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Les rayons du soleil couchant traversaient la fenêtre, illuminant le visage tiré par la fatigue de la femme assise derrière son bureau. Ses longs cheveux d'un noir de jais tombaient en cascade sur ses épaules, et devant ses yeux. Avec un soupir, Ash releva ses lunettes à la monture rectangulaire sur son front, et se redressa dans son fauteuil. Elle jeta un coup d'œil à la vieille horloge en bois dans un coin de la pièce. Ils ne devraient plus tarder.

Soudain, elle sentit une ombre passer tout près d'elle. Si un flot de questions traversa d'abord son esprit, elle finit par pincer les lèvres et souffla longuement.

— Si tu souhaites connaître ta note au dernier contrôle, Jaime, il suffit de me le demander, dit-elle d'une voix claire, tentant de masquer son amusement par une sévérité faussement appuyée.

L'élève se matérialisa et sortit de l'ombre où elle s'était fondue pour passer inaperçue aux yeux de sa professeure.

— J'avais peur de vous déranger, avoua-t-elle d'une petite voix, croisant nerveusement ses doigts devant elle.

— Tu ne me déranges jamais, tu le sais, rassura la mutante avec un sourire sincère. Mais tu sembles souvent oublier que je possède un sixième sens assez fiable, ajouta-t-elle avec un clin d'œil.

La jeune fille répondit d'un rictus navré. Ash se pencha sur les feuilles jonchant son bureau, et en extirpa une du tas mal rangé.

— Tiens, voilà ta copie.

L'élève la saisit entre ses doigts fins et posa son regard brillant dessus. Son visage s'illumina soudainement, et sa professeure esquissa un sourire.

— Tu peux être fière de toi, Jaime. Tu as très bien travaillé.

— Merci, professeure ! s'exclama la gamine, apportant de la lumière à la pièce d'un simple sourire satisfait.

Ash observa ce phénomène d'un œil allègre. La jeune mutante reposa ensuite sa copie.

— Va, maintenant, il reste encore une heure avant le dîner. Mais pas un mot aux autres ! prévint-elle alors que Jaime hochait frénétiquement la tête. Je ne veux pas d'une foule d'enfants impatients à ma porte ce soir.

— Promis, affirma la gamine avec amusement.

— Oh et, Jaime ? Passe par la porte en sortant.

L'interpellée laissa échapper un éclat de rire enfantin et se dirigea vers la sortie. Elle enclencha la poignée et le panneau de bois s'ouvrit sur un homme en fauteuil roulant, un sourire flottant sur son visage marqué par l'âge. Ash se sentit immédiatement envahie d'un sentiment de sécurité et de tendre affection.

— Bonsoir, Professeur Xavier, salua la petite mutante aux cheveux crépus.

— Bonsoir, Jaime, répondit l'homme avant qu'elle ne s'éloigne en trottinant.

Sa silhouette disparut dans l'ombre après quelques pas.

— Quel dommage qu'elle soit toujours aussi timide, après une année parmi nous.

— Ces choses-là prennent du temps, Charles, sourit Ash. Tu le sais mieux que moi. Mais elle y parviendra, j'en suis sûre. J'ai confiance en elle.

— J'ai toujours admiré la manière dont tu crois en chacun d'entre eux.

Ash esquissa un sourire.

— J'imagine que je tiens ça de toi, répondit-elle. Comment s'est passé la conférence ?

Le visage de Charles Xavier s'assombrit. Il avança son fauteuil à l'intérieur de la pièce. Ash entreprit de la refermer derrière lui.

— Disons... que ce n'est pas encore gagné. Jean s'est très bien exprimée, mais le Sénateur Kelly a de nouveau avancé son projet de loi obligeant l'identification et l'enfermement des mutants.

Ash retint un soupir. Une sensation désagréable de nausée attaqua son estomac.

— C'est affligeant, cracha-t-elle avec mépris, ses yeux reflétant une étincelle rouge de colère. Que doit-on faire pour prouver au monde que notre simple désir est de vivre comme eux ? Qu'on le mérite tout autant qu'eux ?

Charles la regarda longuement, l'air presque désolé.

— Tant qu'il y aura des mutants prônant notre supériorité sur l'espèce humaine, j'ai peur que cela reste compliqué.

Ash ne mit pas longtemps à comprendre son allusion. Charles s'approcha d'elle, le regard doux.

— J'ai croisé Erik, là-bas, annonça-t-il alors.

Le regard rivé vers le sol, la mutante se concentra pour ne pas laisser paraître d'émotions.

— Comment était-il ? demanda-t-elle finalement, la voix emplie d'amertume.

— En colère. Comme souvent.

— J'imagine que tu as de nouveau essayé de le ramener à la raison ?

Charles laissa échapper un soupir.

— Comme toujours, cela n'a servi à rien. Il est enfermé dans ses idées. Je n'ai jamais connu quelqu'un d'aussi buté que lui...

— Il l'a toujours été.

— Cela ne t'a pas empêcher de l'aimer, autrefois, répliqua doucement le Professeur.

Ash tordit sa bouche en une grimace chagrinée.

— Dès le début, j'ai su que ça ne fonctionnerait pas.

L'atmosphère de la pièce se fit lourde. Le silence pesa quelques longues secondes. Puis, une voix grave résonna dans l'esprit de la mutante.

Ne désespère pas, mon ange. Il reste encore de l'espoir.

Ash leva les yeux vers cet homme qu'elle aimait de manière inconditionnelle, et lui sourit.

— Je sais, répondit-elle du bout des lèvres. Et c'est grâce à toi.

Elle se pencha pour déposer ses lèvres contre la tempe du Professeur. Puis, tranquillement, elle se dirigea vers la porte.

— Ash ?

Elle tourna les talons une dernière fois. Charles la fixait de ses yeux calmes.

— Tu es libre de faire ce que bon te semble. Je ne souhaite en aucun cas te retenir contre ton gré. J'espère que tu le sais.

Son expression resta neutre, mais les yeux de la mutante se mirent à briller.

— Je le sais, Charles. Et j'espère que tu sais que je suis à tes côtés par choix.

Le claquement de ses talons contre le parquet résonna dans le couloir tandis qu'elle s'éloignait progressivement.

Ash regagna rapidement la sortie et, une fois à l'air libre, inspira longuement. La clarté du ciel lui donna envie de partir pour une promenade au-dessus des nuages. Mais elle renonça finalement, pensant aux probables remontrances de son collègue Scott, qui la trouvait souvent déraisonnable. Elle avait beau posséder le corps d'une femme adulte, et l'esprit d'une mutante accomplie, elle n'en gardait pas moins une âme d'enfant, ce qui n'était pas pour plaire à tous.

Mais s'il y en avait bien certains qui s'en ravissaient, c'était ses élèves. Ils l'aimaient autant qu'ils l'admiraient. Ash était leur enseignante, leur protectrice, mais avant tout leur amie. Ils savaient qu'ils pouvaient lui faire confiance, et elle s'en réjouissait.

Là, dehors, elle aperçut deux de ses étudiants s'amusant à user de leurs pouvoirs l'un contre l'autre. Le premier, John, alias Pyro, avait la capacité de contrôler le feu ; tandis que le second, Bobby, aussi appelé Iceman, possédait le don de cryokinésie, qui lui permettait de créer de la glace d'un simple souffle, et de la sculpter à sa guise. Ash les observa manier leurs dons sans retenue. Tels les adolescents insouciants qu'ils étaient, ils n'avaient jamais peur de se blesser et n'hésitaient pas à user de leur pleine puissance.

Soudain, John agita la main dans sa direction.

— Ash ! J'aurais bien besoin d'un coup de main, là !

Sans un mot, la mutante s'approcha d'eux. Son regard s'illumina d'une étincelle dorée, et des flammes dansantes apparurent au bout de ses ongles vernis de noir. Un sourire espiègle étira ses lèvres ourlées, derrière lesquelles on pouvait deviner la pointe aiguisée de ses canines.

— Non, Ash, c'est injuste ! se lamenta Bobby, prêt à répliquer.

Elle répondit d'un éclat de rire cristallin et, d'un geste délicat, souffla ses flammes en direction de Pyro, qui les réceptionna fièrement. Son adversaire afficha un air déterminé sur son visage d'ordinaire si tranquille. Aussitôt, John augmenta le volume du brasier, et le dirigea vers Bobby, qui se défendit à l'aide d'un épais mur de glace.

— Doucement, John ! s'exclama alors Ash, en périphérie du combat. Il ne faudrait pas que tu nous crames l'institut.

— Désolé, grimaça Pyro. J'ai encore du mal à maîtriser la puissance de tes flammes.

— Ça viendra, rassura la mutante. On ne dompte pas le feu du dragon aussi facilement, ajouta-t-elle avec un clin d'œil.

Essoufflé par l'effort, Bobby les rejoignit, non sans lancer vers son ami un petit projectile de la taille d'un grêlon.

— J'ai bien failli y passer, idiot, réprimanda-t-il. Préviens-moi, la prochaine fois, si tu tiens réellement à me tuer. J'éviterai de me battre contre toi.

John lui administra un coup de coude dans le bras.

— Admets juste que je suis le plus fort, glaçon, lança-t-il avec un air taquin.

— Pas aujourd'hui, répliqua Iceman avec assurance.

— Vous vous débrouillez de mieux en mieux, les garçons, félicita Ash. J'aimerais que vous soyez aussi performants en cours.

— C'est pas de notre faute, Ash, répondit Pyro. On est des agents de terrain.

L'enseignante leva les yeux au ciel.

— Si ça peut te faire plaisir, John.

Peu importe leurs travers, ou leur implication dans leurs études, Ash aimait sincèrement ses élèves. Ils étaient un peu comme ses enfants. Eux, dont la particularité les avait fait atterrir ici, ils avaient trouvé une figure fiable sur laquelle s'appuyer.

Fiable. Mais pas forcément stable.

on commence avec un retard mdr, désolé j'ai zappé de le poster hier :')

j'espère que ça vous a plu tout de même !!! j'ai vraiment hâte que vous découvriez Ash, je l'aime de tout mon cœur (vous allez voir elle est super badass)

je vous dit à mercredi prochain ! (si j'oublie pas mdr)

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