15
☆ PDV - Nathalia
Je m'essuyais les yeux. Dean, encore à mes côtés, bailla bruyamment.
- Je suis fatiguée, dis-je.
- A qui le dis-tu, ironisa-t-il.
Je levais les yeux au ciel.
- Non mais, sérieusement, insistai-je. Je suis fatiguée d'être loin de chez moi et d'être si... faible.
Il m'étudia du regard.
- Tu n'es pas faible.
J'eus un rire sarcastique.
- Dean, je me réveille toutes les nuits en pleurant parce que je suis une sorte de traumatisée de la vie, et je m'évanouie environ une fois par semaine.
Il haussa les épaules.
- Mais tu le supportes. Tu es traumatisée mais tu vis avec ça, tu t'évanouie mais tu te relèves. Je ne suis pas vraiment doué pour les discours.
- En fait, celui-ci était plutôt pas mal, lui souriais-je.
Il y eut un silence.
- Tu sais, si tu me réveilles toutes les nuits, commença-t-il, peut-être qu'il faudrait que je...
- Dorme ici ? finis-je. Ouais. Ça n'arrivera tellement pas.
- Je ne fais que proposer.
Il y eut un nouveau silence. Je me décidais à parler de la soirée au Far West.
- Pour ce qui c'est passé au bal... commençai-je.
- Ne t'en fais pas. Tu n'es juste pas rentrée dans mon jeu.
- Ton jeu...?
Il hocha la tête. Même si je m'en étais doutée, l'entendre faisait plus de mal que je ne le pensais.
Les souvenirs de notre nuit se ternirent, il les salit sans remords.
Et cela faisait plus mal que je ne voulais me l'avouer.
- Tu peux sortir, dis-je.
- Tu es sûre ?
- Plus que sûre.
Il fut sortit en un rien de temps.
Une fois seule, je m'extirpais de mon lit. Il fallait que je m'éclaircisse les idées. Il pouvait toujours rêvé pour venir me tenir compagnie.
Je ne le laisserais plus entrer, à la fois dans ma chambre et dans mon esprit.
J'ouvris la porte du TARDIS et sortis à l'air libre.
J'observais l'obscurité du 21e siècle, plongé dans mes pensées.
Une silhouette passa devant mes yeux. Je plissais les paupières. Il me lança un long regard avant de disparaître.
Suspicieuse, je jetais un regard à l'intérieur du TARDIS avant de prendre la veste en cuir de Dean.
Je n'enfilais que que mon bras valide. Je caressai la matière pour me donner confiance avant de m'enfoncer dans la nuit.
❃
Je frissonnais sous le vent. L'homme au loin tourna à droite. Je le suivis discrètement. Le courant d'air froid me glaçait les jambes.
Au détour d'une rue, je le vis s'arrêter net.
Je reculais avant qu'il ne me voit.
- Tu n'es pas une très bonne espionne, dit une voix.
Un mauvais pressentiment me donna un goût métallique dans la bouche.
Je soupirai avant de sortir de ma cachette. Il savait que j'étais là, ça ne servait à rien de rester cachée.
Il était plongé dans l'obscurité et je ne pouvais pas l'identifier. Je penchais la tête sur le côté en essayant de deviner qui c'était.
- Tu ne me reconnais pas ? demanda-t-il.
Je haussai un sourcil.
- Je devrais ? répondis-je.
Il ricana. Il fit un pas en avant, entrant dans la lumière, et je me figeais.
- Moi, lâcha-t-il, je me souviens de toi, et du bruit qu'a fait ton bras lorsque je l'ai brisé.
Je sentis mes forces m'abandonner et je tombai au sol en pleurant. De violents soubresauts me saisirent.
J'étais en proie à une crise de panique sans pareille, et la peur bloquait ma voix, m'empêchant de crier.
Je relevais la tête mais il avait disparu.
Mes sanglots cessèrent un peu. Je regardais autour de moi. Il finit par réapparaître derrière moi et me releva de force.
Il me saisit par la mâchoire et je ne pus me débattre, la terreur coulant à flots dans mes veines.
- Comment avez-vous...?
- Tu sais pourquoi tu n'es pas une bonne espionne ? Parce que tu es suivie.
Je pleurais toutes les larmes de mon corps.
J'entendis une arme à feu se charger.
J'eus un gros sanglot en réalisant que Dean se tenait derrière l'homme.
Celui-ci changea de position et passa un bras sous ma gorge. Il serra sa prise juste assez pour me tenir sans m'étrangler. Les larmes roulaient le long de mes joues.
- Ah ! Le prince charmant vient la sauver, se moqua-t-il.
- Lâchez là, ordonna Dean.
- Oh oui, je le ferai. ( il laissa planer un silence ) Vous êtes intelligent, vous savez ? Pensez-y Dean. Elle est la lumière et je suis l'ombre. L'un de nous doit mourir pour que l'autre vive.
Je ne comprenais pas où il voulait en venir. De toutes façons, la peur grillait mes neurones.
- C'est tout réfléchit. Vous mourrez. Parce que je vais vous traquez. Et je vous trouverai. Et vous mourrez lentement.
La voix grave de Dean me fit frissonner. Je savais qu'il respecterait sa parole.
- Je ne doute pas que vous me trouverez. Mais cela va vous prendre quelques temps.
- Comment ça ?
- Vous allez être occupé.
Dean s'impatienta.
- Par quoi ? demanda-t-il.
- Ceci.
Un métal froid entra en contact avec la peau de mon ventre avant de la pénétrer. L'objet étranger ressorti presque aussi vite et je vis du rouge taché ma chemise de nuit.
L'homme me lâcha puis disparu, et je tombais lourdement au sol. Ma main se contracta autour de ma blessure, qui me semblait bien trop profonde.
Dean accourut vers moi. Il me plaça sur ses genoux.
- Je crois que... j'ai taché ta veste, marmonnais-je.
- C'est rien.
J'eus un faible sourire et je sentis un filet de sang couler sur mes lèvres. La douleur dans mon ventre était intolérable.
- Ça fait mal.
Je ne pus retenir le sanglot qui me secoua.
Non, pas déjà. Cela ne pouvait pas être déjà finit.
- Hé. Ça va aller, on va aller voir John...
Je ris, même si ça ressemblait plus à un toussotement sanguinolent.
Il avait de l'espoir. Quel idiot.
- Juste... essaye de ne pas bouger, dit-il.
Ma tête tournait, ma vue se brouillait. La morsure de l'acier avait laissé des traces brûlantes dans mon corps.
Ça devait s'arrêter.
J'avais besoin que ça s'arrête.
- Dean...
- Non. Ne dis pas adieu. Je te l'interdis.
Je fermais les yeux, une seule larme coulant. Je l'entendais murmurer, s'affairer autour de moi, me carressant les cheveux.
Il devait se rendre à l'évidence.
J'étais une cause perdue.
Au prix d'un effort surhumain, je rouvris les yeux et posais ma main sur sa joue.
- Ça va aller, dit-il.
- Non. Ça n'ira pas. Dean...
Je toussais et il essuya le sang qui coulait.
- John te sauvera.
- Dean. Laisse moi le dire.
Il me regarda de ses grands yeux verts. Ils étaient orageux, paniqués, et emplis de tristesse.
Il y avait dans ses paroles un espoir, qui ne remontait pas jusqu'à ses yeux.
Ils me brisèrent le coeur.
- C'était génial, murmurai-je en sentant mes forces me quitter. C'était les meilleures semaines de ma vie. Je suis triste que ça soit fini.
C'était la vérité.
Mais c'était aussi un prétexte pour ne pas dire ce qui brûlait mes lèvres et embrasait mon cœur, plus encore que la plaie béante de laquelle ma vie suintait.
- Ce n'est pas fini.
Je soupirai. Je rassemblais mes dernières forces.
Il devait savoir. Je devais le dire avant qu'il ne soit trop tard.
J'avais déjà trop attendue, j'avais mis trop de temps à me demander la nature de mes sentiments alors qu'ils étaient évidents.
- Dean... je...
Jetais fatiguée, trop fatiguée.
Oh et puis, il devait déjà le savoir.
La noirceur me rattrapa, arrivant sur son cheval noir de mauvais augure, et la fin de ma phrase se perdit dans les méandres de l'obscurité.
La douleur s'était enfin éteinte, et je profitais quelques instants de cette sensation de flottement.
Au bord du précipice, la tête comme enrobée de coton, les sons et les images me parvenant comme à travers de l'eau, je sentis Dean me serrer contre lui. Quelque chose de mouillé atterrit sur ma joue.
J'eus juste le temps de penser que j'allais lâchement les abandonner, avant de mourir.
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