Chapitre 14 Le secret bien gardé
Après une intense réflexion au chevet de Skygroot, toujours inconscient, Elias revient vers le directeur, qui est resté dans le couloir avec d'autres membres de son administration. A sa sortie de la salle terne de rétablissement, tout le monde arrête sa discussion et tourne son regard vers lui.
-J'ai un point noir sur le visage ? Demande nonchalamment Elias.
-Vous pouvez disposer... appelez-moi les professeurs Sylias, Ginkez et McBeth. Et préparez une chambre de test renforcé.
Tout le personnel se disperse, ne laissant plus que le directeur qui passe soudainement d'un air sévère à un visage enjoué.
-Tant que ça pour moi ? interrompt Elias.
-Oh ho ! En effet Monsieur Mendel, je ne propose que le meilleur et le plus adapté à mes futurs employés !
-Je ne suis pas encore un fonctionnaire à vos services monsieur Tindeus.
-J'en ai la tâche de vous convaincre.
Alors que les deux mages diamétralement opposés avancent tranquillement vers un téléporteur, une petite équipe de soin passe à contre sens et se dirige vers la chambre de Skygroot.
-Vous me jurez que vous n'avez rien testé sur lui ?
-Nous ne sommes pas des barbares voyons ! Nous restons une fière et honnête académie. De toute façon, votre père n'avait rien à cacher vu dans l'état où vous nous l'avez apporté.
-Mh...
-Dîtes moi, vous semblez inquiet à l'idée qu'il soit entre de mauvaises mains. A-t-il eu de mauvaises expériences ?
-Non, il m'a simplement raconté que le meilleur des hôtes peut devenir le pire cauchemar chronique de toute ton existence dans le monde magique. Donc je m'attends à tout.
-Votre père... est très prudent. J'ai d'ailleurs quelques papiers que nous avons trouvé sur lui.
Elias fait volte-face et retiens son envie d'agripper les vêtements du proviseur. Il serre difficilement ses mains qui tremblent, crispées à l'idée d'empoigner le costume du directeur. Ce dernier le regarde avec un sourire réjoui, il vient d'avoir un argument de poids à lui offrir pour rester.
-Vous savez... monsieur Mendel, votre père est très fortement diminué. Nous avons des cas similaires qui ont perdu toutes magies. Et pourtant d'après nos renseignements, ils étaient de grands mages autrefois... ou plutôt devrais-je dire... dans le futur.
-Vous avez donc accès à un objet vous donnant des détails sur les évènements futurs ? une sorte... d'oracle ?
-Oh, non, ce sont simplement des archives. Tout bêtement, l'intégralité des dossiers des élèves répertoriés y sont dedans. Pour vous ce sont simplement des événements du passés, pour nous c'est le futur qui y est soigneusement consigné.
-Donc mon père serait venu ici autrefois ?
-Oh, surement. En tout cas nous avons bien un nom qui correspond sur nos listes. Après nous pouvons totalement nous tromper... les informations restent à vérifier.
-Que voulez-vous ?
-Donnez votre savoir à l'académie le temps que la situation se stabilise où se restaure. En échange nous garantissons un apprentissage spécial à votre père pour qu'il redevienne le mage qu'il a été auparavant.
-Ridicule ! Pourquoi j'accepterais ? Je peux simplement partir.
-Sans guide ? Tous les univers sont en anarchie totale. Nos contacts magiques sont tous sans exception débordé par la situation. Personne ne pourra vous accueillir et vous protéger. Comme vous l'a dit votre père, les magiciens sont des personnes très dangereuses si elles sont inconnues ou seules. Et votre puissance, même très grande est très convoité en ce moment. Pour des causes nobles comme désastreuses.
-... Et ?
-Vous avez simplement à attendre ici et nous aider à fortifier cet endroit avec votre pouvoir. De toute façon, tant que nous n'avons pas trouvé de remède à ce sort ignoble, plus rien n'aura de sens pour vous, ni votre voyage au siège de la GIU ni même votre retour à l'endroit de votre famille... si tant est qu'elle a survécu.
-N'INSINUEZ PAS QUE...
-Vous n'êtes pas faible ! Il est également possible que votre famille soit immunisée ou ait résisté comme votre père l'a fait pour vous... Apaise Archibald Tindeus. C'est pour cela que je quémande votre aide, ou du moins, votre soutient. Aidez-nous simplement à fortifier et stabiliser notre situation et nous nous occupons de votre sécurité.
-Qu'ai-je à y gagner ?
-Oh, le retour de votre père le plus tôt possible, la meilleure éducation qu'il puisse rêver, une équipe chirurgicale prête à vous réanimer même s'il ne restait qu'un bout de chair de votre corp et la sureté d'avoir un toit sur la tête de cet enfant devenu complètement amnésique.
-C'est faux, il retrouvera la mémoire !
-Laissez-moi vous montrer quelque chose.
Archibald Tindeus fit le tour de plusieurs classes avec des professeurs, tous sont très jeunes aucune vielle personne n'existe dans cette académie. A chaque personne ou classe qu'il fait rencontrer, il explique le futur des personnes déjà répertorié. Tous n'ont aucun souvenir de ce qu'ils ont été ni aucune maitrise de la magie qu'ils avaient acquise auparavant.
Le même témoignage se répète pour les professeurs et les autres mages supérieurs qui se rappellent avoir eu des camarades qu'ils côtoyaient tous les jours, qui ont soudainement disparu sans aucune raison de leur quotidien, les laissant dans l'académie sans repère ni classe. Les souvenirs de toutes ces personnes se sont arrêté le jour de la régression temporelle.
Le proviseur revient vers Elias de plus en plus perplexe face à cette situation.
-Voyez-vous, monsieur Mendel, si votre père Skygroot se réveille, là, maintenant. Quel âge mental aura-t-il d'après vous ? Quel sera sa première demande à son réveil ? Vous pensez qu'apprendre à un enfant qu'il est un mage surpuissant et que sa famille n'existe plus, serait une bonne solution ?
-... Je n'aime pas votre ton.
-Pourtant il se pourrait que nous ayons réfléchis un peu plus loin que vous à ce sujet. Laissez-vous du temps. Vous venez de traverser un choc et nous sommes là pour vous épauler. Nous sommes une académie de magie après tout.
-... Où même les infirmiers sont des mercenaires armés.
-En ces temps-là, rien n'est moins sûr, je dois vous avouer qu'après quelques raids d'anarchistes trainant dans la cité... s'armer en cas de conflit est devenu... une nécessité, si vous voyez ce que je veux dire. Mais je peux vous assurer que vous êtes en sécurité. Nous ne sommes pas obligés de nous entre tuer constamment. Trouvons une solution pacifique à un problème d'ordre multiversel. Voilà notre objectif principal.
-Et comment comptez-vous vous y prendre ?
-Oh ho ! C'est très simple Monsieur Mendel...
Après de longues explications à trainer dans les couloirs probablement infinis de cette académie, franchissant des dizaines de téléporteurs comme s'ils passent des portes. Archibald Tindeus explique royalement son plan d'action à Elias Mendel. Ce dernier écoute silencieusement, bien moins sur la défensive qu'avant. Plus les propos s'enchaines et plus le grand magicien hoche la tête et se projette vers ce futur hypothétique. Posant des questions et suggérant des hypothèses sur la tournure des événements, le proviseur accompagne doucement le mage convaincu vers un dernier téléporteur en vue des tests d'admission.
-Tout cela scelle donc notre accord ? demande Elias.
-Je n'ai pas l'habitude de signer des contrats oraux, nous verrons cela dans mon bureau après vos tests, je vous prie. Votre relation avec votre père sera bien entendue secrète, selon notre arrangement. Pour l'instant concentrez-vous sur la suite.
La salle est vaste, vide et grande, peu de choses sont actives au milieu de ce terrain en forme de gigantesque boite grise. La lumière étrange, émise par des néons invisibles contraste les formes difficilement discernables à cause de leur couleur unie avec le fond de la salle. Trois professeurs arrangent des mannequins grisâtres, fusionné au sol de cette boite et ne voient pas arriver le proviseur.
-Mais pourquoi tu leurs met ces paramètres ? Ça va fausser les tests ! questionne Léo McBeth.
-C'est bon, c'est censé être un professeur, il doit bien savoir encaisser ça non ? Et puis on n'est pas là pour y passer des heures non plus. Rassure Sylias.
-Je suis du même avis... raille le professeur Ginkez. De toute façon, d'après les rumeurs il serait...
Elias, coupe la conversation des trois professeurs en détruisant de l'intérieur les quatre cibles avec des sphères de feu sans projection. Le crépitement inquiétant consumant les mannequins sans prévenir interpelle les professeurs sur place qui se détachent des pantins. Des sphères d'une chaleur extrême grossissent doucement hors du corps d'alliage dont ils sont composés. La rougeur du métal les fait instantanément reculer et admirer ce spectacle aussi terrifiant qu'impressionnant. Les boules de feu déchirent les cibles d'un seul mouvement de la main. Leurs abdomens ne cessent de gonfler, provoquant un majestueux ballon de flammes dangereuses constitué à moitié de lave.
Dans cette éruption soudaine et brutale nait un crystal en apparence rouge qui se dévoile avec la dissipation lente de ce feu liquide extrêmement chaud. La fumée dégagée par cette sublimation continue, cache le mage prodigieux dont les nombreux cercles magiques concentrés tournent avec précision et rapidité dans cette vapeur. La complexité des tracés s'agence géométriquement dans l'espace tandis que certains traits de la formule se dissipent pour laisser place à d'autres.
Comme une magnifique partition musicale, Elias arrange les tracés en ligne puis en cercle pour modifier la nature de son sort. Les croisements énigmatiques se développent au sein de ses créations flottantes qui virent d'un rouge iridescent à un bleu glacial.
Un magnifique cristal cyan trône au milieu de cet apocalypse de vapeur d'eau. Pour clore le spectacle, Elias ferme brusquement sa main et monte son poignet fermement devant lui. Les tracés magiques s'estompent, la glace se fige et la vapeur se condense en une longue pluie de flocon cristallisés à la perfection.
Le proviseur casse le silence de cette prestation majestueuse en applaudissant généreusement. Les trois professeurs abasourdis restent sans voix face aux flocons qui tombent comme de la neige naturelle dans cette salle fermée.
-Comment avez-vous appris cela ? c'était sublime ! s'exclame le proviseur.
-Mon père m'a appris le sens du spectacle. Réponds tranquillement Elias en redressant son manteau soudainement apparu sur ses épaules.
-C... comment ? une... fusion mythique ? Qui... qui êtes-vous ? bégaye Léo McBeth sans voix.
-Surtout, pourquoi nous avez-vous attaqué de la sorte ? je suis profondément choqué. Dit le professeur Ginkez
Elias avance doucement vers les quatre stalactites pour faire face aux professeurs aussi stupéfaits qu'agressifs. Il pose sa main sur la glace fraiche et regarde son reflet parfait dans le givre brillant. Il relance son attention vers les professeurs auquel il n'avait prêté aucune attention auparavant. Il pointe du doigt Léo McBeth et décrit froidement :
-Toi ! tu ne connais rien aux mécaniques des engins de test ici présent et tu n'as pas réussi à programmer une seule de ces machines. Tu as un talent certain pour la pédagogie et tes méthodes d'apprentissage et de test sont parfaites. Je décèle 4 magies bien étudié mais probablement plus à ton actif. Ta maitrise semble être baclé mais tes points forts ne sont pas là.
-MAIS ! de quel droit...
-Toi ! Fait-il en pointant le professeur Ginkez du doigt, tu maitrises les magies complexes et ta magie de la foudre est très puissante, tout le monde a peur de ton potentiel caché mais tu sais simplement activer des runes des très haut niveau et créer des arcanes parfaits du premier coup.
-C'est... correct.
-Et toi enfin... dit Elias dans un soupir, je t'épargne les efforts vains que tu mets actuellement à protéger ton esprit, je l'ai déjà fait avant d'arriver ici. Ta magie mentale est exceptionnelle mais tes tours de mastermind s'arrêtent quand tu tombes sur un mage très puissant.
-Comment ?! Depuis quand ?!
Elias se retourne finalement vers le proviseur en passant son doigt en dessous de son nez pour arrêter un écoulement de narine intempestif.
-Il fait froid ici monsieur le proviseur, ai-je les compétences requises pour vous où dois-je démontrer plus de mon potentiel ?
Léo McBeth tremble un peu face à la prestance et la puissance qu'a démontré l'inarrêtable Elias Mendel. Il essaye de se convaincre que c'est un rêve et se pince la peau pour essayer de se réveiller, en vain.
- (Un monstre ! Il y a un putain de monstre dans l'académie !)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top