❧ 𝑷𝒓𝒐𝒍𝒐𝒈𝒖𝒆

🎵 Runnin' by Adam Lambert
TW: Incendie, morts, violence/combats
Minuit était passé depuis quelques heures. Aucun bruit ne venait perturber la nuit, calme et silencieuse. Les rues de Lonyris étaient sombres, à peine éclairées par les pâles rayons de lune transperçant les nuages. La ville paraissait endormie. Seulement, cachées dans l'obscurité, une centaine de personnes se rejoignaient et se dirigeaient sans bruit à l'autre bout de la cité, en direction du château du royaume.
Longeant les façades des bâtisses, l'homme à la tête de cette organisation nocturne parvint le premier au pied du mur du domaine royal. L'individu frappa trois coups discrets contre la porte en bois massif du palais puis se tourna vers ses compagnons, un sourire serein se dessinant sur son visage encadré par ses cheveux bruns.
Agglutinés près de la porte, tous attendaient le signal de leur chef, qui ne tarda pas à venir. En effet, l'un des panneaux de bois coulissa et laissa apparaître un homme aux cheveux mi-longs argentés et au regard perçant. Celui-ci sourit en reconnaissant le visiteur et s'effaça de l'encadrement.
Le brun se décala légèrement et fit signe à ses hommes de pénétrer dans le château. Ces derniers obtempérèrent rapidement et, sortant leurs armes, passèrent devant lui non sans remarquer l'éclat pétillant et malhonnête qui animait les iris sombres de leur supérieur.
Lorsque tous les membres présents furent entrés dans l'espace privé, l'homme, maintenant accompagné de son bras droit, tendit l'oreille dans l'attente du premier signal d'alarme. Quand un cri de terreur leur parvint depuis l'extérieur, le chef de l'entreprise adressa un rictus à son complice. S'éloignant du mur, il retroussa ses manches d'un mouvement de bras, et avec ses mains, fit un geste circulaire avant de les projeter, paumes ouvertes, vers l'avant. Des flammes jaillirent de ses mains et se mirent à lécher les murs rocheux.
L'homme contempla alors son œuvre et observa le feu s'immiscer dans les failles entre les pierres, traverser le mur et s'étendre jusqu'à la porte. En quelques minutes, celle-ci s'embrasa et laissa finalement apercevoir l'intérieur du domaine.
Dans le palais, les partisans du chef avaient semé la terreur et réveillé les occupants de celui-ci. Ainsi, lorsqu'une ménagère ou une femme de chambre avait le malheur de sortir de ses appartements pour venir en aide à l'une de ses compagnes ; il y avait toujours quelqu'un au bout du couloir qui les empêchait de fuir ou d'atteindre qui que ce soit. À ce moment même un hurlement s'étouffait dans une plainte gémissante. À cet instant, les domestiques et les habitants du château se rendirent compte du danger qui planait sur eux.
Alors que le feu se propageait sur le plancher et gagnait du terrain, le roi et la reine, alarmés par les cris et l'odeur de brûlé, sortirent précipitamment de leur chambre. L'attaque provoquée par l'ennemi avait semé la panique chez la plupart d'entre eux. Seuls les soldats de l'armée royale faisaient preuve de sang-froid et couraient vers leurs adversaires pour riposter et les repousser hors du domaine.
Seulement les troupes du Corbeau se révélèrent plus nombreuses et plus fortes qu'elles n'y paraissaient.
Le roi et la reine firent un effort pour garder leur calme et ne pas laisser leurs émotions prendre le dessus. Le souverain adressa un long regard à sa femme dans lequel son épouse y lu une multitude de sentiments, que ce soit par rapport à la colère ou à la peur qui l'animait, ou l'amour qu'il avait à son égard.
─ Sauve notre fille, lui intima-t-il en se saisissant d'une épée accrochée au mur.
Le roi s'empressa ensuite de venir en aide à ses soldats et se prépara à affronter leurs assaillants.
Quant à la reine, elle se dirigea vivement du côté opposé, inquiète d'entendre les pleurs de sa fille. Elle courut jusqu'au bout du couloir et ouvrit une porte, le cœur battant à tout rompre. Elle découvrit son enfant de huit ans blottis dans sa couverture, tremblante, les joues inondées de larmes. La jeune mère s'empressa de la rejoindre en lui murmurant des mots doux pour la calmer, et la prit par la main pour l'entraîner à sa suite.
La reine quitta la chambre de sa fille en courant et la guida dans les couloirs. Elle passa par le même chemin que son mari et termina sa course dans une nouvelle pièce. Mais quand la jeune femme entra dans la salle du trône, elle comprit que ce qui était en train de se dérouler sous ses yeux allait être une véritable horreur.
À cause de la chaleur, des pierres s'étaient fissurées et une partie d'un mur s'était effondrée. Les flammes avaient atteint la charpente et le plafond menaçait de céder et de leur tomber sur la tête. De plus, la fumée toxique qui s'échappait de tous les côtés rendait la température de la pièce insupportable. Paniquée, la reine pressa un peu plus la main de sa fille et lui adressa un coup d'œil inquiet. À ses côtés, la petite princesse tremblait de peur et lançait des regards effrayés dans tous les sens. Souhaitant la protéger à tout prix, sa mère voulut faire demi-tour. Son cœur se serra lorsqu'elle s’aperçut que ce n'était plus possible. Le feu avait formé un demi-cercle autour d'elles et bloquait la sortie.
Le ventre noué par l'angoisse, elle chercha des yeux une deuxième sortie. Le stress l'empêchant de se concentrer comme elle le voulait, la reine ne se souvint de l'autre issue que lorsqu'elle aperçut une porte du côté opposé de la salle près du trône.
Occupant de plus en plus d'espace, la fumée lui montait peu à peu à la gorge. La jeune femme courba le dos afin de pouvoir mieux respirer et se mit à avancer en direction du siège royal. Quelques secondes après, un bruit de pas attira son attention. La reine se redressa et se retourna. Un homme semblait avoir trouvé le moyen de traverser les flammes et avançait dans leur direction.
La reine recommença à courir. Plus elle avançait, plus elle étouffait et toussait, inhalant plus de fumée que d'air respirable. Elle gagna le trône en se traînant le plus vite qu'elle put, tout en encourageant sa fille à la suivre et à ne pas abandonner.
Derrière elles, l'inconnu se rapprochait plus vite qu'elles n'avançaient.
C'était peine perdue pensa la jeune femme. Arrivées au siège, la reine prit appui sur l'accoudoir et désigna la porte du doigt.
─ Sauve-toi, Nevahe. Et ne te retourne pas. Rejoins Diana, elle pourra t'aider. Je t'aime, ma chérie.
─ Maman...
─ Pars, mon cœur, et n'oublie jamais que ton père et moi t'aimons plus que tout au monde.
La princesse tendit la main vers sa mère, qui la prit en lui adressant un sourire attendrissant. Elle ne comprenait pas ce qu'il se passait. Elle ne voulait pas quitter sa mère.
─ Allez, va maintenant, la pressa la reine dans un souffle. Sauve-toi.
L'enfant retira sa main et commença à se diriger vers la porte d'un pas hésitant. La princesse ne voulait pas désobéir à sa mère, cependant elle s'arrêta juste devant la sortie et se retourna.
La reine pivota pour faire face au nouveau venu et le vit lever une arme au-dessus d'elle. Surprise, la jeune femme se jeta sur le côté juste à temps pour éviter la lame d'un couteau.
Bien qu'affaiblie par tous ses efforts précédents, elle se releva, haletante. Elle ne comptait pas le laisser s'en prendre à elle comme ça. L'homme fit volte-face et courut vers la jeune femme qui se relevait. La reine projeta ses mains devant elle en hurlant. Des chaînes dorées se matérialisèrent dans la pièce et tandis que l'une d'entre elle s'enroulait autour de l'arme pour la lancer à l'autre bout de la salle, deux autres vinrent entraver les avant-bras de son adversaire et le soulever du sol. Ce dernier se débattit un instant avant de parvenir à s'en défaire en décuplant sa force, brisant ses liens.
Un éclair de fureur passa dans son regard, il se précipita à nouveau vers la reine. Ils luttèrent l'un contre l'autre à force de pieds et de mains, jusqu'à ce que l'homme parvienne cette fois-ci à la plaquer au sol. La jeune femme étouffa un gémissement, mais tenta de se retourner pour s'échapper. Si elle ne parvenait pas à se dégager de là, elle serait en très mauvaise posture. Cependant le poids de l'homme l'empêchait de se relever. Son adversaire dégaina un deuxième couteau dont la lame refléta les flammes derrière eux. La reine comprit qu'elle n'avait plus aucune chance.
Son dernier regard alla à sa fille qui, pétrifiée par la scène qui se déroulait devant elle, ne put que pousser un cri perçant :
─ Non !
Mais il était trop tard. L'homme venait de porter le coup fatal.
Un sentiment de vide affreux se fit ressentir dans son cœur et une douleur immense la submergea, l'empêchant de prononcer quoi que ce soit, tandis que des larmes se mirent à couler le long de ses joues sans qu'elle ne s'en rende compte.
Terrifiée par le monstre qui venait de tuer sa mère, la princesse suivit le conseil que lui avait donné la reine et s'enfuit, le cœur battant à tout rompre.
Mais elle n'alla pas bien loin.
La jeune fille savait que son père se trouvait quelque part encore dans le château. Aussi se mit-elle à sa recherche avec une infime lueur d'espoir : celle de le retrouver sain et sauf. Nevahe essuya ses yeux d'un revers de la main, et traversa un couloir tout en espérant que le pire ne lui était pas déjà arrivé. et se dirigea dans la pièce suivante en courant.
Un hurlement et un grognement bestial résonnèrent entre les murs du château. Nevahe ne parvint pas à savoir d'où ils provenaient, ni de qui ils provenaient, mais cela lui retourna l'estomac. Tentant d'ignorer la nausée qu'ils lui avaient provoquée, elle pressa le pas et pénétra dans la première pièce qu'elle trouva.
Ce qu'elle vit en entrant la pétrifia à la fois de peur et d'étonnement.
Dans ses yeux émeraudes se reflétait le spectacle menaçant qui se déroulait devant elle. Des flammes aux couleurs ardentes dansaient sur les planches du sol et grandissaient jusqu'au plafond, projetant un halo rouge-orange, au milieu d'ombres vivantes qui ornaient la salle.
Nevahe ne parvenait pas à détacher le regard de cette scène hypnotisante. Oubliant presque la chaleur étouffante qui s'en dégageait et la fumée qui lui irritait la gorge.
Elle finit tout de même par détourner les yeux lorsqu'une personne atterrit brusquement devant elle. La petite observa l'inconnu se relever et put enfin distinguer son visage. Une chose était sûre, ce n'était pas son père.
L'individu était de taille moyenne mais possédait une forte carrure. Une longue cicatrice fendait sa joue droite jusqu'à sa mâchoire carrée et des mèches de ses cheveux noirs retombaient sur son front, faisant ressortir ses yeux bleu électrique.
Nevahe, consciente que l'homme ne l'avait pas encore vue, recula prudemment. Elle le vit ensuite serrer les dents et les poings. Ses doigts, ses mains et ses bras devinrent alors noirs. Effrayée, elle observa le phénomène s'étendre le long de ses bras lorsque soudainement, l'inconnu se métamorphosa en un gros loup noir aux crocs luisants mesurant deux mètres de haut. La bête tourna alors ses prunelles sombres vers elle. Mais tandis qu'elle ne prêtait plus attention à ce qu'il se passait autour d'elle, quelqu'un arriva en criant, épée pointée en avant.
Nevahe eut juste le temps de reconnaître la silhouette de son père. Le loup bondit sur le roi et l'envoya rouler à terre vers les flammes. Celui-ci se releva le plus vite qu'il put et se remit à attaquer l'animal. Le roi aurait aimé changer d'apparence lui aussi, mais l'espace réduit de la pièce ne le lui permettait pas. À la place, il entreprit d'affronter la bête à la force de ses bras et de son arme.
Le loup profita d'un moment où l'homme avait baissé sa garde sur sa droite pour le plaquer au sol. Le roi n'eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait et se retrouva sous la grosse patte poilue de la bête. Il essaya de se dégager en assénant son épée sur la patte du loup mais celui-ci ne broncha pas.
Nevahe sentit une angoisse sourde naître en elle. Elle se doutait de ce qui allait arriver et elle s'en voulait de ne pouvoir rien n'y faire. La petite fille vit avec horreur l'animal prendre son père par la gueule. Le roi se débattit en hurlant mais ne parvint pas à s'échapper. L'animal le jeta dans les flammes brûlantes. Son père tenta d'en sortir en poussant des cris atroces, la douleur provoquée par les brûlures l'empêchant de faire un pas de plus. Horrifiée, Nevahe hurla, mais le son resta bloqué dans sa gorge et elle recula encore, par réflexe, les mains plaquées sur sa bouche.
La princesse resta pétrifiée de terreur en voyant son père mourir peu à peu dans le feu ardent où des formes d'ombres étranges se détachaient. Elle laissa les larmes couler sur son visage sans pouvoir les arrêter, la perte de ses parents lui faisant trop de mal.
Nevahe observait distraitement le loup qui reprit forme humaine, ses pensées se mélangeant dans sa tête, ainsi que la tristesse, la douleur et la colère qui la rongeait de l'intérieur.
L'homme à la cicatrice la regardait maintenant dans les yeux, pourtant il ne bougea pas. Son regard semblait lui dire de fuir et de ne pas rester ici. Nevahe le fixa un instant, et affolée par l'horreur de la situation, prit la fuite.
Les yeux embués de larmes, la princesse se remit donc à courir droit devant elle tout en évitant chaque personne qu'elle pouvait apercevoir. Elle quitta le château sans que personne ne la remarque à travers tout ce chaos et se retrouva dans la rue. Elle poursuit sa route d'un pas rapide, sans même se préoccuper des cris et des gens qui affluaient autour d'elle pour rejoindre ce qui restait du domaine royal. Nevahe n'avait plus qu'une idée en tête, fuir à tout prix et retrouver Diana.
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