O1
☆ PDV - Nathalia
Je rentrais de mon travail, à la bibliothèque de ma ville, lessivée et avec une migraine épouvantable.
Une autre journée de passée, où les gens me dévisageaient, comme si j'étais une sorte d'OVNI. A croire qu'ils ne s'en lassaient jamais. J'avais l'impression d'être un monstre de fête foraine auquel les gens criaient "Oh regardez c'est Nathalia Dreamy, celle qui arrive à se prendre un poteau en ne faisant que marcher, alors qu'elle a 24 ans !" Je poussais un soupir envers moi-même. Oui, j'étais maladroite. Et alors ? Ce n'est pas comme si le fait que je ne pouvais pas manger une glace s'en m'en renverser dessus, était une raison pour me regarder de façon étrange.
Bon, ça l'était totalement. Mais à la fin, cela commençait à sérieusement porter sur le moral.
Je retirais mon écharpe bleue et mon trench-coat avant d'aller me doucher. Je laissais l'eau chaude rincer ma fatigue et revigorer mes muscles. La chaleur de la vapeur anesthésia quelques instants ma migraine, ce qui était parfait. Je passais sans doute une heure sous la douche, à chanter des chansons de vieux rock.
Une fois lavée, j'allumai la télé, munie de ma glace, et je lançais Netflix. Je m'installais plus confortablement, certaine de passer une bonne soirée.
Mais, au fur et à mesure, l'aliment finit par avoir un goût fade. Mes yeux n'arrivent pas à suivre les sous-titres et les images. Après plusieurs épisodes de différentes émissions, la douleur dans ma tête était à la limite du supportable, aussi, j'allais me coucher.
Je mis du temps à tomber dans les bras de Morphée à cause de mon mal de crâne qui grandissait. Je bougeai plusieurs fois avant de réussir à m'endormir.
Mais après ce qu'il me sembla seulement quelques minutes de sommeil, je me réveillai en sursaut. Il y eut un moment de flottement, dans lequel mon cerveau se demandait si j'avais fait un cauchemar, ou si c'était un événement extérieur qui m'avait fait émerger.
Je dévisageai l'obscurité de ma chambre comme si un monstre s'y cachait. Je pris soin de compter minutieusement les ombres et j'hésitais même à aller chercher du sel pour en mettre à ma fenêtre et au pied de la porte. Au lieu de ça, je fermais les yeux.
Je me faisais sans doute des idées, et ce n'était pas la première fois que ça m'arrivait. J'avais dû faire un cauchemar, et je l'avais oublié. Ce qui était embêtant, c'est que j'allais sans doute devoir faire un pacte avec un démon des croisements avant de pourvoir ressombrer.
Au moment précis où j'allais me rendormir, j'entendis une voix et regardai autour de moi.
"Le Docteur ? Docteur qui ?"
Bon, j'avais peut être abusé de Netflix ce soir, mais de là à entendre la voix d'un personnage de série, je devais vraiment perdre la tête. La douleur devait détraqué mon cerveau, pour sûr.
Ou bien j'avais mangé une glace aux champignons hallucinogènes.
Ou bien j'avais une tumeur.
Ou bien j'étais tout simplement folle. Bizarrement, cette option me semblait plus évidente que les autres.
Je levai les yeux au ciel dans la pénombre de ma chambre et fermai à nouveau les paupières, avant de les rouvrir encore plus grand.
"Je ne suis pas un psychopathe, je suis un sociopathe de haut niveau."
Là, je ne délirais pas. La voix était bien présente. Cette fois, j'allumai la lumière. Je vis courir sur mon mur une fissure. Je la connaissais bien, cette forme là.
Je me redressais dans mon lit tellement vite que la tête me tourna, s'ajoutant à ma migraine. Je m'approchai lentement, mis un genou à terre et collai mon oreille contre la surface rugueuse, presque certaine que j'allais entendre parler d'un "prisonnier zéro" qui s'était échappé. Si c'était le cas, des extraterrestres en forme d'œil entouré de glace allait débarquer, ce qui n'était sans doute pas aussi excitant que je ne pouvais décemment le trouver. J'attendis quelques instants.
Au moment où je me mis à questionner ma santé mentale, Highway to Hell retentit si fort que je tombais à terre.
- Merde alors, m'exclamai-je, brisant le silence incrédule de ma chambre.
Désormais, j'étais presque sûre de rêver. Si ma douleur à la tête n'était pas aussi vive, j'en aurais eu la certitude.
Je me remis à genoux et m'approchais du mur. Je fis courir mes doigts sur la crevasse. A mon contact, elle s'ouvrit en grand, juste assez pour me faire passer. Je sursautai et m'assis par terre.
J'essayais d'avoir des pensées rationnelles, même si c'était plutôt compliqué en cet instant. J'aurais sans doute dû me recoucher, ou courir à l'autre bout du pays. Pourtant, cette pensée ne m'effleura même pas.
Qu'est-ce qui pouvait se trouver derrière ? Je sentais que c'était un tournant dans ma vie que j'allais prendre, si je me décidais à me jeter.
Étant donné qu'il n'y avait aucune chance que ce soit réel, je n'avais rien à perdre. Je courus chercher du sel et mon manteau. Je m'habillais à la va-vite en enfilant un jean et un t-shirt. Je n'avais pas le temps de mettre des chaussures.
Cela ne pouvait qu'être qu'un rêve après tout.
La lumière sortant du trou m'attirait au plus haut point. Je me demandais vaguement si j'allais atterir dans le TARDIS et rencontrer le Docteur.
Si c'était sur lui que je tombais. C'était risqué et stupide. Je pourrais sans doute tomber dans un univers où les gens mangeaient les petites blondes aux yeux verts.
Mes héros de séries seraient entrés.
Sans plus réfléchir, je sautais.
- Bordel ! entendis-je crier.
Les phares d'une Impala m'aveuglèrent quelques instants.
Je titubai sur la route en me protégeant les yeux. Le bitume de la route m'écorcha la plante des pieds. La voiture s'arrêta à quelques centimètres de moi. Je plaquai mes mains sur le capot.
C'était impossible, il y avait quelques instants j'étais dans ma chambre, et je me retrouvais au milieu d'une route, pieds nus !
- Putain de merde ! dit encore une fois la voix.
J'entendis les portières s'ouvrir puis claquer.
Je me répétais en boucle que, si c'était la réalité, ça ne pouvait pas être eux.
Je sentis une main puissante se poser sur mon épaule. Je tressaillis.
Je me dis rapidement que cette main était énorme. Genre, de la taille d'une patte d'élan. J'aurais pu me faire sourire de cette comparaison, si je n'étais pas secouée.
Je refusais de lever les yeux de la voiture noire et rutilante.
Je connaissais cette voix. Je la connaissais même très bien puisque je l'entendais à peu près tous les soirs.
Mais comment se pouvait-il que ce soit eux ? C'était un rêve, ça devait être un rêve.
- Tu n'as rien à craindre, dit une autre personne.
Je me retins de lui donner raison. Je savais qu'il n'allait pas me faire de mal. Enfin, sauf s'il soupçonnait que j'étais un démon ou tout autre être surnaturel. N'obtenant toujours pas de réponse, le premier dit :
- Peut être qu'elle est sourde ?
Un soupir exaspéré lui répondit. Si j'étais sourde...? En tout cas, lui, c'était sur qu'il allait m'entendre, sans mauvais jeu de mot.
Je me retournais d'un bond, prête à lui rétorquer une remarque bien sentie, mais ma réplique mourut sur mes lèvres.
Mes yeux s'agrandirent tant que je crus qu'ils allaient s'échapper de mes orbites.
Deux hommes, l'un immense, sans exagération, aux cheveux bruns mi longs et aux yeux d'un dégradé de couleurs, aux traits doux, et l'autre un peu plus petit, avec les cheveux châtains coupés courts et élevés vers le haut. Mon regard rencontra le sien, d'un vert si profond qu'il semblait presque irréel.
J'avais raison. C'était bien eux.
Mon cerveau arrêta momentanément de fonctionner. Mon imagination était débordante. J'arrivais à me les présenter jusqu'aux moindres détails.
- Dean ? Sammy ? murmurai-je, incrédule.
Ce fut les derniers mots qui sortirent de ma bouche avant que ma migraine ne me fasse m'évanouir. J'eus le temps de les voir se regarder, l'air ahuri.
Mais qu'est-ce qu'il venait de se passer, au juste ?
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