2O

PDV - Nathalia

Sherlock entra, cligna des yeux, puis se ressaisit.

- Que s'est-il passé ?

Je lui fis un court résumé, tout en observant les autres, qui avait l'air estomaqué.

Clara avait les yeux rouges et gonflés, elle évitait le regard du Docteur. Sam et Dean essayait de ne pas croiser leurs yeux du mieux qu'ils pouvaient.

Je m'essuyais discrètement les paupières, et je réunis mes cheveux blonds en une queue de cheval, comme à chaque fois que je stressais.

Ce n'était sans doute pas le meilleur moment du monde, mais je devais le dire maintenant. Je toussotais pour attirer l'attention de tout le monde. J'avais l'impression de revivre l'oral du bac.

- J'ai quelque chose à dire, lançai-je.

- Ce n'est pas vraiment le bon moment, commenta Clara.

- C'est important.

- Tu es enceinte ? ironisa Dean.

Il fallait toujours qu'il plaisante dans les pires moments.

- Quoi ? Non !

- On t'écoute, coupa Sam.

Je leur décrivais alors l'événement qui s'était produit quand j'étais petite. J'ajoutais aussi que je savais plus ou moins contrôler mes pouvoirs, même si je ne savais pas leur limite.

Je fus fière de ne pas verser une seule larme, malgré les trémolos dans ma voix.

- Ça fait trop, déclara Clara.

Je la regardais, les yeux grands ouverts.

- Quoi ?

- Tu nous as menti ? Tu aurais pu utiliser tes pouvoirs à tout moment mais tu ne l'as pas fait ? Tu nous l'a caché ? Mais quel genre d'amie es-tu ?

Je la dévisageais, les yeux exorbités.

Ses mots atteignaient directement mon cœur, et le transperçaient.

- Clara, calme toi, conseilla John.

- Tu aurais pu nous le dire ! Pourquoi tu ne l'as pas fait ? s'emporta-t-elle.

- Parce que j'ai honte ! criai-je. Tu as écouté ce que j'ai dit ? Je les ai rendu aveugle ! Je suis un monstre !

Je pris ma tête dans mes mains. Je tremblais, sous le poids de l'émotion.

Sherlock me lança son regard analytique.

- Ils te battaient. Tu as des cicatrices pâles sur les bras. Autres que celles de ta torture. Seul des coups peuvent laisser ces traces.

Je relevais la tête vers lui avant de m'empourprer. Je regardais mes mains, les triturant nerveusement.

Il savait. Évidemment qu'il savait. Il le savait sans doute depuis le début.

Je lui adressais un remerciement silencieux, pour n'avoir rien dit.

- N'est-ce pas ? continua-t-il.

Je lançais un regard vers tout le monde, avant de reporter mes yeux sur mes mains. Je hochais distraitement la tête.

Clara hoqueta.

- Je suis désolée, dit-elle.

Je lui souriais tristement. Dean serrait et desserrait les poings, tandis que Sam avait les yeux haineux.

- Votre machine peut voyager dans le temps ? lança Dean.

- Oui, répondit le Docteur.

- On pourrait rendre visite à ses parents ? reprit Sam.

Je secouais la tête.

- Mauvais univers.

- Mais, dès qu'on retournera dans le sien, je me chargerais personnellement de lui parler. Personne ne touche à mes amis.

Les Winchester hochèrent la tête, pas calmer pour un sou. Je le voyais à leur air menaçant et à leur poings serrés.

Clara vint à côté de moi et passa un bras autour de mes épaules.

- Ça va ?

Je secouais à nouveau la tête. Ils me jetaient tous des regards de pitié.

Ça me rendait malade.

- Je ne suis pas un petit chiot abandonné, déclarais-je. N'ayez pas pitié, s'il vous plaît.

Ils détournèrent les yeux, gênés pour la plupart. Seul Dean soutint mon regard. Il ne me prenait pas en pitié, non. Il était hors de lui. Il me sourit doucement, mes ses yeux dardaient des éclairs.

Je rougis un peu.

- Bon ! dit-il. Raiponce retourne dans ta tour. Et allons tous nous coucher.

Il n'allait pas dormir. Il allait sans doute boire, ruminer, et finir par faire un coma éthylique.

- C'est ça, bonne nuit Grincheux.

Clara rit un peu en se souvenant que c'était elle qui l'avait surnommé ainsi.

- Comme dans Blanche-Neige ?

- Oui.

- C'est de loin le meilleur de tous, de toutes façons.

Il me fit un clin d'oeil.

Je montais les escaliers, lessivée, espérant obtenir un peu de sommeil.

Contre toute attente, cette nuit avait été reposante et je ne m'étais pas réveillée une seule fois.

J'allais dans la cuisine du TARDIS, qui était plutôt bien arrangé, et saluait tout le monde.

Ils avaient décidés de faire comme si de rien n'était. Ça me convenait amplement.

- Tu peux faire de la lumière ? demanda le Docteur, comme un enfant.

Je hochais la tête en souriant.

Je fermais les yeux en plissant les paupières. Je sentis de l'électricité crépité autour de mon bras, et bientôt une lumière blanche se forma au creux de ma paume.

- Ne la regardez pas trop longtemps, prévins-je.

Je cessais de produire la boule d'énergie, et baissai la tête, honteuse.

Peut-être les avais-je effrayés ?

- C'est magnifique, souffla Sherlock.

Je relevais la tête. Ils paraissaient émerveillés, et non pas apeurés.

Je soupirais de soulagement.

Le Docteur continua de me poser des questions sur mes pouvoirs, et ma réponse la plus fréquent fut sans doute "je ne sais pas".  Il continua ainsi jusqu'au déjeuner.

- Tu connais l'homme qui t'as tué ? lança-t-il.

Son tact m'éblouira toujours.

- Il a l'air d'être ton opposé, lâcha Sam.

Il n'avait pas forcément tort. Cette théorie était plutôt intéressante. Et cela expliquait sans doute le discours flippant avant qu'il... me tue.

- Pourquoi tu n'as pas utilisé tes pouvoirs cette nuit la ? demanda Clara.

- Mes pouvoirs... s'annulent en quelques sortes, en sa présence. J'ai du mal à les atteindre, et c'est presque impossible.

Un peu plus tard, ce fut Sherlock qui fit une remarque intéressante.

- Tu pourrais pister l'"autre"?

Comme nous ne savions pas son nom, c'est comme ça que nous l'avions nommé.

- Je peux essayer, je suppose ? hésitais-je.

- Pour traquer, Bobby a besoin d'une carte, conseilla Dean.

Clara revint avec un planisphère et le plaça devant moi. Je fermais les yeux et creusais des rides dans mon front. J'essayais de me souvenir de tous les détails.

Au bout de quelques minutes, j'abandonnais.

- Je n'y arrive pas.

- Tu peux le faire ! m'encouragea John.

J'eus un rire sarcastique. Il croyait que je faisais quoi, depuis le début ?

- Écoutez, je ne suis pas une héroïne de séries comme vous. J'ai un superpouvoir dont je ne connais pas l'étendu, et j'ai un manque de sommeil constant qui finira par me tuer. Je ne suis pas spéciale.

- Tu l'es, répondirent ils tous en même temps.

Je soupirais un peu, mais ne pus cacher mon sourire.

Après avoir réessayer quelques fois, j'allais me coucher. De toutes façons, cela ne servait à rien.

Je me réveillais en sursaut après un cauchemar. Je n'avais pas dû crier, car Dean n'était pas là.

Sachant que je ne pourrais pas dormir, je me levais discrètement et allait dans la salle de la console. Je saisis la carte, et réessayais. Encore et encore. Sans résultats.

Cette fois, au lieu de me concentrer sur ses traits physique, j'essayais de me concentrer sur les sensations qu'il m'avait laissé. J'essayais de visualiser sa froideur, et l'ombre qui l'entourait.

Contre toute attente, cela fonctionna. Un point sur la carte, en Amérique du Nord, se mit à briller. Fiévreuse, je me mis à chercher une carte plus précise du continent. Je finis par réussir à le localiser dans le New Jersey.

Je me retins difficilement de pousser un cri victorieux. J'hésitais à prévenir les autres. Ils avaient déjà tant risqué pour moi... et la plupart ne savait même pas se battre.

J'inspirais un grand coup et décidais d'y aller seule. J'y arriverais.

Non, autant être réaliste, je me tuerais sans doute à la tâche.

J'attrapais mon manteau, la carte à la main, adressant un adieu silencieux à mes amis.

- Où tu vas ?

Bon, bah pour la discrétion on repassera.

Je me retournais, le manteau à la main. Tout le monde était là, me regardant.

- Je l'ai localisé. J'y vais.

- On vient, dit Dean.

- Non.

Il partit dans un petit rire.

- Ce n'était pas une question.

Je grognais d'exaspération. Il pensait quand même pas que j'allais les laisser se tuer pour moi ? C'était ridicule.

- Vous avez déjà fait beaucoup pour moi. Je ne veux pas vous mettre en danger.

- On ne veut pas que tu meurs, dit John.

- Je ne mourais pas, mentis-je autant à eux qu'à moi. J'ai des pouvoirs, tentais-je même s'il savait que je ne pourrais pas les utiliser.

- On a un pouvoir aussi, lança Clara. Ça s'appelle l'amitié.

Sherlock m'étudia du regard.

- Je suis celui qui a le plus grand esprit, mais tu devrais être capable de déduire ceci. On ne te laissera pas y aller seule. Tu n'es pas seule.

Je soupirais. Aucune chance d'y aller par moi-même, vu la réplique pleine de guimauve de Clara et le petit discours de Sherl.

Je hochais la tête pour montrer ma reddition.

- Nous irons demain, déclara le Docteur.

Et nos destins furent scellés.

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