Chapitre 28
Elle ne pouvait pas lui reprocher ses sentiments. Néanmoins, elle renonça à lui parler. Elle n'avait aucune envie de l'entendre chanter les louanges d'Opale. Elle ne voulait pas s'enfoncer encore plus dans la douleur. Ou elle ne voulait simplement pas savoir que jamais elle ne pourrait avoir Quartz pour elle. Opale avait gagné cette partie du combat. Elle ne pouvait pas leur reprocher leurs sentiments. L'amour venait comme une prophétie : sans qu'on le sache. Il était aussi comme l'astre du jour : aussi chaud que lui et aussi destructeur que sa chaleur. Pour Rubis, en ce moment, l'amour était un poison destiné à la torturer sans qu'elle ne puisse rien faire. Pourtant la jeune dragonne était fière d'elle. Fière de ne pas renoncer. Fière de ne pas se laisser abattre.
Elle relança un coup d'œil à Quartz. Il tenait entre ses pattes une belle pierre grise. Le même gris que les yeux d'Opale. Rubis laisse échapper un reniflement méprisant. Quelle comédie ! Pourtant au fond elle-même elle voulait délivrer la dragonne. Elle voulait lui prouver qu'elle avait un cœur. Elle voulait la faire changer d'avis. Ou peut-être tout simplement redevenir son amie. Elle soupira. Rien n'allait comme elle voulait et rien ne pouvait être plus affreux que d'aimer quelqu'un et que cette personne ne vous aime pas. Prise d'un sentiment de culpabilité elle repensa à Gloire et à Topaze. Gloire lui manquait car il était un bon ami mais aussi parce que il ne lui faisait jamais de reproche. Il semblait voir en elle autre chose qu'une simple dragonne avec un destin à accomplir. Il semblait la voir tel qu'elle était, elle, Rubis. Quand à Topaze, il ne lui avait pas fait une très bonne impression la première fois qu'elle l'avait vu. C'était même le premier a avoir refuser la prophétie. Mais elle avait vite compris qu'il était un dragon de confiance, loyal et un excellent ami. Toujours prêt à donner le meilleur de lui-même. Toujours prêt à aider ses amis. Elle soupira à nouveau mais cette fois parce qu'elle voulait les revoir parce qu'ils lui manquaient. Elle releva la tête et vit que Quartz la regardait.
« Merci d'être venue m'aider à sauver Opale, lança-t-il.
-De rien, répondit-elle en prenant une voix volontairement neutre.
-Je sais que c'est dur pour toi. Et je ne vois pas pourquoi tu es venue alors que je t'avais... hum... traité durement. Mais je t'en suis profondément reconnaissant. »
Rubis regarda ses pattes. Mais une petite flamme s'alluma en elle. Au final il l'aimait bien quand même. Elle se félicita d'être venue à son secours, même si cela n'avait pas servi à grand-chose. Au moins elle lui avait prouvé qu'elle avait du cœur. Elle comptait bien continuer sur cette voie.
« Je suis venue parce que je ne voulais pas qu'il t'arrive quelque chose, expliqua-t-elle. Mais aussi parce que je ne voulais pas que tu me crois capable de te laisser seul à la merci de tous. Bien que tu ais affirmé le contraire, je ne suis pas dangereuse et pas immunisée contre la douleur. Je souffre plus que tu ne le penses et je sais que tu souffres aussi. Et puis tu es mon ami.
-Oui bien sur. Tu sais que pour moi tu es une excellente amie et jamais enfin... oui jamais je ne voudrais te faire de la peine.
-Oui je sais... »
Elle ne pouvait pas lui dire qu'elle l'avait aimé. Pas maintenant. Mais il devait savoir. Non ?
« En fait...
- Allez il faut que l'on se repose : un long chemin nous attend demain. »
Il se tut. Rubis aussi. Elle lui avait dit la vérité. Que pouvait-elle de plus ? Rien. Elle devait apprendre à vivre en sachant que jamais il ne l'aimerai. Elle se souvenait d'avant. Quand elle était libre de penser qu'un jour il pourrait l'aimer. Quand elle pouvait imaginer une autre vie en dehors du palais d'Igéa. Maintenant cela ne lui était plus permit. Elle se souvenait aussi de quand il la taquinait et parlait avec elle. Maintenant ce n'était plus le cas. Pour lui elle ne serait jamais plus qu'une dragonne avec qui il accomplissait la prophétie. Elle se permit tout de même d'espérer d'être plus que cela pour lui. Elle lui lança un regard. Quartz avait la tête baissée et contemplait ces pattes. Non. Il aimait Opale et point. Elle ne pourrait rien changer, jamais.
Elle finit par avoir mal au pattes à cause des anneaux de métal. Jamais elle ne pourrait dormir. Mais elle ferma tout de même les yeux.
Elle se réveilla le matin. Six soldats armés jusqu'au dents les délivrèrent. Ils les emmenèrent vers le palais. Ils les firent passer sur la porte et les balancèrent dans la grande salle, juste sous le nez de la reine Rivière.
« Que voulez vous ? demanda sèchement Rubis en se relevant.
- Avant votre exécution, je voulais vous proposer un marché pour...
-Un marché ? répéta Quartz. Il n'y a pas de marché qui tienne ! Nous sommes les dragons de la prophétie ! Vous devez nous relâcher sur le champs avec Opale !
-Mais tais toi donc ! gronda Rivière. JE suis la reine en ce royaume et c'est MOI qui prend les décisions, pas toi vermine !
-Eh, s'indigna Quartz. Traitez moi avec respect au moins au lieu de m'insulter !
-Tais toi, siffla un garde.
-Quelle ignoble créature, reprit Rivière. Il ne mérite même pas le titre de dragon. Je suis chez moi, je suis la reine, je fais ce que je veux. Tu n'as rien a exiger de moi si ce n'est une mort rapide... ce que j'hésite à faire. »
Comme Quartz bandait ses muscles, Rubis lui posa la queue sur l'épaule en signe d'apaisement. Quartz ne devait pas déclencher une guerre alors que le reine leur proposait peut-être l'occasion de délivrer Opale. Et puis elle trouvait son comportement déplacé. C'était à Rivière de décider de leur sort puisqu'ils étaient sur son territoire. Elle se tourna vers la reine. Celle-ci se tenait immobile devant eux. Pourtant ses yeux lançaient des éclairs. Elle reprit :
« Je devrais te jeter aux requins Dragon de Lave. Estimes toi heureux que je ne le face pas. »
Elle se tourna vers Rubis et la toisa.
« Reprenons notre petite conversation diplomatique tu veux bien. Je vous laisserais peut-être Opale si tu trouves qui nous vol du poisson et affaiblit nos soldats.
-Moi ? Toute seule ? »
La reine Rivière hocha la tête.
« Mais pourquoi il ne peux pas m'accompagner ? demanda-t-elle en désignant Quartz.
-Parce que je veux être sûre que tu ne tentes rien contre moi. Bien. Tu as un délais jusqu'au levé du soleil demain matin. »
Rubis resta muette avant de demander :
« Et sinon ?
- Je vous fais tous prisonniers, prophétie où pas, vous pouvez toujours servir de monnaie d'échange ou de défouloir pour mes nerfs et ceux de mes soldats. »
La reine Rivière fit demis-tour tandis que des gardes enchaînaient Quartz et poussaient Rubis dehors. La dragonne de Feu se sentie désemparée. Comment faire pour prouver que Opale n'avait pas volé de poisson ? Pourquoi la reine y accrochait tant d'importance. Elle se tourna pour monter les crocs à un garde qui la poussait dehors.
« Je sais marcher ! siffla-t-elle. Pas la peine de me pousser. »
Le garde esquissa un sourire.
« Alors regarde où tu mes les pattes.
-Quoi ? Mais je... »
Elle s'interrompit en trébuchant sur une dalle de pierre plus faute que les autres et tomba au sol. Le garde se mit à rire. Rubis lui montra les dents, furieuse. Il fallait qu'elle face attention si elle voulait se montrer à la hauteur... mais de quoi ? Voulait-elle juste être traitée avec respect ? En fait elle ne savait pas ce qu'elle voulait. Enfin si : elle voulait retourner dans son enfance au palais d'Igéa, chose impossible. Elle devait donc trouver sa place dans ce monde. Trois autres gardes arrivèrent et la saisirent. Elle se démena et leur échappa. Une fois dehors elle fut complètement désemparée. Comment sauver ses amis dans un lieu aussi immense ?
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