69. Et De Quatre Couronnes... Ou Pas.
Sauf qu'en passant, le bureau, autrefois vide du Roi, ne l'était plus.
- Eh bien, eh bien, murmura le jeune homme, derrière l'imposant meuble, en apercevant la jeune fille, qu'avons-nous là ?
Blanche s'arrêta prise sur le fait. Sebastian se leva, pour seule lumière dans son bureau, la lampe de chevet d'un ton chaud, qui illuminait à peine un mètre aux alentours.
Une vieille lampe en cuivre, verte qui aurait sa place dans un musée. La jeune femme hésita sur le seuil. Elle devait lui parler, mais elle avait aussi promis de l'éviter...
- Benjamin n'est pas fait pour toi. Vous n'allez pas ensemble.
Blanche fronça les sourcils. Il n'était donc pas au courant de ce qui les liait Argy et elle. C'était bon à savoir. Que lui avait-elle dit quand ils s'étaient rencontrés pour la première fois pour lui ?
Il s'avança jusqu'à elle, en reboutonnant sa veste, avant de s'arrêter et de se verser un verre d'alcool sur le mini-bar à quelques pas de Blanche.
La jeune femme hésita à nouveau avant de reprendre la route, sauf que le bar donnait sur la porte de gauche. Celle des appartements d'Argy. Valait mieux remettre cette conversation à plus tard, quand elle aurait plus d'infos.
Soudain, elle comprit l'insistance de Kiyan de tout lui dire que quand elle aurait plus appris. Mais bon, Kiyan était une personne de confiance, contrairement au vampire qui se tenait près d'elle.
Il but son verre d'un trait avant de se resservir. Cependant, au lieu de le boire à nouveau, il offrit son propre verre à la jeune femme. L'arrêtant de son bras avant qu'elle n'ait pu atteindre la porte.
Elle regarda Sebastian, plongeant dans ses yeux changeants qui avaient du mal à se fixer entre le violet et le noir. Puis, suivant la ligne de son costume impeccable, elle remonta son bras jusqu'à sa main avant de se saisir. Elle le prit de la même façon que le propriétaire des lieux avant de le lui rendre. Vide.
- Nous n'avons pas ce genre de relation, avoua la jeune femme.
Le sourire éclatant qui lui offrit fut une réponse en soi. Il saisit le verre, en emprisonnant les doigts de la jeune femme avec les siens.
- Que faisais-tu ? Lui murmura-t-il une octave plus bas, en l'attirant vers lui avec uniquement sa poigne qui se serrait sur la main de la jeune femme toujours sur le verre.
Déséquilibrée, Blanche tomba sur le Roi et s'accrocha avec sa main libre sur sa chemise. Sebastian, qui l'avait fait exprès, en profita pour la serrer dans ses bras avec l'autre main qui lui restait.
Il plongea son nez près de son cou avant d'inspirer.
- Ton odeur est partout sur mes draps, pourtant, je suis sûr de ne pas t'y avoir invité. Du moins pas encore...
Quand elle releva la tête pour lui répondre, son nez frôla celui de Sa Majesté. Si Kiyan était plus grand, Seb quant à lui n'avait qu'un centimètre de plus que la jeune femme.
- Je visitais, murmura-t-elle, sachant pertinemment que, sans son sort, il entendrait sans problème le mensonge.
Son aura se perturba un instant, faisant jaillir quelques filaments rouges. Maudite compétence qui ne passait pas au niveau supérieur malgré le nombre de personnes qu'elle voyait par jour.
Si seulement le niveau six ne comportait pas de voir plus de dix mille personnes...
- Mentir à son Roi, tut tut, en voilà une mauvaise idée, lui murmura-t-il en lui envoyant de plein fouet son haleine douce, mentholée, alcoolisée avec une pointe de fer.
Une odeur de sang qui ne la répugnait pas, au contraire, puisqu'elle était à son goût, d'une sensualité qui la laissa perplexe.
- Je ne suis pas une de vos sujets, Votre Majesté, répliqua-t-elle en essayant de se dégager.
Loin de s'en formaliser, au contraire, il raffermit sa prise, coulant son corps contre le sien. Elle sentit alors à quel point il était heureux de se trouver là tout contre elle, alors qu'il murmura quelques mots à son oreille.
- Tu le serais, si tu étais ma Reine...
Pour appuyer ses dires, il posa délicatement ses lèvres sur sa nuque avant de la lécher de la pointe de sa langue. Blanche frémit de plaisir et laissa malencontreusement échapper un doux gémissement. Il était doué !
Il s'éloigna d'elle, juste pour voir son visage rougissant de plaisir, alors qu'il se débarrassa du verre en le reposant, avant de presser sa main libre sur la nuque de la jeune femme, pile là où il l'avait touché.
- Je vais prendre ça pour un « oui », déclara-t-il, avant de fondre sa bouche sur la sienne.
Blanche savoura le baiser d'une extrême possessivité à sens unique avec ferveur. Personne ne l'avait embrassé de la sorte. Aaron était passionné, mais il la laissait libre de ses mouvements. Saphir avait été un parfait gentleman. Alors que Sebastian, lui, prenait sans rien se refuser. Blanche s'arracha à son plaisir malgré les canines et le repoussa d'une main ferme sur son torse.
Haletante, elle murmura alors à son oreille des paroles qu'elle savait juste et pourtant qu'elle ne s'était pas encore permise de les dire à voix haute. Ce qui rendit la chose encore plus réelle. Et en quelque sorte plus excitante qu'elle ne l'aurait cru.
- Je ne fais pas dans l'exclusivité... Je ne suis pas la femme d'un seul homme.
- Dommage, lui répondit-il en retour, avant de la lâcher et de s'éloigner. Je ne partage pas.
Il lécha ouvertement ses lèvres gonflées par leur baiser avant de réarranger sa tenue et ses cheveux, bien qu'impeccables.
- Même pour toi, je ne ferais pas d'exception, lui dit-il en lui tournant le dos, retournant d'un pas leste vers son bureau.
- Est-ce là ce que vous m'avez déjà dit en l'an mille six cent quarante-six ?
Blanche cessa de respirer, les yeux grands ouverts alors qu'il s'arrêta de bouger. Il lui fallut une bonne minute pour s'installer sans la regarder. Il se laissa tomber dans son siège comme une pierre. La chaise à roulettes grinça comme si le traitement qu'elle venait de subir la faisait protester.
- Une autre époque, un autre temps... Reviens me voir quand tu auras appris à changer ta couleur de cheveux, peut-être alors te conterai-je cette histoire.
Retournant à son dossier, il tourna les pages. Encore une condition... La rousse en profita pour filer, droit dans la chambre de son fils, qui n'arrivait pas à croire ce qui venait de se passer. Argy l'attendait, allongé, bayant aux corneilles.
- Alors ? Demanda-t-il, après avoir fermé sa bouche sans avoir pris la peine de mettre la main devant.
- Ton père, Sebastian, vient de me proposer de devenir la Reine des Vampires avant de me rouler une sacrée pelle.
Toute fatigue envolée, son fils se redressa, alerte, avant de crier un « Quoi ?! » retentissant.
Heureusement, que la chambre était insonorisée.
Après lui avoir expliqué avec plus de mots et pourtant exactement la même chose, les deux joueurs s'endormirent dans le même lit. Comme à son habitude, l'enfant que serait toujours Argy aux yeux de sa mère se blottit confortablement dans ses bras.
***
La froideur de l'hiver lui fit l'effet d'une claque en plein visage. Cela aurait pu être exagéré, si elle n'était pas dehors en pleine tempête de neige. La jeune femme n'avait aucune visibilité. Heureusement, elle se souvenait de l'endroit où elle avait fini sa mission en acceptant sa récompense, tout près de la caserne.
Assise, elle se leva avant de retomber sous la bourrasque. Résolue à avancer même à quatre pattes, elle rampa sur la neige. Ses mains gelèrent instantanément. Elle souffla dessus pour les réchauffer avant de se remettre debout.
De là, elle choisit d'avancer pas après pas, alors que la poudreuse était aussi compacte que dans une station de ski. Protégeant son visage du gel, elle grimpa la colline, enfonçant ses jambes d'une épaisse couche de flocons énormes de trente centimètres.
Il lui fallut un temps fou pour distinguer sa fenêtre et la lire entre les vents violents et les gros flocons de neige qui s'amusaient à lui rentrer dedans avec la force d'une balle d'air soft.
Douzième niveau : Découverte partie 2/5.
Objectif : Passez du temps dans le village le plus proche.
Temps : Cinq heures.
Récompense de mission : Capacité du Mage Noir débloqué.
Une capacité ? Qu'est-ce...?
J'arrive.
Blanche n'eut pas le temps de s'attarder dessus, son familier, l'immense panthère noire, jaillit de nulle part à ses côtés. Heureusement qu'il avait prévenu, sinon elle n'aurait pas donné cher de sa peau.
Tu ne peux pas monter, grogna sa voix dans sa tête, de mauvaise humeur à cause de l'intempérie. Colle- toi à moi et tiens le harnais. Il y a des gants en dessous. On va devoir avancer au ralenti.
Blanche remercia Phénix. Grâce à lui, elle avait moins froid, sa chaleur irradiante était plus que la bienvenue, de plus, grâce à sa masse, il la protégeait du vent dans une moindre mesure. Ce qui était plus qu'elle ne pouvait l'espérer. Sans compter sur les moufles qu'elle trouva sous le harnais, bien chaudes, avec de la fourrure.
Ses mains étaient déjà insensibles malgré tout, et mettre des gants dans ces conditions se révéla compliqué.
Les minutes se transformèrent en heures. Les trois kilomètres sur la pente enneigée furent multipliés par dix. Blanche était glacée, le moindre pas la faisait frémir de douleur. Cela faisait longtemps qu'elle ne sentait plus ses pieds. Sans la présence de Phénix qui dictait la marche, elle ne saurait pas si elle aurait tenu.
La visibilité étant nulle, elle avait fermé les yeux, faisant confiance à son démon. L'esprit vide, elle faisait un pas, puis un autre, car il fallait bien continuer coûte que coûte.
La grille est juste devant. Plus qu'un effort.
Blanche se sentit revivre. Son calvaire allait bientôt prendre fin. Quelle idée de s'installer dans un pays aussi froid ! Comme si quelqu'un l'avait entendu, malgré la hauteur, le vent sembla un peu plus clément. Avec l'aide de Phénix, elle passa le portail qui était grand ouvert, puis de son large corps, il la protégea du froid, plaqué contre l'entrée.
Le problème après avoir fermé ses yeux aussi longtemps s'avéra être problématique alors pour taper le code. Peine perdue, non seulement parce qu'ils étaient collés par le gel et avec ses gants, pas moyen de sentir les touches. Après en avoir retiré un, avec ses bouts de doigts gelés, elle tâtonna pour trouver les bonnes touches quand tout à coup la porte d'entrée s'ouvrit par miracle.
Quelqu'un l'attrapa aussitôt dans ses bras, la ramenant à l'intérieur. L'odeur boisée du musc et des citrons la renseigna sans problème sur l'identité de son sauveur. Les jambes de Blanche choisirent ce moment-là pour exprimer leur mécontentement envers leur propriétaire et cédèrent.
- Argy ! Hurla Aaron alors qu'il porta la jeune femme soudain abasourdie par le silence.
Quelques minutes plus tard, alors que son corps commençait à se réchauffer, ses jambes hurlèrent de douleur pendant à peine quelques secondes, le temps qu'Argy se charge de la soigner.
Elle avait encore une fois survécu.
Blanche, gémissante de douleur, finit par sombrer dans un sommeil réparateur peuplé de l'abominable homme des neiges, d'un Glaciator et de démons, le tout dans un enfer où il neigeait vraiment.
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