Prologue

Igéa, la future reine du Diamant, s'élança parmi les murailles de son palais. Quelque chose clochait. Quelque chose n'allait pas. Quelqu'un n'était pas à sa place.

Une dragonne allait accomplir un acte qu'elle n'aurait jamais dut accomplir, faire quelque chose qu'elle n'aurait jamais du faire pour des motivations qu'elle n'aurait jamais dut avoir. La reine bifurqua dans le couloir menant à la salle du trône. Là ! Elle trouva un dragon, Destin, si elle se souvenait bien. D'après sa mémoire, il était un des généraux ayant pour ordre de garder la salle du trône. Il était occupé à donner des ordres :

« Allez ! Bougez vous ! Elle a disparut ! Il faut la retrouver ! »

Il se retourna en entendant des bruits de pas et se retrouva face à sa reine. Igéa lui fit face. Elle venait de comprendre ce qu'il avait dit et manquant de l'éventrer.

« Tu l'as laissée s'échapper ! rugit-elle. Ne fiches tu donc rien ! Ne sers-tu à rien ? Où est-elle ?

- Votre Grandeur, gémit le dragon en se faisait tout petit pendant qu'elle arpentait la pièce. La prison était bel et bien gardée. Je vous assures que... enfin je pensais que... en tout cas nous ne l'avons pas...

-Non, ne dis rien, siffla la reine. Il se passe quelque chose... »

Igéa réfléchit un instant. Non, cette dragonne à qui elle avait confisqué l'œuf ne pouvait pas s'être échappée. Elle avait été enfermée dans le plus profond des cachots, le mieux gardé, le plus solide et le plus résistant aux flammes de Lave. Elle ne pouvait pas... ce ne devait pas être ça... Soudain elle entendit un cri venait de la salle au trésor. Un cri paniqué et un raclement de griffe précipité.

« Alerte ! cria-t-on. Elle tente de s'emparer du Dia... »

Le cri fut interrompu. Le bruit d'un corps tombant au sol se fit entendre. Pas de râle d'agonie ou d'autre bruit. Un travail de professionnel. Celui, ou celle, qui avait fait cela voulait passer inaperçu. La reine se redressa, à l'écoute. Elle avait de très bon sens et elle entendit, aussi légers soient-ils, le bruit des griffes raclant le sol. Elle fit signe à Destin de la suivre. Elle courut vers la salle aux trésors. En arrivant devant la porte, elle se rendit compte que celle-ci était déjà ouverte et qu'un cadavre se gisait au sol. Ce n'était pas possible... pas possible ! Quand Igéa releva la tête, elle découvrit une dragonne au milieu de la pièce. Les yeux de l'intruse étaient animés d'une horrible couleur verte, ses écailles avaient la couleur du feu et ses griffes étaient aussi noires que l'encre. Sa queue se balançait d'un côté et de l'autre tandis qu'elle restait là, presque immobile et menaçante. Igéa la reconnut aussitôt, c'était sa prisonnière, c'était la meurtrière de sa mère, c'était celle à qui elle avait confisqué le pouvoir de l'émeraude. C'était celle qu'elle avait fait enfermer dans les cachots. Elle ne sut comment elle était parvenue à s'échapper mais elle sut une chose, une chose dont elle était certaine. Cette observation pouvait être absurde mais ce fut celle qui vint subitement à l'esprit de la reine. A l'époque, le regard de la dragonne rouge n'avait pas cet éclat maléfique et assassin. Les ondes vertes ne dansaient pas dans ses yeux, rendant toute tentative de deviner ses penser ou de fixer son regard impossible. La reine se tourna vers Destin.

« Va chercher des renforts, dit-elle. Nous ne la laisserons pas partir. Pas cette fois. »

Le soldats opina du chef et partit en hurlant des ordres. Enfin, elle espérait qu'ils arriveraient à la coincer, cette fois. Parce que si cette dragonne pouvait s'échapper de son meilleur cachot... elle ne pourrait pas la garder en vie. La capturer ne suffirait.

La reine s'avança vers la dragonne. Celle-ci tourna son regard vers elle. La reine y vit danser ces ondes de différentes nuances de vert. C'était très déstabilisant et surtout, elle ne l'aurait avoué pour rien au monde, mais ce regard lui faisait peur, très peur même. Elle ne se laissa pas démonter. Elle prit son air le plus assuré possible. Elle savait se montrer royale et certaine de ses actions. Elle n'était pas reine pour rien.

« Pars, ordonna-t-elle d'une voix qu'elle espérait impressionnante. »

L'autre ne bougea pas mais tourna son regard vers sa patte, l'ouvrit et tendit un objet. Un objet vert... une émeraude ! Celle qu'elle avait confisquée à... comment s'appelait-elle déjà ? De toute façon ça n'avait plus d'importance. Destin serait là d'une minute à l'autre et cette traîtresse serait morte.

« Donne moi ce bijoux, réclama-elle. Il est à moi.

-Pourquoi ? fit l'autre nullement impressionnée. Pourquoi te le donnerai-je, pauvre reine ? Je ne suis plus à tes ordres. Tu devrais t'en souvenir. A moins qu'en plus d'être une piètre reine tu ne possède également pas de mémoire. Ce serait triste pour toi mais pas étonnant.

- PARS ! rugit la reine en sortant ses griffes. Mais donne moi ce bijou. Sans quoi je te tuerais.

- La mort ne m'impressionne pas, Igéa. Je vais te rendre la monnaie de la pièce pour ce que tu m'a fais subir et puis qui sait... peut-être prendrais-je ta place.

-Non, riposta la reine. Ça n'arrivera jamais tu n'as pas l'étoffe d'une future reine. Tu ne sais pas gouverner un royaume ou comprendre le besoin des autres. Ce n'est pas sans raison que tu as finis dans les cachots du palais. »

Elle fit un pas vers la dragonne ennemie, déployant ses ailes, menaçante.

« Donne moi cette émeraude, ordonna-t-elle d'une voix terrible. Donne la moi ou tu le regretteras.

-Non, tu ne me fais pas peur, Igéa. Tout comme ta mère d'ailleurs. Elle non plus ne me faisait pas peur. A qui faisait-elle peur en fait ? Elle était faible et ne savait pas se battre. Peut-être es-tu comme elle ? Je voudrais bien le savoir.

-Non, ma mère n'était pas faible, répliqua aussitôt Igéa. C'est vous... vous et vos griffes sanguinaires qui lui avez tendu un piège pour qu'elle tombe dans la mort. Je n'ai jamais pardonné cet affront. Je te le ferais payer, meurtrière. Je te ferais mourir et j'y mettrais le temps qu'il faudra.

-Oh, fit l'autre. Je voudrais bien te voir me tuer. Ça m'étonne que tu en sois capable. Mais moi non plus je ne t'ai jamais pardonné ce que tu m'as fais. »

La dragonne banda ses muscles. Igéa se raidit. Serait-elle obligée de combattre cette dragonne ? Celle-la même qui avait eut raison de sa mère ? Celle-la à qui elle vouait une haine sans faille ? Non ou dans le cas contraire avec d'infime chance. Elle savait qu'elle n'avait aucune chance en combat singulier. Cependant elle savait aussi que son ennemie n'avait aucune chance contre ses soldats. Elle entendit les bruits de cavalcades des soldats qui se rapprochaient. L'autre dut l'entendre aussi car elle redressa la tête et fixa Igéa avec son regard vert. La reine crut s'y noyer au sans propre du terme.

« Toi, Igéa, je te tuerais quelque en soit le prix.

-Même au prix de la vie de ta fille ? »

La dragonne aux yeux verts siffla et se rapprocha. Ses yeux étincelèrent soudainement.

« Jamais tu ne pourras m'enlever ma fille pour toujours. Tu ne peux pas faire ça, tu m'entends.

-Je te rends justice : tu m'as pris ma mère, je te prends ta fille Pourquoi ne pourrai-je pas le faire ? Je suis la reine en ce royaume.

- Parce que si tu faisais ça, Igéa, tu serais exactement comme la dragonne que tu as enfermée.

- Toi ? »

L'autre secoua la tête. Un étrange sourire fendit son visage.

« Non. Je n'ai pas dit moi. J'ai dit : la dragonne que tu pensais avoir enfermée.

- Toi, donc, conclut Igéa. Ne cherche pas à me tourner au ridicule, dragonne. Je n'ai pas peur de toi. En revanche... tu devrais t'inquiéter. Et pour toi, et pour ta pauvre fille. J'ai bien peur qu'elle ne grandisse sans connaître son affreuse mère. Ne t'inquiètes pas, elle vivra bien mieux sans mère mais avec une reine qu'avec toi. »

L'autre siffla à nouveau. Un jet de flamme sortit de sa gueule et vint lécher le sol, le noircissant subitement. Elle s'approcha encore, ses griffes noires crisant sur le sol de pierre, ses immenses ailes déployées pour impressionner Igéa. Cette dernière se prépara à l'affronter. Destin, espèce d'incapable ! rugit Igéa en elle-même. Que fais-tu ? Soudain, une cavalcade se fit entendre. La dragonne aux yeux verts dressa les oreilles. Elle jeta un bref coup d'oeil à sa proie. Celle-ci s'était soudainement détendue et cela suffit pour lui faire comprendre que les renforts étaient arrivés. Elle gronda une dernière fois :

« Ce n'est pas finit, pauvre reine. La guerre que tu as déclenchée ne fait que commencer. Garde les oreilles dressées, les griffes sorties et les yeux grands ouvert car je frapperai quand tu t'y attendra le moins.

- Seule ? Contre tout un royaume et quatre clans sous mes ordres ? Je doute d'avoir quoi que se soit à craindre de toi. »

La dragonne n'eut pas la réaction outrée qu'elle espérait. Elle sourit et sauta par la fenêtre quand les soldats entrèrent dans la pièce. Emportant l'émeraude avec elle.

« Non ! hurla Igéa en se précipitant vers le vitrail brisé. Non ! Tu n'as pas le droit ! »

Elle se tourna vers Destin, qui venait d'arriver.

« Trouvez la et amenez la moi ! ordonna-t-elle. »

Aussitôt ses soldats se séparèrent. La dragonne ennemie n'avait pas pu aller bien loin. Elle arpenta la pièce en enfonçant ses griffes dans le sol et en battant de la queue. Elle renversa une jarre d'or et l'un des éclats s'enfonça sous ses écailles quand elle marcha dessus en faisant couler un mince filet de sang. Elle n'y fit pas le moins du monde attention. Une seule pensée occupait son esprits : la dragonne n'avait pas pu aller bien loin et elle serait de nouveau faite prisonnière. Elle aurait alors gagné. En effet, quelque minutes plus tard, les soldats revinrent en traînant la dragonne rouge. Elle se débattait, certainement honteuse de se faire capturer aussi vite. Elle était bâillonnée.

« Maintenant à moi la parole, dit Igéa. . »

Elle se tourna vers Destin.

« Dans le cachots près des pôle enneigés. Mettez la sous la garde d'un soldat des Neige, ce sont les plus féroces de nos combattants. Ils n'hésiteront pas à la tuer si elle fuge à nouveau. »

La reine replanta son regard dans celui de sa prisonnière.

« Ni eau, ni nourriture, ni feu de camps... »

Puis elle se détourna. Il n'y aurait pas de guerre et elle pourrait dormir sur ses deux oreilles. Elle avait toute sa vie devant elle pour faire de Xanora le plus paisible des mondes. Elle avait gagné contre cette dragonne. Définitivement. Sa mère serait vengée sous peu et elle serait délivrée de sa haine. Le monde serait en paix et cette dragonne ne serait plus. Voilà qui lui plaisait bien. Voilà comment elle envisageait le future. 

Si seulement elle avait su à quel point elle se trompait... 

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