17

Je suis assis sur une chaise face à la télé avec une clope à la main et je ne sais même pas quel jour on est. Au boulot, on a presque plus de cartouches en caoutchouc. 

On frappe les émeutiers à coups de crosse dans les mentons. 

Hier une femme est morte piétinée. Des dizaines de magasins brûlent. 

Le drapeau oudmourte fleurit à de nombreuses fenêtres et le mot indépendance est sur toutes les lèvres, celles de la presse locale, nationale, internationale. 

Le gouvernement parle d'une intervention armée dans les prochains jours.

— Je ne te reconnais plus ! me dit Katia, qui en fait, se dresse entre moi et le poste de télévision.

Je tire une taffe et je hoche de la tête. Je ne sais même pas pourquoi j'acquiesce. 

Je l'entends parler avec un débit rapide mais je n'arrive pas à me concentrer sur sa voix. 

— Regarde toi, Oleg... t'es plus le même... tu pars à la dérive... comme cette ville et ce pays, bordel ! T'es un zombie ! Est-ce que tu m'écoutes ? Oleg ? OLEG !

— Mmmmouais ?

— T'as compris ce que je disais ?

— Mfhrt.

— J'en ai marre, Oleg. J'ai plus envie de continuer comme ça. C'est trop la merde, tu comprends. Je flippe à chaque fois que je sors. Ce matin, il y a une boutique de vêtements qui a explosé et j'étais à cent mètres.

Je lève enfin les yeux vers elle.

 C'est comme si je regardais une inconnue pour la première fois.

— Ben, casse-toi, alors, qu'est-ce que t'attends, que je lui dis.

Elle a sûrement envie de me gifler, mais je vois qu'elle se retient. Elle se mord la lèvre.

— Okay, elle répond. J'ai pas envie de crever.

Elle quitte mon appartement. Il lui faut l'après-midi entière pour faire ses bagages. 

Elle laisse ses meubles les plus gros. Debout à ma fenêtre, je la vois entasser les valises à l'arrière d'une vieille Lada surmontée de la borne « taxi » jaune puis monter dedans. 

La voiture démarre et disparaît. 

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