Chapitre 29

Chapitre précédent: "Tu as peur, déclara Lumière"

Pardon ? Non mais elle est pas bien ! pesta Opale dans sa tête. Comment pouvait-elle dire qu'elle avait peur après tout ce qu'elle avait enduré, hein ? La peur, elle ne l'a connaissait pas.

« Non. Je n'ai jamais peur, riposta-t-elle.

-Si, s'entêta Lumière. Si. La véritable Opale, celle que je connais, y retournerait pour prouver sa valeur et sauver ses semblable.

-Ne lui parle pas comme ça, s'indigna Quartz. »

Lumière l'ignora. 

« Ce que je vois là c'est une dragonne blessée qui a faillit à sa mission et qui refuse de franchir les obstacles.

La véritable Opale ? Celle qu'elle connaissait ? Cela voulait-il dire qu'elle ne la connaissait pas si bien ?
Pour la première fois depuis qu'elle avait pris sa vie en main, Opale douta et ses ailes se voûtèrent sans même qu'elle en air conscience. Elle ne parvint pas à soutenir le regard brûlant de son amie.

-Non... je ne suis pas comme ça, protesta-elle. J'ai des raisons de ne pas vouloir y aller.

- Quand Victoire t'as ensorcelée tu y es retournée, quand j'ai été capturée tu es allée me sauver. Jamais tu n'as reculé. Pas même face à Emeraude.

- Là c'est Rubis et Quartz qui ont fait tout le travail, corrigea Opale.

- Peut-être mais tu étais là, tu es allée au combat. Même au risque de perdre la vie. Victoire t'as vaincu une fois et comme tu n'as pas l'habitude tu te dis que c'est finit. Mais ce n'est pas vrai. On ne triomphe pas sans perdre. »

Opale détourna la tête. Lumière avait raison. Elle sentait au fond d'elle la peur de perdre à nouveau.

« Tu as raison. Je comprends pourquoi tu étais conseillère.

-Non ! contra Quartz. Si Opale ne veux plus y aller il faut la laisser faire. »

Il se tourna vers Lumière.

« Tu n'as jamais rien perdue toi. Opale viens de perdre la voix !

-Oui, moi je n'ai rien perdu. Mais... Emeraude fut blessée par Opale à la gorge aussi et elle n'as pas renoncé. Victoire a perdu une partie de son visage face à moi et n'a pas renoncé. Rubis a perdu sa reine, son royaume et sa mère, mais elle n'a pas renoncé. Opale tu ne peux pas renoncer parce que tu as perdu.

- Mais si je ne veux pas y aller je n'y vais pas. »

Quelle réplique ! Non mais sérieux ? Quelle genre de dragonne était-elle pour répondre cela ? Opale sentait les larmes lui monter. Lumière lui balançait la vérité à la figure alors qu'elle avait besoin de repos.

Elle repensa aux paroles d'Eclat : « Parce que vous c'est différent ? » Non. En ce moment elle ne pensait qu'à elle et sa voix. Mais quand elle avait pensé faire quelque chose de bien, elle avait perdu.

Frustrée et dégoûtée d'elle-même elle quitta ses amis pour dormir.

Mais cette nuit là, elle ne rêva que de dragons morts, d'une mer rouge de sang menée par Victoire. Elle voyait ses parents tués des griffes de la balafrée et réalisa que chaque dragonnets risquait de perdre ses parents pour le bon plaisir de Victoire. Le cauchemar continua encore et encore. Opale sentit la peur et l'horreur la gagner. Elle vit Rubis morte. Quartz mort. Topaze et tous les autres dragons qu'elle aimait, morts. La douleur monta en elle. Non ! La vérité lui sauta au visage avec violence. Elle avait promis à Rivière de sauver son peuple et elle le ferait.

Elle se réveilla en plein milieux de la nuit. La lune était paisible mais pas les étoiles. Opale ne sut jamais si elle rêva à ce moment là ou si c'était réel mais elle vit les astres brillants se détacher de la voûte céleste pour former... Emeraude. Opale siffla mais l'ancienne reine n'était plus la même. Son regard vert n'était plus, tout comme sa plaque de métal. Elle avait un doux regard brun et semblait faite de poussière d'étoile.

« Je te comprends, dit la dragonne de Feu.

-Comment ? s'étonna Opale.

- J'ai fait des choses horribles.

-C'est du moins qu'on puisse dire, commenta Opale.

- N'as tu jamais fais des choses affreuses ? Victoire t'as blessé à la gorge mais tu as fais de même avec moi non ? »

Opale se souvenait très bien. En effet elle avait blessé Emeraude à la gorge, l'obligeant à porter une plaque de métal pour maintenir son coup. Mais où la reine déchue voulait-elle en venir ?

« A ton avis qu'est ce qui diffère de ces deux blessure ? demanda Emeraude.

-Heu... celui qui l'a fait ?

-Non. »

Opale réfléchit. Qu'est ce qui faisait qu'elle était différente de Victoire ? La réponse ne tarda pas :

« C'est l'idéologie et ce pourquoi l'auteur se bat.

- Bien, fit Emeraude d'une voix encourageante. Le cœur. C'est ça qui te différencie de Victoire et des autres et c'est aussi ce qui différencie les autres de toi. Voilà pourquoi tu dois continuer. Victoire n'a pas ça place dans votre monde. Elle a vécue à son époque et transgressé les lois de la nature. Maintenant a toi de rendre justice. »

Opale n'en revenait pas. La reine violente et sanguinaire qu'elle avait connue avait laissé place à une dragonne douce, posée et sage. Une mère. Opale comprenait mieux la douleur de Rubis maintenant. L'ancienne reine allait disparaître mais Opale lança :

« Merci du fond du cœur... »

Elle ouvrit les ailes et s'inclina.

« ... Emeraude.

- Ce n'est rien jeune dragonne. On a tous besoin d'aide à un moment ou un autre. »

Opale regarda les étoiles reprendre leur place dans la ciel. Elle savait dorénavant ce qu'elle avait à faire.

La question était celle-ci : comment le faire ?

Cette fois elle devait trouver seule. Elle devait élaborer un plan solide avec ce qu'elle avait de plus précieux : les pierres, et ce qu'elle avait d'encore plus précieux : ses amis. Elle marcha dans la nuit en profitant du calme et de la douceur du ciel. Lumière et Emeraude lui conseillaient d'en finir avec Victoire c'est ce qu'elle allait faire. Elle trouva Quartz, Lumière, Rubis, Topaze et Gloire blottis les uns contre les autres. Elle chercha un plan avec les atouts de chacun. Le courage de Quartz, le pouvoir de Lumière, la bonté de Rubis, la loyauté de Topaze et la force de Gloire. Elle chercha longtemps avant de trouver. Il n'était pas question que ses amis affrontent Victoire. Mais ils lui seraient d'un grand secours pour autre chose.

Elle somnola en attendant le jour.

Le lendemain, elle sentit les rayons du soleil sur ses paupières. Elle les ouvrit et s'étira en étendant ses ailes de tout leur envergure. Quartz était déjà réveillé ainsi que tout les autres sauf Topaze. Premier couché, dernier levé, songea-t-elle avec amusement. Elle s'avança vers le dragon blanc et le secoua.

« Debout paresseux, lança-t-elle. »

Il sursauta et s'empressa de se lever.

« Oui je... je suis débout ! »

Opale laissa échapper un rire. Hélas il était rauque lui aussi et tous se turent en l'entendant. Opale repoussa son envie de s'apitoyer sur son sort et releva a tête. Au moins elle avait leur attention.

« Bon les amis, dit-elle, j'ai quelque chose d'important à vous annoncer.

-Vas-y, l'encouragea Gloire.

- Je vais retourner au Royaume de la Mer Blanche. »

Elle scruta leurs expression. Lumière semblait ravie et satisfaite.

« Voilà ! s'enthousiasma-t-elle. Ça c'est l'Opale que je connais ! »

Rubis semblait surprise mais heureuse.

« Oui tu n'abandonnes jamais, confirma-t-elle avec un sourire.

-Comme toi, dit Opale. »

Rubis détourna les yeux, gênée.

Opale scruta l'expression de Quartz. Elle espérait qu'il comprendrait.

« Je respecte tes choix même si je continue à penser que c'est une mauvaise idée, lâcha-t-il.

-Je n'irais pas seule, promit-elle.

- Ah oui ? demanda-t-il.

-Oui. Vous venez avec moi j'ai un plan.

- Quel est-il ? questionna Gloire.

- Voilà, toi, Topaze et Rubis allez vous occuper des civils. Vous allez les éloigner de...

-Heu une minute, fit Topaze. Nous on ne peut pas aller sous l'eau.

- Je sais Rubis et toi allez les attirer vers la surface grâce à vos pierres et Gloire vas s'occuper de ceux déjà en surface. Pendant que Lumière et Quartz s'occuperont des soldats et moi de Victoire. Sans ses alliés elle ne me résistera pas.

-Mais, commença Quartz. Hier tu ne voulais plus y mettre les pieds.

-Je sais mais il y a des choses qu'ils faut affronter. Et... j'ai été aidée dans mon choix. »

En disant cela elle jeta un regard à Rubis qui devina aussitôt que sa mère était intervenue avant de lui sourire. Opale regarda aussi Lumière qui lui avait fait voir les choses en face. La dragonne jaune sourit elle aussi.

« Je te suivrais où que tu ailles, affirma Quartz.

-Merci. »

Opale surprit Topaze levant les yeux au ciel et les regardant de façon amusée.

« Ah l'amour, commenta-t-il.

-Quoi ? firent Rubis, Gloire, Quartz et Opale en même temps. »

Ceci déclencha un fou rire chez Lumière et Topaze.

« Ha ha ! s'exclama la dragon blanc. Vous êtes trop drôle tous avec vos histoire d'amour alors qu'on va affronter un grand danger.

-Oui, poursuivit Lumière, c'est tellement en décalé ! »

Opale surprit le regard que Topaze lança Lumière. C'était un regard admirateur, envieux, curieux, amoureux. Seulement Opale n'avait jamais entendu Lumière parler de Topaze. Elle ne l'avait même jamais vu lui adresser la parole. Enfin de ses souvenirs. Pauvre Topaze ! Mais bon elle ne pouvait pas faire grand-chose à ce sujet.

« Bon, fit Rubis en prenant un air faussement hautain. Pourrions-nous bénéficier du minimum de respect ?

-Attends, répliqua gentiment Lumière en se tapotant le museau. Non ?

-Hey ! Un peu de respect ! s'indigna la dragonne rouge en déployant ses ailes. »

Opale les regarda se lancer de petite pique en passant que ce serait peut-être le dernier moment qu'elle passerait avec eux. 

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