52. Polyamour


( Dédicace à breegtereb dont les sujets me passionnent autant que les miens. Merci ☺️).

- Et est-ce qu'il sait qui je suis pour lui ?

- Nop, se répéta le familier alors qu'il accourait pour servir un verre à sa maîtresse qu'il lui remit entre les mains.

Elle le bu d'un trait sous les yeux de Kiyan qui ne dit mot.

- Pyjamas ? Demanda Blanche, alors qu'Asmodee observait l'échange curieux.

- Certains démons comme Asmodee sont trop puissants pour venir avec leur corps d'origine ici, alors ils empruntent des corps. Possession démoniaque. Le siècle dernier, notre ami ici présent était blond, les cheveux longs et des yeux verts, lui rappela Kiyan exprès devant le démon.

- J'aimais bien celui-là. Hélas, j'ai été mordu par un métamorphe, expliqua le prince qui en avait marre de ne pas être au centre de l'attention. J'ai dû m'en débarrasser...

Blanche, qui comprenait très bien qu'un démon n'avait que faire d'une enveloppe charnelle qui n'obéissait pas, se liquéfia.

- Je parlais juste du nom « pyjamas ». C'est pas cool. T'as fait quoi de Nathaniel ?

- C'est comme ça qu'il s'appelle ? Demanda le démon supérieur. Je l'ai remercié avec une bonne paye et de quoi refaire sa vie. Je ne suis pas un monstre, bien qu'on ait une piètre opinion de moi. Il m'a bien servi.

Blanche faillit lâcher un soupir de soulagement. Ainsi donc, elle était vraiment la fille d'Asmodee. Elle jeta un coup d'œil à Phénix qui n'en menait pas large.

- Depuis quand es-tu au courant ? Le questionna-t-elle.

- C'est toi qui me l'as dit juste avant de partir.

Blanche réfléchit un instant en jouant avec son verre vide. Ça se tenait. Puis, elle regarda son tuteur. La rousse buvait de l'alcool en sa présence et il n'avait pas dit un mot. La boucle d'oreille, l'alcool... Ça ne ressemblait pas au père de sa meilleure amie. La jeune femme soupira.

- Est-ce que quelqu'un peut-il me dire ce qu'il se passe ici ? Gronda, le prince qui commençait sérieusement en avoir marre.

Blanche déclara alors qu'elle aurait besoin d'un autre verre avant de s'asseoir dans le canapé où Kiyan et le Prince ne tardèrent pas à la rejoindre.

Cette fois-ci, Blanche pesa ses mots. La capacité du « rossignol » ne pourrait pas être activée avant l'heure suivante.

- Le jour où tu m'as trouvé chez Elizabeth, je revenais de l'hôpital pour un accident de voiture. J'étais en miette, dit-elle, en se souvenant parfaitement de son état primaire. On m'a rafistolé avec de la magie. J'ai aucune idée de qui j'étais il y a plus de seize ans.

Asmodee fronça les sourcils. Tout était vrai, bien que cela ne lui plut guère. Kiyan hocha de la tête lorsque le prince le regarda. Soudain, l'homme se mit en colère encore plus fort que la serveuse. Les veines du brun ressortirent sur sa mâchoire et à sa tempe, les poings se fermèrent.

- Donc quand je suis venu, tu ignorais vraiment que j'étais un de tes plus vieux amis ?

Blanche hocha la tête, les yeux écarquillés. Elle s'était liée d'amitié avec son paternel ? Bon, dans un sens, ça valait mieux que de s'en faire un ennemi...

- Qui a fait ça ? Hurla le démon, faisant sursauter la jeune femme.

Phénix qui s'attendait à cette réaction, ne bougea pas, tout comme Kiyan.

- Je l'ignore, répondit la jeune femme, ce qui était la stricte vérité.

- Phénix, trouve-moi qui a fait ça.

- Oui, patron.

Le familier jeta un regard étrange à la jeune femme avant de se volatiliser.

Sois prudente, petite souris. Il a beau être ton père, Asmodee reste redoutable.

Blanche qui avait confiance en son familier, choisit avec soin ses prochains mots.

- Donc si je comprends bien, repris la rousse avec douceur, nous sommes de vieux amis ?

- En effet, acquiesça le prince démoniaque. Tu étais là au début de ce club dans les années deux mille, tu savais faire la fête en ce temps-là et puis un jour, tu as disparu sans laisser de trace. Où étais-tu ?

- T'ai-je déjà dit ce que je suis ? Éluda-t-elle.

Asmodee hocha la tête.

- Tu es une cambionne de type succube. C'est pour ça que je t'ai accepté comme barman. J'ai cru que les nephilimes t'avaient eu, mais ça collait pas, puisque qu'il n'y avait pas eu d'accident... De plus, tu te nourrissais sans faire de vague.

- Je quoi ?! S'écria la jeune femme.

Une succube ? Cela voulait dire qu'elle se nourrirait de la même manière que Phénix ? Une caresse, un baiser, un orga...?! Elle s'autocensura. Pas prête.

- Oui. Pour une cambionne, tu t'en sors plutôt bien. Tu as combien d'amants en ce moment ?

Blanche rougit.

- Polyamoureuse, murmura-t-elle, se rappelant.

- Eh oui, moi, je tombe pas amoureux de toutes les personnes avec qui je couche, mais toi... Tu as la fâcheuse tendance de donner ton corps en même temps que ton cœur.

Il leva les épaules. Avant de reprendre :

- Chacun son truc. Alors, tu es toujours à quatre ?

- Euh...

Impossible de mentir, elle hocha la tête en fermant les yeux. La jeune femme avait eu tout le temps du monde d'y penser. Entre Aaron, son mari, Saphir, son drakion, Fenrir, le dieu qui assurait sans l'ombre d'un mensonge qu'il s'était déjà adonné à des choses plus que plaisante avec elle... Sans compter, la discussion qu'elle avait surprise entre Kiyan et Sebastian, elle savait que ce dernier en faisait forcément parti. Et ça, c'était sans parler les passages osés de ses journaux intimes...

- Pas plus ? S'étonna le prince, tu dois mourir de faim !

Pas plus ?! Comment ça pas plus ?! Quatre ?! C'était énorme. Mal à l'aise de discuter de ça entre son père biologique qui l'ignorait. Et entre son mari, qui ne disait mot, gardant un visage des plus neutre, alors que c'était tout le contraire de son aura, elle ne put s'empêcher de demander :

- Combien m'en faudrait-il ? S'écria-t-elle.

- Pour ne pas mourir de faim ? Au moins sept... Pour ne pas sombrer dans la folie ? Davantage.

Sept ?! Elle écarquilla les yeux, perplexe. Sept ?! Comment était-il possible...? Blanche, déjà rouge, eut le tournis. Kiyan à côté d'elle, soupira avant de lui prendre fermement la main. Ce simple geste suffit à la jeune femme pour revenir dans la réalité. C'était sympa d'être soutenu par l'un de ses potentiels amants.

- En même temps, je te comprends. C'est dur de trouver des partenaires à la hauteur de ton pouvoir. Lilith, c'est quelque chose. Tu es exceptionnellement forte si bien qu'il te faut des mets de choix si tu ne veux pas qu'ils meurent.

- Pardon ?!

Blanche était passée d'un teint de tomate à celui livide d'un cadavre.

- Oui, tu sais... Depuis que le pouvoir de Lilith a élu domicile chez toi... Et puis, mourir d'amour n'est pas une expression chez nous. Nous nous nourrissons de plaisir, de sexe et de sentiments. Si nous utilisons deux fois de suite le même partenaire, nous risquons de le vider de son énergie vitale et donc de le tuer.

Asmodee s'arrêta un instant, regarda Kiyan, puis passant sa main sur sa bouche de droite à gauche, il se décida à poursuivre avant de la laisser tomber, las.

- Tu as toujours mis un point d'honneur à choisir des personnes puissantes qui ne risquent absolument rien avec toi. Et puisque c'est un privilège d'être avec toi, je le comprends totalement. C'est toi qui m'as fait découvrir que je méritais mieux que de me donner juste pour ne pas crever de faim.

Son père était démoniaque sans l'ombre d'un doute. Mais il aimait vraiment sa petite Blanchette. Alors la jeune femme prit la décision de révéler la vérité.

Elle regarda Kiyan qui soupira, comprenant son intention. Il ferma les yeux un instant puis les rouvrit avant de hocher la tête, bien que cela restait une mauvaise idée.

- Je, déglutit Blanche. Je suis à moitié cambionne et à moitié drakionne, révéla-t-elle au Prince démoniaque.

Cette fois-ci ce fut autour de l'homme d'être choqué.

- C'est impossible, murmura Asmodee alors qu'il percevait pourtant la vérité dans ses paroles. Il y a déjà eu des métissages, bien sûr, continua-t-il en déglutissant, mais jamais entre un démon et une drakionne.

- Oui, je suis ce qu'on appelle communément une abomination, j'en suis consciente. Et j'ai omis de te dire la vérité tout à l'heure. Si je ne me souviens pas de toi, c'est parce que je ne te connais pas. Du moins pas encore.

Cette fois-ci, elle sut qu'elle avait perdu le démon.

- Ce que Blanche essaye de te dire, c'est que ses pouvoirs spéciaux ont fait la convoitise d'un dieu de l'Outremonde, intervint Kiyan. Il la déposer en quelque sorte dans le passé pour la protéger. Elle ne te connait pas encore parce que ce dieu ne sait pas manifester pour l'envoyer dans le temps.

Asmodee regarda Blanche puis Kiyan avant de revenir sur les deux. L'explication du faux djinn remis ses idées en place, bien que techniquement, le voyage dans le temps même pour un être qui connaissait la magie depuis des lustres restait encore à ce jour, une exception.

- Tu déconnes ! Laissa échapper Asmodee, qui n'en revenait pas, après autant de révélations.

Bienvenue au Club, pensa Blanche.

- Non, reprit Kiyan. Tu sais bien que non. Elle ne sait rien de ce qui s'est passé au début des années deux mille.

- Rien ? Questionna Asmodee en regardant le roi d'un regard méfiant.

- Rien.

Le prince se frotta les yeux, dépasser par les évènements.

- Donc, si tu vas aller dans le passé et que notre passé, c'est ton futur... Attends une seconde. Tu es son tuteur ? Toi ? Releva enfin Asmodee. Pourquoi diable a-t-elle besoin d'un tuteur ?

- C'est exact. Blanche va pas tarder à fêter ses dix-sept ans.

- Dix-sept ans ? Blanchette va avoir dix-sept ans ?

Ses yeux s'écarquillèrent et Blanche vit le moment exact où il comprit qui elle était. Ce qu'elle avait fait. Ses yeux brillèrent, sa bouche s'arrondie muette. Il avait besoin de mots, alors elle le lui dit :

- Je m'appelle Elizabeth IV Blanche Drake. Je suis la fille d'Elsa et la tienne. Le jour où tu as fait la connaissance de Nathaniel... Tu as... Tu-sais-quoi... Avec ma mère.

Asmodee déglutit.

- Ma fille ? Murmura-t-il en regardant Kiyan.

Ce dernier hocha la tête.

- Je veux te l'entendre dire, s'écria le démon. Je n'y croirai pas tant que...

- C'est ta fille, le coupa Kiyan.

Le démon reporta toute son attention sur sa fille. Elle avait ses yeux, ceux qu'il avait quand il était humain, presque les mêmes que ceux de son ancien hôte. Et elle avait les cheveux roux de sa grand-mère maternelle. Le pouvoir de succube de Blanche était plus puissant que son propre pouvoir d'incube alors qu'il était le premier de sa lignée.

Ça se tenait.

- Qui le sait ? Murmura le démon en regardant Blanche comme s'il la voyait pour la première fois.

- Phénix, toi, Blanche et moi, lui répondit Kiyan. Elsa croit toujours qu'il ne s'agit que de Nathaniel. Elle ne sait même pas que sa fille est à moitié...

Kiyan ne finit pas sa phrase, il était inutile d'aller plus loin.

- Sale Phénix, de mes deux... J'ai besoin d'un verre, s'écria le démon en se levant direction le bar.

- Moi aussi, lui répondit Blanche.

Le démon hocha la tête et c'est dans un silence complet qu'il les prépara avant de revenir.

- Je suppose que je ne peux dire à personne que tu es ma fille ? Lui demanda-t-il, une fois de nouveau assis en face de cette dernière. Sinon tous les nephilims...

- Je n'ai rien à craindre des nephilims, lui assura la jeune femme avant de boire son verre d'un trait.

- Oui, je suppose que Winter fera le nécessaire... continua-t-il en suivant l'exemple de sa fille.

Sa fille !

- Mais en effet, je préfère que tu gardes cette info pour toi pour le moment, surtout que...

- Blanche, gronda Kiyan.

Elle serra sa main qui n'avait pas quitté la sienne.

- Il ne dira rien, affirma la jeune femme, gardant les yeux rivés sur les prunelles dorées de son professeur.

- Je ne dirais rien, assura Asmodee, intrigué.

- J'ai un dernier secret à te révéler, reprit la jeune femme.

- Ce n'est pas une bonne idée, assura Kiyan.

- Il était mon ami avant d'être mon père, je lui dois bien ça, répliqua la jeune femme.

Kiyan soupira. S'attendant à tout sauf à la révélation de la jeune femme.

- Je suis une drakionne diamantaire.

Asmodee en resta bouche-bée. Kiyan cligna des yeux, perplexe. Il pensait qu'elle allait dire tout autre chose.

- Je ne risque absolument rien.

Kiyan comprit alors ce que la jeune femme avait voulu faire en divulguant cette information, lorsque le soulagement qu'éprouva Asmodee fut aussi manifeste. Il s'était vraiment inquiété pour sa fille. Il l'aimait réellement. Jamais Kiyan n'aurait cru cela du démon. Finalement, Blanche avait vraiment un père.

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