Cela fait cinq ans que la guerre est finie, cinq longues années à être reconnue comme une héroïne de la guerre, passant d'une interview à une autre avec mes meilleurs amis Ron et Harry. Nous n'étions plus des êtres humains, mais seulement des bouts de viandes qui fallait absolument avoir en première de couverture afin de pouvoir vendre son foutu magazine.
Mon couple avec Ron était mis en avant, nous étions devenus l'un des couples célèbres du monde sorcier. Tout le monde jalousait notre histoire, qui avait survécu à la guerre et d'où venait la conclusion que l'amour est plus fort que la guerre. Certes c'est vrai, mais mon amour n'était pas plus fort que l'attitude de Ron qui devenait insupportable. Ron se comportait comme un connard, trop ivre de célébrité ainsi que tous les yeux braqués sur lui. Je n'étais pas comme lui, donc un matin je suis partie.
Je suis partie aussi loin que j'ai pu, j'ai voyagé pendant une année entière puis je suis revenue. Les médias n'étaient plus concentrés sur moi, ils étaient passés à autre chose, la guerre semblant loin maintenant. Et c'était une bonne chose.
Mais les événements ne se sont pas passées comme je l'aurais pensé. Je pensais prendre un poste à Poudlard et rencontrer peut être un homme gentil, sain et loin de la célébrité. Or la vie en a voulu autrement.

En prenant le poste de professeure de Métamorphose, je ne pensais pas une seule seconde que je serais confrontée au passé. En effet, je n'étais pas la seule ancienne élève à être devenue professeure, Neville était devenue professeur de Botanique, mais cela me semblait logique.
Mais quand j'ai appris que le professeur de potion n'était nul autre que Malefoy, ça a été un réel choc. Je ne comprenais pas, il a participé à la monté en puissance du Mage Noir, il a prouvé qu'il était du mauvais côté, portant la marque des Mangemorts. Il s'est repenti d'après les magazine, mais je ne comprenais pas comment on pouvait accepter un tel monstre dans l'enceinte de Poudlard.
Les débuts ont été très difficiles. Je faisais tous les efforts du monde pour ne pas le croiser, pour m'assoir à l'autre extrémité de la table lors des repas et je ne lui adressais jamais la parole.

Cependant ça n'a pas duré longtemps. Les autres professeurs étaient convaincus qu'il avait changé, qu'il était devenu quelqu'un de bien ainsi qu'un incroyable professeur mais je n'y croyais pas. Et c'est là qu'il s'est confronté à moi. Il s'est imposé, m'obligeant à le regarder et donc d'écouter ce qu'il voulait me dire. Il m'a dit que je me comportais comme une enfant, que je vivais encore dans le passé et que je ne me montrais pas compréhensible. Puis à un moment il m'a dit la plus grosse insulte que je ne pouvais supporter, il m'a dit que la célébrité m'était montée à la tête.
J'ai fait un lien direct avec Ron, son comportement imbuvable se pensant au dessus des autres. Alors j'ai commencé à me remettre en question.

Tout d'abord j'ai arrêté de le fuir, j'ai commencé à l'observer, à examiner son comportement et sa façon de regarder les autres. J'ai vu alors qu'il n'était plus autant hautain qu'à l'époque où nous étions de simples élèves, il se montrait drôle et amical. Puis j'ai commencé à lui parler, échangeant tout d'abord quelques banalités avec lui, ensuite ces banalités devenant de réelles conversations pour finir par être de bons moments.
Mais l'image du petit arrogant restait dans ma tête et elle ne me quittait pas. Alors un soir, alors que nous étions tous les deux dans la salle des professeurs, je lui ai balancé ce que je pensais de lui pendant notre scolarité. Pour ma plus grande surprise il ne s'en est pas offensé et il a avoué détester le cretin qu'il était. C'est la que j'ai compris qu'il s'était bel et bien repenti, qu'il était un homme nouveau. Et là encore j'ai réalisé une nouvelle chose, l'homme gentil et aimant que je souhaitais rencontrer devait sans doute être juste en face de moi.
Et c'est ainsi que mon regard a changé une nouvelle fois, je ne le regardais plus pour le comprendre, pour voir s'il avait vraiment changé. Non, je le regardais par plaisir, car j'aimais son sourire, son regard gris se poser sur moi avec bienveillance. J'étais amoureuse c'est sûr et j'ai compris après un long baiser partagé après une soirée alcoolisé, que le Mangemort que je haïssais tant, m'aimait a en crever.

AudreyPh18