Chapitre 2
- Raise Steven!
La jeune femme se redressa en sursaut. Elle ne s'était pas rendue compte qu'elle s'était endormie en classe. Son professeur la regarda d'un air mi-réprobateur, mi-inquiet. La jeune femme, torturée par ce cauchemar qu'elle ne cessait de faire, était dans un état déplorable. Elle dormait fréquemment en classe, si elle continuait ainsi, ses notes allaient baisser, elle risquait d'échouer ses examens du Ministère. Lorsque la professeure lui en parla, Raise lui confia qu'elle ne dormait pas beaucoup ces derniers jours à cause de cauchemars et la femme lui conseilla d'essayer d'en parler à un professionnel de la santé. Peut-être pourrait-il l'aider. Raise hocha la tête, mais elle savait bien que ça ne ferait rien. Ce n'était pas un trouble du sommeil, c'était quelque chose de bien plus compliqué, elle le sentait.
Raise alla retrouver Larra. La jeune femme lui parla de tout et de rien avec un sérieux et une intensité qui faisait paraître tous ces petits détails inimportants pour l'annonce de la fin du monde. La jeune femme aux cheveux roux n'écoutait pas vraiment, perdue dans des pensées trop flou pour qu'elle puisse réellement s'en souvenir. Tout ce qu'elle pouvait distinguer était qu'elle voulait dormir.
- Raise! s'écria Larra.
- Hein? Quoi?
- Tu m'énerves! T'écoute plus rien! Ni moi, ni les profs! T'as l'air d'un zombie!
Ayant réussi à attirer l'attention de sa meilleure amie, le ton de Larra s'adoucit et elle demanda doucement:
- Qu'est-ce qui va pas? Tu peux pas continuer comme ça.
- Le cauchemar... chaque soir il revient. J'arrive plus à dormir.
- T'as essayé les somnifères?
- J'ai peur de me retrouver prisonnière de mon cauchemar... incapable de me réveiller...
- Mais, si ça se trouve, tu vas être capable de dormir pour de vrai.
Raise haussa les épaules. Elle avait honnêtement trop peur pour essayer. À son tour, Larra lui conseilla d'en parler à un médecin. Raise soupira et se dit qu'elle devrait peut-être le faire en fin de compte, puisque tout le monde semblait dire que c'était la bonne chose à faire.
Les deux jeunes femmes sortirent dans la cour d'école, souhaitant prendre un peu d'air. Elles parlèrent un moment, Raise se forçant à rester à l'écoute de Larra et cette dernière se forçant à raconter des choses pouvant intéresser sa meilleure amie. C'est alors qu'elles remarquèrent un groupe de garçons de leur âge entourant un jeune qui devait être en secondaire deux. Ils le poussaient, et semblaient visiblement l'insulter. Le cœur de Raise se serra, s'emplissant de colère. Elle avait horreure de ce genre d'injustice. Droite, la tête haute, elle se dirigea vers le groupe.
- Lâchez-le.
Les gars se retournèrent vers elle et l'un d'entre eux dit:
- Fais pas chier, Raise.
- Larra! Va chercher un prof! s'exclama la jeune femme.
La jeune femme allait pour s'éloigner lorsqu'un des garçons de la bande l'attrapa, la menaçant, désignant le petit garçon du menton:
- Tu fais ça et tu vas te retrouver à sa place, Larra Lawson.
Le garçon, la voyant se dégonfler, la relâcha. La jeune femme, n'ayant pas le même courage que sa meilleure amie, s'approcha de celle-ci et dit:
- Viens, Raise, on s'en va.
- Non!
Celui qui lui avait parlé en premier reprit:
- Tu vas faire quoi? Parler à un prof? Tu penses qu'ils vont faire quoi? Absolument rien. En plus c'est pas de tes affaires! On fait juste le taquiner un peu.
Le petit garçon tremblait de peur. Raise voulut lui tendre la main pour qu'il vienne avec elle, mais le gars venant de parler se mit entre eux.
- Dégage, Raise Steven.
La colère monta en Raise, une rage froide, étrangement calme, dirigée vers cet horrible jeune homme, perpétrant cette injustice l'enrageant. Soudainement, le garçon se retrouva propulsé dans les airs. Une salve de pics de lumière dorée passèrent à un poil de le transformer en passoire. Il aurait été embroché par la deuxième s'il n'avait pas été entouré d'une bulle de lumière verte.
Raise se retourna et remarqua que tous les garçons, incluant le plus jeune, étaient partis en courant, apeurés. Il ne restait qu'elle, le garçon terrorisé, Larra et un inconnu qui venait d'apparaître. Il avait les cheveux bruns et les yeux en amandes. Sa main était levée vers eux et brillait d'une douce lumière verte. Elle réalisa alors que c'était elle qui venait d'attaquer le garçon de son niveau. Elle le remarqua qui prenait la fuite, mais, tremblante et confuse, elle ne s'en préoccupa pas.
- Que... Qu'est-ce qui vient de se passer?! s'exclama-t-elle, terrifiée.
- Tu viens de compléter ton Éveil, répondit l'inconnu d'une douce voix mélodieuse.
Larra attrapa la main de Raise, regardant quelque chose derrière l'inconnu. Deux hommes et une femme habillés de noir venaient de débarquer de leur moto et se dirigeaient vers elles. La femme faisaient tournoyer un couteau entre ses doigts. Elle désigna le petit groupe devant eux du menton et un des deux hommes, ayant les cheveux blonds, fit craquer ses jointures. Raise avait l'impression de débarquer dans un film d'action. Elle devait rêver. Elle sortit de sa surprise la paralysant lorsque Larra la tira par la main en s'écriant:
- Cours!
Elles se mirent à courir comme si leur vie en dépendait. Heureusement, la maison de Raise n'était pas loin, elles pourraient se réfugier là-bas. L'inconnu se lança à leur poursuite en jurant dans sa barbe. Raise était à bout de souffle, ses poumons brûlaient et chaque inspiration lui tirait presque des larmes de douleur. Larra peinait à suivre son amie.
Elles entrèrent chez Raise et la jeune femme hurla:
- Maman!
Élianne accourut, paniquée.
- Qu'est-ce qui se passe? Raise? Pourquoi vous êtes pas à l'école?
- Des... des gens bizarres... je... il faut partir! Prendre la voiture et partir loin!
Larra se laissa tomber au sol et ramena ses genoux contre sa poitrine.
- C'était quoi? demanda-t-elle, tremblant comme une feuille. Qu'est-ce qui vient de se passer?
- J'en ai aucune idée, Larra, mais il faut partir! Avant qu'ils arrivent!
Raise paniquait. Elle voulait simplement qu'elles partent, mettre le plus de distance possible entre elles et ces gens qui s'étaient mis à la poursuivre. Lorsqu'on cogna à la porte de façon calme, elle hurla à sa mère:
- Réponds pas! On sort par la porte arrière et on va chercher la voiture de Larra!
Sa mère la regarda comme si elle était folle.
- Raise... je sais pas ce qui s'est passé, tu vas devoir m'expliquer ça, mais là tu agis de façon complètement hystérique. C'est probablement ton père qui revient avec les courses.
La jeune femme supplia sa mère, mais il était trop tard. Élianne ouvrit la porte. Sur le seuil se trouvait le jeune asiatique qui avait fait apparaître cette bulle de lumière verte ayant sauvé le garçon que Raise avait attaqué. Il affichait un doux sourire et semblait complètement inoffensif.
- Madame Steven? demanda-t-il poliment.
- Oui? Qu'est-ce que vous voulez?
La femme était quand-même méfiante, ce qui rassura un peu Raise. Le jeune homme regarda par-dessus l'épaule d'Élianne et planta ses yeux dans ceux de la jeune femme.
- Est-ce que je peux parler à votre fille? C'est extrêmement important.
Élianne le laissa entrer, mais s'éclipsa et alla chercher un couteau de cuisine qu'elle cacha dans son dos, prête à défendre sa fille. Le jeune homme sourit doucement et tendit la main à Raise en disant:
- Je m'appelle Aiden Yeef. C'est un plaisir d'enfin te rencontrer... malgré les circonstances.
Raise recula lentement, effrayée.
- Qu'est-ce qui se passe? T'es qui? Et les autres?
- Je te promets de tout t'expliquer, mais tu dois venir avec moi. On a pas beaucoup de temps. Les autres que tu as vu dehors? Il ne faut pas qu'ils t'atteignent. Pour l'instant je les ai ralenti, mais ils ne tarderont pas. Crois-moi, je suis de ton côté.
- Comment je peux te croire? s'exclama-t-elle. Je te connais pas!
- J'ai sauvé le gars que t'allais tuer! Eux, ils ne l'auraient pas fait!
Son téléphone sonna et il répondit:
- Salut, Thom. J'ai un problème.
Raise n'entendit pas la réponse de ce «Thom».
- Ouais, ses hommes sont là. Trois.
Une autre réponse inaudible, Raise en profita pour prendre le couteau des mains de sa mère qui alla en chercher un deuxième.
- Probablement. Ce sont ses meilleurs.
Les mains de Raise se resserrèrent sur le manche du couteau.
- D'accord. Je la ramène.
Il raccrocha. Les trois femmes le regardaient et il détourna le regard, gêné.
- Raise... souffla-t-il. Tu viens avec moi? Je te jure, tu auras les réponses à toutes tes questions quand on sera en sécurité.
- Je peux pas te faire confiance.
- Et je peux pas le laisser mettre la main sur toi! Tu es à peine Éveillée, mais tu es trop...
- Je comprends rien! De quoi tu parles?
Larra, regardant par la fenêtre se mis à hurler:
- Raise! Raise, ils reviennent!
Élianne, serrant les mains sur le couteau de cuisine qu'elle tenait dans son dos s'exclama:
- Jeune homme, quittez ma maison sur le champ.
Mais le jeune asiatique regardait par la fenêtre en jurant.
- C'était quoi l'idée de m'envoyer seul aussi, grogna-t-il.
La porte barrée ne fut même pas un obstacle pour les trois inconnus. Ils la défoncèrent sans effort.
- Raise Steven! C'est agréable d'enfin te rencontrer! s'exclama un des deux hommes. Tu es magnifique, dis donc!
- La ferme John, répliqua la femme du groupe.
Ce John, un grand jeune homme aux cheveux blonds, fixa ses yeux bleu glacier, cruels, joueurs et sans pitié, sur le jeune asiatique.
- Aiden Yeef? Ils ont rien trouvé de mieux à envoyer? Même pas la belle Dever ou son frère? dit John.
Le regard de Raise se porta vers le deuxième jeune homme qui n'avait pas parlé. Il avait de longs cheveux aussi noirs que ses yeux et la peau pâle. Il était plus grand que John, mais légèrement moins musclé.
- Ils auraient pu envoyer un Offensif! s'exclama la femme. Il y a rien d'amusant à combattre un Devin! Mais il est quand même pas mal... non?
Aiden la regarda comme si elle était complètement folle, ce qui était probablement le cas.
- Juste... fermes-la, Samantha, soupira le troisième. On est pas là pour ça.
C'était la première fois que le jeune homme ouvrait la bouche. Il avait une voix assez grave qui s'accordait bien avec son physique, mais ce que Raise remarqua était qu'il ne semblait pas s'entendre très bien avec les deux autres.
- Oh! Nym! Fais pas ton rabat joie! On s'amuse! répliqua Samantha.
C'était une grande femme à la peau foncée et aux cheveux noirs. Avec ses courbes athlétiques et ses traits fins, elle aurait pu être sublime, mais elle dégageait quelque chose de sombre, d'effrayant.
- J'espère que la récompense sera grosse parce que cette mission est pénible, grogna Nym.
Raise et sa mère resserrèrent leur prise sur le manche du couteau que chacune d'entre elles tenait caché dans leur dos. Aiden composa discrètement un numéro et posa son cellulaire sur un meuble près de lui. Il se positionna entre le petit groupe et les trois femmes.
- Il vous a encore envoyé, vous? Êtes-vous juste quatre en fait? les provoqua-t-il.
Cependant, sa voix restait douce, pas assez narquoise, ce qui fit penser à Raise qu'il ne devait pas être si habitué à provoquer.
- Fermes-la, Yeef. On prend la fille et on dégage. Tu salueras Robert de notre part.
Raise jeta un coup d'œil au téléphone. Elle se demanda si Aiden avait appelé ce «Thom». Peut-être devrait-elle dire quelque chose? Alors elle parla, sans réellement réfléchir à ce qu'elle disait.
- C'est moi «la fille»?
Samantha se tourna vers elle et lui sourit. Un sourire puant l'hypocrisie.
- Bah oui! Qui d'autre?
Raise déglutit avec difficulté, apeurée et dit:
- Je vous suivrai pas! Aucun d'entre vous! Je reste ici avec ma famille!
John soupira, visiblement énervé, tandis qu'un petit sourire étirait les lèvres de Nym.
- J'ai pas envie de perdre mon temps avec une fillette immature, grogna John.
Un lasso de lumière noire se forma dans sa main et, entourant Larra, l'attira à lui. Un poignard se matérialisa alors dans sa main et il le pressa contre la gorge de la jeune femme. Elle pleurait à chaudes larmes, gémissant le nom de sa meilleure amie, la suppliant de faire quelque chose. John retourna ses yeux bleus cruels vers Raise.
- Alors? Tu vas nous suivre ou pas? Oh et ne doute pas une seconde que je vais la tuer. Elle ne sera pas ma première, ni ma dernière victime. Je n'hésiterai pas.
Raise serra la main sur le couteau qu'elle tenait. Ça aurait été le bon moment pour faire apparaître des pics dorés comme tout à l'heure, mais elle n'y parvenait pas. Terrifiée, elle était paralysée, tentant d'analyser la situation. Sauf qu'elle en était incapable. Alors, elle vit un grand mouvement du coin de l'œil. Sa mère venait de foncer sur le deuxième jeune homme, Nym, en brandissant son couteau de cuisine. Il pivota simplement, faisant voler ses longs cheveux noirs. Soudainement, Élianne, comme un zombie, se dirigea vers Samantha et lui tendit son couteau. La jeune femme le prit et le plaqua sur la gorge de la mère de Raise qui sembla reprendre conscience, terriblement apeurée. Le visage d'Aiden se décomposa. Il se positionna devant Raise et ses mains s'illuminèrent de vert.
Nym, d'un simple regard, l'envoya valser au fond de la pièce. Raise se retourna vers le jeune asiatique qui avait tenté de l'aider. Sa tête cogna contre le mur, puis il retomba au sol, sur le ventre. Il leva la main vers Raise et elle clignota un moment de lumière verte, mais sa simple volonté ne faisant pas le poids contre sa blessure, il tomba inconscient. Elle n'avait aucun espoir de s'en sortir. Elle ouvrit lentement la main laissant tomber le couteau de cuisine au sol et hocha lentement la tête en levant les mains en l'air.
- Je vais vous suivre. Mais je vous en supplie, laissez-les partir...
Un sourire étira les lèvres de John et il s'exclama, le regard toujours braqué sur Raise:
- Nym! Amène-la et assures-toi qu'elle ne s'enfuit pas. Raise tu vas gentiment aller voir Nym.
Des trois, il était probablement celui lui faisant le moins peur. Peut-être parce qu'il ne semblait pas prendre de plaisir à cette situation. Cependant, il semblait pas prêt à l'aider non plus. Elle avança lentement vers lui, le regard toujours posé sur sa mère et Larra qui pleuraient.
- Ligote-la, ordonna John.
Raise entendit Nym pousser un léger grognement en roulant des yeux. Il ne semblait pas aimer se faire donner des ordres de la sorte. Jetant à peine un coup d'œil aux poignets de Raise, il y fit apparaître de lourdes chaînes.
- C'est bien, Raise. Maintenant on peut partir, dit John.
Le coeur battant, la jeune femme enchaînée implora:
- Laissez-les...
Un sourire carnassier étira les lèvres de John. La fixant droit dans les yeux de son regard glacial, il lui dit:
- Malheureusement, mes ordres sont contraires.
Raise hurla lorsque le couteau glissa sur la gorge de Larra. Mais avant qu'elle n'ait pu prendre mesure de l'ampleur de l'horreur se trouvant devant elle, elle fut aveuglée. D'un geste de pitié, Nym avait posé la main sur ses yeux. Il lui murmura à l'oreille:
- Dors...
Une terrible fatigue l'envahit alors. Elle voulut résister, se battre contre cette ordre n'étant pas le sien auquel son corps obéissait, mais c'était impossible.
Elle entendit les rires sadiques de John et Samantha, juste avant de s'endormir.
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