- Chapitre 26 -


Le petit matin se levait doucement, la rosée perlant sur les quelques plantes accrochées aux balcons des appartements. Jennifer s'éveilla, un méchant mal de crâne de retour. Elle pesta, avant de se souvenir de la veille. Elle se figea, cherchant chaque détails de sa soirée au fin fond de sa mémoire. Elle se demanda comment tout cela avait bien pu se réaliser ; s'était-ce vraiment réalisé d'ailleurs ? Elle se convint que oui en voyant les traces de ses larmes encore présentes sur ses draps. Elle passa ses doigts sur ses lèvres en se souvenant du baiser passionné qu'elle avait échangé la nuit dernière, avant d'éprouver un étrange sentiment ; un mélange de satisfaction et de remord.

Parfois, elle aimerait plus que tout au monde que sa vie ne soit qu'un rêve, qu'à tout moment, elle puisse se réveiller et retourner à une vie normale, sans encombres, sans sentiments contradictoires, sans ultimatum. Si seulement tout était si simple que dans ces fan-fictions qu'elle lit de temps en temps sur eux. Mais une chose importante lui revint aussitôt en tête ; ça, c'est la vraie vie. Pas une histoire. Pas un film. Juste la réalité.

Elle attrapa son téléphone et lança sa playlist préférée en le posant sur son lit.

Et bien sûr, elle tomba sur cette musique.

All of the lights land on you,

Pitié, non.

The rest of the world fades from view,

Bordel !

And all of the love...

Elle se précipita sur son téléphone et arrêta la musique aussi rapidement qu'elle pu. Le destin lui en voulait vraiment ; elle se laissa tomber à nouveau sur le dos, les larmes lui montant aux yeux. Tout les – mauvais – souvenirs lui revinrent soudainement en mémoire, sans aucune raison. Mais elle ravala ses larmes et passa son bras sur son visage ; hors de question de pleurer, encore. Elle devait être forte, tenir bon.

Elle se redressa et s'assit sur le rebord de son lit. Il fallait qu'elle règle tout ça, une bonne fois pour toute ; mais encore faudrait-il qu'elle sache par où commencer et quoi faire. Elle était perdue, menée par ses sentiments par le bout du nez. Elle voulait tant que tout redevienne comme avant, comme il y a un mois. Elle l'aimait, c'était certain, mais elle ne savait pas si lui donner une autre chance après ce qu'il a fait était une bonne idée. Et puis, il y avait maintenant cette histoire de vidéo en plus... Elle se surprit à maudire profondément cet inconnu d'hier soir.

Elle reprit son téléphone et découvrit une petite centaine de notifications, essentiellement sur Twitter, mais aussi des SMS. Elle regarda en premier ces derniers, qui étaient deux et venaient de Ginnifer.

[02 : 09] Ma Ginny : Regarde Twitter !

[02 : 11] Ma Ginny : JENNIFER MARIE MORRISON !!!

Elle sourit puis se précipita sur Twitter, sachant pertinemment ce qu'elle allait y trouver. En premier temps, elle découvrit la photo d'elle et de ses amis avec la fameuse fan. Son sourire la quitta soudainement lorsqu'elle descendit légèrement et tomba sur la vidéo. Elle la lança, et mit sa main sur sa bouche après avoir vu le nombre de retweet ; elle qui ne dépassait que rarement les mille, la vidéo en avait fait environ trois cents milles.

Dans la vidéo, on les voyait se disputer ; l'inconnu était donc là quasiment dès le début. Puis Colin saisissait violemment les poignets de Jennifer en la bloquant contre le mur, et on les vit s'embrasser. La vidéo se termina brutalement lorsque Jennifer tourna le regard vers l'objectif.

Jennifer ressentit un sentiment étrange, puis des papillons dans le ventre en revoyant la scène. Elle s'insulta intérieurement de ressentir ça, puis se dit qu'il y avait une bonne raison ; elle était toujours amoureuse, et ça ne changera pas. Malgré tout les récents événements, ses sentiments étaient restés tels quels, et rien ni personne ne pouvait y faire quelque chose. De plus, elle savait que Colin ressentait lui aussi la même chose, toujours. Mais elle savait tout aussi bien que désormais, rien ne sera plus comme avant, quelque chose serait brisé entre eux, et ce définitivement, tout du moins, elle croyait.

Durant une seconde, elle se le reprocha, puis son visage apparut devant elle. Dans un mouvement de recul, elle tomba du lit. Elle vint se recroqueviller sur elle même près de la fenêtre, ses paroles repassant en boucle et son regard toujours encré dans son esprit. Elle sentit ses mains sales sur son corps ; mais elle était seule. Elle commençait à trembler, à faire une crise de panique. Instinctivement, des larmes coulèrent, suivit de sanglots.

« — Ne fais pas ça. »

Un bruit retentit.

« — Tu vas le regretter. »

Suivit d'un claquement de porte.

« — Tu seras toujours à moi. »

Des pas se firent entendre.

« — Tu vas payer ! »

Jennifer explosa, les larmes coulèrent à flots et elle s'en voulut, elle venait déjà de rompre sa promesse ; les sanglots s'accentuèrent et elle mit sa tête dans ses bras. Soudain, deux mains se posèrent sur ses épaules, et elle se recula si brusquement qu'elle se cogna la tête contre le mur. Elle reconnut ses yeux bleus lorsqu'elle releva la tête pendant qu'il passait sa main derrière cette dernière. Il lui murmurait des mots doux, malgré son air totalement paniqué. Jennifer ne décrocha pas son regard du sien, même si lui, semblait le fuir. Il bougeait dans tout les sens, lui demandait si elle allait bien toutes les deux secondes et demi. Puis il s'immobilisa, et se laissa tomber à genoux devant la blonde. Il semblait encore plus abattu que la veille ; il ne savait pas vraiment quoi faire, et voir l'actrice dans cet état l'angoissait excessivement. Il leva alors doucement sa main afin de la poser sur la joue de Jennifer. A l'aide de son pouce, il essuya les larmes qui perlaient encore, puis s'approcha furtivement, centimètre par centimètre afin de laisser le temps à Jennifer de s'écarter à tout moment. Lorsqu'il vit qu'elle ne faisait rien, il s'avança encore plus et vint la prendre dans ses bras. Elle enfouit sa tête au creux de son cou immédiatement pendant qu'il passait ses bras autour de ses épaules, pleurant toutes les larmes de son corps. Il la berça silencieusement, au seul rythme de ses sanglots.

« — Je suis là, Jennifer, je suis là. »

Elle se calma petit à petit, pendant qu'il continuait de lui parler. Quand elle s'est enfin apaisée, ils restèrent dans la même position encore une bonne dizaine de minutes, assit sur le sol, enlacés. Puis, Colin mit sa main en dessous du menton de la blonde et lui releva la tête. Leur visage était proches, beaucoup trop proches, si ce n'est que leur nez se touchaient presque. Une tension électrique s'était installée pendant qu'ils se regardaient toujours aussi intensément, yeux dans les yeux. Colin rabattit sa main sur la nuque de Jennifer, puis remonta dans ses cheveux, pour finir sur sa joue. Jennifer était rouge, aussi bien son teint que ses yeux qui étaient encore mouillés.

Un silence régnait désormais, pesant et tendu. Jennifer ouvrit la bouche mais aucun son n'en sorti. Colin s'avança alors, pencha la tête sur le côté et n'attendit pas une seconde de plus pour venir poser délicatement ses lèvres sur celles de la blonde, qui se détendit aussitôt au contact. Elle ne voulait pas le reconnaître, mais oui, ça faisait un bien fou. Le brun descendit son autre main jusqu'à sa hanche tandis que la blonde passait ses bras autour de sa taille.

Cela avait duré quelques secondes, mais ce fut comme s'ils avaient reprit une bouffée d'oxygène. Alors qu'ils se détachaient, Colin attrapa Jennifer telle une princesse et la déposa sur le lit. C'est seulement à ce moment précis que Jennifer remarqua un bouquet de fleur au pied du lit et qu'elle se demanda comment avait-il pu rentrer sans les clefs, mais elle s'abstint de poser la question. L'acteur s'assit à sa droite, posant une main sur la sienne et plongea son regard azur dans celui émeraude de la blonde.

« — Raconte moi. »

Cela sonnait plus comme une demande qu'un ordre, mais Jennifer se sentit étrangement obligé de lui répondre.

« — Sebastian. »

Mais elle ne réussit qu'à sortir un simple mot, son prénom, avant de sentir les larmes remonter. Aussitôt, Colin se rapprocha d'un coup de bassin.

« — Chut, Jen, arrête ça. Je suis là. »

Elle renifla, avant de détourner le regard vers la fenêtre. Elle observa quelques secondes la vue parisienne, puis baissa le regard vers sa main qui tenait celle de Colin. Elle regarda ce dernier, décidé à tout lui dévoiler. Il devait savoir, il en avait le droit malgré tout.

« — Quand j'étais avec lui, il était... violent. Pas dès le début, c'est venu après, un ou deux mois plus tard. Au départ, c'était des trucs méprisants, il me rabaissait, parfois m'insultait. Puis il a commencé à lever la main... Et à me forcer à avoir des relations. Quand je me débattais, il tapait plus fort, alors j'ai vite abandonné l'idée de me défendre. Quand je me suis enfin décidé à le quitter, il m'a supplié de ne pas faire ça, qu'il changerait, il m'avait promit un tas de trucs. Mais j'ai refusé, alors il a commencé à balancer tout un tas de menaces, et à me harceler par textos. J'ai pris au plus vite une chambre d'hôtel en prenant soin qu'il ne sache pas lequel. Puis, je ne sais pas comment, mais il a su pour nous... Sûrement à cause des rumeurs dans le cast, je le voyais passer de temps en temps justement pour me voir, mais je partais aussitôt. Alors il m'a dit par texto que s'il me voyait, il me le ferait payer très cher, que je regretterais d'être partie, que je n'avais pas le droit d'être avec toi. Et bien sûr, la convention était un endroit rêvé... J'étais là, il était mêlé dans la foule, déguisé, personne pour le reconnaître et l'empêcher de m'approcher. Alors il en a profité. Depuis, je n'ai plus aucunes nouvelles. »

Sa gorge était devenue excessivement sèche et sa voix s'était affaiblie. Elle remarqua alors le point de Colin qui s'était serré, et sa mâchoire qui s'était contractée, ainsi que ses yeux rouges de colère. Jennifer remarqua que ces derniers temps, il s'énervait très vite et beaucoup plus que normalement ; des images de la convention lui revint en tête et elle ne put s'empêcher de frissonner.

« — Je vais le massacrer.

— Non ! Colin, n'aggrave pas les choses, s'il te plaît. Laisse faire la police.

— Tu me demandes de le laisser s'en tirer après tout ce qu'il t'a fais ?

— Il n'a pas déjà assez prit à la convention ? contra-t-elle.

— Ce n'était pas cher payé comparé à ce que toi tu as pris ! »

Colin comprit l'ampleur de ses mots seulement après avoir remarqué l'expression choquée sur le visage de Jennifer. Automatiquement, il serra sa main et s'excusa aussitôt.

« — Excuse moi, ce n'était pas ce que je voulais dire, je suis juste énervé contre lui, contre tout ça, je –

— C'est bon Colin, l'interrompit-elle, ça va. Tu sais, je... je suis juste contente que tout ça soit terminé. Et que tu sois là.

— Moi aussi Jen, moi aussi. »

Le brun se pencha vers elle et vint l'embrasser en guise de remerciement, ne lâchant pas sa main. L'actrice posa son autre main sur sa joue pendant qu'il se positionnait au dessus d'elle. Leur baiser devenait de plus en plus passionné, ils haletaient et se touchaient autant qu'ils pouvaient. Colin laissa glisser ses mains jusqu'à ses hanches ; là, il passa un bras sous elle afin de la faire s'allonger un peu plus. Entamant un ballet endiablé avec leur langue, Jennifer passa ses mains dans les cheveux ténébreux de Colin, tandis que lui se chargeait de lui enlever son t-shirt. Soudain, il se stoppa, et calma lentement l'ardeur qu'avait suscité leur embrassade.

« — C'est ok ? »

En guise de réponse, la blonde vint simplement l'embrasser. Elle laissa ses doigts glisser le long de son torse musclé pendant qu'il finissait de lui retirer ses vêtements, doucement. Quand elle se retrouva en sous-vêtements, elle ferma les yeux et se mordit la lèvre.

« — Tout va bien ? 

— Oui, répondit-elle. Je vais bien. »

Elle rouvrit ses yeux et prit son visage en coupe, posant ses lèvres sur les siennes plus férocement, plus violemment. Elle voulait le toucher, l'entendre, le voir, le sentir encore plus, jusqu'au bout de la nuit, et pour toujours. Elle ne savait pas comment cela était possible, de désirer autant quelqu'un, et ce dans tout les sens du terme.

Elle s'empressa de lui enlever à son tour son t-shirt et son jean. Ils se fixèrent un instant, reprenant à nouveau leur souffle, puis repartirent, têtes baissées. Leur peau était brûlante, leur corps en ébullition et leur désir de l'autre était immense.

Elle n'était pourtant pas ce genre de femme, à tout pardonner, à tout oublier et à se réconcilier au lit. Mais là, c'était différent ; il s'agissait de Colin, cet homme qu'elle avait voulu secrètement durant tant d'années, inaccessible. Et maintenant qu'elle l'avait, peu importe les obstacles qu'ils rencontreraient et les erreurs qu'ils commettraient, elle ne le lâcherait pour rien au monde.

Elle l'aimait. Et lui aussi l'aimait, à en mourir. Finalement, les contes de fées existent peut être ?

Il retira le dernier bout de tissu qui le séparait de Jennifer, et embrassa son ventre alors qu'elle se cambrait. Elle attrapa ses cheveux ébènes et le fit remonter jusqu'à elle, l'embrassant à pleine bouche. Colin s'immisça alors en elle délicatement, laissant échapper un grognement. Il commença ses va-et-vient, sous les appels étouffés de Jennifer. Une vague de plaisir s'abattit sur les deux acteurs ; Colin accéléra ses mouvements, pendant que Jennifer baladait toujours ses mains dans ses cheveux et sur son torse. Celles de Colin quant à lui, étaient agrippées au drap de part et d'autre de la blonde. Après un certain temps, Colin ralentit la cadence et approcha sa main droite du visage de Jennifer, laissant ses doigts jouer avec ses cheveux dorés. Haletants, ils se regardèrent, et sourirent. Jennifer vint lui caresser la joue, d'un geste doux et tendre.

Elle se souvint alors d'une de ces dernières nuits d'insomnie, une parmi tant d'autres au compteur. Il était trois heures du matin, elle avait perdu le fil des heures de sommeil qu'elle ne pourrait sûrement jamais récupérer. Il y avait des « peut être que » qui tournaient autour de sa tête, des « j'aurai dû » qui la frappaient dans les côtes et des « plus jamais » qui entouraient son cœur. Et pourtant, maintenant, à cet instant précis, elle ne pensait plus qu'à une seule chose ; lui.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top