13

Lorsque Logan avait quitté l'institut au volant de la voiture de Scott, il ne s'imaginait pas alors que sa partenaire venait de se faire kidnapper. Sur le moment, il avait d'autres choses à penser, comme de mettre en sûreté les trois étudiants qu'il avait emmené avec lui. Iceman, Pyro et Malicia avaient beau être de puissants mutants, iels n'en restaient pas moins des adolescents. Et l'homme aux griffes de métal savait qu'Ash l'étriperait de sang-froid si jamais il leur arrivait quelque chose par sa faute.

Il roula toute la nuit. Iels arrivèrent le lendemain à Boston, chez les parents de Bobby, où iels retrouvèrent Storm et Jean après une altercation avec des officier•es de police, envoyé•es par un coup de fil de Ronny, le jeune frère du garçon. Ce dernier n'avait pas bien pris la révélation de la mutation de son aîné, tout comme le reste de sa famille. Après leur départ intempestif de sa maison d'enfance, Bobby n'avait pu s'empêcher de penser à sa professeure de linguistique, elle qui était probablement la seule à pouvoir le soutenir, et à prendre soin de lui comme il le fallait. Il aurait donné n'importe quoi pour qu'elle soit présente.

Mais de son côté, Ash avait déjà subi les travaux de Stryker. Armé du liquide cérébrospinal de son propre fils Jason, dont le pouvoir était de créer des illusions mentales, il en avait fait son pantin. La dragonne n'était plus que l'ombre d'elle-même, une coquille vide. Malgré ça, le colonel ne la laissait pas quitter sa cellule. Les ailes harponnées par des chaînes, le corps suspendu à un pilier, elle avait été réduite à une attraction, une curiosité que l'on exposait dans une vitrine. Tel un papillon que l'on épinglait dans une boîte, elle était devenue le bijou de sa collection.

Son état s'aggravait de plus en plus au fil des heures. Pourtant, au fond de sa poitrine, une petite flamme persistait. L'esprit du dragon vivait toujours en elle. Il avait simplement été endormi par le sérum, menaçant de ne jamais plus se réveiller.

Stryker, qui maintenait également Charles et Scott prisonniers, n'avait pas pu s'empêcher de montrer son œuvre au Professeur. Ce dernier, dont les pouvoirs avaient été bloqués par un inhibiteur psychique, avait observé sa protégée sans pouvoir savoir si elle était encore en vie. Imaginer le pire était si douloureux qu'il avait fini par ressentir une réelle souffrance physique en découvrant la peau diaphane et les membres amorphes de son ancienne étudiante. C'était le pire spectacle auquel il avait pu assister depuis des années.

Entre temps, l'équipe des X-Men avaient fait une étrange rencontre. En repartant de la maison des parents de Bobby, ils avaient rapidement été rattrapés par un escadron de l'US Air Force qui mit tout en œuvre pour les forcer à atterrir. Iels allèrent même jusqu'à les viser avec des missiles. Storm avait tenté de les coincer dans une tempête, mais iels furent tout de même touché•es. Iels étaient prêt•es à s'écraser lorsqu'une force magnétique ralentit leur chute, les stationnant à quelques mètres au-dessus du sol. Libéré par Mystique de sa prison de plexiglas, Magneto était venu à leur secours pour leur proposer une alliance. Il les mit au courant de sa courte entrevue avec Charles, qui n'avait servi qu'à le piéger. En effet, le Professeur était désormais entre les mains de l'homme qui avait également organisé l'assaut que le manoir avait subi.

— Son nom est William Stryker, leur déclara-t-il. Il a envahi votre école dans un seul but : il voulait s'emparer du Cerebro. Ou, au moins acquérir assez d'informations pour s'en construire un.

— Mais ce n'est pas logique, répliqua Jean, perdue dans une intense réflexion. Stryker aurait besoin du Professeur pour s'en servir.

— C'est, je pense, pour cette raison que mon vieil ami est toujours en vie, répondit Magneto avec un rictus, sans pour autant parvenir à dissimuler l'étincelle d'inquiétude dans ses yeux.

Les deux femmes de l'équipe affichèrent un air horrifié.

— Oh, mon Dieu, souffla Ororo, pétrifiée, en levant les yeux vers Jean.

— Quoi, qu'est-ce qui vous fait si peur ? les questionna Logan, perplexe.

— Lorsqu'il utilise le Cerebro, l'esprit de Charles est connecté à chaque personne vivant sur cette planète, expliqua Erik. Si on le forçait à se concentrer sur un groupe en particulier-- disons, par exemple, les mutants... il pourrait nous anéantir.

Cette déclaration tomba comme un couperet sur chacune de leurs têtes.

— Attendez... Comment Stryker savait-il comment trouver le Cerebro ? s'enquit Storm avec tension.

Magneto détourna son regard vers le feu de camp allumé au préalable, un air de culpabilité sur le visage.

— Parce que je le lui ai dit, avoua-t-il sans une once d'assurance dans la voix, alors que les X-Men échangeaient des regards abattus. J'ai aidé Charles à le construire, souvenez-vous... Mr Stryker a d'efficaces méthodes de persuasion, même contre un mutant aussi puissant que Charles.

Bien qu'une certaine raideur s'empara de leur équipe, les trois mutant•es décidèrent de ne pas lui en tenir rigueur pour cette fois. Cela leur était inutile pour le moment.

— Qui est ce Stryker, d'ailleurs ? demanda Jean, taisant sa contrariété.

— Un scientifique de l'armée, expliqua Magneto. Il a consacré sa vie entière à essayer de résoudre le problème mutant. Si vous avez besoin d'un avis plus détaillé, demandez donc à Wolverine.

Logan fronça les sourcils, déstabilisé. Le nom inscrit sur sa plaque militaire, que Malicia lui avait rendu quelques heures plus tôt, lui apparut clairement dans l'esprit.

— Tu ne te souviens de rien, n'est-ce pas ? reprit Erik. William Stryker, le seul autre homme que je connaisse qui puisse manipuler l'adamantium. Le métal sur ton squelette... il porte sa signature.

Le dénommé Wolverine secoua brièvement la tête avec confusion.

— Mais le Professeur...

— Le Professeur pensait que tu étais assez malin pour découvrir tout ceci par toi-même, coupa Magneto. Il a plus foi en toi que moi.

— Pourquoi avez-vous besoin de nous ? intervint Storm d'une voix ferme.

Le maître du magnétisme leva les yeux vers elle, avant de se tourner vers son acolyte à la peau bleue.

— Mystique a découvert les plans de la base où Stryker opère depuis des décennies, expliqua-t-il. On sait qu'il y construit le second Cerebro, mais on ignore où elle se trouve... Et il me semble que l'un d'entre de vous pourrait le savoir.

— Le Professeur a déjà essayé, répliqua Logan.

— Une fois de plus, tu penses que tout tourne autour de toi, répondit Erik avec amusement, avant de lever son visage vers la cime des arbres.

Pendu aux branches, Kurt Wagner, le surnommé Diablo, les observait avec attention.

— Oh... bonsoir, lança-t-il en voyant qu'on l'avait découvert.

C'était un mutant à la peau bleue sombre, aux yeux jaunes et aux dents acérées. Affublé d'une longue queue pointue, il avait la capacité de se téléporter et possédait une force et des aptitudes au combat supérieures à la moyenne. Ororo et Jean l'avaient trouvé dans une église à Boston d'après les indications de Charles. Au cours de leur première discussion avec lui, elles avaient compris qu'il n'avait pas infiltré la Maison Blanche de son plein gré, et avaient décidé de l'emmener voir le Professeur.

— Pourquoi ne descends-tu pas avec nous, mon ami ? lui proposa alors Magneto.

Jean l'interrogea du regard.

— Lui ? Il saurait où se trouve cette base ?

Le maître du magnétisme hocha la tête.

— Il a sûrement été manipulé par Stryker, à l'aide du même sérum qu'il m'a administré pendant des semaines.

Diablo se téléporta auprès de Jean, qui se tourna vers lui en haussant un sourcil, s'apprêtant à le questionner.

— Oh, il ne se souvient probablement de rien, l'arrêta Magneto. Ce qu'il faudrait, c'est chercher dans sa mémoire toi-même.

La rousse pinça les lèvres, mais abdiqua. Elle se positionna en face du mutant, qui affichait un air coupable.

— Je ne voulais pas fouiner, lui dit-il.

Elle ne releva pas, et se concentra.

— Essaie de te détendre, conseilla-t-elle.

Elle posa ses mains de part et d'autre de son visage, et pénétra ses souvenirs. Une succession d'images apparurent dans son esprit. Un bunker, des laboratoires, une plaque avec un nom... Puis, la douleur. Des silhouettes menaçantes, dressant des aiguilles. Kurt écarquilla les yeux, et se dégagea de son emprise. Jean retira ses mains avec fébrilité.

— J- Je suis désolée, balbutia-t-elle.

Il lui répondit d'un simple hochement de tête, légèrement déboussolé.

— Stryker est au lac Alkali, annonça la télépathe aux autres.

Logan leva les yeux, intrigué.

— C'est là que le Professeur m'a envoyé, il n'y a plus rien, informa-t-il.

— Il n'y a plus rien en surface, Logan, répondit Jean, toujours un peu troublée. C'est une base souterraine.

Magneto se tourna vers eux avec un sourire satisfait.

— Je dois m'occuper du jet, si nous voulons nous y rendre, reprit la rousse en se relevant.

Elle s'éloigna dans la pénombre de la nuit sans un mot de plus.

Logan prit place près du feu, préoccupé. Tandis qu'il observait les flammes danser, ses pensées dérivèrent vers la dragonne sans qu'il ne s'en rende compte. Remarquant son air anxieux, Storm vint s'installer à côté de lui.

— À quoi penses-tu ? lui demanda-t-elle.

Il hésita, inspirant profondément.

— Ash, confia-t-il finalement. J'espère qu'elle va bien.

Ororo hocha doucement la tête, se rappelant de ce qu'il lui avait raconté à propos de cette attaque au manoir. Elle imagina son amie se battre contre ces soldats, protégeant leurs élèves. Depuis qu'elle l'avait rencontrée, elle avait eu maintes occasions de la voir user de son don. Pourtant, elle était impressionnée à chaque fois.

— Je l'espère aussi, répondit-elle finalement. Comment se sont passées vos retrouvailles ?

Logan haussa un sourcil, un rictus amer au coin des lèvres.

— Ça a été... chaotique, avoua-t-il, haussant un sourcil. Elle semblait heureuse, du moins je crois... jusqu'à ce que je mentionne le fait que je doive potentiellement repartir. Et là... on s'est engueulé. Elle pensait que je l'abandonnais.

En face d'eux, Erik croisa les bras, les yeux dans le vague.

— Il se peut que ce soit à cause de moi, intervint-il d'un ton monotone.

Les deux X-Men levèrent leurs regards vers lui. Logan sentit sa colère remonter dans sa poitrine.

— Et vous en êtes fier ? cracha-t-il avec rancœur.

— Pas le moins du monde, répondit-il, sincère.

Logan serra sa mâchoire sans répondre.

— À vrai dire, j'en suis même très navré, reprit Magneto. Un lien particulier nous unissait, elle et moi. J'aurais apprécié l'avoir à mes côtés, lorsque j'ai entreprit ma cause.

L'homme aux griffes de métal se leva d'un bond.

— Logan ! s'exclama Storm.

Ignorant sa collègue, il se dirigea directement vers Erik, et se plaça en face de lui, le menaçant de toute son imposante silhouette.

— Ash ne vous aurait jamais rejoint dans votre foutue quête suprémaciste, gronda-t-il. Elle est très loin d'être comme vous.

Le maître du magnétisme esquissa un rictus narquois.

— Toi et moi la connaissons très différemment, mon cher, railla-t-il.

— Fût une époque où elle aurait pu dominer le monde, si elle en avait eu l'envie, appuya Mystique avec une assurance non-feinte.

Logan se tourna vers elle, les sourcils froncés avec confusion.

— Cela te surprend ? questionna Erik. Ash est probablement l'une des mutant•es les plus puissant•es que je connaisse. Ce qui vit en elle, cet esprit du dragon... si elle décidait de le libérer, je n'aimerais pas me retrouver sur son chemin.

— Son pouvoir n'a rien à voir avec vous, intervint Storm, contrariée. Elle peut abriter la plus grande des puissances, Ash ne partagera jamais vos idées.

Magneto sembla capituler, prenant une longue inspiration.

— Probablement plus maintenant, tu as raison, soupira-t-il. J'imagine que Charles a su manipuler son esprit comme il le fallait. Personne ne saurait lui résister...

Ororo et Logan échangèrent un regard perplexe. Erik afficha un sourire goguenard.

— Iels sont plutôt proches, n'est-ce pas ? reprit-il.

Storm l'observa de haut en bas, irritée.

— Le Professeur l'a énormément aidée, répliqua-t-elle. À prendre le contrôle de ses pouvoirs, mais également à se remettre de votre départ. Il n'exerce aucune emprise sur elle. Vous avez simplement du mal à accepter qu'elle vous ait définitivement tourné le dos.

Son interlocuteur s'esclaffa doucement, moqueur. Il se tourna vers son acolyte à la peau bleue, qui esquissait le même sourire en coin railleur.

— Oh, très chère... Redscales ne pourrait jamais me tourner le dos.

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