Chapitre 8
J'essayais tant bien que mal d'ouvrir les yeux sans toutefois y parvenir. Je me trouvais dans une sorte de vide, flottant au-dessus de mon corps comme la représentation qui était parfois faite de l'âme d'un mort. La seule chose qui me faisait penser qu'effectivement j'étais toujours vivant, était que j'arrivais à entendre tout ce qu'il se passais autour de moi. Et c'est ce qui me permis d'écouter une conversation pour le moins déroutante...
« Que s'est-il passé ? demanda une voix douce, agréable.
- Je n'en sais rien... Nous parlions, enfin, il me parlait, et puis... je ne sais pas, il avait l'air ailleurs et il s'est évanoui. répondit une autre voix, plus grave que la première, avec un petit brin d'accent.
- Parlait-il de Liam ?
- Oui... Pourquoi ?
- Comme je l'ai dit, j'ai appelé Damian, enfin, M. Malik, et Liam était encore là-bas, il attendait Zayn apparemment. Nous avons parlé quelques minutes, puis il y a eu un bruit sourd. M. Malik est donc allé voir ce que c'était, et figure toi que Payne s'est évanoui exactement au même moment que notre Zayn... »
Je n'écoutais déjà plus. Alors comme ça, il serait arrivé la même chose à Liam ? Mais pourquoi ? Serait-ce encore à cause de cette histoire de... réincarnation ?
Je fus coupé de mes pensées par l'arrivé d'une espèce de tourbillon de vent qui s'approchait dangereusement de moi. Je fis tout pour ouvrir les yeux, me réveiller, mais il était trop tard : la poussière déplacée par le vent m'entourait déjà et je fus emporté.
La première chose que je remarquais quand il sembla reprendre conscience était que je pouvais enfin me servir de mes yeux. J'en profitais donc pour observer l'environnement qui m'entourait. Il y avait de grands arbres au tronc d'un diamètre impressionnant, couverts de mousse verdoyante. Les racines de ces arbres sortaient parfois de terre, créant du relief sur le sol. Reliefs que je connaissais parfaitement pour les arpenter depuis ma tendre enfance. Parce que oui, il s'agissait de ma forêt. Je reconnaissais également les odeurs, tout autour de moi, même si, je le sentais au plus profond de moi, le paysage avait quelque chose de différent.
Soudain, un homme arrive en courant à toute vitesse sur ma droite. Me trouvant sur son chemin, j'attends le moment où il dévie sa course afin de ne pas me rentrer dedans, mais ça n'arrive pas. Effectivement, l'homme ne semblait pas me voir et je fus donc contraint de sauter en arrière afin qu'il ne me percute pas. Et avant même que je ne puisse réfléchir à quoi que ce soit, mes jambes se mirent à marcher sans que je ne les commande. Tous mes gestes semblaient être contrôlés par une force invisible et, clairement, ça me foutait les jetons. Je fus donc obligé de suivre l'homme, me déplaçant à la même allure. Ayant entre-aperçu son visage, je pouvais dire de lui qu'il ne devait pas avoir plus de trente ans. Il était plutôt grand, élancé et mate de peau... De dos, il me ressemblait beaucoup.
De fatigue, l'inconnu fut contraint de ralentir le rythme de sa course afin de retrouver son souffle. Et c'est là que la vérité me percuta : cet homme, c'était moi ! Ou du moins c'est ce que je croyais avant de remarquer quelques différences : quelques centimètres de plus pour moi au niveau de la taille, et j'avais un visage un peu plus anguleux, mais... C'était troublant. Je ne comprenais pas vraiment de quoi il était question mais j'étais extrêmement troublé et, tout ce que je souhaitais était que ce cauchemar s'arrête vite.
Je fus brutalement sorti de mes pensées lorsque l'homme qui poursuivait mon double lui sauta dessus. Encore un homme assez grand. Ses cheveux étaient roux et comportaient quelques reflets blonds. Lorsque qu'il tourna légèrement la tête, je pu apercevoir une longue balafre traversant sa joue, d'où s'échappait un filet de sang.
À la vue de l'arme qu'il tenait dans sa main droite -un pistolet qui, d'après ce que m'avait instruit mon père, comportait des balles en argent- je compris qu'il était un chasseur. Autrement dit, mon clone était dans une situation plutôt délicate. Ne voulant pas qu'il lui arrive quoi que ce soit, j'essayais de faire du bruit, de marcher sur une branche morte, de pousser l'individu... Mais tout ce que je parvins à faire fut de m'étaler au sol, passant presque à travers les corps des deux inconnus.
Bientôt, le chasseur arriva à immobiliser mon double. Semblant content de sa prise, il le fit se relever brutalement en lui tordant un bras et le poussa violemment dans le dos dans une direction les menant vers une petite cabane de bois quelques mètres plus loin. Étant invisible à leurs yeux de décidais de les suivre.
Lorsque l'exterminateur arriva devant l'imposante porte de la cabane, son ricanement et ses insultes se stoppèrent, laissant place à un soupir. Celle-ci fermait à l'aide de plusieurs verrous, ainsi que des cadenas et des cales en bois disposées verticalement sur toute sa hauteur. Tenant toujours mon double affaibli, par un bras, le chasseur le tourna alors face à lui et lui asséna un violent coup dans la mâchoire. Assommé, l'homme tomba au sol et permis donc à l'autre de s'occuper de la fameuse porte.
Après avoir tout déverrouillé, non sans mal, il y poussa tant bien que mal le métis, qui était encore allongé au sol. Encore une fois poussé par une force invisible, j'y pénétrais également, malgré moi.
À l'intérieur, aucune lumière ne perçait, tout était sombre. Il y avait bien une petite fenêtre mais, en plus d'être totalement inaccessible pour un humain de taille moyenne, un arbre, ayant grandi trop près de la cabane, l'obstruait totalement. A part la porte, il n'y avait donc aucun autre moyen de sortir. De plus, le bois constituant les murs et le sol était particulièrement dur sous mes pieds, et je sentais qu'il renfermait une substance qui était capable de m'ôter la plupart de mes capacités.
Comprenant donc que j'étais bloqué à mon tour dans cet endroit, je laissais mon regard glisser sur l'homme que je suivais depuis quelques temps déjà. Éreinté, il arpentait la cabane de long en large, tel un lion en cage. Lui aussi essayait de trouver une issue mais, à cause de son état et de ses sens affaiblis, ses recherches en étaient compliquées.
Lorsqu'il arriva dans un angle de la pièce qu'il n'avait pas encore inspecté, il grogna, et essaya de se transformer. Malheureusement, seules quelques touffes de poil blanc comme neige apparu sur son corps. Ce maudit endroit l'empêchait de changer complétement. A mon tour, je ne pus retenir un grognement. Je savais à quel point cela pouvait être rageant.
« Oh, ça va, calme-toi ! Ce n'est certainement pas dans mon état que je vais pouvoir te faire du mal ! dit alors une voix remplie de souffrance. »
Intrigué, j'approchais à mon tour, lentement, et découvris un homme que je devinais assez grand, brun aux yeux marrons. Il était un vampire sans aucun doute : il empestait. Et c'est en voyant les nombreuses blessures sur son corps que je compris. J'avais en face de moi Caesar Malik et Armand Payne. Les amants maudits.
Choqué et essayant de comprendre tant bien que mal pourquoi je revivais tout ça, un tourbillon de vent et de poussière apparu devant moi et, tandis que j'essayais tant bien que mal de reprendre ma respiration, il m'aspira de nouveau.
Lorsque je touchais de nouveau le sol, un nouvel environnement m'entourait. Je dus patienter quelques instants avant de pouvoir regarder autour de moi. En effet, mon trouble mêlé à cet insupportable tourbillon me faisait tourner la tête et j'avais l'impression que j'étais sur le point de m'évanouir.
Quand, enfin, je pus inspecter l'environnement qui m'entourait, je remarquais que je me trouvais dans ce que je devinais être une grande bâtisse. Je le devinais à la vue du long et large couloir fait de pierre dans lequel je me trouvais. Sur les murs étaient alignés de magnifiques écussons que je devinais appartenir aux familles de vampires les plus puissants. Oui, des vampires. Assurément. L'ambiance et l'odeur ne mentaient pas.
J'avançais lentement mais, malheureusement pour moi, ce couloir était un cul-de sac. Seule une porte se trouvait à ma droite mais je n'osais m'y aventurer. Mais soudain, celle-ci s'ouvrit, provoquant un petit grincement. Grincement qui semblait m'appeler... Je me laissais donc porter, et je m'approchais doucement.
Lorsque j'entrais enfin dans la pièce, une vue des plus romantiques s'offrit à moi : le lit, occupant la plus grande partie de cette chambre, était occupé par deux hommes endormies, l'un dans les bras de l'autre. Et, bien que je fusse tout d'abord gêné de trouver là, l'amour que ces deux êtres partageaient et que je pouvais ressentir d'où je me trouvais, était totalement envoûtant. En me rapprochant un peu, je pus enfin apercevoir les traits de leurs visages : ces deux hommes étaient mon arrière-grand-père et Armand.
Mais avant que je ne puisse digérer l'information, une voix me sortit de ma bulle de niaiserie. Quelqu'un aller pénétrer d'un instant à l'autre ici, et les deux amants dormaient toujours ! Oh non, il fallait absolument qu'ils se réveillent !
« Réveillez-vous ! S'il vous plaît, quelqu'un arrive ! criais-je. »
Mais ils ne réagissaient pas. Alors je courais dans leur direction et essayait tant bien de mal de les secouait mais ma main traversait mon corps sans toutefois les toucher.
« Armand, je suis conscient du fait que tu n'as rien à faire mais- »
C'était trop tard, l'homme était déjà posté à côté du lit. C'est ce moment que choisit Armand pour ouvrir les yeux. En voyant l'homme, il paniqua, et resserra son emprise sur le loup-garou dans ses bras, ce qui réveilla ce dernier à son tour.
« Père, s'il te plaît, ne lui fait pas de mal ! Fais-moi tout ce que tu veux, mais ne le touche pas ! »
Seulement, l'homme n'écoutait pas. Une fureur noire se lisait sur son visage et, alors que son fils essayait de se lever afin de protéger son amant, il s'était déjà emparé du poignard de son fils, que celui-ci avait posé sur la seule table de la chambre. Voyant cela, le jeune vampire se rua sur son père, essayant tant bien que mal de lui faire lâcher son arme, sans succès. Il arriva seulement à se faire envoyer valdinguer contre le mur. Pendant ce temps, mon arrière-grand-père se tenait pétrifier, sur le lit.
« Je pensais pourtant avoir été clair, je ne voulais plus que tu voies mon fils. Votre espèce n'aurait jamais dû exister ! Avoue que tu n'as jamais aimé Armand, que tout ceci n'était qu'une mascarade, un petit jeu que vous avez mis en place toi et ta meute, avoue-le ! hurla alors l'homme en se retournant vers le loup-garou, dont les yeux humides me firent comprendre qu'il savait pertinemment ce qui allait se passer.
- Je ne l'avouerais jamais parce que c'est faux. Je n'ai jamais autant aimé une personne de ma vie. Malgré tout ce que l'on a pu vous dire sur moi, et ce que vous croyez, j'aime Armand. »
Cette réponse, pourtant magnifique et emplit d'amour ne plût pas au maître des lieux, qui se précipita vers le lycanthrope, levant le poignard dans sa direction. Le jeune vampire se releva au plus vite, mais il était déjà trop tard : son père venait de planter l'arme en argent directement dans le cœur du loup. Et pour être sûr que Caesar ne revienne pas à la vie, l'assassin découpa sa cage thoracique, s'empara de son organe vital qui battait toujours, et le brûla à l'aide de l'une des dernières torches qui n'avait pas été éteinte.
Armand tomba au sol, et hurla. Et alors que je pouvais lire toute sa douleur et sa haine dans ses yeux, le tourbillon m'entoura de nouveau.
Je regagnais enfin mon corps.
Ce fut la chaleur du soleil sur mon visage que je sentis en premier lorsque je repris conscience. J'ouvris lentement un œil, puis l'autre, essayant de m'habituer à la forte lumière pénétrant dans la pièce. Pour y avoir passé des heures et des heures, je savais que je me trouvais dans la chambre de Louis.
Je m'assis tant bien que mal sur le lit, essayant dans un premier temps de me remettre de cet événement mais, à chaque que je pensais à ce qu'il m'était arrivé, je revoyais Caesar se faire tuer et j'entendais le cri déchirant de Armand... Alors je me mis debout, non sans que ma tête ne tourne quelque peu. Une fois le vertige passé, je quittais la pièce et descendis péniblement les escaliers.
Louis et Niall se trouvaient tous deux assis sur le canapé, semblant attendre quelque chose. Lorsque mon meilleur ami m'entendit, il se tourna en vitesse dans ma direction puis, se leva et vint me prendre dans ses bras. Niall quant à lui, se contenta de me rejoindre tout en souriant.
« Zayn, comment vas-tu ? demanda le châtain.
- On a tellement eu peur, si tu savais ! continua le blond.
- Les garçons, je pense qu'il serait plus judicieux de laisser votre ami respirer. Il tient à peine debout. »
La voix d'Eliott me fit sursauter. Je ne l'avais même pas remarqué, là, dans le coin de la pièce, assis sur une chaise près d'une fenêtre. En revanche, il avait raison : si je tardais à m'assoir, il était certain que j'allais tomber dans les pommes ! Toutes ces images qui s'embrouillaient dans ma tête me donnaient la nausée...
« Aller viens bonhomme. dit M. Payne tout en passant un bras sous mes jambes, l'autre soutenant mon dos. »
Le surnom me fit quelque peu tiquer : j'étais loin d'être un petit garçon... Mais je me sentais tellement mal que la seule réaction que j'eu fut de poser ma tête contre son torse, ce qui, je le sentis, le fit sourire.
Lorsqu'il me déposa sur le lit de mon ami, lorsque je le vis hésiter à quitter la pièce tout en jouant avec ses mains, je compris qu'il avait quelque chose à me dire. J'essayais donc tant bien que mal de me redresser, montrant que je l'écoutai.
« Zayn... Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais Liam c'est également évanoui. Il s'est réveillé il y a peu, et m'a raconté certaines choses qu'il avait... vues. »
Oh... Ce pourrait-il que Liam et moi ayons vécut la même chose ? Cela aurait dû me surprendre, me questionner, mais je me sentais tellement mal que j'avais juste l'impression d'être... vide. Eliott était là, à me regarder, le regard triste dans lequel je pouvais également lire de l'inquiétude...
« Je crois que... j'ai vu également. Je ne sais pas s'il s'agit de la même chose... Mais au fond de moi, quelque chose que dit que si. J'ai vu la souffrance, la haine... Mais aussi et surtout l'amour. Vous savez, nos deux ancêtres pourraient être comparés à Roméo et Juliette : ils sont morts bêtement, en étant pourtant amoureux mais en ne pouvant vivre cet amour au grand jour...
- Mon fils a tenu exactement le même discours. dit alors Eliott en me souriant. Il souhaiterait que vous en parliez tous les deux. Il est chez toi en ce moment. »
Chez moi ? Il y est toujours alors ? Parler ? Mais que pouvait-on bien dire de ce que nous avions vu ? Et surtout, est-ce que j'avais envie d'en parler ?
« Je ne peux pas. Vous savez, j'ai vu les dégâts qu'une alliance entre un vampire et un loup-garou pouvait donner. Je ne veux pas l'approcher, sachant que ça équivaudra peut-être à signer son arrêt de mort, ou le mien. Je veux pouvoir vivre longtemps et heureux. Et je veux la même chose pour lui. Il serait mieux que l'on s'évite lui et moi. »
L'homme parut un moment déçut de ma réponse. Il baissa les yeux et se racla la gorge.
« Bien. Alors tu lui feras toi-même part de ta décision. »
Puis il quitta la pièce.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top