59. Cadeau Empoisonné


( Dédicace à terra_law112 qui dessine bien mieux que moi ! ❤️😘)

- Tu crois que je vais être plus doux avec toi, maintenant que tu te tapes le boss ?

C'était la phrase de trop. Depuis le début de la séance, il n'arrêtait pas de la chercher. Elle envoya valser Erik dans les airs. Ils furent surpris tous les deux.

Blanche faisait ce qu'elle pouvait pour doser sa force. Quitte à se faire blesser. Mais là, il l'avait poussé à bout. Erik était arrivé de mauvais poil. Encore plus que d'habitude.

Il plissa les yeux en se relevant, méfiant. Comme s'il savait déjà.

- Qu'est-ce qui a changé ? Demanda-t-il, en penchant sa tête, la regardant sur toutes les coutures.

Au moins, son soudain intérêt avait de quoi brimer sa mauvaise humeur. Ou pas, se dit-elle alors qu'il fonçait droit sur elle, avec une aura des plus menaçantes.

Sans se fatiguer, elle vit le mouvement adroit d'Erik et le contra sans problème. Sa peur face à lui avait drastiquement diminué.

- Mets-toi à table tout de suite, exigea son professeur d'arts martiaux.

- Sinon quoi ?

La réplique fut dite sur un ton acerbe. Ce mec la dérangeait. Elle n'arrivait pas à le cerner. Il était profondément mauvais d'après son aura, mais il n'était pas non plus méchant dans le but de faire du mal à autrui gratuitement.

Par contre, elle était sûre d'une chose : s'il avait envie de la tuer, il le ferait et personne ne pourrait l'en empêcher.

Comme pour le lui prouver, son visage se transforma en un sourire du plus malaisant. Dire qu'il avait une voix à se damner !

- Crois-moi, tu veux pas savoir.

Blanche savait qu'il avait raison. Mais voilà, elle pouvait lui faire gober un bobard grâce à « rossignol », mais encore fallait-il qu'il soit crédible. Elle s'assit à même le sol et hocha la tête. Une idée lui vient à point nommé.

- Seulement si tu le gardes pour toi.

- Uep, vas-y, balance.

Elle regarda Erik qui venait d'envahir son espace vital, accroupi juste devant son visage. Il était canon dans son genre tant qu'on ne voyait pas la laideur de son âme.

- Promets-le, réclama la jeune femme. C'est une info dangereuse.

Il la regarda pendant un long moment avant de lui prendre son menton dans ses doigts fins. Une main cruelle qui avait ôté la vie à beaucoup de monde.

- Je promets.

Dans les tréfonds de son âme, elle actionna son sort qui permettait de mentir sans qu'il ne le détecte. Puis, elle se lança.

- J'ai passé le dixième niveau cette nuit. J'ai chopé une compétence passive qui me permet de récupérer un dixième de mes expériences temporelles.

Son débit fut si rapide, qu'elle souffla avant de reprendre.

- J'ai donc automatiquement atteint les paliers des cent mille, que ce soit en force, en rapidité... Et pour tout le reste.

Erik la regarda pendant un moment avant d'acquiescer.

- Eh bien et bien... C'est pas plus mal. On va pouvoir passer enfin aux choses sérieuses.

Blanche, étonnée, le regarda. Parce que son entraînement n'était pas assez dur comme ça ?! Au moins, il l'avait crue, c'était déjà ça. Elle soupira d'avance.

- Je sens que je vais le regretter, murmura la jeune femme, avant de rajouter. Et toi pourquoi t'es un connard aujourd'hui ? Enfin plus que d'habitude.

Il pencha de nouveau sa tête.

- Non, dit-il.

- Non, quoi ? S'étonna-t-elle.

Ce n'était même pas une réponse à sa question.

- Non, on est pas amis, je suis pas assez proche pour te raconter ma life.

- Ah parce que moi, si ? C'est donnant donnant.

- Dans tes rêves !

- C'est à cause de ton frère ? Reprit la jeune femme qui n'avait pas dit son dernier mot.

Erik, toujours à sa portée, s'avança. Envahissant complètement son espace vital, se focalisant sur ses yeux.

- Mon frère ? Demanda-t-il, soudain très sérieux. Qu'est-ce que tu sais sur lui ?

Blanche déglutit. Mais pourquoi avait-elle eu cette stupide idée ? Pourtant, avec tous les points d'intelligence et de sagesses qu'elle avait dropés...

- Euh, que c'est ton jumeau et qu'il est super balaise... Dis, tu veux pas reculer ?

Le joueur oblitéra la question.

- Qui t'en a parlé ?

Blanche haussa les épaules et Erik passa à la vitesse supérieure. Ses mouvements furent plus rapides, mais Blanche para les coups, avec une facilité déconcertante, venant de l'habitude.

Cependant, au bout de cinq minutes et de mouvements qu'elle n'avait jamais vus, il la mit au tapis. Il était balèze, le bougre !

Blanche dégoulinait de sueur, allongée sur le sol, lui au-dessus, les mains clouées sous son poids. Erik la regarda alors comme s'il allait la manger toute crue et pas de façon sexy. Oh non ! Loin de là. Mais sous son regard intense, fixe, comme s'il avait oublié qu'il pouvait battre des cils sans la moindre gentillesse, elle frissonna.

Son téléphone sonna pile en cet instant. Après trois longues sonneries stridentes, le blond la relâcha.

Elle le sortit de sa poche, toujours allongée et lui au-dessus d'elle. Quand elle vit l'appelant, elle fronça des sourcils, mais décrocha le plus vite possible.

- Allo ?

- Où es-tu ?

Nouveau frisson à l'entente de sa voix grave et inquiète.

- Au grenier de l'académie.

Au son de son soupir de soulagement, Blanche se sentit fondre avant qu'il ne s'inquiète de nouveau.

- Seule ?

- Avec D.

Ce dernier se leva alors sans la quitter du regard et s'assit à ses côtés, comme si de rien était. En tailleur pour bien la narguer. Comment diable son épée qui ne le quittait jamais pouvait-elle...?!

- D ? Pourquoi faire ?

Elle retourna à sa conversation en laissant de côté ce nouveau mystère. Cette fois-ci, adieu l'inquiétude. Rassuré même avec une pointe de curiosité. La jeune femme percevait ses émotions avec une extrême précision.

- Entraînement comme tous les midis depuis...

Blanche réfléchit. Le temps de concorder tous ses passages dans l'Outremonde et le manoir... Quatre jours ?! Il s'était écoulé trois midis avec l'hurluberlu. Nous n'étions que jeudi...
Seulement ?! Par Babylone ! Elle avait l'impression d'avoir eu six mois en compagnie de l'énergumène !

Elle le lui dit. De l'autre côté, silence complet, puis un « je te rappelle plus tard », avant de raccrocher.

Blanche regarda le nom de Monsieur Ardachir clignoter et disparaître avec un pincement au cœur, jusqu'à ce que son oreille capte de courtes vibrations.

Erik leva les yeux au ciel et décrocha son téléphone sans vérifier qui c'était.

- Pourquoi ?

Blanche entendit sans problème la voix du professeur à travers l'appareil, comme si c'était elle de l'autre côté et non le psychopathe.

- Je le lui dois, soupira Erik en regardant de nouveau la jeune femme.

Celle-ci s'était relevée curieuse et suivit l'Oncle D, en s'asseyant, elle aussi, en tailleur avant de poser sa tête dans sa paume.

- Depuis quand la connais-tu ?

Kiyan avait l'air résigné comme s'il s'en doutait depuis longtemps.

- Ma mort.

Blanche écarquilla les yeux alors qu'Erik soutenait son regard sans la moindre faille. Comme s'il discutait de la pluie et du beau temps...

- C'est elle qui a sauvé Jer, comprit Kiyan.

Nul besoin de confirmer, le guerrier aux cheveux d'or resta silencieux. Avant de changer d'avis.

- On en discutera plus tard.

Il raccrocha sans même un au revoir. Blanche soupira, elle n'aimait pas ça.

- Si j'ai bien compris, j'ai sauvé la vie de ton frère jumeau pendant que tu mourrais et tu te sens redevable envers moi ? C'est pour ça que tu viens m'apprendre tes techniques de combat tous les midis ?

D. ne répondit pas. Au lieu de ça, sa vision se perdit au loin au-dessus de Blanche, avant de faire un sourire tout droit tiré d'un film d'horreur, montrant une dentition parfaitement blanche et droite, puis il répondit à sa question par une autre.

- Sais-tu ce qu'il advient d'un mage jumellique à la mort de son frère ?

La rousse fit signe de la tête que non, prudente.

- Il perd sa magie.

- Jeremy est l'un des plus grands mages de notre époque, s'il perdait ses pouvoirs... songea la jeune femme à voix haute.

- Sans moi pour le protéger, il aurait subi à ma place, la vengeance de tous ceux qui nous veulent du mal.

C'était la première fois qu'Erik faisait une phrase aussi longue, lui qui encore, il y a cinq minutes ne voulait pas faire ami-ami.

- En le sauvant, tu l'as lié à moi. Tant que je vis, il vit, le rendant immortel, mais si je meurs, il meurt. Nous sommes des demi-mages. Notre père était mage, notre mère, humaine. Nous n'aurions jamais dû vivre aussi longtemps.

Pour la première fois, elle ne vit aucune animosité chez lui, juste de la fatalité.

- Donc, tu m'aides à apprendre toutes ses techniques, pour que je vive assez longtemps pour sauver ton frère et toi...

Comprit la jeune femme avant de continuer :

- C'est pour ça que t'es de mauvais poil ? Parce que t'aimes pas être redevable ?

- Exact. Il n'y a rien de bon chez moi. Je fais tout pour mon propre intérêt et je déteste payer mes dettes. Retiens le bien.

Puis il se téléporta sans dire au revoir, comme d'habitude alors que la sonnerie de la reprise des cours retentissait.

Malgré tout, Blanche se leva en époussetant son pantalon et pensa qu'il devait vraiment aimer au moins son frère, pour faire tout cela.

En route pour ses cours de l'après-midi, elle sourit pour la première fois en pensant au demi-mage.

Bizarrement, elle préférerait Erik à Derek, il était plus aimable que son alter égo.

Blanche secoua la tête, voilà qu'elle débloquait, elle devait réellement avoir une case en moins à force de côtoyer l'élite de l'Outremonde...

À croire que tous les Joueurs n'avaient pas été choisis au hasard.

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