58. Virée Shopping


( Même si Fen n'est pas présent, j'aimerais dédicacer à Umadaaraa ce chapitre, pour m'avoir donner l'envie de publier aujourd'hui, une bonne autrice, qui fait un travail remarquable. Merci 🥰)

Le trajet se fit en silence, si Eva regardait dehors, Blanche sentit plusieurs fois le regard de Kiyan sur elle grâce au rétroviseur central, mais à chaque fois qu'elle le regardait, il fuyait, faisant genre de s'intéresser à la route.

Quand il insulta un chauffeur du dimanche pour la troisième en terme très injurieux, les deux jeunes femmes comprirent qu'elles avaient tout intérêt à ne pas le chercher aujourd'hui.

Blanche avait du mal avec les bruits et les odeurs. Elle sentait poindre une migraine carabinée et entre les vomissements de la voiture...

Heureusement, Kiyan avait mis une douce musique et battait la mesure. Les tapotements réguliers l'aidèrent contre toute attente à se sentir mieux.

Le trajet fut court, ils s'arrêtèrent au centre-ville, dans l'un des plus beaux quartiers résidentiels. L'endroit était peuplé de petits immeubles à trois ou six étages grand max avec de beaux volumes. Richement décoré en pierres de taille, aussi blanches qu'au premier jour.

Le professeur d'histoire avait longé la rue et s'était garé en faisant de sorte que les filles n'avaient pas besoin de traverser. En effet, il avait remarqué que Blanche hésitait désormais à passer sur un passage piéton alors qu'Eva regardait mille fois avant de le faire.

Kiyan ouvrit la marche et les conduisirent dans l'une des plus belles, ornées de plusieurs moulures et d'une entrée fort luxueuse en marbre rose et liseret d'or. Ils prirent même un ascenseur en verre qui les conduisirent au dernier étage. À trois, ils étaient à l'étroit, mais cela ne dura pas.

Quel ne fut pas sa surprise lorsqu'elle tomba sur Benjamin et Kysten qui justement s'en allait accompagner d'un autre vampire aux goûts raffinés et distingués.

Par là, il faut comprendre le pantalon en cuir, les chaussures vernis et la chemise en soie indécemment ouverte jusqu'au nombril. Les cheveux de l'homme étaient si long qu'on ne distinguait pas ou ils s'arrêtaient du moins de devant. Une barbe taillée en V, le tout des pieds à la tête, d'un noir envoûtant.

Kysten et le nouveau venu portait tous deux de magnifiques lunettes aux verres fumés. Benjamin se rua sur la jeune femme à peine sortie de l'ascenseur avant de la prendre dans ses bras, qu'elle n'eut malheureusement pas le temps de voir entièrement. Mais il semblait arborer la tenue vampirique habituelle.

- Bonjour ! S'écria-t-il, heureux de la voir comme s'il ne l'avait pas vu depuis des jours.

Blanche lui rendit son câlin sous la moue perplexe de l'inconnu et de sa meilleure amie. Elle embraya en faisant un autre câlin à Kysten aux anges. Même Kiyan eut le droit d'en avoir un de la part de son fils et d'une accolade de l'elfe vampire.

- Eva, présenta Kiyan, je te présente le Prince Vampirique Benjamin et son garde du corps, Kysten. Les filles, voici Dimitri Koslov, styliste et notre hôte de la matinée.

- Olalala, deux nouvelles et belles beautés ! S'écria l'homme avec un fort accent de l'est. J'en ai de la chance ! Êtes-vous avec Monsieur Winter ?

- En effet, répondit Kiyan. Il va avoir du retard, il a demandé à ce que l'on commence sans lui.

D'où la mauvaise humeur du matin, supposa Blanche, tandis que Benjamin et Kysten saluaient enfin Eva qui plissa des yeux tout en regardant le prince. Celui-ci lui avait volé sa meilleure amie, du coup elle ne l'aimerait pas, peu importe à quel point il était aimable et beau. Elle croisa ses bras, se montrant hostile et peu engageante.

Heureusement, Benjamin ne s'en formalisa pas et se concentra sur son père.

- Il faut qu'on y aille, lui rappela son garde du corps.

Alors, il fit court :

- Mon prof d'histoire me bassine. Il insiste pour dimanche. T'es sûr que tu peux pas venir ? Demanda-t-il à Kiyan.

Celui-ci soupira, même s'il restait stoïque. Benjamin fit une adorable mimique, ce qui fit sourire Blanche qui jeta un regard noir à Monsieur Ardachir. Devant les yeux assombris de Blanche, qui disait qu'il avait intérêt d'accepter pour le bien de leur fils, il acquiesça.

- Super, jte revaudrait ça, reprit-il en prenant l'ascenseur, se sauvant alors que Kysten le tirait par le bras.

Tandis que l'Elfe, faisait un signe de la main pour dire au revoir tout en souriant.

- J'y compte bien ! S'exclama Kiyan, alors que les portes commencèrent à se refermer.

- C'est pas à toi que je parlais !

Blanche gloussa alors que Kiyan foudroya les portes closes.

***

Blanche et Eva comprirent rapidement ce que voulait dire le mot « shopping » lorsqu'on venait de la noblesse. Qui n'avait plus du tout la même signification.

Le magasin était à leur entière disposition ainsi que le styliste. Elles avaient deux heures pour faire leur choix dans les immenses penderies qui faisaient le tour de la pièce comme une bibliothèque. Au centre, il y avait un vaste canapé, deux fauteuils sublimes et une table basse remplie à ras bord, de pâtisserie en tout genre, aussi bien salé que sucrée.

Une jeune femme, préposée aux vestiaires, s'occupait également en toute discrétion de leur fournir toutes les boissons chaudes à leur convenance.

En face du salon, il y avait une immense cabine pleine d'innombrables miroirs du sol au plafond sans la moindre trace, fermée par une porte miroir, elle aussi. Les deux jeunes femmes étaient aux anges.

Kiyan qui connaissait Vladimir, un vieil ami, mais qui ne connaissait pas aussi bien le joueur que Blanche, ne le cru pas quand il insista pour ne pas prendre de costume puisqu'il en avait déjà et de se consacrer uniquement aux jeunes femmes qui l'accompagnaient.

Pourquoi s'acheter un costume sur mesure quand on pouvait décider par la pensée d'en avoir un gratuitement à son goût qui plus est ?

Heureusement, après que Blanche eut jeté son dévolu sur une robe lourde à perles nacrées qui tombait jusqu'en bas, agrémentée d'un dos nu et d'un décolleté à bec qui augmentait le volume de sa poitrine, Winter arriva avec deux de ses gardes corps pour essayer à son tour un costume.

Eva n'eut pas la chance d'assister aux embrassades puisque son père qui culpabilisait de ne pas pouvoir l'emmener au Gala lui avait quand même autorisé à prendre non pas une, mais deux robes. Comme elle n'allait pas tarder, elle aussi à faire son entrée dans la « bonne » société. Chose qu'elle était en train de faire.

Lorsqu'elle sortit, toute rougissante d'une robe courte noire et bouffante, ce n'étaient pas deux paires d'yeux qui la regardaient, mais cinq. Elle fut ravie de l'attention, bien que soudain intimidée par l'homme assis dans le canapé près de sa meilleure amie qui elle se régalait avec les pâtisseries.

- Grand-père, je te présente Eva. La fille de Kiyan et ma meilleure amie.

La jeune brune balbutia un bonjour, déroutée par le nouveau qualificatif de la rousse. Depuis quand Blanche appelait son père par son prénom ?

- Enchanté, demoiselle.

Eva prit la main que lui tendait le Roi avant de s'asseoir maladroitement sur le canapé de l'autre côté de Blanche.

- Vous voulez quelque chose à boire ? Demanda la jeune serveuse.

Elle prit alors les commandes de tout le monde. Seuls, les deux gardes restèrent muets.

- Vous ne voulez rien à boire ? Leur demanda Blanche.

Les deux jeunes hommes refusèrent poliment.

- Jax et Jen sont en train de travailler, ma chérie, ne t'inquiète pas, ils pourront boire à leur pause, lui expliqua Winter. D'ailleurs, cela me fait penser qu'après le Gala, Jax deviendra ton garde du corps personnel.

- Pardon ? S'exclama la jeune femme en reposant sa tarte aux fraises à peine entamée avant de jeter un œil à Kiyan.

- Winter ! S'écria ce dernier. Je sais que tu veux la nommer princesse héritière, seulement de là à vouloir se promener avec un garde...

Heureusement qu'elle était déjà au courant pour sa nomination et pas grâce à lui.

- J'en ai pas be...

- Il est hors de question, la coupa Winter, que ma petite-fille se promène sans ! Quand mon frère l'apprendra, ainsi que ses fils, ses petits-enfants et le conseil, alors qu'elle ne peut pas encore se transformer... Je donne pas cher de sa peau, débita-t-il. Ce n'est pas négociable, jeune fille.

Blanche leva les yeux au ciel, alors qu'Eva blêmit en s'accrochant à sa main. La rousse jeta un coup d'œil à Kiyan qui acquiesça, résignée, elle accepta.

« Autorité » pourra te servir plus vite que tu ne l'aurais cru...

Lui murmura la voix de Fenrir.

- Surtout si elle reste dans cette école humaine que tu oses appeler une Académie..., repris le Drakion en buvant son thé comme un aristocrate.

Le vieil homme alla ensuite essayer quelques costumes qui allaient tous de pair avec celui de sa petite fille. Blanche imagina sans peine l'allure qu'aurait également Kiyan avec.

- Lequel d'entre vous est Jax ? Demanda-t-elle en profitant de l'absence momentanée de son grand-père.

Le jeune homme aux cheveux noirs le plus proche, aux yeux d'un bleu polaire fendue en deux dont le costume noir moulé sur mesure, dirigea son index sur lui-même avant de reprendre sa surveillance. Pas besoin d'être Sherlock pour comprendre que c'était aussi un drakion.

Puis Winter revint après avoir jeté son dévolu sur un énième costume blanc et tous les quatre finirent par discuter de l'enfance des deux jeunes femmes. Le grand-père eut le droit d'entendre de vielles anecdotes et quelques dossiers croustillants, avant que sonne l'heure du prochain client.

Blanche ne put dissimuler sa surprise devant le visage qui se présenta à elle alors qu'ils regagnaient à leur tour l'ascenseur.

Accompagnée d'une jolie jeune femme aux cheveux et à la peau sombre, Phénix, sur son téléphone, dut se reprendre à deux fois avant de quitter son écran. Dimitri fut encore plus excité que la jeune femme de le revoir.

- Voilà ma star ! S'exclama le vampire en l'embrassant avec un bisou sonore sur la joue.

- Dimka ! Lança Phénix, vraiment heureux de revoir son ami.

Sans se préoccuper de qui se tenait là, Winter gagna l'intérieur de l'ascenseur, suivi de Kiyan qui n'était pas censé connaître Phénix, mais c'était sans compter sa fille, qui tout à coup fut hystérique.

- Vous ! Hurla-t-elle. C'est bien vous le mannequin qui pose pour Devil D ?

Blanche regarda Eva. Maintenant qu'elle le disait, c'est vrai que sa meilleure amie adorait les pubs pour parfums qu'ils soient masculins ou féminins, surtout pendant la période de Noël. Chacun sa passion. Puis, elle jeta un coup d'œil à son familier. Devil D ? Vraiment ? Aucune subtilité ni créativité...

- Oui, répondit gentiment Phénix. C'est bien moi.

- Je vous ai vue sur les podiums, vous êtes absolument sublime, j'adore tout ce que vous faites !

Kiyan grogna, dérangé par les étoiles dans les yeux de sa fille qui dévorait du regard le familier de Blanche.

- Merci beaucoup. Tenez, dit-il en lui donnant un flyer avec sa signature, avant de jeter un regard de supplication à sa maîtresse. Mon autographe. Je suis navré, mais je suis attendu, si vous voulez bien m'excuser...

- Bien sûr, murmura Eva qui gardait les yeux rivés sur le mannequin accompagné de son agent, alors que Blanche l'attrapa par le bras et la traînait de force dans l'ascenseur.

Phénix la remercia d'un sourire. Eva cru que c'était pour elle, rougit. Blanche n'avait pas le cœur de le lui avouer tant elle était aux anges et elle resta sur son petit nuage jusqu'à l'académie. Si elle savait qu'elle le caressait à tout bout de champ sous sa forme de chat...

Évanescence avait ainsi raté les au revoir avec le Roi des Drakions mais bon, puisque ce n'était pas son grand-père...

En revanche, elle déchanta vite quand elle comprit qu'elle avait également raté le bisou de son père qui les avait déposés avant de filer. Blanche jura.

- Quoi ? Qu'est-ce qui y a ? Paniqua Eva qui se demandait comment elle s'était retrouvée là, comme si elle avait perdu quelques secondes de sa vie.

- J'ai besoin d'un verre, marmonna Blanche alors qu'elle entraînait la brunette vers le réfectoire.

Elle avait passé sa demi-journée à se contenir. Sa nouvelle puissance était autant fabuleuse que migraineuse...

- Ma parole, maintenant que tu as goûté à l'alcool, j'ai l'impression que tu ne peux plus t'en passer.

Blanche se mordit la lèvre sans rien dire. Eva n'avait pas tort. Elle avait passé sa semaine en Outremonde à siroter du cidre et la bouteille de vin qu'elle avait réussi à cacher sous son lit était quasiment vide...

Encore une semaine à cette vitesse et « poison » passerait sans problème au niveau suivant. Elle allait devoir y aller molo, si même Eva l'avait remarquée...

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