Chapitre 9
Après cette expérience bizarre que j'avais vécu et ma discussion avec Eliott Payne, j'avais passé une très mauvaise nuit. En effet, oscillant entre un sommeil léger et des réflexions tournant autour de ce que je suis, je n'avais pu me reposer réellement.
Et, bien qu'arrivait huit heures du matin, je me sentais fatigué, mais aussi différent. Je n'avais jamais cru en l'amour et pourtant, je devais avouer qu'après ce que j'avais vu hier, c'est une chose magnifique. Une chose que je n'aurais jamais la chance de connaître.
Cet événement m'a également permis de comprendre quelque chose : si ma mère avait un jour réellement aimé mon père et moi-même, elle ne serait jamais partie. Parce qu'en général, quand on aime quelqu'un, on fait tout pour rester à ses côtés, on n'essaie pas de le fuir.
Lorsque Caesar fut tué par le père d'Armand, ce dernier l'a également été, par sa tristesse. L'unique raison pour laquelle il n'a pas attenté à sa vie c'est parce que sa fille avait besoin de lui. Ma mère est partie alors que j'avais besoin d'elle, alors que mon père l'aimait.
C'est aussi simple que ça.
Je n'avais pas le droit d'en vouloir à l'amour. En revanche, je pouvais être en colère contre la femme qui m'a mise au monde. Et, bien que j'aimerais la revoir pour lui demander les véritables raisons de sa lâcheté, je sais qu'une fois devant elle, j'en serais incapable. Tout ça parce que je ressens beaucoup trop de rancœur pour pouvoir m'adresser directement à elle.
« Tu aurais pu descendre, je croyais que tu dormais encore ! dit Louis que je n'avais pas entendu entrer dans la chambre. »
Surpris, je sursautais, avant de sourire à mon meilleur ami.
« Désolé, j'avais besoin de réfléchir à tout ça... »
Louis soupira. Je savais qu'il comprenait.
« Comment te sens-tu ? Et ne me mens pas. »
Le sérieux de son visage ne me donnait absolument pas l'envie de lui mentir. Louis avait cette faculté de détendre l'atmosphère tout en étant totalement posé et à l'écoute quand il le fallait. Il était souvent pris pour un clown, à tort. Certes, il aimait amuser la galerie, mais il était une oreille incroyable lorsque ses proches avaient besoin de conseils. C'était également une des facettes de sa personnalité qui faisait que je l'aimais.
« Oui, ne t'inquiète pas, je suis juste un peu encore dans les vapes. Mais ça va passer. lui expliquais-je en souriant.
- Je pense que tu devrais sortir prendre l'air, ça te ferait du bien. me conseilla-t-il en me tendant les habits propres qu'il tenait dans ses bras depuis qu'il était entré dans la pièce.
- Oui, tu as probablement raison. soufflais-je en me levant. »
J'attrapai donc le sous-vêtement propre ainsi que le jean et le t-shirt qu'il me tendait et me dirigeais vers la salle de bain. Je m'enfermais dans la pièce, ouvris le robinet d'eau de la douche et le réglai de façon que cette dernière soit la plus chaude possible.
Une fois totalement détendu par la chaleur de l'eau et après m'être savonné et rincé, je sortais de ce cocon de bien-être pour revenir brutalement à la réalité.
Une fois séché et habillé, je passais rapidement un coup de peigne dans mes cheveux mouillés et sortais de la salle de bain.
Alors que j'allais m'engager dans le couloir Louis, qui visiblement m'avait attendu derrière la porte, me retint par le bras.
« Je dois te dire... Liam a essayé de te joindre une dizaine de fois, je pense qu'il faut vraiment que vous parliez.
- Je sais Lou', je sais. Je n'ai juste pas le courage de le faire maintenant. avouais-je.
- Tu lui en veux toujours ? »
Je pris un moment pour répondre, quelque peu surpris par la question : pourquoi cela intéressait tant mon ami ?
« Non. répondis-je finalement. »
Et c'était vrai. Les paroles -pourtant blessantes- qu'il m'avait adressées la veille étaient oubliées.
Louis me sourit doucement et se poussa pour que je puisse passer. J'en profitais donc pour descendre au rez-de-chaussée. Je me rendais ensuite dans la cuisine, où Niall prenait son petit-déjeuner. Lorsqu'il me vit, il lâcha le beignet qu'il était en train de manger, et vint me prendre dans ses bras.
« Ça va ? me demanda-t-il enfin lorsqu'il se recula.
- Oui Niall, ne t'inquiète pas. »
Satisfait de ma réponse, il retourna s'asseoir et repris le beignet qu'il s'empressa de terminer. Sa réaction me fit rigoler : Niall n'était jamais trop envahissant et je l'aimais beaucoup pour ça. Si on avait envie de parler, il était là pour écouter et pour nous conseiller. Si au contraire on avait besoin de garder le silence, il comprenait et n'insistait pas.
« Tu veux quelque chose ? me questionna-t-il la bouche pleine et couverte de confiture.
- Je vais juste boire une boisson quelconque, je te remercie. lui répondis-je simplement ».
Il acquiesça, et me tendit un verre de jus de pomme, que je soupçonnais être le sien. Après l'avoir remercié, j'allais m'asseoir près du blond, autour de la table et bu tranquillement le jus de fruit. Le silence régnait dans la pièce. Un silence qui me mettait mal à l'aise : il me poussait à réfléchir encore et toujours à ma situation actuelle et ça me donnait mal à la tête. Parce que je n'en voyais pas l'issue. Alors, constatant que mon camarade n'allait pas engager la conversation et ne sachant pas moi-moi quoi dire, je me levais.
« Bon, je vais faire un tour dans la forêt, ne m'attendez pas pour midi, je pense rentrer dans l'après-midi. dis-je à Niall et Louis, alors que ce dernier venait d'arriver à son tour dans la pièce. »
Les garçons hochèrent simplement la tête et me laissèrent partir. De toute façon, ils n'auraient pas pu me retenir, j'avais besoin de me retrouver dans ma forêt.
Lorsque j'eus passé la porte d'entrée, une brise fraîche parcourut mon corps me faisant frissonner. Le ciel était bleu, et quelques oiseaux chantaient, perchés dans les hauts chênes peuplant les terres de notre clan.
Et soudain, cette sensation m'envahit de nouveau. Celle grâce à laquelle je ne faisais qu'un avec la nature. Grâce à laquelle je me sentais libre... Vivant. La forêt est mon domaine, ma deuxième maison, ma deuxième famille. Je ne sais pas ce que je ferais sans elle. Lorsque que je suis en colère, ou triste, je viens me réfugier entre ses arbres, je m'adosse contre eux, et je leur parle. Cela peut certainement paraître bizarre, certaines personnes pourraient me prendre pour un fou, mais j'en ressens le besoin. J'ai l'impression qu'ils m'écoutent, qu'ils absorbent toutes mes craintes, mes peurs... Et aujourd'hui j'en ai beaucoup.
Je laisse donc tout cela monter dans mon corps, sans les retenir. Quelques secondes plus tard, je me retrouve à quatre pattes sur le sol : ma transformation est achevée.
Je sais que beaucoup de personnes de notre meute m'envies pour cela : où que je sois, je suis capable de prendre ma forme de loup. Seuls les sujets les plus puissant ont normalement cette capacité. Et je ne pense pas être de ceux-là... La preuve, je sais au fond de moi qu'il faudrait que j'aille parler à Liam. Pour sa part, j'imagine qu'il souhaite certainement s'excuser pour l'autre fois même s'il n'a pas à le faire... parce que c'est déjà oublié. Après ce que j'ai vu entre Armand et Caesar, après que je me suis rendu compte à quel point la vie est précieuse, je préfère passer à autre chose plutôt que de m'arrêter sur des choses si futiles...
Mais, lui parler, l'approcher, est-ce vraiment une bonne idée ? Avec tout ça, j'ai réalisé que je représentais un danger. Et l'exposer à une mort certaine si toutefois il est vu en ma compagnie... Non. Il ne mérite pas ça. Je ne veux pas qu'on s'en prenne à lui. Pas à cause de moi. Pourquoi ? Me direz-vous. Je n'en sais absolument rien. Peut-être pour ne pas avoir un mort sur la conscience ? Peut-être parce que je ne mérite pas qu'il me porte son attention ? Non. Tout ça n'est que mensonge. C'est plus fort que ça, même si je ne veux pas l'admettre. Il est différent de tout ce que l'on a pu me raconter sur les vampires quand j'étais plus petit. Il aurait pu me tuer le jour de notre rencontre, mais il m'a laissé partir. Rien que ça fait de lui quelqu'un d'extraordinaire. Par ce geste, c'est comme s'il avait renié une partie de ce qu'il était...
Et puis, je ne sais pas, je n'ai pas l'impression qu'il soit un monstre sanguinaire comme la plupart de ses convives. Certes, il se nourrit de sang -le plus frais possible évidemment- mais je ne pense pas qu'il soit du genre à vider sa victime, ou alors de l'égorger pour accéder à ce liquide rouge si précieux pour eux. Non, définitivement, je n'arrive pas à l'imaginer faire une telle chose.
Bon, arrêtons de divaguer, il faut que je trouve un plan pour éviter Liam. Après tout, n'est-ce pas qui m'a dit que nous ne serions jamais amis ?
Et mon idée marcha. Lorsque j'arrivais à la Fac le lendemain, Liam m'attendait devant les grilles. Alors qu'il s'approchait de moi et commençait à parler, je continuais mon chemin, la tête haute. Je ne pus louper le fait que mon attitude l'avait blessé et quelque part je m'en voulais... Mais si j'agissais de cette manière, c'était uniquement pour sa sécurité.
Les jours suivant se déroulèrent de la même façon : Liam m'attendait à la fin de chacun de mes cours, mais je ne le regardais pas et partais rejoindre Louis, qui me lançait à chaque fois des regards noirs, mécontent de mon comportement.
Cette comédie dura une semaine. Une semaine pendant laquelle j'évitais Payne le plus possible. Et j'y mettais beaucoup d'énergie : je changeais de place lorsqu'il s'asseyait à mes côtés, je me dépêchais de rentrer chez moi pour pas qu'il me suive...
Une semaine durant laquelle les seuls sentiments visibles sur son visage furent la peine, la souffrance, la haine, le regret...
Tout ceci dura une semaine, mais pas un jour de plus. En effet, alors que je courrais afin de gagner l'amphithéâtre à temps, je me fis attraper par derrière. Sans même avoir le temps de me débattre, deux bras entourant mon torse me soulevèrent plutôt facilement, et la personne me conduisit dans une salle vide où il me plaqua violemment contre un mur. Me tenant fermement à la gorge et après avoir fait attention de bien fermer la porte, l'homme me lâcha, et se retourna pour me faire face. Je reconnu immédiatement la personne me faisant face : ce n'était autre que Liam. Seulement, quelque chose clochait, je le sentais... différent. Et mon intuition se confirma lorsque je plongeais mon regard dans le siens. Ses yeux avaient perdu leur couleur chocolat habituelle. Ils étaient désormais pourpres, tirant presque sur le noir. Et ils me faisaient peur.
« Maintenant, tu vas m'écouter ! cracha-t-il d'une voix basse et menaçante. »
Liam me faisait peur.
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