Opale regarda Victoire. La reine semblait si profondément atteinte par la mort d'Emeraude qu'elle voulait l'aider.

« Votre Majesté, dit-elle. Si vous me le permettez, je voudrais venger la mort d'Emeraude.

- Mais comment, ma chère ? murmura Victoire. C'est impossible. Prophéis est reine et les deux autres trop puissants pour moi.

-Moi, je les tuerais. Ne m'ôtez pas ce plaisir, ma reine. Je vous en supplie !

-Oh, Opale, voilà une bien noble proposition. Évidement que je ne t'ôterais pas ce plaisir. Mais peut-être devrais tu commencer par Prophéis.

-Pourquoi ?

-Parce que c'est une reine. Elle est divinatrice mais le pire de tout. C'est que c'est une clan-mêlée, cracha Victoire avec un dédain non dissimulé. »

Opale ne dit mot. Prophéis... ce nom lui était à la fois affreux et familier. Une Divinatrice ? Une Clan-mêlée ? Tout ceci était bien dégouttant et totalement inimaginable.

« Il te faut donc être bien préparée pour la combattre, affirma la reine. Je ne voudrai pas te perdre, toi. »

Opale sourit. Victoire l'appréciait ! La reine claqua ses griffes et, sous les yeux ronds de sa sujette, fait apparaître un collier. Un collier ?! pesta Opale intérieurement. Non mais c'est une blague ? En quoi cela va-t-il m'aider contre une Divinatrice ? Comme toujours Victoire parut lire dans ses pensées car elle répondit :

« J'ai mit dedans une essence dévastatrice. Prophéis ne s'en apercevra pas. Elle ne voit pas ce qui la concerne. Quand tu l'aura sous tes griffes, libère cette essence.

- Mais et le Diamant ? »

Victoire eut un sourire sauvage.

« Il ne peut rien contre ceci. Ni contre toi.

-Ah ? Pourquoi ?

- Parce que tu es puissante, Opale. De plus cette essence détruit toute autre magie.

-Très bien, ma reine.

- Oh, Opale. Quand tu délivrera l'essence. Le Diamant sera détruit et nous auront alors Xanora pour nous. Nous pourrons nous amuser avec des dragons. Les faire combattre et faire parler notre instinct de dragonne si parfaite.

-Je n'espère que ça. »

Au fond d'elle, une petite voix lui murmurait qu'elle allait commettre quelque chose d'irréparable. Mais ce n'était pas possible, pas vrai ? Elle ne pouvait pas faire quelque chose de mal si c'était pour sa reine.

« Va, lui ordonna cette dernière. Notre avenir dépend de toi.

-Je ne vous décevrais pas, Votre Altesse. »

Opale s'inclina et sortit. Seulement elle sentait que quelque chose n'allait pas. Elle chassa ses craintes en refermant sa patte sur son collier. Comme elle ne savait pas où était la porte du palais... enfin de l'émeraude géante, elle se balada au hasard. Après tout Victoire ne lui avait pas donné de limites ou de date limitée pour accomplir sa tâche. Elle rencontra bien des dragons. Mais elle en cherchait un de bien particulier. Lequel ? Pourquoi ? Comment s'appelait-il ? Elle n'avait pas de réponse à cette question. Mais elle continua à chercher. Jusqu'à ce qu'elle demande à un soldats, sans savoir pourquoi.

« Où sont les prisonniers ? »

Il la regarda.

« Mais je ne peux pas vous dire.

-Et pourquoi ?

-Parce que vous êtes de leur côté !

-QUOI ? Mais comment pouvez vous dire une atrocité pareille ! Comment osez-vous m'insulter de la sorte ?

-Mais...

-Non ! TAISEZ VOUS !

-Mais je ne fais que dire la vérité. »

Opale le regarda. Ah bon ? Elle était une rebelle ? Depuis quand ? Cela voulait-il dire qu'un jour elle n'avait pas aimé Victoire ?

« Vous ne semblez pas dans votre assiette, dit-il.

-Mais... vous venez de m'insulter.

-Non. Jamais. Seulement il semblerait que vous ayez changer de camp.

- Non ! Non ! Non ! »

Opale se prit la tête dans les pattes et se plaqua contre un mur. Elle avait vraiment très mal à la tête. Bien si il ne voulait pas le lui dire, elle allait le forcer. Elle se releva, fit de son regard un regard aussi froid et moqueur que possible.

« Ah ! Alors... »

Elle lui tourna autour.

« ...on ne veut rien me dire mais on m'insulte... »

Elle se rassit.

« ...moi, la dragonne en qui Victoire à placé toute sa confiance.

- Ce...

- Tss... j'ai une mission de la plus haute importance à remplir...

-Mais... »

Elle se rapprocha de lui et tenta de prendre un regard menaçant.

« Je vais détruire Prophéis. Mais avant j'aurais besoin de savoir où sont les prisonniers.

-Faites ce qu'elle dit, ordonna la voix de Victoire. »

Tout deux se retournèrent. Victoire était là, nageant tranquillement dans leur direction.

« B-bien, Votre Grandeur, balbutia le soldat.

-Et je viens avec vous, précisa la reine. »

Le soldat s'élança en créant des remous puissants. Opale et Victoire suivirent. Il zigzagua avant de remonter vers la surface. Ils débouchèrent enfin sur des cavernes baignées d'eau. De grands barreaux sur lesquels ruisselait de l'eau fermaient chaque grottes. Dans celle du milieu ce trouvait un dragon couleur lave, une dragonne portant un rubis sur sa tête et deux autres. Quand ils la virent, tout quatre hurlèrent son nom. Elle ne fit que les fixer.

« Mais que fais-tu Opale ? cria le dragon de Lave. »

Opale regarda la reine dans l'espoir qu'elle puisse l'éclairer. Victoire sourit et s'assit.

« Oh, fit-elle à l'adresse d'Opale. Voici Quartz, l'un des assassins d'Emeraude. »

Un assassin... Opale ne le trouvait pas particulièrement méchant voire menaçant. Pourtant il avait tué Emeraude. Hum... il fallait qu'elle se méfie des apparences.

« Qui êtes vous ? questionna le dragon tandis qu'Opale le fixait. »

Elle le connaissait. Mais alors pourquoi elle ne voulait pas aller l'aider ? Pourquoi ne se souvenait-elle pas qui il était ? Elle savait qu'elle l'avait connu. Mais c'était tout. Opale regarda Victoire répondre sans se départir de son calme parfait.

« Je suis la souveraine de ce monde.

-Non c'est Rivière, siffla la dragonne au rubis. »

Rivière ? C'est qui ça ?

« Ah ha, ricana Victoire. Rivière a disparue.

-Opale, reprit la dragonne. Opale ! Mais pourquoi tu restes avec elle ? »

Opale dévisagea la dragonne. Elle ne savait pas qui c'était. Alors elle posa la seule question que sont esprit pouvait formuler :

« Qui êtes vous ? »

Le dénommé Quartz ouvrit des yeux ronds. La dragonne la dévisagea avec stupeur. Le dragon blanc se figea sur place. Et l'autre ouvrit lui aussi des yeux étonnés. Opale regarda Victoire cherchant une réponse à cette réaction. La reine avait un sourire satisfait accroché au visage.

« Eh bien eh bien, dit la souveraine. Vous voila dans une position bien délicate.

- Que lui avez vous fait ? cria Quartz.

- Elle est ensorcelée ! hurla la dragonne au rubis.

-Opale, dit doucement le dragon blanc, Opale c'est nous. Tes amis. »

Mes amis ? se dit Opale. Mais je n'ai pas d'ami. Je suis une dragonne au service de Victoire. Et c'est tout. Pourtant, même à ses oreilles, il y avait quelque chose de faux. Il y avait toujours ce brouillard dans son esprit.

« Ma chère, grinça Victoire. Es-tu ensoleillée ? »

L'intéressée regarda sa reine. Toujours ce regard froid. Comme une mise en garde. Comme si elle ne voulait pas que Opale la déçoive. Mais la jeune dragonne bleue ne décevrait jamais sa souveraine. Jamais. Alors elle répondit :

« Non, bien sûr que non. »

Victoire hochât la tête et lui fit signe de partir. Opale salua sa reine et se prépara à partir quand soudain Quartz se mit à frapper la porte comme un fou.

« Victoire ! hurla-t-il. Que lui avez vous fait ? Elle n'est pas elle même !

-Tss, tss, fit la reine et secouant la tête. C'est pas joli joli de dire ça. Surtout à cette merveilleuse dragonne qu'est Opale.

-Merci, Votre Altesse, répondit Opale touchée par le compliment.

-Voudrais tu leur montrer ta véritable puissance ? demanda Victoire avec des yeux étincelants d'une lueur incendiaire.

-Oui, répondit Opale sans vraiment savoir ce que cela impliquait.

-Sortez le donc, ordonna Victoire en désignant Quartz. »

Les gardes sortirent le dragon et le balancèrent au sol sans ménagement avant de retourner à leur place. Il semblait terrifié.

« Fait lui quelque griffures, ordonna Victoire. »

Opale ignora la mine horrifiée des prisonniers et de Quartz. Elle ne pensait qu'à faire plaisir à sa reine. Alors elle s'approcha du dragon et sortit ses griffes. Il ne bougea pas. Il dit simplement :

« Opale tu n'es pas toi. »

Elle l'ignora. Elle ne l'écouta pas. Elle le fixa et lui balança ses griffes en travers du visage, lui barrant un œil. Cette fois il gronda et recula d'un pas.

« Très bien, ma chère, l'encouragea Victoire. »

Son œil valide scrutait les deux combattant avec intérêt. Opale se rapprocha encore et faucha Quartz avant d'abattre sa queue sur sa cage thoracique. Il gémit et sauta par dessus la jeune dragonne. Cette dernière le prit en chasse. La dragon cherchait un échappatoire. Il déploya ses ailes pour décoller mais Opale lui sauta dessus et le cloua au sol.

« Pas la peine de tenter de t'enfuir, gronda-t-elle. Il n'y a pas d'issue. »

Il ne répondit pas et se roula en boule si bien qu'Opale fut déséquilibrée et tomba à la reverse en s'agrippant à lui avec ses griffes. Il gémit quand les serres de la dragonne de Mer lui retournèrent une écaille. Opale se redressa bien vite.

« Bien ma chère, fit Victoire. Poursuis. »

Opale hochât la tête. Même si elle douta que ce qu'elle fit était juste. Pourquoi le dragon n'attaquait-il pas ? Était-il trop nul pour ça ? Enfin quelle importance. Si il ne voulait pas combattre c'était son problème pas le sien. Là encore elle douta de son raisonnement. Quartz recula encore jusqu'à se trouver au bord de l'eau. Ses ailes abîmée par la précédente attaque d'Opale ne lui permettait plus de voler. Il était à sa merci.

« Opale ! hurla quelqu'un. »

L'intéressé se retourna et découvrit la dragonne qui la fixait d'une mine horrifiée comme si elle ne croyait pas la scène qui se jouait sous ses yeux.

« Quoi ? gronda-t-elle consciente du regard de Victoire.

-Mais que fais tu ? Pourquoi veux tu le tuer ?

- Parce qu'il a tué Émeraude, répliqua Opale sans réfléchir. »

Sa lui semblait logique mais il y avait toujours se gouffre embrumé dans sa tête.

« Mais tu l'as toujours haïe ! cria la dragon blanc incrédule.

-Oui et en plus moi aussi j'ai participé à sa... »

Les mots se bloquèrent dans la gueule de la dragonne. Ses yeux luisirent. Mais elle finit :

« ... à sa mort. »

Opale ne lui prêta pas attention. Le dragon blanc avait affirmé qu'elle avait détester Emeraude. Mais comment est-ce possible ?

Opale se tourna vers Victoire, cherchant une réponse. La reine secoua la tête. Non. Évidement. Opale aurait dut se douter que la dragonne voulait la détourner de son œuvre. Elle se retourna vers Quartz. Là où elle l'avait griffé son visage était tout en sang et il s'était affalé au sol. Elle se prépara pour le coup de grâce mais elle n'en trouva pas la courage.

« C'est bon, Opale, lança Victoire. Je pense qu'il a comprit qui tu étais vraiment. Vas. »

Opale salua la reine en jetant un coup d'œil à Quartz. Les gardes le ramenait dans sa prison. Le sel sur les blessure sa faisait très mal. Elle avait raison car dès qu'ils le lâchèrent, le dragon gémit de douleur. La dragonne au rubis et les deux autres voulurent porter secours à leur ami mais d'un simple tintement de griffe Victoire les enchaîna aux mur. Ainsi Quartz était seul dans sa douleur. Mais bien que se soit elle qui l'ai blessé. Elle ne supportait pas de le voir se tordre de douleur dans l'eau. Son sang teinta l'eau de rouge. La dragonne au rubis hurla :

« Quartz ! Quartz allé ! Réveille toi ! S'il te plaît... »

Sa tirade se termina dans un sanglot. La dragon au regard d'ambre la prit dans ses ailes et elle se laissa faire. Comme si ce simple geste pouvait la calmer, elle cessa de sangloter, bien que les larmes continuèrent leur chemin sur son museau rouge rubis. Elle murmura :

« Oh Gloire. Il ne vas pas mourir hein ?

-Je ne sais pas... je n'espère pas... »

Gloire. Encore un nom qui tinta dans l'esprit d'Opale mais elle ne savait pas pourquoi. Au fond d'elle, elle était désolée de voir Quartz étendu dans l'eau. Opale tourna les talons. Elle ne savait pas pourquoi elle avait voulut les voir mais au fond d'elle, elle était désolée de voir Quartz étendu dans l'eau. Opale tourna les talons. Elle était sûr d'une chose : ils lui avaient fait perdre assez de temps. Elle déploya ses ailes et senti ses opales. Elle vola quelque battement d'aile avant de se rendre compte que celles de son épaule droite étaient abîmées. Comme si elles avaient explosée en mille morceau suite à un impact puissant. Elle les considéra. La trace formée par les fissures étaient fine comme une lame et tout aussi profonde. C'était étrange. Très étrange. Elle ne se souvenait pas avoir reçut un quelconque impact à cet endroit. A nouveau ce brouillard dans son esprit. Il y avait quelque chose de louche là-dessous. Enfin ce n'était pas le moment. Elle survola l'océan en direction du Royaume de la Fournaise bien décidée à tuer Prophéis. Comme elle était en possession de l'essence la plus dangereuse de Xanora, elle ne pouvait pas échouer dans sa mission. Cependant elle s'attendit tout de même à être freinée par l'onde de paix du Diamant. Or rien ne se produit. Comme si il n'avait jamais existé. Parfait, se dit-elle, ma mission sera plus simple. Mais au fur et à mesure qu'elle s'éloignait de sa reine et de son royaume, quelque chose changea. Elle n'était plus aussi déterminée à accomplir son devoir. Elle avança encore pendant deux heures. Les roches dures et coupantes de Royaume de la Fournaise étaient en vue. Cette fois elle senti autre chose dans son esprit. Comme si elle était libérée d'un fardeau. Elle ne voulait plus du tout tuer Prophéis ni même venger la mort d'Emeraude. Et soudain elle se souvint. Elle n'avait jamais aimé Emeraude, elle l'avait toujours haït du plus profond de son être. Puis des mots lui revinrent : amis, amour, prophétie, ennemie, combat, Rubis, Quartz, Topaze, Lumière, message, danger, Rivière, Pierral... Sa vie défila devant elle alors qu'elle franchissait la frontière et que des soldats de Lave apparurent. Elle n'avait jamais aimé Victoire. Elle aimait Quartz de tout son âme et ferait tout pour le sauver. Elle avait de bon amis : Rubis et Topaze. Elle avait laissé Lumière aux mains de Prophéis pour ne pas que Victoire ne la tue. Elle avait détesté Rivière avant de la voir mourir des griffes de Victoire. Elle avait accomplit la prophétie de Diamant. Elle avait sauver le monde. Elle voulait que les autres la voit sous un autre jour. Oui, tous ses souvenirs lui revinrent.

Et elle comprit enfin : Victoire lui avait jeté un sort.