Chapitre 3

Elle eut la réponse sans trop chercher. Il y avait cinq dragons dans la forge : quatre mâles musclés à la tête et aux ailes armées de plaque de métal, et une dragonne qui les toisait. Elle était plus grande qu'eux d'une tête. Elle était vraiment très grande. Si les dragons étaient impressionnants par leurs armes et leur stature, la dragonne l'était d'une toute autre manière. Elle n'avait pas d'armure. Elle était de la couleur du feu, le bout de sa queue était jaune. Ses griffes étaient très recourbées et semblaient capables de tout trancher. Il semblait à Rubis qu'elles étaient recouvertes de tâche de sang. Ses yeux brillaient d'une façon tout à fait étrange. Rubis n'aurait sur le décrire vraiment. Elle avait l'impression que, sous les yeux noirs et froids, se cachaient d'autre yeux assassins qui réclamaient une vengeance. Mais comment des yeux pourraient-ils en cacher d'autre ? Elle devait l'avoir imaginé. Quand elle étudia à nouveau la dragonne couleur feu, elle ne vit que ses yeux noirs qui allaient et venaient sur les autres dragons. Plus de lueur sanguinaire réclamant vengeance. Partie ou imaginée ?

La grande dragonne se pencha pour dominer les quatre autres. Ils avaient l'air de discuter pendant un bout de temps déjà.

« Ne vous en faîtes pas, disait-elle, Igéa sera bientôt morte et je pourrai devenir reine des Dragons de Lave et vous, mes frères, vous serez élevés au rang de commandant des armées.

- Mais bien-sûr ! explosa l'un des frères, et si tu échoues nous serons les objets à torturer préférés de la reine. De plus ça fait cinq ans que tu nous promets un avenir glorieux. CINQ ANS et nous n'avons toujours rien. De plus tant que la reine Igéa sera en possession du Diamant de la Paix nous ne pouvons rien faire. »

Rubis se baissa. Ces dragons préparaient un mauvais coup ! Mais heureusement que la reine avait le Diamant. La reine... déjà Rubis regrettait le confort de sa chambre et la sécurité du royaume. Elle se sentait aussi coupable de s'inquiéter ainsi pour sa reine alors que cette dernière devait certainement espérer qu'elle soit morte dans sa fuite. Elle tendit à nouveau l'oreille. La dragonne reprenait la parole.

« C'est là que tu te trompe, siffla-t-elle, Igéa perd une partie de sa vie dès qu'elle utilise ce diamant. A chaque pouvoir tiré de la magie des Puissants, il y a une contrepartie à payer. »

Les Puissants ? Rubis n'en avait jamais entendu parler. Enfin si une fois. On disait que s'étaient des dragons possédant une magie offerte par le ciel et qu'ils avaient disparut depuis des centaines d'années. On disait que le dernier le leur espèce était mort au Royaume des Glaces, il y avait fort longtemps.

« Il nous suffit de lancer suffisamment d'attaque pour qu'elle se tue elle même, déclara la dragonne sur un ton enjoué et glorieux. »

Rubis retint à hoquet de stupeur. La reine allait se tuer elle-même en utilisant le pouvoir du Diamant pour garder la paix. En pensant cela, une toute autre pensée lui traversa l'esprit. Une pensée déroutante qui la dérangea : garder la paix ou rendre ses ennemis dociles pour pouvoir les enfermer et les garder dans l'ombre des cachots jusqu'à ce que la mort, ou la reine, ne les tue ? Elle cligna des yeux, incapable de répondre elle cette question.

« OK cool, reprit un autre des frères, mais... Nous ne sommes que cinq! Comment veux-tu que nous tuions la reine ? Nous n'allons pas nous en prendre à tout un royaume regroupant trois des quatre clans seulement à nous cinq, si ? »

La grande dragonne poussa un soupir exaspéré. Elle agita sa queue.

« A ton avis, cervelle d'escargot, comment allons-nous faire ? »

Elle attendit sa réponse, qui ne vint pas. Elle darda sa langue en le toisant d'un œil mauvais. Enfin, elle poussa à nouveau un long soupir et s'expliqua :

« J'ai réunifié tous les dragons de Lave d'ici sous une seule bannière, une seule reine, moi. Nous avons maintenant une armée sous nos ordres...Le royaume de Igéa est à nous. Elle règne sur les clans, mais pas sur celui de Lave et elle est assaillie par les rebelles qui ne veulent plus reconnaître son autorité. Elle est faible et seule, nous sommes forts et unis. La victoire sera à nous rapidement, mes frères, n'ayez crainte. »

La dragonne se tut soudainement. Rubis vit alors le dragon qu'elle avait attaqué se poser près de la porte. La jeune dragonne se tapit dans l'ombre. Alors ce dragon faisait parti de cette bande de sanguinaires ? Il lui avait menti ! Elle s'étonna de se sentir choquée par cette constatation. Elle avait deviné qu'il lui avait mentit, elle le savait déjà. Alors pourquoi était-elle choquée ? Pourquoi était-elle décue et écoeurée par le comportement du dragon ? Elle mit ses interrogations de côté, elles n'avaient pas lieu d'être et revint au plus important. Il fallait d'une part qu'elle découvre les détails du plan de la dragonne et pourquoi il travaillait pour cette dragonne.

Ensuite elle passerait à l'action. Mais à l'action pour quoi ? Pour sauver et prévenir une reine qui l'avait condamnée à la prison, à la mort puis à l'exil ? Elle soupira. Visiblement elle n'arriverait jamais à cesser de vouloir protéger sa reine. Elle ne voulait pas que la reine Igéa meurt. Si elle n'avait pas été douce avec Rubis, elle n'en était pas moins l'espoir de Xanora. La paix du continent ne dépendait que d'elle. Elle ne pouvait pas mourir. Elle ne le devait pas. Rubis y veillerait. Elle avait également le fol espoir que, en sauvant sa reine de la mort prévue par la dragonne de Lave, elle pourrait trouver grâce à ses yeux. Fol espoir ? Vain espoir ? Pensé de dragonne idiote, bercée d'illusion ? Elle n'en avait pas la plus petite idée.

Rubis remonta la tête jusqu'à la fenêtre. Le dragon entra dans la pièce et fit une révérence gracieuse devant la dragonne couleur feu. Rubis ne put s'empêcher de trouver une forme d'ironie narquoise dans le mouvement du nouveau venu. Elle se demanda alors s'il travaillait vraiment pour cette dragonne ou s'il menait une sorte de double jeu.

« Vésuve, le salua la dragonne.

- Etna, répondit-il sans toute fois se relever.

- C'est bon, relèves toi, ordonna-t-elle.

- Très bien, Etna.

- « Votre Majesté », le corrigea-t-elle d'un ton sans appel. »

Vésuve leva les yeux au ciel comme si il en avait mare. Mais il répondit doucement :

« Oui, Votre Majesté. Excusez moi.

-Ce n'est pas dans mes habitudes, jeune dragon, répondit Etna en le toisant de haut. »

Rubis regarda les autres dragon. Ils semblaient s'ennuyer ferme. Etna, elle... Rubis ne parvenait pas à décrypter son émotion tant son visage était impassible. Ses yeux noirs ne laissaient rien transparaître de ce qu'elle pensait ou projetait de faire. A croire qu'elle avait un masque à la place du visage. Mais elle sembla tout de même manifester quelque chose quand elle demanda d'un voix tranchante :

« Quelles nouvelles apportes tu ? »

Vésuve hésita avant de répondre. Il finit par se lancer :

« La reine Igéa n'est plus qu'à un fil de sa vie. Elle a trop usé du Diamant. »

Il sembla se montrer récalcitrant à finir sa phrase. Mais sous le regard inquisiteur des cinq dragons qui l'entouraient, il finit par céder et termina :

« Nous pouvons attaquer.

- Parfait. Parfait. »

Etna darda sa langue noire et un sourire prédateur se dessina sur ses lèvre. Sa queue se balança dans une manifestation de sa joie meurtrière.

« On défonce tout et on tue tout le monde. On le refait jusqu'à ce que Igéa meurt. Dès qu'elle est sur le point de tomber, on lance une attaque massive. Il ne doit plus rien rester du Diamant sinon une autre dragonne pourrait le prendre pour contrôler à nouveau Xanora. »

Tous hochèrent la tête avec entrain et satisfaction.

« Vésuve ? fit-elle à l'adresse du dragon,

-Oui Votre Grandeur ?

- Cesse de m'appeler comme ça. C'est agaçant.

-Oui Votre... heu...

- « Majesté » ira parfaitement, siffla Etna. »

Il hocha la tête. Elle lui jeta un regard flamboyant.

« Rassemble la troupe d'éclairage pour le premier assaut! ».

Elle se stoppa un moment avant d'ajouter d'un ton sans appel :

« Faites ce que vous voulez des dragons du palais, mais n'oubliez pas : Igéa est à moi. »    

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