11. Intelligence...
Blanche fut de nouveau dans l'entrepôt. Youpi... La fenêtre de mission s'ouvrît, lui rappelant sa condition, alors qu'elle était encore en train de soupirer :
Stats Acquises :
Force +2
Agilité +2
Rapidité +1
Sagesse 0
Intelligence 0
Drainage-Niveau1
Elle relut deux fois le 0 d'Intelligence et la seconde fois, elle le regarda d'un mauvais œil, avant que la fenêtre ne change.
Deuxième niveau : Évaluation des compétences de survie en milieu hostile.
Objectif : Survivre.
Temps : Vingt-quatre heures.
Récompense de mission : À voir.
- Vingt-quatre heures ? Carrément ?
S'écria-t-elle, surprise, alors qu'elle vit la fenêtre se fermer comme si de rien était, malgré son air outragé.
Blanche ferma les yeux un instant, inspira puis les rouvrit. Si elle devait passer autant de temps ici, autant savoir ce que cela signifiait d'être « ici ».
Tandis qu'elle marchait vers l'entrée de l'entrepôt d'où était rentré le monstre, elle remarqua sa robe. Jetant un rapide coup d'œil à celle-ci, elle eut vite fait de comprendre. Elle l'avait abîmé contre l'orc... le vêtement était dorénavant fendu si haut, que l'on voyait sa cuisse et même sa culotte sur le côté droit. Son chandail ne se fermait même pas. Elle trouva cette robe foutrement indécente. Qui était-elle dans l'autre monde pour porter ce genre de tenue ridicule et inutile ?
Enfin arrivée à la porte, l'air frais, les soleils, le ciel si bleu... un véritable temps d'hiver qu'elle apprécia derechef, lui fit le plus grand bien.
Et c'est là qu'elle percuta. Les soleils ? Pourquoi pensait-elle qu'il devrait y en avoir qu'un ?
Les yeux écarquillés, elle observa une étendue déserte à perte de vue, recouverte de neige, où dans un ciel azur se battaient en duel non pas un mais deux soleils !
De la fenêtre, elle n'en distingua qu'un car l'autre était à l'opposé et bien plus petit, éclairant une géante gazeuse si proche, si énorme qu'elle la percevait d'ici. Quelque peu effacée, dans les tons ocre et roses, elle était tout simplement sublime.
La jeune femme prit le temps de faire le tour de l'entrepôt. Si elle devait rester dans ce monde, il était hors de question qu'elle reste seule dans ce bâtiment, mais il était hors de question également qu'elle ne parte sans ressources. Surtout habillée de cette façon. Elle ne ferait pas long feu...
Elle prit le temps de fouiller tous les casiers, tout en gardant un œil sur la porte, histoire d'éviter de nouvelles surprises. Elle y trouva alors un sac fait en toile avec un crochet devant, deux couvertures vertes, une grosse corde assez longue de quelques mètres, un ciseau en bon état, un scalpel un peu rouillé, des fournitures médicales, davantage des kits de sutures et des compresses dont elle ne prit que le strict nécessaire.
Tous les casiers et armoires qu'elle a pu trouver y passèrent sauf ceux qui étaient encore renversés sur le cadavre de l'orc. Avec sa nouvelle force, cela fut plus facile de les lever. Elle prit alors le temps de les ouvrir. Bingo ! Une bâche et des allumettes. Par contre, aucune denrée alimentaire, pas même une simple gourde pour stocker de l'eau.
Elle ramena ses longs cheveux devant elle, poisseux à cause de la transpiration, de sa course et de sa terreur combinée, bref bien sale. Elle estima qu'ils étaient bien trop longs pour un environnement pareil. Armé d'un fil de fer, elle les tressa et les attacha un en chignon bien serré.
La jeune femme prit ensuite le temps d'utiliser la couverture la plus grande pour lui confectionner une cape et avec un bout de ficelle, elle la noua à sa taille. Tout le reste alla dans le sac, sauf le seul scalpel qui restait en bon état et le fixait à porter de main dans la poche de son gilet. Ainsi parée, elle retourna devant l'entrée avant de jeter un coup d'œil en arrière.
Elle fixa une seconde de plus le cadavre de l'orc sur lequel la hache était encore plantée. Elle fit alors demi-tour pour la récupérer. Bien coincée, elle lâcha son sac pour la retirer. Il lui fallut un bon moment pour y arriver. La cervelle de l'autre abruti se répandit et la hache partit en arrière assez fort pour la blessée si elle n'avait pas esquivé à temps.
Blanche la ramassa et la soupesa. Elle était indéniablement plus légère. Aucun doute. Elle était déjà bien plus forte qu'avant, comme quoi les stats avaient leur importance. Tranchante, bien aiguisée, elle alla chercher un vieux drap sur l'un des lits, pour l'emballer, qu'elle fixa de nouveau avec une cordelette, après un rapide nettoyage. Reprenant le sac, elle coinça le manche de la hache entre son dos et le sac, puis elle se mit en route.
En marche, elle ne tarda pas à sentir la morsure du froid, sur ses jambes nues. La couverture n'étant pas assez longue pour couvrir sa tête et ses chevilles à la fois. Sans un mot, sans même se retourner sur le bâtiment qu'elle trouva sinistre, elle prit la route direction la forêt. En fait, elle était soulagée de s'en éloigner, même si c'était le seul abri à des kilomètres à la ronde.
Elle ignora pendant combien de temps, elle marchait ainsi dans un silence glacé.
Faisant attention à son environnement, son esprit tournant à plein régime quand elle vit un oiseau.
En plein hiver qui fendait le Ciel. Libre. Son ventre lui rappela pile en cet instant qu'elle n'avait rien mangé depuis sa discussion avec Fenrir. Combien de temps s'était-il écoulé depuis ? Et entre les deux missions dans cet autre monde, combien de jours y avait-elle vécu ? Pourtant, la jeune femme avait l'impression de n'avoir pas mangé depuis des jours... L'animal était assez proche pour que s'il ne tombe, elle puisse le récupérer sur sa route. Après tout, cela restait un volatile... Cela devait être comestible non ? Quelle compétence pourrait-elle donc récupérer sur un oiseau ? Curieuse de le savoir, elle s'exécuta.
- Drainage, murmura Blanche.
Aussitôt l'être tomba en plein vol. La fenêtre habituelle s'ouvrît.
Vol-Niveau1
Drainage-Niveau2
Elle haussa les sourcils, surprise. Vraiment ? Blanche rit alors, joyeuse à la perspective de pouvoir voler. Voilà quelque chose de très intéressant. Qui n'en a jamais rêvé ?
Le temps passa. Elle ignorait combien de kilomètres, elle venait de parcourir, tirant sur ses jambes. Blanche ne pouvait même pas s'asseoir, la neige épaisse recouvrait tout sur son passage. Elle ne pouvait que continuer, un pas après l'autre.
Heureusement, elle arriva bientôt à l'oiseau qu'elle avait hâte de ramasser, son ventre criant famine depuis un moment déjà. Sauf qu'elle ne s'attendait pas à en voir un second aussi tôt.
La femelle, plus petite, poussait doucement la tête de son compagnon mort, espérant le faire bouger. Blanche eut sincèrement de la peine pour elle, mais... Elle avait bien trop faim et elle n'était pas sûre que la femelle lui laisse prendre son ami sans combattre. S'assurant encore une fois qu'elle était bien seule, elle utilisa Drainage, avec remords.
Sagesse+1
Bon, c'était toujours ça de pris, bien qu'elle ignore à quoi cela pouvait bien correspondre dans ce jeu.
Elle prit les deux volatiles et coinça leurs pattes sous sa cordelette qui fixait sa couverture. Un animal de chaque côté, penchant sur un côté plus que l'autre vu la différence de poids, elle eut vite fait de se rendre compte qu'elle devait avoir l'air ridicule avec sa démarche.
Trempée et frigorifiée, elle continuait à avancer plus laborieusement. Il lui fallut encore quelques heures supplémentaires pour atteindre la cime des arbres. Le souffle coupé autant par l'exercice que devant autant de magnificence et de grandeur. Les pins et autres conifères étaient des arbres géants. Ils culminaient des hauteurs insoupçonnées. Certains touchaient même les nuages et la taille des troncs des plus fins suffisait à la cacher sans problème. La forêt était sauvage et vieille, certaines branches lui arrivaient sans peine à la taille.
Blanche déposa ses affaires aux pieds de l'un d'eux en bordure et alla ramasser du petit bois. Ce qui se révéla être en fait des aiguilles géantes. Au moins certaines d'entre elles étaient sèches, puisque la neige n'arrivait pas ici-bas. Dos à l'arbre pour une vue plus ou moins dégagée, elle se mit à déballer les affaires dont elle pensait en avoir le plus besoin.
Sa hache entre autres, dont elle coinça le manche entre ses cuisses, pour pouvoir trancher sans trop de problème. Incapable de dépecer un animal et encore moins de le vider, elle se contenta des cuisses et des ailes, après avoirs déplumés les aigles. Elle en grimaça de mécontentement. Un vrai gâchis. Mais bon, on fait avec ce que l'on a.
Avec une immense aiguille, elle confectionna une rôtissoire et avec d'autres de quoi le caler. Puis, elle mit le feu au reste du bois avec une bonne allumette. Les flammes aussi proches la réchauffèrent jusqu'aux os. Cela faisait un bien fou. Elle fit cuire rapidement les morceaux avant de les gober tout rond. C'était chaud, juteux, mais fade, bien trop dur à mâcher, mais cela lui fit du bien et pour le moment, c'était tout ce qui comptait.
Une fois fini, elle détruisit le foyer qu'elle recouvrit de neige pour le dissimuler. Pareil pour le corps des oiseaux, qu'elle déposa tout de même côte à côte, à défaut de pouvoir les enterrer. La terre bien trop gelée était aussi dure que du béton. De plus, il était temps, le dernier soleil, le moins brillant, mais le plus chaleureux, n'allait pas tarder à finir sa course dans le ciel nocturne.
Elle rangea ses affaires, fixa la hache au bagage improvisé puis reliant le tout à la corde. Ni une ni deux, elle se mit à grimper à l'arbre. Même si son expérience était comparable à un nouveau-né, elle avait assez de jugeote pour savoir que rester au sol était une très mauvaise idée.
Elle grimpa, branche par branche, hissant son sac à chaque étape. La jeune femme recommençait encore et encore, sous les yeux curieux des Dieux du Nord.
Force+1
Intelligence+1
Allons bon... La nuit finit par totalement tomber et seule la géante gazeuse illuminait doucement le ciel. Il n'y avait pas une seule étoile. Rampant sur la branche qui devait être la vingtième, donc à plus de vingt ou vingt-cinq mètres du sol, elle se cala sur le tronc. Ici, la neige n'atteignait pas encore les branches contrairement au froid et au vent. Surtout qu'elle n'était encore qu'à l'orée de la forêt. La branche était épaisse avec une bonne marge de deux mètres, assez suffisante pour ne pas risquer de tomber pendant son sommeil. Avec le scalpel, elle supprima les quelques aiguilles de la surface de la branche qui pourraient lui faire mal, avant de sortir la bâche, la seconde couverture et de dénouer la corde. Elle eut vite fait l'impression de tourner au ralenti, difficile d'être rapide avec ses mains sales, blessées et gercées, sans compter son immense fatigue.
Calant le sac contre le tronc, la bâche entre eux deux, elle s'en servit comme d'une tente. Elle enroula la corde aux extrémités des branches qui restaient puis sur ses jambes, les immobilisant le plus possible. Posant sa tête sur le sac, le dos à demi affalé, elle utilisa la seconde couverture pour couvrir son corps inférieur. Elle prit soin ensuite de la coincer à la fois en dessous, histoire de ne pas être en contact avec la branche assez rugueuse.
Elle finit par s'envelopper au maximum dans la bâche. Puis, elle essaya tant bien que mal de faire abstraction de sa gorge qui réclamait à boire. L'épuisement eut raison d'elle, car elle finit par sombrer dans un sommeil profond, plus vite qu'elle ne l'aurait cru, avec le vent mugissant de tous les côtés pour berceuse.
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