Chapitre 18

La décision était impossible à prendre. Ça faisait des heures que Nym l'avait laissé seul en lui disant que le choix lui revenait et qu'il devait bien y réfléchir. Ça faisait des heures qu'il était écroulé au sol à se demander qui de l'amour de sa vie ou de son enfant méritait le plus d'être sauvé. D'un côté il se disait que l'enfant n'était pas né, et que lui épargner d'arriver dans se monde pourri n'était pas si mal que ça, mais de l'autre, il se disait que c'était son miracle que Raise portait, et qu'elle n'avait pas l'air de souffrir. Mais il voulait tellement la retrouver! Mais il voulait tellement rencontrer son enfant...

Il se mis à pleurer, perdu dans ce dilemme impossible à départager. C'est alors qu'une main réconfortante se posa sur son épaule. Il ne tenta même pas d'essuyer ses larmes, trop démoli. Il se retrouva bercé, la tête contre une poitrine féminine, une main caressant ses cheveux, l'autre le maintenant contre ce corps réconfortant qui tentait de soulager sa peine. Elle ne dit rien, lui non plus. Il laissa sécher ses larmes avant de prendre la parole d'une voix étranglée:

- Je suis désolé. Je suis ignoble avec toi. Je te l'ai dis, je suis pas un bon gars.

- Non, dis pas ça Nash. Je sais que c'est difficile pour toi, que je ne suis pas celle que tu voulais à tes côtés, mais... je fais mon possible pour être la femme parfaite.

- Et tu l'es Cass. Tu mérites tellement mieux.

- Il n'y a pas mieux que toi, Nash.

- You know I aint worth it. You know I'm full of shit. You know I shouldn't even exist. You know the best of me slipped through my bloody fists.

- Nash...

- Arrêtes! Fuck! Stop this shit show! Arrêtes de m'aimer! Tu vois bien que je n'en vaux pas la peine! s'écria le jeune homme en se détachant de la jeune femme.

Elle lui attrapa le visage en coupe et le força à la regarder.

- Toi arrêtes, Nash. Arrêtes de me demander des choses impossibles. Je décrocherais la lune pour toi, je te donnerais tout ce que tu voudrais... mais la seule chose que tu me demande est la seule que je suis incapable de te donner. Je ne pourrai jamais arrêter de t'aimer. Tu comprends? Même si tu me brise le cœur encore et encore, toujours plus, toujours plus fort. Même si tu es en tord et que tu ne fais pas d'efforts. Même si tu me rejète et me mène à ma perte... je n'arrêterai jamais de t'aimer et je serai toujours là pour t'aider. Je t'ai dis oui, jusqu'à ce que la mort nous sépare.

Elle plaqua ses lèvres sur celles du jeune homme qui répondit à son baiser, complètement perdu. Tout aurait été tellement plus simple si Cassandra avait été la femme qu'il aimait. Il n'aurait pas eut ce dilemme qui le détruisait de l'intérieur. En sentant les mains de sa femme s'enfouir dans ses cheveux pour le plaquer encore contre elle, il fit un choix, un choix qu'il regretterait probablement, mais le choix le plus simple. Il décida de ne rien faire. Un choix de lâche.

Un lâche. C'était bien ce qu'il était.

Si Zed tuait l'enfant, il récupérerait Raise. Et s'il le laissait vivre, il rencontrerait son miracle. Il laissait son choix reposer sur son ennemi.

Lâche, lâche, lâche.

Ces mots tournaient en boucle dans sa tête tandis qu'il se perdait dans cette fausse passion avec la femme qu'il n'avait pas choisi.

Lâche, lâche, lâche.

Il revit le visage de Raise, son expression démolie lorsqu'il l'avait sortie de l'eau. L'espoir qu'il avait ressentis avait été mille fois plus intense que l'euphorie éphémère de ces caresses échangées par besoin de sentir son cœur battre ne serait-ce que faiblement.

Lâche, lâche, lâche.

Il vit le visage catastrophé, détruit, de Raise si elle découvrait qu'elle avait perdu l'enfant. Elle l'accuserait pour ce malheur et elle le ne pardonnerait jamais. Car il n'avait rien fait.

Lâche, lâche, lâche.

Il vit l'étincelle de folie dans les yeux de la femme qu'il aimait. Il la revit tourner les talons insensiblement devant l'horrible spectacle d'un enfant souffrant.

Lâche, lâche, lâche.

Il se sentit comme le plus horrible des connards. La femme qu'il aimait était à quelques mètres, même si elle lui menait la vie dure. Et lui, se perdait entre les bras d'une autre.

Lâche.

Son esprit craqua et alla se réfugier dans un endroit meilleur, loin, isolé. Il fit sa première absence depuis des mois.


°°°


Lorsqu'il revint à lui, un long moment plus tard. Cassandra était toujours là. Elle soupira de soulagement en voyant les yeux auparavant vide de Nash s'illuminer de nouveau de vie. Et même si cette lueur était terriblement triste, elle en fut terriblement heureuse.

Le jeune homme attrapa immédiatement ses vêtements, sans dire un mot et la planta là, dans le bois. La jeune femme éclata alors en sanglots. Son cœur se faisait sans cesse piétiné. Elle savait qu'un jour elle en mourait, de toute cette horrible douleur, mais elle ne pouvait s'empêcher de l'aimer. Son bourreau, son amant, son amour. Un instant l'homme parfait, celui d'après, le pire des salauds. Elle savait qu'il ne changerait pas. Et elle savait qu'il n'était pas comme ça avec Raise. Car il l'aimait. Pas elle. Son amour n'avait jamais été réciproque, pas même quand il n'y avait pas d'autre fille dans le tableau. Elle était simplement éprise du mauvais garçon, sans possibilité de s'en détacher. Même si elle le souhaitait de tout son cœur. De tout son cœur meurtrit, bousillé, torturé, brisé.

Brisée.

Elle aurait souhaiter briser pour cacher qu'elle était brisée. Mais elle était trop gentille, trop tendre, trop bien élevée pour basculer dans cette médiocrité de facilité. Elle n'était pas faible, elle ne rabaissait pas pour se sentir forte, même si elle en avait parfois très envie. Si elle cessait de luter, si elle laissait aller librement le mal courant dans ses veines comme dans celles de tous les hommes, beaucoup souffriraient. Ils seraient tous comme elle.

Brisés.

Mais elle tenait bon. Car elle savait qu'elle valait mieux que cette fausse confiance. Elle ne voulait pas cacher ses plaies sous une facade impertinente de méchanceté gratuite. Elle n'était pas comme ça. Elle n'était pas une connasse et elle le savait.

«Mensonges!», hurla sa conscience.

Elle n'avait pas confiance. Pourquoi sinon, resterait-elle accrochée au seul homme l'ayant fait sentir belle, désirable... comme si elle en valait la peine? Même s'il ne le faisait plus désormais. Pourquoi resterait-elle accrochée au passé si elle savait que ça ne servait à rien et qu'elle pouvait avancer? Ses mains étaient ligotées, ses jambes enracinées, elle ne pouvait pas bouger. Elle était emprisonnée dans sa propre médiocrité.

«Tu ne vaux rien! Normal que l'homme que tu aime ne t'aime pas en retour! Tu ne pourras jamais être heureuse! Comment as-tu pu le croire? Tu ne le mérite pas!» hurla une voix dans son esprit.

La voix de ses angoisses, de son manque de confiance, de ses démons.

Ses sanglots s'intensifièrent. Elle pleura encore et encore.

Get me out of here, of this darkness I'm stuck in. I'm crying blood and it's snowing ashes. Get me out of my mind, get me out of my life. I need these voices to shut up. I'm drowning in despair.


°°°


Malory avait ramené l'enfant près de leurs huttes. Elle demanda à un garde d'aller chercher Zed. Lorsqu'elle le vit arriver, dans n'importe qu'elle autre situation, elle aurait eut un sourire satisfait. Il était blanc comme un linge et marchait faiblement. Mais la situation était trop dramatique. Trop urgente.

- Il faut le soigner! s'écria-t-elle.

- Tu crois que je suis en état de le faire? demanda sarcastiquement Zed.

Malory chercha une solution et s'exclama:

- Enlève le verrou de Nym!

Zed éclata de rire:

- Rêve toujours.

- Celui de Raise alors! Tu fais confiance à ta reine, n'est-ce pas?

Le chef aux yeux fous sembla réfléchir, puis fit signe à un de ses garde d'aller chercher sa femme. Lorsqu'elle arriva, de façon beaucoup trop désinvolte, elle ne montra aucune émotion en voyant l'enfant agonisant.

- Ma douce, ma tendre femme, commença Zed. J'aurais besoin de toi. Je vais te redonner tes pouvoirs, toujours comme la dernière fois. Si tu tente quoi que ce soit, ton enfant meurt. J'ai besoin que tu me guérisse et... si tu le veux, je te permets aussi de guérir cet enfant.

La jeune femme haussa simplement les épaules. Peu de temps après, ses mains s'illuminèrent de doré. Elle les posa d'abord sur Zed qui reprit rapidement des couleurs. Il soupira de soulagement lorsque les nausées le quittèrent enfin. Puis, elle regarda l'enfant. Voyant le regard suppliant de Malory, elle finit par le guérir lui aussi avant d'embrasser Zed tandis qu'il remettait le verrou en place. Nym fut presque déçu qu'elle ne tente absolument rien. Il eut l'horrible pensé que l'enfant devait mourir au plus vite pour qu'elle puisse leur revenir. Lorsqu'il vit Nash arriver, il se dirigea immédiatement vers lui.

- As-tu choisi? demanda-t-il, pressé.

Nash lui envoya une œillade meurtrière.

- Tu crois que c'est quelque chose que tu peux me demander de choisir? s'exclama-t-il. On fera rien. Zed s'en chargera inconsciemment à notre place. Il fera le choix.

Nym serra les poings.

- Tu n'es vraiment qu'un misérable lâche, dit-il avec colère et mépris. 

- Tu crois que toi tu pourrais choisir entre ton enfant et Malory? s'exclama Nash en poussant son beau-frère, prêt à en découdre.

- Je vais pas te foutre une raclée Nash. Même si j'en ai envie. Ça te ferait trop plaisir. Et si je perds ma sœur à cause de ton indécision, je te jure, tu le paiera... très cher.

Le Dreamer tourna les talons et alla rejoindre Malory qui surveillait l'état de l'enfant. En le suivant du regard, il croisa celui de Raise. Elle lui envoya un sourire séducteur en repoussant une mèche de ses cheveux roux derrière son oreille. Ce geste fit plus de mal à Nash qu'autre chose et il tourna les talons pour retourner à sa hutte.

Il saisit la guitare qu'il avait amené et commença à jouer. Sa voix résonna dans l'espace vide de présence. Son cri du cœur, son appel à l'aide, son cri de douleur, de détresse. Les notes s'élevèrent, emportant avec elles une partie de sa douleur. La musique lui permettait d'extérioriser toute cette souffrance, tous ces tourments. Il hurla au monde sa soif de liberté, emprisonné entre quatre mur sans personne pour l'écouter. 

«You know I aint worth it

You know I'm full of shit

You know I shouldn't even exist

You know the best of me slipped through my bloody fists»

Il chanta ce qu'il avait dit à Cassandra. Il chanta sa propre médiocrité.

«Don't try to tell me I am good

While you know I am not

Don't try to make me cry

They say men do not


Bullshit

That's my life, my lies

That's my fate, my faith

Shitshow

That's my life, inside

That's my fate, I break


You know I aint worth it

You know I'm full of shit

You know I shouldn't even exist

You know the best of me slipped through my bloody fists


Don't try to break my heart

It's already dead, rotting

Don't try to make me fall

I'm already at the bottom of it all


Bullshit

Play the game, fall dead

Lose your mind, you're blind

Shitshow

That's my life, inside

That's my fate, I break


You know I aint worth it

You know I'm full of shit

You know I shouldn't even exist

You know the best of me slipped through my bloody fists


Try to break me, try to break me

Even more, go and try to break me

I know it's hard, I know it's hard

So torn up, make you wanna break your own heart

Try to break me, try to make me

Beg again, go and try to make me

Make me fall down, make me burn down

Good luck, you'll see I'm already...

Dead inside


Bullshit

That's my life, my lies

That's my fate, my faith

Shitshow

That's my life, inside

That's my fate, I break


You know I aint worth it

You know I'm full of shit

You know I shouldn't even exist

You know the best of me slipped through my bloody fists.»





_____

Heyy! J'étais pas supposé poster, mais parce que Feather_of_Time est trop cute, elle m'a donnée envie de vous faire un petit cadeau!

Bon, j'me suis laissé allé et j'ai écrit une p'tite tune dans la tête de Nash. J'la mettrai en musique cette semaine et j'la mettrai sur insta probablement.

Comment vous avez trouvez le chapitre?

Ça a été assez rough comme retour, je me souviens de rien au niveau du temps. Savez-vous ça fait combien de temps que Nash est prisonnier de Zed? (depuis le début du livre)

Vos théories pour la suite?

Insta: fallenangel.music

Bye les chèvres!

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