- Chapitre 24 | Part Two -




Impatience, tu finiras par me tuer un jour.


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Choquée de le voir ici, devant elle, et bizarrement n'ayant pas l'air si saoul que ça malgré sa forte odeur d'alcool, elle entre-ouvrit la bouche, ne sachant quoi dire. Elle avait oublié combien il la dépassait ; elle le regardait, sa tête au niveau de son torse, yeux dans les yeux ; il n'aurait pas grandi un peu d'ailleurs ? Il n'était pas si grand que ça avant, si ? Sa barbe de trois jours négligée démontrait qu'il ne s'occupait plus autant de lui qu'auparavant, et ses yeux bleus clairs étaient devenus plus foncés et ternes, de grandes cernes apparaissant en dessous. Ses joues étaient rosies, comme s'il avait chaud, et il était habillé simplement d'un jean bleu légèrement troué, d'un t-shirt noir et de Vans noires et blanches.

Ils restèrent ainsi pendant quelques secondes qui parurent une éternité aux yeux de Jennifer, qui finit par refermer la bouche au moment où quelqu'un rentra à nouveau dans les toilettes. Elle en profita pour sortir, échappant de justesse à la main de Colin qui tenta de la retenir. Elle se mit à marcher vite, sentant qu'il la suivait, puis elle se mit presque à courir jusqu'à la porte d'entrée, tentant de bousculer le moins de personnes possible afin de ne pas attirer l'attention. Soudain elle tilta ; si elle passait par la porte d'entrée, ses amis la verraient et la rejoindraient – tout du moins Ginnifer, Robert et Adam, les autres étant sûrement déjà en train de dormir – chose dont elle n'avait pas du tout envie en cet instant.

Ce qu'elle voulait c'était sortir prendre l'air, vite, et surtout seule. Elle passait une superbe soirée, pensant enfin à autre chose, passant enfin à autre chose. Mais il a fallu que le destin ne soit pas d'accord, non il a fallu qu'il soit là, ce soir, ici, lui.

Au mauvais endroit, au mauvais moment.

Alors elle se stoppa, et tourna la tête à la recherche d'une quelconque solution. Soudain, elle vit une porte près du mini-bar, que personne ne surveillait, avec marqué en gros au dessus « EXIT ». Elle jeta un dernier regard vers ses amis puis changea de direction et accéléra le pas vers la sortie de secours. Une fois dehors, elle sentit immédiatement la pluie sur son visage. Évidemment, du côté de la porte de secours, il n'y avait pas de store ni de marquise.

En quelques secondes, elle fut trempée de la tête au pied, mais cela ne la dérangeait pas plus que cela ; bien au contraire. La pluie la réveilla encore plus, ce dont elle avait bien besoin. Elle s'avança vers le mur en face de la porte, s'adossant à celui-ci. En observant un peu les alentours, elle remarqua que c'était une impasse sombre et étroite, avec seulement un lampadaire juste au dessus de sa tête. Elle remarqua aussi la baie vitrée près de sa table au bout de la ruelle, menant à la rue où quelques personnes passaient encore malgré l'heure tardive caressant doucement les deux heures du matin. Elle cru même apercevoir Adam et Robert à travers la vitre, dos à celle ci.

Les minutes passèrent durant lesquelles la pluie redoubla d'intensité.

« — PUTAIN ! » s'époumona-t-elle.

Elle avait besoin d'expulser sa rage, sa colère, sa tristesse. Elle ne pouvait pas le croire ; pourquoi le destin était si cruel avec elle ? Qu'avait-elle fait pour mériter ça ? N'avait-elle donc pas assez souffert comme ça ? Pourquoi était-il là, d'ailleurs ?

La rage qui se développait déjà en elle redoubla elle aussi d'intensité. Mais pour une raison qu'elle ignorait, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il avait peut être une raison plausible à tout ça. Peut être qu'il était obligé, qu'il ne voulait pas faire ça. Peut être qu'il l'aimait toujours.

Elle secoua la tête, dégoûtée par ces pensées stupides. Comment pouvait-elle encore penser des choses pareilles ? Et le pire...

« — Jen ! »

Soudain la porte s'était ouverte, laissant apparaître un Colin essoufflé avec les sourcils froncés. Alors que Jennifer s'apprêtait à partir de l'autre côté de l'impasse, direction la rue, il la retint par le poignet, attrapant l'autre au passage et en la bloquant contre le mur, ses poignets au niveau de sa tête. Ses yeux n'avaient pas changé depuis leur bousculade aux toilettes, mais Jennifer cru déceler des étoiles dans ses yeux un bref instant, jusqu'à ce que ses pensées s'embrouillent ; pour causes la pluie, cette soirée gâchée, Colin.

« — Jen, je t'en prie, écoute moi.

— Pourquoi je devrais t'écouter ? rétorqua-elle froidement.

— Je... J'ai besoin de savoir. Je t'en prie, dis moi pourquoi cet enculé t'a fait ça ? Ça me hante depuis ce jour, et...

— C'est la question que tout le monde semble se poser, dit-elle en esquissant un sourire mesquin.

— Alors réponds bon sang, réponds moi ! s'énerva-t-il soudainement, resserrant légèrement son emprise sur les poignets de la blonde et ses yeux devenant rouge de colère, sa respiration s'accélérant au passage.

— J'aimerai pouvoir.

— Tu peux tout me dire.

— Tout sauf ça, susurra-t-elle en baissant la tête, la pluie ruisselant toujours sur son visage.

— Tu n'as pas le droit de me faire ça. » dit-il en serrant les dents et l'emprise sur les poignets de la blonde.

Elle commençait à avoir sérieusement mal à mesure qu'il serrait, mais ne dit rien, poussé par l'adrénaline à ne pas en tenir compte et à rétorquer.

— Et toi, tu avais le droit de m'abandonner comme tu l'as fais peut être ? » s'emporta-t-elle à son tour en essayant de se défaire de son emprise, en vain.

Ces mots semblèrent faire l'effet d'une bombe chez Colin, puisque son visage se décomposa immédiatement et il desserra son emprise.

« — Je suis désolé, je...

— Encore et toujours des excuses, Colin !

— Je sais, mais écoute moi bordel ! cria-t-il, la faisant se taire malgré ses gros yeux. Dès le moment où je t'ai vu te faire battre, dit-il en avalant sa salive, je m'en suis voulu. Tout est de ma faute, tu le sais très bien. » il marqua une pause, se demandant si elle allait rétorquer, mais voyant que ce ne fut pas le cas, il continua la voix tremblante, ce qui n'échappa pas à Jennifer. « Je m'en veux tellement depuis ce jour, que dès que je t'ai vu sur ce lit d'hôpital, j'ai tout de suite pris ma décision. Je ne pouvais pas rester près de toi, c'était impossible. Chaque fois que je te regarderai, je penserai à ça. Cette image de toi à terre, en sang, à cause de moi... »

Jennifer remarqua sa lèvre inférieure qui tremblait, et s'insulta intérieurement pour son cœur qui se serrait.

« — Plus j'étais loin de toi, mieux tu te porterai ; voilà ce que j'avais en tête, ce qui m'a poussé à faire ça, à partir. Bordel Jen, je suis tellement désolé si tu savais... Mais je te supplie de me croire quand je te dis que pas une seule seconde je n'ai cessé de penser à toi et que je t'aime toujours, plus que tout au monde. » rajouta-t-il en baissant la voix et en plantant son regard dans le sien.

Un silence pesant s'installa alors, où seul le bruit de la pluie tombante sur le sol et sur leur corps en ébullition résonnait. Jennifer le regardait avec de gros yeux, mais son expression la trahissait ; toute sa rage s'était soudainement envolée, disparue – mais qui ne mit pas longtemps à revenir. Elle voulait le croire, vraiment, mais quelque chose en elle l'en empêchait.

Non, c'était trop facile, elle ne pouvait pas le laisser s'en tirer comme ça.

Non, c'était trop facile !

Soudain, elle fit un geste brusque inattendu et réussit à se défaire de l'emprise du brun, qui se rattrapa de justesse en plaquant ses mains de chaque côté de sa tête contre le mur, la coinçant à nouveau. Alors, elle explosa, elle explosa et dit tout ce qu'elle se retenait de dire depuis une semaine. Colin savait qu'elle exploserait, alors il ne l'interrompit pas une seule fois, la laissant se défouler autant verbalement que physiquement puisqu'elle le frappait au niveau du torse.

« — Tu sais quoi Colin ? J'ai tout entendu, à l'hôpital ! Tout ce que tu m'as dis alors que j'étais encore à moitié dans le coma. Et tu sais quoi ? Bah t'avais raison, ouais t'avais raison, t'es qu'un lâche, un putain de lâche ! Combien de fois je t'ai imaginé revenir et t'excuser, me prendre dans tes bras et me rassurer ? Tu m'as abandonné au pire moment, Colin. J'avais besoin que d'une seule chose à ce moment ; toi. J'avais besoin que tu me rassures, que tu m'aides à avancer, à aller mieux. Mais t'es jamais revenu. Arrête de dire que c'est ta faute, c'est trop facile, cette excuse. Personne ne pouvait le prévoir ! Et même si je n'étais pas venue à la convention, il aurait trouver le moyen de me faire ça, et cette fois ci j'aurai été seule, avec personne pour l'en empêcher. En une semaine, t'as pas quitté mes pensées une seule fois, Colin. J'ai voulu te haïr du plus profond de mon âme ne serais-ce que pour penser à autre chose le temps d'une minute, mais j'ai pas pu. J''ai pas réussi. Combien de fois je t'ai trouvé des excuses et des prétextes auprès des autres pour ce que tu m'as fais ? » elle marqua une pause pour reprendre son souffle et soupirer. « Mais j'ai finalement abandonné, je me suis dis que t'en valais pas la peine. Je voulais plus entendre parler de toi, parce qu'à chaque fois, je me souvenais de ce que j'avais ressenti quand j'ai entendu la porte de ma chambre d'hôpital se fermer après m'avoir balancé que « c'était une erreur » et que tu me quittais simplement et purement. Et le pire... »

Elle s'arrêta là un moment, les larmes se joignant enfin aux gouttes de pluie, cessant au passage de le frapper, collant ses mains à plat sur son torse.

« — Putain, le pire, c'est que je t'aime encore après tout ça ! »

Aussitôt sa phrase terminée, Colin décolla ses mains du mur et prit sa tête entre ses mains, se baissant légèrement afin de pouvoir plaquer ses lèvres sur les siennes, dans un baiser à la fois brusque et doux, plein de sens et de sentiments mêlés.

Dans ce baiser, il mit toute la rage qu'il éprouvait contre lui-même pour l'avoir délaissé et tout le soulagement de la retrouver, elle et le goût sucré de ses lèvres.

Dans ce baiser, elle mit toute la colère qu'elle éprouvait contre elle-même pour se laisser avoir encore une fois et toute la joie qu'elle ressentait finalement en le retrouvant enfin.

Elle avait laissé ses mains contre son torse tandis que lui gardait ses mains de part et d'autre de son visage.

A bout de souffle, ils se reculèrent pour revenir aussitôt à l'attaque quelques secondes plus tard. C'était comme si ce baiser était leur premier et leur dernier, qu'ils découvraient toutes les sensations qu'il procurait et qu'ils ne pourraient plus jamais en faire un comme celui ci.

Colin se risqua à presser doucement sa langue contre les lèvres de Jennifer, demandant ainsi l'accès. C'est avec étonnement qu'elle lui fit ce luxe après quelques secondes d'hésitation, entamant alors un ballet endiablé. Après quelques minutes à se retrouver, ils s'arrêtèrent, véritablement à bout de souffle. Ils collèrent leur front, les yeux fermés, et restèrent ainsi quelques instants, savourant ce délicieux moment sous la pluie.

« — Jen, je suis vraiment désolé, pour tout. Tu sais...

— Tais-toi. Ne gâche pas tout. » souffla-t-elle simplement en tentant d'oublier la douleur au niveau de ses poignets.

Elle le sentit sourire, puis elle se recula afin de planter son regard dans le sien. Elle fut étonnée de voir que ses iris avaient reprit leur bleu océan, et de découvrir cette fois ci véritablement des étoiles dans ses yeux grâce à la lumière du lampadaire.


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Chapitre encore plus court, je sais, je suis désolée, mais c'est normal.

Bref, voilà la partie deux du chapitre 24 ! Le chapitre 25 est en cours.

• Colin est sincère ?

• Vous pensez quoi de son comportement ?

• D'après vous, comment va se passer la suite de leur relation ?

Celui/celle qui trouve la référence CaptainSwan dans la série, je lui tire sérieusement mon chapeau (indice ; c'est lorsqu'ils sont tout les deux en Ténébreux)

Da bisous !

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