Nash entra dans l'appartement sombre, escorté par des gardes qui le laissèrent enfin. Il était tard, il avait passé deux jours dans une cellule et ça l'avait épuisé, brisé. Dès le départ de Raise, il avait pensé virer fou. Être de nouveau dans l'appartement de Cassandra lui faisait étrangement du bien. Il regarda la neige tomber du ciel nocturne par la fenêtre. Il n'avait jamais été un grand fan de l'hiver, mais il se souvenait adorer aller patiner avec sa mère lorsqu'il était petit. Ça faisait plus de huit ans qu'il n'avait plus enfilé des patins. Il se doutait qu'il serait nul désormais. Il réalisa alors soudainement que la vieille de Noël était le surlendemain. Il avait horreur de cette fête depuis sa captivité. Parce que voir toute cette joie de laquelle il était totalement déconnecté, lui rappelait à quel point il était fêlé. Il avait cru pouvoir changer lorsqu'il était à New York, mais, à nouveau en captivité, il se rendait compte que ce n'était que des changements de surface et que ses démons étaient toujours bien présent. Surtout le pire d'entre tous. Lui-même. 

Nash se laissa glisser contre le mur près d'une des grandes fenêtre, regardant la neige tomber. Son regard se perdit dans la contemplation de sa ville d'enfance, en ruine. Il laissa rouler une larme sur sa joue avant de l'essuyer rageusement. Il pleurait trop ces temps-ci et il avait horreur de ça. Depuis que Raise avait brisé sa carapace, il se sentait terriblement vulnérable. Il sentit plus qu'il ne vit Cassandra arriver derrière lui. 

- Elle m'a laissé, dit-il d'une voix blanche. 

- Je sais, répondit-elle sur le même ton. 

Nash soupira. 

- Je suis désolé, Cass. Ce que je t'ai fais n'était pas correct. I'm an arsehole, I told you. Mais tu comprends que j'étais en couple, je me sentais mal et... 

- C'est correct Nash. J'aimerais juste que tu te préoccupes un peu plus de ce que les gens autour de toi ressentent. Pas juste moi, tous ceux autour de toi, que tu oublies lorsque tu es avec Raise. 

Nash baissa la tête. 

- Je suis désolé.

Il y eut un moment de silence. Un silence paisible, agréable. Ils regardaient tous deux par la fenêtre, perdus dans leurs pensées. Cassandra s'assit à son tour en silence. 

- Pourquoi tu restes loyale à Zed? demanda soudainement Nash. 

Cassandra haussa les épaules. 

- Je suis née dans cette position. J'ai été élevée pour le servir. 

- Et ça ne te révolte pas? Tu n'as pas envie d'avoir ta totale liberté?     

- Je suis bien, j'ai tout ce que je veux. Tout ça vaut bien obéir à deux trois ordres. Et ne vas pas me dire que toi tu es totalement libre. Tu es exactement dans la même position que moi. Et de mon point de vue, c'est toi qui es du mauvais côté. 

Nash soupira. 

- Dans mon clan, il n'y a pas un chef psychopathe qui dirige absolument tout. At least in my clan it's fair. 

- C'est totalement faux. Okay, peut-être que le vieux... Robert? était pas un «psychopathe», mais il dirigeait tout lui aussi. 

- Mais on avait notre mot à dire. 

- Tu sais très bien que c'est faux. De plus, Zed est juste lui aussi. Tu agis bien, tu es récompensé. Tu agis mal, tu es puni. C'est ça la justice. Regarde tout ce qu'il m'offre. Un appartement magnifique, une vie confortable, un poste super haut placé... 

- Tu pourrais avoir ça dans mon clan aussi. 

Cassandra se tourna enfin vers Nash qui fit de même peu de temps après. 

- Crois-tu vraiment que ton clan peut m'offrir ce que je veux vraiment? Ce que Zed m'offre maintenant? 

Comprenant qu'elle parlait de lui, Nash baissa les yeux. La Defendor continua: 

- Dis-moi, Nash. Si je vous libérais, toi et ta chère Raise Steven, est-ce que j'aurais la récompense que je désir? 

Nash garda la tête baissée. Elle lui releva le visage délicatement vers elle et conclut: 

- Non. Tu le sais bien. J'ai tout à perdre en rejoignant ton camp. 

Le jeune homme soupira, perdu dans les grands yeux bleu-vert de Cassandra. 

- Pourquoi, Cass? Je mérites pas ça, ton amour. Pourquoi tu t'accroches autant? 

- Parce que... On en a déjà parlé.

- Pourquoi? répéta-t-il, insistant.

La jeune femme baissa les yeux et se mordit la lèvres pour s'empêcher d'éclater en sanglots. Après un certain temps, elle dit d'une voix légèrement tremblante: 

- Parce que tu es la seule réelle bonne chose qui me soit arrivée. 

- Comment peux-tu dire ça? s'exclama-t-il. I mean... t'as un bel appartement, tu demandes quelque chose, tu l'as, tu as une famille complète et aimante... I'm just a torn up arsehole.

- C'est pas vrai, Nash. T'as toujours été bon avec moi. Tu ne m'as jamais fais de mal avant... avant-hier. 

- Avant-hier devrait te prouver que je suis un trou de cul. 

Cassandra soupira, lasse de s'obstiner avec Nash. 

- Écoute, je n'ai pas choisi de t'aimer aussi fort et je ne peux pas faire autrement que m'accrocher, ne serait-ce qu'inconsciemment. C'est juste ça et crois-moi, j'aimerais t'avoir oublié durant ces six ans de séparations. Mais j'en suis incapable. 

Nash hocha la tête, voyant que Cassandra n'avait plus envie de s'obstiner sur le sujet. Alors, tout naturellement, pendant qu'ils gardaient le silence, il l'attira contre lui. Elle posa la tête sur son torse et ferma les yeux en poussant un soupir de contentement. Le jeune homme lui caressa les cheveux. Il était bien comme ça et il s'en sentait presque coupable. Parce qu'au fond, il aimait Cassandra, depuis toujours. Mais pas de la même façon qu'elle l'aimait. Cet amour il le donnait entièrement à Raise. Pourtant cette tendresse infinie qui le submergeait lorsqu'il regardait la belle Defendor ne faiblissait pas avec le temps. Il avait beau tenter de l'haïr, il en était incapable.

- Tu devrais prendre une douche, dit-elle soudainement. 

Le jeune homme ricana. 

- Tu peux me dire directement que je pue tant qu'à faire. 

- Tu pues. 

Nash éclata de rire et la jeune femme joignit rapidement son hilarité. Le jeune homme finit par se lever pour aller prendre une douche. Lorsqu'il en sortit après un long moment comme à son habitude, il trouva Cassandra endormie sur le canapé. Il eut un petit soupir attendrit et, ne voulant pas la réveiller, la prit dans ses bras pour aller la porter dans son lit. Il l'installa confortablement et au moment où il allait sortir, elle lui attrapa le poignet, les yeux entrouverts. 

- Restes, s'il te plait, murmura-t-elle. 

Il hocha la tête alors que Cassandra se rendormait. Puis il se coucha à ses côtés, tout habillé. 

°°°

Elsie était couchée dans la petite chambre communicante à celle de Raise. Elle était souvent celle veillant sur la jeune femme car ce travail lui tenait véritablement à cœur. Elle aimait beaucoup Raise, malgré le fait qu'elle ne la connaissait pas depuis longtemps. La jeune servante fixait le plafond, de la glace posée sur son visage abimé par la gifle de Zed et les coups de Jason. 

Elsie réfléchissait. À sa vie, avant le nouveau monde, qui était si simple. Le pire de ses tourments étant le fait d'avoir perdu son petit ami puisqu'elle l'avait trompé. Elle était privilégiée dans l'ancien monde. Elle était intelligente, avait de très bonnes notes, son père était avocat et sa mère couturière célèbre - d'où elle tenait ses tallents - , donc ils étaient plutôt riches. Elle avait beaucoup d'amis... elle avait tout. Et maintenant, elle était servante et se faisait violenter quotidiennement. La meilleure chose lui étant arrivée depuis ces quelques mois du nouveau monde, était clairement de servir Raise. Car au moins, elle n'avait plus à endurer les remarques horribles des hommes de Zed qu'elle recevait constamment lors de son premier mois en tant que servante. C'était là qu'elle avait rencontré Jason. Il l'avait vue se faire embêter par un soldat et avait envoyé son poing dans la gueule de celui-ci. C'était en réalité très peu romantique et Elsie avait eu très peur, elle qui n'était sortie qu'avec des gentils garçons. Mais elle s'était finalement habituée au caractère brûlant et impulsif de Jason. Ce n'était maintenant plus toujours un défaut à ses yeux. Sauf lorsqu'il s'en prenait à elle. 

La porte de sa chambre s'ouvrit et Elsie se redressa en sursautant. Elle laissa au passage tomber la poche de glace qu'elle avait sur le visage. Une main sur le cœur elle soupira de soulagement en voyant que ce n'était que Jason. 

- Désolé, je voulais pas te faire peur, dit-il. 

- C'est pas grave, dit-elle en se penchant pour ramasser la poche de glace. 

Le jeune homme passa une main dans ses cheveux blonds. Ses grands yeux turquoises trahissaient son incertitude. Il s'approcha d'Elsie qui était assise sur son lit et s'agenouilla entre ses jambes pour être un peu plus petit qu'elle. La jeune femme fuyait son regard, gardant la poche de glace sur son visage. 

- Je suis tellement désolé ma chérie. Je n'aurais jamais du lever la main sur toi. J'ai toujours de la difficulté à contrôler ma colère, tu le sais, je... Je regrettes. 

Elsie lui envoya un faible sourire pour le rassurer. Jason posa sa main sur celle de la jeune femme qui tenait la poche de glace et l'écarta de son visage. Voyant cette nouvelle hématome beaucoup plus fraiche que les autres, il fronça les sourcils. 

- Ça ce n'est clairement pas moi. Qui t'as fait ça? 

La jeune servante baissa les yeux sans répondre. Elle avait peur qu'il se mette dans la merde si elle lui disait que c'était Zed. Connaissant Jason, il irait probablement essayer de le tabasser. Jason lui attrapa les épaules et répéta d'un ton plus brusque: 

- Qui? 

Elsie secoua la tête, au bord des larmes. Alors Jason hurla: 

- Dis-moi qui t'as fais ça! 

La jeune femme rentra la tête dans ses épaules, apeurée. Elle se força à parler d'une voix tremblante. 

- Je vais bien, Jason, ce n'est pas grave. Je n'ai pas envie de me disputer et encore moins de te voir te battre. 

- Je dois te défendre, Elsie. 

- Alors pourquoi tu n'officialise pas notre relation? Ce serait la meilleure façon non? 

La servante regretta aussitôt ses paroles. Elle reprit rapidement: 

- Oublies ça, c'est con. 

- Non, tu as raison. Les gens ne s'en prendrait plus à toi car ils te sauraient sous ma protection. Mais j'ai peur qu'on se mettent tous les deux dans la merde si l'on fait ça. 

Elsie hocha la tête. Elle avait encore moins envie de lui dire que c'était Zed qui l'avait frappé. Mais Jason ne lâcha pas le morceau. Alors, elle décida de détourner le sujet de la seule façon efficace avec cette tête de mule de Jason. Elle se pencha vers lui et déposa un lent baiser sensuel sur sa mâchoire. Le jeune homme poussa un léger soupir de contentement. 

- Elsie... Tu n'esquivera pas le suj... 

Elle lui coupa la parole en l'embrassant. Comme elle l'avait prévue, il lui répondit avec fougue. Il se redressa lentement pour que la jeune femme s'allonge sur son lit. Elle se dit alors que la présence de Jason lui avait terriblement manqué, ses étreintes, ses caresses ou simplement sa voix. Elle était folle de lui. 

- C'est Zed, murmura-t-elle. C'est Zed qui m'a frappé. 

Elle vit la haine dans les yeux de Jason lorsqu'il se redressa, les poings serrés. Il se retourna pour atteindre la porte, mais la jeune femme l'interpella. 

- Jason! S'il te plait... Ne fais pas de conneries. Prends au moins le temps de réfléchir avant! Passes la nuit avec moi... 

La main sur la poignée, Jason soupira. Il finit par se retourner pour regarder la jeune servante. Il hocha finalement la tête et revint vers elle en enlevant son chandail. La jeune femme fut terriblement reconnaissante de le voir revenir, calme et en contrôle. Elle lui sourit avant de l'embrasser fougueusement. 

_____

Hello!

Chapitre plus court. J'ai pas atteint mes 2000 mots, il en a 1993, mais j'ai comme comprit que les scènes de sexes vous plaisaient pas alors je l'ai coupée. 

Vous avez pensé quoi du chapitre? 

Vous commencez à comprendre Cassandra? À l'apprécier? 

Vos théories pour la suite? 

À jeudi prochain! (je sais que c'est long mais je peux pas poster dimanche)