Le lendemain en début de matinée, alors que le camp était déjà le lieu de nombreuses activités, Mahira alla chercher Nevahe, Elya et Lisandre. Elle était en train de marcher vers leur tente quand elle aperçut Nevahe en sortir. Celle-ci semblait être levée depuis plusieurs minutes.

- Bonjour ! Bien dormi ? s'enquit la brune, ça ne doit pas être très confortable quand on est habitué à avoir un lit...

Touchée que l'eïrham s'inquiète de leur confort, l'adolescente s'empressa de la rassurer.

- Très bien dormi ne t'inquiètes pas, dit-elle en lui souriant, ça change des dernières nuits qu'on a pu passer.

D'autant plus que c'était une nuit sans rêve, ni cauchemar.

Mahira hocha la tête, compréhensive. Au même moment, Elya écarta la toile pour passer la tête hors de l'abri puis se releva pour sortir. La nephyris passa une main dans ses cheveux ébouriffés pour y remettre de l'ordre. Ayant entendu la conversation, Elya acquiesça :

- Oui, très bien dormi, avant de se tourner vers Nevahe. Rappelle-moi juste de dire à Lisandre que je ne pensais pas qu'il ronflait autant !

Les deux filles ne purent s'empêcher de rire à sa remarque.
Elya et Nevahe furent ensuite intriguées par toute l'activité qui les entourait. Mahira suivit leur regard et observa les habitants du camp vaquer à leurs occupations.
Alors que les enfants jouaient joyeusement ou couraient dans les allées, leurs aînés et les adultes s'activaient à la tâche. Plusieurs feux avaient été rallumés et de la fumée s'élevait à nouveau vers le ciel. Une odeur de viande grillée s'en échappait. Tandis que plusieurs personnes semblaient s'affairer à cuisiner, d'autres étaient occupées à sortir différentes tenues ou bien à finir de tisser des vêtements. Certaines se dirigeaient vers le centre du camp les bras chargés de caisses dont elles ne distinguaient pas le contenu, sauf une dont des fruits dépassaient.

L'eïrham détourna ensuite son attention des adultes pour suivre des yeux un garçon et une petite fille de six ans qui passèrent près d'elles en se chamaillant. La petite lui courait après en créant des gerbes d'eau avec ses mains dans le but de l'arroser, tandis que son camarade de jeu faisait tourbillonner des feuilles autour d'elle.
La vue de l'eau lui donna une idée.

- Il y a un lac un peu plus loin derrière les arbres où on peut se rafraîchir. Si ça vous dit on peut aller manger un bout et aller piquer une tête là-bas après, leur proposa Mahira avec enthousiasme.

- Pourquoi pas ? accepta Nevahe, la baignade lui paraissait être une bonne idée.

- Vous pensez qu'on devrait le réveiller ? demanda Elya d'une voix hésitante en désignant la tente du pouce.

- Peut-être. Sinon il serait capable de dormir comme une marmotte, ajouta Nevahe avec un petit rire. Tu t'en charges ?

- Mmh, tu ne veux pas y aller ? questionna Elya en sentant le rouge lui monter aux joues.

Nevahe esquissa un sourire espiègle et se dirigea ensuite vers l'abri pour aller chercher son meilleur ami.

Mahira s'avança vers Elya avec un regard entendu et amusé, et passa un bras autour de ses épaules avec un rire léger, ce qui la fit s'empourprer davantage.

L'eïrham la lâcha juste avant que Nevahe et Lisandre ne sortent. Ce dernier se frottant les yeux d'un air encore endormi.

Le temps de le mettre au courant de leur programme, quatre garçons simplement vêtuent de pantalon en toile, et deux filles portant des robes colorés aux motifs variés passèrent à côté d'eux les bras chargés de caisses regorgeant de vaisselles en terre cuite et de décorations multiples. Ils devaient avoir une vingtaine d'années et marchaient d'un bon pas tout en bavardant gaiement. Lisandre les regarda les dépasser, puis déclara en remettant de l'ordre dans ses cheveux :

- Ils sont un peu trop motivés pour moi.

- Surtout, ils ne viennent pas de se réveiller, eux, lui fit remarquer Nevahe d'une voix moqueuse.

Elle lui donna un léger coup de coude pour le charier. Rien que pour l'embêter en retour, le jeune homme se tourna vers elle, l'attrapa par la taille et la fit basculer en arrière en passant un bras sous ses genoux.

- Mais qu'est-ce que tu fabriques ? rigola sa meilleure amie en essayant de quitter les bras de Lisandre.

- On déjeunera plus tard... Mahira, de quel côté est ton lac ? questionna le brun avec un sourire malicieux.

- Lisandre, lâche-moi ! réclama Nevahe, sans parvenir à obtenir ce qu'elle désirait.

Le garçon adressa un clin d'œil à Elya et Mahira. La nephyris secoua la tête et lui répondit par un sourire amusé.

- J'en déduis que t'as plus mal à la main ? continua Nevahe.

- Je ne sens presque plus rien, affirma son meilleur ami.

Comprenant ses intentions, l'eïrham n'hésita pas à lui indiquer le chemin derrière lui, tout en riant elle aussi.

Lisandre pivota sur lui-même et se précipita dans la direction que lui avait donné Mahira, sans écouter les propos de Nevahe qui lui ordonnait de la reposer.

Elya et Mahira se lancèrent à leur poursuite, ne tenant pas à se laisser distancer et à manquer le spectacle.

Il ne leur fallut que quelques minutes pour arriver là-bas, où se trouvaient déjà une dizaine de jeunes éparpillés le long du bord.

- Tu n'as pas intérêt... commença Nevahe lorsque Lisandre arriva au pied du lac.

Son meilleur ami lui adressa un regard rieur.

- Je vais me gêner !

- Lisandre... !

Sans prévenir, il la lâcha dans l'eau. Nevahe disparu un instant sous la surface avant de revenir au-dessus, sous le regard de ses amis.

- C'est bon, t'as gagné, lâcha la rousse en se rapprochant du bord. Tu veux bien m'aider maintenant ?

S'accrochant d'une main à l'herbe qui bordait le lac, elle tendit une main vers son ami.
Lisandre attrapa sa main gauche. Et Nevahe le tira en sens inverse. Le temps de comprendre ce qui lui arrivait, il était à l'eau lui aussi. Mahira et Elya rire de plus belle, il fallait s'en douter.

- Ok. Tu m'as eu, avoua-t-il, bon joueur.

Nevahe lui sourit avant de se tourner vers les filles.

- Vous venez ?

L'eïrham acquiesça vivement. Elle prit un élastique accroché autour de son poignet pour s'attacher les cheveux puis sauta à l'eau. Elya hésita un instant, avant de s'asseoir dans l'herbe pour se laisser glisser à leur côté.
Tous les quatre en profitèrent pour nager un peu dans l'espace que leur offrait le lac avant de revenir près du bord où ils avaient pied.
Elya observa ensuite d'un air amusé Nevahe et Mahira se lancer dans une bataille d'éclaboussures.

Quelques secondes plus tard des mains se posèrent sur ses molets, et qu'elle se retrouva soudain sur les épaules de Lisandre.
Elle baissa vers lui des yeux étonnés, tandis que le garçon lui souriait.
Quand elle releva la tête, Nevahe se trouvait à sa hauteur, perchée sur les épaules à Mahira.

- La première qui tombe a perdu ! s'exclama la brune en leur lançant un regard de défi.

Elya et son ami se prêtèrent au jeu. Lisandre et Mahira s'avancèrent et les deux filles commencèrent à essayer de se pousser. Si Nevahe menait au début, ce fut Elya qui parvint à leur faire perdre l'équilibre à elle et à Mahira.

Tous les quatre s'amusèrent encore un peu dans le lac avant de retourner sur l'herbe.
Ils se posèrent un peu à l'écart le temps d'attendre que leurs vêtements sèchent un peu.

-Je crois qu'on n'a plus qu'à se trouver d'autres habits, si on ne veut pas passer la journée ici, fit remarquer Lisandre en entortillant un bout de son t-shirt pour essayer de l'essorer.

-C'est faisable, répondit Mahira en hochant la tête. Venez, on va chercher de quoi se changer.

L'eïrham les ramena au camp, où les activités allaient toujours bon train. Elle les conduisit vers le centre et les fit entrer dans l'une des plus grandes tentes. Celle-ci avait été construite à l'aide de plusieurs rondins de bois et de toiles afin de former plusieurs pièces.

La première chose que Nevahe vit lorsqu'elle entra fut que la tente se composait de trois parties, en plus de la pièce centrale. Chaque accès était dissimulé par des rideaux à frange bordeaux. Dans l'espace de l'entrée, le sol était recouvert d'un grand tapis rouge et pourpre. Une jeune femme était occupée à tisser un vêtement. À côté d'elle, deux enfants, une fille et un garçon, d'environ quatre et cinq ans s'amusaient avec de petits jouets en bois, surveillés par la femme qui les couvait d'un regard attendri.

L'eïrham en train de tisser arrêta son activité pour se tourner vers Mahira.

- Si tu cherches Thalion et Elaia, ils sont sortis, l'informa-t-elle après l'avoir salué.

-Je vous présente ma cousine, Aïssa. La mère de ses deux petits loups, dit Mahira en jetant un regard amusé vers les enfants de la jeune femme.

Voyant que la brune était accompagnée, la jeune femme jaugea un instant ses compagnons et leur accoutrement. Il ne lui fallut pas longtemps pour deviner qu'ils n'étaient pas d'ici. De toute manière, tout le monde se connaissait dans le camp, il était facile de deviner qui y était étranger. La mère des deux enfants ouvrit la bouche, allant pour faire une remarque à Mahira, la referma puis esquissa un sourire avant de soupirer.

- Vaudrait mieux que vous vous changiez avant de tremper tout le tapis. Tu sais déjà où c'est, ajouta l'eïrham avec un air entendu en lui adressant clin d'œil.

Mahira hocha la tête puis se dirigea vers la pièce de droite, elle écarta les franges du rideau et entra suivit du trio.

Le sol était couvert de plusieurs tapis dans les tons chauds. L'espace contenait quelques caisses remplies de bobines de fils, d'aiguilles et autres matériaux de tissage. Une armoire en bois se trouvait contre la toile sur le mur de gauche, une table brune était posée en face d'eux, accompagnée de quelques coussins, à côté d'un paravent. Enfin, à leur droite, se tenait un coffre fermé, lui aussi en bois.

Mahira s'approcha du coffret et demanda à Elya et Nevahe de la rejoindre. Elle souleva le couvercle et commença à fouiller à l'intérieur. En même temps, elle indiqua à Lisandre :

-Tu n'as qu'à regarder dans l'armoire, tu devrais trouver quelque chose à ton goût.

Lisandre suivit son conseil et alla jeter un coup d'œil à l'intérieur. Jaugeant les habits posés sur les étagères, triés par taille, le jeune homme choisit un pantalon en toile noire et un t-shirt brun clair. Il indiqua ensuite qu'il partait se changer ailleurs et quitta la pièce.

Nevahe regarda son meilleur ami sortir avant de reporter son attention sur Mahira. L'eirham avait sorti plusieurs vêtements du bac, mais continuait de fouiller à l'intérieur du coffre. Son amie fini par sortir une robe bleue nuit mi-longue, aux manches trois quart laissant apercevoir un peu les épaules.

- Je suis sûre que celle-ci t'ira à merveille ! annonça-t-elle à Elya en lui tendant le vêtement.

La nephyris l'observa un instant, elle était totalement à son goût et était superbe. Elle l'accepta volontiers, un sourire aux lèvres.

- On est d'accord que ce n'est pas vraiment une tenue pour tous les jours ? fit remarquer Nevahe en pointant la robe du doigt.

-C'est vrai. C'est plus pour ce soir en fait... expliqua Mahira en hochant la tête. Mais elle peut bien en profiter quand même, non?

- Oui, bien sûr, acquiesça Nevahe avec un sourire. Mais... pour ce soir ?

- Vous verrez bien, sourit l'eirham, tenant à garder un effet de surprise pour ses nouveaux amis. De toutes manières, vous avez bien du voir que quelque chose se préparait.

Pendant qu'Elya partait essayer le vêtement. Mahira se tourna vers Nevahe, une nouvelle robe en main.

- Ça te va, ça ?

Nevahe fit la moue, elle n'avait vraiment pas l'habitude d'en porter et, bien que la tenue était jolie, elle ne comptait pas en mettre une aujourd'hui.

- Mmh, tu as autre chose que des robes ? demanda Nevahe en reportant son regard sur la brune.

- On va trouver ça, affirma Mahira avec un sourire entendu.

Quand tous les quatre se retrouvèrent dans la pièce principale, ils portaient enfin des vêtements secs. Nevahe avait opté pour un pantalon noir et une tunique rouge, tandis que Mahira avait choisi une robe noir qui lui arrivait au-dessus des genoux et une ceinture fine en cuir marron. Lisandre, occupé à jouer avec les enfants d'Aïssa, se releva pour revenir vers elles. Nevahe ne put s'empêcher de sourire quand elle vit que son meilleur ami avait les yeux rivés sur Elya. La nephyris semblait l'avoir aussi remarquer car ses joues avaient pris une teinte rosée.

Nevahe arracha Lisandre de sa contemplation en le tirant par le bras. Elle s'apprêtait à lui parler quand un jeune garçon d'environ huit ans fit son apparition dans la tente. Il semblait avoir couru, ses cheveux bruns bouclés étaient un peu décoiffés et il était légèrement essoufflé. Il s'approcha
de Mahira et s'accrocha à son bras.

- Mahira, papa et maman arrivent Je crois que papa n'est pas très content.

La brune se mordit les lèvres, elle avait peut-être omit de les prévenir qu'ils avaient des visiteurs... Et il y avait des chances que ce soit de ça que son père voulait lui parler.

Face à la réaction de sa sœur, le garçon la questionna d'un ton innocent et légèrement inquiet :

- Tu as fait une bêtise ? C'est ça ?

- Non, enfin pas vraiment. Je t'expliquerai plus tard, lui assura Mahira.

Au moment même où elle finissait sa phrase, ses parents firent irruption dans la tente. Parés de toges vertes foncées brodées de fils d'or sur le bord des manches et le bas de la robe, ainsi que sur le buste pour sa mère, le couple dégageait un sentiment de puissance.

À leur vue, Aïssa fit un léger signe d'au revoir à Mahira, attrapa ses enfants par la main et s'éclipsa hors de la tente par une autre sortie.
Mahira reporta son attention sur ses parents et inclina légèrement la tête en signe de respect. Elle nota aussi que si son père paraissait quelque peu remonté, sa mère, elle, lui souriait comme s'il s'agissait d'une simple visite.

De son côté, Nevahe remarqua vite la ressemblance entre Mahira et sa mère. L'eïrham avait hérité de sa peau noire et de sa chevelure corbeau qu'Elaia avait rassembler en une tresse qui reposait sur son épaule gauche. Mahira tenait en revanche les traits et les yeux de son père. En effet Thalion lui possédait une peau bronzée et des cheveux bruns qu'il avait attachés en queue de cheval.
Au vu de son nez retroussé et de ses sourcils froncés, Nevahe devina vite qu'il était énervé et possiblement agacé.

-Ewen, tu veux bien aller faire un tour dehors, le temps que je discute avec ta sœur, enjoignit Thalion au petit garçon qui était toujours aggripé à Mahira.

Ewen hocha la tête et adressa un petit mot d'encouragement à Mahira avant de filer hors de la tente.
À peine fût il partit que Thalion s'exclama :

-Qu'est-ce qui t'as pris d'amener des inconnus au camp ?

Mahira jeta un regard désolé à ses amis derrière elle pour s'excuser des paroles de son père.
Nevahe se mordit les lèvres, ils n'avaient pas l'air très bien vu ici apparemment...

- Chéri, baisse d'un ton, ce n'est pas comme ça que tu vas arranger les choses, énonca calmement Elaia. Et puis ne parle pas comme ça devant ces jeunes gens, ils n'ont rien fait de mal.

- Peut-être... Excusez-moi, reprit Thalion d'une voix plus posée, avant de recommencer. Mais il faut qu'elle comprenne qu'elle ne peut pas agir ainsi ! C'est trop dangereux ces temps-ci. On ne peut pas prendre le risque de laisser n'importe qui se balader ici.

- Je suis désolée, répondit Mahira d'un air sincère, ce n'était pas prévu et je ne voulais pas t'énerver. Je sais qu'on doit protéger notre village...

- Mahira, tu dois comprendre que ce n'est pas parce que tu seras la prochaine à veiller sur notre tribu que tu peux faire tout ce que tu veux. Il en va de nos responsabilités en tant que chefs, lui rappela Thalion en faisant les cent pas dans la tente.

- Mais je sais, papa. Et crois moi, je ferai tout ce que je peux pour être à la hauteur de tes attentes. L'avenir de notre village compte aussi pour moi, lui assura sa fille. Mais ils avaient besoin d'aide, je n'allais quand même pas les laisser tout seuls dans les montagnes, en plein milieu de la nuit ?

- Non, il en va de soi... acquiesça son père. Il n'empêche que nous devons faire attention.

Il se tourna vers Nevahe, Lisandre et Elya.

- Mais pouvons-nous vraiment vous faire confiance ? Qui nous dit que vous n'êtes pas venus pour nous nuire ? continua l'homme d'une voix soucieuse.

En croisant le regard de Thalion, Nevahe se sentit confuse. Un frisson désagréable la parcourut, sa gorge était sèche. Il avait peur pour les siens... et elle ne pouvait pas lui affirmer qu'ils ne seraient pas la source de malheur futur. Il lui paraissait impossible de ne pas lui faire part de ses craintes. Il lui était impossible de lui mentir. Elle se devait de lui dire la vérité, peut importe la suite.

- Pour vous nuire, non. Mais confiance... je ne sais pas. Nous sommes poursuivis par le Corbeau, nous le fuyons, voilà comment nous sommes arrivés ici. Voilà aussi pourquoi je ne peux pas vous promettre qu'il ne nous est pas suivi, ou qu'il est un quelconque moyen pour nous retrouver.

- Je vois, répondit Thalion après quelques secondes de réflexion, donc nous sommes peut-être déjà repérés.

Mahira, elle, haussa un sourcil et ouvrit la bouche, surprise.

- Par le Corbeau ? questionna-t-elle, et qu'est-ce qu'il vous veut exactement ?

- D'après ma tutrice, il en aurait après mon pouvoir. Le seul problème, c'est que je ne sais pas vraiment de quoi il s'agit, ni de ce que je suis.

Mahira sembla hausser davantage ses sourcils. Elle les fronça ensuite pour réfléchir, regarda son père, puis sa mère, partit à la recherche dans ses souvenirs avant de décréter :

- Je pense que Neith pourra nous aider. De plus, il paraît que plusieurs espèces se sont faites oublier ou ont disparu depuis quelques années. Peut-être qu'un de ses livres nous éclairera là-dessus ?

Ses paroles firent naître un nouvel espoir chez Nevahe. Ce serait l'occasion de trouver des réponses à ses questions. Enfin, si cette Neith en possédait.

Thalion se racla la gorge et leur rappela qu'il ne leur avait toujours pas donné son accord pour qu'ils restent.
Elaia se tourna vers son mari, posa une main sur son épaule et lui lança un regard qui en disait long sur sa pensée. Peu importe la situation, il n'avait pas intérêt à les mettre à la porte, ou il allait l'entendre.

- Mmh, vous pouvez rester... prononça-t-il après avoir croisé les yeux de sa femme. De toute manière, il n'y a pas d'autre habitation dans cette forêt, et les prochaines sont à plusieurs jours de marche. Quant au reste, ce qui est fait est fait, ça ne va pas changer grand chose. De toute façon, nous étions déjà sur nos gardes.

L'homme fit une légère pause avant d'ajouter d'une voix soucieuse :

- Il faudra juste espérer que la fête de ce soir n'attirera pas trop l'attention.

- Parce que vous organisez une fête ? s'étonna Lisandre, ce n'est pas vraiment ce que j'appellerai être discret, sans vouloir vous offenser.

- Tout le village n'est pas au courant de toutes les actions du Corbeau, ni du fait que nous surveillons les alentours et la progression de ces scélérats, expliqua Thalion. Nous ne tenons pas à alerter tout le monde. Inutile de vivre dans la peur et l'angoisse de l'attente d'une prochaine attaque. Alors le mieux pour ne pas les inquiéter est de poursuivre nos traditions. De plus, un champ protecteur sera installé dans l'après-midi midi pour dissimuler le camp à n'importe quelle personne extérieure. Cela évitera d'indiquer notre position à d'éventuels étrangers.

- Pour l'instant il n'y a aucun étranger ici, le coupa Elaia pour les rassurer. Vous devriez aller vous reposer en attendant la fête. C'est un évènement qui pourrait vous plaire, vous devriez en profiter le temps que vous le pouvez au lieu d'angoisser, au moins pour ce soir.

Mahira sourit à sa mère. Elaia voulait qu'ils passent du bon temps, et l'eïrham espérait vraiment pouvoir en faire profiter ses nouveaux amis.

◆━━━━━━◆❃◆━━━━━━◆