53. Le Pouvoir De Lilith
- Une drakionne diamantaire. Tu m'étonnes que Lilith t'est choisie... Murmura le démon alors que ses yeux reprenaient une forme et une couleur plus humaine. Mais ainsi, tu n'es même pas encore une cambionne à part entière !
Blanche n'avait pas relevé la première fois, mais cette fois-ci, elle tenait à savoir.
- Le pouvoir de Lilith, t'en as parlé tout à l'heure, qu'est-ce que cela signifie ?
- Les démons naissent en enfer, quand les âmes corrompues s'y retrouvent après leurs vies. Ils vivent un véritable cauchemar là-bas. Plus ils deviennent forts et vieux, plus ils montent les échelons et plus... Ils deviennent comme moi.
Asmodee parut un instant gêné d'être devenu un démon à ce point puissant. Presque peu fier de son état, se rappelant toutes les choses dont il avait parlé avec sa fille. Il s'en était vanté de ses conquêtes ! Par Lucifer ! À sa fille !
- Les cambions eux naissent ainsi. Ils ne le deviennent pas. Tout comme certaines espèces, ils doivent atteindre leurs majorités avant que leur pouvoir ne se manifeste. Généralement, ils ont le même que celui de leur parent démoniaque. Tu es donc un succube. Le terme féminin d'un incube.
Kiyan sortit une cigarette et en proposa une au démon qui la prit avec plaisir. Il tira une latte avant de la passer à Blanche, qui pour une raison quelconque la prit. Elle n'avait jamais fumé de sa vie, mais puisqu'elle était immortelle... Elle tira dessus. Sa compétence de poison monta. Ce qui la fit sourire avant de rendre la cigarette à son père.
- Une légende démoniaque stipule qu'un jour, un démon si puissant naîtra et que le pouvoir alors endormi de Lilith viendra à lui pour le nommer successeur. C'est ce qui t'est arrivé, ma Blanchette. À tes dix-huit ans, le pouvoir ancestral des démons est venu à toi.
- Successeur ? Releva la jeune femme.
- Le pouvoir de Lilith permet à son utilisateur de se transformer en sirène, en lamia et en harpie. Il augmente aussi considérablement sa force démoniaque. Mais Lilith a régné sur l'Enfer quand Lucifer s'est endormi après sa défaite contre Michel. Donc, selon la prophétie, celui qui détient le pouvoir de Lilith est appelé à régner sur l'Enfer. Bien que ce soit Lucifer de retour aux commandes pour le moment.
- Ah oui ! Rien que ça ! Waou ! Ricana Blanche. Bah, je suis plus à une couronne près, je suppose.
La jeune femme se leva alors et commença à faire les cent pas. À dix-huit ans, hein ? Dans l'allure où ça allait, ce n'était même pas dans six mois à tout casser. Une sirène... Bien sûr ! C'était de ça que parlait Saphir ! Le coquin...
Elle se tapa le front avec la paume de sa main. Ce qu'elle pouvait être bête ! La cambionne avait un livre sur Lilith dont elle n'avait même pas pris le temps de lire !
- Comment va Elsa ? Demanda alors le démon au djinn, pendant que la jeune femme se punissait.
- Elle gère comme d'habitude, répliqua Kiyan.
- Est-ce qu'elle sait pour toi et Blanchette ?
La jeune femme s'arrêta net, alors que le joueur n'en menait pas large.
- Pardon ? Répliqua la rousse.
Asmodee regarda l'alliance de Kiyan avant de regarder les mains de la jeune femme. Vides. Il éclata alors d'un grand rire.
- Je crois que tu as beaucoup de choses à lui dire, toi aussi.
- Comme quoi ? S'insurgea la jeune femme.
- Je crois qu'il est temps pour nous de rentrer, contra le quarentenaire en se levant d'un bond en reboutonnant sa veste.
Blanche leva les yeux au ciel, alors que sa voix était sans appel, et qu'Asmodee tout souriant leva les bras en l'air, se dédouanant.
- Un jour, je découvrirais ce que tu me caches et je t'en voudrais à mort de ne pas l'avoir appris de toi, lui dit-elle, en pointant du doigt le joueur, avant de prendre la sortie.
Elle dévala les escaliers sans dire au revoir à son père. Puisque lui aussi ne voulait rien lui dire... Elle préféra bouder. Natasha n'eut même pas eu le temps de la retenir qu'elle avait déjà quitté le club. De loin, Kiyan lui ouvrit la voiture, pour qu'elle puisse s'y asseoir.
Il rajouta deux mots au Prince sous le porche du club. Celui-ci hocha la tête avant de refermer la porte.
Blanche savait qu'Asmodee était au courant que Kiyan était autre chose que son tuteur. Il l'avait déjà vu avec sa meilleure amie/fille. Vive les journaux intimes.
Le professeur trouva Blanche, les bras croisés, la mine renfrognée. Elle ne pouvait même pas lui dire qu'elle savait déjà tout. L'arnaque ! Il démarra sans un mot. Mais sur le chemin du retour, Kiyan ne put tenir davantage.
- C'est quoi cette boucle d'oreille ?
Elle qui pensait avoir droit à bien d'autres questions, surtout quand Asmodee avait insisté pour qu'elle se nourrisse correctement et qu'elle prenne au moins un autre partenaire, ne savait pas quoi répondre à l'homme qu'elle aimait.
Comment disait-on à son mari, qu'elle s'était trouvé un amant ? Notamment quand l'édit mari faisait l'autruche ?
- Ce n'est pas une boucle d'oreille, lui répondit-elle.
Kiyan accéléra. Seul signe chez lui de son agacement.
- Je le sais bien. Je sens la magie qui en émane et je sais à qui elle appartient, figure-toi.
Sa voix était douce, bien qu'il se frottât les yeux, un signe de nervosité chez lui et qu'elle remarqua à quel point il était fatigué. Puis Blanche comprit. S'il n'était pas venu en Outremonde, c'était qu'il n'avait pas fermé l'œil de la nuit !
- De tous les Drakions qui existent, fallait que ça soit lui. Remarque, quitte à devoir te partager...
Il se figea et Blanche comprit que cela lui avait échappé. Il fit alors tout son possible pour ne pas la regarder.
- Quatre, hein ? Murmura-t-il en échouant lamentablement. Je suppose que c'est toujours mieux que sept ou davantage. Puis-je savoir qui tu avais en tête en songeant à quatre ?
Blanche détourna les yeux dont elle percevait la chaleur cuisante des siens, de l'homme à ses côtés. Triturant ses mains, elle se mordit la lèvre tout en sachant qu'elle lui devait au moins ça.
- Aaron, Saphir, Fenrir et...
Elle hésita un instant avant de fermer les yeux et de lâcher :
- Sebastian.
Le long silence qui suivit fut gênant.
- J'ai, par hasard, entendu votre discussion entre toi et lui, lundi matin, s'expliqua-t-elle. J'ai plus ou moins compris que j'avais déjà eu affaire au roi des vampires dans le passé.
- Par hasard, hein ? Ricana Kiyan avec une froideur qu'elle ne lui connaissait pas.
Cela la fit sortir de ses gonds.
- Et vous alors ? Est-ce par hasard que cette vidéo ait disparu ?
Il tressaillit.
- Tu n'es pas prête ! Hurla-t-il.
La jeune femme surprise se crispa. Il n'avait jamais haussé le ton avec elle...
- Prête à quoi ? Murmura-t-elle.
Le silence s'éternisa dans l'habitacle sans qu'aucun ne rende les armes, puis las, il déclara :
- Quand tu découvriras la vérité, toute la vérité, viens me voir, et je te dirai alors le reste.
Ah parce qu'après avoir tout découvert, il restera encore quelque chose ? Blanche fronça des sourcils et au moment où elle allait ouvrit la bouche, pour lui expliquer qu'elle savait pour la photographie et si c'était de ça qu'il parlait, Phénix en profita pour apparaître sur les genoux de sa maîtresse. Ce qui a la fit changer d'avis. Kiyan jeta un coup d'œil au familier sans un mot. Suite à ça, il mit son album préféré où retentissait la voix incroyablement sublime de l'homme. Bizarrement, Blanche avait l'impression de reconnaître le timbre.
- C'est la voix de Derek ? S'exclama-t-elle, surprise, quand elle fit le lien.
Comme pour le lui confirmer, il lui répondit :
- Ici, il s'appelle Erik. On le surnomme le DarkNight.
- Sérieux ? Comment...
- Écoute et tu comprendras.
En effet, elle prit le temps de l'écouter.
Arrivé devant l'Académie, Kiyan s'arrêta sans avoir l'intention de sortir du bolide. Il attrapa la main de Blanche qui pleurait à chaudes larmes tant la musique l'avait atteint à l'âme. La voix d'Erik n'était que souffrance. Sans la regarder, le Roi des Djinns, lui demanda :
- Est-ce que je te dérange ? Je veux dire, se reprit-il étrangement gêner, est-ce qu'Aaron te dérange ?
- Non, lui répondit la jeune femme en resserrant sa main et en essuyant ses larmes de l'autre. Il a manqué à tout le monde la nuit dernière.
- Toi y compris ? Murmura-t-il, hésitant.
S'il n'était pas aussi beau, il lui aurait paru mignon sur le coup.
- Oui, souffla Blanche.
Il hocha la tête, une expression neutre même si la rousse pouvait voir à son aura que sa réponse lui avait fait extrêmement plaisir.
- J'ai eu un message de Winter. Il nous attend demain pour ta séance de shopping. Eva t'accompagnera, par contre elle ne viendra pas au Gala.
Encore une fois, c'était plus un ordre qu'autre chose. Il n'était pas le Chef des joueurs du Nord, pour rien.
- Mais, protesta Blanche, à peine remise de ses émotions.
- Je ne peux pas te surveiller en même temps qu'elle, je regrette. De plus, je préfère qu'elle ne soit pas sous les feux des projecteurs avant l'heure. Ça arrivera déjà bien trop vite. Je te laisse le soin de tout lui expliquer.
La corvée était pour elle, bien sûr ! Cette fois-ci, Blanche se contenta de le remercier en comprenant parfaitement ce qu'il voulait dire avant de sortir enfin du véhicule. Elle le vit alors s'éloigner rapidement vers ce qui semblait être la route pour la maison.
Phénix dans ses bras, tandis que le soleil se couchait, signifiant la fin de cette après-midi, elle regagna son dortoir. Peu remise de toutes ses émotions.
Où elle y trouva Eva qui attendait son compte rendu, debout, les bras croisés, un air renfrogné. Eh merde. Ça recommence. Bon, autant retirer le pansement d'un coup.
- Je suis désolée, commença Blanche, je ne peux absolument rien te dire.
La tronche que tira Eva n'eut pas de prix.
- Dis-moi que tu plaisantes !
- J'aimerais bien, mais je ne peux vraiment pas. Je suis une aberration. À moitié drakionne et à moitié quelque chose d'autre tout aussi stupéfiant et désastreux. Et je ne peux pas te dire quoi sinon nous serions toutes les deux en danger mortel.
Sachant que Blanche n'affirmerait jamais ça, à moins que cela soit vrai, Eva accepta à contrecœur et décida de bouder pour la forme.
- Ton père a dit qu'il ne pouvait pas t'emmener au gala, reprit Blanche.
Tant qu'à annoncer des mauvaises nouvelles, autant le faire jusqu'au bout.
- Il ne peut pas me surveiller et te surveiller toi aussi alors que je serais le centre de l'attention. En revanche, pour se faire pardonner, il accepte que l'on sèche tous les deux le cours de sport demain pour nous emmener en viré shopping avec mon grand-père. C'est à prendre ou à laisser...
Eva fit la tête une seconde fois, mais grogna tout de même qu'elle prenait avant de retourner à son devoir et à un mutisme des plus chiant.
Blanche soupira. Ce n'était pas sa journée. N'ayant pas faim, elle sauta le dîner et après une bonne lecture sur le chapitre des démons et en partie du régime alimentaire des incubes, elle décida de rejoindre un monde moins terne. Ce qu'elle lisait, la terrifiait.
Depuis quand préférait-elle l'Outremonde à Epsilon ? Elle secoua la tête. Décidément, là-haut, ça ne tournait pas rond.
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