulé et il a finit par me mettre à la porte. Je.. ça fais plusieurs maisons auxquelles je cogne pour trouver refuge. J'arrives pas à croire que je tombe sur celle de Sophia Hardings! J'admire votre travail sur la défense des droits des extra-humains! Et cet article sur la Fête Internationale de la Victoire! Cet article... est... extraordinaire.

- Oh mon Dieu! Pauvre enfant! s'exclama la journaliste. Nous n'avons plus de chambre de libre, mais si notre canapé te convient nous te l'offrons avec plaisir pour la nuit... non. Pour aussi longtemps que tu en auras besoin.

- Oh merci! s'exclama le jeune homme en la prenant dans ses bras. Vous êtes un ange!

La femme lui sourit et l'invita à venir terminer le souper avec eux, se disant qu'elle pourrait lui poser plus de question une fois qu'il aurait le ventre plein. Il se joignit à eux avec plaisir et alors qu'ils le guidèrent vers la salle à manger, tandis que personne ne regardait, une lueur de folie passa dans ses yeux noir comme un puit sans fond. Elle disparut aussi vite qu'elle était apparue pour laisser place à ce masque doux et reconnaissant.


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Hey!!! Premier chapitre! Je suis trop contente!!

J'ai du réfléchir un bon moment à comment je voulais commencer Dreamers 3, et j'ai décider de ne pas aller directement au point de vue de Raise et Nash.

Vous en pensez quoi?

Hâte de voir la suite?

À plus les chèvres!

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