Chapitre 8
Je suis réveillée par Cyriel qui me secoue délicatement l'épaule.
-On est arrivés, dit-il.
Nous descendons en compagnie du cracheur et d'Elia à la quelele. Face à nous se dresse un mur gigantesque.
-Votre attention s'il vous plaît ! appelle la femme aux cheveux roux.
Tout le monde se tait.
-Vous allez participer à la première épreuve sans dragons !
Des sifflements contrariés fusent de la foule. Je me sens soudain beaucoup plus stressée.
-Nous vous demandons d'emmener vos bêtes dans l'arène là-bas, dit-elle en pointant un grand bâtiment derrière nous. Des chaînes sont mises à disposition si besoin.
Je n'y avais pas prêté attention, mais maintenant qu'elle le dit, c'est vrai que la plupart des dragons sont enchaînés et muselés. Je sens la colère monter en moi mais reste tout de même concentrée sur le dialecte de la femme.
-Une fois que tous les dragons seront dans l'arène, vous serez divisés en plusieurs groupes pour recevoir une arme.
Les participants acquiesent et la suivent dans le grand bâtiment. Je rentre en dernière et suis surprise. L'arène est à ciel ouvert, elle pouvait largement accueillir tous les dragons. Elia s'assoit près de l'entrée et me fixe de ses magnifiques yeux bleus turquoise.
-Je serais prudente, je lui promets.
Elle ne cille pas, mais je comprends qu'elle est inquiète pour moi. Le cracheur vient s'asseoir à côté d'elle et Cyriel me prend la main.
-Viens, on y va, me dit-il en me tirant vers la sortie.
Je fais un dernier signe de la main à mon amie et suis le jeune homme à l'extérieur. La belle rousse nous répartit en groupe de 50 par ordre d'inscription et Cyriel et moi nous dirigeons vers le dernier. Nous attendons en silence jusqu'à ce qu'un homme grand et barbu vienne. Il tenait deux gros sacs qui semblaient peser une tonne.
-Pour cette épreuve, vous serez lâché dans un labyrinthe géant avec soit une arbalète, soit un arc, dit-il de sa voix bourru.
Je souris à Cyriel. Je sais manier l'arc mieux que quiconque. L'homme barbu sortit des arcs et des arbalètes et les posa sur le sol. Chaque participant se sert. J'attrape un arc en bois massif et Cyriel une arbalète. Je cherche un carquois et des flèches mais ne trouve qu'un cube miniature.
-Ouvre-le, me dit l'homme.
J'appuie sur le bouton sur le dessus. À l'intérieur je trouve une petit carquois de la taille d'un doigt. A peine l'ai-je sorti qu'il grossit jusqu'à atteindre une taille normale. Les autres participants le regardent, ébahis.
-C'est un système très futuriste qui permet d'avoir des flèches à l'infini, expliqua le barbu. Quand les dix flèches qu'il contient sont lancées, un engrenage complexe s'active, rappelant les projectiles.
J'écarquille les yeux en l'entendant. Je n'aurai jamais cru qu'un tel prototype puisse exister un jour. C'est révolutionnaire !
L'homme barbu nous distribue dix flèches chacun. Leur bout étant composé d'une boule et d'une toute petite aiguille, je le regarde avec un oeil circonspect.
-Elles sont étranges vos flèches, je fais remarquer.
-C'est fait exprès. Nous ne voulons pas que vous vous entre-tuez. Ces flèches contiennent des puces de localisation. Si vous vous faites piquer, une puce s'implantera dans votre peau. Nous saurons alors que vous vous êtes fait touché et viendrons vous chercher en hélicoptère. Vous serez éliminé.
Je sens le stress monter en moi mais reste totalement statique.
-C'est quoi un hélicoptère ? demande Cyriel, cassant le silence qui s'était interposé.
L'homme sourit.
-C'est vrai que la plupart d'entre vous ne sont pas au courant des avancées technologiques. C'est un engin volant en quelque sorte. Vous verrez bien par vous même lorsqu'il y aura un éliminé.
Et sur ce, il s'éloigne d'un pas nonchalant. Les groupes sont emmenés les uns après les autres ne laissant plus que le mien. Alors que la femme rousse revenait, Cyriel se penche vers moi.
-On reste ensemble, pas vrai ? me demande-t-il.
-Évidemment !
La femme nous dirige jusqu'à une porte un peu plus loin, ancrée dans le grand mur. Elle l'ouvrit. A l'intérieur du labyrinthe se dresse un long couloir à ciel ouvert menant à une interstice.
-Vous serez lâché par deux toutes les minutes. L'épreuve commencera quand vous entendrez le gong. Suize McNec et Suzanne Mélane, vous êtes les premières.
Les deux filles s'éloignent dans le labyrinthe, leurs arbalètes en main. Les minutes s'écoulent et Cyriel et moi partons en derniers. Nous marchons côte à côte et nous enfonçons dans le labyrinthe. À la minute où le gong sonna, Cyriel et moi levons nos armes prêts à tirer sur le premier arrivant.
-Nous devrions nous mettre dos à dos pour couvrir nos arrières.
-Bonne idée, acquiesce Cyriel en se plaçant dos à moi.
Nous marchons comme ça 5 bonnes minutes jusqu'à ce que je perçoive un mouvement du coin de l'oeil. Je pointe mon arc dans cette direction et m'en rapproche lentement. Cyriel est toujours derrière moi, ce qui me rassure un peu. Une ombre apparut au coin du couloir, ainsi qu'une touffe de cheveux. Je comprends alors qu'elle nous a vu et qu'elle veut nous prendre par surprise. Je donne un coup de coude à Cyriel et mets un doigt sur ma bouche pour qu'il ne parle pas. Je lui montre l'ombre. Il me fait un clin d'oeil et se met à longer le mur. Je me colle à la paroi opposée au moment où Cyriel bondit devant l'intersection. L'ombre, surprise, tire une flèche au hasard qui se perd dans la poussière. Un garçon. Un homme même. L'ombre est un homme. J'ai de la peine en tirant ma flèche, mais en revoyant les dragons enchainés et le piteux état de l'orphelinat, je n'ai plus aucuns remords. La flèche vient se planter dans le cou de l'homme. Il a un petit gémissement puis rien. Où est l'hélicoptère ? Ma pensée est balayée par un mugissement venu du ciel. Cyriel, l'homme et moi levons la tête au même moment. Un gros engin à hélices stagne au-dessus de nous. Un harnais descend et s'enroule autour de l'homme. Avant même qu'il ne comprenne ce qui lui arrive, il est propulsé dans les airs et atterrit dans l'hélico. L'engin repart, laissant le silence reprendre ses droits.
-Il n'a pas eu le temps d'avoir peur, me rassure Cyriel en me prenant la main.
Nous continuons d'avancer alors que les hélicoptères passent au-dessus de nos têtes. Cyriel a déjà touché six personnes et moi une douzaine quand un trio nous fonce dessus, tirant des flèches au hasard. L'une d'elle me frôle mais je réussis à toucher la fille qui l'a tirée. Soudain, quelqu'un me tire en arrière et me plaqua contre le mur. Je tourne la tête pour voir mon agresseur et vois une grande brune me tenir les bras dans le dos.
-Suzanne ! Viens m'aider ! crie-t-elle en arrière.
La fille qu'elle appelle en vain se bat à mains nues avec Cyriel. Leurs armes ont glissé un peu plus loin, hors de portée. La fille est celle qui était partie en première avec Suize.
Alors que la fille brune me tenant est concentrée sur le combat entre Suzanne et Cyriel, je me dégage d'un coup sec et la pousse par terre. Je cours attraper une flèche. La fille s'est déjà levée et me fonce droit dessus. Je l'esquive, la pousse contre le mur et plante d'un coup sec le bout de ma flèche dans son dos. Elle pousse un petit cri et s'assoit par terre. Elle relève la tête vers moi et me fait un petit sourire.
-Bravo, tu as gagné.
-Je suis désolée...
-Ne t'excuse pas ! Je...
Je n'entends pas la fin de sa phrase car elle est interrompue par l'hélicoptère nous survolant. Il repartit aussi vite qui était venu, la jeune fille à bord. Je me retourne vers Suzanne et Cyriel ; la jeune femme a prit le dessus et se tient au-dessus du garçon, tenant fermement ses mains dans son dos. Je n'hésite pas une seule seconde et lui bondis dessus. Suzanne, surprise, lâche mon compagnon et se demène pour échapper à mon emprise, en vain.
-Cyriel ! je cris.
Le jeune homme se relève brusquement et va ramasser son arbalète. Il l'arme et tire une flèche dans l'épaule de la jeune fille. Une fois l'hélicoptère repartit, Cyriel me fait un grand sourire. Je n'ai pas le temps de le lui rendre que le sol se met à trembler sous nos pieds.
-Vous n'êtes plus que 200 ! crie une voix de nul part. Préparez-vous, ça va se corser !
À peine a-t-il fini sa phrase que le sol s'écroule sous moi. Je bondis et m'agrippe au dernier moment au bord du trou qui s'est formé. Cyriel m'aide à remonter et je pousse un long soupir.
-Ils n'avaient pas dit qu'ils ne voulaient pas qu'on meurt ? je demande en reprenant mon souffle.
-Non, ils ne voulaient seulement pas qu'on s'entre-tue, réplique Cyriel.
-Je me disais aussi.
Avant que le sol ne s'effondre à nouveau, mon compagnon et moi nous éloignons armes à la main. Les hélicoptères reprirent rapidement leur brouhaha incessant. Je réussis à tirer sur deux personnes quand un cri attire mon attention.
-De la lave ! hurle quelqu'un.
Je me tourne vers Cyriel. Il semble aussi intrigué que moi. Alors que nous nous dirigeons vers les cris, la voix retentit à nouveau.
-Vous n'êtes plus que 110 ! Courage, c'est bientôt fini !
Je regarde Cyriel, une lueur d'espoir dans les yeux.... qui disparait aussitôt que je vois la vague de lave se diriger vers nous à grande vitesse.
-Cours ! je crie en le tirant par le bras.
Je me précipite dans les couloirs inexplorés du labyrinthe, le garçon sur les talons. La lave se rapproche. Cyriel me double et me tire à son tour par le poignet.
-Tu penses que c'est vraiment de la lave ? me demande-t-il dans un virage.
Une gerbe de lave vient m'éclabousser la jambe.
-Oh oui, c'est totalement vrai, je fais avec une grimace. Elle est bouillante !
Cyriel commence à fatiguer et je ne tarde pas à le rattraper et à repasser devant lui. Une grande blonde sortie de nul part me bondit dessus. Nous roulons dans un cul de sac, suivies par Cyriel. La lave continue son chemin dans le couloir adjacent sans se diriger vers nous. J'écarquille les yeux, étonnée. Mais ma surprise est de courte durée. La grande blonde arme son arc et me vise. Je réussis à l'esciver au dernier moment et à la plaquer par terre. Cyriel la pointe avec son arbalète mais elle réussit à se dégager de mon emprise en un coup de coude dans les côtes. Elle désarme Cyriel grâce à un coup de pied et récupère son arc et ses flèches. Je cours vers elle et lui tire dessus. Elle évite mon projectile d'un geste rapide et souple et pointe son arme sur mon compagnon. J'ai utilisé toutes mes flèches et le temps qu'elles reviennent, l'aiguille de la grande blonde s'est déjà fichée dans le bras de Cyriel. Elle se tourne ensuite vers moi mais je lui ai déjà jeté mon arc à la figure et accours vers Cyriel. Il se tourne vers moi et me dit avec un sourire triste :
-Je crois bien que l'aventure s'arrête ici, dit-il.
-Non, je gémis. Comment vais-je faire sans toi ?
Le regard perdu dans ses beaux yeux noisette, je ne remarque pas la femme blonde se rapprocher de nous.
-C'est étrange, dit-elle. Aucun hélicoptère ne vient.
Cyriel et moi levons la tête en même temps. Aucun véhicule volant.
-Peut-être que l'épreuve est finie ? je propose, pleine d'espoirs.
Comme pour répondre à mon interrogation, les murs commencent à trembler.
-Ils s'enfoncent ! s'écrie la grande blonde.
En effet, les murs semblent diminuer à vue d'oeil. Bientôt, les parois ont complètement disparu, révélant des personnes éparpillées un peu partout sur la surface plane, où se dressaient quelques minutes plutôt, les murs du labyrinthe. Je me mets en quête de compter les participants restants. 97. Plus la blonde, Cyriel et moi, ça fait 100 ! Je me tourne aussitôt vers Cyriel.
-L'épreuve est finie ! Tu n'es pas éliminé !
Il me fait un sourire éblouissant que je lui rends presque aussitôt.
-Félicitation ! retentit soudain la voix de toute à l'heure. Vous avez réussi la première épreuve ! Mais comprenez que vous ne pouvez pas tous être qualifiés. Pour participer à la deuxième épreuve, veuillez suivre les flèches.
À ses mots, le sol s'assombrit à certains endroits jusqu'à former des tâches. Des flèches. Et elles pointent toutes dans la même direction. La grande blonde ne tarde pas à les suivre, Cyriel et moi sur les talons. De retour face au bâtiment renfermant les dragons, la belle aux cheveux roux nous arrête d'un signe de la main. Nous attendons que tous soit arrivé puis la femme prit la parole.
-Bravo à toutes et à tous ! Mais ce n'est pas encore terminé ! Heureusement, les dragons seront là cette fois !
Les derniers participants poussent des cris de joie. Ils se dirigent dans l'arène, cherchant leurs créatures volantes. Quand Cyriel et moi rentrons à notre tour, je remarque que beaucoup de dragons ont disparu. Ceux des éliminés. Elia se dirige vers moi à toute vitesse, ses ailes parsemées de tâches blanches dépliées. Elle percute plusieurs personnes et me plaque au sol. Je lui prends délicatement le museau et plonge mon regard émeraude dans le sien turquoise.
-Tu as vu ? J'ai réussi ! je m'écris en lui faisant un sourire éblouissant.
Je vois une pointe de fierté dans son regard mais suis coupée dans ma contemplation par des murmures de désapprobation. Les gens autour de nous m'observent avec dégoût et colère, tout en muselant leurs dragons. Je me fis un plaisir de les ignorer et me tourne vers Cyriel.
-La femme a expliqué l'épreuve ? m'enquis-je.
-Elle a seulement dit que ce sera une course à dos de dragon. En volant je suppose.
Je hausse les sourcils. Une course ? C'est original. Les participants sortirent les uns après les autres, nous laissant, Cyriel, le cracheur, Elia et moi seuls.
-Prête ? me demande Cyriel en me tendant la main.
J'hésite un instant puis accepte sa main.
-Prête.
Et nous nous dirigeons ainsi, main dans la main vers la sortie, suivis de près par nos amis volants.
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