Chapitre 7

-Personne ne souhaite s'inscrire ? demande une dernière fois l'homme de la veille. C'est le dernier jour, décidez-vous !

-Moi je veux ! je m'écris en sortant de la foule.

Je monte sur l'estrade à côté de l'homme riche.

-Bravo à toi pour trouver le courage de t'inscrire ! me félicite l'homme. Quel est ton nom ?

Je remarque qu'il a dit exactement mot pour mot ce qu'il a récité à Cyriel la veille. Cyriel... Comment va-t-il réagir quand il va apprendre que je me suis finalement inscrite ? Je chasse cette pensée de mon esprit et me reconcentre sur mon inscription.

-Sarkany Kannuiyi, je réponds calmement.

Des murmures s'élèvent dans l'assemblée. L'homme riche blêmit mais ne fait pas de commentaires.

-Quel âge as-tu ? N'oublies pas qu'il faut avoir au moins 16 ans.

-J'ai 16 ans.

-Et tu as trouvé un dragon ? Où est-il ?

Je ne réponds pas et souris. Des battements d'ailes se firent entendre. Tout le monde leva la tête au moment où Elia se posa à côté de moi. L'homme de l'estrade devint blanc comme un linge. Je compris qu'il connaissait tous les dragons par coeur, y compris les légendaires. Et qu'il avait reconnu la marque sur le front de la dragonne. Mais il pose quand même sa question :

-Impressionnant ! Peux-tu nous dire son type et sa rareté ?

Sa voix ne cache pas sa surprise et je ne peux m'empêcher de me délecter de la scène et de rire intérieurement devant sa tête.

-C'est une mystérieuse, le type le plus rare dans les dragons de rareté 4.

Des exclamations fusent de partout. Je me fais un plaisir de les ignorer et fais signe au riche de poursuivre. Il déglutit une dernière fois puis continue :

-Es-tu sûre de vouloir t'inscrire petite ?

Comparé à Cyriel, les spectateurs ne semblent pas attendre avec impatience, trop focalisés sur Elia. J'hésite une dernière fois et me tourne vers ma coéquipière. Elle pose sa tête sur mon épaule, ce qui réussit à me décider.

-Oui.

Les gens m'applaudissent avec un peu d'hésitation. L'homme de l'estrade se racle la gorge puis dit :

-Le départ pour l'épreuve de sélection se fera demain matin à 6h ici même. Ne sois pas en retard !

Je hoche la tête et monte sur le dos d'Elia. Elle décolle presque aussitôt sous les regards ébahis des Slayois. La dragonne atterrit à proximité de l'orphelinat.

-Merci. Tu peux m'attendre là ? J'ai peur que les enseignantes paniquent en me voyant débarquer avec un dragon.

Elle fait oui de la tête et je m'éloigne avec un signe de la main. A peine ai-je posé un pied dans la clairière que tout le monde accourt vers moi.

-Sarkany ! Mais où étais-tu passé ? s'écrit Marie en me prenant dans ses bras.

-Désolée ce serait trop long à expliquer, je réponds en me dégageant.

Je me précipite vers la tente des plus grands sous les regards étonnés des orphelins et des enseignantes. Je soulève mon lit de fortune et attrape mon deuxième arc et mes flèches. Je repose mon lit et me dirige vers le fond de la tente. Je me plante devant un garçon d'environ 13 ans, petit et blond. Je lui tends ma deuxième arme.

-Tiens. Je vais partir un long moment alors c'est toi qui va devoir aller chasser à ma place. Je compte sur toi. Je t'ai tout appris, tu n'auras qu'à le refaire mais sans moi.

Alexandre est un jeune garçon à qui j'avais appris l'art du tir à l'arc.

Il ne répond pas et prend l'arc et le carquois rempli de flèches. Je lui fais un dernier sourire et repars en trottinant.

-Sarkany, attends ! m'interpelle-t-il.

Je me retourne, m'attendant à ce qu'il me persuade de ne pas y aller. Ce qui ne fut pas la cas.

-Fais attention, me dit-il.

Je hoche la tête et m'éloigne. J'attrape mon arc et mon carquois qui n'avaient pas bougé depuis le veille et sors. Marie vient à nouveau à ma rencontre.

-Mais où vas-tu ? me demande-t-elle.

-Je me suis inscrite au grand concours, je réponds simplement.

Les yeux de la femme aux cheveux noirs de jais s'arrondirent comme des soucoupes.

-Quoi ? Mais pourquoi ? Non ! C'est du suicide !

-C'est pour l'orphelinat. Si je gagne, tout l'argent sera pour vous.

-Mais...

Je n'attends pas qu'elle ait finie sa phrase et cours dans la forêt. Sans un regard en arrière, je me dirige vers la cabane de Cyriel. J'ouvre la porte et vois le jeune homme sur le sol en train de rassembler ses affaires.

-Cyriel ?

Le garçon s'immobilise, surpris, puis reprend ses activités.

-Qu'est-ce que tu fais là ? me demande-t-il d'une voix dénuée de toute émotion.

-Je viens avec toi.

Cette fois, je l'ai vraiment surpris car il se redresse d'un bond et se tourne vers moi, ses beaux yeux marrons noisettes plantés dans les mieux.

-Tu plaisantes ?

-Absolument pas.

Je lui raconte tout. De ma rencontre avec Elia à celle avec ma mère en passant par mon achat au village. Cyriel m'écoute attentivement sans faire de commentaires. A la fin de mon récit, il croise les bras et me dévisage de haut en bas.

-Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé avant ? demande-t-il d'une voix posée.

-Je... Quand j'ai rencontré Elia j'étais en colère contre toi et après... je n'ai pas eu le temps.

Il fronce les sourcils.

-C'est la seule raison ?

Je grimace.

-J'avais aussi peur de ta réaction. Peur que tu m'en veuilles.

Il ne répond pas.

-C'est le cas ? je le questionne d'une petite voix.

Il soupire.

-Oui un peu, mais tu avais raison sur certains points : les Crets sont pour la plupart de mauvaises personnes. Mais moi je ne comptais pas faire comme eux. Je voulais donner les trois quarts de l'argent à l'orphelinat. Et mon voeu... Je n'y avais même pas réfléchis.

Je gigote, embarrassée.

-Oui, j'aurais dû me douter de tout ça, mais... J'ai été trop idiote pour m'en rendre compte. Et puis il fallait un dragon pour s'inscrire.

Il secoue la tête en soupirant.

-Non Sarkany, je n'ai pas capturé et persécuté un dragon. J'ai fais un pacte avec lui. Il participe au concours avec moi et en échange je dois lui rendre un service.

Je me mords la lèvre inferieur, gênée par ce nombre d'erreurs de ma part.

-Tu me pardonneras un jour ?

Il ne répond pas et se rapproche rapidement de moi. Il pose ses lèvres sur les miennes. Il finit par s'écarter et je souris.

-Je vais prendre ça pour un oui.

Il finit de rassembler ses affaires-je n'eus pas besoin de faire de même car je n'avais rien d'autre que les vêtements que je portais et mon arc. Nous rejoignons à la hâte Elia, suivis du dragon que j'avais vu la veille. La dragonne se lève en nous voyant arriver et se dirige en trottinant vers le cracheur. Il parlent un peu en langage dragon puis Elia se tourne vers moi.

-Tu es prête ? je lui demande.

Elle hoche la tête. Je m'agrippe alors à son cou et passe mes jambes l'une après l'autre par-dessus son encolure. Une fois confortablement installée, je regarde Cyriel faire de même sur le cracheur. Ensemble, nous nous envolons en direction du lieu de rendez-vous. Nous attendons toute la nuit devant la grande estrade. Je ne l'avais pas remarqué avec tous les gens la dernière fois mais la place était vraiment très grande. Les autres arrivent les uns après les autres, jusqu'à former un groupe d'environ 300 personnes. Des jeunes de mon âge aux plus vieux de 60 ans. Et des dragons. Pour la plupart volant au-dessus de nos têtes. Tous discutaient entre eux, alors que d'autres préféraient rester à l'écart. Le brouhaha s'estompe lorsqu'une belle femme aux longs cheveux roux fait son apparition sur l'estrade.

-Bonjour et félicitation ! commence-t-elle de sa voix angélique. Vous êtes 302 à vous être inscrit. Bien sûr, vous doutez que vous ne pourrez pas tous être admis. Pour faire partie des 50 sélectionnés, vous participerez à deux épreuves. Les cents qui réussiront la première pourront concourir à la deuxième.

Sa déclaration fut accueillie par des applaudissements et des sifflements d'approbation. La femme les fit taire d'un signe de la main.

-Plus tard ! D'abord, nous avons un train à prendre.

Elle se retourna et partit, bientôt suivie par les participants. Cyriel, Elia, le cracheur et moi les suivons à distance.

-Je n'ai jamais pris le train, dis-je.

-Moi non plus, répond Cyriel.

-Bah, il faut bien qu'il y ai un début à tout.

Notre grand groupe arriva en bordure de ville sur le quai (9 3/4... Nan j' rigole) 4. Un magnifique train rouge et bleu nous attendait. C'est la première fois que j'en vois un !

La femme nous fait monter les uns après les autres. Cyriel et moi nous asseyons sur la banquette d'un compartiment vide. Elia et le cracheur s'allongent à même le sol. Tous les trois s'endorment alors que je regarde le paysage défiler par la fenêtre. Mais mes paupières commencent à devenir lourdes et je ne peux pas lutter contre la fatigue.

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