𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟏𝟖 : Un nouvel allié ? Partie 1
Diana souleva légèrement le rideau, encore une fois, et jeta un coup d'œil dehors avant de le relâcher avec un soupir de soulagement. Il n'y avait personne.
Cela faisait deux jours depuis le départ de Nevahe que le Corbeau patrouillait dans les rues et tournait autour de chez elle. Diana était ravie de constater que ce n'était pas le cas aujourd'hui.
La brune regarda un instant autour d'elle avant de poser les yeux sur deux sacs de voyage qui attendaient patiemment sur le canapé. Il était enfin temps pour elle de quitter sa maison. Ce n'était plus un endroit sûr. Qui sait combien de temps mettrait le Corbeau avant de faire à nouveau irruption chez elle ? Diana ne tenait pas à le savoir et encore moins à en refaire l'expérience.
Elle alla récupérer ses affaires puis quitta la maison pour la première fois depuis ces derniers jours.
Diana c'était dit qu'elle pourrait sûrement trouver un endroit où dormir en attendant de trouver une solution à tous leurs problèmes. Elle avait bien pensé à aller chez une amie, mais l'idée de la mêlée à cette histoire et de la mettre en danger l'avait vite fait changer d'avis.
Tout en réfléchissant, elle se mit prudemment en route vers le centre-ville de Mendje, dans le but de trouver une auberge où elle pourrait louer une chambre.
Diana s'inquiétait de savoir comment ça se passait pour sa protégée et ses amis, s'ils avaient réussi à s'échapper sans problème et si tout le monde allait bien.
D'un côté, elle se disait qu'elle l'aurait sû s'ils leur était arrivés quelque chose, mais d'un autre elle avait comme un mauvais pressentiment. Et s'il les avait retrouvé ?
Il fallait que Diana trouve un moyen de prendre de ses nouvelles, et le plus tôt serait le mieux.
Arrivée à un croisement de rue, la tutrice de Nevahe jeta un coup d'œil dans chaque rue, puis derrière elle pour vérifier que personne ne la suivait et poursuivi son chemin dans la rue d'en face.
Alors qu'elle approchait du centre ville, Diana aperçu deux enfants en train de jouer ensemble. La plus âgées, une petite fille aux boucles blondes, avait fait fait apparaître un cheval constitué de plusieurs gouttelettes d'eau, et le faisait courir dans les airs, tandis qu'un jeune garçon de cinq ans, sans doute son frère, essayait de l'attraper en riant.
Diana sourit en les voyant, avant de sentir son ventre se nouer. Elle repensa à Lisandre et à Iris, ce qui lui rappela que la jeune femme était toujours enfermée quelque part à Lonyris et qu'elle ne savait pas encore comment lui venir en aide. À l'heure qu'il était Lonyris devait sûrement être entouré par des gardes qui devaient soit empêcher quiconque de passer, soit attendre que les principaux intéressés se présente pour les conduire directement au Corbeau.
La brune secoua la tête, décidément elle ne savait pas comment s'y prendre.
Elle détourna les yeux des enfants et les reporta derrière elle, de l'autre côté de la place. Elle observa un instant les boutique qui lui faisaient face et son regard finit par se poser sur une petite auberge à l'aspect chaleureux. La brune se remit en marche d'un pas décidé, c'était tout à fait ce qu'il lui fallait. Elle allait ouvrir la porte quand une main lui tapota l'épaule. Surprise, elle lâcha ses affaires et se retourna d'un geste brusque, sur la défensive.
—Bonjour, commença un homme brun qu'elle reconnu immédiatement.
—Jacob... dit-elle en dévisageant son interlocuteur.
Diana baissa les poings mais se raidit légèrement. Malgré la discussion de la dernière fois, elle ne lui faisait pas confiance. Il l'avait quand même attaquée en déboulant chez elle comme un sauvage. Elle le scruta un moment en fixant sa posture et ses traits légèrement tendus, essayant de deviner ce qu'il avait en tête. Jacob la regardait de ses yeux chocolat sans pour autant reprendre la parole.
—Qu'est-ce que vous voulez ? L'interrogea Diana, toujours sur ses gardes.
D'un air un peu embarrassé, le colosse passa furtivement une main dans ses cheveux bouclés et émit un faible sourire.
—Il se pourrait... J'aurais besoin de votre aide, finit-il par lâcher.
Diana leva un sourcil à la fois étonnée et suspicieuse.
—De mon aide ? Comment ça ?
—Disons qu'il y a quelque chose que je voudrais régler dont j'aimerai vous parlez. J'aurais besoin d'un coup de main et... Je crois que vous êtes la personne la plus concernée pour cela.
La tutrice de Nevahe pencha un peu la tête de côté, l'observant d'un air curieux et incertain. Elle ne voyait pas où il voulait en venir et encore moins comment elle pouvait l'aider. De plus, elle doutait sérieusement de ses intentions. Elle ne lui faisait absolument pas confiance. Non seulement ils ne se connaissaient pas mais en plus, il était censé être dans le camp ennemi. Alors pourquoi aurait-il besoin d'elle ? Diana se disait que c'était sûrement un piège. Peut-être était-il venu pour lui soutirer des informations ? Si c'était le ça, il allait être déçu, elle n'avait aucune idée d'où se trouvait Nevahe à présent.
—Vous pourriez arrêter de me dévisager comme ça ? C'est un peu gênant, rigola doucement Jacob.
À ses mots, Diana sentit ses joues rosirent, elle détourna vivement le regard, chassant ses pensées par la même occasion.
—Je..., commença-t-elle à répondre pour se justifier.
Mais Jacob jeta un coup d'œil à l'auberge devant laquelle ils se tenaient et lui proposa soudainement :
—Et si on allait boire quelque chose ? Je pourrais vous expliquer plus en détails ce que j'ai en tête.
La brune ouvrit la bouche, stupéfaite, elle ne s'attendait pas à ça.
—Je ne crois pas que ... tenta-t-elle de refuser, ses pensées fusant en tous sens pour essayer de comprendre les agissements de l'homme.
— Allez venez, c'est moi qui offre, ajouta-t-il avec un sourire franc, avant d'attraper les deux sacs qui se trouvaient toujours devant elle et d'ouvrir la porte.
Déconcertée et un peu réticente, Diana finit par accepter de le suivre, au moins pour entendre ce qu'il avait à dire.
********
Un quart d'heure plus tard, attablés dans un coin de l'auberge avec un café chacun, Jacob finissait d'expliquer son plan, tandis que la brune l'écoutait avec sérieux.
—Donc si je résume, vous voulez retourner à Lonyris pour qu'on se faufile dans le domaine du Corbeau et que je vous aide à l'arrêter ? commenta Diana, sur la réserve.
—C'est ça, confirma Jacob sans prêter attention à sa réticence.
—Et vous me promettez de trouver un moyen de libérer Iris ? releva-t-elle perplexe, assez surprise par l'affirmation que Jacob lui avait faite quelques minutes plus tôt.
L'homme hocha la tête.
—Il y a quand même des choses qui m'échappent. Déjà d'une, pourquoi voulez-vous aider Iris ? Il me semble que vous ne vous êtes jamais vu avant avant-hier, et, qu'à ce moment là, vous ne deviez pas vraiment vous souciez d'elle. Alors pourquoi vous voudriez m'aider à la sortir de là maintenant ? De deux, qu'est-ce qui me prouve que vous êtes bien de mon côté ? C'est vrai quoi ! Ça fait sans doute plusieurs années que vous travaillez aux côtés de cet assassin, comment puis-je être sûre que ce n'est pas un piège ? Et puis, quel intérêt auriez-vous à vous retourner contre votre chef ? Surtout que vous êtes comme eux. Je vous ai vue vous transformer. Et pourtant vous avez bien l'air d'être un humain, alors qu'est-ce que je suis censée penser ? Je ne vous connais pas. Et je vois mal comment je pourrais vous faire confiance en ne me basant que sur de simples paroles, finit par affirmer Diana sur un ton de reproche.
Les sourcils froncés et les traits tirés par la colère qu'elle contenait, Diana croisa les bras contre sa poitrine. Si l'homme en face d'elle ne lui donnait pas une bonne raison de le croire et de rester, elle n'avait plus rien à faire à cette table.
Perdant son sourire et son assurance, Jacob se redressa sur sa chaise. Il comprenait qu'elle puisse avoir des doutes, mais il avait vraiment besoin d'aide, sans quoi il ne pourrait pas arrêter Dagnir.
—Il se sert d'elle pour obtenir des infos. Je l'ai vu faire. Dagnir l'oblige à avoir des visions en les provoquant par je ne sais quel moyen dans le but de savoir ce qu'il veut. Bien sûr, Ikar, son bras droit, est censé surveiller que sa santé ne se dégrade pas, mais il ne fait rien. Alors croyez-moi, je veux vraiment l'aider à sortir, elle ne mérite pas ça.
L'inquiétude prit le pas sur la colère et Diana laissa ses mains retombées sur la table. Elle avait compris que Dagnir devait être le Corbeau, et ce que venait de lui raconter Jacob l'horrifiait. Sous le sentiment de la peur et de l'impuissance, Diana sentit son ventre se nouer.
Devant son air inquiet, Jacob posa une main sur la sienne pour la soutenir, mais la brune la retira doucement, pas vraiment habituée à ce genre de contact et tenta de reprendre un air calme pour masquer sa gêne.
Jacob eut un léger haussement d'épaule avant de reprendre :
— Ensuite, je ne suis pas comme eux. Si je me suis métamorphoser en canidé, ce n'est pas parce que je suis un känwe, mais parce que je suis à moitié humain, à moitié eïrham. Je n'ai juste pas récupérer les oreilles pointues de ma mère, ajouta-t-il avec un petit rire, ce qui fit sourire légèrement sa compagne. Disons que côté physique, je tiens plus de mon père et en général c'est assez utile pour dissimuler mes dons. Mais en tant qu'eïrham, je suis capable de me transformer en chien-loup. D'ailleurs, si vous vous rappelez l'altercation sur le port, je peux vous dire que je me suis fait une joie de pouvoir traîner l'acolyte d'Ikar dans la poussière.
Ce dernier détail, la fit sourire franchement.
— Alors c'était vous qui nous avait aidé à nous débarrasser de celui-là, commenta Diana avec un petit rire.
Jacob hocha la tête avec un petit sourire amusé, avant de reprendre un air sérieux. Il savait que ce qu'il allait lui dire finirait sûrement par la convaincre de ses bonnes intentions, mais il n'était pas encore prêt à admettre ce qui était arrivé. Et aborder ce sujet était toujours un point sensible pour lui.
Il jeta un rapide coup d'œil autour de lui afin de vérifier qu'aucun membre du Corbeau ne traînait dans les parages et reprit lentement la parole.
— Tout d'abord, je vous promets que ce poste n'est pour moi qu'une couverture dans cette machination. Je n'ai jamais voulu faire partie de cette bande d'assassins. Ils ont causé trop de mal autour d'eux et continue d'en faire. Je pense vraiment qu'il faut les arrêtés. Trop de gens ont souffert et... Et moi même j'en ai souffert, avoua-t-il le regard dans le vide, en serrant son poing sur la table.
La douleur était présente dans sa voix, et Diana comprit à son attitude qu'il ne lui mentait pas. Elle n'osa pas le questionner de peur de le blesser d'avantage et se contenta d'écouter ce qu'il allait dire ensuite.
— Je... J'ai perdue ma compagne à cause d'eux, révéla l'homme d'une voix tremblante. C'est arrivé il y a trois ans, lorsque notre village a été envahie. Tout était calme, j'étais dans notre jardin entrain de couper du bois, elle était dans la maison, assise dans son fauteuil préféré, un livre à la main... rien ne semblait différent de d'habitude et puis ils sont arrivés et c'est là que ça a commencé.
Bien qu'il ait toujours les yeux baissés, Diana remarqua le voile de tristesse qui avait assombrit son regard. La brune ne sut pas quoi répondre, déstabilisée par cet aveu puis par cet accès de faiblesse, elle ne parvint qu'à imiter son geste précédent et posa sa main sur la sienne pour le soutenir.
Un peu surpris par cette attention, Jacob lui adressa un regard reconnaissant et tenta tant bien que mal de se reprendre pour raconter la suite et, quelque part, vider ce qu'il avait sur le cœur.
— ... Ils ont attaqué les premières habitations à leur portée de main et ont tout saccagé. Les cris et la panique se sont propagés rapidement ; tout s'est passé si vite que personne n'a eut le temps de comprendre ce qu'il se passait. Moi-même j'ai mit du temps à réagir, lorsqu'un bruit sec venant de la maison m'a alerté, suivi du hurlement d'Eva. Bien sûr j'ai voulu la rejoindre et lui venir en aide, mais plusieurs membres du Corbeau m'ont attaqué par derrière et m'ont retenu dans le jardin. Je n'ai pu qu'assister avec effroi au reste de leur massacre sans pouvoir savoir ce qu'il se passait à l'intérieur. Je n'entendais que des éclats de voix, des bruits de casse et Eva, qui ne cessait de hurler. Jusqu'à ce qu'un silence angoissant me parvienne et me pousse à me dégager brusquement. J'ai couru jusqu'à la première fenêtre qui venait avec une horrible sensation. Et c'est là que je l'ai vu étendue par terre, morte, au milieu de débris.
Jacob eut un instant de silence, comme s'il revivait ces images sans pouvoir, à nouveau, y changer quoi que ce soit.
— Je ne sais plus ce qu'il s'est passé après. Tout ce que je me souviens, c'est que ces assassins se sont enfuis et que les gars que j'avais laissé derrière moi m'ont rattrapé et que je n'ai pas résisté quand ils m'ont amené à leur chef. Le pire c'est que je n'ai jamais su ce qu'il s'était passé à l'intérieur, et...je n'ai rien pu faire...
— Je suis désolée, dit Diana sans parvenir à savoir quels mots on pouvait dire dans cette situation.
— Vous n'y êtes pour rien, répondit l'homme en relevant son regard sur elle, mais ce jour-là m'a fait comprendre qu'on ne pouvait pas laisser le Corbeau disposer d'autant de pouvoir et tuer des innocents, peu importe ses intentions. Il doit payer pour ce qu'il a fait, il ne peut pas s'en tirer comme ça.
La brune hocha la tête.
— Là-dessus, on est d'accord. Mais je ne vois toujours pas comment je pourrai vous aider... ajouta-t-elle pour changer de sujet et revenir à leur discussion principale.
Ce qui sembla fonctionner car Jacob sembla reprendre de l'assurance.
— Il faut qu'on trouve un moyen de l'atteindre.
— Il me semble que vous êtes le mieux placé pour découvrir cela, lui fit remarquer Diana.
Jacob ouvrit la bouche dans l'idée d'ajouter quelque chose, mais finalement la referma, ne trouvant rien à répliquer.
Un léger silence s'installa entre les deux adultes tandis que l'homme s'interrogeait sur ce qui pourrait déstabiliser son chef.
Tandis qu'il réfléchissait, son regard dévia sur les gens à proximiter et rencontra celui d'un homme au teint hâlé assit deux tables plus loin en compagnie d'une femme à la chevelure de feu. Le duo semblait les observer, et bien qu'il connaissait la plupart des visages des membres du Corbeau – la moitié environ – Jacob mit quelques secondes avant de se rendre compte qu'il les connaissaient. Il se souvenait en effet avoir dû réaliser une mission avec eux et se rappelait aussi qu'ils ne s'étaient pas quittés en très bon terme.
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Désolée, la coupure n'est pas très naturelle 😅
Mais le chapitre serait un peu trop long sinon, et je ne peux pas couper avant ^^'
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