9. Une Affaire De Drakion


Résumons. Elle avait failli mourir renversée par une voiture, mais ça, c'était sans compter Fenrir et son « petit jeu », qui lui avait fait revenir d'entre les morts pour commettre non pas un mais deux crimes. Et au moment où elle croyait pouvoir avoir un peu de normalité, voilà qu'elle apprenait qu'elle était une Drake. Une fichue héritière ! Et pas n'importe laquelle celui d'un empire financier colossal. Rien que ça....

Elle gémit pour la forme. À force de réfléchir, elle sentait poindre la migraine du siècle.

- Mais alors, grand-mère, reprit-elle, se souvenant d'un passage du reportage.

- Oui, confirma rapidement sa mère.

Elizabeth III était morte en couche en lui donnant la vie. Winter ne l'avait pas supporté et sombré dans le travail, délaissant sa propre fille, enfin ça, c'était la version officielle, celle du reportage.

Dans son enfance, sa mère était une fêtarde, difficile à croire alors qu'aujourd'hui, il n'y avait jamais eu une seule goutte d'alcool à la maison. Kiyan la taquinait souvent avec ça. Sauf qu'en y repensant bien, il ne l'avait pas fait depuis longtemps. Lui-même ne buvant pas...

Bref, elle avait passé sa jeunesse sans le moindre souci, dans une vie de luxe, de soirées et de vantardises. La petite peste par excellence, que c'était dit sa fille, en regardant le documentaire. Le genre de fille qu'elle exécrait par-dessus tout. Et dire que c'était sa propre mère.

Sans compter qu'elle finit par lâcher un truc si énorme que Blanche en resta coite. Parce que oui, elle avait beaucoup encaissé, mais ça... Ça.

- Ma chérie, les Drakes sont également des dragons. Des vrais dragons, avec des écailles, des crocs... Des humains qui se transforment en colossaux monstres cracheurs de feu. Ton grand-père est même un dragon de glace...

- Hein ?

C'était la seule chose qu'elle avait réussi à prononcer. Son disque dur interne rendait officiellement l'âme.

- Ce monde est peuplé de créatures magiques venant d'une dimension appelée Outremonde se cachant parmi les humains. La magie existe vraiment.

Blanche, la regarda déboussolée... Encore ce fichu Outremonde !

- Attends une seconde... Tu parles de quoi par créatures ?

- Des fées, des elfes, des vampires, des dragons...

- Des orcs ? Demanda la jeune femme malgré elle.

- Oui, aussi.

Heureusement qu'elle était déjà assise par terre, elle ne pouvait pas tomber plus bas.

- Attends, attends, si les Drakes sont des dragons, t'en es une ? Je suis un dragon ?

- Oui, mais je ne me suis jamais transformée, sinon on aurait eu vite fait de me retrouver. Je ne sais même pas à quoi je ressemble sous ma forme drakonique... Les dragons ou drakions mâles peuvent avoir des enfants avec les humaines, mais ceux-ci seront purement humains et au contraire une femelle aura toujours pour bébé, un dragon. Donc, tu es également une drakionne.

Épuisée, elle continua alors son récit de manière aussi décousue. C'était de la bouche de sa cousine, au mariage de celle-ci, qu'elle avait appris que son père était un véritable dragon. La jeune femme qu'elle était à ce moment-là, avait eu accès à toutes les connaissances pour se préparer à sa vie de future épouse parfaite et l'avait répété à sa meilleure amie. Car le fait est, que cela impacterait sa nuit de noce.

- Heureusement que j'étais enceinte de toi à ce moment-là déjà. Sinon, après avoir perdu ma virginité, j'aurais pu avoir les chaleurs drakoniques.

- Pardon ?! Quoi ?

- Les femelles, nées drakions, après leur premier rapport sexuel, ont des chaleurs tous les mois comme les règles, généralement vers la pleine lune. Pendant cette période de quarante à soixante-douze heures, elles sont donc obligées de s'accoupler avec un drakion, sinon elles endurent une immense souffrance. Je l'ai découvert après ta naissance quand j'avais déjà fugué, du coup, j'ai été obligée d'improviser.

- Un inconnu ? Un drakion ? Et si on préfère un humain ?

Son cerveau en ébullition ne lui laissait aucun répit, réfléchissant à toute vitesse.

- C'est pour ça que nos avenirs sont normalement déjà tracés, les femelles ont rarement voix au chapitre. Heureusement pour toi, tu as le temps avant de te soucier de ça.

Blanche se demanda s'il était judicieux de lui rappeler qu'elle était tombée enceinte d'elle à son âge ou bien ?

- Immense, comment la souffrance ?

Elsa jeta alors un regard étrange à sa fille. Enfin encore plus étrange avec ses pupilles.

- Pire que la mort. Comme si on t'écorchait vive. Je ne l'ai pas éprouvée longtemps ceci dit. En période de chaleur, tu émets une sorte d'onde avec des phéromones et tout ce qui s'en suis qui peut s'étendre sur quelques kilomètres, je me suis donc retrouvé avec le premier dragon mâle qui me suit tomber dessus. Il a défoncé notre porte d'appartement et j'ai été alors assez consciente pour te déposer dans ton berceau. J'étais mortifiée de te laisser ne serait-ce qu'une heure. Il s'est même occupé correctement de toi pendant que je récupérais.

Blanche grimaça, imaginant sans peine la scène.

- Et maintenant tu fais comment ?

- Je vais le voir quand j'en ai besoin.

- Depuis seize ans ? Tous les mois ? Lui demanda-t-elle effarer.

Comment s'était-elle rendu compte de rien après toutes ses années ?

- Tout à fait, c'est pourquoi je t'ai mise en pensionnat.

- Je croyais que c'était pour que je puisse être avec Eva !

- Je voyais pas comment te le dire alors, je t'ai laissé le croire.

Mon Dieu ! Ce qu'elle avait été naïve ! Elle, l'une des filles les plus intelligentes de sa génération... Enfin ça, c'était ce qu'elle croyait avant ce soir.

- Donc quoi t'es obligé de... Faire ça avec lui pendant... Plusieurs jours ?! S'écria Blanche, bien trop dégoûtée de parler sexe avec sa mère. Comment tu fais pour ne pas tomber enceinte une nouvelle fois ?

Elle lui lança alors le regard qu'elle méritait. Ce n'était pas comme si elle avait eu le choix.

- Procréer est très dur pour nous les dragons. La plupart des gens de notre race sont stériles. Il y a une naissance une fois tous les dix ans environ. Ton père devait avoir d'excellents gènes, car c'est encore plus dur de tomber enceinte hors périodes de chaleurs, alors du premier coup, t'imagines ? De plus j'ai jamais compris comment c'était possible vu que ce n'était même pas un Drakion... Et non pas d'affilée ! Il suffit d'être comblée. Ce qui n'est pas une mince affaire en soi, je te l'accorde...

Sidérée, Blanche, la regardait complètement perdue.

- C'est pour ça que t'as jamais eu de mec ? Murmura la plus jeune.

Celle-ci avait poussé sa mère à sortir et à s'amuser quand elle avait cru que c'était sa faute si elle n'avait jamais envisagé de refaire sa vie avec quelqu'un d'autre. Enfin, c'était avant de voir que personne n'aurait pu jeter l'amitié inébranlable de Kiyan et de sa Môman, qui avait commencé quand celle-ci avait eu de quoi leur acheter une maison correcte dans ce quartier.

- J'en ai jamais éprouvé le besoin, bien
que je ne voyais pas le mal de te trouver un bon père des fois. Surtout qu'il fallait quelqu'un pour s'occuper de toi quand je n'étais pas là, jusqu'à que Kiyan eu pitié de moi et se propose naturellement pour te garder.

- Et moi qui pensais simplement que tu croyais que tu ne méritais pas d'être aimé...

Elsa haussa les épaules, balayant les derniers propos de sa fille.

- Père n'était pas vraiment un modèle d'amour exclusif, marmonna-t-elle. Bien qu'il semblerait qu'il a réellement aimé ma mère, il avait des « concubines ». Après tout, si nous autres avons nos chaleurs, les mâles et surtout les plus dominants ont pour devoir de nous soulager puisque nos ondes les rendent fous de désir. Il y a environ une femelle pour cinq mâles dans notre population. Et comme je viens de te le dire, c'est très dur pour nous d'avoir des enfants quand on y survit. J'ai appris plus tard qu'une Drakionne survivait rarement à son premier enfant.

Blanche sentit poindre alors une immense tristesse. Elle avait failli finir orpheline...

- Et ton ami Drakion, il ne veut pas être avec toi ? Lui demanda-t-elle avec douceur pour s'excuser.

- Non, c'est trop compliqué... Cela pourrait nuire à sa carrière, si ce n'est pas à sa vie.

- C'est pour cela qu'on a souvent déménagé quand j'étais petite, tu essayais de fuir ton ancienne vie ?

- Oui, Winter essayait sans cesse de me retrouver jusqu'à...

- Jusqu'à quoi ?

- Que je paye pour un sort noir à une nécromancienne. Un sort qui permet de mettre une omerta sur mon nom. Personne ne peut savoir qui je suis sans le lui avoir dit au préalable. Je peux me trouver dans la même pièce que mon père sans qu'il ne le sache.

Blasée, Blanche acquiesça. Logique. Une nécromancienne. Un monde entièrement magique...

- Et mon père ? Tu n'as jamais essayé de le retrouver ?

- Si, mais comme je ne connaissais que son prénom, Nathaniel, ça limitait grandement les choses. Surtout sans l'appui de mon véritable nom.

Elle lui expliqua alors que c'était tout ce qu'elle savait et que si elle voulait le rencontrer, elle engagerait quelqu'un pour le retrouver.

- Donc, je ne suis pas une Callahan... Et je ne connais toujours pas mon nom de famille du coup.

- Si, tu es une Drake. Et comme le veut la tradition, tu t'appelles Elizabeth V Blanche Drake. En tant que dragonne, même si tu te maries, tu garderas ce nom-là. La dynastie drakonique prévaut sur tout le reste. Essentiellement la nôtre.

Ils ne se prennent vraiment pas pour de la merde... La jeune femme comprit, pour la première fois, davantage sa mère. Ainsi, sa rancoeur face à toutes ses absences diminua. Puis, elle sut avec certitude une autre vérité, bien plus difficile à avaler.

- Je n'ai jamais été vraiment humaine.

D'ailleurs est-ce que l'on pouvait être un dragon et un joueur en même temps ? Les pouvoirs s'additionnaient ou s'annulaient ? À qui, pouvait-elle demander... Fenrir ? Tant de questions et si peu de réponses...

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